Mais
Noémi reprit : « Retournez chez vous, mes filles ! Pourquoi
venir avec moi ? Pourrais-je encore avoir des fils à vous donner comme
maris ?
Retournez,
mes filles, allez ! Oui, je suis bien trop vieille pour avoir un mari.
Quand bien même je dirais : “Il y a encore de l’espoir ; je vais
appartenir à un homme cette nuit et j’aurai des fils”, même dans ce cas,
auriez-vous la patience d’attendre qu’ils grandissent ? Pourriez-vous vous
passer d’homme aussi longtemps ? Non, mes filles !
(Ruth 1, 11-13a traduction liturgique
)
Viens Esprit de Jésus, viens au cœur de nos vies tracer le
chemin du Royaume. Viens Esprit ouvre-nous à l’écoute du cœur.
Mais Noémi reprit : « Retournez chez
vous, mes filles ! Pourquoi venir avec moi ?
Noémi
résiste à la protestation de ses belles-filles. Elle leur demande de retourner
vers leur pays, plutôt que de l’accompagner. Elle ne voit pas quel motif de
vie, de joie ou de bonheur, pourrait motiver ses belles-filles à quitter leur
pays. Noémi sait ce qu’il en coûte de vivre à l’étranger, loin des siens et
elle ne voit pas quel bonheur, quelle vie ses belles-filles pourraient trouver
en l’accompagnant.
Pourrais-je
encore avoir des fils à vous donner comme maris ?
Selon la
loi du lévirat, une veuve recevait en mariage le frère de son mari défunt pour
donner une descendance à son mari défunt. Noémi réfléchit et parle en fille du
peuple d’Israël… à deux Moabites qui ne vivent pas nécessairement sous la même
loi !
Retournez, mes filles, allez !
Le verbe « retourner »
est vraiment verbe clé de tout ce chapitre, et il nous invite à nous interroger
sur ce qu’il signifie, sur les divers « retours » envisageables, sur
le niveau auquel ces retours se jouent. Tandis qu’elle leur enjoint de la
quitter, elle les appelle « mes filles » … son discours est sans
cesse dans l’hésitation, entre attachement et détachement.
Oui, je suis bien trop vieille pour avoir un mari.
Noémi ne
peut s’imaginer à nouveau mariée, à nouveau enfantant, son âge est là. Elle ne
se perçoit plus comme capable de donner vie, de transmettre vie, d’apporter un
quelconque bonheur à ces belles-filles.
Quand bien même je dirais : “Il y a encore de
l’espoir ; je vais appartenir à un homme cette nuit et j’aurai des fils”, même
dans ce cas, auriez-vous la patience d’attendre qu’ils grandissent ?
Pourriez-vous vous passer d’homme aussi longtemps ? Non, mes filles !
Noémi n’imagine
qu’un seul scénario, celui où elle devrait être en mesure de donner de nouveaux
fils qui soient maris pour ses belles-filles. Elle ne peut imaginer autre que
le comblement du vide laissé par les décès, par une nouveauté qui ne soit que
reproduction du passé. Retour à ce qui était. Ici elle introduit de plus l’idée
que l’attente serait trop longue pour ses belles-filles, l’épreuve trop longue.
Elle est sans espérance, et ne veut pas que ce désespoir soit partagé par ses
belles-filles. Elle se sent aller vers la mort, et ne veut pas entraîner ses
belles-filles sur ce chemin. Elle est face à son vide, à son veuvage et son
désenfantement, elle ne peut plus avoir la moindre pensée pour une vie
possible, pour une vie autre…
Seigneur,
dans les situations de vide, de dépouillement, tu peux encore ouvrir une issue.
Seigneur, garde nous de nous enfermer dans nos souffrances, apprendre nous à
vivre nos manques, nos creux en tenant l’espérance.
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