samedi 31 juillet 2021

Liturgie de la Parole, Mémoire de St Ignace de Loyola

 (Sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Une année jubilaire, une année sainte !

La lecture du Lévitique nous évoquera en quoi consiste cette 50e année, avec son lot de rites, d’invitation au respect du prochain et à la crainte de Dieu.

Notre année 2021 est également une année jubilaire pour un Institut religieux, qui a marqué de son empreinte l’Histoire de l’Eglise : la Compagnie de Jésus.

En ce 31 juillet, nous célébrons la mémoire de son fondateur, Saint Ignace de Loyola.

Une double année jubilaire marque l’année 2021 : le 500e anniversaire de l’accident d’Ignace, lorsqu’un boulet de canon français lui abîma une jambe sous les murs de Pampelune, et le 400e anniversaire de la canonisation de ce grand Saint.

L’accident survenu en 1521 lui impose une longue convalescence.

Ignace est un chevalier du pays basque, en cette époque de « reconquête sur les Maures et de grandes découvertes maritimes »[1].

Sur son lit de malade, les pensées se succèdent :

D’un côté, des pensées de conquêtes mondaines, « projets de jeunesse, généreux et chevaleresques… »[2].

Mais des pensées d’un autre type s’offrent en alternance, dont il écrit : « Quand je pensais à faire toutes les austérités que je voyais avoir été faites par les saints, non seulement j’étais consolé… mais encore, après les avoir laissées, je demeurais content et allègre… Je commençais à m’étonner de cette diversité et à faire réflexion sur elle… »[3].

Pour faire la part des choses, Ignace fondera toute sa spiritualité sur le discernement, la relecture.

Sa méthode, expliquée dans Les Exercices spirituels, aidera à « scruter et reconnaître les injonctions de la vie concrète à laquelle (on) est confronté et à se déterminer en conséquence »[4].

Mais comment reconnaître les sollicitations que Dieu nous adresse ? Comment distinguer le chemin qui mène à Dieu ? Comment identifier les motions de l’Esprit-Saint ?

La question est pertinente pour tout disciple de Jésus…

En attendant d’en découvrir davantage, tournons-nous vers le Seigneur, avec les intentions de notre monde, et que notre prière soit, selon les mots d’Ignace, « pour une plus grande gloire de Dieu ».

Méditation

« Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! », chante le psalmiste.

Telle est la fin pour laquelle nous sommes créés.

Cette fin qu’Ignace exprime par ces mots : « L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme »[5]

Mais comment servir Dieu ? Comment sauver son âme ?

L’homme et la femme spirituels sont des êtres de désir.

Dieu, par la voix d’Ignace, questionne notre désir, pour « l’éveiller, le reconnaître d’abord, le stimuler et le rectifier ensuite si besoin est ».

Nous sommes invités à faire un choix.

Quels sont les critères pour choisir ? Comment reconnaître le « bon esprit » ?

Voici un extrait des Exercices spirituels, au n° 23, qui nous en dit un peu plus :

« L’être humain est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là sauver son âme. Les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’être humain, pour l’aider à poursuivre la fin pour laquelle il est créé.

Il s’ensuit que l’être humain doit en user dans la mesure où elles lui sont une aide pour sa fin, et s’en dégager dans la mesure où elles lui sont un obstacle.

Pour cela, il faut nous rendre indifférents (c’est-à-dire « libres ») à toutes les choses créées, en tout ce qui est permis à la liberté de notre libre arbitre et ne lui est pas défendu.

De telle manière que nous ne voulions pas, quant à nous, santé plus que maladie, richesse plus que pauvreté, honneur plus que déshonneur, vie longue plus que vie courte, et ainsi de tout le reste ; mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés »[6]

En cette fête de Saint Ignace, Dieu nous invite à faire silence, à écouter ce bon esprit « dont le propre est de donner courage, force, consolation… pour qu’on aille plus avant dans la pratique du bien »[7].

Et lorsque le discernement n’est pas clair, recueillons le conseil qu’Ignace livre avec humour :

« Si le discernement vous semble un oiseau rare et difficile à atteindre, remplacez-le du moins par l’obéissance dont les conseils seront sûrs »[8].

Temps de silence

Méditation :

Hymne E 341 « Âme du Christ »

Notre Père :

Comme le prescrit Ignace dans les Exercices, redisons la prière du Notre Père, « l’esprit tourné vers le haut, considérant comment Dieu notre Seigneur nous regarde… »[9]

Oraison

Seigneur, dans l’action de grâces pour la fécondité de la Compagnie de Jésus, nous faisons mémoire de ton compagnon Saint Ignace de Loyola. A sa suite, apprends-nous le discernement, fais-nous percevoir les appels de l’Esprit, afin que notre vie « éprouve intensément allégresse et joie de la si grande gloire et joie du Christ notre Seigneur »[10], lui ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.



[1] Fr. Bécheau, Prier 15 jours avec Ignace de Loyola2, Montrouge, Nouvelle Cité, 2000, p. 11.

[2] Fr. Bécheau, 2000, p. 11.

[3] Ignace de Loyola, Récit, n° 8.

[4] Fr. Bécheau, 2000, p. 10.

[5] Exercices spirituels, n° 23.

[6] Exercices spirituels, n° 23.

[7] Exercices spirituels, n° 315.

[8] Lettre aux pères et frères de Coïmbre, en 1547, p. 699.

[9] Exercices spirituels, n° 75.

[10] Exercices spirituels, n° 221.


vendredi 30 juillet 2021

Liturgie de la Parole, 17e vendredi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction :

Bonjour et bienvenue à chacun proche ou lointain. Nous sommes réunis en Église, en « assemblée sainte… en l'honneur du Seigneur» nous dira le livre des Lévites… Ce livre nous présente les grandes fêtes Juives, « les solennités du Seigneur »: la Pâque, la Pentecôte 7 semaines plus tard, le Grand Pardon et la fête des Tentes qui rappelle le séjour au désert. À chaque fête il y a « une assemblée sainte » avec rassemblement du peuple et offrande.

Il y a les grandes fêtes... et la célébration hebdomadaire où nous retrouvons Jésus à la synagogue de Nazareth. Il y enseigne.

« D’où lui vient cette sagesse » qui le fait enseigner d’une manière si frappante et étonnante ? Déjà après le discours sur la montagne, Matthieu nous dit « les foules restèrent frappées de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. » (Matthieu 7,28-29)

Est-ce que je m’étonne encore et toujours de la Parole de l’Évangile ? Est-elle toujours neuve pour moi ? Hélas pas toujours !

Et si je vivais chaque célébration comme une assemblée sainte ? Une rencontre en l’honneur du Seigneur avec mes frères et sœurs, libérés comme moi par le Seigneur. Libres pour faire communauté autour de la Parole. Heureux de chanter la louange du Seigneur comme nous allons le faire maintenant à travers les Psaumes.

 Méditation :

Je ne me suis arrêtée qu'à une expression dans le livre des  Lévites. Pour la 1ère fête (Pâque) et la dernière (la fête des Tentes) liées toutes deux explicitement à la libération d’Égypte il y a l’invitation à ne faire « aucun travail d’esclave ». Tout le peuple peut ainsi deux fois par an se rappeler qu’il est appelé par Dieu à la liberté. Quoiqu’il en soit de ses conditions de vie au long de l’année, chacun est une personne libre, libre par Dieu et pour Dieu. À cette occasion la célébration est « en l’honneur du Seigneur » : le reconnaître comme Seigneur, celui qui libère, guide et nourrit son peuple, comme un père.

Ne faire « aucun travail, aucun ouvrage», le jour où nous nous réunissons pour célébrer le Seigneur. Et nous nous réunissons tous les jours ! « Aucun travail d’esclave » nous disait l’ancienne traduction liturgique, et j’aime bien l’expression. Il ne s’agit pas de rester sans travailler, ceux qui sont au chômage savent combien c’est avilissant d'être sans travail.

Le travail d’esclave je le vois non dans le type de travail, mais dans la manière dont je le vis. Saint Paul écrit, justement à des esclaves « quel que soit votre travail, faites le de bon cœur, comme pour le Seigneur » (Colossiens 3,23). Cela libère profondément et dilate le cœur, donne la joie. On n’a pas toujours le choix du travail, il y a des choses à faire qui s’imposent à moi. Mais l’état d’esprit dans lequel je les fais, lui, je peux le choisir. Quand je les subis, quand je murmure, grogne intérieurement ou extérieurement, je suis esclave.

Quand je les vis en esprit de service, en solidarité avec ceux qui sont dans cette situation et qui en souffrent, surtout quand je les vis avec et pour le Seigneur, que je lui demande de les faire fructifier pour mes frères et sœurs humains proches et lointains, je suis libre, paisible, heureuse. Dans l’assemblée sainte de l’Église et du monde, je célèbre ma vie en l’honneur du Seigneur et il la transforme sans même que je me rende compte.

Seigneur, tu m’as libérée, aide-moi à ne pas me mettre de nouveau sous le joug de l'esclavage (cf. Galates 5,1). 

« Tu fais tout pour moi, n’arrête pas l’œuvre de tes mains ! » (Psaume 137 (138),8). Que ma vie soit en l’honneur de ton nom.

 Invitation au Notre Père :

Nous avons reçu un Esprit qui fait de nous des fils, des filles de Dieu ; « et c’est en lui que nous crions « Abba ! » c’est-à-dire : Père ! » (Cf. Romains 8,15)

 Prière d’envoi :

Seigneur tu es venu libérer l’humanité de tout ce qui la rend esclave. Viens aujourd’hui encore pour les hommes et femmes qui ploient sous le joug des esclavages modernes. Viens aussi pour tous ceux qui exploitent les autres.

Regarde le travail que nous avons à faire : donne-nous de le faire de bon cœur pour toi et pour nos frères et sœurs. Qu’il nous permette de gagner notre vie, qu’il soit utile à ceux avec qui nous vivons et serve à l’avènement de ton Royaume. Par Jésus Christ notre Seigneur, qui nous donne de te célébrer dans l’Esprit Saint, au long des jours et jusque dans les siècles des siècles.

mercredi 28 juillet 2021

Liturgie de la Parole, 17e mercredi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Plus une parabole est courte, plus elle m’intrigue… Celle que nous allons entendre aujourd’hui me vient chargée d’énigmes. Le Royaume des cieux, est-ce quelque chose qui s’achète ? ET qui demande qu’on se ruine pour l’acheter ? Pourquoi, après avoir découvert le trésor, l’homme le cache-t-il de nouveau ? Pourquoi ne l’a-t-il pas simplement emporté sans s’embarrasser du champ ? Pourquoi ce trésor ne semble-t-il avoir de valeur que s’il demeure caché ? Bref, qu’est-ce que Jésus a voulu dire ? Il y a un trésor caché dans les écritures, le trésor de la Parole de Dieu. Pour y accéder, nous n’avons pas d’autre choix que de lire, de méditer les écritures. Commençons par entrer dans les psaumes !

 Résonances

« Dans sa joie, il va, il vend tout ce qu’il possède et il achète le champ ».

« va, vends tout ce que tu possèdes… » : parole de Jésus au jeune homme riche. Et il ajoute non pas « achète ce champ », mais « donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ».

Un trésor… quel est ce trésor qui demeure caché ? Car l’homme qui l’a trouvé le cache de nouveau, comme s’il n’existait que caché…

En Mt 6, 19, nous lisons : « ne vous faites pas de trésor sur la terre, là où les mites et les vers dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler. Mais faites-vous des trésors dans le ciel… Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur ».

Le jeune homme riche s’en va tout triste. Il y a un trésor qui reste inaccessible pour le riche. Un trésor qu’aucune richesse ne peut acheter. Une richesse qui ne se laisse trouver que si on renonce à tout attachement. Quelles sont les richesses personnelles dont je ne veux à aucun prix me détacher ? Au risque de me perdre ? Mais le jeune homme riche est triste

Au contraire, l’homme de la parabole déborde de joie. Et c’est cette joie qui le rend capable de tout lâcher. D’où vient cette joie ? Du fait qu’il a trouvé le trésor. Il a trouvé le trésor avant d’acheter le champ. Il a donc la certitude qu’en achetant le champ, il entre aussi en possession du trésor.

Le Royaume des cieux est-il un coup de poker ? Tout miser pour gagner peut-être le gros lot ? Non, le Royaume des cieux n’est pas un jeu de hasard. Dieu ne nous demande pas de nous jeter sans filet dans le vide. C’est parce que Dieu a déjà donné que je peux m’y aventurer. Ce qui m’en donne la secrète assurance, c’est la joie profonde que je ressens, et qui est comme un acompte, l’acompte de l’Esprit saint, source de joie.

Faisons mémoire des moments où nous avons ressenti cette joie, la joie qui nous a permis d’avancer au large, dans la foi.

 Prière

Après avoir contemplé Dieu, Moïse rayonnait. Après avoir trouvé le trésor, la joie de l’homme débordait. Seigneur, tu nous appelles à oser entrer dans cette joie : donne-nous de l’accueillir, de nous laisser dépouiller, par elle, de tout ce qui freine notre élan vers toi. Ainsi, nous pourrons témoigner de ta présence lumineuse au cœur du monde et servir ta gloire, par Jésus Christ…

lundi 26 juillet 2021

Liturgie de la Parole, 17e lundi TO

 Saints Anne et Joachim

 

(Sœur Marie-Thérèse)

 Introduction

Aujourd’hui, l’Église fait mémoire des parents de Marie, Saints Anne et Joachim. Pourtant, les Saints Anne et Joachim n’apparaissent pas dans les Évangiles ni dans les épitres. Ils ne sont mentionnés que dans un des apocryphes qui est daté de la seconde moitié du IIe siècle et placé sous l’autorité de Jacques le juste, frère de Jésus.

Quelques éléments biographiques qui nous sont rapportés : « Riches israélites habitant de Jérusalem, Anne et Joachim n’eurent pas d’enfants jusqu’à l’âge de 50 ans. Ils vivaient avec dévotion et simplicité, acceptant leur épreuve avec confiance. La stérilité étant considérée comme une malédiction, le sacrifice de Joachim fut rejeté par les prêtres du Temple. Humilié et le cœur ulcéré, Joachim se retira dans le désert pendant quarante jours pour jeûner et prier. En son absence, Dieu envoie l’ange Gabriel à Sainte Anne, lui annonçant la naissance d’une « fille toute-bénie, par qui toutes les nations de la terre seront bénies, et par qui viendra le salut du monde. » Joachim, lui aussi, reçut la visite d'un ange qui lui ordonna de se mettre en chemin avec ses troupeaux pour rentrer chez lui et se réjouir avec sa femme et toute leur maison, car Dieu avait décidé de mettre fin à leur opprobre. »

La vie des Saints Anne et Joachim est comme cette graine de moutarde : par eux, nous est venue la bénédiction promise à tous les peuples. Ils ont donné naissance à celle de qui devait naître Jésus, le Fils de Dieu.

Réjouissons-nous avec eux par le chant des psaumes.

 

Commentaire

En guise de commentaire, je vous partage l’extrait d’une homélie d’un bibliste, le père François Bessonnet.

Jésus ne disait rien sans parabole. Voici « une minuscule graine de moutarde qui est devenue un arbre imposant (et non une grande plante potagère comme chez Marc) tandis que le levain fait lever trois mesures de pâte à pain (40 litres), pouvant donc nourrir près de cent personnes. L’exagération de la croissance souligne l’inespéré, l’inouï et l’inattendu du Royaume qui déborde, qui dépasse toute espérance humaine.

La graine de moutarde paraît petite aux yeux des hommes, méprisables. Mais son destin royal est de devenir l’arbre où viennent se poser des oiseaux de toutes frontières, loin du champ initial. De même le levain agit par lui-même sans autre intervention que la femme de la maison, qui – et il faut le souligner – a la même fonction que le semeur, image du Seigneur.

Les paraboles de Jésus sont des paroles pleines d’espérance destinées à convaincre un auditoire mais aussi à affermir les auditeurs de l’évangile de Matthieu. L’agir d’un prêcheur galiléen d’autrefois peut paraître dérisoire. De même, les oppositions et persécutions pourraient sonner la défaite de l’annonce de l’Évangile. Mais ces paraboles obligent à contempler les humbles signes d’un Royaume en croissance. Un Royaume qui n’est pas ici comparé à une victoire, mais d’abord à un arbre destiné à accueillir, et à des pains si nombreux pour rassasier des foules.

C’est qui est déconcertant. L’avènement du Royaume n’est pas décrit en termes de succès immédiat venant du Ciel. Il se déploie d’abord dans le temps et l’espace. Il apparaît ou bien insignifiant, ou encore menacé, mais pourtant bien présent. L’œuvre du Seigneur est tout aussi discrète qu’un homme au bord d’un lac, assis dans une vulgaire barque, racontant des histoires à des rustres. Et pourtant, là, œuvre déjà le Royaume.

La parabole n’est pas une allégorie. Elle exhorte chacun et chacune qui l’écoute et l’entend à la conversion et à la persévérance : Celui qui a des oreilles, qu’il entende !

 

Notre Père

Avec Sainte Anne et Saint  Joachim, prions ensemble avec les mots que Jésus nous a enseignés.

 

Oraison

En guise d’oraison, voici un chant de bénédiction composé par un poète québécois,  Jacques Gauthier .

 

Réjouis-toi, Anne la priante,

toi qui n’enfantais pas!

Jubile de joie en Dieu!

Le fruit que tu portes

est comblé de grâce

dès sa conception.

 

Danse, Joachim le juste!

Chante de tout ton cœur

le Dieu de tes pères

qui prendra ta fille

pour donner son Christ

à tout l’univers.

 

Heureux votre couple

par qui est venue la bénédiction

promise à tous les peuples.

Bienheureuse famille

de qui jaillira le Messie

qui vaincra la mort à jamais

mardi 13 juillet 2021

Liturgie de la Parole, 15e mardi TO

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« J’enfonce dans la vase du gouffre, rien qui me retienne ; je descends dans l’abîme des eaux, le flot m’engloutit ». Telle est la tonalité des lectures du jour.

Dans le premier Testament, le début de la vie de Moïse nous est rapporté par quelques références significatives : sa naissance, la menace encourue par le bébé, un salut providentiel grâce à la fille de Pharaon, sa croissance.

Et, plus tard, à l’âge adulte, l’assassinat de l’égyptien et la peur de la vengeance de Pharaon.

Enfin, sa fuite au pays de Madiane.

 

Dans l’Evangile, Jésus se montre menaçant et réprobateur :

« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde !… Au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! »

 

Et nous aujourd’hui ? Et nos contemporains ?

La peur qui frappe Moïse, l’appréhension qui peut habiter le cœur des habitants de Corazine, Bethsaïde et Capharnaüm, peuvent nous rejoindre, nous interpeller.

Où trouverons-nous le chemin de la paix ?

Où nos contemporains trouveront-ils un apaisement à leurs angoisses ?

Ecoutons ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui… et recueillons les intentions de notre monde, en les orientant selon le désir de Dieu :

« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »

 

Méditation

Toute page biblique recèle une parole pour chacun de nous, aujourd’hui.

Lorsque Moïse est en proie à la peur de la vengeance de Pharaon, il « s’enfuit loin de Pharaon et habita au pays de Madiane »

La réponse de Dieu à cette peur se trouve dans la suite du texte : « Il vint s’asseoir près du puits ».

Dans la culture biblique, le puits est au premier sens un lieu où l’on s’abreuve, mais aussi par extension un lieu de vie, un lieu de rencontre.

Telle est la réponse de Dieu à l’angoisse de Moïse : deux rencontres.

D’abord, celle des filles du prêtre de Madiane, venues pour puiser de l’eau et abreuver le troupeau de leur père.

Moïse les sauve des bergers menaçants.

Puis l’accueil de Réouël, les épousailles avec Cippora et, de là, une deuxième rencontre, celle de Dieu lui-même au chapitre suivant, tandis que Moïse fait paître le troupeau de son beau-père :

« L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu ».

S’ensuivra la mission de Moïse :

« Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob… J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte… »

La Parole de Dieu se fait promesse de libération et de Vie.

 

Dans l’Evangile, la parole de Jésus adressée aux villes bénéficiaires des miracles mais qui ne s’étaient pas converties, n’est pas une condamnation, mais une plainte :

« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! »

Et, comme dans la première lecture, l’issue de la situation menaçante se trouve dans la suite du texte.

Ces cités ne sont pas condamnées à leur refus de conversion, mais invitées à s’ouvrir à une manifestation de Dieu, dont Jésus est le révélateur :

« Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits… Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 25.28)

Révélation de la paternité de Dieu, d’une Parole d’apaisement, de proximité et de Vie.

 

Les extraits du livre de l’Exode et de l’évangile nous montrent des hommes et des femmes fermés à la Parole de Dieu, prisonniers de leurs peurs, de leurs refus ou de tout autre fardeau qui les accable…

De part et d’autre, Dieu s’approche, se révèle, prononce une Parole pour libérer, ouvrir un chemin de Vie, conduire plus avant…

Et nous, dans nos vies, Dieu fait de même.

Aucune situation n’est inextricable, définitive, sans issue.

Entendons cette Parole de Dieu adressée à Moïse et à chacun de nous :

« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple… Je suis descendu pour le délivrer… Je suis avec toi » (Ex 3, 7…8…12)

Oserons-nous croire à cette Parole de Vie ?

 

Temps de silence

 

Notre Père :

Avec Jésus, Maître de la Vie, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…


Oraison

Seigneur, l’Histoire Sainte de ton peuple et de chacun de nous est tissée d’infidélités, de refus de conversion, de peurs, d’enfermements. Ta Parole se fait porteuse de Vie et de salut, pourvu que nous lui ouvrions notre cœur. Envoie ton Esprit pour que ta Parole triomphe de tout ce qui nous aliène et de tout ce qui emprisonne notre monde. Que la Vie et la liberté de tes créatures te rendent gloire. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.                                                                                          

dimanche 11 juillet 2021

Saint Benoît, 11/07/2021

 (Abbé Stréber Fernand)

Le service

Pr 2.1-9 ;  Ep.4,1-6 ; Lc, 22,24-27

Chaque jour les médias nous rapportent, même ici en Belgique, des cas de corruption.  Autant que la peste ou le coronavirus, la corruption est une plaie qui ravage le monde.  Combien de chefs politiques, administratifs ou même de responsables d'entreprises profitent de leur pouvoir pour abuser et escroquer à leur profit tout ce qui est possible au détriment de celles et ceux dont ils ont la responsabilité !

L'Evangile nous propose aujourd'hui la parole qui, - me semble-t-il, - est la plus susceptible de changer le monde : «Que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune et celui qui commande la place de celui qui sert»

Rarement furent prononcées des paroles aussi révolutionnaires.

Rarement furent prononcées des paroles plus dures et plus exigeantes à l'égard du pouvoir en général et des pouvoirs particuliers en tous genres.

 -         Des personnes, croyantes ou non, font sentir leur pouvoir en s'appropriant un soi-disant pouvoir divin pour remplacer la liberté et manipuler la conscience de leur entourage.

-         D’autres, pas seulement des intellectuels, font sentir leur pouvoir en prétendant détenir toute la vérité.  Et ils l’expriment sans nuance.

-         Des personnes font sentir leur pouvoir en jouant sur l'affectivité, en se disant bienfaiteurs Mais ils les utilisent subtilement à leur propre service.

-         Un dernier exemple : Certains font sentir leur pouvoir en affirmant faire le bonheur des autres mais en imposant leurs volontés alors que « c’est la justice l’équité la droiture qui sont les seuls sentiers menant au bonheur » comme l’affirme l’extrait des Proverbes choisi comme première lecture.

 Qui ne détient à quelque niveau que ce soit, un certain pouvoir : en famille, à l'école, dans l'entreprise, dans une communauté, dans un groupe, ?

A cette tentation du pouvoir personne n'échappe, pas même Jésus. Nous la retrouvons symboliquement dans les trois tentations qu'il a connues au désert.

Quelques fois les foules ont voulu faire de lui leur roi !  Et dans l’évangile d’aujourd'hui, nous voyons que même ses plus proches amis se disputent pour être le plus grand, autrement dit avoir le fauteuil de premier ministre dans le futur gouvernement que Jésus pourrait fonder quand l’occupant romain aura été bouté dehors.

Pour nous, si le niveau de pouvoir que nous nous donnons correspond au niveau de pouvoir que les autres (dans la famille, l’école, l’entreprise ou tout autre lieu) nous reconnaissent nous sommes dans une juste et sage approche du pouvoir.

Jésus nous a montré son pouvoir en se mettant à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds.  Son pouvoir se veut être en premier lieu « service » : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert ».

Imaginons quel serait notre monde si tous les chefs, à quelque niveau que ce soit, considéraient et vivaient leur pouvoir comme un véritable service ! N'attendons pas qu'il en soit ainsi pour commencer, chacun à notre niveau, à considérer et vivre notre pouvoir parfois très petit non pas comme un instrument de domination mais comme un outil pour mieux servir et aider les personnes dont on est chargé à grandir et à développer leurs propres capacités.

          Aujourd’hui, les communautés bénédictines à travers le monde fêtent Saint Benoît.  Au 6° siècle, ce moine a voulu fonder une école où l’on apprenne à servir le Seigneur en ne préférant rien à l’amour de Dieu qui est prioritaire et en marchant d’un cœur libre sur le chemin de ses commandements.  Dans sa règle monastique, il a aussi insisté sur le service de Dieu dans la prière.

          A l’image de cette communauté bénédictine au cœur de l’Ardenne, d’autres bénédictin-e-s sont vivants dans plusieurs pays de l’Europe.  Ce n’est donc pas par hasard que St Benoît a été désigné en 1994 comme le patron de l’Europe et que le 3° vendredi de chaque mois le thème des vêpres ici même porte sur l’Europe.

Servir rend heureux.  Chaque eucharistie, où le Christ se donne, nous rappelle sa manière originale d’occuper la 1° place.

samedi 10 juillet 2021

Liturgie de la Parole, 14e samedi TO

 (Rosy)

Introduction :

Le hasard fait que je me retrouve cette fois encore en présence des moineaux…

Si ceux de Tobie étaient un peu facétieux, les moineaux d’aujourd’hui ont un sort moins enviable : ils deviennent des marchandises…

Mais leur rôle est avant tout de nous inviter à nous blottir dans la main de notre Père qui veille sur nous…

Les deux beaux textes de ce jour se répondent l’un l’autre autour de plusieurs thématiques :

-      - La peur

-       -Les serviteurs

-       -Le fait de prendre soin

-       -Le secret

Le premier, dans la Genèse, va rapidement de la mort de Jacob à celle de Joseph.

En même temps, la péricope survole l’histoire (ou la préhistoire) d’Israël depuis Abraham jusqu’aux arrières-petits-enfants de Joseph : 7 générations centrées sur Joseph.

Nous sentons qu’ainsi l’histoire du peuple choisi nous mènera jusqu’à la venue de Jésus.

Louons notre Dieu pour sa grande fidélité !

 

Méditation :

Tout commence donc avec la volonté de Jacob d’être enterré près de Mambré. Trois fois en tout dans ce passage reviendra la localisation parfaite et l’extrait d’acte d’achat au hittite… Pourquoi est-ce si important ? Outre le fait de consolider la force du clan, cela permet à l’auteur de remonter sur 3 générations. Tout cela sont des rappels pour nous qui avons déjà bien lu la Genèse.

Plutôt que les somptueuses funérailles de Jacob, la liturgie choisit de nous décrire l’attitude de ses fils ; cela n’est pas au bénéfice des frères de Joseph : ils le soupçonnent de haine, lui mentent en attribuant des paroles à Jacob, et lui demandent un pardon plus qu’intéressé. Pourtant, nous savons que Joseph leur a déjà pardonné ! Et leur notion d’« esclave » est aussi entachée d’intention déformante : il s’agit de sauver leur peau !

La réponse de Joseph est à l’opposé : tout en répétant par deux fois le « n’ayez pas peur »
« Il les réconforta par des paroles qui leur allaient au cœur. Je prendrai soin de vous et de vos jeunes enfants »

Joseph émet le même désir que son père quant à sa sépulture, mais, lui, regarde vers ses descendants, vers l’avenir, vers la promesse de l’exode. Le récit souligne d’ailleurs qu’il pris ses arrières-petits-enfants sur ses genoux, en un rite de légitimation.  

Le psaume graduel fait particulièrement bien le lien entre nos deux textes :

Vous, la race d’Abraham son serviteur,

les fils de Jacob, qu’il a choisis,

le Seigneur, c’est lui notre Dieu.

Alors, comment ce récit de la Genèse résonne-t-il dans l’évangile ?

D’abord, à ceux qui se déclaraient « esclaves » en s’aplatissant pour sauver leur peau, Jésus oppose le serviteur qui est « comme » son Seigneur.

Fi des hiérarchies ! Ni au-dessus, bien sûr, ni en-dessous.

Le thème de la vérité est développé en totale opposition avec l’histoire de la Genèse tellement pleine de complot et de mensonges.

rien n’est voilé qui ne sera dévoilé,
rien n’est caché qui ne sera connu.

C’est là qu’on en est, grâce à Joseph qui accueille ses frères.

Mieux, qui s’engage à prendre soin de leur famille. Lui, un des plus jeunes, prend ainsi la place du père pour veiller sur le clan. Comme Dieu veille sur chacun de nous, plus précieux que les petits moineaux.

Le « soyez sans crainte » revient aussi, et par trois fois !

Joseph est ainsi devenu une lumière pour ses frères, manifestant l’accueil et l’attention de Dieu pour chacun, attitude à laquelle nous sommes nous-mêmes appelés.

 

Introduction au Notre Père

Jésus nous l’a promis, il se déclarera pour nous devant notre Père qui est aux cieux.

Déclarons-nous pour lui en nous tournant ensemble vers ce Père qui veille sur nous.

 

Prière

Rendons grâce au Seigneur, proclamons son nom,
annonçons parmi les peuples ses hauts faits ;
chantons et jouons pour lui, redisons sans fin ses merveilles.

Que le Seigneur nous accorde de chercher sans cesse sa face.

Lui qui est vivant, avec le Père et l’Esprit saint, maintenant et pour toujours.