(Sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
Une
année jubilaire, une année sainte !
La
lecture du Lévitique nous évoquera en quoi consiste cette 50e
année, avec son lot de rites, d’invitation au respect du prochain et à la
crainte de Dieu.
Notre
année 2021 est également une année jubilaire pour un Institut religieux, qui a
marqué de son empreinte l’Histoire de l’Eglise : la Compagnie de Jésus.
En ce 31
juillet, nous célébrons la mémoire de son fondateur, Saint Ignace de Loyola.
Une
double année jubilaire marque l’année 2021 : le 500e
anniversaire de l’accident d’Ignace, lorsqu’un boulet de canon français lui
abîma une jambe sous les murs de Pampelune, et le 400e anniversaire
de la canonisation de ce grand Saint.
L’accident
survenu en 1521 lui impose une longue convalescence.
Ignace
est un chevalier du pays basque, en cette époque de « reconquête sur les
Maures et de grandes découvertes maritimes »[1].
Sur son
lit de malade, les pensées se succèdent :
D’un
côté, des pensées de conquêtes mondaines, « projets de jeunesse, généreux
et chevaleresques… »[2].
Mais des
pensées d’un autre type s’offrent en alternance, dont il écrit : « Quand
je pensais à faire toutes les austérités que je voyais avoir été faites par les
saints, non seulement j’étais consolé… mais encore, après les avoir laissées,
je demeurais content et allègre… Je commençais à m’étonner de cette diversité
et à faire réflexion sur elle… »[3].
Pour
faire la part des choses, Ignace fondera toute sa spiritualité sur le
discernement, la relecture.
Sa
méthode, expliquée dans Les Exercices spirituels, aidera à
« scruter et reconnaître les injonctions de la vie concrète à laquelle (on)
est confronté et à se déterminer en conséquence »[4].
Mais comment
reconnaître les sollicitations que Dieu nous adresse ? Comment distinguer le
chemin qui mène à Dieu ? Comment identifier les motions de
l’Esprit-Saint ?
La
question est pertinente pour tout disciple de Jésus…
En attendant d’en découvrir davantage, tournons-nous vers le Seigneur, avec les intentions de notre monde, et que notre prière soit, selon les mots d’Ignace, « pour une plus grande gloire de Dieu ».
Méditation
« Que
Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! », chante le
psalmiste.
Telle
est la fin pour laquelle nous sommes créés.
Cette
fin qu’Ignace exprime par ces mots : « L’homme est créé pour louer,
révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme »[5]
Mais comment
servir Dieu ? Comment sauver son âme ?
L’homme
et la femme spirituels sont des êtres de désir.
Dieu,
par la voix d’Ignace, questionne notre désir, pour « l’éveiller, le
reconnaître d’abord, le stimuler et le rectifier ensuite si besoin est ».
Nous sommes
invités à faire un choix.
Quels
sont les critères pour choisir ? Comment reconnaître le « bon
esprit » ?
Voici un
extrait des Exercices spirituels, au n° 23, qui nous en dit un peu
plus :
« L’être
humain est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là
sauver son âme. Les autres choses sur la face de la terre sont créées pour
l’être humain, pour l’aider à poursuivre la fin pour laquelle il est créé.
Il
s’ensuit que l’être humain doit en user dans la mesure où elles lui sont une
aide pour sa fin, et s’en dégager dans la mesure où elles lui sont un obstacle.
Pour
cela, il faut nous rendre indifférents (c’est-à-dire « libres ») à
toutes les choses créées, en tout ce qui est permis à la liberté de notre libre
arbitre et ne lui est pas défendu.
De telle manière que nous ne voulions pas, quant à nous, santé plus que maladie, richesse plus que pauvreté, honneur plus que déshonneur, vie longue plus que vie courte, et ainsi de tout le reste ; mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes créés »[6]
En cette
fête de Saint Ignace, Dieu nous invite à faire silence, à écouter ce bon esprit
« dont le propre est de donner courage, force, consolation… pour qu’on
aille plus avant dans la pratique du bien »[7].
Et
lorsque le discernement n’est pas clair, recueillons le conseil qu’Ignace livre
avec humour :
« Si le discernement vous semble un oiseau rare et difficile à atteindre, remplacez-le du moins par l’obéissance dont les conseils seront sûrs »[8].
Temps de silence
Méditation :
Hymne E 341 « Âme du Christ »
Notre
Père :
Comme le prescrit Ignace dans les Exercices, redisons la prière du Notre Père, « l’esprit tourné vers le haut, considérant comment Dieu notre Seigneur nous regarde… »[9]
Oraison
Seigneur,
dans l’action de grâces pour la fécondité de la Compagnie de Jésus, nous
faisons mémoire de ton compagnon Saint Ignace de Loyola. A sa suite,
apprends-nous le discernement, fais-nous percevoir les appels de l’Esprit, afin
que notre vie « éprouve intensément allégresse et joie de la si grande
gloire et joie du Christ notre Seigneur »[10],
lui ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu
pour les siècles des siècles.
[1] Fr. Bécheau, Prier 15 jours avec Ignace de Loyola2,
Montrouge, Nouvelle Cité, 2000, p. 11.
[2] Fr. Bécheau, 2000, p. 11.
[3] Ignace
de Loyola, Récit, n° 8.
[4] Fr. Bécheau, 2000, p. 10.
[5] Exercices spirituels, n°
23.
[6] Exercices spirituels, n°
23.
[7] Exercices spirituels, n°
315.
[8] Lettre aux pères et frères de
Coïmbre, en 1547, p. 699.
[9] Exercices spirituels, n°
75.
[10] Exercices spirituels, n°
221.