mercredi 23 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 34e mercredi T0

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Nous faisons mémoire de saint Clément. Avec lui, nous sommes projetés à la fin du 1er siècle, au tout début du temps de l’église : saint Clément, troisième successeur de Pierre comme évêque de Rome, est un chrétien de la troisième génération. Il n’a pas connu Jésus, mais il a connu les apôtres Pierre et Paul. Il a écrit une lettre aux Corinthiens qu’on date de 95, dans laquelle il cite abondamment les lettres de Paul et la lettre aux Hébreux. Cette lettre de Clément est un des premiers écrits chrétiens après le NT. Elle est précieuse, parce qu’elle nous aide à mieux comprendre les circonstances dans lesquelles l’église est née, les premiers pas de son organisation interne, l’état d’esprit des premiers chrétiens. Elle nous les rend très proches.

Les lectures de ce jour sont celles de la 34ème semaine (nous parcourons l’Apocalypse et le chapitre 21 de l’évangile de Luc). Mais elles s’appliquent aussi particulièrement bien à la mémoire de saint Clément. Surtout, ce qui est émouvant, c’est de penser que Clément était contemporain de la rédaction de ce livre de l’Apocalypse qui décrit en termes volontairement mystérieux la situation même qu’il est en train de vivre. Connaissait-il cet écrit ? En tout cas, il le vivait. Mettons-nous à l’écoute !

 

Résonances

Une des clés pour entrer dans l’Apocalypse est de la mettre en superposition de l’AT. L’Apocalypse ne cesse de résonner d’allusions à l’AT. Aujourd’hui, nous avons entendu qu’il y a sept fléaux qui se préparent. Ces sept fléaux seront décrits dans les chapitres suivants (que nous n’entendrons pas) : ils font allusion aux plaies d’Egypte. Mais avant même de décrire ces fléaux, l’auteur de l’Apocalypse nous décrit la victoire. Nous avons entendu : il y a une mer de cristal mêlée de feu et les élus se tiennent debout sur cette mer (debout, dans l’attitude de la résurrection) et ils chantent le cantique de Moïse et de l’agneau. Les images superposent donc la traversée de la mer Rouge lors de la sortie d’Egypte, avec le cantique entonné alors par les fils d’Israël, et la victoire de l’agneau qui entraîne tous ceux qui le suivent dans la dynamique de la résurrection.

Jésus, dans l’évangile, annonce les difficultés à venir auxquelles seront confrontés ses disciples. Mais il annonce également la victoire. Il ne leur cache pas que ce sera dur, mais il les encourage : « vous serez détestés de tous à cause de mon nom, mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » Serait-ce cela, l’espérance ? Une assurance instillée en nous par la confiance en la parole de Jésus, une assurance qui vient d’ailleurs et qui intervient quand les circonstances nous amènent à témoigner ? Les persécutions nous amèneront à témoigner, dit l’évangile. Et cela est bon. Témoigner, c’est contribuer à passer le flambeau. Suivre le Christ, c’est témoigner de l’espérance qui nous habite, et qui nous aide à regarder le réel tel qu’il est, sans faux-fuyant, et sans abandonner nos responsabilités.

Selon la tradition, saint Clément est mort martyr sous l’empereur Trajan, vers l’an 99, en étant jeté dans la mer avec une ancre au cou. Or l’ancre, il le savait, dans la lettre aux Hébreux, symbolise l’espérance : « cette espérance, nous la tenons comme une ancre sûre et solide pour l’âme ; elle entre au-delà du rideau, dans le Sanctuaire où Jésus est entré pour nous en précurseur… » (Hé 6,19-20). Dans la basilique saint Clément à Rome, cette ancre est bien visible sur le baldaquin au-dessus de l’autel. Elle est le symbole qui accompagne saint Clément dans l’iconographie et qui fait de lui le patron des marins. N’ayons pas peur de la mer et de ses tempêtes ! Fixons notre ancre dans le roc solide de notre foi en Dieu. Témoignons de l’espérance qui nous habite !

 

Prière (en s’inspirant des mots de saint Clément dans sa lettre aux Corinthiens)

Créateur et père des siècles, Dieu très saint, nous te rendons grâce pour tes dons bénis et admirables : la vie dans l’immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la liberté de parole, la foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la sanctification. Donne-nous de les attendre en recherchant ce qui te plaît, en suivant le chemin de la vérité, en rejetant loin de nous toute injustice et perversité. Ainsi, nous trouverons le salut qui nous est donné en Jésus-Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le protecteur et le soutien de notre faiblesse.

mardi 22 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 34e mardi TO

 (Rosy)

Ouverture

En cette dernière semaine du temps ordinaire, nous avons droit à une véritable plongée apocalyptique ! D’abord bien sûr avec la lecture de Livre de l’Apocalypse, puis avec tout ce discours de Jésus dans le temple.

Les passages de style apocalyptiques sont abondants dans la Bible et l’on sait que ce type de langage fut particulièrement “à la mode” environ un siècle et demi avant Jésus et un siècle et demi après. Donc alors que fut écrite la totalité du Nouveau Testament, et même les derniers livres de l’Ancien. Jésus emprunte simplement le langage de son temps, celui qui est signifiant pour ces auditeurs.

Bien sûr, nous savons que le mot apocalypse signifie “lever le voile”, « révélation » et pas « annonce de malheurs » comme il en a finalement pris le sens. Mais, à la lecture des textes de ce jour, on pourrait comprendre pourquoi, car ils ne sont pas très lumineux ! Il faudra attendre la dernière phrase de ce long discours de Jésus pour y voir une promesse d’espoir, phrase que nous lirons samedi, au dernier jour de cette année liturgique. D’ici là, les lectures du Livre de l’Apocalypse nous apporteront heureusement quelques perspectives plus optimistes.

Préparons-nous à accueillir la Parole en chantant les psaumes.

 

Commentaire

Nous sommes dans le Temple, le haut-lieu de la présence de Dieu.

Jésus s’y attarde avec ses compagnons. L’atmosphère est plutôt paisible, on regarde, on s’émerveille… Hier nous était rapportée la scène de la veuve avec ses deux piécettes. Jésus a vu, et admire : « cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres ». Le regard des apôtres a suivi celui de Jésus, puis ils regardent l’édifice et s’enthousiasment devant la magnificence de ce temple dont la reconstruction est en pleine réalisation. Il est riche et immense, car pour servir la gloire d’Hérode le Grand, il doit être plus grand et plus somptueux que celui de Salomon.

Cette manifestation de grandeur n’impressionne pas beaucoup Jésus ; autant l’humble geste de la veuve l’avait ému au point de la donner en exemple, autant l’étalage des richesses du temple qui brillent dans les yeux des apôtres le pousse à relativiser leur enthousiasme ; sans prévenir, c’est la douche froide : « tout sera détruit ». Les apôtres tentent alors d’appréhender cette prédiction : « quand cela arrivera-t-il ? » Mais Jésus va les entraîner bien plus loin !

 Ce qui déroute dans ce discours de Jésus, c’est que trois perspectives sont étroitement imbriquées et parfois indissociables :

- Tantôt il envisage l’avenir lointain, son retour à la fin des temps et tout un cortège d’événements mystérieux dont la date reste dans le secret du Père. Quand il évoque ce scénario de la fin, Jésus le fait toujours dans le langage traditionnel des apocalypses et dans un grand cadre cosmique qui englobe la terre et le ciel, le soleil, la lune et les étoiles.

- Tantôt Jésus a en vue des événements plus proches : la ruine du Temple, le jugement de Jérusalem ; et dans ce cas il reprend les menaces des prophètes contre la ville infidèle.

- Tantôt enfin Jésus fait allusion aux épreuves des communautés, aux persécutions qui frapperont les disciples, tout au long du temps de l’Eglise.

Pas facile donc de suivre la logique de ce discours.

De plus, les paroles qui pourraient paraître rassurantes nous laissent bien perplexes :

« Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »

Tout y est… Mais est-ce le pire ? « Mais avant tout cela, on portera la main sur vous » … ( 25 versets qui s’étendront sur toute la semaine)

« Tout sera détruit » Jésus invite ses disciples, et nous aussi, à une attitude profondément re-vivifiante mais extrêmement coûteuse , déstabilisante… Il s’agit de passer par une épreuve où ce qui a été édifié, s’effondre… Une expérience à vrai dire bien commune : le monde connu s’estompe, on ne reconnaît plus rien, tout a été détruit, déconstruit, repris autrement… Perte et nouveauté vont de pair. Cette annonce de Jésus est un appel.

 « Ne vous laisser pas égarer »

Jésus met en garde les disciples. Il leur recommande de veiller.

Il nous invite, non pas à nous effrayer, mais à laisser surgir le meilleur de nous-mêmes : notre capacité à attester, à témoigner au-delà de tout, de la bonté de Dieu qui aime tous les hommes. Ainsi, il nous est donné de pouvoir mettre nos pas dans les pas du Seigneur. De marcher avec lui jusqu’à ce que se réalise une terre nouvelle et un ciel nouveau. L’avenir n’appartient qu’à Dieu. Mais nous avons le temps du jour pour le servir et l’aimer, nous avons l’espace de notre cœur pour y accueillir la parole de Jésus, et l’espace du monde à prendre dans la prière.

 Etonnamment, la liturgie nous propose un psaume graduel en contradiction avec le discours de Jésus : ce sont des versets qui considèrent aussi le jugement, mais avec des accents à l’opposé de la destruction. Nous y lisons : « Le Seigneur vient pour juger la terre ». Mais aussi : « Le monde, inébranlable, tient bon »... « Joie au ciel ! Exulte la terre ! La campagne tout entière est en fête. Les arbres des forêts dansent de joie ! »

 

Notre Père

Notre Père sait de quoi nous avons besoin et nous l’accorde chaque jour.

Redisons-lui notre confiance en le priant d’une seule voix.

 

Oraison

Avec toi, Seigneur, et à ton exemple, nous voulons traverser les évènements et les signes qui nous effraient. Nous voulons entendre tes paroles résonner plus fort que tous les ouragans quand tu nous dis : « N’ayez pas peur, je suis là, pour toujours avec vous ».

Rends-nous attentifs à tes mises en garde et certains de ta fidélité.

Nous te le demandons, à toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.

lundi 21 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 34e lundi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction

Bonjour. En ce 21 novembre l’Église fait mémoire de la Présentation de la Vierge Marie. Voici l’introduction que fait le Missel de l’assemblée pour la semaine : « L’Église célèbre aujourd’hui l’offrande intérieure qui fit de Marie, pour toujours, l’humble et fidèle « servante du Seigneur ». D’après un évangile apocryphe, cette offrande aurait pris une forme extérieure : Marie aurait été présentée, dès son enfance, au Temple de Jérusalem. En évoquant cette présentation dans sa liturgie, l’Église ne garantit pas la réalité historique d’un événement sans fondement dans l’Écriture. Ce qui est sûr, c’est qu’un don total de soi disposa la jeune fille de Nazareth à devenir, au jour de l’Annonciation, le Temple vivant du Fils de Dieu et, par la suite, à entrer le jour de l’Assomption, dans le Temple éternel de la gloire du Père. Si la Vierge est devenue le modèle de toute vie consacrée dans l’Église, c’est par ce don qu’elle a fait de tout son être à Dieu[1] ».

Avec Marie, avec les 144 000 de l’Apocalypse qui « suivent l’Agneau partout où il va », avec la veuve misérable de l’Évangile qui a mis dans le Trésor du Temple « tout ce qu’elle avait pour vivre », prions maintenant le Seigneur au moyen des Psaumes.

 

Méditation

En guise de méditation, je voudrais vous suggérer quelques touches prises dans les deux lectures, en lien avec la mémoire de la Présentation de la Vierge Marie.

L’Agneau de l’Apocalypse se tient debout sur la montagne de Sion, la montagne du Temple. Debout, l’attitude du vivant, l’attitude du ressuscité, l’attitude du Fils. Comme Marie soyons debout, demeurons fermes, ancrés sur le Roc, le Christ.

Les 144 000 portent, inscrit sur leur front, le nom de l’Agneau et de son Père : nous portons inscrit en nous ce Nom unique, à la fois celui de l’Agneau et celui de son Père. Comme Marie qu’il rayonne sur notre front, sur notre visage, en toute notre vie.

Jean entend une voix qui pourrait être effrayante, puisqu’elle est comme les grandes eaux ou un fort coup de tonnerre. Ces forces cosmiques qui peuvent tout détruire, tout balayer. Faut-il avoir peur ? Non car il s’agit en même temps d’un chant. Chacun de ceux qui chantent s’accompagne d’une cithare. Comme pour donner plus d’ampleur à ce chant à tonalité liturgique, un chant de victoire aussi. C’est étonnant ! Ils sont différents et en même temps accordés les uns aux autres pour une immense harmonie. La grande force de l’unité dans la diversité et la complémentarité. Tout un symbole de la vie communautaire, de la vie en Église, de la vie dans la société. Comme Marie chantons le Seigneur dont l’amour s’étend d’âge en âge. Chantons-le par notre communion fraternelle et par le quotidien de nos vies.

Ils sont devant le Trône, en présence de « Celui qui siège sur le Trône » et que Jean évite de nommer autrement dans ces passages.[2] Nous pouvons penser qu’il s’agit du Père de l’Agneau mentionné au début de notre lecture. Comme Marie, vivons en sa présence.

Ils ont été rachetés, rachetés par l’Agneau et pour Dieu comme le précise le verset 9 du chapitre 5. Comme Marie nous sommes des sauvés, vivons dans l’action de grâce.

Est-ce une belle liturgie ! Pas seulement, c’est aussi du mouvement, de l’action : « Ceux-là suivent l’Agneau partout où il va ». Comme Marie soyons toujours plus disciples du Seigneur, suivons-le jour après jour.

La veuve misérable de l’Évangile donne deux piécettes au trésor du Temple. Comme elle, comme Marie, n’ayons pas peur de donner le peu que nous pouvons donner aujourd’hui.

La veuve a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. Comme elle, comme Marie, que nos vies soient une offrande à la louange de la gloire du Seigneur qui habite les cœurs.


Introduction au Notre Père

Seigneur nous portons inscrit en nous ton Nom et le Nom de l’Agneau, c’est pourquoi nous te chantons avec une confiance filiale… Notre Père

 

Prière d’envoi

Dieu d’amour et de miséricorde, que ta grâce nous accompagne et nous fortifie.

Aide-nous, aide tous les hommes et femmes à ne pas t’éteindre en eux, à se laisser transformer par ta présence.



[1] Missel de l’assemblée pour la semaine par les bénédictins de Clervaux, Hautecombe, Saint André, Éditions Brepols / Paris 1975, p 1800

[2] Voir Apocalypse 4,9 ; 5,1.13 ; 6,16 et 7,15

samedi 19 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 33e samedi TO

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

 Aujourd’hui, nous fêtons Sainte Mechtilde, bénédictine allemande du XIIIe siècle, proche de Sainte Gertrude que nous avons fêtée en ce début de semaine. Mechtilde était reconnue par ses soeurs de Helfta pour « son humilité, sa ferveur et son amabilité qui la faisait rechercher de toutes avec empressement » [1] ! Elle avait une voix magnifique. « Plus d’une fois, elle eut pour son chant mieux que les applaudissements des hommes : ceux de l’Epoux divin à qui seul elle voulait les consacrer. [2] » J’adore cette manière de le dire : « La langue du Moyen Âge a la fraîcheur d’une jeune branche de noisetiers et la luminosité de la craie.[3] »

 Une caractéristique première de Mechtilde, c’était donc le chant et la louange divine.  « Le bien le plus grand et le plus utile auquel l’homme puisse employer sa bouche », disait-elle,  « est la louange de Dieu, et la conversation avec Dieu dans la prière. L’œuvre la plus louable pour les yeux, c’est de répandre des larmes d’amour et la constante lecture de l’Ecriture sainte ; pour les oreilles, c’est d’écouter avec plaisir la parole de Dieu (…) ; pour les mains, ce qui sera le plus fructueux sera de les élever dans une prière pure et d’écrire. Ce qu’il y a de meilleur pour le cœur, c’est d’aimer ardemment et de désirer Dieu de tout son cœur, et de méditer sur lui avec douceur.2 »

 Désir de Dieu, méditation, aimer de tout son corps, de tout son cœur, et louer le Seigneur : voilà le lien avec nos lectures du jour (Ap 11, 4-12) et (Lc 20, 27-40) ! Comme Sainte Mechtilde, mettons tous nos sens en éveil pour notre Seigneur. Louons-le avec les psaumes.

 

Méditation

Voici donc ramené à notre méditation l’évangile du dimanche 6 novembre (Lc 20, 27-40). Cet évangile « tombait bien » : nous sortions d’un samedi en silence, ayant abordé la question de la mort avec le prélude de la 5e suite de Bach et le psaume 87, et nous venions de découvrir la 6e suite, avec la louange au Seigneur par les psaumes 148 (et 8), chantant notre joie de la résurrection. Nous nous sentions tirés du shéol, confiants, heureux, portés par la grâce du Dieu des vivants (Lc 20, 38).

Je vous avoue que, ce dimanche matin-là, j’avais envie de rester sur cela : les bienfaits de la musique, de la lectio, le silence et les partages en petits groupes. Qu’allait donc nous enseigner la lecture patristique pour nous porter davantage au petit matin ? Qu’allait raconter le prêtre sur cet évangile déjà bien médité, partagé, « vécu » ? Eh bien, j’ai été comblée ! J’ai aimé ces relectures du message du Christ, prié par d’autres. Et cela m’a rassurée un peu sur ce que je pouvais encore vous dire aujourd’hui : il y a toujours de l’inattendu et du neuf dans la lectio, et il y a des ponts à faire !

Luc nous dit (Lc 20, 37-38) : « Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. Il est le Dieu des vivants. Tous en effet vivent pour lui. »

Si Dieu se présente à Moïse comme le Dieu de ses Pères, c’est pour lui dire/lui faire dire que l’alliance avec les Hébreux existe et est vivante pour toujours, que les patriarches sont toujours vivants pour lui, Dieu. Nous pourrions dire aujourd’hui, nous chrétiens, que l’alliance personnelle que Dieu fait avec chacun d’entre nous, par Jésus ressuscité, traverse la mort. « Il nous suscite à la vie, pour un temps sur cette terre, pour toujours dans l'éternité du ciel », disait le Pasteur Joël Hervé Boudja dans son homélie du même 6 novembre[4].

 « Tous en effet vivent pour lui ». Pour lui le Dieu des vivants. C’est la relation à Dieu qui nous rend vivants, qui fonde notre existence par-delà la mort. C’est le désir de Dieu qui oriente le désir des vivants au-delà de la mort. Telle était la conviction de Paul : « Aucun de nous ne vit pour soi-même et aucun de nous ne meurt pour soi-même, si nous vivons nous vivons pour le Seigneur et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. » (Rom.14, 7-8).

Tous vivent pour lui ; pour lui, tous vivent. Pour Dieu, tous sont vivants. Comme Abraham, Isaac, Jacob, chacun et chacune de ceux qui les ont suivi, chacun et chacune d’entre nous, pour toujours. « Et il a tout avantage à ce que nous soyons vivants pour le louer, parce que c’est la louange qui rassemble le ciel et la terre », disait sr Marie Raphaël lors de la retraite.

« La mort ne peut te rendre grâce ni le séjour des morts te louer. Ils n’espèrent plus ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse. Le vivant, le vivant, lui, te loue comme moi, aujourd’hui. Seigneur, viens me sauver. Et nous jouerons sur nos cithares tous les jours de notre vie, auprès de la maison du Seigneur. » (Cantique d’ézéchias (Is 38, 18-19) - AT 23). [5]

Je crois que Sainte Mechtilde nous fait un clin d’œil de là-haut !


 Notre Père

Redisons à notre Père les mots que Jésus nous a appris…

 

Prière finale

« Père très saint, les cieux et la terre, et toutes les créatures n’ont qu’une voix pour célébrer tes louanges et ta gloire ; qu’il nous soit permis de nous unir à ce magnifique concert et de t’offrir cette prière[6]. »  

Nous te le demandons, par Jésus-Christ ton Fils, qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.



[1] Préface du Livre de la Grâce spéciale : Révélations de Ste Mechtilde, Trad. Solesmes, 1878.

[2] ibid. cit.

[3] Christian Bobin (1997), Autoportrait au radiateur, 29 juillet

[5] voir aussi, par exemple : Ps 6, 6 ; Ba 2, 17 ; Si 17, 27

[6] Prière de Sainte Mechtilde, dans Le livre de la Grâce Spéciale.

lundi 14 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 33e lundi TO

(Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Jean, aux sept Églises qui sont en Asie mineure : À vous, la grâce et la paix, de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône ! »

La liturgie nous propose d’ouvrir le livre de l’Apocalypse.

« Aux sept Églises qui sont en Asie mineure, la grâce et la paix » : tel est le souhait de notre Dieu à toutes ses Églises, puisque le chiffre 7 est un chiffre parfait.

Tel est dès lors aussi le souhait qu’il destine à chacun de nous.

Les textes de ce jour balisent un chemin privilégié pour y parvenir.

L’extrait de l’Apocalypse poursuit :

« Je connais tes actions, ta peine, ta persévérance… Mais j’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné ».

En cette fin de l’année liturgique, le Seigneur veut nous stimuler !

L’Apocalypse le proclame : « Le temps est proche ! ».

Laissons-nous rejoindre par cette invitation du Seigneur, là où nous nous trouvons…

Et soyons certain(e)s que l’horizon vers lequel Il nous guide fait écho au qualificatif attesté dans la première lecture et le psaume : « Heureux ! ».

Avec nos contemporains en aspiration de bonheur, chantons les psaumes…

 

Méditation

L’Evangile nous rapporte le bouleversement qu’a vécu l’aveugle de Jéricho.

« Un aveugle mendiait, assis au bord de la route ».

Lorsqu’il apprend que « c’était Jésus le Nazaréen qui passait », sa réaction est un cri qui est une Profession de foi :

« Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »

Ce qui est implicite, c’est la confiance, l’Espérance qui l’habite.

La foi que Jésus aura pu discerner : « Retrouve la vue ! Ta foi t’a sauvé ».

La confiance est en effet forte chez cet aveugle, qui ne se laisse pas décourager par « ceux qui… le rabrouaient pour le faire taire ».

Son expérience peut rejoindre la nôtre…

 Comme cet homme qui mendie au bord de la route, nous aspirons peut-être à être libérés d’un fardeau, comme il le fut de sa cécité.

Comme cet homme, nous pouvons être rabroués ou freinés par des obstacles.

Comme cet homme, nous pouvons aussi crier notre Profession de foi, nous tourner résolument vers Jésus et Lui avouer notre indigence.

Prenons un temps de silence pour goûter au fond de notre cœur notre « premier amour », implorer l’aide de Jésus dans la situation où nous sommes, le supplier pour notre monde tel qu’il est…

Rendons-nous disponibles à la présence agissante de Jésus.

 

Temps de silence

 

Notre Père

Avec Jésus, redisons la prière de foi, celle des enfants de Dieu…


Prière

Dieu notre Père, le mendiant au bord de la route vers Jéricho nous balise un chemin de bonheur !

Son cri dans la détresse, sa Profession de foi affirmée, sa persévérance malgré les obstacles, son aveu de sa fragilité le conduisent à Jésus !

Et Lui, en ton Nom, « ordonne qu’on le lui amène », l’écoute et exauce son désir.

Accorde-nous de nous rendre disponibles à ton Esprit, afin qu’avec ce mendiant, nous puissions « retrouver la vue… et suivre Jésus en (Te) rendant gloire ».

Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…


jeudi 10 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 32e jeudi TO

(Danièle)

Introduction

Dans sa lettre, Paul, en prison, confie à Philémon la garde de l'esclave Onésime , (ce qui signifie « avantageux »), qui s'est enfoui et a trouvé refuge auprès de Paul. D'après Roselyne Dupont-Roc, l'usage romain évitait qu'un esclave fugitif soit renvoyé chez son maître. Paul demande donc de ne pas considérer Onésime comme un esclave mais bien comme un frère bien-aimé. « En baptisant Onésime, Paul a fait de lui un frère, un homme nouveau ». « Si donc, tu estimes que je suis en communion avec toi, accueilles-le comme si c'était moi »écrit-il.

 Aujourd’hui, dans l’Évangile de Luc, Jésus répond à la question des pharisiens « la venue du règne de Dieu  n'est pas observable … en effet, il est au milieu de vous ». A ses apôtres et à nous, il dit que le fils de l'homme viendra comme un éclair... Inutile de courir si une lettre ou une parole vous annonce le royaume, « n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer » disait st Paul dans le premier chapitre de sa lettre aux Thessaloniciens.

En ce temps de crise, Jésus nous met en garde. Il nous rappelle l'essentiel : le mystère pascal, mystère à vivre aujourd'hui, maintenant, dans la prière, dans un silence intérieur...

Commençons cette célébration en priant les psaumes.

Après l’Évangile

« La venue du règne de Dieu n'est pas observable »... Comment une chose visible peut-elle arriver sans devenir visible en même temps ? Aujourd'hui, rien ne semble paisible, où est-elle cette plénitude promise par Dieu ? Les non-croyants diront « où est-il votre Dieu ? Il ne fait rien ».

En effet, il n'y a aucun signe extérieur qui prédit la venue du royaume puisqu'il est déjà là, silencieux et discret, ce n'est pas un grand spectacle. Il est comme le grain de moutarde qui devient un arbre. Comme le jour qui se lève, il vient petit à petit. Il doit encore grandir pour arriver dans sa plénitude mais il est déjà présent et c'est la source de notre espérance, de notre confiance : le royaume est au milieu de nous, en nous, a dit Jésus. Les pharisiens attendent un royaume terrestre visible, un royaume qui est à venir. Ils ne comprennent pas qu'il est au-dedans, dans le cœur.

A leur question, Jésus  leur dit, le royaume est au milieu de vous. Est-ce une façon de leur dire « vous vous intéressez au royaume et pas au roi, si le roi est là sous  vos yeux, c'est que le royaume est bien au milieu de vous ». Il est venu pour être le roi, le sauveur des cœurs. Il n'est pas venu pour créer une puissance politique ou territoriale mais un royaume qui ne connaîtra ni limites de races ou de langues, il est venu pour toute l'humanité.  « Auparavant, il faut qu'il souffre beaucoup ». Ce royaume a trouvé son installation définitive dans la passion et la résurrection de Jésus.

Ne nous arrive-t-il pas d'être parfois disciple mais aussi pharisien(ne) ?

Jésus nous demande de chercher le royaume, la justice, la paix, tout le reste nous sera donné par surcroît. Le royaume, c'est l'amour de Dieu. Nous cherchons parfois ce qui est extraordinaire pour nous rassurer que Dieu est bien là, pourtant « Dieu se trouve le plus souvent dans le calme, la joie calme, la gentillesse calme », Il n'est pas nécessairement là où on voudrait qu'il soit. « On vous dira il est là-bas ; n'y allez pas, il est comme l'éclair qui jaillit, illumine l'horizon ». « N'y allez pas ! Pas de panique, ce que les pharisiens refusent de voir, nous l'avons déjà en nous ». Nous n'avons pas à courir mais à accueillir chaque instant de notre vie dans l'abandon, le lâcher prise.

Jésus, lors de son jour sera comme un éclair qui passe et qui s'efface. Notre Dieu a choisi de se présenter faible en ce monde, fragile, vulnérable dans notre histoire humaine. Sa puissance se manifeste dans la non évidence, l'effacement, il n'impose pas sa parole mais « il engage un dialogue d'amitié avec nous ». L'Esprit ouvre nos yeux à cette présence. Ne cherchons pas le spectaculaire dans la vie.

Le royaume est une réalité actuelle, il est présent dans la personne du Christ. Jésus est le seul Seigneur, le seul que nous ayons à suivre. Notre espérance nous donne la confiance nécessaire pour croire à la promesse de Jésus qu'il reviendra et qu'il nous introduira dans la plénitude de son royaume.

Invitation au Notre Père

Avec les paroles que Jésus nous a apprises, prions notre Père ;

Prière de conclusion

Seigneur, ta présence en nous est incontestable. Apprends-nous à reconnaître cette présence dans notre vie de tous les jours. Nous te rendons grâce. Tu es à nos côtés pour nous guider, nous protéger tout au long de notre vie.

Dans ce monde où ton royaume paraît si loin, aide-nous à compter sur ta présence pour soutenir notre engagement  en faveur de sa croissance.

Pour que nous puissions te trouver, aide-nous à rester calmes.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et le saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Sources :   -    Jésuites d'Irlande

-      Carmel saint Joseph

-      Elvire Vignon

-      Myriam de Gemme

-      Méditations catholiques.org

-      Emmanuelle Billoteau.

mardi 8 novembre 2022

Liturgie de la Parole, 32e mardi TO

 (sœur Marie-Christine)

 

Introduction

Bonjour ! Nous sommes rassemblés pour célébrer le Christ Jésus notre Seigneur qui « s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » Ce texte est lu à Noël, c’est dire son importance.

« Un peuple ardent à faire le bien » cela devrait être l’œuvre première et prioritaire de chaque chrétien ! Et en même temps cette ardeur est invitée à être vraie, humble et modeste : « quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir” ».

L’important n’est pas tant ce que nous faisons, que la manière dont le faisons, avec amour, et pour qui nous le faisons, pour nos sœurs et frères, et par là même, pour le Seigneur.

Saint Paul parle d’un « peuple » : nous ne sommes pas seuls, nous sommes membres d’un peuple et donc appelés à vivre en communion avec nos frères et sœurs.

Chantons, au moyen des Psaumes, « la grâce de Dieu (qui) s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ».

 

Méditation

Jésus nous présente dans cette parabole une drôle de figure de Dieu ! Ce maître sans sollicitude envers son serviteur qui a travaillé toute la journée à son service dans les champs, et qui entend qu’il soit encore à son service pour le repas avant de pouvoir enfin manger et boire à son tour.

Une chose me frappe : c’est comme si ce maître n’avait que ce serviteur ! En effet s’il en avait plusieurs, les tâches seraient réparties et un autre aurait préparé et servi le dîner !

C’est à souligner : comme si pour le maître chacun est unique. Mais alors ? Déjà cela éloigne l’ancienne traduction liturgique qui parlait de « serviteurs quelconques ». Mais pour Dieu personne n’est quelconque et je n’aimais pas cette traduction ni celle de la Bible de Jérusalem « serviteurs inutiles ». Si nous sommes inutiles, ce n’est pas très motivant pour agir ! Et pour le Seigneur y a-t-il une action inutile ? Lui qui récompense pour un simple verre d’eau offert (Matthieu 10,42 et Marc 9,41), et qui a dit « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” » (Matthieu 25,40)

La nouvelle traduction « simples serviteurs » nous met à notre place : nous sommes des serviteurs, rien que des serviteurs, donc tous à égalité. « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. » (1Samuel 16,7) Même si ce que nous faisons est important aux yeux des hommes, aux yeux de l’Église, ce n’est qu’un service, à la suite du Serviteur, le Christ Jésus lui-même. «Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. »

Pour vivre cela nous avons grandement besoin de faire nôtre la prière des disciples, prière qui précède notre passage et que nous avons entendu hier « Augmente en nous la foi ! » Oui Seigneur, augmente en nous la foi, augmente en nous la confiance en toi, augmente en nous ce lien vital qui nous fait demeurer en ta présence en toutes circonstances. Nous t’en prions que ce grand arbre de notre moi soit déraciné et aille se jeter dans l’océan de ta miséricorde. Que nous soyons heureux de la place unique que tu nous offres, cette place, ce service que tu as vécu le premier et qui est le chemin de la vraie vie avec toi dès maintenant. Toi qui as dit « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Marc 10,43-45)

Seigneur, n’arrête pas l’œuvre de tes mains, en moi et en chaque personne. (cf. Psaume 137,8). Que nous trouvions notre joie à être tes simples serviteurs, toi le Serviteur.

 

Introduction au Notre Père

« La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes ». Unis dans le même Esprit, nous pouvons chanter avec confiance la prière reçue du Sauveur : Notre Père !

 

Prière d’envoi

Fais de nous des hommes et des femmes qui vivent de la foi, Seigneur Dieu. Développe ce que tu as semé en nous au jour de notre baptême, pour que nous mettions toutes nos forces à te servir, sans attendre d’autre récompense que Toi. Notre joie n’est-elle pas d’être des serviteurs, des servantes de Jésus ton Serviteur Bien-Aimé ?

Lui qui vit avec toi dans l’unité du Saint Esprit, Dieu pour les siècles des siècles.

samedi 5 novembre 2022

Liturgie de la Parole – 31e samedi TO

(Rosy)

Introduction

Nous voici rassemblés pour accueillir la Parole de ce jour, pour apprendre à en vivre.

Hier, nous avons reçu une parabole, susceptible, comme tant d’autres, de nous interroger, nous intriguer, voire nous scandaliser. Le fameux intendant qui lui donne son titre est-il finalement malhonnête, habile, trompeur ? Et est-il vraiment l’acteur principal de la parabole ? Est-ce même l’argent ?

Car aujourd’hui cette parabole est développée, ou appliquée, en une série de sentences, toujours adressées aux disciples, avant que les pharisiens n’entrent en jeu par leur moqueries. Nous avons affaire à une série d’éléments détachés, rassemblés dans le but d’interpréter la parabole. Un beau morceau littéraire de l’écrivain Luc que nous allons d’abord écouter après avoir chanté les psaumes.

 

Commentaire

L’évangile de ce jour mériterait une longue analyse, et d’abord au niveau de sa forme dans laquelle Luc montre tout son talent : il s’agit d’une série d’alternatives, de dilemmes impliquant donc un choix. Car, si l’argent est bien le test de la fidélité des disciples, ce à quoi ceux-ci sont appelés, c’est à choisir !

Le critère de ce choix n’est pas l’usage de l’argent, fut-il bon, mais un thème qui revient sans cesse : celui de la confiance. Déjà dans la parabole, le maître rompt sa confiance au gérant qui doit, symboliquement, remettre son livre de comptes. Mais il ne se préoccupe pas du contenu de celui-ci. Et, à la fin, il semble tout aussi indifférent au fait que son argent continue à être mal géré, mais se réjouit seulement des nouveaux liens qui se tissent entre le gérant et ses « amis ».

Idée par laquelle s’amorce le commentaire : « Faites-vous des amis » « que ces amis vous accueillent ». Si on accepte d’entendre ce pluriel comme une tournure impersonnelle, le sujet pourrait en être Dieu. Quant aux demeures éternelles… cette expression n’existant nulle part ailleurs dans la Bible ni même dans la littérature juive, elle reste très ouverte… s’agit-il de se faire des « trésors dans le ciel » grâce à l’aumône si chère à Luc ?

Il est interpelant que, dans ce long commentaire de la parabole, ce soit le mot « confiance » qui prédomine, et si on y ajoute les mots amis, aimer, etc… nous sommes vraiment dans une autre thématique que celle de l’argent. Celui-ci ne devient finalement qu’emblématique de toute idole : « vous ne pouvez servir Dieu et l’argent, » servir désignant ici le culte rendu aux dieux et l’argent le dieu Mammon. J’aimerais renommer la parabole du gérant trompeur en parabole du choix ou de la confiance.

Voici donc la nécessité du choix plus urgente que jamais.

Bibliquement, ce n’est pas une nouveauté ! Pensons au verset bien connu du Deutéronome : « je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie. »

Essayons donc de faire le bon choix, d’être digne de confiance, dans les petites choses de notre quotidien comme dans les grandes. Visons le bien véritable, celui qui nous est promis. Et surtout, choisissons d’aimer et de servir notre Dieu qui met en nous toute sa confiance et sa force.

Cette péricope mériterait d’être longuement méditée pour se traduire en nos vies et y éclairer nos choix. Le psaume graduel peut nous y aider car il nous guide dans nos choix en définissant ce qu’il appelle l’homme de bien :

« L’homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture… Son cœur est confiant, il ne craint pas. A pleine main il donne au pauvre ; à jamais se maintiendra sa justice… »

Et si jamais vous préférez les formulations concises et combien explicites, je vous invite à vous tourner vers saint Benoît et à l’entendre nous recommander de « Ne rien préférer à l'amour du Christ. » Cela peut nous suffire !

 

Notre Père

Pleins de confiance en Dieu notre Père qui sait ce dont nous avons besoin, nous nous tournons tous ensemble vers lui.

 

Oraison

Seigneur Jésus, nous t’en supplions, éclaire nos cœurs et nos intelligences pour que nous choisissions toujours la Vie, que nous préférions toujours ton amour, seul chemin qui peut nous combler.

Nous te le demandons avec confiance, toi qui vis et règnes avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.