jeudi 30 juin 2022

Liturgie de la Parole, 13e jeudi TO

 (Danièle)

Introduction

Dans la première lecture, Amos, le prophète n'a aucun orgueil, ancien bouvier, c'est le Seigneur qui l'a appelé. Il est invité à quitter Bethel parce qu'il prophétise en disant au roi Jéroboam la parole du Seigneur : ses fils et ses filles tomberont par l'épée et il mourra sur une terre impure tandis qu'Israël sera déporté loin de sa terre.

Dans l’Évangile de Mathieu, Jésus refait la traversée jusqu'à Capharnaüm dans sa ville. Et là, on découvre Jésus qui proclame le pardon des péchés et l'histoire de la guérison du paralytique mais aussi et surtout de la grande foi de ses amis qui ont amené ce paralysé à Jésus.

Nous avons aussi besoin des autres pour grandir. Ensemble, entrons dans cette célébration et louons le Seigneur en chantant les psaumes.

 Après l’Évangile

 « Jésus refit la traversée » et nous voilà de nouveau dans sa ville, son domaine, c'est là qu'il manifeste son autorité « « pour que vous sachiez que le fils de l'homme a le pouvoir de pardonner les péchés ».  « On » amène le paralysé à Jésus, on ne dit pas grand chose de ce « on », sans doute des hommes dont la foi n'est pas visible pour la foule mais seulement par Jésus.

Contrairement à Marc, on ne fait pas de trou dans le toit pour déposer le paralysé aux pieds de Jésus. Ici, l'homme est « présenté » à Jésus. La foule s'attend alors à ce que Jésus remette cet homme sur pieds, debout, mais au lieu de cela, il lui dit « confiance, tes péchés sont pardonnés » Très bien mais, la foule aurait pu penser , ça lui fait une belle jambe. Jésus s'attaque à la racine du mal avant de se tourner vers les symptômes.(1) Les péchés pardonnés, bien sûr que c'est important, l'homme n'est pas réduit à son handicap, aux yeux du Christ, il existe comme un simple homme mais, que ses péchés soient pardonnés, ça ne se voit pas et comme, seul Dieu peut remettre les péchés, ça donne l'occasion à certains scribes de crier au blasphème. Or, la parole de Jésus  fait retrouver au paralysé son identité invisible à cause de son handicap. Inutile de se demander quels péchés il a bien pu commettre, on sait qu'à l'époque, les gens pensaient que la maladie était une punition, donc, les péchés pardonnés, c'est déjà une guérison. Le pardon a restauré la personne humaine, dans son intégrité de créature et d'enfant de Dieu. Jésus rétablit publiquement l'homme dans une relation au Seigneur.(2)

Les scribes accusent Jésus de nier Dieu et la loi alors qu'il agit publiquement pour le bien. Jésus les place du côté du mauvais (mauvaises pensées), il met en évidence leur hypocrisie.

C'est facile de dire « tes péchés sont pardonnés » mais comment savoir si c'est Dieu qui pardonne ? C'est invisible. Tandis que la guérison physique « lève-toi, prends ta civière et rentre dans ta maison » confirme l'autorité de Jésus, face aux scribes. Dans la question de Jésus, « est-il plus facile de dire tes péchés sont pardonnés ou bien dire lève-toi et marche », il n'est plus question de paralysie ni de péché mais bien de pardon et de guérison.  Jésus n'a pas dit « je te pardonne », il s'associe à son Père, il ne prend pas sa place, il en est le porte-parole.

Grâce à sa guérison, avec le pardon, l'homme se relève, il va revivre. Et les foules ont cru. Elles ont vu qu'à travers les paroles de Jésus, c'est le Père qui se manifeste. « Les foules rendirent gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes »

La phrase qui me touche aujourd'hui dans ce texte c'est «confiance,  mon enfant, tes péchés sont pardonnés », Jésus ne dit pas seront pardonnés. C'est sans condition, maintenant.

 Invitation au Notre Père

Poussé(e)s par une même foi, nous pouvons dire ensemble la prière que Jésus nous a apprise.

 Prière finale

Seigneur, Tu nous appelles tes enfants, tu nous pardonnes sans condition, nous te rendons grâce.

Tu nous rejoins par delà les siècles pour nous guérir aujourd'hui. Tu es touché par la peine des gens qui souffrent, sois béni !

Aide-nous à être comme ces hommes qui t ont présenté le paralytique, que notre foi participe à la mission de guérison du Christ et du peuple chrétien. Nous te le demandons par Jésus Christ, ton fils notre Seigneur qui vit et règne avec toi et le saint Esprit pour les siècles des siècles.

  

(1)   blog des gitans en Église

(2) « Au large biblique »

lundi 27 juin 2022

Liturgie de la Parole, 13e lundi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 27 juin, nous célébrons la mémoire de St Cyrille d’Alexandrie, Docteur de l’Eglise au 5e siècle.

Quant aux lectures de ce lundi de la 13e semaine du TO, un fil rouge possible serait celui d’« une tranquillité illusoire ».

Ces lectures nous sont proposées pour nous questionner.

La première lecture est extraite du prophète Amos, issu du royaume de Juda, qui a exercé son ministère prophétique dans le royaume de Samarie sous le règne de Jéroboam II, dans la première moitié du 8e siècle.

Voici un extrait pour rendre compte de cette « tranquillité illusoire » : « Auprès des autels, ils se couchent sur les vêtements qu’ils ont pris en gage. Dans la maison de leur Dieu, ils boivent le vin de ceux qu’ils ont frappés d’amende »

En apparence, une situation prospère, mais le culte est réduit à une observance extérieure et la foi en YHWH est contredite par une vie d’injustice.

Dans l’évangile, une autre forme de « tranquillité illusoire » : Que signifie « suivre Jésus » ?

Une inadéquation entre l’idée du disciple et la réalité à laquelle on doit s’attendre.

Les réponses de Jésus à ses interlocuteurs sont percutantes !

Au premier, il déclare : « … le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ».

Au second : « Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts ».

Laissons-nous interpeller sur notre chemin et ne perdons pas confiance.

Par la bouche du psalmiste, le Seigneur nous assure de sa présence :

« Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire : sur le chemin qu’il aura pris, je lui ferai voir le salut de Dieu ».

 

Méditation

Vous aurez sans doute remarqué que l’évangile de ce jour est la version mathéenne de l’évangile de ce dimanche, qui était extraite de celui de Luc.

Du plus long évangile d’hier, la liturgie réduit l’évangile de ce jour à deux rencontres de disciples.

Elles nous questionnent et veulent nous mettre en chemin !

Si l’on compare les deux versions, on remarque que Luc élargissait la perspective.

Il ne s’agit pas d’un « scribe », mais de « quelqu’un ».

Chacun peut ainsi se sentir concerné…

Dans la seconde péricope, il ne s’agit pas « d’un autre de ses disciples », mais « d’un autre ».

Et puis, la différence la plus marquante est la finale tronquée, où le Jésus de Matthieu termine par cette déclaration péremptoire : « Laisse les morts enterrer leurs morts ».

Deux situations différentes : si le premier disciple propose de s’engager (« Maître, je te suivrai… ») ; le 2e est peut-être invité par Jésus, mais c’est sa résistance qui est mise en exergue (« Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père »).

Quoi qu’il en soit, il est significatif que ces deux rencontres « nous laissent dans l’ignorance de l’ultime décision (des éventuels disciples) »[1].

« Tranquillité illusoire », disais-je dans l’introduction.

Jésus nous questionne : où mettons-nous notre sécurité ?

Or, la première rencontre nous montre que le sort de Jésus est moins assuré que les animaux rusés comme le renard ou agiles comme l’oiseau.

Je cite un commentateur : « le Fils de l’homme n’est certes pas privé de sécurité, mais sa sécurité réside non dans une protection matérielle ou humaine, mais dans l’affection et l’autorité de Dieu »[2].

Concernant la seconde rencontre, je confirme l’insistance du P Bernard Peeters sur le « d’abord » : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père ».

Le Jésus Matthéen ne nous demande pas de négliger les liens familiaux, mais il nous invite à marcher résolument vers la Vie et à faire des choix en conséquence.

Ces trois textes que je rassemble sous l’appellation de « tranquillité illusoire » veulent nous interpeller…

Au-delà de toutes les sécurités humaines et par-delà toutes les épreuves, Jésus s’offre comme une sécurité ultime, un lien qui ne cédera jamais.

Puissions-nous répondre « oui » à son invitation !

 

Temps de silence

 

Notre Père

Portés par l’Esprit de Dieu, redisons la prière des enfants de Dieu…


Oraison

Seigneur, en ce nouveau jour, en cette mémoire de St Cyrille d’Alexandrie, tu nous questionnes… et nous invites. Face aux tranquillités illusoires de notre temps, tu nous poses la question de t’accompagner sur le chemin. Accorde-nous ton Esprit, afin que nous répondions favorablement à ton appel et te suivions sur le chemin, jour après jour. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant pour les siècles des siècles.


Bénédiction

Que le Seigneur qui nous invite à l’accompagner sur le chemin nous bénisse et nous garde…

 



[1] Fr. Bovon, L’évangile selon saint Luc. 9, 51 – 14, 35, Genève, Labor et Fides, 1996, p. 38.

[2] Fr. Bovon, 1996, p. 40.

vendredi 17 juin 2022

Célébration de la Parole 11ème vendredi TO

(sœur Marie-Christine)

Introduction

Bonjour et bienvenue à cette célébration qui nous rassemble en Église à l’écoute de la Parole. Dans le livre des Rois, nous verrons deux femmes agir, l’une pour faire œuvre de mort, l’autre pour faire œuvre de vie.

Dans l’évangile Jésus nous invitera à nous tourner vers l’essentiel, à choisir où nous mettons notre trésor et donc notre cœur.

Puisons tout d’abord au trésor de la prière des croyants, ceux qui nous ont précédés et ceux d’aujourd’hui. Chantons les psaumes

 Méditation

Deux femmes agissent au début de la première lecture : une grand-mère qui fait tuer tous ses petits-fils pour prendre le pouvoir et s’assurer le trône du Royaume de Juda.

Une tante qui sauve son neveu de un an et le cache dans le Temple du Seigneur. Sœur d’Ocozias, est-elle aussi fille d’Athalie ? Pas sûr ! En tous cas elle est moralement très différente. Par son action elle permet à la lignée de David de perdurer. N’empêche, se cacher avec un enfant de un an et sa nourrice dans le Temple durant 6 ans sans que rien de filtre, ce ne devait pas être facile ! Mais le futur roi a été élevé dans le Temple et donc nourri spirituellement à la source de la foi de ses pères. Il a puisé au trésor de la foi de son peuple et y a persévéré tant qu’a vécu le prêtre Joab qui l’avait accueilli. Il prit soin du Temple et le fit réparer.[1]

Le roi a un rôle religieux important : c’est à lui qu’est remise la charte de l’Alliance et il permet l’actualisation, le renouvellement de l’Alliance avec le peuple de son époque :

« Joad conclut une alliance entre le Seigneur, le roi et le peuple, pour que le peuple soit le peuple du Seigneur »

Joas a aidé son peuple à faire de l’Alliance son trésor et la lampe de sa route.

 Le trésor, ce mot revient 9 fois en st Matthieu, la phrase la plus connue et au centre de notre passage d’évangile :

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »

 Où est le trésor de ma vie ? Qu’est-ce qui est prioritaire pour moi ? Quel est le but de ma vie, l’essentiel ?

Est-ce que je mets cet essentiel dans le ciel, c’est-à-dire dans la relation avec Dieu, sans oublier mes frères et sœurs ?

Ou bien est-ce que je m’attache et mets ma confiance dans ce qui peut disparaître brusquement et me laisser désemparée ?

Avec quelle huile est-ce que j’entretiens et nourris chaque jour la lampe de mon cœur ?

Que le Seigneur me préserve et me guérisse : que la lumière qui est en moi ne soit pas ténèbres. Qu’il purifie mon cœur de tout ce qui l’obscurcit. Qu’il soit et demeure la lumière et le trésor de ma vie.

 Introduction au Notre Père

« Si ton œil est limpide, ton corps tout entier sera dans la lumière »

Par Jésus, en Lui et avec Lui, prions le Père de purifier le regard de notre cœur et nous nous faire grandit dans la vie filiale et fraternelle.

 Prière d’envoi

Seigneur Dieu d’amour et de lumière, sois le trésor de notre cœur et la lumière de notre route.

Tourne notre cœur vers le ciel, là où jaillit ton amour et nous amasserons les seuls trésors qui demeurent, des trésors de charité envers nos frères et sœurs et envers toi qui nous combles de ta vie.

Nous te le demandons par Jésus, ton Fils bien-aimé qui vit avec toi et l’Esprit Saint, Dieu, pour les siècles des siècles.



[1] 2 Rois 12,3 et 5à 13

jeudi 16 juin 2022

Liturgie de la Parole, 11e jeudi TO

 (Rosy)

 Ouverture,

La première lecture qui nous est donnée aujourd’hui est extraite du Livre de Ben Sirac et est toute à la gloire d’Elie. Nous avons lu des passages des Livres des Rois durant une dizaine de jours, et voilà un beau résumé de sa vie, plus qu’élogieux.

L’évangile est un des passages les plus connus puisque nous le récitons plusieurs fois par jour. Le “Notre Père” ! Mais peut-être est-ce en fait un des plus difficiles, surtout si on l’entend comme venant de la bouche même de Jésus nous laissant le plus intime de sa relation au Père. Qu’est-ce que le “Notre Père” pour nous ? Nous essayerons de nous mettre à son écoute après le chant des psaumes.

 Commentaire

Tous les évangiles nous rapportent les enseignements de Jésus sur la prière. Hier encore, nous lisions en Mt : “ Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte,
et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra
” Voilà qui nous en avait déjà dit beaucoup sur la prière… et sur le Père !

Le Père est l’unique interlocuteur de Jésus dans sa prière, c’est donc à lui qu’il adresse la prière qu’il confie à ses apôtres. Après la Résurrection et la Pentecôte les chrétiens prieront aussi le Fils et l’Esprit.

On voit souvent Jésus en prière dans les évangiles, et surtout, comme chez Luc, avant chaque moment important. Chez cet évangéliste, c’est d’ailleurs le fait de voir Jésus priant qui a suscité la demande d’un apôtre : “Apprends-nous à prier”, ceci après avoir patiemment attendu que Jésus aie terminé sa prière ! C’est tout dire sur l’impression que donnait Jésus priant.

Pourtant, seuls deux évangélistes reprennent la prière du Notre Père, ce qui peut nous surprendre. En plus, les deux versions, de Mt et de Lc présentent plusieurs différences.

Ce qui nous montre que le “Notre Père” n’est pas d’abord une formule de prière, un texte à réciter. Les premiers chrétiens tenaient plus à être fidèles à la pensée de Jésus qu’à la reproduction matérielle de ses mots. Comme on le voit aussi dans les formules de l’Eucharistie.

Le NP est un texte fondamental mais difficile dans sa formulation : les formules sont brèves, chargées de sens symbolique et d’expressions bibliques. La dernière adaptation liturgique prouve bien que le travail n’est pas encore achevé.

De ces formules qui paraissent si nouvelles, aucune n’est originale, même si on a l’impression que Jésus les a composées à l’intention de ses disciples ; elles existent toutes dans le premier Testament. Mais elles sont agencées d’une manière nouvelle, avec un ordre nouveau, une hiérarchie nouvelle.

Plus qu’une suite de formules, le NP est un modèle, le type de toute prière. Il nous permet de situer les unes par rapports aux autres les différentes orientations de la prière.

Dès la première ligne on est pris dans le mystère par cette antithèse entre le mot “Père” qui évoque la confiance, la tendresse, la proximité, et les “cieux” qui exprime la transcendence, l’inaccsessible. Ne nous habituons pas à de tels mots !

Si les trois premières demandes sont tournées vers Dieu, ells évoquent en même temps la gloire de Dieu et le salut de l’humanité : le Règne de Dieu inclut notre salut et sa gloire est de nous sauver ! Dès la première invocation, Dieu et l’homme sont concernés.

Dans les trois autres demandes, s’exprime l’expérience humaine. Après les intentions fondamentales de la prière chrétienne, Jésus invite à présenter les soucis, détresses, espoirs aussi, ces requêtes humbles et concrètes de notre quotidien.

Pour terminer, je voudrais vous lire le texte de la TOB que j’aime beaucoup car, en français, il exprime mieux que c’est Dieu qui agit. Les impératifs soulignent qu’il n’y a que Dieu qui peut accomplir ce qu’on lui demande.

« Vous donc, priez ainsi : 

Notre Père qui es aux cieux,
fais connaître à tous qui tu es,
fais venir ton Règne,
fais se réaliser ta volonté sur la terre à l’image du ciel.
Donne-nous aujourd’hui le pain dont nous avons besoin,
pardonne-nous nos torts envers toi,
comme nous-mêmes nous avons pardonné 
à ceux qui avaient des torts envers nous et ne nous conduis pas dans la tentation, mais délivre-nous du Tentateur.

Que ce don de Jésus qu’est cette prière que nous disons ensemble, et si souvent, nous fasse peu à peu entrer au Coeur du grand mystère de la Trinité où nous avons notre place.

Introduction au NP

Jésus nous a donné le NP comme démarche liturgique, pour que nous puissions nous tourner ensemble vers notre Dieu,  Prions-le donc.

Oraison

Dieu notre Père, nous te reconnaissons comme le tout proche et le tout autre, toi qui connais tout ce dont nous avons besoin. Donne-nous de veiller et de prier dans l’attente active de ton Règne.

Nous te le demandons, dans la communion avec le Fils et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.

mardi 14 juin 2022

Liturgie de la Parole, 11e mardi TO

 (Isabelle)

 Introduction

 Nous écouterons aujourd’hui un extrait du premier livre des Rois (1 R 21, 17-29). Dieu est patient avec Achab ! Il faudra plus d’un prophète pour lui faire entendre « raison » ; même Elie n’y parvient pas !

 Nous entendrons aussi un extrait du discours sur la montagne, de l’évangile selon St Matthieu qui nous en apprend sur le ministère du Christ. Ce discours nous appelle à vivre en véritables disciples de Jésus, en œuvrant à la création du Royaume fait de bonté et d’amour, en devenant parfaits comme son Père est parfait. Aujourd’hui, en particulier, Jésus nous appelle à aimer nos ennemis. Dieu ne fait-il pas « lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes »? Ne nous inonde-t-il pas tous de son amour ?

 Méditation (Mt 5, 43-48)

 De quoi parles-tu Jésus, là-haut, sur ta montagne ? Dans ton discours que nous entendons depuis une semaine (Mt 5, 17-48), tu nous chantes comme un refrain : « Vous avez appris qu’il a été dit… Eh bien, moi, je vous dis… ». Tu ne lis visiblement pas la Loi de Moïse avec la rigidité stricte des pharisiens. On peut dire que tu ne nous en donnes pas non plus une réinterprétation dulcifiée ! Tu nous demandes de refuser la colère, de nous réconcilier, de ne pas entrer dans la spirale de la violence. OK ! Mais tu passes allègrement de « Tu ne tueras pas » à « Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous font du mal, aimez ceux qui ne vous aiment pas ou plus, saluez ceux qui font semblant de ne pas vous voir » ! Là où la relation entre nous est rompue, où les tentatives répétées pour établir un dialogue sont vaines, quand tu sais très bien que cela ne s’arrangera pas ou que cela dégénère, tu exiges Amour, Prière et Perfection ?! Serait-ce ça, « le lien le plus parfait » à Dieu dont parle Saint Paul aux Colossiens (Col 3, 13-15) ?

 Comme d’habitude, tu en demandes beaucoup ! Même si nous savons que tu délivres une parole d’Alliance en vue du bien de tous selon la volonté du Père, et que c’est là la logique du Royaume, c’est quand même un fameux défi : être parfait comme ton Père est parfait ! Tu nous invites au décentrement, au renoncement, au discernement, pour vivre dans « la Justice de Dieu ». Cela signifie quitter nos considérations d’ « hommerie » pour entrer dans les tiennes, dans cette autre dimension : celle des hommes christianisés, celle du Royaume, celle de Dieu. C’est vrai qu’on risque de gagner en paix, en sérénité… voire en perfection. Tu dis qu’on serait alors « Fils de Dieu » Si et seulement si, dirait les matheux ?!

 Cela me rappelle le Bienheureux Frère Luc de Tibhirine, martyr de notre temps, qui disait, deux jours avant son enlèvement[1] : « Je ne pense pas que la violence puisse extirper la violence. Nous ne pouvons exister comme homme qu’en acceptant de nous faire image de l’Amour, tel qu’il s’est manifesté dans le Christ qui, juste, a voulu subir le sort de l’injuste[2] ». Toi, Jésus, tu nous en as montré le chemin, en aimant, en pardonnant, en priant sur la croix pour ceux-là mêmes qui t’ont mis à mort[3]. Tu leur as donné – tu nous donnes - cet amour infini de Dieu ! Tu es chemin, Vérité, Vie. Et tu nous invites à devenir comme toi : donneurs (et receveurs) inconditionnels d’Amour et de la joie qu’il procure.

Franchement, Jésus, toi, là-haut dans ton ciel, crois-tu que j’y arriverai un jour à cette perfection d’Amour ?  J’ai bien besoin de toi et de ton Esprit, tu sais !! Au moins pour essayer !

 Notre Père

En disciples du Christ, nous chantons la prière qu’il nous a apprise à son Père.

Prière finale

Avec une grande clairvoyance, Saint Silouane du Mont Athos, répétait que celui qui n’aime pas ses ennemis ne peut connaître ni le Seigneur ni la douceur de l’Esprit Saint. Avec lui[4], nous prions :

Seigneur, tu as donné le commandement d’aimer ses ennemis, mais cela nous est difficile, à nous autres pécheurs, si ta grâce n’est pas avec nous. Répands ton Esprit sur la terre afin que tous te connaissent et apprennent ton amour. Détourne-nous de la spirale de la violence. Aide-nous à tisser les liens qui conduisent à ta perfection, qui font de nous tes Fils.  Nous te le demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, en unité avec toi et l’Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.


[1] Les sept moines de Tibhirine sont enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Un communiqué, attribué au Groupe islamique armé (GIA), annonce leur assassinat le 21 mai 1996.

[2] Sept vies pour Dieu et l'Algérie", Bruno Chenu, Bayard, Editions, 1996, p. 209

[3] « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 34).

[4] Adaptation des de la prière de « Starets Silouane : Moine du Mont Athos. Vie - Doctrine - Écrits. » Éditions Présence, Sisteron, 1995, p. 259.

samedi 11 juin 2022

Liturgie de la Parole, Saint Barnabé

 (sœur Marie-Christine)

 

Introduction 

Bonjour et bienvenue à cette célébration de la Parole qui nous rassemble au Nom du Seigneur.

En ce jour l’Église fête saint Barnabé. Il apparaît dès le début des Actes des Apôtres dans la description de la Communauté de Jérusalem du chapitre 4 : il est l’un de ces propriétaires qui vendent une partie de leurs biens et en déposent le prix aux pieds des Apôtres. Son nom est Joseph ; Barnabé est son surnom qui signifie « homme du réconfort ». Quel beau surnom ![1]

Homme du réconfort, il dépose son bien, et d’une certaine manière sa vie, aux pieds des Apôtres.

En cette veille de la fête de la sainte Trinité qu’il nous accompagne dans notre chemin, notre prière. Qu’il nous aide à devenir nous aussi des hommes et des femmes de réconfort, et à déposer notre vie aux pieds de nos sœurs et frères, aux pieds du Seigneur. Que tout notre être chante un chant nouveau au Seigneur car il a fait des merveilles[2]

 

Méditation 

« Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement », cette phrase de l’évangile s’applique particulièrement à saint Barnabé. Parce que des frères anonymes s’adressent non seulement aux juifs de la diaspora, mais « aussi aux gens de langue grecque pour leur annoncer la Bonne Nouvelle : Jésus est le Seigneur »[3] à Jérusalem on s’inquiète et on envoie Barnabé.

C’est dire qu’il est estimé de ses frères !

Dès qu’il arrive que voit-il ? « La grâce de Dieu à l’œuvre » ! Qu’il nous aide à ouvrir les yeux du cœur pour voir cette grâce à l’œuvre aujourd’hui dans nos vies, nos communautés, nos familles l’Église et le monde.

Sa première réaction est la joie ainsi que l’encouragement aux disciples : il porte bien son surnom d’homme du réconfort.

Luc le qualifie d’une expression unique en son œuvre : « homme de bien » ! La seule formule toute proche concerne Jésus dont Pierre dit, chez Corneille le centurion, que « Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. »[4] Barnabé est disciple authentique de Jésus :

Qu’il nous aide à faire le bien en tout !

Il est aussi « rempli de foi et d’Esprit Saint » tout comme Etienne[5]. Il agit et parle de telle sorte qu’il oriente vers le Seigneur : « une foule considérable s’attacha au Seigneur ».

Qu’il nous aide à nous laisser envahir par l’Esprit, à nous attacher toujours plus au Seigneur et à orienter ceux qui nous rencontrent vers le Seigneur.

Parce qu’il voit « la grâce de Dieu à l‘œuvre » il ne veut pas poursuivre seul son œuvre d’évangélisation et il va chercher Saul à Tarse…qui se trouve à environ 350-400 km d’Antioche. Les voyages se font à pied. Il n’y a pas de téléphone, il n’est pas sûr que Saul y soit bien encore ! Imaginez ! Quel zèle !

Qu’il nous aide à avoir au cœur ce zèle pour le Christ et cette attention aux personnes.

Avec Paul « Pendant toute une année, ils participèrent aux assemblées de l’Église, ils instruisirent une foule considérable. » Ils participent aux assemblées de l’Église. Ils en sont les membres au milieu des autres membres, même s’ils instruisent une foule considérable. Bien qu’il ne soit pas dit que Barnabé et Saul soient les responsables de la communauté, cela me fait penser à la phrase de saint Augustin : « pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien » ! [6]

Que saint Barnabé nous aide à vivre vraiment la fraternité chrétienne, à devenir de jour en jour des disciples, des chrétiens, des chrétiennes à la suite du Christ. À donner gratuitement le trésor l’Évangile que nous avons reçu gratuitement.

 

Invitation au Notre Père 

« Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement ». Chantons le Père qui nous a donné gratuitement la vie filiale et nous invite à la vie fraternelle par Jésus, en Lui et avec Lui.

 

Prière d’envoi 

Seigneur ouvre les yeux des croyants pour qu’ils voient ta grâce à l’œuvre aujourd’hui. Qu’ils soient des hommes et des femmes de bien. Qu’ils aident ceux qu’ils rencontrent à s’attacher à toi et à se nourrir de ta Parole.

Nous te le demandons par Jésus ton Fils bien-aimé qui nous conduit à la vie avec Toi dans l’Esprit dès maintenant et pour toujours.



[1]  Cf. Actes ,32-37 surtout 36-37

[2] Cf. Psaume 97, 1

[3]  Actes 11, 20

[4] Actes 10,38

[5]  Actes 6,5

[6] De l’homélie de saint Augustin pour l’anniversaire de son ordination épiscopale (Sermon 340, 1 : PL 38, 1483-1484) cité par LIVRE DES JOURS p 1051 pour le 19 septembre saint Janvier : « Ce que je suis pour vous me terrifie, mais ce que je suis avec vous me console : car pour vous je suis évêque, avec vous je suis chrétien. Le premier titre est celui d’une charge, le second, d’une grâce. Celui-là désigne le péril, celui-ci, le salut. »

vendredi 10 juin 2022

Liturgie de la Parole, 10e vendredi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Nous poursuivons la lecture des deux livres ouverts en ce Temps ordinaire.

Dans le premier livre des Rois, nous écouterons le beau récit du prophète Elie parvenu au Mont Horeb, qui reçoit la visite de Dieu.

Dans l’évangile de Matthieu, nous accueillerons la suite du Sermon sur la montagne.

Un fil rouge unit ces deux textes : celui de l’adultère.

En effet, Elie oppose son attitude à celle de son peuple : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ».

L’Alliance, c’est une relation d’amour ; son abandon peut être assimilé à une idolâtrie, un adultère.

C’est bien ce dont Jésus veut nous prémunir dans le Sermon sur la montagne :

« Tu ne commettras pas d’adultère ».

Avec le psalmiste, entendons le désir du Seigneur sur nos vies : « Cherchez ma face ».

Par la prière des psaumes, faisons nôtres les intentions des hommes et femmes de notre temps.

Méditation

Le bel extrait du premier Livre des Rois appellerait de longs commentaires.

Je voudrais pointer deux éléments pour nourrir notre prière et guider notre chemin de foi.

Le contexte du récit peut rejoindre nos vies et celle de nos contemporains : Elie est poursuivi et se sent découragé « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères ».

Que fait Elie ?

Il se met en route vers l’Horeb, une caverne bien connue de la tradition.

Il s’agit précisément de la « fente du rocher » où YHWH a couvert Moïse de sa main pour qu’il voie le visage de Dieu, non de face, mais de dos (Ex 33, 22).

Elie se réfugie dans un lieu d’accueil du découragement, puisque Moïse était lui aussi écrasé par la tâche (Ex 33, 13).

Moïse y exprimait sa demande : « Je t’en prie, laisse-moi contempler ta gloire » (Ex 33, 18).

De la même manière, osons dire au Seigneur le poids de ce que nous portons ou vivons, déposons auprès de notre Dieu le fardeau de nos contemporains.

Le Seigneur pourra se faire proche… Mais pas n’importe comment.

« Que fais-tu là, Élie ? », lui demande le Seigneur.

Une longue réponse du prophète, pas tout à fait conforme à la réalité d’ailleurs, lui sert de justification. Une réponse très centrée sur lui-même, où Elie rejoint le désir de Dieu d’être seul Dieu en Israël.

Là où Dieu disait : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux… » (Ex 20, 5)

Elie exprime ce même désir que le Seigneur seul soit servi en Israël : « Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance… et tué tes prophètes par l’épée ».

Pas tout à fait vrai, puisque les prophètes ont été tués par Jézabel et non par les fils d’Israël et que ces derniers ont opté pour le Seigneur (1 R 18, 39).

Dès lors, sa déclaration « moi, je suis le seul à être resté » n’est pas tout à fait juste.

Face à nos contradictions, nos tentatives pour nous esquiver, car tel est bien le désir d’Elie d’être libéré de sa mission de prophète, Dieu ne se laisse certes pas apitoyer, mais il se manifeste :

Pas comme lors des théophanies ‘classiques’ (« … un ouragan fort et violent… un tremblement de terre… un feu »), qui sont ici des signes avant-coureurs de la manifestation de Dieu, mais dans « la voix d’un silence ténu ».

Dieu surprend Elie par cette manifestation inhabituelle… Et Il le conduit plus avant.

Je vous cite un commentaire : « Dans la tradition biblique, le découragement d’un prophète n’impressionne jamais Dieu, au contraire, il invite toujours le prophète à reprendre sa mission : il l’a fait avec Elie, déçu par son échec, avec Moïse, ployant sous les critiques, et avec Jérémie, accablé par les frustrations de la vie »[1].

Dieu le fait avec nous…

Il nous reconduit dans notre mission et notre vocation, soutenu(e)s par Lui.

Nous avons célébré la Venue de l’Esprit à la Pentecôte.

L’Esprit-Saint habite nos cœurs : laissons-Le résolument nous inspirer…

Temps de silence

Notre Père

Portés par l’Esprit de Dieu, redisons la prière des enfants de Dieu…

Oraison

Seigneur, ton prophète a connu le découragement. Il s’est mis à ta rencontre et tu es venu le rejoindre, dans la discrétion et le silence. Accorde-nous l’attention du cœur pour nous tenir attentifs à tes manifestations dans nos vies, qu’elles soient fracassantes ou ténues. Que la prière du psalmiste soit nôtre, jour après jour : « Tu restes mon secours ». Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant pour les siècles des siècles.

Bénédiction

Que le Seigneur qui nous accompagne sur le chemin nous bénisse et nous garde…



[1] W. Vogels, Elie et ses fioretti, Paris, Cerf, 2013, p. 131.