lundi 30 novembre 2020

Célébration de la fête de St André

 (Rosy)

Introduction

Nous avons fait quelques pas sur le chemin de l’Avent, et voici que nous croisons un premier témoin, d’ailleurs bien sympathique. André n’est pas le plus connu des apôtres, pourtant il apparaît une petite dizaine de fois dans les évangiles et les Actes. Nous ferons d’ailleurs un petit tour d’horizon, au-delà de l’évangile de ce jour.

André est discret : il  ne fait guère de bêtises comme certains de ses collègues, il ne pose pas de questions décalées… Il est discret, mais combien efficace : c’est l’homme des liens, des rencontres : c’est un beau témoin ! Nous pouvons aujourd’hui nous mettre à son école.

Commentaire

La devise d’André, c’est « Qui cherche trouve »… enfin, c’est ce que je lui attribuerais bien.

Car, que faisait-il, là, au bord du Jourdain, auprès du Baptiste, si ce n’est chercher à être éclairé,  à donner un sens à sa vie, dirions-nous aujourd’hui. Et voilà que Jean désigne Jésus, le Dieu passant. Cela suffit à André pour se mettre en route avec son ami.

En fait, le premier qui s’approche, le premier qui cherche, c’est Jésus. Il revient sur le lieu où il fut baptisé la veille et il cherche, « il cherche son ouvrier dans la foule ». Mais il ne dit rien, il ne fait rien, il passe. Il laisse à Jean – le baptiste – la tâche de faire les liens, le soin de le désigner à André et à son compagnon.

Ainsi, en cet Avent que nous entamons, Dieu vient à notre rencontre pendant que nous marchons vers la crèche : il fait la moitié du chemin et nous laisse faire le reste.

Voilà donc André qui court derrière Jésus… Celui-ci, attentif, s’arrête. Première étape. Il s’arrête pour permettre aux autres de le rattraper. Puis la question, et pas n’importe laquelle « Que cherchez-vous ? ». Leur réponse/question est belle : « Où demeures-tu ? » Comme s’ils avaient déjà tout compris, comme s’ils en étaient déjà au 15e chapitre de Jean… Puis l’invitation de Jésus « Venez et voyez ».

C’est ce « Viens » de Jésus qui fait d’André le premier appelé, ainsi qu’on le désignera dans l’église d’Orient. Il a donc pour mission de multiplier cet appel. Demeurant ce jour-là auprès de Jésus, André découvre sa vocation de témoin. Car l’histoire continue : André « trouve » son frère Simon, et que lui dit-il ? « Nous avons trouvé le Messie » (comme dira Philippe à Nathanaël). Comme son maître Jean-Baptiste, André désigne Jésus à Simon. Puis, il y a eu tous les autres : vous ne voyez pas qui ? Mais lisons bien : « il trouve d’abord Simon »… c’est donc qu’il y en a eu quantité d’autres…

Matthieu – c’est l’évangile de ce jour -  raconte que, plus tard, Simon et André étaient en train de pêcher dans la mer de Galilée lorsque Jésus est passé au bord de l’eau et leur a dit : Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d'hommes. Autre étape, celle du dépouillement, celle où ils laissèrent  tout pour le suivre.

Si Pierre est souvent cité dans l’Evangile, André est plus discret, mais pas invisible. Son caractère plus posé contraste avec celui de son frère. Les évangélistes aiment - déjà - les hiérarchies et mettent consciencieusement André en 2e place, juste après son frère, ou en 4e place, laissant les fils du tonnerre le dépasser… Cela fait un peu sourire. Pourtant, en lien avec cela, nous voyons combien André est dans l’ordinaire des choses, presque dans l’organisationnel quand il amène le gamin avec ses miches et ses petits poissons.

Ce qui est intéressant, c’est de se demander où, quand André est absent : cela arrive deux fois dans l’évangile, en deux circonstances particulièrement extraordinaires : à Gethsémani et à la transfiguration où chaque fois ils sont 3, sans André.

Oui, ce qui rend André sympathique, c’est que, lui, est dans l’ordinaire, qu’il nous est proche : inséré familialement (nous connaissons son frère et d’autres habitants de leur maison à Capharnaüm). Inséré socialement (il a des amis, sans doute Jean ici, mais aussi Philippe, un ami d’enfance, né comme lui à Betsaïde ;  inséré culturellement dans la tradition grecque comme on le voit plus loin… André et Philippe ont d’ailleurs tous deux des noms grecs.

Ainsi, bien ancré lui-même, André peut aller au-devant des autres, faire des liens, établir des relations.

Jean nous rapporte un dernier fait en ce sens dans son évangile : nous sommes déjà à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et il y a de nouveau une grande foule. Et voilà que des croyants (ils viennent pour adorer) mais de culture grecque, cherchent eux aussi Jésus ; ils souhaitent le voir et expriment ce désir à Philippe. Celui-ci, un peu moins déluré qu’André, va d’abord chercher son ami et c’est à deux qu’ils abordent Jésus à propos des Grecs. Encore un lien établi grâce à André.

Ainsi, André ne ménage pas sa peine, il va de l’un à l’autre, il est vraiment faiseur de rencontres. Mais il n’a pas oublié le « demeurer » et un épisode nous le montre attentif aux confidences et mises en garde de Jésus, quand ils sont assis tous les quatre, avec Jésus, au mont des Oliviers, en face du Temple…

Nous retrouverons André après l’Ascension, de retour à Jérusalem avec tous les apôtres.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car la Tradition nous rapporte qu’après la Pentecôte, André est parti évangéliser plus loin en Orient. Ainsi, chacun des deux frères est considéré comme fondateur d’une Église : l’Église de Rome (occidentale) pour Simon-Pierre (« Premier » des apôtres), l’Église de Byzance  (orientale) pour André (« Premier » appelé).

Ne trouvez-vous pas qu’André aurait fait un bon bénédictin ? Lui qui cherche Dieu, qui écoute sa Parole, qui laisse tout là, ne préférant rien à son Dieu, et qui prend humblement la 4e place, ou celle qu’on lui donne…

Oui, l’apôtre André nous enseigne à suivre Jésus avec promptitude, en laissant tout, et à cultiver avec lui une amitié profonde. Il nous invite à aimer toujours davantage l’appel de Jésus que nous avons entendu, et aussi à parler de lui avec enthousiasme à ceux que nous rencontrons. C’est alors que nous serons de vrais témoins.

Sur toute la terre se répand leur message
et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde.

 

N-P Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite… Redisons la prière de Jésus en pensant à André et à tous ces témoins qui ont donné leur vie pour que vienne le Royaume.

 

Oraison

Nous te rendons grâce, Père, parce que tu ne cesses d’appeler des hommes et des femmes à prendre part à ton œuvre. Tu as voulu avoir besoin de chacun : sois auprès de nous pour que nous vivions notre mission dans la joie et la confiance.

Nous te le demandons par Jésus, ton fils et notre frère, le Vivant aujourd’hui et pour toujours.

samedi 28 novembre 2020

Célébration du 34e samedi du TO

 (soeur Myrèse)

Introduction : Nous voici au terme de l’année liturgique ! et on a l’impression que la liturgie est pressée d’entrer en Avent : l’Evangile nous exhorte à la vigilance et à la prière qui sont bien les deux grands appels de l’Avent ! Et en même temps la liturgie veut nous montrer notre avenir en nous présentant dans la dernière page de l’Apocalypse la réussite du projet de la Genèse : le jardin nouveau, la vie nouvelle.

La vie liturgique n’est pas une sortie du temps, ni un cycle qui sans cesse tourne, tourne et tourne encore. La liturgie nous invite à regarder le temps, non comme un éternel recommencement, pas plus comme une ligne droite horizontale, comme une route où file une voiture, ou un vélo ! la liturgie nous invite à le voir comme une verticale, si je peux dire. Souvent nous voyons le temps à l’horizontale, derrière nous un passé qui ne reviendra plus, devant nous un avenir qui nous attend. Mais dans le concret, nous voyons bien que nous emportons le passé avec nous dans notre course, il n’est pas définitivement passé, il joue sur notre présent. Il nous faut sans doute apprendre à l’école de l’arbre de vie. Le passé tel qu’il a été n’est pas effacé. Ce qui nous a nourri reste en terreau, ce qui nous a blessé, ce que nous regrettons, reste là, et nous pouvons le percevoir comme un compost. Oui, il faut parfois que les choses passent par la pourriture, pour devenir superbe compost, qui va nourrir notre vie. Ainsi notre passé, dans ce temps vertical, peut alimenter, nourrir l’arbre de notre vie. La liturgie nous y aide. Elle ne va pas nous faire remonter le temps pour recommencer l’année liturgique. Elle ne va pas rebobiner le temps pour nous faire revivre à nouveau une année liturgique. Elle nous propose un enracinement d’année en année en la terre nouvelle, en nous emmenant tels que le passé nous a façonnés.  Alors entrons en cette célébration dans la reconnaissance pour cette année écoulée, et dans la disponibilité à celle qui va nous être donnée.

Après l’Evangile : 

vous avez entendu l’Apocalypse, ce livre d’espérance adressé aux chrétiens persécutés. Cette page qui est quasi la dernière de la Bible nous présente la nouvelle Genèse. Un fleuve de vie jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau. Dieu : le Père ; l’Agneau : le Fils ; le fleuve de vie : l’Esprit. Autrement dit : la Trinité se diffuse, plutôt que de rester confinée en elle-même. L’Esprit qui est l’amour du Père et du Fils, déborde largement au-delà du cœur de Dieu, pour irriguer notre terre. Et près du fleuve, pousse l’arbre de vie ! et cette fois, l’accès à l’arbre n’est plus gardé par deux chérubins.  L’arbre porte fruit douze fois par an, comprenez constamment, et son fruit est d’accès libre. En ses feuilles la guérison pour les nations. Le salut est largement offert, répandu sur notre terre, offert à tous et toutes, il n’est pas réservé à un peuple d’élus. Ajoutez à cela la lumière, qui n’a plus à lutter contre les ténèbres : il n’y a plus de ténèbres. La promesse de la terre est enfin accomplie ! et nous y rencontrerons Dieu face à face ! sans mourir !  C’est bien la restauration du paradis perdu qui est offerte ! quoi demander de plus ? Cette promesse est ouverte : à nous d’y répondre par la foi !

Voilà ce qui nous est offert à contempler aujourd’hui. Le futur qui nous attend. Alors tandis que l’évangile nous exhorte à la vigilance et à la prière pour accueillir Celui qui vient, nous pouvons nous souvenir non point tant du passé que du futur, nous en recevrons l’élan, l’énergie pour courir sur le chemin qui nous est proposé. Pour répondre à l’exigence du royaume !

Prenons un temps de silence pour rendre grâce pour l’année qui vient de s’écouler, pour la bonté dont Dieu nous a entourés au long des jours. Pour les appels qu’il n’a cessé de nous adresser. Et pour confier au compost ce que nous regrettons. Et puis prenons un temps pour nous disposer à accueillir cette nouvelle année qui va s’ouvrir. Faisons du temps passé un terreau où plonger les racines de notre présent, alors nous pourrons nous tourner vers cet avenir, le cœur confiant en la promesse divine.

Invitation au Notre Père : Jésus, tandis que nous nous tournons vers le Père, tu nous exhortes à la vigilance et à la prière, que ton Esprit soit en nous le veilleur, le priant. Qu’il vienne redire en nous ces mots que tu nous as donnés

Prière conclusion : Père tu nous invites en ta terre nouvelle, où tu es vie, guérison et lumière. Nous te bénissons. Nous t’en prions, disposes nos cœurs, par la prière et la vigilance, que nous marchions à la rencontre de Jésus notre A-venir ! dans la confiance, la paix, la joie. Nous te le demandons par Jésus le Christ…

Bénédiction : que le Dieu de liberté nous bénisse…


mercredi 25 novembre 2020

Célébration du 34e mercredi du TO

 (sœur Jean-Baptiste)

Introduction : Nous poursuivons la lecture de l'Apocalypse et aujourd'hui nous avons entendu que le temps des fléaux sur la terre est terminé. Dans une nouvelle vision Jean aperçoit ceux qui ont vaincu la Bête et son Image et ils chantent au Dieu souverain et maître de l'univers le Cantique de Moïse et le Cantique de l'Agneau. Qui sont ceux-ci qui chantent ? Ce sont ceux qui ont persévéré dans la foi et qui ont rendu témoignage à l'Agneau parfois jusqu'au prix de leur sang. N'est-ce pas à cela que l'évangile nous appelle aujourd'hui ?

Méditation : Hier, Jésus annonçait la destruction du Temple ainsi que les catastrophes qui allaient s'abattre sur la terre avant son retour. Aujourd'hui, Jésus avertit ses disciples qu'eux aussi auront à subir la persécution, qu'ils seront rejetés à cause de son nom, simplement parce qu'ils ont choisi d'être ses disciples. Une chose est sûre,  les disciples de Jésus ne seront jamais seuls, Jésus est présent à leurs côtés, ils peuvent s’appuyer sur sa Parole et avoir une totale confiance en Lui : « Mettez-vous dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.    C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. » Cette assurance de la présence de Jésus ne décharge pas le disciple de faire ce qu'il doit faire : persévérer dans le témoignage malgré les contradictions afin d'obtenir la vie. Mais quelque soit la dureté de l'opposition ou de l'injustice rencontrées Jésus manifeste sa fidélité à ses témoins dans les moindres détails puisque qu' « aucun de nos cheveux ne sera perdu. »

Qu'est-ce que persévérer ? C'est tenir bon, dans l'épreuve, avec patience. C'est le courage, la constance, l'endurance dans la durée.  Qu'est ce qui va nous motiver : la foi.  Car c'est à cause de Jésus, à cause de son nom que nous rencontrerons la contradiction.

Nous ne sommes pas affrontés directement à la persécution mais des contradictions et des injustices  nous pouvons en rencontrer en tant que disciple de Jésus, en tant que chrétien. Nous avons aussi à persévérer dans le témoignage.

Il est intéressant de voir que St Benoît dans sa Règle nous parle aussi de persévérance dans plusieurs chapitres. Au chapitre 58 « De la manière de recevoir les frères » , les sœurs. St Benoît nous dit : « Que si le postulant persévère à frapper, s'il souffre patiemment les injures à lui faites, s'il persiste  dans sa demande… il obtiendra. » Remarquons les verbes : persévérer, souffrir patiemment, persister et obtenir. Nous retrouvons bien là l'évangile.  Un peu plus loin dans ce même chapitre il nous est dit : « Au bout de six mois, s'il persévère toujours… », nous voici dans la durée, le temps est l'allié de la persévérance et de la patience.   

Nous retrouverons ce verbe au chapitre 7è de l'humilité , au 4è degré où il est question de patience dans les injustices et de « tenir bon sans se lasser ni reculer » et Benoît conclue en citant St Matthieu : « Celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé. »

Dans la dernière phrase du Prologue St Benoît nous dit : « Persévérant jusqu'à la mort, participons par la patience aux souffrances du Christ et méritons d'avoir une place dans son royaume. »

Pas besoin de chercher bien loin, nous avons tout ce qu'il faut dans notre vie monastique pour mettre en pratique cet évangile. Et si l'on interrogeait les sœurs anciennes et moins anciennes, je pense qu'elles ne  ne me contrediraient pas et elles peuvent nous dire que la vie monastique n'est pas un doux repos comme parfois on se l'imagine. Leur persévérance ne peut que nous encourager à poursuivre la route, à persévérer, elles nous montrent la chemin.  N'ayons pas peur, que rien ne puisse nous ébranler, Jésus se tient à nos côtés et aux côtés de tous les chrétiens qui veulent rester fidèles et témoigner de Jésus dans le quotidien de leur vie. 

Ensemble nous pouvons dire une poésie de Ste Thérèse d'Avila qui peut être aussi une belle prière de confiance et d'abandon :

Que rien ne te trouble,

Que rien ne t'épouvante, 

Tout passe.

Dieu ne change pas.

La patience obtient tout.

Celui qui possède Dieu 

Ne manque de rien.

Dieu seul suffit.

Poésies, dans Œuvres complètes, pp. 1564-1565

Notre Père : Seigneur, tu nous as dit que « pas un seul cheveux de notre tête ne sera perdu » aussi c'est avec une grande confiance et avec les mots que tu nous as donnés que nous pouvons nous adresser à Dieu qui veille sur ses enfants :

Conclusion : Dieu notre Père, accorde-nous la grâce de la  persévérance  quelques soient les circonstances de notre vie afin d'obtenir la vie que tu nous promets. Que, par notre témoignage, le monde reconnaisse que tu es le Maître de l'univers, qu’il soit sauvé et que tous ensemble nous puissions, un jour, chanter le Cantique de l'Agneau. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils qui vit  avec toi et le St Esprit pour les siècles des siècles.

mardi 24 novembre 2020

Célébration du 34e mardi du TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction : saint Colomban est un moine itinérant irlandais des 6e -7e siècles qui a évangélisé les populations campagnardes de Gaule, d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et d'Italie.  Sa règle monastique a longtemps coexisté avec celle de saint Benoît, mais ses rigueurs ascétiques très fortes l'ont fait peu à peu abandonner.

Il est un moine européen à qui nous pouvons confier l'Europe d'aujourd'hui.

 


Commentaire : pour ce commentaire, je m’inspire du livre « Lueurs et tremblements » de Joël Rochette, un commentaire de l’Apocalypse illustré par le Manuscrit de Namur du XIVème siècle.

La miniature du Manuscrit qui correspond à la lecture de l'Apocalypse de ce jour m'a réconciliée avec ce texte.

On y voit Jean sur son rocher sur le côté, au centre le Fils d'homme avec sur la tête une couronne d'or : il ne l'a pas jetée, comme les 24 anciens !

Et en dessous c'est le même personnage qui moissonne, et son attitude est parlante.

L'image de la moisson peut nous paraître terrible. Mais dans l'Écriture il n'en est pas toujours ainsi. Bien sûr il y a les paraboles et leur appel à la conversion avant la moisson finale. Mais quand Jésus dit « la moisson est abondante et les ouvriers sont peu nombreux, priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson » (Matthieu 9, 37-38) il exprime sa pitié, sa sollicitude, sa miséricorde pour la foule humaine qui n'a pas berger pour la conduire aux sources de la vie.

La moisson se dessèche dit l'Apocalypse: elle est mûre, la Parole divine a été féconde «La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, donnant la semence au semeur et le pain à celui qui doit manger ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission. » (Isaïe 55,10-11) ; l'eau est remontée vers le ciel, la terre est devenue sèche, le blé est mûr pour fournir à l'homme la farine et le pain. S'il n'y a pas de moisson, il n'y a pas de pain, la nourriture de base, donc pas de vie!

« La terre fut moissonnée » : c'est un passif qui laisse percer l'action de Dieu et dans le Manuscrit de Namur, c'est bien pris en compte car c'est le Fils de l'homme qui moissonne et avec amour, pas du tout avec violence. Regardez comme il est penché avec sollicitude devant les épis qu’il moissonne. Il sourit et les tiens avec douceur, sans les serrer, simplement en les maintenant.

 


Il est un Bon Pasteur mais aussi un Bon Agriculteur !

Qu'il cultive en nous le blé de sa Parole et de son Amour, et leur fasse porter fruit jusqu'à la moisson où il nous cueillera avec amour et miséricorde.

Et ainsi s'éclaire l'évangile : Même si tout s'écroule ; des catastrophes, guerres, famines, épidémies, il y en a eu à toutes les époques ; vivant en climat tempéré et en paix, nous avions oublié la précarité de la vie, la crise actuelle nous le rappelle avec acuité et nous oblige à nous réorienter vers l'essentiel. Et Jésus nous le redit : « ne vous laissez pas égarer... ne soyez pas terrifiés ! » Fondez votre vie sur le roc qui ne sera pas détruit et non sur du provisoire : le roc de sa Parole, le Roc de la vie avec lui !

L'Apocalypse et l'Évangile sont des messages d'espérance dans un monde en chaos au temps de l'Apocalypse comme aujourd'hui. Dans le trouble, gardons confiance : notre vie comme notre mort sont « dans le Seigneur » « lui qui nous aime » (Apocalypse 14,13 et 1,5).

Introduction au Notre Père : Tournons-nous vers le Père de toute miséricorde qui a envoyé sa Parole pour germer, grandir et fructifier en nous jusqu'à la moisson où il récoltera l'amour semé dans les cœurs.

Oraison de conclusion : Dieu de miséricorde, poursuis ton œuvre dans les cœurs. Que ta Parole mûrisse et que ton amour soit moissonné pour nourrir et apaiser les cœurs meurtris et terrifiés. Toi, Notre Dieu, qui vis en nous par le Fils et dans l'Esprit et nous conduis à la vie avec toi dès maintenant et jusque dans les siècles des siècles.