jeudi 3 juillet 2025

Liturgie de la Parole 3 juillet fête de saint Thomas

Ouverture

En cette fête de saint Thomas, nous entendrons un extrait de la lettre aux Éphésiens qui dit que nous faisons partie de la construction qui a pour fondement les apôtres et les prophètes, et pour pierre angulaire le Christ Jésus. Toute la lettre aux Éphésiens est construite sur le contraste entre un « vous » et un « nous ». Le « nous », ce sont les judéo-chrétiens, le « vous », représenté par les Éphésiens, ce sont tous les autres. Donc nous aussi. Tout l’argument de la lettre consiste à montrer que cette rencontre, cette « réconciliation » entre le vous et le nous, se trouve dans la croix du Christ : la lettre insiste là-dessus : c’est par la croix du Christ que nous avons été réconciliés, c’est par sa mort qu’il a tué la haine. Cet aspect-là se retrouvera aussi dans l’évangile. Thomas est l’un des ces apôtres sur qui repose l’Église, et s’il n’était pas là, il manquerait une pierre à l’édifice !

Résonances

Thomas – mais pourquoi donc n’était-il pas là le premier soir ? - reçoit de plein fouet la parole des autres : « nous avons vu le Seigneur ! ». Thomas n’est pas nécessairement l’incrédule de service, qui doute de tout. Il est plutôt l’homme raisonnable, qui nous ramène les pieds sur terre. Et si c’était une « fake news » ? De la poudre aux yeux ? Du toc ? Qu’est-ce que me dit que vous n’êtes pas tous ensemble victimes d’une hallucination collective ? Enfermés que vous êtes derrière vos portes verrouillées, confinés dans votre peur, vous laissez se matérialiser vos fantasmes… Moi, j’ai besoin de vérification.
Voilà bien l’attitude que nous devons avoir devant les informations qui nous sont données et dont nous soupçonnons qu’elles sont manipulées pour nous embobiner. Premier réflexe : vérifier (si c’est possible). Ensuite, se poser la question : « d’où parlez-vous ? Que cherchez-vous en disant cela ? quelles sont les valeurs que vous cherchez à défendre ? quel est votre intérêt de dire cela ? » Enfin, choisir à qui je veux donner sa confiance, car on ne peut pas tout savoir, tout vérifier.
Thomas, donc, veut vérifier. Ce qui est beau, c’est qu’il choisit comme critère de vérification les signes de la Passion, la marque des clous.
Au premier degré, on peut dire, c’est très concret : c’est la meilleure façon de vérifier qu’il s’agit bien de Jésus. Au 2ème degré, au-delà de la matérialité du geste, ce que cela symbolise : Thomas ne veut pas, ne peut pas passer outre de la Passion. Pour lui, le Ressuscité est indissociable du Crucifié. Il veut toucher les plaies de Jésus et ce côté d’où ont jailli l’eau et le sang.
Ensuite, 8 jours se passent. Que se passe-t-il durant ces 8 jours ? Un mûrissement peut-être, un questionnement. Mais aussi, une humble reprise de la vie quotidienne, dans sa chair concrète. Et la décision de Thomas de rester avec les autres, de ne pas se dissocier du groupe.
Vient alors la rencontre du 8ème jour, et Jésus qui s’adresse directement à Thomas, devançant ses réticences. Et cette formule : « cesse d’être incrédule, sois croyant ». Que l’on pourrait aussi traduire : « ne deviens pas incroyant, deviens croyant ». En effet, voir et toucher les plaies de Jésus, ce peut être une pierre de fondation de la foi, mais ce peut être aussi une pierre d’achoppement. On se trouve là à un point de rupture. Pour beaucoup, les plaies du crucifié sont précisément le signe que Jésus n’est pas Dieu. Comment Dieu pourrait-il souffrir ? Face aux plaies du Christ, il y a un choix radical à faire : choisir de croire ou de ne pas croire. Choisir de croire en un Dieu qui nous aime tant qu’il en est mort ! Refuser de gommer les plaies de la Passion.
La réponse de Thomas jaillit alors du fond de ses entrailles : « mon Seigneur et mon Dieu ! » Cette profession de foi, c’est l’élan de son cœur. Lui qui est si raisonnable, il a compris que le plus raisonnable est la folie d’y croire. Il choisit de mettre sa confiance dans le Ressuscité, grâce aux plaies de sa passion, plaies désormais transfigurées, mais pas effacées.
Si notre foi repose sur celle des apôtres, c’est aussi pour cela. Ce qu’ils ont vu de leurs yeux a résonné au plus profond de leur intuition. C’est dans le cœur que cela se passe, le cœur qui est le siège des pensées et des sentiments. La foi et la raison.

Prière

Jésus-Christ, pierre angulaire, en toi la construction s’élève : donne-nous de grandir dans la foi. Les plaies de ta passion, transfigurées dans la lumière de la résurrection, témoignent de ton amour plus fort que toute mort. Aide-nous à ouvrir les portes verrouillées de nos doutes, afin de porter au monde la bonne nouvelle : pour ceux qui croient en toi, ceux qui t’ont vu et ceux qui croient sans avoir vu, tu es notre Seigneur et notre Dieu, pour les siècles des siècles

Sr Marie-Raphaël écrit le 3 juillet 2024


mardi 1 juillet 2025

Liturgie de la Parole 13e mardi TO-I

Suivre Jésus dans la barque

Méditation

Comment suivre la voie de Dieu ? Comment suivre Jésus ? Les lectures de ces jours nous invitent à y réfléchir, à renouveler notre engagement.
Lot a suivi la voie de l’amour, en accueillant les étrangers chez lui, et cela lui vaut d’être sauvé de la destruction de Sodome. Mais il doit fuir confiant en la parole qui lui est dite. Il doit fuir, sans retour en arrière, pas même du regard. Si nous sommes appelés à être sel de la terre, pour lui donner saveur, nous ne pouvons pas être colonne de sel dans la raideur figée du regard qui ne voit que ce qui est en arrière. Il nous faut plutôt marcher vers l’horizon que nous ouvre l’appel de Dieu.
 
Hier, les disciples qui voulaient suivre Jésus se sont entendu dire qu’il fallait tout quitter, sans un regard en arrière, et partir à la suite du Fils de l’homme qui n’a point où reposer la tête.
Aujourd’hui, les disciples suivent Jésus dans la barque, nous dit l’Evangile. Et nous savons que c’est là accepter de perdre pied, prendre le risque du grand large, avec ses aventures.
Voilà que la mer s’agita violemment, le grec littéralement dit : il y eut un grand séisme. Bref, si vous voulez suivre Jésus, attendez-vous à quelques secousses… lorsque tremble la terre, lorsque soufflent les vents, ce n’est pas confortable si vous êtes en route… que dire, si vous êtes sur un frêle esquif en mer ! Et Dieu dans tout cela, sommes-nous souvent tentés de dire ! Dieu ? il dort ! là au fond de la barque, sur le coussin ! Cela relève de l’invraisemblable. Mais n’est-ce pas l’expérience que si souvent nous connaissons, tandis qu’agités par les événements, Dieu nous semble absent. Mais il n’y a qu’à l’appeler… crier vers lui, pour constater, qu’il est bien là, présent, toujours prêt à calmer nos tempêtes.
Nous l’entendrons nous dire : Pourquoi avez-vous peur ? hommes, femmes de peu de foi ! Pour suivre Jésus dans la barque de la vie, il nous faut grandir en la foi, croire qu’au bout de la traversée, de la tempête, de l’épreuve, il n’y a pas l’anéantissement, mais la vie nouvelle, avec le Ressuscité, lui qui a tout pouvoir sur le mal et la mort.
Prenons un temps de prière silencieuse, pour confier au Seigneur, les tempêtes qui nous agitent, qui agitent tant de nos frères et sœurs sur la terre. Prenons un temps de prière silencieuse, pour du plus profond de notre cœur, porter vers lui les cris de notre humanité ébranlée.

Sr Myrèse écrit le 2 juillet 2013



lundi 30 juin 2025

Liturgie de la Parole 13e lundi TO-I

https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/matthieu-8-18-22-4/

Le Christ nous expose ce qu’est marcher à sa suite : ne rien avoir à soi, ne rien posséder, même pas un lieu où reposer sa tête. Il l’exprime ouvertement, car il sait la difficulté à tout lâcher pour le suivre.
Qu’est-ce tout lâcher ? Qu’est-ce tout quitter ? Qu’est que ne rien posséder ?
Prendre son bâton de pèlerin …Ne serait-ce pas entrer en résonnance avec la Parole de Dieu à l’intérieur de soi ? Essayer de se prendre ce temps pour se laisser toucher par la Parole : « Le Seigneur n’a pas où reposer sa tête ». Ouvrir nos mains et nous laisser être vidés par Dieu de ce qui encombre notre relation à Lui et aux autres et entrer dans un chemin de confiance totale, nue, sans le « mais laisse-moi d’abord ».
….Entrer dans ce beau chemin intérieur, foi illuminée de la Présence du Christ.

« Jésus Lumière intérieure… »

Sr Dominique Raymond du Carmel Saint Joseph


dimanche 29 juin 2025

Liturgie de la Parole 29 juin solennité des Saints Pierre et Paul

Piliers de l’Église

Méditation

La première et la deuxième lecture nous montrent Pierre et Paul en prison. Pour Paul, c’est la fin d’une longue période de captivité qui a commencé à Jérusalem et à Césarée, du temps du gouverneur romain Félix puis de son successeur Festus, et qui se termine à Rome vers l’an 67. Du fond de sa prison, dans un moment de solitude, il fait en quelque sorte le bilan de sa vie : il écrit à son cher Timothée : « J’ai combattu le bon combat, j’ai couru ma course jusqu’au bout, j’ai gardé la foi » (non, rien de rien, je ne regrette rien...)
Pour Pierre, la captivité racontée ici ne sera pas la dernière. Ce jour-là, du temps d’Hérode Agrippa à Jérusalem, ce n’est pas encore le moment où il peut dire : « j’ai couru ma course jusqu’au bout ». Il ne va pas encore subir le martyre, mais il est déjà intimement uni au mystère pascal de son maître. Il ne va pas mourir, mais il fait déjà une expérience de résurrection. Le verbe que l’ange lui adresse, « lève-toi » (anasta) est celui de la résurrection. C’est une expérience qui survient comme par surprise et dont il ne prend pas conscience au moment même, mais seulement après. Sûr que cette expérience restera par la suite gravée dans sa mémoire, pour le chemin qui lui reste à parcourir. Plus tard, sous Néron, dans les prisons de Rome, il n’y aura plus l’intervention merveilleuse de l’ange. Et Pierre pourra alors vraiment reprendre à son compte ces paroles de Paul : « avec le Christ, je suis un crucifié ».
Que de chemin parcouru depuis le jour de Césarée où, dans l’intimité du groupe des 12, Jésus leur avait demandé : « pour vous, qui suis-je ? » Pierre avait répondu : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Il n’imaginait pas jusqu’où cette confession de foi allait le mener.
Et Paul, qu’aurait-il répondu à la question de Jésus ? « Tu es le Christ, celui en qui j’ai été appelé dès le sein de ma mère, en qui j’ai été sauvé, justifié, glorifié. Avec toi, j’ai été enseveli dans l’eau du baptême, avec toi, je ressusciterai, avec toi je régnerai dans la gloire... » etc
Si l’on peut dire que l’église repose sur ces deux piliers que sont Pierre et Paul, c’est bien sûr sur leur foi, mais aussi sur la persévérance de leur foi, leur force de témoigner jusqu’au martyre, leur fidélité qui s’explique par leur amour pour la personne du Christ, amour rendu d’autant plus fort qu’il a traversé l’expérience du pardon reçu.
Avec eux, puissions-nous dès maintenant combattre le bon combat et courir notre course en gardant la foi, comme une réalité dynamique de notre vie, toujours appelée à se ressourcer au témoignage de ceux qui nous ont précédés.

Sr Marie Raphaël écrit le 29 juin 2012