mardi 31 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 4e mardi TO

 (Isabelle Halleux)

Introduction

La première lecture du jour nous parle de ténacité (He 12, 1-4). Il en fallu aux apôtres pour exercer leur mission dans l’hostilité ambiante ! Il en a fallu aussi à Saint Jean Bosco, que nous fêtons aujourd’hui, pour développer son action envers les jeunes : ses détracteurs de l’époque, tant laïcs que religieux, furent nombreux. Et pour cause : « Il faisait de l'éducation une affaire de confiance affectueuse et vigilante qui devait s'exprimer dans la joie et il admettait dans ses groupements une liberté si étonnante pour l'époque qu'on l'a souvent passée sous silence. Une de ses maximes était : "Prévenir et non réprimer"[1]. » Une bonne idée qui a fait son chemin depuis 1850 pour enrayer la délinquance, empêcher la marginalisation. Il reste encore pas mal de travail à sa suite !

Enrayer la délinquance, empêcher la marginalisation, favoriser la naissance à la vie, la re-naissance à vie pleine : c’est ce dont nous parle la seconde lecture (Mc 5, 21-43). Une femme perdant son sang depuis une éternité ose toucher le manteau du Christ et peut retrouver sa dignité ; une jeune fille endormie, ou morte, à qui le Christ dit : « Lève-toi », éveille-toi à la vie !

S’éveiller, s’en sortir, re-naître par la foi… Qu’en est-il autour de nous ? Je vous propose d’explorer un peu cela  par la méditation de l’évangile, après une entrée en prière par le chant des psaumes.

 Méditation

Depuis que sa femme est décédée, Thomas n'a plus envie de se lever pour aller au travail, encore moins pour rencontrer ses amis - leurs amis. Il s'isole, se met à boire. En cure à l'hôpital, il rencontre une dame qui rallume un peu de vie en lui. Ils décident de vivre ensemble, mais c’est un échec. Son désespoir est au comble. Un soir, c'en est trop. Il se suicide. Qu'est-ce qui fait qu’on s’accroche à la vie ?

 Clémence est magnifique. . Elle croque la vie à pleines dents. Elle est enceinte d'un deuxième enfant. Son mari, sportif, en forme, à qui tout sourit, décède soudainement. Elle culpabilise. Elle doit survivre : elle n’a pas le choix... Qu'est-ce qui permet de dépasser l'épreuve ?

 Jonas est un tout jeune adolescent oppressé par l'impossibilité de dialoguer avec son père, remarié, froid, distant. Le gamin n’en dort plus, ne mange plus, est en décrochage scolaire. Sa mère, anéantie, interroge : comment donner l'envie de vivre ?

 Audrey n'est pas heureuse. Au bout du rouleau, elle accepte de se faire aider. Il en résulte des gros chamboulements dans sa tête, des reproches dits à sa famille pour le passé, le présent et même pour l’à venir. La relation s’étiole. Qu'est-ce qui permet de se construire, de se re-construire ? De trouver la paix ?

 C'est de cela que nous parle l'évangile du jour : de ce qui donne la vie quand la vie s'en va. Suffit-il d'oser toucher le manteau de Jésus ? De lui demander de guérir ?

 Patricia porte les séquelles physiques et psychologiques d’un accident grave. Elle n'a plus de répit. Elle se laisse aller. La Covid, l'ECMO, la mort annoncée. Elle s'en sort « miraculeusement » et est plus forte qu'avant. Elle témoigne de la prière qu'elle adressait à l'ange qu'elle a peint à l'atelier d'icône, dans les rares moments de lucidité de son coma artificiel.

 Suffit-il de prier ? Suffit-il d’un acte de foi ?

 Nous savons que la confiance, la foi, la fraternité sont une « bonne proposition de vie ». Nous savons que le Christ nous donne à vivre et qu’il nous « sauve », quelle que soit notre condition, quelles que soient nos faiblesses et nos forces. Mais il en faut peut-être un peu plus, personnellement, communautairement. Etre partenaire actif de ce projet de Dieu ?

 Alors je nous invite à réinterroger en silence nos rencontres, notre propre vie : Comment sommes-nous attentifs à nos frères et sœurs en difficulté de vivre ? Comment leur proposons-nous de rester éveillés, vivants en Christ ? « Courons-nous avec endurance les épreuves »  - nos épreuves personnelles, et celles qui nous sont proposées à travers eux, « les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi.[2] » comme le dit Saint Paul ?

 Notre Père

Avec Jésus, redisons les mots qu’il a utilisés pour parler à son Père…

 Prière finale

Seigneur, nous te prions pour tous les Thomas, Clémence, Jonas, Audrey, Patricia que nous connaissons. Nous te prions pour toutes les personnes que tu fais naître et renaître à la vie. Donne-leur, donne-nous, de te chercher et de suivre tes chemins dans la paix et la sérénité. Donne la force à ceux qui les accompagnent de te servir, et à ceux qui te servent de les accompagner. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour toujours.



[1] Tiré de Wikipedia

[2] He 12, 1-2

jeudi 26 janvier 2023

Liturgie de la Parole, Sts Tite et Timothée

(Danièle)

Introduction

Tite et Timothée étaient disciples de saint Paul,  ils ont été ses collaborateurs d'apostolat. Paul les considérait comme ses fils dans la foi. Timothée fut évêque d’Éphèse et Tite, évêque de l’Église de Crête, pour qu'il mette en ordre ce qui restait à régler. Dans ses lettres, saint Paul leur rappelle qu'ils sont apôtres par la volonté de Dieu selon la promesse de la Vie dans le Christ et pour la connaissance de la Vérité. Il leur demande de raviver le don gratuit de Dieu qui est en eux.

Dans l’Évangile, les apôtres se disputent à propos de celui d'entre eux qui leur semble le plus grand. Jésus leur explique alors que les lois de Dieu ne sont pas celles des humains. Ce n'est pas celui qui est assis à table qui est le plus grand, mais c'est celui qui sert. Il dit « Que celui qui est le plus grand parmi vous, prenne la place du plus jeune, la place de celui qui sert »... Saint Luc nous apprend que la vraie grandeur est celle de l'abaissement. 

En chantant les psaumes, rendons grâce à ce Dieu qui nous donne son Esprit de force et d'amour .

 

Après l’Évangile

Dans cet Évangile, il est donc question de grands et de petits. Dans notre monde, les grands seraient les dirigeants et les petits seraient les serviteurs... Or, l'économie de Dieu n'est pas celle de ce monde, un monde où il faut être riche ou puissant pour être respecté, avoir fait des grandes études ou avoir les finances nécessaires mais dans le royaume de Dieu, rien de tout cela ne compte, le plus petit est reçu comme le Christ lui-même. « Ce qui est primordial, c'est la relation de cœur à Dieu . Jésus balaie toutes les barrières que nous nous ingénions à construire ».(1)

Il l'a montré en choisissant ses apôtres, des pauvres pêcheurs et il a même choisi un collecteur d'impôts publicain.  En toute logique, il aurait dû choisir des grands-prêtres ou des pharisiens. Les apôtres n'ont pas encore compris cette sagesse de Dieu alors ils réagissent comme les gens de leur temps. Jésus leur apprend à regarder plus haut, à ne pas s'arrêter à ce qui fait la valeur des hommes en ce monde. Aujourd'hui, il nous invite nous aussi, « à dépasser nos jugements, nos catégories, nos barrières sociales, économiques ou intellectuelles, pour regarder au cœur de ceux que Dieu lui-même appelle ». (1)

« Parce que vous avez tenu bon dans les épreuves, vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume, et vous siégerez sur des trônes» dit Jésus à ses apôtres.  Il veut leur expliquer qu'ils doivent continuer avec lui dans l'humilité, les services humbles. Or, si on regarde en arrière, on peut se rendre compte que la plupart des successeurs de Pierre ont perdu cette humilité, « ils ont fait le contraire de ce que voulait Jésus, une Église hiérarchique et autoritaire qui a perdu son cœur et sa spiritualité. Ces personnes voulaient certainement s'asseoir sur des trônes pour régner et juger ». Heureusement, aux 20° et 21° siècles, nous avons eu des papes qui ont essayé de corriger cette grandeur. Et notre pape François est un exemple d'apôtre humble qui essaie vraiment de marcher dans la même humilité que Jésus. Le Seigneur se présente comme celui qui sert, « volontairement il a pris la place la plus basse et personne ne le lui a disputée dans ce monde.  Plutôt que de reprocher aux disciples leur égoïsme affligeant, il se présente à eux comme le modèle de l'abaissement et du dévouement » (2) 

Aujourd'hui, Jésus nous donne une leçon sur le sens de l'autorité qui n'est pas un pouvoir despotique sur les autres, mais plutôt un service qui aide l'autre à grandir sur la voie du bien afin qu'ils deviennent vraiment enfants de Dieu. Saint Grégoire le Grand, par amour du prochain accepta la charge pastorale que Dieu lui demandait, alors que son choix se tournait vers la vie monastique. (3)

En cherchant le lien entre les deux lectures de ce jour, je crois l'avoir trouvé.  Saint Paul qui était une personnalité respectée, issu d'une riche famille juive, proche des pharisiens, est devenu apôtre, obéissant à la volonté de Dieu, de grand, il est devenu petit, prisonnier même... et par cette lettre à Timothée, il lui rappelle le don reçu de Dieu qui est esprit de force, d'amour et de pondération. Il lui demande aussi de ne pas avoir honte de lui parce qu'il  est prisonnier. « Et nous ? Oserons-nous ce regard, cette considération de la sagesse de Dieu,  et accueillir tous ces « petits », tous ces gens « hors de notre groupe » comme de véritables frères et sœurs en Dieu ? Et, pour discerner, ne faut-il pas d'abord accueillir »? (1) Voilà que je rejoins la règle de saint Benoît « accueillir chacun comme si c'était le Christ »...

 

Introduction au Notre Père

Petit(e)s devant ta grandeur, nous osons te prier ,« Père », avec les paroles que Jésus nous a apprises.


Prière finale

Seigneur, apprends-nous l'humilité ! Tu nous donnes le pouvoir d'aider les autres, aide-nous à les faire grandir, à les amener sur ton chemin en restant petit(e)s et en acceptant ce que tu nous demandes. Ravive en nous ce don gratuit de ton amour,

Nous te le demandons à toi qui vis aujourd'hui et pour les siècles des siècles.

 

(1)  Emma de Gemma

(2)  Blog « sondez les écritures »

(3)  Abbé Joaquim Meseguer

mercredi 25 janvier 2023

Liturgie de la Parole, Conversion de saint Paul

 (Sœur Marie-Raphaël)

 Ouverture

Le récit de la conversion de saint Paul est raconté trois fois dans les Actes ! C’est dire son importance. C’est dire aussi l’importance de faire le récit des choses importantes. Et en fonction des circonstances, le récit se transforme parfois un peu… tout en restant fidèle à la ligne essentielle.

La pasteure Priscille Djomhoué, que nous avons rencontrée samedi dernier, nous a dit que les Actes des Apôtres sont le portrait de notre temps. Elle nous a invité aussi à faire des textes bibliques une « lecture contextuelle », c’est-à-dire, si j’ai bien compris, une lecture qui va nous transformer… Entrons dans la prière des psaumes en demandant à l’Esprit saint de nous guider intérieurement.

Résonances

Un jeune homme à la tête bien faite, frais émoulu de l’université – c’est-à-dire de l’école de Gamaliel – un jeune juif au cœur ardent, fier descendant de la lignée de Benjamin, portant le nom du premier roi d’Israël, Saül. Un jeune homme qui piétine de pouvoir enfin s’investir dans une vie active au service de Dieu… Il était peut-être à Jérusalem au moment où un autre jeune homme – à peine plus âgé que lui – a été jugé par le Sanhédrin, puis mis à mort par les Romains. Bon débarras, car ce rabbi galiléen, sorti de Nazareth – autrement dit, de nulle part – propageait une lecture de la Torah assez dangereuse et commençait à exercer une influence néfaste sur les petites gens, les pauvres, les opprimés, les pécheurs publics, les femmes ! D’aucuns voyaient en lui le Messie. Il est mort crucifié. Comment peut-on croire en un messie crucifié ? N’y a-t-il pas de plus grand scandale ?

Une trentaine d’années et des dizaines de milliers de kilomètres plus tard, Paul se retrouve de nouveau à Jérusalem. C’est la dernière fois. Il a apporté le fruit de la collecte et rencontré les responsables de l’église. Mais il est mal vu, il a des adversaires qui ont décidé de le faire mourir. On trouve un prétexte, une foule se rassemble, cela tourne à l’émeute au point que l’autorité romaine intervient. Paul évite de justesse le lynchage. Les Romains l’arrachent à la vindicte de la foule et lui donnent une tribune inespérée. Du haut de l’escalier qui mène à la forteresse, il s’adresse à la foule en araméen. Un grand silence se fait. Alors, il raconte…

Il raconte d’où il vient, dans quelle terre il s’enracine : celle d’un judaïsme fervent et d’un grand zèle pour la Loi. Il raconte l’événement qui a radicalement réorienté sa perception des choses. Dans la lettre aux Galates, il dit : « Dieu a révélé en moi son Fils… » (c’est le mot apocalypse). Il raconte aussi les conséquences de cet événement, car si le Seigneur a fait irruption dans sa vie, c’est pour une mission bien précise. Oui, Dieu a de la suite dans les idées. Paul est conscient d’avoir été « mis à part dès le sein de sa mère » (Galates 1) pour une mission particulière. Dans le récit de Actes 9, Dieu dit à Ananie : « Paul est l’instrument de mon choix (instrument de choix)… pour faire parvenir mon nom auprès des nations païennes »…

Oui, Dieu a de la suite dans les idées. Il a discerné en Paul l’homme qui, par sa culture et grâce à son tempérament, serait le premier à trouver les mots pour dire et transmettre la folie du message. La folie, le scandale, la pierre d’achoppement – l’idée d’un messie crucifié – est devenue la pierre d’angle de toute la théologie de Paul. Paul le comprend d’autant mieux qu’il l’éprouve dans sa propre chair. Il parle d’une « écharde », une douleur lancinante qui l’accompagne partout et dont Dieu lui a dit un jour : « ma grâce te suffit, ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». L’écharde en question, je me dis que c’est peut-être, pour Paul, le fait de n’avoir pas réussi à convaincre ceux qui lui sont le plus proches, ceux qui sont des fervents comme lui, des ardents défenseurs de la cause de Dieu, les Juifs, les Pharisiens. Mais cet échec est dans sa vie une ouverture qui le mènera jusqu’à Rome, jusqu’aux confins de la terre. Jusqu’à son dernier souffle, Paul évangélisera. Et le livre des Actes est un livre dont la fin est ouverte. Sans doute parce que, comme nous le disait Priscille Djomhoué, les Actes, c’est aujourd’hui, nous sommes en plein dedans !

En nous invitant à faire une « lecture contextuelle », Priscille Djomhoué nous suggérait de nous demander comment ce texte, en fin de compte, nous transforme, nous, dans le contexte d’aujourd’hui. La question rebondit. Avec Paul, nous avons vu que Dieu a de la suite dans les idées. Il a, dès le départ, une idée derrière la tête : Paul sera l’apôtre des nations. À partir de là, tout s’emboîte. Et pour moi ? Si je relis ma vie, je peux peut-être repérer un événement déclencheur, à partir duquel toute ma vie a été réorientée. Il y un avant et un après. Un avant où je vois comment Dieu avait préparé le terrain. Un après qui se prolonge maintenant, où je m’efforce de rester fidèle à cette orientation première, tout en intégrant les nouvelles expériences accumulées au fil du temps. Savoir que Dieu a une idée, un fil rouge, une mission pour moi, et que tout concourt, finalement, à me faire avancer dans cette fidélité… cela donne un sens à la routine des jours ordinaires. Prions le Seigneur de nous rappeler régulièrement à cette fidélité, de réorienter nos pas selon sa volonté.

Prière

Ta grâce nous suffit, Seigneur, car ta puissance s’accomplit dans notre faiblesse. Rappelle-nous la grâce de ton appel, enracine-nous dans ta fidélité, fais de nous des amoureux de ta Parole, des ardents messagers de ta joie.

lundi 23 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 3e lundi TO impair

 (Isabelle Halleux)

 

Introduction

Entre Noël et Nouvel An, mon fils Simon est venu nous présenter son nouvel ami. Vous en avez peut être entendu parler : ChatGPT. Il s’agit d’un robot de conversation, un programme informatique d’intelligence artificielle conçu pour répondre à vos questions en allant chercher des informations dans les publications sur internet. Il émeut beaucoup d’informaticiens par sa puissance. Dans le monde de l’éducation, on s’interroge : Où va-t-on si on demande à un programme de faire une dissertation à votre place ? Il faut l’interdire !

Haha ! Je me suis donc essayée à « lui » demander de me préparer l’homélie du jour, en portant attention à un verset qui m’interpelle  « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon, il sera coupable pour toujours » (Mc 3, 29).

Je l’ai interrogé sur les liens possibles entre ce passage de l’évangile et certains textes du Nouveau et de l’Ancien Testament, et aussi sur ce qui dit la règle de Saint Benoît sur le blasphème contre l’Esprit ! Il m’a donné des références utiles. Pour ce qui est de la règle de Saint Benoît, il a insisté sur l’importance de l’obéissance à Dieu et à ses représentants– en particulier donc à l’abbé, qui pourrait être mise en lien à l’idée de blasphème contre l’Esprit, et sur l’importance de la parole de Dieu et de la révélation de l’Esprit de Dieu, qui pourrait aussi être liée à l’idée de blasphème contre l’Esprit. Il ajoute que je pourrais certainement trouver d’autres passages en relisant la règle. Avouez que cela nous en bouche un coin !

Mais mon ami, qui est très poli, donne ses limites : il est un outil numérique, programmé pour certaines tâches, et ne se base que sur ce qui est disponible sur internet. D’après nos conversations, je pense que, pour la question qui m’intéresse, il se montre un peu « conservateur ».  Je ne vous lirai donc pas son homélie, un peu « tarte à la crème », mais vous livrerai humblement quelques éléments de ma méditation personnelle : Comment la question du blasphème contre l’Esprit donne-t-elle à réfléchir à notre propre foi, à notre relation à Dieu, à la réconciliation dans les cas les plus graves ?  

Connectons-nous à Dieu par le chant des psaumes.

 

Méditation

Dans l’évangile de Marc (Mc 3, 29), il est écrit : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. ». Dans Matthieu (Mt 12, 32) : « Si quelqu’un parle contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné ni en ce monde, ni dans le monde à venir ». Dans Luc (Lc 12, 10) : « A celui qui blasphème contre l’Esprit Saint, il ne sera pas pardonné ». Simple, clair, pas de « si », pas d’insistance sur la culpabilité, ni sur le « partout » et « pour toujours » !

Ce verset est difficile, il a été et est toujours sujet à controverse. Ce n’est pas d’abord une question de jugement du blasphème par les hommes, l’église ou la loi - rappelons-nous les tensions récentes suite à des écrits, des dessins, des déclarations jugées blasphématoires - : c’est une question à régler entre celui qui blasphème et Dieu lui-même.  En face à face.

« Celui qui blasphème ». Le texte grec de Luc utilise une tournure plutôt rare[1] dans les synoptiques que l’on peut traduire par « celui qui blasphème » mais aussi « celui a blasphémé » ou « celui qui est blasphémant ». Cela qualifie en quelque sorte un état dans lequel on est et dont on ne sort pas, de rejet permanent de la grâce et de la miséricorde de Dieu. Si tu es dans un état d’esprit tel que ton cœur s’endurcit, que tu rejettes ou que tu méprises l’Esprit de Dieu en toi, que tu dis que « Dieu n’est rien » (Ps 9b, 3-4), tu te sépares inexorablement de lui, tu t’exclus toi-même du pardon et tu ne peux être pardonné. Ce verset est la plus belle lapalissade des écritures !

« Un péché pour toujours » qui « ne sera pas pardonné ». Irrémissible à un moment donné, soit, mais Je crois sincèrement que la rédemption est toujours possible, et pour tout le monde ! Même pour les péchés réputés les plus graves, comme celui contre l’esprit. Rémissible quand l’état d’esprit a changé. Tu te « retournes », tu cherches à suivre le Christ, à vivre en Dieu, sincèrement. Dieu t’accueille !  Il se réjouit même, car il t’attendait.  Il te donne sa paix.

Pour méditer un peu plus loin en silence : Quels sont nos dos tournés à Dieu et à ses représentants dans nos communautés ? Quelles sont nos parties de cœur endurcis ? Nos rejets de l’Amour ? Nos ruptures avec le chemin montré par Jésus ? Comment établissons/rétablissons-nous la relation à Dieu ? Comment s’exprime notre fidélité ?

 

Notre Père

Avec Jésus, redisons les mots qu’il a utilisés pour parler à son Père…

 

Prière finale

Il y a tellement de joie dans le monde, dans les familles, dans les communautés quand les liens se tissent. Et il y a tant de souffrance quand les liens se rompent. Les parents, les conjoints, les enfants, les amis pleurent, impuissants. Il y a aussi beaucoup de souffrance chez ceux et celles qui coupent les ponts avec toi, Seigneur. Sans doute pleures-tu aussi.

Donne-nous ta patience et ta confiance. Nourris notre espérance. Aide-nous à être des hommes et des femmes de relation avec toi et avec les autres, nos frères et sœurs. Rends-nous avides de réconciliation. Rends-nous avides d’obéissance, avides de ta parole et de la révélation de ton Esprit. Nous te le demandons, par Jésus, ton fils, qui règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles des siècles.



[1] un participe aoriste : le mot choisi pour « blasphème » peut être utilisé comme verbe ou comme adjectif.

vendredi 20 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e vendredi impair TO

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Parmi les milliards de personnes habitant cette terre, nous n’en connaissons que très peu par leur nom… Marc insiste sur les foules qui entourent Jésus. Nous l’avons entendu hier, nous l’entendrons encore demain. Quantité de gens dont nous ne connaissons pas le nom, gens anonymes. Mais aujourd’hui, il s’éloigne des foules et monte sur la montagne, accompagné de ses proches. Ceux-là, les Douze qu’il va instituer, ne sont plus anonymes. Nous allons entendre leurs noms. Nous aussi, devant Jésus, nous avons un nom : si nous répondons à son appel, nous sortons de l’anonymat : c’est la condition pour être envoyé…

Résonances

Les Douze, Jésus les institue, il leur donne une mission particulière : proclamer la Bonne Nouvelle avec le pouvoir d’expulser les démons. Dans le grand combat contre les forces du mal, Jésus n’est pas seul. Être disciple de Jésus, c’est accepter de participer à ce combat. Mais il y a une condition préalable : « être avec Jésus ». Ce n’est qu’après avoir fondé les Douze sur le roc de cet « être-avec-lui » que Jésus les envoie.

« Être avec » : c’est la formule de l’Alliance. La lettre aux Hébreux nous rappelle que le Dieu de la révélation biblique est un Dieu qui se fait partenaire, qui se révèle comme « Dieu-avec-nous ». Ce Dieu-avec-nous nous demande aussi d’être avec lui.

Alliance donc. Le passage de la lettre aux Hébreux nous parle d’une alliance « nouvelle ». Il dit : « En parlant d’alliance nouvelle, Dieu a rendu ancienne la première ; or, ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître » (Hé 8,13). Ce verset est dangereux : il a pu mettre de l’eau au moulin de la toute première hérésie chrétienne qui consistait à rejeter en bloc tout l’Ancien Testament.

Dans notre vie aussi, quand nous sentons que quelque chose advient qui est « nouveau », nous jetons un regard vers le passé pour comprendre en quoi le nouveau est nouveau. Et souvent, on constate deux choses que l’on peut résumer en deux mots : continuité et rupture.

Continuité : la nouveauté que j’expérimente s’enracine dans ce qui précède et qui l’a préparé. Ainsi, la première alliance a préparé la nouvelle, et la nouvelle ne peut se comprendre sans voir comment elle s’enracine dans la première. Rupture : quand on commence une nouvelle étape, il y a comme un « saut » : on coupe le cordon et on se lance dans l’inconnu. Comment tenir ensemble la continuité et la rupture, l’ancien et le nouveau ? C’est un des nombreux paradoxes de la vie spirituelle, de la vie tout court. Oser lâcher, quitter ce qui ne peut que mourir et disparaître, sans pour autant renier l’essentiel de l’héritage.

Demandons-nous : quel est cet essentiel ? Quel est le fil rouge de ma relation avec le Christ ? Et quel est le saut vers l’inconnu qu’il me demande de risquer ?

Prière

Seigneur Jésus, maître de l’Alliance nouvelle, tu inscris ta loi d’amour dans nos pensées et sur nos cœurs afin que nous puissions te connaître comme tu nous connais. Tu nous appelles par notre nom, tu nous demandes d’être avec toi. Nous t’en prions : fonde-nous solidement sur le roc de ta présence, afin que nous ayons l’audace de partir à la rencontre des foules qui t’attendent et qui espèrent un salut.

 

jeudi 19 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e jeudi TO

 (Sœur Marie-Christine)

Introduction

Nous sommes rassemblés en ce milieu du jour pour nous nourrir de la Parole.

La lettre aux Hébreux nous présente Jésus Grand-Prêtre. Cette image peut nous mettre mal à l’aise et sembler un peu compliquée. Mais derrière les mots il y a la réalité de Jésus « toujours vivant pour intercéder en notre faveur ». Jésus qui se donne jusqu’au bout, qui s’offre lui-même, qui établit une alliance irrévocable : « il a fait resplendir la vie par l’Évangile[1] ».

Cette vie il l’offre à ceux qui viennent à lui. Ils sont nombreux dans le passage d’aujourd’hui et ils viennent non seulement d’Israël, mais aussi des régions environnantes. Jésus ne se dérobe pas et en même temps il domestique la foule, si l’on peut dire. Ils venaient à lui parce qu’ils avaient entendu ce qu’il faisait. Alors il commence par ne rien faire. Il les invite à l’écouter. Il s’arrange pour n’être pas écrasé par eux (à tous les sens du terme) et pour que chacun puisse le voir et l’entendre. Jésus prend de la distance pour que chacun puisse l’entendre. L’eau portant le son, même ceux qui ne sont pas au 1er rang pourront l’écouter.

Aujourd’hui encore il est présent au milieu de nous : que nos voix le chantent par les psaumes de ce jour, que nos cœurs se laissent transformer par sa Parole.

Méditation

« Il avait fait beaucoup de guérisons, si bien que tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher. »

 

Tous ceux qui souffraient de quelque mal sont-ils guéris ? L’évangile ne le dit pas. Mais ils ont écouté Jésus et sans doute quelque chose s’est passé en eux. S’ils ne sont pas guéris, ils sont certainement rétablis. Nous voulons tous être guéris, recommencer comme avant, mais ce n’est pas possible, l’épreuve nous a changé. Claude Lichtert mis en relief ce verbe « rétablir » lors de la session de cet été.

Être rétabli c’est être rendu de nouveau capable de relation avec la situation telle qu’elle est aujourd’hui ; le mal, la maladie ne sont pas forcément partis, mais ils ne sont plus un obstacle à la relation.

Je vous cite encore Claude Lichtert dans la 5ème conférence: (Il cite lui-même des spécialistes)

«Cette action s’impose de plus en plus aujourd’hui, surtout en santé mentale

Le fait de rétablir renverse la perspective en plaçant les choix du patient au cœur de son propre parcours de soin et en promouvant l’espoir qu’une vie satisfaite soit possible, malgré les troubles, malgré la possible maladie qui dure. Une vie satisfaisante est possible malgré l’absence de guérison. Et si l’espoir d’une vie renouvelée était rendu possible malgré la perdurance de la maladie, malgré l’absence de guérison ?

 

Cela signifie que je sais que j’ai certaines limites, qu’il y a des choses que je ne peux pas ou plus faire. Mais plutôt que de laisser ces limites être une occasion de désespoir, une raison de laisser tomber j’ai appris qu’en sachant ce que je ne peux pas faire, je m’ouvre aussi aux possibilités liées à toutes les choses que je peux faire.

Plutôt qu’un retour à l’état d’origine ou à un fonctionnement optimal, il est maintenant vu comme transformation personnelle. (Je) vois maintenant ce rétablissement comme une occasion de transformation personnelle. Parfois chaotique, mais orientée vers la possibilité de vivre de façon satisfaisante, mon quotidien malgré tout.

Le rétablissement n’est pas un terme biblique. [2]»

mais il exprime ce qui se passe. Je pense que « tous ceux qui souffraient de quelque mal (et) se précipitaient sur lui pour le toucher » sont repartis rétablis.

Une vie nouvelle est possible pour eux. Les relations avec eux-mêmes, les autres et Dieu sont transformées par la rencontre et l’écoute de Jésus.

C’est encourageant pour nous aujourd’hui. Quoiqu’il en soit de notre situation, approchons-nous de Jésus « toujours vivant pour intercéder »[3] en notre faveur. Il peut et il veut, si nous le voulons-nous aussi, nous rétablir, nous permettre de vivre notre quotidien tel qu’il est. Prenant en compte ce que je ne peux pas faire, « je m’ouvre aussi aux possibilités liées à toutes les choses que je peux faire. » et j’avance à mon rythme, sans me décourager, ni rêver à l’impossible. Heureuse de ce qui est ma portée, heureuse des relations créées à travers les difficultés.

Seigneur « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. »[4]


Invitation au Notre Père

Seigneur, aujourd’hui nous venons à toi qui nous rétablis et fais resplendir la vie par l’Évangile[5] et nous te chantons…

 Prière d’envoi

« Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent » Seigneur. À tous ceux qui souffrent de quelque mal fais la grâce de voir toutes les possibilités qui s’offrent à eux, d’en être transformés.

Que la Parole régénère les personnes qui s’approchent de toi. Que ton amour les rétablisse et les aide à vivre une relation nouvelle avec eux-mêmes, avec les autres, avec toi.

Toi qui es toujours vivant pour intercéder en notre faveur et nous conduire au Père dans l’Esprit dès maintenant et pour toujours.



[1] Cf. le verset de l’Alléluia

[2] Claude Lichtert  Il passait en faisant le bien (Ac 10, 38) Prendre soin, soigner, rétablir, guérir, sauver. Session à Hurtebise juillet 2022 ; 5ème conférence citation de Wyngaerden, François, et Muriel Allart. « Le rétablissement, nouveau paradigme ? », La Revue Nouvelle, vol. 6, no. 6, 2021, pp. 44-53.

Seulement cet article lui-même cite un autre : Deegan P.E., « Recovery : The lived experience of rehabilitation », Psychosocial rehabilitation journal, 1988.

[3] Hébreux 7,25 (1ère lecture)

[4]  Psaume 39 accompagnant la 1ère lecture

[5] Cf. le verset de l’Alléluia

mardi 17 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e mardi TO

(Rosy)

Ouverture

Il y a quelques semaines, nous avons été invitées à méditer autour de la question : quel est le nom que je donne à Dieu ? Comment est-ce que je le désigne dans ma prière ?

A partir des textes d’aujourd’hui j’ai envie de l’appeler “Dieu qui se repose”.

Jamais les hommes n’ont inventé cela !

Et pourtant, Jésus n’a pas cessé d’enseigner – par l’exemple – quel est le juste rôle du repos, en l’occurrence du sabbat. Nous allons donc un peu creuser cela; en écoutant aussi l’auteur de la lettre aux Hébreux “ne devenez pas paresseux”.

Avant de contempler Jésus et ses amis aux milieu des champs, unissons nos voix par les psaumes.

 Commentaire

Nous rejoignons donc Jésus sur les chemins champêtres de Galilée. Il a fait beaucoup de guérisons le jour du sabbat, mais ici, ce sont les disciples qui déclenchent la polémique. Ils se sentent libres vis-à-vis de la Loi, vis-à-vis du permis/défendu,

A propos du blé, le Dt prévoit: "Si tu traverses les moissons de ton prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la faucille sur la moisson de ton prochain"(Dt 23,26).

Mais à partir du moment où on qualifie de travail ce petit geste, il devient défendu le jour du sabbat.

On ne peut s’empêcher dès lors de s’interroger sur la raison d’être du sabbat. Ce qui ne peut que nous éclairer sur l’origine de notre dimanche qui, à partir de la prescription du sabbat, s’est bien sûr élargi, enrichi… en devenant le 1er jour de la semaine, jour de la résurrection.

Voyons cela en commençant par un peu d’étymologie : le nom du sabbat vient paraît-il d’une racine hébraïque signifiant « cesser, arrêter, chômer ». Comme le Dieu créateur nous en a montré l’exemple, il ne s’agit pas simplement de s’abstenir de travailler le 7e jour, mais bien de travailler 6 jours puis de s’arrêter pour se reposer de son labeur. Voici donc un premier élément.

Vient alors la question du « pour-quoi », et la réponse est riche et multiple.

Lisons dans le décalogue : (Ex 20,8) « Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu. »

Deux éléments seront chaque fois présents : d’une part celui d’un travail achevé… Mais qu’est-ce qu’un travail achevé, par exemple dans un monastère où la cloche interrompt si souvent le travail ? C’est une bonne question… Peut-être Dieu lui-même nous inspire-t-il la réponse dans la Genèse quand il vit que « cela était bon ». Non pas fini, mais bon.

Ainsi réfléchir sur le repos implique de réfléchir sur le travail.

En tous cas, sur la notion de repos après le travail, se greffe l’idée de jour sanctifié en l’honneur du Seigneur !

L’institution du sabbat en jour de repos hebdomadaire consacré à Dieu est donc un commande-ment explicitement formulé dans le Décalogue. Et, selon la Genèse, Dieu lui-même en a donné l’exemple :

« Et Dieu acheva le septième jour ses œuvres qu’il avait faites et il se reposa le septième jour de toutes ses œuvres qu’il avait faites. Et Dieu bénit le septième jour et le sanctifia »

Dieu ne s’est pas reposé parce qu’il était fatigué ! Mais bien parce qu’il avait tout achevé, c’est-à-dire a tout mené à sa perfection. Et Dieu lui-même « sanctifia » ce jour, lui donna un caractère consacré, sanctifié, « mis à part ». C’est donc un jour saint, un jour à part.

Cette prescription a encore une autre dimension, plus que jamais d’actualité : il s'agit d'offrir le repos en particulier aux travailleurs mais aussi aux animaux et, à travers eux, à toute la création.

“ Le septième jour est un sabbat pour YHWH ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. (Dt 5,14);

En sacralisant le sabbat, et en le vouant à la prière, loin des contingences quotidiennes, les juifs manifestent l'alliance entre Dieu et son peuple.

Et notre Dimanche ?

En Europe, le dimanche est considéré comme un jour de repos depuis ce cher Constantin qui en a fait le « Jour du Soleil » en hommage au Soleil invaincu. Puis le “dimanche” devint, pour les chrétiens, le premier jour de la semaine commémorant la Résurrection du Christ.

La méthode était énergique :  ainsi, au IVe siècle, plusieurs lois interdisaient les spectacles théâtraux et les courses de chars pour favoriser l'écoute des sermons des prédicateurs chrétiens !

Par la suite, tout travail fut prohibé, sauf les travaux des champs.

De nos jours, la legislation en a fait un jour chômé auquel des autorisations sont accordées. Peut-être trop d’autorisations d’ailleurs et surtout sur de mauvais critères, parfois très commerciaux.

L’évangile de ce jour resitue les choses : le Fils de l'Homme se déclare libre devant le sabbat, institué par Dieu mais réglementé par les hommes. Libre, non pas pour l'abolir, mais pour l'équilibrer et l'intérioriser dans le sens voulu par Dieu.

         "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,

           et moi, je vous donnerai le repos" (Mt 11,28).

L’épitre aux Hébreux invite à plusieurs reprises à "entrer dans le repos de Dieu", non pas seulement le 1er jour de la semaine, mais pour partager son repos aujourd’hui et sans fin.

C'est le Christ qui rythme, par son Esprit, les travaux et les jours de notre vie dans la foi.

C'est lui qui nous dit, de temps à autre, comme aux premiers disciples: "Reposez-vous un moment, à l'écart", et qui nous donne toujours quelques grains à froisser lorsque la route est longue et l'étape lointaine.

 Notre Père

Tournons-nous vers notre Père qui connaît nos labeurs et nos peines et prions-le d’un seul coeur.

 Oraison

 Sois béni, Seigneur Dieu, pour l’institution du dimanche : apprends-nous à le vivre selon ton désir, comme ce repos que tu nous offres après le travail, comme ce temps d’intimité avec toi ,vécu dans la prière et la célébration, dans l’attention aussi à tous ceux qui nous entourent : qu’’ainsi tu sois loué par tous nos frères humains et par toute la création.

Nous t’en prions, toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.

lundi 16 janvier 2023

Liturgie de la Parole, 2e lundi TO

(Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

La liturgie nous propose de poursuivre la lecture de l’épître aux Hébreux et de l’évangile de Marc.

Un fil rouge unissant les deux extraits de ce jour peut être celui de la nouveauté.

« Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré »

Cette déclaration solennelle, prononcée par Dieu et rapportée dans l’épître aux Hébreux, témoigne de la nouveauté du sacerdoce du Christ.

 

Dans l’évangile, nouveauté également.

Tandis que les disciples de Jean le Baptiste et des pharisiens jeûnent, il n’en va pas de même de ceux qui accompagnent Jésus :

« Les invités de la noce pourraient-ils jeûner, pendant que l’Époux est avec eux ? Tant qu’ils ont l’Époux avec eux, ils ne peuvent pas jeûner »


Une question que nous pose la liturgie aujourd’hui : comment entrer dans cette nouveauté ?

Avant d’approfondir un peu cette question, entrons dans le chant des psaumes, en communion avec les hommes et femmes de notre temps…

 

 

Méditation

 

Une page de l’Ecriture est toujours une Bonne Nouvelle.

Et la nouveauté absolue est celle du Christ.

Dans l’épître aux Hébreux, l’auteur témoigne de la nouveauté de son sacerdoce.

Un sacerdoce qu’Il a reçu de Dieu.

Si Jésus a fait l’expérience de la souffrance humaine, comme tout grand prêtre, il a aussi fait l’expérience de l’obéissance et fut ainsi conduit à la perfection.

Ce qui lui valut de recevoir un sacerdoce nouveau :

« Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité »

Il s’ensuit une fonction qu’il exerce envers tout homme : être « cause du salut éternel ».

 

Nouveauté également dans l’évangile :

« Pourquoi, alors que les disciples de Jean et les disciples des Pharisiens jeûnent, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? »

Une nouvelle attitude qu’appelle la présence de Jésus.

Sa déclaration est péremptoire :

« À vin nouveau, outres neuves »

 

Et nous, comment nous laisserons-nous atteindre par cette nouveauté ?

En ce Temps dit Ordinaire, la liturgie nous rappelle les fondamentaux.

Deux Bonnes Nouvelles nous sont annoncées aujourd’hui !

Bonne Nouvelle du salut, d’abord :

Nous pouvons nous appuyer sur l’intercession du Christ et l’appeler à l’aide.

En effet, Il ne peut que nous écouter, puisqu’Il connaît les peines et les joies de la vie humaine.

 

Bonne Nouvelle du compagnonnage avec Jésus, ensuite :

Même si Sa présence se fait parfois discrète, nous avons la mission de rechercher, de scruter… et de révéler Ses passages en nos vies et en notre monde.

 

En ce Temps Ordinaire, chaque jour peut être l’occasion d’une expérience extraordinaire !

Recevons ce temps de silence comme une chance pour nous rendre disponibles…

 

 

Temps de silence

 

Notre Père

Entrons dans la prière de Jésus, grand prêtre qui intercède pour nous…

 

Prière

En ce Temps Ordinaire, Seigneur, tu nous offres de faire l’expérience de la présence de Jésus en nos vies humaines et en notre monde. Grâce à Lui, nos prières trouvent un accès auprès de Toi et nous pouvons vivre dans la Joie du compagnonnage avec Lui. Accorde-nous la confiance et la foi, pour que notre vie reflète Ta présence. Nous te le demandons, Père, par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…