(Rosy)
Ouverture
Il y a
quelques semaines, nous avons été invitées à méditer autour de la question :
quel est le nom que je donne à Dieu ? Comment est-ce que je le désigne dans ma
prière ?
A
partir des textes d’aujourd’hui j’ai envie de l’appeler “Dieu qui se repose”.
Jamais
les hommes n’ont inventé cela !
Et
pourtant, Jésus n’a pas cessé d’enseigner – par l’exemple – quel est le juste
rôle du repos, en l’occurrence du sabbat. Nous allons donc un peu creuser cela;
en écoutant aussi l’auteur de la lettre aux Hébreux “ne devenez pas paresseux”.
Avant
de contempler Jésus et ses amis aux milieu des champs, unissons nos voix par
les psaumes.
Commentaire
Nous
rejoignons donc Jésus sur les chemins champêtres de Galilée. Il a fait beaucoup
de guérisons le jour du sabbat, mais ici, ce sont les disciples qui déclenchent
la polémique. Ils se sentent libres vis-à-vis de la Loi, vis-à-vis du
permis/défendu,
A
propos du blé, le Dt prévoit: "Si tu traverses les moissons de ton
prochain, tu pourras arracher des épis avec la main, mais tu ne porteras pas la
faucille sur la moisson de ton prochain"(Dt 23,26).
Mais à
partir du moment où on qualifie de travail ce petit geste, il devient défendu
le jour du sabbat.
On ne
peut s’empêcher dès lors de s’interroger sur la raison d’être du sabbat. Ce qui
ne peut que nous éclairer sur l’origine de notre dimanche qui, à partir de la
prescription du sabbat, s’est bien sûr élargi, enrichi… en devenant le 1er jour
de la semaine, jour de la résurrection.
Voyons
cela en commençant par un peu d’étymologie : le nom du sabbat vient paraît-il
d’une racine hébraïque signifiant « cesser, arrêter, chômer ». Comme le Dieu
créateur nous en a montré l’exemple, il ne s’agit pas simplement de s’abstenir
de travailler le 7e jour, mais bien de travailler 6 jours puis de s’arrêter
pour se reposer de son labeur. Voici donc un premier élément.
Vient
alors la question du « pour-quoi », et la réponse est riche et multiple.
Lisons
dans le décalogue : (Ex 20,8) « Souviens-toi du jour du sabbat pour le
sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage mais
le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton
Dieu. »
Deux
éléments seront chaque fois présents : d’une part celui d’un travail achevé…
Mais qu’est-ce qu’un travail achevé, par exemple dans un monastère où la cloche
interrompt si souvent le travail ? C’est une bonne question… Peut-être Dieu
lui-même nous inspire-t-il la réponse dans la Genèse quand il vit que « cela
était bon ». Non pas fini, mais bon.
Ainsi
réfléchir sur le repos implique de réfléchir sur le travail.
En
tous cas, sur la notion de repos après le travail, se greffe l’idée de jour
sanctifié en l’honneur du Seigneur !
L’institution
du sabbat en jour de repos hebdomadaire consacré à Dieu est donc un
commande-ment explicitement formulé dans le Décalogue. Et, selon la Genèse,
Dieu lui-même en a donné l’exemple :
« Et
Dieu acheva le septième jour ses œuvres qu’il avait faites et il se reposa le
septième jour de toutes ses œuvres qu’il avait faites. Et Dieu bénit le
septième jour et le sanctifia »
Dieu
ne s’est pas reposé parce qu’il était fatigué ! Mais bien parce qu’il avait
tout achevé, c’est-à-dire a tout mené à sa perfection. Et Dieu lui-même «
sanctifia » ce jour, lui donna un caractère consacré, sanctifié, « mis à part
». C’est donc un jour saint, un jour à part.
Cette
prescription a encore une autre dimension, plus que jamais d’actualité : il
s'agit d'offrir le repos en particulier aux travailleurs mais aussi aux animaux
et, à travers eux, à toute la création.
“ Le
septième jour est un sabbat pour YHWH ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage,
toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf,
ni ton âne ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes.
Ainsi, comme toi-même, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. (Dt
5,14);
En
sacralisant le sabbat, et en le vouant à la prière, loin des contingences
quotidiennes, les juifs manifestent l'alliance entre Dieu et son peuple.
Et
notre Dimanche ?
En
Europe, le dimanche est considéré comme un jour de repos depuis ce cher
Constantin qui en a fait le « Jour du Soleil » en hommage au Soleil invaincu.
Puis le “dimanche” devint, pour les chrétiens, le premier jour de la semaine
commémorant la Résurrection du Christ.
La
méthode était énergique : ainsi, au IVe
siècle, plusieurs lois interdisaient les spectacles théâtraux et les courses de
chars pour favoriser l'écoute des sermons des prédicateurs chrétiens !
Par la
suite, tout travail fut prohibé, sauf les travaux des champs.
De nos
jours, la legislation en a fait un jour chômé auquel des autorisations sont
accordées. Peut-être trop d’autorisations d’ailleurs et surtout sur de mauvais
critères, parfois très commerciaux.
L’évangile
de ce jour resitue les choses : le Fils de l'Homme se déclare libre devant le
sabbat, institué par Dieu mais réglementé par les hommes. Libre, non pas pour
l'abolir, mais pour l'équilibrer et l'intérioriser dans le sens voulu par Dieu.
"Venez à moi, vous tous qui
peinez sous le poids du fardeau,
et moi, je vous donnerai le
repos" (Mt 11,28).
L’épitre
aux Hébreux invite à plusieurs reprises à "entrer dans le repos de Dieu", non
pas seulement le 1er jour de la semaine, mais pour partager son repos
aujourd’hui et sans fin.
C'est
le Christ qui rythme, par son Esprit, les travaux et les jours de notre vie
dans la foi.
C'est
lui qui nous dit, de temps à autre, comme aux premiers disciples:
"Reposez-vous un moment, à l'écart", et qui nous donne toujours
quelques grains à froisser lorsque la route est longue et l'étape lointaine.
Notre
Père
Tournons-nous
vers notre Père qui connaît nos labeurs et nos peines et prions-le d’un seul
coeur.
Oraison
Sois
béni, Seigneur Dieu, pour l’institution du dimanche : apprends-nous à le vivre
selon ton désir, comme ce repos que tu nous offres après le travail, comme ce
temps d’intimité avec toi ,vécu dans la prière et la célébration, dans
l’attention aussi à tous ceux qui nous entourent : qu’’ainsi tu sois loué par
tous nos frères humains et par toute la création.
Nous
t’en prions, toi qui vis avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour
toujours.