lundi 31 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 4ème lundi TO

 (sœur Marie Raphaël)

Ouverture

Nous faisons mémoire de saint Jean Bosco, témoin de « la joie de Dieu qui change tout en espérance ». Un éducateur hors pair, pétri de sagesse et de patience, pour rendre leur dignité à tous ces jeunes qui lui étaient confiés. C’est l’occasion de prendre dans notre prière ce midi tous ceux qui ont la charge d’éduquer. Toute la famille salésienne, tous les jeunes. Surtout en cette période compliquée de la pandémie.

Résonances

Est-il possible d’être à la fois un bon roi et un bon père ? Le récit de la vie de David est plein de rebondissements. Ce qui rend le récit biblique si fort, si juste, c’est qu’il n’édulcore pas, il n’élude pas les difficultés, la complexité des relations humaines. David n’est pas parfait, il est humain. Nous l’avons déjà vu dans les récits précédents. Aujourd’hui, il est question de sa relation avec son fils Absalom. Absalom a une étoffe de roi, mais il est ambitieux et brutal. Il n’a pas craint de tuer son demi-frère Amnone qui, lui, avait violé Tamar, la sœur d’Absalom. Après cela, David n’a rien dit. Pendant plusieurs années, il n’y a eu aucune parole, aucun dialogue entre David et ses fils. Alors, maintenant, on a de la peine à comprendre l’attitude de David qui s’enfuit à l’approche d’Absalom. Sinon pour limiter les violences et l’effusion de sang.

C’est un moment de honte et de désarroi. Nous assistons à l’un de ces moments où apparaît toute la fragilité, la vulnérabilité de ce héros. Les paroles de malédiction que lui lance Shimeï ne l’atteignent pas autant que la honte et la tristesse de cet échec dans la relation avec son fils Absalom. Ce fils qu’il continue cependant à aimer profondément, comme nous le verrons demain.

Pris entre deux amours, celui de son peuple qu’il doit défendre, et celui de son fils, David ne sait que choisir, il perd pied. Devant l’impasse, son ultime réflexe est de s’en remettre à Dieu.

L’histoire du possédé de Gérasa peut être lue à partir du même constat : les possessions, les chaînes, les addictions, les impasses qui nous guettent sont multiples, sont « légion ». Elles peuvent nous entraîner malgré nous dans une autodestruction. Jésus redonne la parole. Au-delà des cris, une parole sensée, raisonnable. Et cela enclenche une profonde libération. Peut-être est-ce cela qui a manqué dans la relation entre David et Absalom ? Le dialogue ? Peut-être est-ce cela qui sauvera le monde ? La parole échangée ?

Prière

Seigneur, tu connais nos blessures, nos égarements. Mais en toute circonstance, nous savons que tu es présent, prêt à nous tendre la main, à nous sauver. Béni sois-tu pour ton Fils Jésus, qui a pris sur lui nos humiliations, qui n’a pas refusé la douleur et la croix, qui nous a ouvert la voie du salut. Entraîne-nous à sa suite dans la confiance et la vérité.

vendredi 28 janvier 2022

Liturgie de la Parole 3ème vendredi TO - saint Thomas d'Aquin

 (sœur Marie-Christine)

Introduction : 

Bonjour, et bienvenue à cette célébration de la Parole qui nous rassemble en Église pour célébrer le Seigneur. En ce 28 janvier nous faisons mémoire de saint Thomas d'Aquin qui a vécu au 13è siècle. Il est né à Aquin en Sicile, nous pouvons prier en ce jour pour cette contrée et aussi pour ceux qui y luttent contre la Maffia.

Après des études au Mont Cassin, chez les bénédictins, Thomas entre dans le jeune ordre des frères prêcheurs fondé par saint Dominique. Élève de saint Albert le Grand à Paris, puis successivement professeur en Allemagne à Cologne, en Italie, à Paris avant de revenir en Italie d'où il se met en route pour le concile de Lyon. Il meurt durant le voyage le 7 mars 1274 à 50 ans. C'est un européen à qui nous pouvons confier l'Europe et ses habitants, ses étudiants et ses professeurs, et aussi ses étrangers et ses migrants.

Mises au premier plan durant longtemps, maintenant souvent reléguées, ses œuvres ont été desservies par ceux qui les ont absolutisées… en en oubliant la démarche fondée très fortement et sur l'Écriture et sur la philosophie. Sa Somme Théologique est centrée sur le Christ, source et cause du cheminement des hommes vers la participation par grâce à la vie du Dieu Trinité. Il rappelle le rôle décisif de l'Esprit Saint dans la vie chrétienne ! Bien avant le 20ème siècle !

Qu'il nous aide à nous centrer sur le Christ et à nous laisser conduire par Lui dans l'Esprit vers le Père.

À la suite de saint Thomas et de tant de chrétiens prions les Psaumes de ce jour en portant les homes et femmes de notre temps.

Méditation : 

La liturgie nous offre deux textes apparemment très loin l'un de l'autre. Pourtant le péché de David que nous relate la première lecture commence par une petite chose : normalement le roi marchait à la guerre avec ses troupes. Et David envoie son armée au combat, mais reste tranquillement à Jérusalem. Cela le conduira à voir, désirer, prendre la femme d'un de ses chefs militaires et de faire tuer celui-ci ! Sans même prendre conscience de la gravité de sa faute.

Dans l’évangile Jésus raconte deux paraboles de semences qui poussent et grandissent. La première surtout est propre à Marc et je vous la relis : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour,
qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé.
 »

J’ai toujours regardée cette semence comme jetée en terre par Dieu lui-même . Mais peut-être que la semence est jetée par l’homme dans la terre de son cœur, et cette « semence germe et grandit il ne sait comment. » Qu’est-ce que je sème en mon cœur, de quelles pensées et actes est-ce que je l’ensemence ?

Les deux possibilités ne s’excluent pas car la semence c’est finalement le règne de Dieu jeté dans les cœurs de manière qu’il puisse germer et grandir par la force de croissance que le Seigneur met constamment en lui.

Aussi je vous propose d’avoir devant les yeux de votre cœur la carte de vœux que nous avons envoyée communautairement cette année. Cette petite pousse verte dans la neige, est debout, malgré les intempéries et le froid ! En elle est l’espérance et la force de la croissance.

Et le texte qui l’accompagne :

« Que dit-elle,

L’espérance,

Qui émerge en tout silence ?

Elle murmure

Sans relâche :

« Dieu est avec nous ».

Prenons un temps de silence, et laissons cette semence, cette présence de « Dieu-avec-nous », Emmanuel, germer et grandir en nous. Qu’elle germe et grandisse aussi dans tous les cœurs

Introduction au Notre Père : 

« Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. » Tournons vers le Père qui fait germer et grandir dans les cœurs la semence de son règne et chantons lui avec les mots reçus du Seigneur Jésus…

Prière d’envoi : 

Seigneur Emmanuel, Dieu-avec-nous, ta présence et ton action en ce monde restent souvent cachées, et tes serviteurs sont parfois tentés par le découragement. Ranime en eux l’espérance et la confiance et fais germer la semence que tu as jetée sur notre terre.

Toi qui vis et règne avec le Père dans l’Esprit dès maintenant et jusque dans la vie qui ne finit pas.

jeudi 27 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 3e jeudi TO

 (Danièle)

 Introduction

Aujourd'hui, dans le deuxième livre de Samuel, le prophète Nathan a transmis les paroles de Dieu à David « je te bâtirai une maison », alors, avec David on peut se demander qui suis-je pour que tu t'intéresses à moi, et qu'est-ce que ma maison ?

Dans st Marc, c'est l’Évangile de la lampe et de la mesure. Cette parabole vient juste après l'application de la parabole du semeur. Ce n'est pas un hasard, il y a des analogies entre les deux paraboles.

La lumière ne peut être cachée, elle passe sous les portes, par le trou de la serrure, par toutes les brèches pour éclairer, réchauffer, guider, orienter...

Nous le savons, l’Évangile est une sorte de message intérieur envoyé par l'Esprit à tous ceux qui veulent bien entendre... « faites attention à ce que vous entendez » a dit Jésus... N'est-ce pas une invitation à nous interroger sur notre qualité d'écoute de la Parole...

Commençons cette célébration en chantant les psaumes...

Après l’Évangile

Cette fois, Jésus parle d'une évidence. Qui voudrait cacher une lampe dans un endroit où elle n'éclaire pas ? Jadis, lors de coupures de courant, mes parents allumaient une bougie et la plaçaient sur la cheminée, ou sur la table pour qu'elle éclaire toute la pièce. Et la lumière rassurante, chassait l'obscurité.

Ici, la lumière, c'est Jésus. « Je suis la lumière du monde » a-t-il dit en st Jean. Sainte Thérèse de Lisieux disait « Jésus, l'astre qui guide mes pas »...

Il est la lampe qui nous conduit. Sa Parole nous éclaire, sa Parole est lumière, Jésus  nous annonce le mystère du royaume en paraboles, en paroles et en actes.  Un royaume et un roi qui seront révélés le jour de sa Pâque. L’Évangile, sa Parole, doit éclairer le monde entier. C 'est  une force universelle qui atteint tous les hommes.

En attendant, pour que toutes ces choses nous soient révélées, et que nous les mettions en pratique, il faut d'abord écouter « écoute, prête l'oreille de ton cœur » dira st Benoît... Quand nous la recevons, nous devenons rayonnant(e)s, non comme un phare qui aveugle ou humilie mais comme une flamme discrète qui fait briller la Vérité. Mais apparemment, proclamer la Parole, ne suffit pas...

« Faites attention à ce que vous entendez ! La mesure que vous utilisez sera aussi utilisée pour vous ». Qu'est-ce que ça veut dire ? Ne faut-il pas donner à celui qui n'a rien ? D'après Marc, « celui qui n'a pas, on lui enlèvera même ce qu'il a ».  Ça me dérange un peu parce que je pense aux  « indulgences » qu'il fallait gagner jadis pour être sauvé. Mais non, ce n'est pas cela, on n'achète pas Dieu. Il en va de notre responsabilité d'ouvrir notre cœur à l’Évangile. Y entrer de plus en plus, nous rapproche de plus en plus de Dieu.

Plus nous ouvrons notre cœur à la Parole, plus nous la ferons nôtre, plus nous recevrons au dernier jour.  La mesure de notre accueil, sera la mesure du royaume en nous, … heureusement, la mesure du don de Dieu dépasse infiniment la mesure de notre accueil à Dieu...

Le concile Vatican II affirme « qu'un germe divin est déposé en chacun de nous ». Celui qui n'a rien, a refusé de recevoir, il se fera donc enlevé ce qu'il a reçu gratuitement du don de Dieu. Celui qui ferme volontairement son cœur à la Parole, se détourne de Dieu et refuse ainsi sa grâce. Ça ne veut pas dire que les non-croyants ne seront pas sauvés, « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font »... Dieu est Amour.

L'analogie avec la parabole du semeur, est évidente, celui qui reçoit la bonne semence symbolise celui qui écoute la Parole et la fait fructifier ; celui qui place la lumière sur le chandelier symbolise ceux qui entendent la Parole et la lèvent pour que sa lumière éclaire toute l'humanité...

Si nous acceptons la Parole de Dieu, nous sommes convaincues qu'elle est Lumière, qu'elle est notre guide. Nous recevrons encore davantage. Nous devons cependant faire attention aux barrières rencontrées qui pourraient obscurcir la lumière... Semons la Parole et sans en avoir l'air, elle ira jusqu'au bout du monde.

Aujourd'hui, on retrouve deux grands thèmes dans ce texte : le thème de la puissance de l’Évangile (parabole de la lampe) et le thème de notre responsabilité à l'égard de la Parole, c'est la parabole de la mesure. Il faut que l’Évangile soit  manifesté au plus grand nombre, comme la lampe qui éclaire toute la maison.

 Invitation au Notre Père

Je vous lis quelques phrases d'un texte de Charles Singer.

« Je vous souhaite la lumière qui vient de la tendresse donnée et reçue, elle fait reculer les frontières de toutes les nuits,

Je vous souhaite la lumière qui vient de la présence du Christ, si vous avancez avec lui, recevant son pain et sa parole, quelle nuit pourrait s'emparer de vous ?

Je vous souhaite la lumière qui vient de la joie, lorsque des frères et des sœurs sont relevés dans leur humanité, la nuit perd alors son pouvoir sur la terre... »

 Frères et sœurs unis dans la tendresse d'un même père, chantons la prière avec les paroles que Jésus nous a apprises.

 Prière finale

Seigneur, toi qui es lumière, guide nos pas, ouvre nos cœurs à ton message, aide-nous à entendre et comprendre ta Parole à travers tous les signes que nous recevons.

Nous avons des occasions de laisser briller la lumière de notre foi, donne-nous l'audace de témoigner et de laisser resplendir la joie de te connaître.

Parfois, nous sommes sourds, bénis-nous et bénis aussi tous ceux qui ne te connaissent pas encore afin qu'ils deviennent et que nous devenions attentifs à ta Parole.

vendredi 21 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 2e vendredi TO

 (Isabelle)

Ouverture :

Aujourd’hui, nous faisons mémoire de Sainte Agnès. Encore très jeune fille, Agnès offrit à Rome un témoignage suprême de foi et consacra par le martyre la marque de sa pureté. Voici la profession de foi que la tradition romaine met sur ses lèvres : « Au Christ seul j’appartiens sans réserve : je viens vers Toi, Père très Saint, Toi que j’ai aimé, cherché et désiré ».

Nous entendrons la lecture du livre de Samuel (1 S 24, 3-21). Dans cet épisode épique, Saül, le roi déchu, poursuit David et se trouve à sa merci dans une grotte. David le laisse partir sans l’inquiéter, parce que Saül a été, en son temps, l’élu de Dieu. Saül reconnaît en David un juste, digne d’être roi d’Israël.

Depuis une dizaine de jours, nous apprenons comment Jésus agit et entraîne l’adhésion de ses disciples. Aujourd’hui, l’Evangile de Marc (Mc 3, 13-19) nous dit comment, sur la montagne, le lieu où Dieu se manifeste, Jésus « appela ceux qu’il voulait », et « en institua 12 pour qu’ils soient avec lui ». Il les choisit de différentes origines, de différentes conditions sociales. Il les appelle par leur nom. Ils sont « Les 12 », comme les 12 tribus d’Israël, symbolisant la totalité du peuple de Dieu jusqu’à la fin des temps. Ils sont 12, proches de Jésus, confiants, compagnons participant activement à ce fabuleux projet de Dieu. Ils seront envoyés, deux par deux,  proclamer la Bonne Nouvelle.

Avant d’écouter les lectures et de méditer l’Evangile, adressons nos chants de louange au Seigneur.

 

Méditation : Mc 3, 13-19

Après avoir lu et relu l’Evangile de Marc que nous venons d’entendre, je me suis dit : « Qui suis-je pour parler de l'appel du Seigneur à des moniales ? » 

C’est moi qui devrais vous écouter à ce sujet ! Alors, vous, « les 15 bénédictines d’Hurtebise »,  je vous ai passées en revue, une par une, avec les yeux du coeur. J'ai prononcé votre nom. Ce n'est pas n'importe quel nom ! Ce n’est pas n’importe quelle personne, non plus ! Je me suis souvenue de ce que vous m'avez dit de votre appel, de votre vocation, si tant est que nous en ayons parlé. A la question du Seigneur : « Quel est celui qui aime la vie et désire couler des jours heureux ? [1] »,  je vous ai entendues répondre : « Eh bien, moi !  » « Me voici !».  Je vous ai contemplées dans votre mission, peu banale il faut le dire. Je vous ai écoutées dire les paroles du Christ, lire les paroles de l’Evangile, porter des intentions de prières, chanter et louer le Seigneur. J’ai remercié Dieu pour tout ce que vous témoignez, tout ce que vous partagez. J’ai prié avec vous, pour vous.

J’ai pensé aussi aux prêtres qui nous accompagnent, aux amis, aux hôtes, à ceux qui ont compris qu’un oui était gravé au fond de leur être et  se sont franchement engagés à suivre le Christ,  à ceux qui n’osent pas trop, à ceux qui cherchent et ceux qui ne cherchent pas encore, et « à ceux qui ne peuvent croire et donnent leur vie au service des autres[2]» ... « Tous appelés par le Seigneur, sans exception », disait Frère Roger de Taizé. Il est là le message de cet évangile : Tous appelés par Dieu, sans exception. Chacun, chacune, individuellement, par son nom. Tous appelés à accompagner le Christ, à participer au projet divin. Avec une foi très grande ou une foi toute petite. Libres de dire « Oui », « Pas encore » ou même « Non ».

Vous êtes devant moi aujourd'hui, choisies du Seigneur qu'il voulait au plus proche de lui. Vous êtes là aussi, devant mes yeux et dans mon cœur, amis en communion, « agissant chacun suivant les dons distribués par l’Esprit [3]». « Je suis convaincue que nous sommes une épiphanie de Celui qui nous a appelés[4] ».

Je vous invite - je nous invite -, à entrer dans un silence peut-être un peu plus long que d’habitude, pour nous souvenir de l'appel que nous avons reçu du Seigneur et pour nous réjouir de la réponse que nous lui avons apportée, du « Oui, je suis là, avec Toi » que nous apportons encore chaque jour, avec nos forces et notre enthousiasme, avec nos faiblesses et nos difficultés.

Enrichissons ce silence en rendant grâce au Seigneur pour l'appel de chacune de nos sœurs, de nos frères, car c’est ensemble que nous pouvons œuvrer, dans la diversité de notre communauté, de la famille bénédictine et des Eglises du monde. Il est là aussi le message de cet évangile : Ensemble, aujourd’hui, comme hier, comme demain, avec Lui, par Lui et en Lui, Peuple de Dieu jusqu’à la fin des temps.


Invitation au Notre-Père

Témoignons notre foi et notre engagement à suivre ensemble Jésus, en reprenant la prière qu’il nous a apprise.


 Prière finale

Seigneur, nous sommes tous appelés par Toi à une relation intime avec le Christ et notre « Oui » nous conduit à vivre une vocation, notre vocation. Elle peut prendre des formes multiples, à des moments différents de notre vie, à des endroits différents, suivant notre origine ou notre héritage.

Nous sommes appelés à témoigner de ce que tu as déposé en nous, à vivre de Ta Parole, à vivre selon ta Parole. Tu nous mènes vers un ailleurs merveilleux, « glorieux », pas toujours facile à appréhender. Aide-nous dans cette voie, individuellement et collectivement, avec tous les chrétiens, en unité.  Nous te le demandons, à toi qui règnes avec le Fils et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles, Amen.


[1] Prologue de la règle de Saint Benoît

[2] C’est le texte d’une intention souvent priée par les frères de Taizé

[3] 1Co 12, 4-11

mercredi 19 janvier 2022

Liturgie de la Parole – 2e mercredi TO

(Rosy)

Introduction

Les deux lectures de ce jour sont marquées par la peur, la haine, la volonté de mettre à mort…

On peut admirer le petit David, il n’empêche que cet épisode du combat contre Goliath - et donc les Philistins - est un sommet de violence sans retour. Jésus aussi se trouve face à un « clan » ennemi mais il vient nous montrer comment réagir dans l’adversité.

Que le chant des psaumes nous fasse entrer dans l’accueil de la Parole.

Commentaire

Comment vous représentez-vous David devant Goliath ? Petit berger, roux et beau, déjà oint pour le Seigneur… ? Tant d’artistes l’ont représenté !

Mais je parie que la plupart d’entre nous ont aussi l’image du David de Michel-Ange. Célèbre dès la création de l’œuvre par l’exploit du sculpteur d’avoir travaillé un bloc de marbre crevassé dont on  n’avait rien pu tirer.

Je suis frappée par le paradoxe que représente ce chef-d’œuvre. Une statue colossale – 5,17 m ! – pour représenter un « enfant » comme le dit Saül.

Ce qui est drôle c’est que Goliath, d’après la Bible, avait à peine 3 m !

Michel Ange est un des rares qui a choisi de représenter David au moment de sa plus grande vulnérabilité, avant le combat. Il est seul , sans protection, avec sa petite fronde, une arme de chasse, presque un jouet. Beaucoup d’autres ont préféré le représenter vainqueur, le pied sur le corps du géant décapité, son épée ensanglantée à la main… renforçant l’image de violence.

Michel-Ange a fait de David une statue immense ! Le récit souligne la disproportion entre la force de Goliath et la faiblesse de David !

Mais, en présence de Dieu, comme l’artiste le manifeste, le rapport s’inverse.

Jésus est le fils de David, car il fait triompher la vie de la mort, en dépit de sa propre fragilité.

Cet épisode est évidemment très connu : il faut dire qu’il occupe un chapitre entier du premier livre de Samuel. A noter que dans le second livre de Samuel, en un seul verset, David en tuera 4, de géants, tous plus menaçants les uns que les autres, tous venant de Gath comme Goliath !

Mais le dessein de David semble assez mitigé, car – nous ne l’avons pas lu – il s’est d’abord amplement renseigné sur la récompense promise par le roi !

« David contre Goliath » L’expression reste utilisée jusqu’à ce jour, mais dans un sens déformé : car aujourd’hui, dans le combat de David contre Goliath, c’est le plus souvent Goliath qui gagne !

Ce qui sauve cet épisode, ce sont les mots: d’une part, bien sûr, ce sont malédictions, insultes, menaces, mais dans la bouche de Saül et de David, c’est l’idée que le Seigneur accompagne, combat, sauve. Avec lui, osons donc défier les géants qui nous menacent !

 L’évangile nous rapporte un autre combat : celui du Fils de David qui sauve un homme de son infirmité, mais surtout qui tente de sauver ces interlocuteurs qui sont esclaves de la loi. Comme David, Jésus est vulnérable face à ses opposants qui vont en effet décider de sa mise à mort.

Le texte rapporte peu de paroles, et uniquement dans la bouche de Jésus. Les pharisiens ont peur de parler, et l’homme doit être bouche bée, déjà mal pris d’être ainsi au centre.

Par contre, nous connaissons les sentiments de Jésus : il est partagé entre colère et tristesse.

Il l’exprime clairement et longuement en parcourant le groupe des yeux.

Jésus est blessé par l’endurcissement des cœurs. Et pourtant, il ne désespère pas, il est clair qu’il veut encore faire une tentative, à ses risques et périls. A eux qui aiment discuter et palabrer, il pose deux questions qui n’en font qu’une, des questions en lien direct avec leurs convictions : « est-il permis ? » Et lui, le sauveur, demande : « est-il permis de sauver ? »

Quelle force dans cette question ! Je lis cela comme une porte ouverte, une dernière chance de changer leur point de vue, de se laisser interpeler, de se convertir.

Que nous apprennent les protagonistes de ce court épisode ?

Le groupe des pharisiens nous met en garde contre nos penchants légalistes, mais surtout – je pense – il nous invite à ne pas juger, même pas à traiter les pharisiens de… pharisiens !

L’infirme manifeste combien l’action de Jésus est sans condition. Connaît-il Jésus ? A-t-il la foi ? Qu’attend-il ? Il se contente d’exécuter les ordres de Jésus : lève-toi – viens – étends.

Il ne demande rien, ne déclare rien, ne remercie pas… A-t-il même reconnu son sauveur ? Mais c’est la première parole de Jésus qui le met debout ! Cela lui permet de s’avancer et d’affronter les regards. Jésus a besoin de chacun d’entre nous, et ce n’est pas à nous à juger du possible.

Et enfin, bien sûr, il y a Jésus qui n’a de cesse d’aller vers ceux qui refusent le Royaume, car c’est bien lui qui prend l’initiative.

Pour lui aussi, tout passe dans son regard quand il les regarde longuement…

Essayons de nous laisser interpeler par ce regard, laissons-nous regarder par Jésus !

Comment ne pas entendre ce désir de Jésus de nous voir marcher avec lui.

Il nous appelle sans fin à la conversion qui nous rapprochera de lui et de nos frères.

 Notre-Père

Jésus nous a montré toute la force de son amour pour les hommes. Il nous a invité à nous tourner tous ensemble vers son père qui est notre père. Prions avec les mots qu’il nous a appris.

 Oraison

Seigneur Jésus, tu viens sans cesse à nous, tu nous regardes, tu nous mets debouts, tu nous prends à ton service. Tu n’attends que notre acquiescement à ton dessein divin. Donne-nous de te répondre en nous levant, en nous avançant… en te faisant une totale confiance.

Nous te le demandons, toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.


lundi 17 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 2e lundi TO

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Hier, nous étions à Cana pour un repas de noces. Aujourd’hui, il sera encore question de l’Epoux et du vin nouveau. Nous faisons aussi mémoire de saint Antoine le grand, le champion du désert… Lui qui jeûnait beaucoup, lui le grand ascète, qu’aurait-il pensé des lectures d’aujourd’hui ? Mais il était passionné, il était fou de Dieu, il connaissait la sobre ivresse de l’Esprit saint ! Avec lui, prolongeons la joie du banquet en plongeant dans le bon vin de la parole de Dieu !

Résonances

-       Pourquoi n’as-tu pas obéi à la voix du Seigneur ?

-       Mais j’ai obéi à la voix du Seigneur !

-       Les Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ?

On assiste, dans la première lecture, à la fin de la royauté de Saül, la goutte qui fait déborder le vase et qui amène Dieu à se repentir de l’avoir fait régner sur Israël. Quel est l’enjeu ?

Dans ce qui précède, Dieu a demandé solennellement à Saül, par l’intermédiaire de Samuel, d’aller combattre Amalec. Il lui a enjoint de vouer à l’anathème tout ce qui lui appartient. Tout : « l’homme comme la femme, l’enfant comme le nourrisson, le bœuf comme le mouton, le chameau comme l’âne ». L’anathème, c’est vraiment une destruction totale, radicale. De la part de Dieu, cela nous paraît révoltant. Qu’est-ce qui se cache derrière cet ordre brutal ?

Il est permis de lire ce récit dans un sens allégorique. Amalec a « barré la route à Israël au moment de la sortie d’Egypte ». Ainsi, Amalec représente ce qui empêche d’accéder à la pleine liberté de l’alliance. Pour permettre au peuple d’entrer dans l’alliance, Dieu demande à son roi d’exterminer radicalement Amalec, d’exterminer radicalement l’obstacle à la liberté. Or, que se passe-t-il ? Saül remporte facilement la victoire, il extermine bien tout le peuple, mais il capture vivant Agag, le roi d’Amalec. Il épargne aussi le meilleur du petit et du gros bétail. De connivence avec le peuple (qui ne veut pas voir se perdre un si beau butin), il décide d’épargner le meilleur et de ne vouer à l’anathème que ce qui est sans valeur et de moindre qualité. La lecture allégorique saute aux yeux. Quand Dieu nous demande d’éradiquer le mal à la racine, il suppose que nous supprimerons d’abord et surtout ce qui en est la cause. Si la victoire contre le mal épargne le prince du mal, cette victoire est une défaite. Dieu leur demande de ne faire aucun butin, de tout vouer à l’anathème, mais ils laissent au contraire la victoire leur tourner la tête au point de retomber dans la convoitise. Or, c’est précisément la convoitise qui les empêche d’accéder à la pleine liberté de l’alliance !

Quand vient le prophète pour mettre le doigt sur cette désobéissance, ils essaient de se justifier, de se dépatouiller en arguant qu’ils avaient justement l’intention de les offrir à Dieu en sacrifice et que c’est pour cela qu’ils les avaient épargnés. Mensonge grossier qui ne fait qu’en rajouter. On verra à la fin du chapitre à quel point Dieu est dégoûté des manigances de Saül.

Il y a un lien que l’on peut faire avec l’évangile. On demande à Jésus pourquoi ses disciples ne jeûnent pas… Les pratiques d’ascèse, comme le jeûne, à l’instar des sacrifices et holocaustes de l’ancienne alliance, peuvent être vécus comme des moyens pour se rapprocher de Dieu. Mais ces moyens peuvent aussi aboutir à un résultat opposé, à une plus grande distance d’avec Dieu, en servant de prétexte à la convoitise et à l’orgueil. Que dit Jésus ? En parlant de la présence de l’Epoux, je pense qu’il nous invite à remettre au centre ce qui doit l’être : la rencontre avec Dieu, la présence de Dieu, la joie de cette présence qui est semblable à la joie des épousailles. Plutôt que de se braquer sur ce qui est permis / défendu, considérer le don, la grandeur du don qui nous est fait, pour ne jamais oublier de nous réjouir et de rendre grâce. Passer résolument du côté du vin nouveau !

Prière

Seigneur, tu es l’Epoux dont la présence nous apporte la plénitude de la joie. Viens encore nous manifester ta gloire ! Tu offres le vin nouveau de ton alliance : fais de nous des outres neuves capables de te recevoir. À ceux qui se laissent engluer dans la morosité de la tristesse, donne le vin de ta joie. À ceux qui se durcissent dans le mépris, donne la douceur de ton Esprit. À ceux qui veulent te servir avec droiture, donne l’ivresse de la générosité. Toi qui…

mercredi 12 janvier 2022

Liturgie de la Parole, 1er mercredi du TO

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

« Heureux celui que ton visage a fasciné » … Le chant d’entrée a été choisi pour faire honneur à saint Aelred de Rievaulx. Même s’il ne figure pas dans notre ordo liturgique, nous aimons faire mémoire de ce grand cistercien du 12ème siècle, qui a connu saint Bernard, et qui a rédigé de nombreux ouvrages, dont le traité sur l’amitié spirituelle. Pour lui, toute véritable amitié prend sa source dans l’amitié du Christ. Rendons-nous disponibles à Dieu, Celui qui nous appelle aujourd’hui à entrer dans son amitié !

 Résonances

« Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté ». Ce refrain du psaume 39 que nous avons chanté pourrait bien être le fil rouge des lectures de ce jour. Selon la lettre aux Hébreux, ce psaume 39 est celui que le Christ chante en entrant dans le monde : « tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste, ni victimes, alors j’ai dit : « voici je viens ». Et nous avons vu, dans l’évangile, à quel point Jésus se rend disponible aux événements, aux rencontres, et aussi à la prière.

« Me voici ! ». C’est la réponse spontanée, généreuse, du jeune Samuel, par trois fois, sans même connaître celui qui l’appelle. Merveilleuse disponibilité de l’enfant, ouverture à la grâce qui adviendra. En disant « me voici », il se situe dans la ligne d’Abraham, de Moïse. « Me voici », c’est comme le mot de passe qui permet au Seigneur d’entrer dans sa vie pour l’orienter vers lui.

Mais la surprise, en fait, c’est que « me voici » est d’abord et avant tout la parole de Dieu lui-même. C’est même son nom, son identité, comme le dit le prophète Isaïe : « Eh bien, mon peuple saura quel est mon nom. Oui, ce jour-là, il saura que c’est moi-même qui dis : « me voici » ! (Is 52,6).

Et saint Benoît ne manque pas de nous le rappeler dans le prologue de RB, quand il décrit la scène où le Seigneur se cherche un ouvrier dans la foule : il dit « quel est l’homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? » Si, à cette demande, tu lui réponds : « moi », Dieu te réplique : « Si tu veux avoir la vie véritable et éternelle, interdis le mal à ta langue … détourne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix avec ardeur et persévérance. Et lorsque vous agirez de la sorte, mes yeux seront sur vous et mes oreilles attentives à vos prières, et avant même que vous ne m’invoquiez, je vous dirai : « me voici ».

Et saint Benoît d’ajouter avec émerveillement : Quoi de plus doux, frères très chers, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voyez comme le Seigneur lui-même, dans sa bonté, nous montre le chemin de la vie. (Prologue v. 15 à 20)

Un jour, le jeune Aelred de Rievaulx a entendu cet appel, et il a répondu « me voici ». Et il a fait l’expérience que Dieu se faisait connaître à lui comme celui qui l’avait précédé dans ce « me voici ». Un jour peut-être, sans doute, déjà, chacun de nous a fait cette expérience. Si nous nous rendons présents à lui, nous découvrons qu’il est déjà là, qu’il nous attend.

 Prière

Cherche-nous, Seigneur, et nous te chercherons. Trouve-nous et laisse-toi trouver par nous. Frappe à notre porte et ouvre-nous la tienne. Fais-nous entrer chez toi, fais-nous découvrir ta présence en nous. En ton Fils Jésus, tu nous as dit une fois pour toutes : « me voici ! ». Donne-nous de le suivre et de répondre avec confiance : « parle, Seigneur, et nous écouterons ».

lundi 10 janvier 2022

Liturgie de la Parole 1er lundi du TO

 (sœur Marie-Christine)

 Introduction :

Bonjour et bienvenue en cette célébration qui ouvre le temps dit « ordinaire » ; « ordinaire », le temps ne l'est jamais ! C'est le temps de la vie quotidienne, le temps de la vie chrétienne au long des jours ; le temps de creuser des livres bibliques et des évangiles lus plus ou moins en continu.

Nous ouvrons le 1er livre de Samuel sur la situation d'une famille qui va prier au Temple ; une famille avec ses conflits internes, ses défis, ses divisions ; avec la souffrance d'une femme stérile blessée moralement par sa rivale et qui n'en peut plus.

Portons dans notre cœur et notre prière toutes les familles de notre temps.
Nous ouvrons aussi l'évangile de Marc avec la toute première prédication de Jésus et l'appel des 4 premiers disciples 
: « Les temps sont accomplis :  le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

Nous fêtons en ce jour saint Grégoire évêque de Nysse en Cappadoce ( dans l'actuelle Turquie) au 4ème siècle. Il a écrit entre autres cette phrase dans son commentaire du Cantique des cantiques « Et nous irons de commencements en commencements par des commencements qui n’auront pas de fin ». Chaque jour, Jésus nous invite à nous tourner vers Lui, à Le choisir, Lui par qui le règne de Dieu s'est fait tout proche.

Mais auparavant chantons les Psaumes en communion avec toute l'Église et nos frères et sœurs en humanité.

 Méditation :

Comme méditation, je vous propose des extraits de l'Angelus du Pape François le 24 janvier 21 où cet évangile était celui du dimanche

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2021/documents/papa-francesco_angelus_20210124.html

« Le passage évangélique de ce dimanche (cf. Mc 1, 14-20) nous montre, pour ainsi dire, le «passage du témoin» de Jean-Baptiste à Jésus. Jean a été son précurseur, il lui a préparé le terrain et il lui a préparé le chemin: maintenant Jésus peut commencer sa mission et annoncer le salut désormais présent; c’était Lui le salut. Sa prédication se résume par ces paroles: «Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche; convertissez-vous et croyez à l’Évangile» (v. 15). Simplement. Jésus ne parlait pas à demi mots. C’est un message qui nous invite à réfléchir sur deux thèmes essentiels: le temps et la conversion.

Dans ce texte de l’évangéliste Marc, le temps doit être compris comme la durée de l’histoire du salut opérée par Dieu; le temps «accompli» est donc celui où cette action salvifique atteint son sommet, sa pleine réalisation: c’est le moment historique où Dieu a envoyé le Fils dans le monde et son Royaume est devenu plus «proche» que jamais. Le temps du salut est accompli parce que Jésus est arrivé. Cependant, le salut n’est pas automatique; le salut est un don d’amour et en tant que tel offert à la liberté humaine. Quand on parle d’amour, on parle toujours de liberté: un amour sans liberté n’est pas de l’amour; cela peut être de l’intérêt, cela peut être de la peur, tant de choses, mais l’amour est toujours libre, et étant libre il demande une réponse libre: il demande notre conversion. En d’autres termes, il s’agit de changer de mentalité - c’est cela la conversion, changer de mentalité – et de changer de vie: ne plus suivre les modèles du monde, mais celui de Dieu, qui est Jésus, suivre Jésus, comme Jésus l’avait fait et comme Jésus nous l’a enseigné. C’est un changement décisif de vision et d’attitude. En effet, le péché, surtout le péché de la mondanité qui est comme l’air, envahit tout, a porté à une mentalité qui tend à l’affirmation de soi-même contre les autres et aussi contre Dieu. C’est curieux… Quelle est ton identité? Et très souvent nous sentons que l’on exprime sa propre identité en termes de «contre». Il est difficile d’exprimer sa propre identité dans l’esprit du monde en termes positifs et de salut: c’est contre soi-même, contre les autres et contre Dieu. Et dans ce but, la mentalité du péché, la mentalité du monde n’hésite pas à utiliser la tromperie et la violence. (...)

A tout cela s’oppose le message de Jésus, qui nous invite à nous reconnaître comme ayant besoin de Dieu et de sa grâce; à avoir une attitude équilibrée à l’égard des biens terrestres; à être accueillants et humbles envers tous; à se connaître et se réaliser soi-même dans la rencontre et le service aux autres. Pour chacun de nous, le temps pendant lequel nous pouvons accepter la rédemption est bref: c’est la durée de notre vie dans ce monde. Elle est brève. Elle semble peut-être longue… (...) C’est ainsi que nous, les personnes âgées, nous sentons que la vie s’en est allée. Qu’elle s’en va. Et la vie est un don de l’amour infini de Dieu, mais c’est aussi un temps pour vérifier notre amour envers Lui. C’est pourquoi chaque moment, chaque instant de notre existence est un temps précieux pour aimer Dieu et pour aimer son prochain, et ainsi entrer dans la vie éternelle.

(...) La foi nous aide à découvrir le sens spirituel de ces temps: chacun d’eux contient un appel particulier du Seigneur, auquel nous pouvons donner une réponse positive ou négative. (...)

Chers frères et sœurs, soyons attentifs et ne laissons pas passer Jésus sans le recevoir. »1

 Introduction au Notre Père :

« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. » Chantons ce Règne de Dieu avec les mots reçus de Jésus.

 Prière d'envoi :

« Que la Vierge Marie nous aide à vivre chaque jour, chaque moment, comme un temps de salut, où le Seigneur passe et nous appelle à le suivre, chacun selon sa propre vie. Et qu’elle nous aide à nous convertir de la mentalité du monde, celle des fantaisies du monde qui sont des feux d’artifice, à celle de l’amour et du service »2

Nous te le demandons par Jésus ton Fils Bien-aimé qui nous conduit à toi dans l'Esprit, Dieu pour les siècles des siècles



[1]            -PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS Bibliothèque du Palais apostolique  Dimanche 24 janvier 2021Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana

[2]          Idem

samedi 8 janvier 2022

Liturgie de la Parole, samedi après l'Epiphanie

 Introduction :

Bonjour à tous et à toutes. Aujourd’hui, nous entendrons Jean, et Jean parlant de Jean. Oui, il y a des jours comme cela !

Saint Jean, dans sa première lettre aux membres fidèles de l’église d’Ephèse (1 Jn 5, 14-21), répète plusieurs fois « Nous savons … » : nous savons ce qu’est la prière, nous savons ce qu’'est le péché, nous savons ce qu'est le monde, nous savons qui est Dieu. Il termine sa lettre par une invitation à se garder des idoles, à rester dans la vérité, la Vérité.

L’Evangile de Jean (Jn 3, 20-30) nous expose un épisode de la vie de Jean le Baptiste, qui refuse en quelque sorte d’être mis en concurrence avec Jésus. Il choisit la Vérité et l’Humilité pour reconnaître que le Christ est plus grand que lui et pour lui donner l’espace nécessaire pour accomplir sa mission divine.

Avant de les écouter et de méditer, prions les psaumes.

Lectures  et Méditation (Jn 3, 20-30)

Cet évangile rejoint un questionnement que j’ai depuis un bon moment déjà, et que je vous partage aujourd’hui : quelle place laissons-nous à ceux que nous avons mis en selle, qui nous suivent, qui risquent de nous dépasser ou qui nous dépassent déjà ? Comment en être profondément heureux ? Ce n’est pas comme mère que je me pose cette question, mais plutôt dans le cadre mon travail : Comment permettre aux personnes de mon entourage de développer leur carrière, leur avenir ? Comment faire en sorte que ceux et celles que j’ai accompagnés, ou qui arrivent avec leurs compétences et leurs idées, puissent devenir « indépendants », progresser, prendre leur envol … sans attendre mon départ ?

Je rencontre régulièrement des collègues qui ne me rejoignent pas sur ces questions. Ils (ou elles) me parlent de la nécessité de maintenir notre « bonne » organisation, de faire que le projet « continue ainsi », que les jeunes restent « tranquilles », que le chef reste « le chef ». Inutile de vous dire que je comprends bien ce texte de l’évangile : la petite cour de Jean Baptiste qui s’indigne de ce que le nouveau-là, Jésus, récolte plus d’intérêt que lui. Leur crainte qu’il puisse mettre le précurseur en péril, d’autant qu’il a l’air d’assurer, celui-là. Il a sûrement un avenir brillant : il fait déjà autorité. Et blablabla, et blablabla …

Vous comprenez alors mon intérêt pour la réaction, l’ « être » de Jean Baptiste ! Il fait confiance à Jésus qu’il a devancé, qu’il a baptisé. Il sait qu’ils sont tous les deux de la même veine, de la même trempe, de la même lignée, qu’ils partagent le même projet. Qu’importe s’il agit différemment ! Il va son chemin ! Jean-Baptiste laisse le Christ prendre sa place, ses marques pour développer sa propre mission. Il lui apporte son soutien. Sa joie est grande, très grande, de le voir s’épanouir et accomplir le plan que Dieu a dessiné pour lui.

Ah ! Si tous ceux qui sont « chefs » pouvaient méditer la recette de Jean-Baptiste : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue », être « l’ami de l’époux » et « en être tout joyeux »!

Faire de l’autre un frère, le reconnaître Don de Dieu, se réjouir de son parcours, le mettre devant soi, avec Dieu au cœur de la relation, c’est facile à dire ! Comment mettre cela en pratique au quotidien ? Au boulot ? Quel chemin peut-on parcourir, quel travail peut-on faire sur soi, pour arriver à cette grande joie de laisser l’autre advenir en s’humiliant soi-même ?  

Le mot est dit : « humilier » ! Nous avons un outil extraordinaire pour y arriver. Vous le connaissez : il décrit au chapitre 7 de la Règle. L’échelle de l’humilité ! « Une échelle dressée vers le ciel comme l’échelle où Jacob vit en songe monter et descendre les anges ».


Je vous invite à contempler l’icône du songe de Jacob, en réfléchissant à la manière dont nous gravissons cette échelle vers l’humilité, à la manière dont nous laissons les autres advenir dans un quotidien parfois fragilisant, parfois difficile à supporter : nos sœurs, nos relations, nos chefs. Parcourons aussi l’échelle dans l’autre sens : que nous descend-il de Dieu qui nous conduise à entrer dans son projet d’Amour et à nous élever vers
« le sommet de la charité divine d’où est bannie la crainte » ? Quelle est notre joie ?

Invitation au Notre-Père :

Avec Jésus, avec tous ceux qui nous aident à grandir, avec ceux que nous aidons à grandir, nous redisons la prière à Notre Père.

Oraison :

Seigneur, Jean-Baptiste et Jésus nous ont montré comment aller jusqu’au bout de ta volonté.  Ils ont cheminé ensemble, avec un profond respect, une profonde humilité, se laissant de la place et se réjouissant l’un l’autre de l’accomplissement de leur mission donnée par Dieu. Donne-nous de reconnaître la mission de chacun, de dynamiser l’inclusion de tous dans notre Eglise, d’écouter et de laisser la place à l’autre, en particulier en ces temps de démarche synodale.

Nous te le demandons à toi qui règnes pour les siècles des siècles, Amen.

mardi 4 janvier 2022

Liturgie de la Parole, mardi après l'Épiphanie

(sœur Marie-Christine)

Introduction :

Bonjour et bienvenue à cette célébration qui nous rassemble en Église pour nous nourrir de la Parole en cette semaine après l'Épiphanie où nous méditons sur les manifestations de Jésus comme Christ et Sauveur à la fois par les évangiles choisis et par la lecture de la 1ère lettre de saint Jean.

Le pain de vie de ce jour en cette 1ère lettre est un passage du si beau chapitre 4, un sommet de la révélation.  Il est admirablement illustré par la compassion de Jésus devant les foules en errance « comme des brebis sans berger ».

Mais chantons d'abord les psaumes du jour.

 Méditation :

Le passage de l’évangile d’aujourd’hui s’éclaire si nous lisons les versets qui précèdent et qui ne sont pas repris dans la liturgie : « 30 Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. 31 Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. 32 Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. 33 Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.

34 En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. » (Marc 6,30-34)

Jésus a compassion de leur fatigue de missionnaires. Il les invite à venir à l'écart et à se reposer auprès de lui. À prendre du temps seuls à seuls avec lui. Ce temps ils l'ont durant la traversée...qui n'est sans doute pas de tout repos !

Mais voilà les plans sont dérangés par la foule qui accourt de partout et qui arrive avant eux ! Les Apôtres se sont-ils reposés ? Ma première réponse est non… Mais en réfléchissant je me suis dit qu’ils s’étaient assis comme les autres et avaient écouté Jésus. Ce devait être très revigorant, reconstituant, vivifiant d’écouter Jésus en direct ! C’est aussi une source de régénération spirituelle pour nous, Jésus est devant nous, même si nous ne le voyons pas, mieux, il est en nous. Nous ne sommes pas désavantagés. Nous sommes chanceux.

Nous avons toutes les Écritures et la tradition de l’Église pour nous nourrir.

 Nous pouvons contempler le cœur de Jésus à l’œuvre devant ceux qui errent sans but, qui ne savent où aller, que faire... comme tant de nos contemporains, comme nous-mêmes à certains moments. « Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. » Lui, il se sent un cœur de berger, il ne peut les laisser ainsi.

En écho nous pouvons entendre la première lecture : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils ».

Il est venu nous manifester l'amour du Père pour les hommes, pour chacun, chacune quelle que soit sa situation. Il est venu pour que nous vivions par lui. Il est la vie de notre vie.

 Les disciples ont perçu cet amour, cette vie et l'invitation qui en découle et que nous livre saint Jean : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. »

Après avoir écouté longuement Jésus, ils se rendent compte que cette foule a besoin de se nourrir avant la nuit, et qu'il est largement temps de les renvoyer ! Mais renvoyer quelqu'un ne semble pas être dans les habitudes de Jésus. Il envoie mais il ne renvoie pas. Alors il envoie les disciples : « combien avez-vous ?…  Allez voir ».

Il a besoin du peu qu'ils vont réussir à se procurer, le reste il s'en charge en communion avec son Père. « Levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ».

Après avoir nourri de sa parole, il nourrit du pain rompu et des poissons partagés entre tous. Le pain rompu évoque facilement pour nous la vie livrée de Jésus et l'Eucharistie. Mais les poissons ? Il s'agit d'abord des poissons du lac. Mais pour les premiers chrétiens le poisson, ICTHUS en grec est l'acronyme de « Jésus Christ , Fils de Dieu Sauveur ». Eux aussi ils nous renvoient à Jésus donnant sa vie par amour.

« Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » Qu'il nous nourrisse encore du pain de sa Parole et du poisson de sa vie donnée !

 Introduction au Notre Père :

« Levant les yeux au ciel, Jésus prononça la bénédiction » : Avec lui, par lui et en lui bénissons le Père avec les mots reçus de Jésus…

 Prière d'envoi :

Dieu d'amour, tu nous as aimés le premier. Tu as manifesté ton amour en envoyant ton Fils unique dans la monde pour que nous vivions par lui. Nous t'en rendons grâce et nous te prions : soit et demeure notre vie ; que ton amour habite nos cœurs et grandisse en nous, en tous les chrétiens et les personnes de bonne volonté.

Par Jésus ton Fils unique qui nous conduit à toi dans l'Esprit dès maintenant et pour toujours.