vendredi 1 septembre 2023

Liturgie de la Parole, 21e vendredi TO

 

Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création

(sœur Marie-Christine)

Introduction

Depuis 1989, une initiative du Patriarche de Constantinople Dimitrios 1er a fait, pour les orthodoxes, du 1er septembre une journée pour la préservation de l’environnement.

En 2015, le Pape François a proposée aux catholiques de s’y joindre, et il en a fait une journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création. Nous porterons dans notre prière cette intention œcuménique qui touche les vivants et l’environnement.

La consigne de Paul aux Thessaloniciens est toujours valable et va dans ce sens : « Il ne faut pas agir au détriment de son frère ni lui causer du tort ». Solidarité avec les plus pauvres qui souffrent d’avantage des conséquences des dérèglements de la nature, solidarité avec les générations à venir. Comment ne pas agir au détriment de son frère, de sa sœur ? Je ne puis répondre à cette question, mais il est bon qu’elle nous habite.

La parabole proposée par Jésus paraît aller dans le sens du « chacun pour soi ». Mais je doute que ce soit ce que Jésus cherche à nous dire. Prions l’Esprit Saint d’éclairer notre cœur et notre intelligence lorsque nous écoutons la Parole du Seigneur et chantons les Psaumes de ce jour.

 Méditation

Paul encourage les chrétiens de la jeune communauté de Thessalonique : « vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons. » Nous sommes en chemin et notre manière de vivre est appelée à faire encore et toujours de nouveaux progrès. Progrès dans l’attente de Celui qui vient.

Dix jeunes filles sont invitées à des noces, toutes attendent l’époux qu’elles doivent escorter jusqu’à sa demeure. Sans doute n’attendent-elles pas toutes de la même manière. Il est choquant que celles qui ont de l’huile en réserve refusent de partager et conseillent mal les autres. Si elles avaient partagé ou pris une lampe pour deux, l’époux n’aurait sans doute fait aucune objection. Mais une parabole ne dit qu’un aspect de la vie chrétienne, et non pas tout ! La solidarité viendra un peu plus loin dans l’évangile (Mt 25,31-46).

Alors j’ai cherché au sujet de la réserve d’huile. Que peut-elle signifier ?

« Avec le froment et le vin, l’huile est un des aliments essentiels dont Dieu rassasie son peuple fidèle » nous dit le Vocabulaire de Théologie Biblique. Elle est signe de la bénédiction divine.

Les cinq premières jeunes filles sont prévoyantes, mais littéralement, elles sont avisées, les autres sont insouciantes, littéralement insensées. Les unes se sont préparées avec cœur, les autres ont fait le strict minimum.

Peut-être que les flacons d’huile dont se sont pourvus les cinq prévoyantes étaient signes de la mémoire du cœur, mémoire des bénédictions reçues. Prévoyantes, elles voient plus loin que l’immédiat et gardent présentes en leur cœur l’attente de l’époux qui, elles le savent, peut tarder, car les derniers palabres entre les familles sont parfois longs.

Le caractère insensé des cinq autres ? Elles ont couru à droite et à gauche pour avoir de l’huile, elles n’en avaient pas en réserve dans leur cœur et se sont affolées. Elles ont oublié l’essentiel : accueillir l’Époux ! Ce qui était leur rôle, le sens de leur invitation à ces noces. Être insensé, c’est peut-être compter sur soi, croire que pour rencontrer Dieu il faut être méritant, accomplir « tout ce qu’il faut » avoir « tout ce qu’il faut ». Mais en Jésus mort dans un échec terrible, Dieu nous dit « je suis présent, même dans l’échec. Tout est gratuit, venez à moi tels que vous êtes. Même les mains vides. »

Qui suis-je devant Dieu ? Celui, celle, qui vit d’une bénédiction qui me dépasse : la grâce de Dieu, l’amour inconditionnel offert en Jésus- Christ.

Il vient comme un époux, il s’agit de l’accueillir. Pourquoi le Seigneur ne connaît-il pas les insensées lorsqu’elles arrivent en retard ? Peut-être parce qu’elles n’ont pas eu confiance en lui et ont cherché à se procurer elles-mêmes la bénédiction de Dieu sans se rendre compte que c’était Lui la source de toute bénédiction. Elles ont oublié leur identité d’invitées sans aucun mérite, là était l’essentiel, et cela leurs compagnes ne pouvaient le leur procurer.

L’époux nous rejoint dans notre sommeil. Il dit à chacun « Je viens à toi gratuitement, ne t’inquiète pas de ta faiblesse, de ta fragilité. S’il te plaît viens à ma rencontre, accueille-moi tel que tu es, que tu te sentes prêt ou pas ! C’est ta dignité d’invité.e ! »

 Introduction au Notre Père

Bénéficiaires de la bénédiction de Dieu, par le Christ, avec Lui et en Lui, nous lui chantons…

 

Prière d’envoi

En ce 1er septembre reprenons ensemble la Prière du Pape François pour notre terre

Prière pour notre terre[1]

Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l’univers et dans la plus petite de tes créatures,
Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,

répands sur nous la force de ton amour

pour que nous protégions la vie et la beauté.

Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs sans causer de dommages à personne.
Ô Dieu des pauvres, aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre qui valent tant à tes yeux.
Guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde
et non des prédateurs,

pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.

Touche les cœurs de ceux qui cherchent seulement des profits

aux dépens de la terre et des pauvres.
Apprends-nous à découvrir la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,

à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures sur notre chemin vers ta lumière infinie.
Merci parce que tu es avec nous tous les jours.

Soutiens-nous, nous t’en prions, dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix.

Par Jésus le Christ notre Seigneur qui vit avec toi et l’Esprit Saint, Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] Encyclique Laudato Si’ n° 246

Liturgie de la Parole, 21e jeudi TO

Mat 24, 42-51

(Danièle)

Introduction

 En ce 21°jeudi du temps dit ordinaire, les deux lectures de ce jour nous demandent de ne pas nous endormir dans cet ordinaire.

Saint Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens demande de tenir bon pour avoir un cœur irréprochable lors de la venue du Seigneur.

Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus demande de veiller, de se tenir prêt parce que c'est à l'heure où on ne l'attend pas que le Fils de l'homme viendra.

Restons éveillés en priant les psaumes.

Après l’Évangile

Tout va plus ou moins bien, nous sommes satisfait(e)s de la situation actuelle dès lors, ne sommes-nous pas tenté(e)s de vivre sans rien changer ? Nous sommes contrarié(e)s face au réchauffement climatique, que faisons-nous réellement  pour que ça change ? La routine s'installe, alors, comment rester vigilants et garder ce sentiment d'urgence quand l'attente se fait longue ? En fait, Jésus nous demande une vision à plus long terme, « L'appel de Jésus à construire un monde de justice et de paix ne peut souffrir de retard,  Dieu se charge de l'histoire de l'humanité mais il veut que nous jouions notre rôle pour l'accomplir »(1)

Veillez, c'est l'appel de Jésus à être vigilant(e)s.  Lorsque je veille, je suis en attente, je m'ouvre à l'autre... mais le Seigneur tarde...  « la veille peut s'épuiser par la fatigue, cette ouverture risque de se figer, je risque de me retrouver à douter, à avoir peur des voleurs... Veiller est un don que nous ne pouvons maintenir sans rien faire »(2)

Veiller, c'est maintenir la flamme allumée parce qu'un imprévu est toujours possible.

Veiller, c'est assumer la responsabilité d'un bien qui nous a été confié. Si on ne sait plus veiller, on n'est plus attentif(ve)s à l'imprévu, la vie devient monotone, sans horizon lointain.

Au contraire, être au travail, c'est la demande de Jésus « heureux le serviteur que son maître en arrivant trouvera en train d'agir ainsi ». Le travail nous maintient en éveil.

Jésus vient à n'importe quelle heure, il s'agit de garder l’œil ouvert, d'être attentif(ve)s mais le fait qu'il puisse venir à n'importe quelle heure, entrer dans nos vies de manière imprévisible,  ça peut être angoissant. Une expression populaire dit « on ne sait pas ce qui nous attend au tournant »... Pourtant, confiant(e)s dans l'amour de Dieu, nous devrions être sans crainte et prêt(e)s  à dire « me voici ». Il nous aime infiniment, avec lui nous sommes toujours devant un choix, le servir ou se servir. Parce qu'il nous aime, il respecte notre liberté, il nous invite à l'aimer et à lui ressembler de plus en plus.

Le sage serviteur imite son maître en distribuant la nourriture à la maisonnée, il s'occupe de la maison comme si c'était la sienne parce qu'il aime son maître.

Et le mauvais serviteur ? Une fois de plus, Jésus utilise des propos excessifs et même terrifiants, suivis d'une punition épouvantable,(4)  il n'est pas tendre avec le mauvais serviteur, il promet de lui faire partager le sort des hypocrites avec des pleurs et des grincements de dents... Or, notre esprit est volatil, capable de virevolter, d'aller ailleurs, d'emprunter d'autres chemins. Nous reconnaissons que nous sommes parfois bons serviteurs mais nous savons que nous sommes aussi parfois mauvais serviteurs, nous pouvons nous laisser entraîner dans un chemin qui nous perd, alors, prenons l'habitude de revenir à notre travail.(3)

Écoutons cette invitation aimante de Dieu qui souhaite que nous restions éveillé(e)s, pour continuer son œuvre avec lui en mettant nos talents au service de « la maisonnée du maître ».

Invitation au Notre Père

Avec les paroles apprises par Jésus, adressons notre prière à notre Père !

Prière finale

Seigneur, tu es à l’œuvre dans ma vie alors aide-moi à saisir ton message, à y répondre, à rester éveillée.

Aide-moi à être généreuse de mon temps et de mes talents et à choisir de servir et non pas d'être servie

Pour ton amour sans condition, nous te rendons grâce à toi qui vis et règnes aujourd'hui et pour les siècles des siècles.

 

 

1)   et  4)  blog moment sacré

vendredi 25 août 2023

Liturgie de la Parole, 20e mardi TO

 22 août : Vierge Marie Reine

 (Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.

En cette semaine, nous parcourons sur le mode express l’époque qui suit la prise de possession de la terre de Canaan.

Nous recevons trois extraits du livre des Juges : hier, la liturgie nous en offrait une clé de lecture ; aujourd’hui et demain, deux récits ; puis nous passerons à un autre livre.

Le récit de ce mardi de la 20e semaine, c’est le début de la vocation du guerrier Gédéon.

Et, dans l’évangile, nous écouterons un extrait du chapitre 19 de Mt.

Les disciples y posent la question centrale que nous pourrions poser également : « Qui donc peut être sauvé ? ».

Nous tâcherons de faire résonner ces deux textes.

En ce 22 août, nous ne pouvons omettre la mémoire de ce jour : la Vierge Marie honorée sous son vocable de « Reine ».

Confions à son intercession les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes.

 

Méditation

Je vous annonçais le projet de faire résonner les deux textes majeurs de ce jour, l’extrait des Juges et l’évangile de Matthieu.

« Qui donc peut être sauvé ? », demandent les disciples.

« Comment sauverais-je Israël ? », demande Gédéon.

Lorsqu’on pose cette question, on pose inévitablement celle des moyens de parvenir au salut, du fondement sur lequel on peut s’appuyer, de la confiance que ces moyens nous apportent.

Il me semble que la confiance apparaît dans la liturgie de ce jour, sous la forme d’une petite préposition « avec ».

Les trois micro-récits de nos deux lectures l’évoquent.

D’abord, sur quoi se fonde la confiance de Gédéon ?

En réalité, il est plutôt découragé, mais le Seigneur qui vient à sa rencontre lui donne un sursaut de force par ces paroles :

« Le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier ! »

« Avec la force qui est en toi, va sauver Israël du pouvoir de Madiane. N’est-ce pas moi qui t’envoie ? »

La clé de confiance qu’offre Dieu, c’est à la fois lui-même, Dieu… et, à la fois, la force qui est en Gédéon.

À la fois, avoir confiance en Dieu… et, à la fois, puiser au creux de soi-même.

Quant à l’évangile, le premier micro-récit évoque clairement la confiance que l’on peut avoir dans les richesses.

Mais la métaphore du chameau prouve bien sa vacuité, son inefficacité.

C’est alors que, dans un second micro-récit, les disciples posent la question : « Qui donc peut être sauvé ? ».

Si les richesses ne confèrent pas le salut, Pierre se targue à présent des renoncements accomplis :

« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre… ».

Non, les bonnes œuvres ou les mérites ne garantissent pas plus le salut que les richesses !

 Notre petite préposition apparaît alors en filigrane : « vous qui m’avez suivi ».

Suivre, c’est être avec Jésus.

Voici le lieu de la confiance : le choix de la suivance de Jésus.

Et le résultat ne se laisse pas attendre : c’est « le centuple… la vie éternelle ».

 La liturgie de ce jour nous invite à la confiance !

Être attentif à la présence de Dieu, à ses interventions en nos vies : « Je serai avec toi ».

Confiance en nous-mêmes, puisque Dieu y réside : « N’est-ce pas moi qui t’envoie ? ».

Confiance en Jésus, que nous suivons sur le chemin.

Redisons à Dieu notre confiance…

Il nous promet le centuple de sa présence, aujourd’hui !

 Temps de silence

 Notre Père

Avec le juge Gédéon et les disciples de Jésus, redisons la prière des enfants de Dieu…

Prière

Seigneur, dans les situations impossibles à nos yeux humains, tu nous proposes de choisir la voie de la confiance. Confiance en toi qui veux nous sauver, en nous-mêmes puisque Tu nous insuffles ta force, confiance en Jésus que nous pouvons suivre sur le chemin. Accorde-nous de renouveler notre confiance. Alors, si nous t’écoutons, nous recevrons la réponse du psalmiste : « J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix ». Que sa Paix se répande en nos cœurs et en notre monde !

Soutenus par la prière de la Vierge Marie, nous te le demandons, par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…

dimanche 20 août 2023

Liturgie de la Parole, 19e vendredi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Quel est le poids d’une parole ? D’une parole donnée ? La parole est au cœur de toute alliance. Mais l’expérience montre que toute alliance est fragile, jamais acquise une fois pour toutes. Et c’est sans doute ce qui la rend si belle. Les deux lectures de ce jour parlent de l’alliance. Alliance désirée, brisée, renouvelée, fragile et forte tout à la fois. Alliance qui s’appuie sur la parole de Dieu : et c’est là sa véritable force.

Résonances

Le chapitre 24 est le dernier chapitre du livre de Josué. Josué est devenu vieux et le peuple est bien installé en terre promise. Mais avant de mourir, Josué sent qu’il est bon de reconfirmer l’alliance, car il pressent qu’elle sera bien vite menacée par les infidélités d’Israël. Il convoque toutes les tribus d’Israël à Sichem pour un moment solennel de renouvellement de l’alliance. Dans le passage que nous venons de lire, il retrace la mémoire du chemin parcouru, pour montrer à quel point Dieu a toujours été présent, pour montrer que tout est don de Dieu. Nous entendrons la suite demain, la réponse du peuple.

C’est beau, mais on lit entre les lignes que Josué n’y croit pas. Il est sceptique. Il ne croit pas à la solidité de la parole donnée. Rappelons-nous que ce livre a été écrit bien plus tard, pendant l’exil, dans une situation où la terre promise et conquise a été de nouveau perdue. L’auteur du livre de Josué sous-entend : « ce qui nous arrive maintenant s’explique : voyez, Josué l’avait prédit ! ».

On peut le lire de deux façons : soit comme un message désespérant (Israël n’est décidément pas à la hauteur de l’alliance et retombe toujours), soit comme un message d’espérance (il est toujours possible de revenir et de renouveler l’alliance). Ainsi, toute l’histoire sainte est une histoire d’alliance faite et défaite, brisée puis renouvelée. La fidélité se dit à travers ces parcours chaotiques. Ainsi, l’histoire sainte est une histoire d’espérance, parce qu’elle nous révèle que l’alliance repose avant tout sur la fidélité de Dieu.

Quand Jésus discute avec les Pharisiens sur l’indissolubilité du mariage, c’est un peu la même idée. Le mariage est une expression de l’alliance, posée par Dieu depuis les origines. Les Pharisiens et Jésus débattent à partir de citations de l’écriture. C’est typique du débat pharisien. Il y a dans l’écriture des paroles qui semblent se contredire. Laquelle l’emportera ? On joue au ping-pong avec des citations. L’enjeu est, du côté des Pharisiens, de parvenir à enfoncer Jésus, à le prendre en défaut. Du côté de Jésus, l’enjeu est de montrer la profonde cohérence de l’écriture où, quoi qu’il arrive, c’est la fidélité de Dieu qui l’emporte sur toutes les fragilités. Ces textes m’invitent à méditer sur les alliances dans lesquelles je me suis engagée. Suis-je fidèle ? Régulièrement, le Seigneur m’invite à redire oui. Paradoxalement, la reconnaissance de ma fragilité constitue une base solide pour reconstruire, car elle s’appuie sur l’inlassable fidélité de Dieu.

Prière

Dieu de nos pères, tu te donnes à connaître comme Dieu de l’alliance. En faisant mémoire du chemin parcouru, nous reconnaissons ta présence indéfectible et nous te bénissons. Consolide notre « oui » et fais de nous les gardiens de la terre promise, les serviteurs du Royaume des Cieux que tu ne cesses de construire avec nous.

Liturgie de la Parole, 19e jeudi TO

Sœur Marie-Raphaël

 Ouverture

Nous avons lu hier le récit de la mort de Moïse. Aujourd’hui, avec Josué, son successeur, nous franchissons le Jourdain, nous entrons dans cette terre promise, tant de fois décrite par Dieu à Abraham et les siens… Ce ne sera peut-être pas si simple que cela ! Jésus aussi nous parle d’une terre promise…

Résonances

Du livre de Josué, la liturgie ne propose que trois extraits : le passage du Jourdain, qui marque l’entrée en terre promise (chapitre 3), puis l’assemblée de Sichem avec le renouvellement de l’alliance, à la fin du livre, juste avant la mort de Josué (chapitre 24, fin du livre).

Entre les deux : le récit d’une conquête : beaucoup d’invraisemblances historiques, beaucoup de violences qui, prises à la lettre, justifient les pires attitudes nationalistes, jusqu’à des génocides. Livre insupportable. Rejet de ce Dieu-là.

Il ne s’agit pas d’un récit historique ! Ce qui est en jeu, c’est l’avenir de l’Alliance. Aujourd’hui, nous voyons l’importance de l’arche d’alliance dans le passage du Jourdain.

Beaucoup de choses s’éclairent quand on part de l’hypothèse que ce livre est une relecture de l’histoire faite par un groupe de scribes exilés (2ème moitié 6ème siècle), à un moment où la terre a de nouveau été perdue ! On cherche à expliquer, a posteriori, pourquoi après l’avoir gagnée, on l’a de nouveau perdue ! Théologie deutéronomiste.

Le livre de Josué insiste sur quelque chose de paradoxal : la terre promise est donnée, et en même temps il faut la conquérir. Cf Titre d’un livre : « le don d’une conquête ». Et la conquête – présentée comme un combat – consiste à laisser toute la place à Dieu, à se laisser guider par Dieu, à demeurer fidèle à sa Loi. Josué, au début du livre, est présenté comme celui qui médite jour et nuit la Loi du Seigneur.

Jésus ne parle pas de la terre promise, mais du Royaume des Cieux. Il y a ce même paradoxe : le Royaume des Cieux est à la fois donné et à recevoir. Chez Matthieu, Jésus fait cinq discours et chacun de ces discours parle, à sa manière, du Royaume des Cieux. Nous sommes dans le 4ème discours : discours sur l’église, sur les relations communautaires dans le Royaume. Deux grands thèmes : l’attention aux plus petits et le pardon. Le pardon donné et le pardon reçu : c’est une des clés du Royaume. La parabole étrange qui nous est racontée aujourd’hui nous donne matière à méditer. Il semble que, dans la complexité des relations humaines, le pardon soit la chose la plus compliquée, tant à donner qu’à recevoir. Parce que la fameuse dette est parfois bien plus qu’une dette, une blessure profonde et définitive. Je pense que cette parabole est inachevée. Jésus nous invite, chacun pour notre part, à en écrire la suite.

Prière

Seigneur Jésus, tu nous invites à franchir le Jourdain pour entrer résolument dans la logique du Royaume des Cieux. L’arche de l’alliance qui ouvre les eaux du fleuve, c’est ta présence au milieu de nous. Conduis-nous sur le chemin de la vérité et du pardon. Apprends-nous à reconnaître que la vie que Dieu nous donne n’est pas une dette, mais une mission.

mercredi 16 août 2023

Liturgie de la Parole, 19e mercredi TO

 (sr Marie Christine)

Introduction

 

En ce lendemain de l’Assomption, nous lisons le récit de la mort de Moïse. Il a vu la terre promise, mais n’y est pas entré. Moïse a vécu une relation unique avec le Seigneur qui le « rencontrait face à face ». C’est peut-être cette intimité avec Dieu qui est la vraie et seule terre promise, le lieu de rencontre et de vie avec le Seigneur.

Dans l’évangile Jésus nous promet une rencontre une présence dont nous ne mesurons pas toujours la réalité : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Il est là dans les relations fraternelles, même difficiles. Il est là dans la prière même si seulement deux ou trois sont réunis en son nom (et non 10 comme il faut 10 hommes pour la prière à la Synagogue).

Lui qui est présent à notre assemblée de ce midi, qu’il habite nos cœurs lorsque nous chantons le Psaume 118.

 

Méditation

En guise de méditation je vous partage un texte écrit par sœur Marie du Carmel Saint Joseph 

 

« L’évangile prend aujourd’hui la tournure d’une procédure méticuleuse : « Comment faire en cas de conflit ? »

Tous, nous avons tous vécu un jour un désaccord fraternel et avons été confrontés à la question de la bonne méthode à adopter. Jésus, en bon juif, fait appel aux témoins, à des frères pour aider. Mais, lorsque ça ne suffit pas, la nouveauté repose en cette phrase : « s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain ».

Et qu’est-ce que Jésus fait avec les païens et les publicains ? Quelle est son attitude ?

Avec eux et pour eux, Jésus patiente, enseigne, interpelle, use de paraboles, d’images, laisse un temps de réflexion, revient etc…Il ne baisse jamais les bras pour que l’écoute de la Parole pour laquelle il est envoyée résonne enfin dans les oreilles et le cœur des païens et publicains.

Ainsi, il nous donne la clé : ne pas baisser les bras, faire preuve de créativité, d’ingéniosité pour que l’écoute surgisse. »

 

Prenons un temps de silence pour laisser la Parole du Seigneur résonner en nos cœurs.

 

Invitation au Notre Père

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Jésus est présent au milieu de nous quand nous chantons la prière qu’il a enseignée à ses disciples.

 

Prière d’envoi

Seigneur, Père des cieux, c’est au nom de Jésus que nous sommes réunis pour te prier. Accorde-nous de construire avec amour la communauté de l’Église et, puisque nous sommes solidaires de nos frères et sœurs dans le bien comme dans le mal, donne-nous un cœur qui écoute et se laisse enseigner. Nous te le demandons pour nous et pour tout tes disciples.

Par Jésus le Christ notre Seigneur qui nous conduit, dans l’Esprit Saint, à la vie avec toi pour toujours.

vendredi 11 août 2023

Liturgie de la Parole, 18e Vendredi TO

Ste Claire

(Sr Marie-Jean Noville)

 Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.

En cette semaine, la liturgie nous offre différentes approches d’une même réalité, présente en nos vies et en celle de tant de nos contemporains, celle de la Croix.

En effet, le 9 août, nous fêtions Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix, Édith Stein, Carmélite martyre, déportée à Auschwitz.

Hier, 10 août, c’était un autre martyr, le diacre Laurent de Rome.

Aujourd’hui, nous fêtons Ste Claire d’Assise, qui vécut au 12e siècle en Italie.

Certes, elle n’est pas martyre, mais l’évangile de ce jour nous parle de la Croix : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

Ste Claire peut nous aider à méditer cet évangile, elle qui mit ses pas dans ceux du Christ, à la suite de St François. Nous en reparlerons.

À présent, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes.

  Méditation

En ce vendredi de la 18e semaine, la première lecture est extraite du Deutéronome.

Il y est question d’un des événements majeurs de l’histoire d’Israël : la sortie d’égypte.

Moïse y fait allusion en demandant : « … D’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? ».

Moïse invite à un mémorial, à se souvenir.

Pourquoi Dieu a-t-il fait sortir son peuple de l’esclavage ?

« Parce qu’il a aimé tes pères et qu’il a choisi leur descendance… ».

Et Moïse d’inviter le peuple par ces mots : « Sache donc aujourd’hui, et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu… il n’y en a pas d’autre ».

Le psalmiste fait écho à ce mémorial : « Je me souviens des exploits du Seigneur, je rappelle ta merveille de jadis… ».

 Quel lien avec Ste Claire, pourrions-nous demander ?

Je me tourne vers une spécialiste de ses œuvres, Sr Marie-France Becker, Clarisse[1].

Elle cite la 2e Lettre de Claire à Agnès :

« Par amour de Celui à qui tu t’es donnée comme une offrande agréable et sainte, garde mémoire de ton commencement… Ne quitte pas tes débuts des yeux… Que la course rapide de tes pieds soit sans entraves… Sûre, joyeuse et allègre, marche avec prudence sur le sentier du bonheur ».

Et Sr Marie-France de commenter :

« Garder mémoire des merveilles de Dieu en nos vies est la meilleure façon de se mettre en présence de son amour offert aujourd’hui parce que donné depuis toujours… ».

Invitation à garder mémoire, à se rappeler les passages de Dieu dans nos vies.

Et lorsque les jours sont plus difficiles, Sr Marie-France nous invite :

« Faire mémoire, aux jours d’obscurité, pour les éclairer de la lumière paisible du bon commencement, permet aux yeux du cœur de s’illuminer et à l’être tout entier de se convertir en se tournant vers le Seigneur dans un amour qui espère et s’ouvre à toute nouveauté ».

Le projet de Dieu nous était révélé dans le Deutéronome : « afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours ».

Cette voie de bonheur est également proposée par Ste Claire :

« Son bonheur ? Choisir d’aller le même chemin que Jésus, pour ne plus jamais le quitter… ».

Bonheur du compagnonnage avec Jésus.

 Pendant ce temps du silence, faisons mémoire de notre commencement et des passages de Dieu… et suivons résolument Jésus sur le chemin de bonheur où Il nous appelle.

 Temps de silence

 Notre Père

Dans le sillage de Moïse et des fils d’Israël, avec Ste Claire et Agnès, redisons avec foi la prière de Jésus…

 Prière

Seigneur, Ste Claire nous balise un chemin à la suite de Jésus. Faire mémoire, inscrire en notre cœur tes passages en nos vies ne peut que conforter notre chemin et le rendre léger et heureux. Alors, avec le psalmiste, nous ne pourrons que rendre grâces : « Dieu, la sainteté est ton chemin ! Quel Dieu est grand comme Dieu ? ».

Accorde-nous de « marcher à ta suite… de prendre notre croix et de te suivre », aujourd’hui. Nous te le demandons, par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…



[1] M.-Fr. Becker, Prier 15 jours avec Claire d’Assise ou l’écho d’une fascination, Montrouge, Nouvelle Cité, 2001, p. 37-42.

jeudi 10 août 2023

Liturgie de la Parole, St Laurent.

 (Danièle)

Introduction

Les deux Lectures d'aujourd'hui parlent de grains semés. Saint Paul rappelle le proverbe « à semer peu, on récolte peu, à semer largement, on récolte largement » et dans l’Évangile de Jean, Jésus dit « si le grain tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit »

Aujourd'hui, nous célébrons la fête de saint Laurent, un des martyrs romains les plus célèbres qui a vécu au 3° siècle. Diacre du pape Sixte II, il s'occupait des biens de l’Église, et quand l'empereur lui a demandé d'apporter les trésors de l’Église, il lui amena les pauvres qu'il servait : c'était eux les vrais trésors de l’Église. Laurent a semé en abondance, il a porté beaucoup de fruit.

Rendons gloire à Dieu en chantant les psaumes !

 

Après l’Évangile

Les jardiniers (jardinières) le savent, pour récolter beaucoup, il faut semer beaucoup. Quand je sème des haricots, je mets plusieurs graines dans chaque trou parce qu'il y en a qui ne germent jamais et quand les plants commencent à pousser, la plupart sont mangés par les oiseaux, les limaces ou que sais-je, mais malgré toutes ces pertes, j'ai une bonne récolte, parce que « A semer largement,  on récolte largement ». Dans le livre des Proverbes au chapitre 11, il est écrit  « Tel fait des largesses et s'enrichit encore, tel autre épargne plus qu'il ne faut et connaît l’indigence ». Ici, Paul invite les Corinthiens à donner sans retenue à la collecte pour les pauvres de Jérusalem. Il compare les dons aux grains semés « qui sème chichement , chichement moissonnera ». Donner librement, sans contrainte, Dieu aime celui qui donne joyeusement. On ne donne pas pour mériter les applaudissements de la foule. Jésus demande aussi de donner « donnez et on vous donnera », « pardonnez et on vous pardonnera », semez, vous récolterez. Vous récolterez pour donner... est-ce que celui qui distribue généreusement n'est pas le même que celui qui pardonne ? Jésus a dit aussi « il y a plus de joie à donner qu'à recevoir », donc, plus on est généreux, plus on est heureux. Quelqu'un a dit « la source de l'offrande n'est pas le porte-monnaie mais le cœur ». Ce qui compte pour Dieu, ce n'est pas tant la grosseur du chèque que d'avoir la bonne attitude qui est de donner avec joie et sincérité de cœur.* Ce qu'on donne nous sera rendu au centuple. Dieu rend toujours beaucoup plus que ce qu'on lui donne, Il nous comble de ses bienfaits, il nous donne en abondance pour qu'on puisse faire toute sorte de bien. Les bonnes œuvres que nous accomplissons, c'est Dieu qui nous en donne la possibilité. Dieu fournit la semence et le pain pour la nourriture.

Dans l’Évangile, il est aussi question de semence, de grain, tous les grains semés ne germent pas si les conditions ne sont pas réunies, le grain restera en sommeil et ne portera jamais de fruit. mais ici, Jésus parle du grain qui va germer et donc mourir pour porter du fruit. Ce passage d’Évangile peut être compris comme une référence à la mort de Jésus, c'est exactement ce qu'il a fait, livrer sa vie par la mort sur la croix en portant beaucoup de fruit. Le message d’Évangile, sa Parole, continue à être diffusée dans le monde entier.*

Il y a encore de nos jours, beaucoup de martyrs, peut-être plus qu'à l'époque des premiers chrétiens. Saint Laurent a planté la semence de la parole chez les pauvres.

Et nous ? Nous pouvons réfléchir  à quelques questions : « où est le champ dans lequel la parole de Dieu pourrait être semée et se développer ? Notre foi est-elle en dormance ? Est-ce que nous la nourrissons afin d'avoir une récolte abondante ?

Que devons-nous faire mourir en nous pour vivre pleinement ?

Un disciple de Jésus traverse parfois la souffrance mais le suivre nous conduit à la vraie vie.*

 

Invitation au Notre Père 

Enfants de Dieu, nous le prions en l'appelant Père, avec les paroles apprises par Jésus.

Prière finale

Seigneur nous te prions pour tous ceux qui souffrent, pour les martyrs d'aujourd'hui, comble-les de tes bienfaits.

Nous te rendons grâce pour le témoignage des chrétiens des pays où on les persécute, qu'ils soient de Chine, d'Afghanistan, du Pakistan, du Nigeria ou d'ailleurs. Que leur exemple nous aide à nous impliquer davantage et personnellement et qu'il fortifie notre engagement dans la foi.

Saint Laurent distribuait des biens aux pauvres. Aide-nous à donner généreusement, librement et sans contrainte à ceux qui sont dans le besoin.

En cette époque matérialiste, marquée par l'esprit de compétition, Seigneur, nous te prions pour ceux qui se battent pour vivre et qui sont parfois dépendants des autres pour survivre, qu'ils soient vraiment respectés ! Que ces personnes qui manquent de tout ne soient pas seulement les objets de notre charité mais ceux qui occupent la première place.

Réveille notre foi, laboure notre champ, donne-nous la grâce de voir ce que nous avons à faire et la grâce de le faire.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec toi et le saint Esprit aujourd'hui et pour les siècles des siècles.

 

 

lundi 7 août 2023

Liturgie de la Parole, 18e lundi TO

(Isabelle Halleux)

 Accueil

Nous célébrons aujourd’hui Saint Julienne du Mont-Cornillon. Laisser une liégeoise introduire Sainte Julienne de Cornillon, c’est prendre un risque fort de chauvinisme – j’assume ! Saint Julienne de Liège est née à la fin du XIIe siècle dans le Pays de Herve (mon Pays de Herve), à Retinne, au pied du terril qu’on voit à des dizaines de kilomètres à la ronde. Le terril n’était pas là à l’époque, mais aujourd’hui on ne peut pas le louper, de quelque direction qu’on vienne à Liège (ma cité ardente).

Dès sa jeunesse au couvent des sœurs augustiniennes et à la léproserie de Cornillon, Julienne est portée vers la dévotion eucharistique, comme c’était le cas dans les milieux béguinaux en plein essor à Liège au XIIIe siècle. Elle a la vision que nous savons : une lune rayonnante de lumière coupée par une bande noire la divisant en deux. Elle gardera cette vision secrète très longtemps avant de s’en ouvrir à ève de Saint-Martin (Saint Martin, mon UP).

Eve était la guide spirituelle et une grande amie de Ste Julienne. Elle l’accompagna et l’encouragea dans sa mission d’instituer une fête de l’Eucharistie. Dans le contexte ambiant, Julienne fut contestée pour diverses raisons par la bourgeoisie locale, le clergé, le prince-évêque, et contrainte à l’exil … à Namur. Décédée en 1258, elle n’a pas pu assister à la première Fête-Dieu officielle instituée par le pape Urbain IV, célébrée à Saint-Martin à Liège en 1264.

On peut dire que Julienne et Eve ont marqué leur époque, par-delà les frontières de la Principauté, et pour toujours. « Elles ont aussi contribué à développer la place des femmes dans la vie publique de la cité mosane, dès le Moyen-Age » (ça, c’est l’évêque de Liège qui l’a dit lors des 33 Journées du Patrimoine mettant les femmes en valeur).

Venons-en aux lectures du jour : Nous avons ce midi deux textes pour nous mettre en appétit !

D’abord un extrait du livre des Nombres (Nb 11, 4b-15) : les fils d’Israël se souviennent avec nostalgie du poisson qu’ils mangeaient en Egypte, avec les concombres, les melons, les poireaux, les oignons et l’ail. Dans le désert, ils n’ont que la manne, semblable à des grains de coriandre, qu’ils broient pour en faire des galettes qui ont un goût de friandise à l’huile… Le peuple pourtant se plaint. Ils réclament de la viande à Moïse. Pauvre Moïse ! A la limite du burn-out avec ce peuple bien trop lourd à porter tout seul, il parle à Dieu. C’est trop ! « Tue-moi ! », dit-il.

Le texte d’évangile, lui, nous raconte le miracle de la multiplication des pains et des poissons. Nous aurons la version de Matthieu (Mt 14, 13-21). Au départ de 5 pains et 2 poissons, tout le monde mange de bon coeur, et il en reste…

Ouvrons nos oreilles et notre cœur à ces lectures. Entrons en prière, avec le chant des psaumes.

 Méditation

Dans l’évangile de Matthieu (Mt 14, 13-21), quand les disciples proposent à Jésus de renvoyer la foule « pour qu’ils aillent dans les villages s’acheter de la nourriture », celui-ci répond : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Dans le livre des Nombres (Nb 11), quand les fils d’Israël pleurent et rouspètent parce qu’ils n’ont que la manne du désert, Moïse s’isole et dit son désarroi au Seigneur qui lui promet la viande en abondance. Moïse, n’est pas convaincu de la durabilité de l’effet : « Tous les poissons de la mer, si on pouvait les ramasser pour eux, cela leur suffirait-il ? » (Nb 11, 22).

Les interprétations du texte de la multiplication des pains, que tous les évangiles relatent, vous les connaissez[1] :

-         Quelque chose d’inexplicable se produit. Un miracle. 5 pains et 2 poissons suffisent pour rassasier 5.000 hommes + les femmes et les enfants.  Au départ de presque rien, par multiplication : l’abondance !

-         Au départ de presque rien, bien davantage que le nécessaire pour la foule : de quoi nourrir tout un peuple !

-         La nourriture dont on parle, c’est la nourriture spirituelle, celle qui nous vient de Dieu. Grâce divine donnée en abondance.

Les soixante-dix anciens qui assistent Moïse reçoivent l’esprit, se mettent à prophétiser, mais cela ne dure pas. Moïse se lamente : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 29).

Jésus, lui, envoie ses disciples. Ce que Dieu faisait en direct pour le peuple du désert, Jésus charge ses disciples de le faire : « Donnez-leur à manger vous-mêmes ». Avec ce que vous avez, ce que vous trouverez, ce que vous êtes. Il prononce la bénédiction, rompt le pain, le donne aux disciples et les disciples les donnent à la foule qui reste là.

Il y a dans nos deux textes deux manières de faire :

-         Prier le Seigneur pour obtenir et attendre, comme Moïse. Démarche solitaire en totale dépendance.

-         Et/ou « Donnez à manger vous-mêmes », avec la bénédiction du Seigneur, comme le propose Jésus. Démarche collective en toute liberté.

 Quid ? Sommes-nous de l’Ancien ou du Nouveau testament ? Attendons-nous tout seuls que Dieu fasse, ou prenons-nous en main le rôle de distributeurs, acteurs de la multiplication ?

 Prière finale

Seigneur, remplis-nous de ton esprit pour être les multiplicateurs et les disséminateurs de ta miséricorde, au service des autres et de nos communautés. Donne-nous d’avoir confiance en toi, en ta présence et en ton soutien dans nos engagements, dans nos joies, dans nos peines, dans nos difficultés. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] Je passe ici les interprétations sur la préfiguration de l'eucharistie et de l'église.