Ps 76
2 Vers Dieu, je crie mon appel !
Je crie vers Dieu : qu'il m'entende !
3 Au jour de la détresse,
je cherche le Seigneur ;
la nuit, je tends les mains sans relâche,
mon âme refuse le réconfort.
4 Je me souviens de Dieu, je me plains ;
je médite et mon esprit défaille.
5 Tu refuses à mes yeux le sommeil ;
je me trouble, incapable de parler.
Le premier verset
de ce Psaume résume toute la démarche des Psaumes :
« Vers Dieu » oui, c'est vers Lui que
je me tourne ; et c'est déjà par le fait même une prière quelque soit ce
qui va suivre.
« je crie mon appel !» l'homme de la
Bible n'a pas peur de crier vers Dieu, de l'interpeller de toute sa vigueur.
Moi aussi je peux crier vers Dieu, je peux tout lui crier : du moment que
c'est à lui que je le crie, c'est une prière, toute la tradition de l'Église
l'affirme. Il est bon de nous l'entendre dire et de nous le rappeler quand nous
sommes dans la détresse.
« Je crie vers Dieu : qu'il m'entende ! »
la répétition insiste et enrichit ; « qu'il m'entende » c'est à
la fois une prière, un appel, un désir, une conviction, une certitude, un acte
de confiance.
Et l'homme nous
décrit sa manière de prier. Comme il arrive parfois, une épreuve, une détresse,
nous incite à chercher le Seigneur, à le questionner, à l'interpeller. Et il ne
faut pas avoir peur de ce mouvement. Il est bon. Saint Augustin nous y invite
« Au jour de ton malheur, chercher Dieu ! Ne cherche pas autre chose par
Dieu, mais cherche Dieu du fond de ton malheur : et à ton cri, Dieu écartera le malheur, et en
sécurité, tu te serreras contre Dieu » (sur le Psaume 76)
C'est une prière de
tout son être, les mains tendues, sans relâche ! Une manière de parler,
mais qui dit bien l'insistance et la persévérance.
C'est une prière
qui ne veut pas de consolation. Et il est vrai que devant la détresse d'une
personne il est souvent préférable de rien dire.
Pourquoi ne veut–il
pas de réconfort, sous entendu, humain ? Parce qu'il l'attend de Dieu et
non des hommes. C'est sa relation à Dieu qui est en jeu à travers cette
épreuve !
Il se souvient de
Dieu, de son action dans l'histoire de son peuple et dans sa propre histoire.
Ce souvenir augmente sa plainte et lui fait perdre le souffle, car si Dieu a
agi dans la passé, aujourd'hui, il ne bouge pas, il se tait, il semble absent.
Le priant en perd
le sommeil et la possibilité de s'exprimer ; il ne sait ni que penser, ni
que dire, il est complètement bloqué. Et il le crie en toute franchise. La nuit
peut aussi être l'obscurité dans laquelle mon cœur est plongé devant
l'incompréhensible.
Dieu en Jésus dans
son agonie a vécu cette détresse extrême dont il a souhaité être délivré...et
qu'il a acceptée dans l'abandon filial. (Matthieu 26, 37- 39 et 42 ; Marc
14, 33-36 ; Luc 22,41-44)
Seigneur je te
confie tous ceux qui aujourd'hui sont dans cette situation. Ceux qui se
tournent vers toi dans leur épreuve, ceux qui se révoltent, ceux qui plongent
dans le désespoir, ceux qui perdent le sommeil… Pour eux, avec eux, en leur
nom, je te crie mon appel !
À chacun vient
manifester ta présence d'une manière ou d'une autre, vient l'aider à ne pas perdre
cœur, à ne pas plonger sans retour, à rebondir, à se relever… Petit à petit,
jour après jour.
Soeur Marie-Christine