mercredi 28 juin 2023

Liturgie de la Parole, 12e mercredi TO

(Sœur Marie-Thérèse)

 Introduction

Aujourd’hui, l’Église fait la mémoire de Saint Irénée. Il est père et docteur de l’Église, et déclaré comme « Docteur de l’unité » par le Pape François en 2022. On connait peu de chose de la vie d’Irénée, néanmoins, cela n’empêche pas qu’on lui accorde le titre « un bon arbre » qui porte beaucoup de fruits. Revenons aux péricopes de ce jour : Quel est le lien entre ces deux lectures d’aujourd’hui ? C’est la première question que je me pose en lisant ces textes. La descendance d’Abram, la promesse de Dieu à Abram, les fruits d’un arbre, pourquoi l’Église met ces passages ensembles pour le même jour ? En utilisant certaines méthodes que j’ai appris durant les cours, j’essaie de trouver un fil rouge qui nous aidera à comprendre les Écritures de ce jour. (Rassurez-vous, ce ne sera pas aussi long que mes travaux de l’étude). Chantons d’abord la louange de Dieu.

 Commentaire

Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus nous dit : « Tout arbre bon donne de beaux fruits, et l’arbre qui pourrit donne des fruits mauvais » (Mt7, 17). Est-ce si simple ? Mais, dans les relations humaines, ce n’est jamais aussi facile de connaître une personne. Qui ne reconnait pas que la communauté de l’Arche est un bon fruit de Jean Vanier et de ses collaborateurs. Pourtant, pouvons-nous pour autant dire que Jean Vanier est un bon arbre ? Quelle complexité de l’homme ! Jésus voit-il la complexité de l’être humain ? Comment devenir un bon arbre qui donne de beaux fruits, malgré l’obscurité de l’homme ?

Prenons un exemple : Abraham. La promesse de Dieu à Abram est-elle comme un rêve irréaliste ? Cependant, grâce à la foi d’Abraham, cette promesse est réalisée. Je cite l’Épitre aux Hébreux : « Grâce à la foi, […] d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable » (Hé 11, 12). Abraham a eu foi en Dieu, et c’est pourquoi Il lui fut accordé d’être juste, d’être un bon arbre qui donne de beaux fruits.

Dieu n’a jamais promis de nous donner une solution magique. Sa promesse, c’est sa présence perpétuelle dans notre vie. Mais Il nous a donné la liberté d’accepter sa présence ou de la refuser, c’est à nous de choisir ! Si nous mettons notre foi en Dieu, faisons confiance en la personne de Jésus, marchons en sa présence. Avec son aide, nous aussi, nous pouvons devenir un bon arbre qui donne de beaux fruits.

Ici, je voudrais souligner un caractère spécifique d’un bon arbre. Être un bon arbre, autrement dit, être un chrétien authentique, c’est comme l’écrit Daniel Marguerat, « consentir à un Dieu qui vient à nous dans la fragilité, un Dieu qui accueille en nous ce que nous sommes sans qu’on le doive à des qualités ou aux œuvres de la Loi »[1]. Tout est donné par Dieu, et nous devons agir sans partage, sans réserve, sans duperie, mais être un, unifié. Être unifié, c’est également la caractéristique d’un moine, d’une moniale.

 Notre Père

Avec Jésus, dans la même confiance qu’Abraham, prions Notre Père.

 Oraison

Dieu d’Abraham, Dieu le Père, Abraham a cru à Ta parole, ainsi la promesse a été réalisée. Accorde-nous la même foi, viens à notre aide, puisque sans Toi, nous ne pouvons rien faire, pour que nous puissions pareillement devenir le bon arbre qui donne de beaux fruits, pour que Ta gloire soit manifestée sur toute la terre. Nous Te le demandons par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.



[1] Daniel MARGUERAT, Un homme aux prises avec Dieu, Paul de Tarse, Éditions Cabédita , 2014, p. 56

 

jeudi 22 juin 2023

Liturgie de la Parole, 11e jeudi TO

 (Danièle)

Introduction

Nous continuons la lecture de la deuxième lettre de saint Paul aux Corinthiens. Il écrit ceci : « j'ai bien peur que votre intelligence des choses ne se corrompe en perdant la simplicité et la pureté qu'il faut avoir à l'égard du Christ ». Il met les Corinthiens en garde contre d'autres qui viennent leur annoncer un autre Jésus.  Il leur rappelle que lui, Paul, a la connaissance de Dieu.

Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus nous apprend à prier. En nous donnant les paroles du Notre Père, il fait de nous ses frères et sœurs, enfants d'un même Père.

Pour ouvrir notre cœur à la Parole, chantons les psaumes dans lesquels nous trouvons ces phrases : « le Seigneur est mon soutien. Heureux qui trouve en lui son refuge »

Après l’Évangile

Pour commenter cet Évangile, je me suis largement inspirée du livre du Père

Charles Delhez : « Dites Notre Père ».

Quand nous récitons le Notre Père, nous sommes en communion avec tous les chrétiens mais nous prions aussi dans l'espérance qu'un jour tous les humains s'ouvriront à la paternité aimante de Dieu parce que tout homme est enfant de Dieu. Il n'attend pas notre baptême pour nous adopter. « Jésus n'a pas fondé une petite religion nationale, mais il est venu révéler que tout homme a Dieu pour Père, quel que soit le nom qu'il lui donne »(p 43)

Que ton nom soit sanctifié.

« Sanctifier le nom de Dieu, c'est devenir comme un vitrail à travers lequel Dieu peut manifester sa splendeur … Chacun fait jouer les couleurs de manière unique pour dire quelque chose du mystère de Dieu... Chacun est invité à être audacieusement lui-même, à laisser sa personnalité profonde être façonnée par Dieu... Croire, c'est ouvrir les mains pour recevoir... (p 55)

Que ton règne vienne

Il s'agit du règne d'un père, d'un règne d'amour. Il se peut que le règne de Dieu signifie le Christ en personne disait saint Cyprien. « Le règne d'amour de Dieu, ce n'est pas un autre monde... il ne s'agit donc pas de chercher à s'en évader mais de le transformer pour qu'y rayonne l'amour »... (p 57)

Que ta volonté soit faite

Toutes nous désirons faire la volonté de Dieu. Sa volonté, c'est que son règne vienne, un règne de justice, de paix et de liberté pour tous... Dieu étant amour infini, il ne peut être que discrétion infinie »  Il faut prier avec foi même si la volonté de Dieu reste mystérieuse.

D'ailleurs, comment découvrir la volonté de Dieu ? En étant attentive à notre quotidien, en y lisant les signes que Dieu nous y faits ( p 67)

Attention de ne pas voir des signes partout et de ne pas faire de Dieu un magicien qui intervient dans tout.

Donne-nous notre pain de ce jour

Dieu nous veut vivant. Si Jésus nous fait demander le pain c'est parce que son Père désire nous le donner. Or, il arrive que le pain manque, heureusement pour le chrétien, Dieu est aussi sauveur. Par cette demande, nous croyons que la providence aura le dernier mot.(p79)

Pardonne-nous comme nous pardonnons

La semaine dernière, il était question de pardonner avant de présenter son offrande à l'autel. « Qu'il faille pardonner, c'est une évidence pour nous. Mais cette démarche est-elle condition du pardon de Dieu ? Évidemment, non ! Le pardon est toujours gratuit, sans condition... il ne s'agit donc pas d'acheter son pardon par le mien... Il n'est pas nécessaire d'avoir pardonné, mais de le vouloir pour demander pardon à Dieu... Le pardon, comme le pain, ne peut être reçu qu'en le partageant.(p 95)

Ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre nous du mal

Malgré nos prières, la tentation ne nous sera pas toujours épargnée. A ces moments-là, nous espérons que le Seigneur restera à nos côtés pour que nous soyons délivré(e)s du mal.

 

« Dites Notre Père » Charles Delhez,  éditions fidélité/Racine 1998

 

Invitation au Notre Père

Tout au long de l’Évangile, Jésus nous invite à prier. Le Notre Père est la seule prière qu'il nous a enseignée, redisons-la en chantant notre joie d'être enfants d'un même Père !

 

Prière finale

Père, nous te prions, Tu sais déjà de quoi nous avons besoin, nous te rendons grâce. Ta parole est notre pain quotidien.

Tu nous pardonnes toujours, aide-nous à nous en  réjouir.

Fais que nous pardonnions à notre tour.

Apprends-nous à sanctifier ton nom en nous laissant façonner par toi.

Nous te le demandons à toi qui vis et règnes aujourd'hui et pour les siècles des siècles.

mardi 20 juin 2023

Liturgie de la Parole, 11e mardi TO

 (Isabelle Halleux)

Introduction :

C’est Fièsse à Namur aujourd’hui ! Li fièsse di St Aubin ! Alors, pour savoir ce que c’est la Saint Aubin, il faut être namurois.e, ou connaître un.e namurois.e. En bonne liégeoise, et sans namurois.e sous la main, j’ai essayé de m’informer. ChatGPT m’a envoyé promener. Mais j’ai trouvé ceci : 

-          Le 21 juin est bien jour de fête à Namur : l’administration communale ferme à midi !

-          C’est Albert II qui a introduit le culte de Saint Aubain à Namur dans les années’50. Pas le roi, mais le comte : Albert II de Namur ! Pas 1950 mais vers 1050.

 Plus sérieusement, que savons-nous de Saint Aubain (et là je prends comme référence un texte du chanoine Meyen en 2005[1]) ? Saint Aubain est originaire d’Afrique du Nord ou de Grèce, il arrive à Rome avec son évêque dans le courant du lVe siècle et doit fuir vers le Nord les ariens qui mettent à mort les chrétiens. Ils évangélisent la région de Mayence durant plusieurs années et finissent en martyrs.

 Les Bollandistes racontent ainsi le martyre de Saint Aubain, qui eut lieu le 21 juin 404 : Il rencontra encore là l'hérésie arienne, et à ses perfidies il opposa le glaive de la Parole Divine. Doué d'un génie vif et ardent et d'une forte éloquence, il attaquait sans ménagement les hérétiques et les enlaçait dans les noeuds indissolubles de son argumentation. C'est par ce moyen qu'il excita leur colère et leur rage. Cette rage finit par éclater, et Aubain, saisi au milieu de ses frères, fut accablé de mauvais traitements. Mais, sans s'émouvoir de ces cruautés, il demeura ferme dans la foi catholique et immobile au milieu des insultes, comme un rocher au milieu des vagues irritées. Enfin, après avoir subi toutes sortes de mauvais traitements de la part d'une multitude insensée, il eut la tête tranchée hors de la ville. Une tradition constante rapporte que sa langue murmura encore les louanges de Jésus-Christ, après que sa tête fût détachée du tronc ; elle ajoute que le Martyr ramassa sa tête lui-même, et qu'il la porta d'un pas ferme jusqu'à l'endroit où il fut ensuite enseveli avec honneur.

 C’est de persécution, de flagellation, de mauvais traitement, de souffrance, mais aussi de courage et de persévérance que nous parlent les écritures du jour : des extraits de la 2e lettre à Timothée (2Tim 2,8-13.3,10-12) et de l’évangile de Matthieu (Mt 10, 17-22).

 Nous y reviendrons après avoir prié les psaumes.

 Méditation

Dans les églises orthodoxes de Moldavie roumaine, vous êtes émerveillés par les fresques superbes en couleurs et en graphisme qui couvrent tous les murs, les plafonds, et jusqu’aux embrasures des portes et des fenêtres. C’est une sorte de mise en BD des écritures. C’est magnifique ! Dans l’église ce sont principalement des scènes de la vie de Jésus ou de la vierge ;  mais dans le narthex, donc la pièce juste avant d’entrer dans l’église, ce sont des scènes en relation avec nos lectures du jour : des hommes et des femmes persécutés, jetés dans un lac, cuits à la casserole, crucifiés la tête en bas, lapidés, décapités, et même chatouillés à mort ! Tous ont des nimbes qui suivent leurs têtes. On peut se dire que Saint Aubain y aurait sa place… Graphiquement, c’est naïf et beau.

Ce qui frappe, quand on s’y attarde, c’est l’imagination débordante des hommes pour persécuter leurs semblables ! Comment est-il possible d’en arriver à de telles atrocités ? Deuxième étonnement : le regard et l’attitude des suppliciés : ils ont l’air heureux; certains sont même souriants. Comment est-il possible que les martyrs soient ainsi « réjouis » ? Troisième étonnement : Mais pourquoi couvrir les murs d’entrée des églises avec des scènes pareilles de martyr(e)s ?

Dans la langue orale, on a du mal à distinguer martyre et martyr.

 Il y a le martyre avec « e » : l’acte de martyriser, maltraiter, tourmenter quelqu’un en raison de ses convictions, de sa foi, et ce parfois jusqu’à la mort. C’est injustifiable, inacceptable, condamnable. Nous nous émouvons, nous déplorons, nous réagissons, nous manifestons, nous militons. Nous n’oublions pas qu’il y a eu et qu’il y a encore de grandes persécutions de personnes ou peuples entiers au nom de leur foi. Autour de nous, il y a aussi des petites souffrances quotidiennes infligées au nom de la foi, comme l’interdiction du port de signe extérieur de religion (une petite croix autour du cou), les railleries face à la foi (auxquelles on n’ose pas répondre), les règles de consommation alimentaire… Grands et petits martyres, mais martyre quand même pour celui qui en est affecté, qui en souffre. Y sommes-nous attentifs ?

 Il y a aussi le martyr sans « e », le mot qui désigne justement celui ou celle qui est victime, mais pas que... « Martyr » dérive du grec ancien « martur » qui signifie « témoin ». Le martyr témoigne courageusement de sa foi. En paroles et en actes. Un must pour un chrétien ! Il trouve sa confiance en Dieu et son souffle par l’esprit. « Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 20). C’est pour cela que les martyrs sourient sur les fresques : ils sont habités par leur foi au-delà de la souffrance et ils en témoignent. « Vivre en hommes religieux dans le Christ Jésus » (2 Tim 3, 12). Où en sommes-nous du témoignage de notre foi au monde ? Du côté des courageux ? Du côté des patients ? Des charitables ? Des persévérants ?

 Un mot sur le sens des fresques dans le narthex, mon 3e étonnement : en entrant, le cortège des saints martyrs vous accueille et vous regarde ; leur courage et leur foi se montrent, s’exhibe, à vous. Comment ne pouvons-nous pas penser à leur exemple quand on entre dans l’église pour prier ou y recevoir l’eucharistie ? Que l’on soit seul, en communauté, en église ? Les saints martyrs, on les voit aussi en sortant. Ils nous suivent du regard. Ils nous accompagnent, nous qui sommes envoyés à vivre en témoins courageux, avec la force de l’Esprit…

 Prière finale

Seigneur, notre Dieu, nous te prions pour et avec notre diocèse par l’intercession de Saint Aubain. Nous te confions tous les martyrs de la foi, quelles que soient leurs croyances religieuses. Fortifie-les dans les épreuves et envoie-leur ton esprit pour les affermir comme témoins courageux. Nous te le demandons, par Jésus, qui règne avec toi dans l’unité de l’Esprit, pour les siècles des siècles, Amen.



 

jeudi 15 juin 2023

Liturgie de la Parole, 10e jeudi TO

 (Danièle)

Introduction

Dans les lectures d'aujourd'hui, il sera question de conversion et de réconciliation.

Dans sa lettre aux Corinthiens, Paul dit que « quand on se convertit au Seigneur, il n'y a plus de voile qui couvre le cœur. Il dit encore « là où l'Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté , ... l’Évangile n'est voilé que pour les incrédules » et il continue de proclamer que Jésus est le Seigneur.

Dans l’Évangile de Mathieu, ce que demande Jésus n'est pas évident. Avant de présenter son offrande, il faut se réconcilier avec celui avec qui on a un désaccord (quelqu'un qui pourrait nous jeter en prison quand même)... Mieux vaut se réconcilier pendant qu'il en est encore temps, plutôt que de devoir passer devant un juge.

Dans le psaume 84 que nous entendrons entre les lectures, « le Seigneur donnera ses bienfaits et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui et ses pas traceront le chemin ».  Cette phrase me fait penser à la poésie de Sr Marie-Raphaël dans le livre « chemin de crête » : …  « chemin tracé mais qui ne se révèle qu'à mesure des pas posés »... les siens et les nôtres.

Avant de rencontrer le Christ par sa Parole, chantons les psaumes en le glorifiant.

 Après l’Évangile

 Jésus demande que notre justice surpasse celle des scribes et des pharisiens pour entrer dans le royaume. La loi de l'Ancien testament dit « tu ne tueras pas » et Jésus ajoute « si tu te mets en colère contre ton frère ou si tu l'insultes, tu devras passer en jugement devant un tribunal ». Jésus n'écarte pas la loi de l'Ancien Testament, il l'approfondit, il va plus loin. Il s'agit d'aimer. Aimer Dieu et aimer les autres, « il s'agit de manifester cet amour de toutes les manières possibles ».(1)

Hier, au verset 17 du même chapitre, Jésus disait « je ne suis pas venu pour abolir la loi mais je suis venu pour l'accomplir ».

« Pardonner, c'est reconnaître la souffrance ou le mal qu'on nous a fait mais essayer de lâcher prise » (Pape François)

Sommes-nous satisfaites de notre conduite ? Cet Évangile est dérangeant, difficile à suivre. Jésus ne me demande t-il pas l'impossible ?

Il nous appelle à changer, à devenir plus attentionnées, plus aimables, plus justes. Parfois, des paroles anodines peuvent être source de souffrance pour autrui. Or, il y a plusieurs manières de tuer les autres, leur vie peut être détruite par des calomnies, par des confidences reçues d'une amie et divulguées, soi-disant pour le bien de cette amie.

Sans le vouloir, on peut faire du mal à l'autre, briser une relation, créer un conflit, une division, alors que Jésus nous demande d'être uni(e)s.

Les pharisiens se préoccupaient de l'amour de Dieu mais pas du prochain. Or, si on n'aime pas son prochain, on n'aime pas Dieu.

Mais n'avons-nous pas le droit d'être en colère contre un malfaiteur ? De crier notre mécontentement contre l'injustice ? Oui, nous pouvons désapprouver les mauvais comportements, mais nous ne devons pas juger. Il ne faut pas oublier que Jésus est mort aussi pour eux et qu'ils sont aussi des bien-aimés de Dieu. 

Dans cet Évangile, Jésus exagère peut-être un peu pour nous faire comprendre que se mettre en colère et créer des conflits n'est pas la relation qu'il souhaite que nous ayons les unes envers les autres, nous devons toujours être prêtes à pardonner et ça n'est pas simple.

Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas... s'en tenir uniquement  à la loi, ce n'est pas suffisant.  Jésus veut faire comprendre qu'une mauvaise intention est aussi grave que l'action qui en découle. Une colère peut être à l'origine d'un meurtre, elle est donc aussi condamnable qu'un meurtre. Ainsi, Jésus donne un nouveau sens à la loi.(2)

Réconcilions-nous , de cette façon, nous témoignerons de l'amour de Dieu et nous avancerons sur le chemin dans les pas de Jésus . Chemin qui est en construction. Chacun de nos pas, si petit soit-il est une avancée...

Je termine avec un extrait du poème de Sr Marie-Raphaël.« mon chemin de crête, se cache dans la plaine, nul ne le soupçonne mais chaque pas l'aiguise...

 Invitation au Notre Père

 « Du milieu des ténèbres, brillera la lumière et cette lumière brille dans nos cœurs»

Adressons notre prière à Notre Père en lui rendant grâce.

 Prière finale

Seigneur, tu me demandes de me réconcilier avec mes frères et sœurs. Aide-moi à voir clair dans mon comportement vis-à-vis de ceux que je rencontre.

Ouvre mes yeux pour que je vois où tu me conduis à travers des petites choses qui paraissent anodines,

Donne-moi la grâce de dominer mes tendances de rancune ou de vengeance envers ceux et celles qui m'ont blessée.

Crée en chacune de nous un cœur aimant et respectueux,

Donne nous la force de pardonner

Nous le demandons à toi qui vis et règnes avec Jésus-Christ et le saint Esprit, maintenant et dans les siècles des siècles. 

(1) Blog « moment sacré »

(2) http://www.paroissesaintgabriel.com

mardi 13 juin 2023

Liturgie de la Parole, 10e mardi TO

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

 Bonjour à tous et toutes en ce beau jour idéal pour… retrouver ce qu’on a perdu[1] !

 Il existe un lien évident entre ces deux lectures : l’engagement. Nous allons entendre un passage de l’évangile de Matthieu que nous connaissons bien (Mt 12, 28-37), « le sel de la terre et la lumière du monde », ainsi qu’un extrait de la lettre aux Corinthiens (2 Co 1, 18-22). 

 Dans la lettre aux Corinthiens, Paul souligne l'importance de l'unité et de la fidélité envers les promesses de Dieu. « Jésus n’a été que Oui ! ». Il appelle les Corinthiens à l’unité et à proclamer ce « Oui » à Dieu. Un « Oui » franc.

 Dans le passage de Matthieu, Jésus invite ses disciples à être des témoins actifs de sa grâce et de son amour et à être unis dans leur rôle « de sel et de lumière ». Cela implique une unité d'esprit et d'action, quand les disciples répondent positivement à l'appel de Dieu. Un « Oui ! ».

 « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde ». Cela s’adresse à nous, chrétien.nes, disciples à la suite de Jésus.  Nous sommes invité.es à être - et à rester - des témoins fidèles, apportant au monde la saveur de l'amour de Dieu et la lumière de la vérité.

 Avant de réécouter ces deux lectures, chantons les psaumes.

 Méditation

 S’il y a bien un texte lu pour toutes les occasions, c‘est notre évangile ! Beaucoup le proposent, et beaucoup le choisissent, parce qu’il parle de l'importance de notre rôle de chrétiens, actifs, témoins de la foi en Jésus-Christ. Rôle passé, rôle présent, rôle à venir. 

 « Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde ». A combien de célébrations, de fêtes, de mariages, d’enterrements avons-nous participé où nous l’avons entendu, avec toutes sortes de commentaires de circonstance ? Combien de cartes postales, de marque-pages ou de magnets avons-nous vu, qui nous l’ont évoqué ? Combien de saveurs de la vie avons-nous goûté en y pensant ? Combien de bougies avons-nous allumées et regardées en nous disant « voilà la lumière du monde ».

 Je vous laisse méditer en silence.  Souvenez-vous d’une image, d’une fête, d’un événement où ces mots de Jésus ont résonné en vous. Souvenez-vous de ceux, de celles auxquel.les ils étaient adressés. Ou simplement rappelez-vous le jour (les jours) de votre « oui ! » à Dieu… Parce que c’est bien de cela dont il s’agit ! « Vous êtes le sel et la lumière ».

 Prière finale

Seigneur, la saveur de notre vie se trouve dans la profondeur de notre présence à toi. Lorsque nous sommes pleinement attentifs à nous-mêmes, aux autres et au monde qui nous entoure, nous découvrons la richesse et la beauté de chaque instant. Nourris notre esprit, fortifie-nous pour rester ouverts à ta grâce et être porteurs de lumière dans ce monde. Nous te le demandons, par Jésus ton Fils, Sel de la Terre, Lumière du monde, qui règne avec toi en unité avec le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] 13 juin : Saint-Antoine de Padoue

vendredi 9 juin 2023

Liturgie de la Parole, 9e vendredi TO

(sr Marie Christine)

Introduction 

Bonjour et bienvenue à cette célébration où il nous est donné d’accueillir la Parole du Seigneur.

Dans le livre de Tobie, nous arrivons à la fin de l’histoire avec le retour de Tobie.

Tobit père enfin guérit de sa cécité utilise 11 fois le verbe bénir et la 12ème demande que Sarra, sa belle-fille, soit comblée de bénédiction et de joie ! Dans ce livre, on a beaucoup parlé de mort. La vie reprend enfin, la joie et la bénédiction éclatent et se communiquent à tous les juifs de la ville.

Dans l’Évangile, la foule nombreuse écoute Jésus avec plaisir… Qu’il en soit de même pour nous aujourd’hui et chaque jour.

Prenons maintenant plaisir à chanter les Psaumes et à écouter la Parole qui nous est donnée.

 Méditation

Hier comme aujourd’hui, Jésus parle et enseigne en s’appuyant sur l’Écriture. En ce jour de sa fête je vous propose un texte de saint Éphrem (moine et diacre de Syrie au 4ème siècle).

 La Parole de Dieu, source inépuisable[1]

« Qui est capable de comprendre toute la richesse d'une seule de tes paroles, ô Dieu ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, tout comme les gens assoiffés qui s'abreuvent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, tout comme sont nombreuses les perspectives de ceux qui l'étudient.

Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu'il aime. Et il a caché dans sa parole tous les trésors pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite. Sa parole est un arbre de vie qui, de toutes parts, te tend des fruits bénis ; elle est comme ce rocher ouvert dans le désert, qui devint pour tout homme, de toutes parts, une boisson spirituelle : Ils ont mangé un aliment spirituel, et ils ont bu un breuvage spirituel (1 Cor. 10,3-4).

Que celui qui obtient en partage une de ces richesses n'aille pas croire qu'il n'y a dans la parole de Dieu que ce qu'il y trouve ; qu'il se rende compte plutôt qu'il n'a été capable d'y découvrir qu'une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par la parole, qu'il ne croie pas que celle-ci est appauvrie ; incapable d'épuiser sa richesse, qu'il rende grâces pour sa grandeur.

Réjouis-toi, parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ce que la richesse de la parole te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s'attriste pas de son impuissance à épuiser la source. Mieux vaut que la source apaise ta soif, plutôt que ta soif n'épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si, au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur.

Rends grâces pour ce que tu as reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n'as pas pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, reçois-le à d'autres moments grâce à ta persévérance. N'aie l'impudence, ni de vouloir prendre d'un coup ce qui ne peut être pris en une fois, ni de t'écarter de ce que tu pouvais recevoir peu à peu. »

 Invitation au Notre Père

« Béni soit Dieu ! Béni soit son grand nom ! Que son grand nom soit sur nous ! » disait Tobit père. À son invitation et à celle du Seigneur Jésus, chantons et bénissons le Père

 Prière d’envoi 

Une prière composée par saint Éphrem :[2]

« Fais-moi revenir à Tes enseignements, Seigneur. Je voulais m'en détourner mais je me suis aperçu de mon appauvrissement. Mon âme ne tire aucun bénéfice, en effet, en dehors du temps que je passe avec Toi. Chaque fois que j'ai porté sur Toi ma méditation, c'est un véritable trésor que j'ai reçu de Toi.(...) Amour est le trésor de tes Réserves célestes.»

Par Jésus Christ ton Fils, notre Seigneur, qui vit avec Toi et l’Esprit Saint maintenant et pour les siècles des siècles.



[1] Lectures chrétiennes pour notre temps” : © 1972 Abbaye d'Orval, Belgique. Fiche O 64

[2] https://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-St-Ephrem-sur-les-Enseignements-de-Dieu

mercredi 7 juin 2023

Lirurgie de la Parole, 9e mercredi TO

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

Bonjour à tous et toutes en ce jour de la Saint Gilbert (un prénom plusieurs fois attribué dans ma famille – je pense particulièrement à eux). Jour de lune gibbeuse descendante – pour les jardinier.ières, c’est un jour à laisser reposer les plantes et la terre. Et c’est aussi un jour anniversaire du sacre du Roi Soleil – je dis cela pour nos ami.es françaises qui connaissent, bien sûr, cette histoire par cœur !

 En ces jours-là, Tobith, nous dit la première lecture (Tb 3, 1-11.16-17), gémissait et pleurait dans sa prière : « Seigneur juste, (…) Laisse-moi partir au séjour éternel. Que je devienne moi-même terre. Mieux vaut mourir que de connaître tant d’adversité à longueur de vie ». C’est ce que dit aussi Sarra, insultée par une jeune servante. Elle a été mariée 7 fois, n’a pas eu d’enfants – la honte –, et elle supplie le Seigneur de la faire mourir, « pour que je n’aie plus à entendre de telles insultes à longueur de vie. » « La prière de l’un et de l’autre fut portée en présence de la gloire de Dieu où elle fut entendue. » Raphaël leur a donné un coup de pouce…

 Y a-t-il un lien avec l’évangile du jour (Mc 12, 18-27) ? Il y a les sept maris, la mort et la fidélité à Dieu… Et nous irons « au-delà »  avec Jésus : au-delà de la mort, il y a la résurrection et la vie. Nous écouterons avec attention. Mais d’abord, chantons les psaumes.

 Méditation

Il est patient Jésus. J’admire ! Les Sadducéens, sont là, devant lui, tout riches, tout beaux, tout imbus de leur pouvoir, tout pointilleux sur les textes qu’ils prennent au premier degré. Ils sont là, venus pour poser à Jésus « la question qui tue » : une femme, veuve, sept frères, sept maris, tous décédés, et elle meurt aussi… Que va-t-il se passer quand ils ressusciteront ? Jésus prend le temps d’écouter leur histoire jusqu’au bout.

 J’adore sa réponse : non seulement Jésus répond à la question de la résurrection, mais il leur balance une réflexion sur les anges, à eux qui ne croient ni à l’une ni aux autres : « Quand on ressuscite, on est comme les anges ».  Jésus 1 – Sadducéens 0.

 Et il va plus loin. Et c’est là qu’il est vraiment fort : il connaît très bien les textes du Pentateuque auxquels ils font référence.  « Vous vous égarez complètement[1] », les amis !!! Vous contestez la résurrection en en appelant à la loi de Moïse[2] et en mettant en scène un exemple absurde de Madame Croque-maris ! Relisez vos textes ! Et Jésus reprend la même Loi de Moïse, pour démontrer que les Sadduccéens ne l'ont pas comprise : si Dieu dit à Moïse, dans l’épisode du buisson ardent[3], qu’il est « le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob », c’est parce que « il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ». Jésus 2 – Sadducéens 0.

 Mais il n’est pas question pour nous de compter les points… Comment comprendre ce que dit Jésus quand if affirme : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants » ?



[1] Verset 27

[2] Dt 25, 5-6 – l’histoire d’épouser son beau-frère ; Gn 38, 8 – l’histoire d’épouser sa belle-sœur et lui donner un héritier

[3] Ex 3,6 

mardi 6 juin 2023

Liturgie de la Parole, 9e mardi du Temps Ordinaire

 

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.

En ce 9e mardi du Temps Ordinaire, je tire le fil rouge de l’argent…

Étrange fil, certes, mais tellement présent en notre monde et objet de tant de convoitises, qu’il peut être utile de l’évoquer, surtout quand la liturgie nous y invite.

En effet, nous poursuivons la lecture du livre de Tobie, commencée hier.

Il y est question d’un travail effectué, d’un salaire reçu, d’un chevreau offert en cadeau.

Dans l’évangile, il est aussi question d’argent : « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »

Et en ce 6 juin, nous célébrons la mémoire de St Norbert, fondateur des Norbertins ou Prémontrés.

Chapelain à Xanten, Norbert vit une conversion fulgurante et partage ses biens auprès des plus pauvres.

Il exercera un ministère itinérant, avant de fonder une nouvelle forme de vie : associer la contemplation et la prédication dans un cadre de vie communautaire, qui conduira à la fondation de l’Ordre de Prémontré. C’était au 12e siècle.

Ainsi, qu’il s’agisse de l’époque supposée de Tobie au 4e siècle avant JC, du temps de Jésus ou du 12e siècle de notre ère avec St Norbert, l’argent est au cœur de la préoccupation de notre humanité.

Écoutons ce que le Seigneur veut nous en dire aujourd’hui.

Et recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes.

 Méditation

Les Pharisiens et les partisans d’Hérode s’adressent à Jésus :

« Maître… tu es toujours vrai ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens, mais tu enseignes le chemin de Dieu selon la vérité ».

Malgré une apparence flatteuse, tout sonne faux dans leur parole.

Une duplicité que dénonce le narrateur : ils veulent « lui tendre un piège en le faisant parler ».

Jésus ne se laissera pas tromper et leur demandera :

« Pourquoi voulez-vous me ‘mettre à l’épreuve’ / me ‘tenter’ ? »

« tenter » : rappelons que la première utilisation de ce verbe dans le 2e évangile renvoie à l’action du diable, lorsque Jésus séjournait au désert :

« … il resta quarante jours, tenté par Satan… » (1, 13).

Surgit alors la question des Pharisiens et des partisans d’Hérode :

« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César… Devons-nous payer, oui ou non ? »

Comme l’écrit Philippe Bacq : « Si Jésus répond ‘oui’, il se rend complice d’un pouvoir païen en terre d’Israël ; s’il dit ‘non’, il fait figure de révolutionnaire qui conteste l’occupant »[1].

Face à une telle alternative, on comprend que Jésus dénonce : « Pourquoi voulez-vous me tenter ? »

Jésus ne répondra pas à la question de « payer ou non », mais il les conduira beaucoup plus loin.

En leur demandant une pièce d’argent, il pose la question : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »

Puis il déclare : « Ce qui est à César, rendez-le à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».



[1] Ph. Bacq – Od. Ribadeau Dumas, Un goût d’évangile. Marc, un récit en pastorale2, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, p. 171.