lundi 29 mai 2023

Liturgie de la Parole, 8e lundi du Temps pascal

 Sainte Marie Mère de l’Église.

(sr Marie Christine)

Introduction

En ce lundi nous reprenons le TO ! Mais y a-t-il un TO ? Rien n’est ordinaire quand nous le vivons avec l’aide de l’Esprit, avec, par et dans le Christ !

Une bonne transition nous est offerte puisque depuis 5 ans le lundi de Pentecôte est la mémoire de Marie Mère de l’Église. Ceci à cause de « l’importance du mystère de la maternité spirituelle de Marie qui, dans l’attente de l’Esprit Saint à la Pentecôte (cf. Ac 1, 14), n’a jamais cessé de prendre soin maternellement de l’Église pèlerine dans le temps».[1]

Elle prend soin aussi de chacun de nous, de tous les disciples de Jésus et de toute l’humanité en recherche.

Qu’elle nous accompagne en ce jour, au long des jours, et en notre prière des Psaumes.


Méditation

 « Jésus se mettait en route. Un homme arrive en courant, tombe aux genoux de Jésus et lui pose la question vitale : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »

Nous avons entendu la réponse de Jésus, réponse à laquelle nous pouvons ajouter la belle 1ère lecture du livre de Ben Sira le Sage.

« Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.». Cette phrase est propre à Marc. Jésus ne serait-il pas bon ? Si bien sûr, toute sa vie, paroles et actes le proclament. Mais c’est comme s’il disait : ma bonté ne vient pas de moi, je me reçois d’un autre, Dieu. Et alors, il ne s’agit plus de faire, mais d’être.

Pour rester dans le registre de l’homme, il lui cite la 2ème partie du Décalogue. L’homme reconnaît qu’il l’a observée depuis sa jeunesse.

Son désir d’aller plus loin, touche Jésus.

Ce qui est central dans ce passage de l’évangile c’est le lien qui se tisse véritablement entre Jésus et cet homme : « Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. » Un lien de vie. Un regard qui est une invitation. Invitation à une dépossession pour prendre la route à la suite de Jésus. Prendre la route, au sens propre et au sens figuré : entrer dans la manière de vivre de Jésus, accueillir « le Royaume de Dieu à la manière d’un enfant »[2], comme Jésus la dit dans le passage qui précède. Invitation à aller au-delà de l’observance. Invitation à entendre la 1ère lecture de ce jour et à comprendre existentiellement que Dieu seul est bon, qu’Il nous ouvre le chemin du retour, de la conversion, qu’Il offre sa miséricorde, et que nous recevons tout de Lui. On n’entre pas dans le Royaume à la force de notre bonne observance, mais comme un enfant qui sait qu’il n’est rien, qui reçoit tout, qui, à l’époque, n’a aucun droit. Tout est gratuit. Tout est grâce. Tout est relation d’amour.

 Devant la tristesse de l’homme qui s’en va sans répondre à son invitation, Jésus lui aussi est triste : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » (…) « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »

En disant cela Jésus bouleverse complétement les perspectives : en effet la richesse était vue comme la bénédiction de Dieu, récompense de la bonne observance des commandements, et voici qu’elle devient un handicap !

« Enfants » dit Jésus aux disciples ! Que l’Esprit, dont nous avons célébré hier la venue, nous donne un cœur d’enfant, heureux de tout recevoir gratuitement du Père des cieux, et d’entrer dans la relation d’Amour qu’Il nous offre.

 Invitation au Notre Père

Avec la prière reçue du Seigneur chantons Celui qui est le seul bon.

 Prière d’envoi : PAPE FRANÇOIS

Prière à Marie, Mère de l'Église et Mère de notre foi[3]

« Ô Mère, aide notre foi !

Ouvre notre écoute à la Parole, pour que nous reconnaissions la voix de Dieu et son appel.

Éveille en nous le désir de suivre ses pas, en sortant de notre terre et en accueillant sa promesse.

Aide-nous à nous laisser toucher par son amour, pour que nous puissions le toucher par la foi.

Aide-nous à nous confier pleinement à Lui, à croire en son amour, surtout dans les moments de tribulations et de croix, quand notre foi est appelée à mûrir.

Sème dans notre foi la joie du Ressuscité.

Rappelle-nous que celui qui croit n’est jamais seul.

Enseigne-nous à regarder avec les yeux de Jésus, pour qu’il soit lumière sur notre chemin. Et que cette lumière de la foi grandisse toujours en nous jusqu’à ce qu’arrive ce jour sans couchant, qui est le Christ lui-même, ton Fils, notre Seigneur ! »

jeudi 25 mai 2023

Liturgie de la Parole, 7e jeudi du Temps pascal

 Jean 17, 20-26, saint Bède le vénérable

(Danièle)

Introduction

Dans les actes des apôtres, Paul a été arrêté à Jérusalem mais le tribun veut savoir ce qu'on lui reproche. Amené devant la cour suprême composée de pharisiens et de sadducéens, Paul se présente comme fils de pharisien et pharisien lui-même et dit « c'est à cause de notre espérance, la résurrection des morts que je passe en jugement », alors, il y a eu une discussion entre les pharisiens et les sadducéens qui eux ne croient pas à la résurrection des corps...

De retour dans la forteresse, Dieu dit à Paul « courage, il faut que tu témoignes aussi à Rome », une façon d'annoncer à Paul qu'il ne resterait pas prisonnier à Jérusalem.

Après cette lecture, dans le psaume 15 prévu aujourd'hui, nous chanterons « mon cœur exulte, mon âme est en fête »... Cette phrase sera un leitmotiv dans mon commentaire, c'est une suite logique de ce que nous découvrons de l'amour de Dieu dans l’Évangile de Jean. Jésus prie « Père, que tous soient un comme nous sommes un et que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux ».

Rendons-lui grâce en chantant les psaumes.

Après l’Évangile

Aujourd'hui, l’Évangile de Jean est assez clair...

Pour laisser descendre en chacune de nous, la Parole, pour prendre le temps de la méditer, je serai brève...

Jésus dit : « Père, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi », donc, Jésus prie pour ceux et celles qui grâce au témoignage des premiers disciples, croient en lui... Jésus prie pour nous toutes, pour moi, pour les générations futures. C'est une grande révélation! « Mon cœur exulte, mon âme est en fête », le psaume 15 tombe bien. 

Jésus prie pour que tous soient un, pour que nous soyons tous unis à lui et à son Père. C'est difficile de réaliser que nous sommes si intimement liées à la Trinité. 

-Y a t-il  de moins en moins de chrétiens ? Quelle importance ! ? Ce n'est pas le nombre de chrétiens qui amène le monde à croire mais plutôt leurs actes, leur manière de vivre, leur façon d'être vraiment unis entre eux... Nos divisions, nos querelles sont un obstacle pour que le monde croie. Jésus est mort pour nous rassembler. Dans sa prière, il demande à son Père  « que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux ». Comment ne pas jubiler, ne pas louer Dieu  en entendant cette demande de Jésus ? « mon cœur exulte, mon âme est en fête ».

Jésus veut partager avec nous, il souhaite nous avoir auprès de lui pour contempler sa gloire, pas sa gloire de fils de l'homme, mais sa gloire de fils de Dieu, il nous invite dans cette unité trinitaire. « La gloire de Dieu et la gloire de l’Homme c’est d’avoir cette capacité de se réjouir du bonheur de l’autre à l’inverse de la jalousie. (Fernand Streber)

Bien sûr, cette unité est différente de ce qui se passe dans le monde. Les disciples ont été les premiers témoins de cette unité et par l’Évangile, elle se poursuit entre nous. Et au cœur de cette unité trinitaire, il y a l'Amour, un amour immense.

En méditant cet Évangile, j'ai remarqué que lorsque Jésus s'adresse à son Père, il emploie deux formules. D'abord, il dit Père saint quand il prie pour ses disciples et pour nous mais quand il parle du monde qui ne l'a pas reconnu, il dit « Père juste » peut-être à cause des injustices de ce monde ? Jésus a été condamné injustement... Mais Dieu, Père juste, l'a ressuscité et l'a assis à sa droite.

« Je veux que là où je suis ils soient aussi avec moi »

Merci mon Dieu ! « mon cœur exulte, mon âme est en fête ».

Invitation au Notre Père

Unis dans un même amour, prions le Père avec les paroles que Jésus nous a apprises.

Prière finale

Seigneur, nous te rendons grâce. Jusqu'à la fin, tu t'es inquiété pour nous, tu as prié pour nous...

Tu voudrais que l'on soit un en toi. Tu nous donnes la gloire que tu as reçue et tu souhaites que l'amour de Dieu soit en nous.

Aide-nous à vivre unies et à comprendre que dans l'amour il y a des différences mais pas de divisions.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec toi et le saint Esprit maintenant et dans les siècles des siècles.

 

Pour l'inspiration, merci à :

Blog « sondez les écritures »

mardi 23 mai 2023

Liturgie de la Parole, 7e mardi du Temps Pascal

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

« J’achève ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage de l’évangile et de la grâce de Dieu. », dit Paul, «  (…) J’ai servi le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et les épreuves (…) Je n’ai rien négligé pour annoncer le dessein de Dieu. (…) Vous ne verrez plus mon visage, vous tous chez qui je suis passé » (Ac 20, 17-27).

Dans l’évangile aussi (Jn 17, 1-11a), le temps de Jésus sur terre atteint son terme. Il adresse à son Père une prière émouvante dans laquelle il met l’accent sur son accomplissement de l’œuvre que Dieu lui a confiée. Il exprime ses préoccupations, sa confiance et son amour pour les disciples.

Dans les deux textes, des impressions d’adieu et de mission accomplie… Sans tristesse.

Faisons monter notre prière vers Dieu en chantant les psaumes.

 Méditation

Je vous propose de méditer un peu sur ces « adieu, mission accomplie » de Paul et de Jésus dans les lectures que nous avons entendues. Ils s’en vont. Ils ont fait la volonté du Père. Et ils l’expriment, en détail. Est-ce un besoin de justification ? Un besoin de reconnaissance ? Un prélude à des demandes ? Ou… peut-être une invitation ? Et dans ce cas, à quoi ?

« Mission accomplie ! ». C’est ce qu’a posté mon frère sur son mur facebook, au lendemain de l’enterrement de notre belle-mère emportée par le Covid au début de l’épidémie.  Il a tenu la promesse faite à notre père. Il l’a tenue jusqu’au bout avec une totale abnégation et un grand respect. Il le dit en deux mots. Et je pense qu’il nous y associait tous.

Il me vient aussi en mémoire une réplique de Dustin Hoffman dans le film « Le merveilleux magasin de M. Margorium ». M. Margorium, mourant, dit[1] : « J’ai vécu chacun de mes 5 actes[2] et je m’en vais. Je te demande simplement de tourner la page, de continuer à lire et de commencer une nouvelle histoire »[3].

Ces quelques mots peuvent éclairer nos textes de l’évangile : mission accomplie, départ, tourner la page, continuer à lire et commencer une nouvelle histoire. Jésus et Paul ont accompli la volonté de Dieu. Ils s’en vont et ne reviendront pas. Une page se tourne avec une expérience humaine, très humaine, et son lot de souffrances et de joies ; avec l’expérience aussi d’une vie en Dieu avec un livre ouvert sur un avenir en Dieu – ce n’est pas n’importe quel livre.

Ces textes nous invitent, en disant, en relisant leur expérience, à vivre une histoire nouvelle à leur suite, en leur absence[4], dans la confiance.

Jésus « va vers le Père ». Et « dans le monde » qu’il quitte (Jn 17, 11a), tout commence, tout s’invente, se dit, se construit, grâce à Paul et les autres dont la mission est de « rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu » (Actes 20, 24). Jésus, Dieu est présent. Et l’Esprit les anime.

Paul s’en va à Jérusalem, nouvelle étape de son périple, et des disciples, partout, prennent son relai, les petites églises se constituent et partagent l’évangile, l’église se développe. Jésus, Dieu est présent. Et l’Esprit les anime.

Puis, dans la foulée, il y a nous… Le Seigneur nous donne au quotidien de le rencontrer, de le connaître par sa Parole, par la relation intime avec lui, par le témoignage des saints. Il nous donne de permettre à sa volonté de s’accomplir dans nos vies. Il nous donne la vie éternelle : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ », dit notre évangile (Jn 17, 3). Même si nous nous en allons. Jésus, Dieu est présent. Et l’Esprit nous anime.

Rendons témoignage à l’évangile. Vivons en Christ. Accomplissons notre mission, notre vocation, la volonté du Père[5]. « Je suis glorifié en eux », dit Jésus (Jn 17, 10). Il est glorifié en nous… Ne l’oublions jamais.

Prière finale

Seigneur Dieu, ta gloire s’est révélée à travers Jésus qui a accompli l’œuvre que tu lui avais confiée. De nombreux chrétiens témoignent de leur vie en toi ; ils chantent pour toi, avec force et puissance[6]. Donne-nous d’accomplir notre mission, notre vocation, de toujours chercher à te connaître, et de magnifier ta grandeur, ton amour et ta sainteté. Nous te le demandons, par Jésus, notre intercesseur, qui t’as rejoint et qui règne avec toi, en unité avec le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] à la jeune Molly à qui il confie en héritage son magasin de jouets

[2] Comme le roi Lear dans la pièce de Shakespeare dont ce film explore des idées similaires.

[3] La suite des lectures du jour donne des indications sur les souhaits/demandes/recommandations  de Paul et Jésus : unité, sanctification, communion, fraternité (Ac 20, 28-38), (Jn 17, 11b-19), dont je ne tiens pas compte ici pour ne pas déflorer la méditation de demain. 

[4] Ou plutôt : en La Présence J

[5] Je reviens au « Mission accomplie ! » de mon frère. Je lui demanderai s’il parlait de lui-même, ou de notre belle-mère… parce que je crois qu’elle a accompli la sienne et fait la volonté du Père des cieux !

[6] Allusion au psaume du jour : Ps 67

vendredi 19 mai 2023

Liturgie de la Parole, 6e vendredi du Temps pascal

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

 Nous voilà en chemin vers la Pentecôte. Jésus a rejoint le domaine divin ; il ne se montrera plus, mais il ne nous abandonne pas pour autant : la venue de l’Esprit nous est annoncée.

 Dans la première lecture de ce jour, des Actes de Apôtres (Ac 18, 9-18), Paul, à Corinthe, entend Dieu lui dire de ne pas avoir peur et de continuer à parler car personne ne lui fera de mal. Paul est encouragé à prêcher l’évangile avec confiance, malgré les obstacles qu’il rencontre.

 L’évangile (Jn 16, 20-23a) nous parle de la joie après la douleur. La joie de mettre au monde efface la douleur de l’enfantement. Pour ceux qui sont dans la peine, la joie prend la place de la tristesse, de la peur et encourage à avoir confiance en Dieu. Cette joie, personne ne peut l’enlever.

 Nous entrons dans le thème de la consolation divine et de la joie qu’accompagnent la persévérance, la confiance et la prière, par-delà les difficultés. Prions. Chantons les psaumes.

  Méditation

 Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus annonce aux disciples, qui « pleureront, se lamenteront, seront dans la peine », qu’ils seront consolés après sa mort, que leur « peine se transformera en joie ». Joie et douleur sont inextricablement liées à la condition humaine, à la vie. La joie n’efface pas la peine : elle prend sa place.

 De quelle joie s’agit-il ? De quoi est-elle faite ? Comment fonctionne-t-elle ? Quelle en sont les causes ? Les finalités ? Qu’est-ce que cela change/apporte à la vie humaine ?

 L’évangéliste Jean est, comme d’habitude magistral : en un verset, il donne une réponse simple, rapide, subtile à ce questionnement aristotélicien sur la «  vraie joie » : « Vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » (Jn 16, 22)

 En quelques mots, tout est dit, tout est clair. D’ailleurs le verset suivant clôt la discussion : « En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions ». Point.

 « Votre cœur se réjouira. » Se réjouir, c’est éprouver la joie, c’est vivre la joie. C’est le cœur qui se réjouira ; pas la tête ! C’est en ce lieu intime, là où sont nos désirs profonds, que se trouve la joie.

 Se réjouir. De quoi ? Pourquoi ? De réjouir de la rencontre. Parce que « je vous reverrai », dit Jésus. Il ne dit pas « vous me reverrez », mais « je vous reverrai ». Si le désir de « voir Dieu » habite l’homme, le désir de Dieu nous précède toujours et nous attend, au plus profond de notre cœur. Ce qui nous appartient, c’est de nous présenter comme nous sommes devant lui et le laisser faire. « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ».

 Jésus continue : « Cette joie, personne ne vous l’enlèvera ». Elle est possible, toujours accessible malgré l’adversité, la maladie, la vieillesse, les déceptions, les deuils. Personne ne peut l’enlever car Jésus et Dieu sont toujours là, présents, accueillants, patients.

 On aurait pu répondre à la série de questions relatives à la joie en disant : « c‘est ce qu’on vit quand le Christ nous rencontre au plus profond de nous-mêmes, dans le cœur de notre intimité, là où il nous attend patiemment depuis toujours », ou encore « cette joie, c’est notre rencontre avec le Christ, c’est notre vie en Christ ».  Mais le verset de Jean est tellement plus beau, plus enthousiasmant, plus consolant, plus « ouvert », plus humain et plus divin : « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. »

 Prière finale

Seigneur, en une phrase, tu sais ouvrir notre esprit à ton mystère. Donne-nous de te rencontrer là où tu attends. Donne-nous de nous réjouir et de connaître la joie. Envoie ton esprit. Encourage et fortifie ceux qui portent ta Parole, qui la transmettent de génération en génération, qui en traduisent le sens, par leurs mots, leur témoignage, leur vie. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

mercredi 17 mai 2023

Liturgie de la Parole, 6e mercredi du Temps pascal

(sœur Marie-Christine)

Introduction

En cette veille de l’Ascension du Seigneur nous sommes réunis pour le célébrer et nous laisser enseigner par sa Parole. Que l’Esprit ouvre nos cœurs à l’intelligence des Écritures.

Paul fait un remarquable discours aux Athéniens. Il les rejoint dans leur quête religieuse. Pourtant il essuie un échec : l’annonce de la Résurrection de Jésus ne passe pas et ils se moquent de Paul. Du coup celui-ci part pour Corinthe, ville cosmopolite où l’Évangile sera accueilli et portera beaucoup de fruits. Comme quoi l’important est l’ouverture du cœur !

Dans l’Évangile, Jésus nous annonce la venue de l’Esprit de vérité qui nous conduira dans la vérité tout entière. Quelle vérité ? Jésus ne le dit pas. Mais il y a tout une cascade de transmission : Aucun ne possède quelque chose en propre ! Tout est reçu, accueilli, offert dans un mouvement ininterrompu. L’Esprit transmet aux disciples ce qu’il a entendu et reçu de Jésus, qui lui-même reçoit tout ce que possède le Père, le Père donne tout. Échange incessant de vie. Puissions-nous nous recevoir sans cesse de cette relation de vie et d’amour, entrer dans ce mouvement d’accueil et de don de nous=mêmes à Dieu, à nos frères et sœurs.

Accueillons ce don à travers le chant des Psaumes en communion avec l’Église et le monde.

 

Méditation de Saint Basile

(Père de l’Église qui a vécu en Cappadoce dans l’actuelle Turquie au IVe s.)[1] :

Esprit de Dieu, Esprit de vérité, Esprit ferme et souverain, Esprit Saint !

Ainsi appelons-nous cet Être spirituel, d’une intelligence et d’une puissance infinies.

Il ne se mesure ni en années, ni même en siècles, Lui qui se donne sans mesure.

Vers Lui doit se tourner qui veut être sanctifié. C’est Lui que doit chercher qui veut vivre dans l’amour. Son Souffle apporte à tous rafraîchissement et soutien dans leur cheminement humain.

Ce n’est pas un Vivant qui ait besoin de réconfort. C’est Lui qui communique la Vie et l’entretient (…)

Il est partout présent. S’Il remplit tout par sa puissance, Il ne se donne qu’à ceux qui sont prêts à L’accueillir. Il ne communique ses dons qu’à la mesure de la foi.

Simple en son Être divin, Il se diversifie en ses signes. Tout entier à chacun de ceux qui l’ont reçu, Il est tout à tous à la fois.

Partagé, Il reste Un, tel un rayon de soleil, présent à tous ceux qui en jouissent, comme s’ils étaient seuls à le recevoir (…).

Il nous faut devenirs des familiers de l’Esprit Saint. (…) Alors, Il te fera contempler l’Image, le Christ (…). Et tu verras en Lui la beauté du Père.

Par Lui, le cœur s’élève : faible, il est pris par la main. (…)

C’est Lui, l’Esprit, qui rend spirituels ceux qu’Il fait communier à sa Vie.

Porteurs de l’Esprit, ils reçoivent en Lui la lumière, ils rayonnent sa grâce.

 

Introduction au Notre Père 

L’Esprit « recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » Qu’il nous fasse entrer dans la prière reçue du Seigneur et chante en nos vies…

 

Prière d’envoi[2] 

extraite de La Philocalie

« Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, prends pitié de moi pécheur !

Par ton Esprit de Sagesse, fais que je goûte ta Présence.

Par ton Esprit d’Intelligence, fais que je pénètre ton Mystère.

Par ton esprit de Conseil, fais-moi discerner ta Volonté.

Par ton Esprit de Science, fais-moi reconnaître partout ta Main.

Par ton Esprit de Force, fais-moi réaliser ce que Tu m’inspire.

Par ton Esprit de Piété, donne-moi le sens de la Prière vraie.

Par ton Esprit de Crainte, aide-moi à ne jamais T’oublier.

Jésus, Fils de Dieu, Sauveur, prends pitié de moi pécheur ! »

Toi qui vis avec le Père et l’Esprit, Dieu d’Amour et de don réciproque pour les siècles des siècles. Amen



[1]Saint Basile Traité du Saint Esprit Chapitre 22( cité par Tous à Manbré N° 3 mars 1984 p 2)

[2] La Philocalie ( cité par Tous à Mambré N° 3 mars 1984 p 15)

La Philocalie : Vaste florilège des témoins de la tradition hésychaste, méthode de la « prière intérieure », guide du père spirituel, haute théologie ordonnée à la contemplation. Elle date de 1782 et La Philocalie accompagne aussi, sur les chemins de son apostolat charismatique, le célèbre « pèlerin russe ».

 

jeudi 11 mai 2023

Liturgie de la Parole, 5e jeudi du Temps pascal

 Mémoire des Sts Abbés de Cluny

(Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.

« Chantez au Seigneur un chant nouveau… De jour en jour, proclamez son salut… ! »

Tel est le chant du psalmiste en ce 5e jeudi du TP…

Tel est aussi le chant qui a incontestablement guidé la vie de ces moines dont nous faisons mémoire aujourd’hui.

En ce 11 mai, la liturgie nous offre une mémoire qui m’est chère, celle des Saints Abbés de Cluny, dont la fondation remonte en 909.

 

« Racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! »

Une formule peut synthétiser l’intuition monastique promue par Cluny : « Rien de trop beau pour Dieu ».

Il s’en est suivi le déploiement du chant choral et de la vie liturgique, la magnificence des bâtiments, de l’art, des ornements, la promotion de la culture, la copie de manuscrits…

 

Mais n’omettons pas ce qui est au cœur de l’évangile de ce jour :

« Demeurez dans mon amour »

En ce monde médiéval insécurisé et inquiet, la stabilité de direction clunisienne – 6 abbés en deux siècles – a bénéficié d’une expansion rapide.

Dans le souci des hommes de son temps, le mouvement clunisien n’a cessé de prêcher par l’exemple et la générosité.

Cet appel « Demeurez dans mon amour » a pu offrir à ces générations de moines une stabilité intérieure, au-delà des heurts et malheurs.

Cet appel s’adresse aussi à nous aujourd’hui, en notre 21e siècle confronté à d’immenses défis.

En collectant les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes, recevons la Bonne Nouvelle du psalmiste : « Le monde, inébranlable, tient bon ! ».

 

 Méditation

En guise de méditation, je souhaite vous relire la parole de Jésus entendue dans l’évangile.

Elle est si puissante qu’elle se suffit à elle-même.

Prenons un temps de silence et laissons-la résonner en nos cœurs et en nos vies.

Puisse-t-elle porter beaucoup de fruit…

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.

Demeurez dans mon amour.

Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour,

comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,

et je demeure dans son amour.

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,

et que votre joie soit parfaite »

 Temps de silence

 Notre Père

Avec les Saints Abbés de Cluny et tous les moines qu’ils ont conduits sur les chemins de l’évangile, redisons la prière de Jésus…

 

Prière

Seigneur, en ce Temps pascal, tu nous invites à la confiance : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour… ». Avec les Saints Abbés de Cluny, nous te rendons grâces pour ton Amour qui change tout en nos vies et en notre monde. Accorde-nous de l’accueillir, afin que jaillisse en nos cœurs cette « joie parfaite » que tu nous réserves, apte à dissiper les ténèbres, proches et lointaines. Nous te le demandons, à Toi, le Vivant du matin de Pâques, qui règnes avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

Bénédiction

Que le Seigneur Ressuscité nous bénisse et nous garde…

 

mardi 9 mai 2023

Liturgie de la Parole, 5e mardi du Temps pascal

(Isabelle Halleux)

 Introduction

Je me réjouis de ce dont l’évangile nous parle ce midi : il nous parle de paix, la paix de Dieu. Mais comme aujourd’hui, c’est le jour de la fête de l’Europe, celui où nous nous rappelons de la déclaration Schumann en 1950, « l’acte fondateur de la construction européenne», je vous propose un extrait de l’adresse d’Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission Européenne, aux jeunes qu’elle rencontrait il y a quelques mois[1] à Taizé. Elle y parle de paix.

« La génération de mes parents a hérité d'un continent divisé et détruit par la guerre. C'était la génération de Frère Roger, le fondateur de la communauté de Taizé[2]. C’est cette génération qui a jeté les bases de l'Union Européenne. De la dévastation et de la poussière, ils.elles ont construit la promesse d'un continent pacifié et unifié, où la guerre entre voisins deviendrait totalement impossible. Ils ont planté les graines qui ont fleuri dans les mains des générations suivantes, qui ont fait tomber le rideau de fer et réuni les deux moitiés de notre continent. (…), qui nous ont donné la liberté de pouvoir nous déplacer, étudier, travailler sans frontière en Europe. »

  Ma génération[3] a hérité d'un immense trésor des générations précédentes : une union de 415 millions de personnes, une démocratie de démocraties, en paix et prospère à l'intérieur de ses frontières. Notre union peut paraître imparfaite. Mais l'Europe est d'abord, et pour la plupart, une aspiration et en tant que telle, elle n'est jamais achevée, jamais réalisée une fois pour toutes. « (…) 

 « Il est de la responsabilité de chaque génération de faire avancer l'Europe et  (…) de manière solidaire) (…) de toujours la rendre meilleure. Chaque génération a une mission à remplir, façonnée par nos valeurs, par nos talents, par nos aspirations. Quand j'ai entamé mon parcours de présidente de la commission européenne, la première question que je me suis posée était : « Quelle est la mission de MA génération » ? Quelle sorte de continent ma génération va-t-elle vous laisser, à vous, la prochaine génération ? Que faisons-nous des talents que nous avons reçus ? » (…)

 « Notre Union est née d'un long chemin vers la paix. Elle a été créée pour que, plus jamais, des pays européens ne se fassent la guerre entre eux. Et jusqu'à présent, cela a été le plus grand projet de paix réussi dans l'histoire de l'humanité. La guerre entre nos 27 états membres est tout simplement impensable. Notre union a tellement bien réussi que beaucoup d'entre nous ont commencé à considérer la paix comme acquise[4]. »

 « En temps normal, nous avons des tas de discussions, les compromis sont difficiles - c'est la démocratie ! C'est un peu lent, mais nous nous écoutons les uns les autres, et chaque voix compte. Chaque état membre compte. Ce que j'aime en Union Européenne, pas seulement pendant la pandémie, mais maintenant avec la guerre de la Russie contre l'Ukraine, c'est que, quand on a un problème sérieux, on se serre les coudes ! Et c'est une bonne chose ! »

 A un jeune qui lui posait la question de savoir ce qu’ils pourraient faire, comme jeunes chrétiens, pour contribuer à un monde plus uni et faire face aux défis globaux, Ursula von der Leyen rappelait les bénéfices du programme Erasmus comme expérience d’ouverture et de rencontre. Elle ajoutait : « Continuez ce que vous vivez cette semaine ici à Taizé ! Défendez vos valeurs. Donnez l'exemple. Chérissez l'évangile et les talents qui vous ont été donnés. Et, partant de votre foi, ouvrez-vous aux autres religions (…) Vous trouverez beaucoup de valeurs communes. Ecoute et humilité : je crois que cela nous fera avancer. »

 Ecoute et humilité. Sur ces paroles très « bénédictines », entrons en prière en chantant les psaumes.

 Méditation (Jn 14, 27-31a)

« Je vous laisse la paix. Je vous donne ma paix. »  (Jn 14, 27)

« Donne-nous Seigneur la paix. Non pas celle qui vient du monde, mais la paix qui vient de Toi. » (Chant de Raymond Fau, 1989)

 Après la prière du Notre Père, quand le prêtre nous invite à nous donner mutuellement « la paix du Christ » et à faire un geste pour marquer cet échange, c’est un moment de grande de joie. On se sourit, on s’embrasse, on serre la main du voisin, on se retourne, on cherche un visage connu là-bas, derrière, pareil devant, on se salue. Personnellement, je regrette toujours que le moment soit trop court parce qu’il y a encore celui-là ou celle-là avec qui échanger[5].

Et pourtant… à chaque fois, il y a au moins l’un ou l’autre regard que je cherche à éviter, une personne que je veux, ou que je dois zapper ! Et à chaque fois, cela m’agace, ou cela m’attriste -cela dépend des jours. Je dois faire « avec ». Avec, encore une fois le goût amer d’une tension existante, d’une incompréhension non résolue. Avec la douleur d’une réconciliation manquée.  Avec la rage ou les larmes qui montent. Je dois faire « avec » : avec un combat intérieur à mener vite, là, tout de suite, pour dépasser cela et entrer vraiment en communion.

C’est à ce moment-là que je me souviens de ce verset de l’évangile de Jean. « Je vous LAISSE LA paix. Je vous DONNE MA paix ». Cette paix que l’on est invité à échanger, c’est celle que nous avons reçue de Jésus en héritage, celle qu’il a expérimentée par/dans sa relation spirituelle à son Père. C’est notre « paix intérieure », celle qui vient de notre confiance en Dieu, de notre foi, de notre prière. Elle peut toujours se vivre et se donner, même si la situation extérieure est difficile. Ce n’est pas la paix du monde. C’est la paix qui vient de Dieu. Alors, je retrouve la sérénité nécessaire pour entrer vraiment en communion et recevoir le Corps du Christ.

Que la paix du Christ soit avec nous ! Qu’elle nous accompagne tout au long de cette journée, tout au long de nos journées. Amen.

Prière finale

Seigneur, fais de nous des instruments de TA paix. Soutiens notre volonté d’être uni.es en toi par la confiance et la prière.  Fais de nous des instruments de la paix du monde. Soutiens notre volonté d’être uni.es dans le respect et la diversité. Aide-nous à toujours chercher et emprunter des chemins de réconciliation en commençant autour de nous, dans nos communautés, en accueillant l’autre tel qu’il est, tel qu’elle est, dans ce qu’il vit, ce qu’elle vit. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui règne avec toi et le Saint Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

[1] 27/8/2023 – Vidéo publiée sur la chaine Youtube de Taizé : https://www.youtube.com/watch?v=vrb5A7vFt2g; surtitrage en français : https://www.youtube.com/watch?v=v9JpjsyQupk

[2] C’est aussi la génération de celles qui ont bâti le monastère d’Hurtebise

[3] C’est aussi la nôtre !

[4] Le conflit entre la Russie et l’Ukraine nous rappelle que la paix et la réconciliation sont un effort permanent dans lequel les politiques ont des responsabilités à assumer

[5] Sauf quand c’est le Père Fernand Schreber qui célèbre l’eucharistie : il se déplace jusqu’au fond de l’église, prend le temps d’adresser à chacun.e un regard, un geste, une parole.