lundi 30 août 2021

Liturgie de la Parole, 22e lundi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Nous entrons dans la troisième partie du temps ordinaire, celle où nous allons nous laisser guider par l’évangile de Luc. Aujourd’hui, nous entrons par le porche de ce récit inaugural, où Jésus vient à la synagogue de Nazareth, chez les siens.

La semaine dernière, avec la fin de l’évangile de Matthieu, nous avons entendu l’appel à vivre la vigilance et l’espérance, l’ouverture sur un avenir qui est une promesse. La première lecture, extraite de la lettre aux Thessaloniciens, nous le rappelle encore, en focalisant notre attention sur la promesse de la résurrection. « Nous serons pour toujours avec le Seigneur ». Mais le début de l’évangile de Luc que nous allons entendre fait résonner ce mot : « aujourd’hui » ! Comment vivre l’aujourd’hui ?

Résonances

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors, il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre. »

Spontanément, quand on entend cette phrase, on pense : cette prophétie d’Isaïe que Jésus vient de lire, il est en train de leur dire qu’elle s’accomplit en lui, qu’elle s’applique à lui. Autrement dit : c’est lui, Jésus, ce prophète qui déclare : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction » … c’est lui, Jésus, le Messie attendu par Israël. Telle est la lecture classique : dans la synagogue de Nazareth, par le biais de la prophétie d’Isaïe, Jésus décline son identité. On comprend l’étonnement, et même le scandale de ses compatriotes. Pour qui se prend-il ?

Je voudrais suggérer une autre lecture possible. En disant à son auditoire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (littéralement : dans vos oreilles), il suggère aussi que ce passage s’accomplit pour nous, en nous. Que chacun de nous peut dire : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Cette onction, ne l’avons-nous pas reçue à notre baptême ? Ne sommes-nous pas tous des « messies, oints par la Parole qui se répand dans nos cœurs et dans nos intelligences à la manière d’une onction ?

La question, alors, rebondit : comment cela résonne-t-il dans ma vie à moi ? Quels sont les pauvres vers qui le Seigneur m’envoie annoncer la bonne nouvelle ? les captifs à qui je dois annoncer la libération ? Les aveugles à qui je peux donner de la lumière ?

Je voudrais faire un lien avec la belle lettre de Jacques que nous avons entendue hier et qui nous disait : « Dieu a voulu nous engendrer (nous mettre au monde) par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures… Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous » (Jc 1, 18.21b). Comment accueillons-nous le travail de la Parole dans nos vies ? Comment osons-nous croire qu’elle nous concerne directement, qu’elle nous enfante ? C’est la question des gens de Nazareth. Mais ils n’ont pas osé y croire. Jésus n’a rien forcé. Son temps, pour eux, n’était pas encore venu. Il passe tranquillement au milieu d’eux, pour leur ouvrir un chemin, un possible.

Prière

Dieu notre Père, tu nous enfantes par ta parole de vérité, tu nous envoies, comme des messies, pour répandre autour de nous l’onction de ta bonne nouvelle. Béni sois-tu ! Fais-nous marcher à ta suite aujourd’hui et chaque jour, dans la confiance. Fais-nous discerner les jours de grâce où tu nous visites, afin que nous puissions t’accueillir et te laisser féconder nos vies.

samedi 28 août 2021

Liturgie de la parole, 21e samedi TO, st Augustin

 (Sr Marie-Thérèse)

 Introduction

« Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »(Jn13,34) « Nous pouvons réaffirmer que la charité est le centre de la réflexion de St. Augustin, dit Sr Anne,-une oblate de l’Assomption-, on comprend pourquoi le titre de docteur de la charité lui a été donné. Cette charité qui est subsistante, cette charité qui est Dieu, est, en effet, la force qui anime Augustin.

Augustin ne cesse de répéter : Dieu est Amour. Et c’est Lui qui est la source de tout amour : conjugal, familial, fraternel. Il donne plus d’importance à la charité fraternelle, mais en fin de compte elle recouvre toute autre forme de charité. Car dans la logique augustinienne, mon père, ma mère, mon conjoint, mon ami, est aussi pour moi un frère, une sœur en Christ. » [1]Chantons la louange de Dieu.

 Commentaire

« Où commence la charité ? Réfléchissez un peu ; vous savez quelle en est la perfection, quelle est sa fin et son caractère ? Le Seigneur lui-même nous le fait connaître dans l’Évangile de St. Jean « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »(Jn15,13) Il nous montre et nous invite à atteindre cette perfection de la charité. Mais vous vous interrogez et vous vous dites : quand pourrons-nous avoir pareille charité ? Ne désespère pas trop vite de toi-même ! Peut-être la charité est-elle née en toi, mais est-elle encore imparfaite : nourris-la, pour qu’elle ne soit pas étouffée. Mais, me diras-tu, comment le savoir ? Nous savons quelle en est la perfection ; apprenons comment elle commence.

/…/Où commence la charité ? Si tu n’es pas encore capable de mourir pour ton frère, sois déjà au moins disposé à partager ton bien avec lui. Que déjà la charité émeuve tes entrailles, afin de te faire agir non par ostentation, mais par surabondance de miséricorde venue du fond du cœur ; qu’elle te rende attentif à la misère de ton frère ! Si tu ne peux donner à ton frère de ton superflu, comment pourrais-tu donner ta vie pour lui ? L’argent qui gît en ton sein, les voleurs peuvent te l’enlever, et, à défaut de voleurs, la mort t’en séparera, même si tu ne t’en sépares pas de ton vivant : que vas-tu en faire ? Ton frère a faim, il est dans le besoin : peut-être attend-il anxieusement, pressé par un créancier. Il ne possède rien, toi, tu possèdes ; il est ton frère, vous avez été rachetés ensemble, tous deux au même prix, tous deux rachetés par le sang du Christ : vois si tu as compassion de lui, toi qui possèdes les biens du monde. En quoi cela me regarde-t-il, diras-tu peut-être. Moi, je donnerais mon argent, pour soustraire cet homme aux affres de la misère ? Si c’est là ce que te répond ton cœur, la dilection du Père ne demeure pas en toi. Si la dilection du Père ne demeure pas en toi, tu n’es pas né de Dieu. Comment te glorifier d’être chrétien ? Tu en as le nom, tu n’en as pas les œuvres. Mais si le nom est ratifié par les œuvres, on pourra te traiter de païen, toi, montre par tes actes que tu es chrétien. Car si, par tes actes, tu ne montres pas que tu es chrétien, tous auront beau t’appeler chrétien, à quoi te sert le nom, là où n’est pas la chose ? « N’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. »(1Jn3,18) »[2]

 Notre Père

Avec tous les frères et sœurs qui sont également enfants de Dieu, prions Notre Père.

 Oraison

Par la charité qui va jusqu’au don total de ta vie sur la Croix, Seigneur, Tu as rassemblé les hommes et les femmes qui veulent pratiquer le précepte de l’amour et désirent se laisser transformer par l’Amour, afin de vivre une unité parfaite avec Toi. Accorde-nous de nous laisser habiter par ton Esprit. Alors nous pourrons partager ton Amour avec tous nos frères et sœurs. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.[3]



[1] Sr Anne Thi Dung PHAM, oblate de l’Assomption, « La charité fraternelle chez Saint Augustin »

https://fondationjeanrodhain.org/les-chaires/lille/la-charite-fraternelle-chez-saint-augustin

[2] St. Augustin « Commentaire de la première épître de St. Jean » traité V, N12, pp269-271, Cerf, 1961

[3] Id1, inspiré de Sr Anne Thi Dung PHAM

vendredi 27 août 2021

Liturgie de la Parole, 21e vendredi TO, ste Monique

 (sœur Marie-Jean)

 Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure »

En ce 27 août, nous célébrons la mémoire d’une veuve qui a bien veillé, Sainte Monique, peut-être moins connue que son fiston que nous fêterons le 28 août, Saint Augustin.

Mais je ne veux pas couper l’herbe sous le pied de notre Sœur Marie-Thérèse qui animera la célébration de demain… Je n’anticiperai pas, mais me contenterai d’épingler trois traits de cette femme exceptionnelle.

 Monique, une chrétienne : elle est née en 331 ou 332, à Thagaste (l’actuelle Algérie). Elle a une double identité culturelle : berbère (un groupe ethnique d’Afrique du Nord) et romaine. Elle fut élevée dans la foi chrétienne.

Monique, une mère persévérante : avec l'accord de son mari Patricius, païen qui recevra le baptême à la fin de sa vie, elle élève ses trois enfants dans la foi chrétienne, mais son fils Augustin y préfère une hérésie de l’époque, le manichéisme. Le nom de Sainte Monique est liée aux larmes qu’elle versa pour lui dans l’espérance de sa conversion.

Monique, une femme comblée : à la conversion du fils, répond la joie incommensurable de la mère.

 Le fils Augustin restera reconnaissant de celle qui l’enfanta dans un double sens :

« Je lui suis redevable de tout ce qui vit en moi » (De la Vie Bienheureuse, 1, 6).

Et dans les Confessions, il complète : « Elle m’a généré avec sa chair afin que je naisse à la lumière du temps et avec son cœur afin que je naisse à la lumière de l’éternité »

En ce jour, en confiant au Seigneur les intentions de notre monde, particulièrement celles des femmes en Espérance pour leurs enfants, rejoignons la prière du psalmiste : « Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ; rendez grâce en rappelant son nom très saint ! »

 Méditation

En cette célébration, nous pouvons compatir au vécu des hommes et femmes de notre temps.

Les jeunes en recherche de sens et de bonheur, en perte de repères, en manque de témoins d'un chemin de Vie.

Les hommes et femmes qui désespèrent de leurs enfants, qui ne savent comment les guider, les aimer, les accompagner.

Les familles déchirées, éprouvées, qui ne savent pas communiquer, se parler, s'aimer.

Pour renouveler notre Espérance et approfondir notre foi que Dieu se donne, que son Esprit se diffuse dans les cœurs disponibles, recevons le témoignage du fils et de la mère, en cette fête de Sainte Monique.

 Accueillons la joie de Monique à la fin de sa vie, dont son fils se fait porte-parole dans ses Confessions :

« Ma mère dit alors : ‘Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas ? Pourquoi y serais-je ? Je ne sais ; je n’ai plus rien à espérer de ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici ?’ » (Confessions, livre IX, 10)

 Et accueillons la « confession » qu'Augustin nous livre, après les obsèques de sa mère tant aimée :

« … Je revenais à mes premiers sentiments sur votre servante ; je songeais à sa piété envers vous, à sa sainte tendresse, à sa complaisance pour moi, qui tout à coup me manquaient. Je goûtai la douceur de pleurer, devant vous, sur elle et pour elle, sur moi et pour moi. Je laissai couler mes larmes que je retenais, je les laissai couler à leur aise. Ce fut comme un lit sous mon cœur : il y trouva le repos. Car il n’y avait que vos oreilles pour m’entendre pleurer… » (Confessions, livre IX, 12)

 Temps de silence

Notre Père :

Avec le fils et la mère, Augustin et Monique, unis près de toi pour l'éternité, redisons la prière du Notre Père…

Oraison

Dieu notre Père, nous avons voulu compatir à la douleur de Sainte Monique pour son fils Augustin, ainsi qu'à la douleur de tant de femmes et d'hommes pour leurs enfants. Accorde-nous d'approfondir notre foi et notre Espérance, afin que la charité qui t'anime nous soit donnée et se diffuse en notre monde. Et qu'elle renforce les liens de tous ceux et celles que tu as créés et que tu aimes. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 

 

 

 

jeudi 26 août 2021

Liturgie de la Parole, 21e jeudi TO

 (sr Marie-Raphaël)

Ouverture

Les deux textes de ce jour parlent de la venue du Seigneur (sa venue eschatologique, à la fin des temps). La dernière phrase de l’extrait de 1 Thessaloniciens : « que le Seigneur affermisse vos cœurs, les rendant irréprochables en sainteté devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous les saints… », rejoint la première phrase de l’évangile : « veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient ». Mais curieusement, tout en nous orientant vers l’avenir, la leçon qui se dégage de ces textes est de nous rendre attentifs au présent. Il y a plusieurs manières de vivre le présent. On peut le vivre sans rien attendre, en se fermant à toute attente en se contentant du présent. Ou on peut vivre le présent comme marqué par l’attente d’une promesse. Et c’est tout différent !

Résonances

En méditant les lectures de ce jour, je repense à une conversation que j’ai eue récemment avec un ami (ensemble, on refaisait le monde et l’Eglise) : nous parlions de cette eschatologie, de cet horizon d’espérance qui doit caractériser la foi du chrétien. Et il me disait : la plupart des gens, aujourd’hui, sont enfermés dans le présent. C’est un peu à la mode de dire que l’essentiel est de bien vivre le présent. Mais il faut rester vigilants à ne pas perdre l’espérance. Les discours catastrophistes qui nous entourent peuvent nous enfermer dans la peur. La peur du lendemain. Le désespoir. Tout cela, toutes ces nouvelles qui nous viennent du monde, c’est tellement lourd à porter… alors, nous nous réfugions dans l’oubli, qui est à la fois oubli du passé et oubli de l’avenir.

Les chrétiens (et peut-être en particulier les moines et moniales) sont appelés à témoigner d’une conviction d’espérance. Mais comment ?

Le refrain qui revient à plusieurs reprises dans les paraboles de la vigilance que Jésus nous donne à travers le dernier discours de Matthieu, c’est : « vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Cela ne veut pas dire que nous devons vivre dans l’inquiétude. En fait, me semble-t-il, la leçon est plutôt : bien vivre le présent, mais non pas comme des gens qui n’attendent rien. Bien plutôt comme des gens qui se savent serviteurs, et non propriétaires, et qui attendent le retour de leur maître à qui ils devront rendre des comptes. Non pas un maître tyrannique qui réclame des récoltes là où il n’a pas semé, mais un maître qui leur fait confiance, qui les honore par sa confiance en leur donnant le soin de veiller sur « les gens de sa maison ». Ce n’est pas rien ! (je pense à la mission de l’abbé dans une communauté monastique : qu’il n’oublie pas que ce sont des âmes dont il a reçu la charge…)

Si nous nous sentons honorés par la confiance que Dieu nous fait, nous mettrons tout en œuvre pour être à la hauteur de cette confiance. Laissons de côté la peur de l’avenir. Travaillons humblement à la tâche qui nous est confiée, sachant que toute tâche est une haute mission de confiance. Cette perspective change tout !

Prière

Seigneur, donne-nous, entre nous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. Affermis nos cœurs dans la foi et l’espérance, rends-nous saints de la sainteté de ton Fils, pour que nous soyons prêts à l’accueillir au jour et à l’heure de sa venue.

mercredi 25 août 2021

Liturgie de la Parole, 21e mercredi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction :

Bonjour et bienvenue. La communauté a eu hier la joie d’accueillir sa nouvelle prieure……. Nous la confions à votre prière ainsi que la mission qui lui est donnée : Que ton Esprit, Seigneur la guide et la soutienne. Nous remercions encore Mère Myrèse qui a accompli ce service durant 24 ans et nous présentons au Seigneur dans la prière et l’action de grâce cette nouvelle étape pour la communauté.

La Parole de Dieu nous offre aujourd’hui deux textes forts et contrastés : Paul évangélisateur auprès des Thessaloniciens et la poursuite du chapitre 23 de saint Matthieu, le discours de Jésus aux scribes et aux pharisiens et à travers eux à tous les « bons pratiquants » de tous les temps. Invitation à l’authenticité du cœur et des actes.

Prions les psaumes de manière que notre esprit et notre cœur soient en accord avec notre voix (cf. Règle de Saint Benoît 19,7).

  Méditation :

Si nous regardons la 1ère lettre aux Thessaloniciens et l'Évangile quel contraste ! C'est comme si Jésus reprochait aux Pharisiens de n'avoir pas vécu selon l'exemple que Paul décrit dans sa lettre. L'exemple de Paul qui a travaillé et en même temps annoncé l'Évangile, et l'exemple de Thessaloniciens qui ont accueillis la parole « pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu ».

Pourtant je suis un peu gênée par l’auto justification de Paul ! Il se présente vraiment comme quelqu'un de bien ! Et même de très bien !!! Bref on pourrait dire un pharisien au mauvais sens du terme !

Ce qui est intéressant, c'est qu'en fait Paul n'a pas cherché à attirer les Thessaloniciens à lui, il les a orientés vers un Autre ! Ce n'est pas lui qu'il a annoncé c'est « l'Évangile de Dieu », ce Dieu qui « appelle à son Royaume et à sa gloire ». Il a annoncé une Bonne Nouvelle et celle-ci a transformé ses interlocuteurs. C’est la mission de tout chrétien : être témoin et laisser agir en lui et dans les autres « la parole de Dieu qui est à l’œuvre ».

 

À cette lumière nous comprenons mieux les paroles virulentes de Jésus. Jésus parle non pas contre les scribes et les pharisiens, mais à leur adresse pour les mettre en garde contre les dangers qui les guettent. Dangers qui guettent tout croyant: que les actes et paroles ne soient pas en cohérence avec la foi proclamée. Jésus ne leur dit pas « Malheur à vous » ! Mais « Malheureux êtes-vous » ! C’est comme s’il y a avait de la tristesse dans sa voix et dans son cœur : « attention, vous prenez un mauvais chemin ! »

 

Au fond que reproche Jésus aux Pharisiens ? D'avoir « l'apparence d'hommes justes » et à l'intérieur d'être « pleins d'hypocrisie et de mal » ! Non pas d'être les fils de ceux qui ont éliminé les prophètes. Mais de ne pas se laisser remettre en cause par sa parole, son action, sa vie. Sans s’en rendre compte, ils sont sur la même pente que leurs pères. Ceux-ci n'ont pas accueillis la parole des prophètes qui les appelaient à changer, à se convertir, à faire demi-tour pour s’ajuster à la Parole et aux manières du Seigneur et mettre leur confiance non en eux-mêmes et leurs pratique, mais en Celui qui les accompagne, les guide et les conduit sur le chemin de la vie avec lui dès maintenant et jour après jour.

 

Ce risque ne guette-t-il pas tout croyant ?

 

Comment l'éviter ? C'est dans le concret de la vie quotidienne, dans les petites choses que finalement se vérifie notre accueil de la parole de Dieu : le verset de l'Alléluia l’exprime bien. « En celui qui garde la parole du Christ l’amour de Dieu atteint vraiment sa perfection. » (1Jean 2,5).
Garder la parole, c'est veiller sur elle comme Marie qui gardait la parole et la méditait dans son cœur (cf. Luc 2, 19 et 51). Elle la laissait tourner et retourner en elle, elle la laissait la travailler comme le levain travaille la pâte. Elle avait confiance que la Parole « était à l'œuvre » en elle, et elle était disponible à cette action. Elle ne se fiait pas aux apparences, mais creusait sans cesse en son cœur la parole, les événements pour en discerner le sens.

Qu’elle nous accompagne dans notre vie avec le Christ sur la route de l’Évangile, au quotidien.

 

Invitation au Notre Père : 

Tournons-nous avec un cœur filial et fraternel vers Celui qui nous appelle à son Royaume et veut le réaliser en nous par nous dès aujourd’hui.

 

Prière d’envoi : 

Seigneur Dieu de vie, de lumière et de paix, tu nous appelles à ton Royaume. Nous t’en rendons grâce.

Que ton Esprit par sa bonté nous conduise par le droit chemin.

N’éloigne pas de nous ton Saint Esprit.

Qu’il nous purifie de tout ce qui nous éloigne de toi.

Qu’il nous modèle à ton image et à ta ressemblance.

Qu’il ouvre nos cœurs à ta Parole.

Qu’il nous aide à nous laisser travailler par elle et fasse de nous des disciples de ton Fils Jésus.

Lui qui nous conduit à la vie avec toi dès maintenant et pour les siècles des siècles.

samedi 21 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e samedi TO

 (Raymond)

Introduction :

Aujourd’hui nous fêtons Saint Pie X.  Il fut canonisé l’année même de la proclamation du dogme de l’Assomption de Marie en 1954.  Pape du début du 20ème siècle de 1903 à 1914, il fut à la fois réformateur en ce qui concerne le droit canonique et la curie romaine ;  à la fois conservateur, allant même jusqu’à imposer aux prêtres de prononcer un serment antimoderniste. Il fait également publier 24 thèses soutenant le thomisme. (Doctrine de St-Thomas d’Aquin dont l’originalité est de concilier les acquis de la pensée d’Aristote et les exigences de la foi chrétienne qui repose sur l’affirmation fondamentale de « l’être » comme réalité universelle)

Il aura fallu Vatican II pour amorcer des réformes plus profondes dans l’Eglise et l’abrogation de ce serment antimoderniste en 1967.

Pie X a rédigé et publié le catéchisme de la doctrine chrétienne qui a notamment fait l’objet de notre parcours initiatique à la vie chrétienne. C’est lui qui demande à ce que les enfants fassent leur 1ère communion dès l’âge de sept ans ce qui aboutit en pratique à une inversion de l’ordre traditionnel des sacrements en plaçant la communion avant la confirmation.  Bref nous lui devons beaucoup de la liturgie de l’Eglise sous la forme que nous avons connue jusqu’à Vatican II.

Il a également promulgué le chant grégorien.

Commentaire :

Commenter l’Evangile que nous venons d’entendre semble totalement superflu.  C’est clair comme de l’eau de roche et je ne pourrais tout au plus que paraphraser ce que Matthieu nous rapporte. 

Un texte de Louise Monville, étudiante.

« Je me retrouve face à cet homme de 55 ans. "Je vais vous aider dans votre dossier de régularisation." Il arrive avec un sac plastique où sont regroupées toutes ses chances. Quelques documents qui ont vécu la peur, le voyage et qui viennent s’échouer sur ce petit bureau. Du haut de mes 23 ans et de mon statut d’Européenne, de Belge, d’Occidentale, me voilà bien embarquée pour lui poser des questions d’Européenne, de Belge, d’Occidentale. "Avez-vous des preuves, Monsieur ?" Car oui, ici, nous ne fonctionnons qu’avec des preuves. Voyez-vous, nous ne nous basons que sur les faits. On veut des documents, des attestations, des témoignages, des certificats, des contrats. On n’en a rien à faire de vos fragments d’histoire qui transpercent la gorge quand vous nous les racontez, on n’en a rien à faire de vos cernes, de vos corps mutilés, cabossés, de vos regards où se lit l’horreur. On veut des preuves. Comprenez, Monsieur, ici on est en Occident et on vous prie de laisser derrière vous vos affects, vos pleurs, et même vos espoirs. Soyez rationnels. "Pourquoi êtes-vous venus en Belgique ? Avez-vous des preuves de diplôme dans votre pays d’origine ? Pouvez-vous prouvez que votre retour dans votre pays est impossible ? Avez-vous des amis en Belgique… ?" Ultime question qui démontre l’incroyable humour occidental qui fait tout pour invisibiliser ces personnes, les exclure, les réduire au statut d’"illégaux" et qui ose leur demander ensuite s’ils ont des amis en Belgique. Travaillez-vous en Belgique, Monsieur ? Comment ça, au noir ? Sans preuve ! Vous n’avez pas de fiche de paie ? Aucun document qui prouve votre travail ? C’est pourtant simple : pour avoir des papiers il faut un travail, et pour avoir un travail il faut des papiers. 

Une chemise repassée

Le monsieur devant moi porte une chemise repassée. C’est ce geste, de la part de cet homme dont on a retiré toute dignité, qui me donne envie de chialer. Cet homme a mis sa vie en danger durant plus de 60 jours, il vit au milieu des 250 autres personnes dans cette église, sans intimité, sans confort et il se présente devant moi en une chemise impeccable. Repassée. Et moi je lui demande des preuves.

"Êtes-vous affilié à des activités culturelles ou sportives ?" J’ai honte de mes questions. J’ai honte de mes questions parce que je sais ce qu’il va me répondre. J’ai honte de lui renvoyer en pleine face que, malgré ces trois années passées dans notre pays, non il n’est pas intégré, non il ne va pas au club de hockey le samedi, non il ne participe pas à un stage de peinture durant les vacances. 

Je me vois lui arracher son passé, sa vie, à coup de questions. Marié ? Divorcé ? De la famille ? Raison du départ du pays ? Allez-y, crachez-moi votre histoire, dans ce petit local exigu, devant une parfaite inconnue qui a la moitié de votre âge, racontez-moi, allez-y, ça ne fera pas mal. Parlez-moi de vos malheurs, mais seulement si vous avez des preuves.

Est-ce que l’un de nous deux croit vraiment en ce que nous faisons ? »               

Je n’ai pas pu m’empêcher de partager ce témoignage qui sonne et résonne si puissamment  au fond de moi pour vous dire qu’il est vain et peu raisonnable de pointer le doigt sur l’autre alors que nous sommes si souvent focalisés sur l’image pervertie d’une réussite sociale véhiculée par la publicité, les médias, le discours commun. Une image qui développe l’égo, une inspiration démoniaque qui suscite la convoitise et la jalousie.  Quand nous sommes happés par le système et que nous nous laissons séduire, abandonnant toute forme de dignité et notre responsabilité d’homme ou de femme, nous perdons notre liberté, notre capacité de discernement en même temps que notre âme. Nous tombons alors dans la facilité, celle de pointer le doigt sur l’autre plutôt que de le tourner vers soi et se remettre en question.

Avant d’être pour l’autre, cette parole d’Evangile est pour moi.  Chacun et chacune nous devons l’entendre pour nous-mêmes en premier. C’est la condition sine qua non pour être disponible et ouvert à la parole même de Jésus ; une parole qui dit ce qu’elle fait, et ce qu’elle fait produit du fruit. Du 3 pour 1 ? Du 4 pour 1 ? Non, du 30, du 60, du 100 pour 1 et ce n’est, ni impossible, ni de la folie.

Notre Père :

Adressons notre prière à Dieu pour qu’il envoie dans nos cœurs l’Esprit de bienveillance à l’égard de tous nos frères et sœurs dans le Christ. Adressons lui aussi notre louange pour tous ces petits gestes que nous faisons, qui peuvent paraître pauvres mais qui sont des miracles aux yeux de Dieu.

Oraison finale :

Qui suis-je pour entendre ta parole et répondre à ton appel ? Mets dans nos cœurs la foi, l’espérance et la charité. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur.

jeudi 19 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e jeudi TO

(Danièle)

Introduction

Dans la première lecture, du livre des Juges, le vaillant guerrier Jephté a fait une promesse à Dieu « si tu livres les fils d'Ammone entre mes mains, je t'offrirai en holocauste la première personne qui sortira de ma maison », malheureusement, la première personne qui est sortie quand il est revenu, c'était sa fille. Avant de se sacrifier, elle a pu partir deux mois dans la montagne pour pleurer, elle aurait pu se sauver et ne pas revenir mais elle a obéi, elle a fait la volonté de son père qui a alors tenu sa promesse et ainsi n'a pas repris sa parole.

Dans l’Évangile, il y a aussi des morts, Matthieu nous raconte la parabole où le royaume de Dieu est comparable à un roi despote qui célèbre les noces de son fils, tout est prêt, Dieu a fait les premiers pas, mais les invités ne viennent pas, sans doute pensent-ils qu'ils ont mieux à faire... Dans l’Évangile de Luc, les invités donnent une raison et les serviteurs ne se font pas tuer. Dans Matthieu, le roi est intransigeant, habitué à une obéissance parfaite. On ne peut pas le comparer à Dieu qui nous aime et nous laisse libres.

Chantons les psaumes en lui rendant grâce, il nous invite à son festin.

 

Après l’Évangile

Dans sa générosité, Dieu nous appelle gratuitement tous et toutes. Aujourd'hui, le maître invite à un festin, un repas de noces, les bœufs et les bêtes grasses sont égorgées...

Un homme a t-il fait preuve d'insouciance ? Au moins lui, il a répondu à l'invitation, il a abandonné son travail pour venir et le malheureux se fait jeter, ligoté dans la nuit. Il n'avait pas le vêtement de noces. Il est venu en habit de tous les jours à un festin de roi où tout devait être luxueux, il n'a pas compris que ce festin était sacré, hors de l'ordinaire, que ce n'était pas un événement banal.

Parce que nous sommes invités, nous sommes responsables. Nous devons être dignes de ce vêtement de noces, vêtement qui est notre vie de fils et fille de Dieu, notre oui à sa demande de le suivre. Dieu est bon et généreux. Ne nous arrive t-il pas  parfois de considérer cette générosité comme acquise et de trouver des excuses pour ne pas répondre et remettre l'invitation à plus tard... Trop occupée pour le moment, pas le temps. Et c'est  ainsi que nous manquons le rendez-vous.

Le maître envoie ses serviteurs pour inviter tous ceux qu'ils rencontrent, les bons comme les mauvais. Il prend des risques, il n'a pas peur que les invités soient indignes de la fête. Est-ce la preuve que Dieu offre son salut à tout le monde ? La semaine dernière, Daniel Marguerat nous parlait du Christ qui se risque à devenir communauté, il se fait Église et accueille chacun en son corps. N'y a t-il pas similitude ? Encore faut-il accepter l'invitation...

Cette parabole est symbolique, le maître se montre intransigeant. Les premiers invités sont odieux, ils tuent les serviteurs qui n'ont fait aucun mal, ils ont autre chose à faire, ils préfèrent vaquer à leurs occupations quotidiennes et ne pas briser la routine.  Pour le maître, ne pas avoir le vêtement adéquat, c'était un manque de respect. L'invité n'est pas prêt pour être dans la lumière. Le maître pourtant l'appelle « mon ami », il ne le tue pas  mais le pauvre bougre se fait jeter dehors. J'aime espérer qu'une bonne âme viendra le délier... ça ne serait pas irréversible,  alors, le convive pourrait réfléchir, changer de conduite et peut-être revenir plus tard avec l'habit de fête... Tous sont invités, les bons comme les mauvais et par respect pour le maître, ils ont revêtu l'habit de fête, sauf un, peut-être par négligence. Il nous arrive aussi d'être négligent(e)s.

Anne Lécu faisait un rapprochement avec cet homme indésirable et Jésus qui lui aussi n'a pas été accueilli, a gardé le silence et a aussi connu les ténèbres.

Cet Évangile parle d'un festin de noces où nous sommes toutes et tous  appelé(e)s... Or, la dernière phrase dit « beaucoup sont appelés mais peu sont élus », là, ça casse l'ambiance, mon optimisme en prend un coup...

Nous sommes toutes et tous les bienvenu(e)s. Y aurait-il tant de négligents ?

Le rythme de la vie quotidienne nous rend parfois insouciant(e)s, sourd(e)s à l'invitation de Dieu.

En fait, ce n'est pas le maître qui décide, ça ne dépend que de nous , l'invitation est large, peu importe nos petits ou gros défauts, nous sommes invité(e)s, c'est à nous de dire oui ou non, à nous d'être attentif(ve)s à cette appel chuchoté en notre cœur. Dieu fournit aussi le vêtement de noces, vêtement du baptême, du pardon, de l'eucharistie, c'est à nous de l'entretenir, de changer, de ne pas trouver d'excuse pour ne pas répondre à son appel.

Mais aujourd'hui, à quoi Dieu m'invite-t-il ? Prenons le temps d'y réfléchir.

 

Invitation au Notre Père

Ensemble, nous pouvons chanter la prière que Jésus nous a apprise.

 

Prière de conclusion

Seigneur, nous te rendons grâce parce que tu es bon et miséricordieux, Tu nous donnes sans cesse, gratuitement, tu nous nourris de ta Parole.

Nous avons besoin de ton invitation de chaque jour.

Aide-nous à revêtir le vêtement de noces en nous débarrassant de nos vêtements d'égoïsme, de nos attitudes moralisatrices et de nos manques d'humilité.

Aide-nous à être attentif(ve)s à ton appel et à répondre oui, sans réserve, à ton invitation.

Nous te le demandons à toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. 

mardi 17 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e mardi TO

 Célébration en présence des enfants de la retraite organisée à Htb

(sœur Elisabeth)

Introduction

Bonjour et bienvenue à tous et toutes, ici à Hurtebise ou dans vos maisons grâce à internet… Merci aux enfants d’être là avec nous pour chanter, pour écouter la Parole de Dieu, pour prier, pour dire merci à Dieu pour tout ce qu’Il fait pour nous.

Et aujourd’hui nous avons de la chance parce que les 2 lectures que nous allons entendre, nous parlent de la même chose. Toutes les 2 nous parlent de quelque chose d’impossible qui est possible pour Dieu et qui devient possible pour nous si nous les faisons avec Dieu.

Dans la 1ère lecture, Dieu demande à Gédéon de sauver son peuple qui a des ennemis autour de lui. « Impossible dit Gédéon, je suis trop petit ». Et Dieu lui dit : « C’est moi qui t’envoie, va, avec la force qui est en toi… »

Et dans l’Evangile, les apôtres demandent à Jésus ; « qui peut être sauvé ? qui peut entrer dans le Royaume de Dieu ?» Et Jésus répond : « pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. »

Mais avant d’écouter ces lectures nous allons chanter un psaume, comme Jésus quand il allait à la synagogue pour prier. C’est un long psaume, si long qu’on le chante sur 4 jours… Et pourtant, dans ce psaume on répète toujours la même chose, c’est très facile à retenir. Ce psaume il dit : « ta parole Seigneur, elle est la lumière de mes pas, elle est la lampe sur ma route, elle est la joie de mon cœur »

La Parole de Dieu, nous apprend qui est Dieu et elle nous montre le chemin qui conduit à Dieu. Avec le psalmiste, nous disons merci à Dieu pour sa Parole.

 

Commentaire

Vous avez entendu l’histoire de Gédéon. Elle est un peu longue, et elle vient dans une grande histoire qui est peut-être un peu compliquée. Mais ce n’est pas grave. On va prendre juste un petit morceau : Dieu demande à Gédéon de sauver son peuple, de conduire son peuple sur le chemin de Dieu même s’il a des ennemis tout autour. Et Gédéon répond à Dieu : « je suis le plus petit dans ma famille, et ma famille est aussi très petite, comment pourrais-je sauver ton peuple ? » Et vous avez entendu la réponse de Dieu : « Je serai avec toi. Va, avec la force qui est en toi. Fais confiance à la force que moi je te donne. »

Vous vous souvenez de ce que Monique nous a dit hier au début de la célébration ?  Elle nous a dit de regarder la nature, la beauté de la nature, les couleurs si belles et puis… de revenir à soi, de regarder les couleurs que Dieu a mises dans notre cœur… Eh bien c’est ce que Dieu dit à Gédéon : « regarde les couleurs que je mets dans ton cœur, regarde la force que je te donne, Je suis dans ton cœur et ce qui te paraît impossible, si tu le veux, je vais le faire avec toi, en toi… Je serai ta force et ainsi tu pourras conduire le peuple sur mon chemin. »

C’est Dieu qui sauve mais il a besoin de nous, même des plus petits.

L’ennui c’est que quand on reçoit quelque chose, quand Dieu nous donne une force, un don, une grâce, on est tenté de dire : c’est à moi. J’ai beaucoup de qualités, je peux faire des tas de choses, je suis fort, je suis riche de tout ce que j’ai en moi… Et Jésus dans l’Evangile, nous dit : non, non ça ne marche pas comme cela. Les riches ne peuvent pas entrer facilement dans mon Royaume.

C’est presque impossible pour un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu… Alors les apôtres qui écoutent Jésus, ils ont peur. Ils se disent : « on est tous un peu riche, on a tous des qualités dont on est fier, comment entrer dans le Royaume ? »

Et Jésus répond : « tout seul vous ne pouvez pas mais avec Dieu tout devient possible. » Parce que Dieu nous donne la force de réaliser ce qu’il nous demande.

Et Dieu nous demande de faire de notre monde le Royaume de Dieu. Rien que ça !!

Et c’est quoi le Royaume de Dieu ? Le monde de Dieu ?

Le monde de Dieu, le monde de Jésus, c’est un monde où tout le monde reçoit parce que tout le monde donne… et tout le monde donne parce qu’il sait que tout ce qu’il a, il l’a reçu. Et parfois c’est difficile donner parce qu’on a peur, on a peur de perdre ce que l’on a, on a peur de donner et de ne pas recevoir, on a peur de partager. Et Dieu nous dit : fais-moi confiance. Je suis là dans ton cœur, je te donne la force pour construire avec les autres le monde nouveau que je voudrais tant. Et ta récompense, ce sera une grande joie que tu pourras aussi partager.

Le royaume de Dieu, c’est le monde de la joie partagée…

 ……………..

Parce que Dieu fait de nous une grande famille, que nous sommes frères et sœurs de Jésus, nous pouvons l’appeler Père et le prier avec les mots de Jésus…

Notre Père

 

Dieu, notre Père, en chacun de nous tu as déposé un beau crayon de couleur. Apprends-nous à le découvrir et à découvrir le crayon que tu as mis dans le cœur des autres… Donne-nous la force d’ouvrir notre cœur pour mettre ensemble tous nos crayons et dessiner sur notre terre, ton Royaume où tu nous attends avec Jésus, avec Marie, avec tous tes amis qui t’ont fait confiance et qui sont heureux de vivre avec Toi, aujourd’hui et pour toujours.

lundi 16 août 2021

Liturgie de la Parole, 20e lundi TO

 (sœur Marie-Jean)

 Introduction

En ce lendemain de la grande et belle fête de l’Assomption, nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

La liturgie nous propose d’abord une incursion dans le Premier Testament, avec un extrait du livre des Juges. J’en retiens la dernière phrase :

« Ils ne renonçaient en rien à leurs pratiques ni à leur conduite obstinée »

Le psaume graduel nous offre ensuite une variation sur le même thème :

« Tant de fois délivrés par Dieu, ils s’obstinent dans leur idée… »

Et, enfin, l’évangile qui commençait par un verset suggestif, ouvrant tous les possibles « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » se termine par un dénouement sans grande espérance : « Le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens »

 Hier, en la fête de l’Assomption, nous avons célébré celle dont la vie ne fut qu’un oui.

Certes, les résistances, les questionnements, les incertitudes devaient se bousculer en sa vie de jeune fille de Nazareth face à l’annonce de l’Ange et puis avec ce fiston pas comme les autres.

Mais Marie a témoigné d’un « oui » puisé dans sa foi et sa confiance.

Elle est donc aux antipodes des obstinations, des refus que la liturgie nous évoque en ce jour.

Cette même liturgie nous questionne aujourd’hui. Nous avons la liberté de notre réponse.

En recueillant les intentions de notre monde, laissons descendre en nous l’invitation pressante de Jésus : « Viens, suis-moi ! »

 

Méditation

Le livre des Juges dont nous venons d’entendre un extrait contient en un verset un thème qui traverse tout le Premier Testament :

« Ils abandonnèrent le Seigneur, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d’Égypte, et ils suivirent d’autres dieux… »

La sortie d’Egypte se situe au cœur de la foi du peuple d’Israël.

C’est l’acte sauveur par excellence, qui a conduit à sceller l’Alliance.

Face à ces bienfaits de Dieu (depuis l’élection d’Abraham jusqu’au don de la Terre promise), le peuple s’est montré régulièrement infidèle.

La cause de cette infidélité, c’est l’oubli.

Oubli des dons, des bénédictions, du secours de Dieu…

 Et nous, aujourd’hui, face à tous ces bienfaits de jadis, pourrions-nous manquer d’Espérance ?

Pourrions-nous oublier les passages de Dieu dans nos vies, sa présence au quotidien ?

Pourrions-nous douter de l’assistance de Dieu à l’avenir, après tous les secours opérés jadis ?

Pourrions-nous manquer de foi et de confiance ?

 Comme pour le peuple d’Israël, il en va du jeune homme de l’évangile…

Pourquoi ne suit-il pas Jésus ?

« Il avait de grands biens », dit l’évangéliste.

N’est-ce pas parce qu’il a peur de manquer ?

Parce qu’il met sa confiance dans son avoir et non en Dieu ?

Parce qu’il manque de foi en l’appel de Jésus ?

 Pour stimuler notre méditation sur le sujet, je vous propose de découvrir une issue possible de ce récit évangélique qui finalement, est peut-être inachevé.

Nous avons assisté à la tristesse du jeune homme qui « avait de grands biens ».

Dans un apophtegme, c’est-à-dire une sentence des Pères du désert[1], on trouve un autre dénouement à une histoire un peu similaire.

Ecoutons le récit :

« Un frère demanda à un vieillard : ‘Veux-tu bien que je garde pour moi deux pièces d’or pour le cas où je serais malade ?’. Et le vieillard, voyant que dans sa pensée, il voulait les garder, lui dit : ‘Oui’. Retournant à sa cellule, le frère avait l’esprit inquiet, se disant : ‘Le vieillard m’a-t-il, oui ou non, dit la vérité ?’. Et il se leva, revint chez le vieillard, fit la métanie et lui dit : ‘Au nom du Seigneur, dis-moi la vérité, car je suis tracassé par les pensées à cause de ces deux pièces’. Le vieillard lui dit : ‘C’est parce que je voyais que tu voulais les garder que je t’ai dit cela ; pourtant, il n’est pas bien de conserver plus que nécessaire à la vie. Si donc tu gardes ces deux pièces, c’est en elles que tu places ton espérance ; et si par hasard elles se perdent, Dieu ne se soucie plus de nous. Jetons donc notre souci dans le Seigneur, car il prend soin de nous’ »[2]

 

Temps de silence

 

Notre Père :

Avec le jeune homme de l’évangile qui, revenant sur ses pas, a peut-être mis sa confiance en Jésus, redisons la prière du Notre Père…


Oraison

Dieu notre Père, tu nous invites à garder mémoire de tes bienfaits, de tes passages dans nos vies. En ce quotidien qui est nôtre, tu veux approfondir notre confiance et notre foi. Tu connais aussi les entraves qui sont au fond de nos cœurs, les ‘richesses’ qui empêchent de nous abandonner à toi. Apprends-nous à ouvrir les mains pour recevoir de toi la confiance et à placer en toi notre Espérance.

Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.



[1] Situés pour la plupart au 4e siècle en Egypte.

[2] Les apophtegmes des Pères. Collection systématique, 1, Chapitres I-IX, Introduction, texte critique, traduction et notes par J.-Cl. Guy, SC n° 387, Paris, Cerf, 1993, n° 26, p. 333.