dimanche 30 juin 2013

Judas !

Lc 22
47 Il parlait encore quand survint une troupe. Celui qu'on appelait Judas, un des Douze, marchait à sa tête ; il s'approcha de Jésus pour lui donner un baiser. 48 Jésus lui dit : « Judas, c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme ! »

Esprit Saint, rends cette Parole vivante en nos cœurs, qu’elle nous mette en garde contre toute forme de trahison.

Il parlait encore quand survint une troupe : changement brutal d’atmosphère : au calme de la nuit de prière, à la solitude de Jésus, succède l’irruption d’une troupe de soldats. Pas un moment de répit. Les apôtres qui dormaient un instant auparavant ont dû en effet bondir sur leurs pieds !

Celui qu'on appelait Judas : Luc ne nous a pas dit quand Judas a quitté pour accomplir sa trahison, mais le revoici qui amène toute une troupe à l’endroit qu’il connaissait si bien pour s’y être lui-même rendu avec Jésus tous les soirs précédents.

un des Douze : voilà qui n’est pas une information nouvelle mais qui pèse lourd sous la plume de Luc : c’est un des proches compagnons qui trahit…

marchait à sa tête : Judas plein de pouvoir… la troupe qu’il conduit est envoyée sur ordre du Sanhédrin lui-même, de ses prêtres, scribes et anciens. Lui, il sait où la conduire, sans doute pense-t-il accomplir comme une mission qui lui incombe.

il s'approcha de Jésus : pas sûr qu’il ait été nécessaire de désigner le Maître dans ce petit groupe, mais Judas doit montrer qu’il sait.

pour lui donner un baiser : le geste traditionnel de respect du disciple pour son rabbi devient le code qui désigne celui à arrêter. Même si le baiser n’avait pas, dans ce cas, le poids de tendresse que nous lui conférons, cette proximité entre Jésus et Judas nous émeut, comme elle a inspiré bien des peintres.

Jésus lui dit : Judas n’a plus de parole, mais Jésus, lui, lui parle encore en cette circonstance ultime.

Judas : il l’appelle par son nom ; pour Matthieu, il dit même « mon ami ». Jésus ne rompt pas la relation, même en ce moment où Judas se coupe totalement de Jésus et du petit groupe.

c'est par un baiser que tu livres le Fils de l'homme : Jésus constate. Comme si souvent, il ne parle pas de lui-même, de ce qui va lui arriver, il ne lance pas de grande accusation contre Judas. Jésus déplore la conduite de Judas, il se désole de ce qu’il lit au cœur de son apôtre.


Seigneur Jésus, donne-nous un cœur clairvoyant et vigilant qui ne se laisse pas emporter par les circonstances, fussent-elles tragiques. Donne-nous de croire que tu nous appelles par notre nom jusqu’au cœur de nos trahisons. Permets que nous entendions toujours ta voix qui nous nomme et nous crie ton amour. 

vendredi 28 juin 2013

Levez-vous !

Lc 22
45 Quand, après cette prière, il se releva et vint vers les disciples, il les trouva endormis de tristesse. 46 Il leur dit : « Quoi ! Vous dormez ! Levez-vous et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation ! »

Esprit Saint, inspire-nous les mots et les attitudes de la prière que Jésus nous demande.

Quand, après cette prière, il se releva et vint vers les disciples : l’attention de Jésus vers son Père et celle vers ses disciples ne font qu’un : il va de l’une à l’autre dans un même mouvement.

il les trouva endormis de tristesse : quelques mots par lesquels Luc renforce l’impression de solitude et d’abandon ressentie par Jésus. Mais ce que Luc souligne aussi c’est la tristesse des disciples qui, ainsi, participent quand même à l’angoisse de leur maître ; peut-être cherche-t-il aussi à quelque peu les excuser : ce n’est pas un abandon volontaire mais un épuisement, comme si tout cela était trop lourd, comme si tous ces évènements les dépassaient.

Il leur dit : « Quoi ! Vous dormez ! Etonnement de Jésus devant cette attitude, lui qui attache tant d’importance à la vigilance. Il laisse monter ce cri, mais l’inquiétude n’est pas pour lui mais pour eux-mêmes.

Levez-vous : il faut maintenant se mettre debout pour faire face à ce qui va survenir : il ne faut pas que « l’ennemi » trouve des hommes endormis.

et priez: alors qu’ils se mettent debout, qu’ils s’apprêtent à se mettre en route, alors que l’heure de la prière est passée, voici que Jésus leur dit « Priez ! » Voilà donc un ordre qui cette fois porte sur le « toujours ». C’est l’ultime conseil de Jésus.

afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation : arrivé sur place (v.40), il leur avait dit exactement la même chose. La prière au jardin des Oliviers est donc encadrée par cette recommandation de Jésus. Il est impressionnant de voir combien il insiste sur le pouvoir du Tentateur. Celui-ci avait en quelque sorte laissé Jésus au début de sa vie publique (4,13) : Ayant alors épuisé toute tentation possible, le diable s’écarta de lui jusqu’au moment fixé. Voilà donc « ce moment fixé » arrivé.

Seigneur Jésus, à tes apôtres endormis, tu dis « Levez-vous ». Comme tu t’avances vers ta passion, eux aussi sont appelés à aller de l’avant, avec toi et comme toi. Au cœur de toutes les difficultés, tu nous redis ces mots « Levez-vous » et nous savons que tu marches devant nous pour nous montrer le chemin.

jeudi 27 juin 2013

Un ange le fortifiait

Lc 22
43 Alors lui apparut du ciel un ange qui le fortifiait. 44 Pris d'angoisse, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre.

Esprit Saint, avec toi nous demeurons au jardin des oliviers, dans le désir de communier avec Jésus en ces moments de grande souffrance.

Alors lui apparut du ciel un ange : l’ange, le messager de Dieu, est aussi souvent le consolateur, celui qui vient redonner courage et force. Il est alors messager de la bonté de Dieu. Tel fut « l’ange de Dieu » qui réconforta Hagar chassée au désert avec son enfant par Abraham, et celui qui apporta le pain et l’eau à Elie, désespéré au pied du genêt dans le même désert. Et celui-là dû même revenir une seconde fois !

qui le fortifiait : l’ange, au jardin des Oliviers, apportait la réponse du Père à la prière de Jésus : il lui apportait toute la force de l’amour de son Père.

Pris d'angoisse : car le Père n’allait pas empêcher le Fils d’aller jusqu’au bout de sa mission : mais il est auprès de lui dans son angoisse.

il priait plus instamment : la seule issue quand l’angoisse submerge est de s’en remettre plus totalement à Dieu

et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre : Jésus est si profondément humain dans cette lutte qu’il a à soutenir. Luc est le seul à nous montrer cette angoisse de Jésus et ces deux versets ont même été omis dans plusieurs manuscrits, tellement ce sentiment peut paraître incompatible avec sa divinité. Mais notre Dieu est venu partager notre condition humaine sans restriction.

Seigneur Jésus, qu’à ton exemple, nous nous immergions par la prière dans l’amour du Père lorsque la route nous semble au-dessus de nos forces. Notre chemin est parsemé de pierres sur lesquelles nous pouvons trébucher et tomber. Mais nous savons que le Père veille sur nous : il donne mission à ses anges de nous garder sur tous nos chemins (Ps 90,11)

mercredi 26 juin 2013

Que ta volonté se réalise

Lc 22
41 Et lui s'éloigna d'eux à peu près à la distance d'un jet de pierre ; s'étant mis à genoux, il priait, disant : 42 « Père, si tu veux écarter de moi cette coupe... Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! »

Esprit Saint, avec toi nous recueillons les paroles de la prière de Jésus, qu’elles nous fassent entrer au cœur du mystère de la Trinité.

Et lui s'éloigna d'eux à peu près à la distance d'un jet de pierre : Luc a épuré la scène par rapport aux autres synoptiques : pas de séparation des trois disciples privilégiés, pas de plainte de Jésus, pas d’aller et retour vers ses disciples…

s'étant mis à genoux : contemplons le Fils à genoux devant son Père bien-aimé. Voilà qui nous renvoie loin d’une vue crispée de l’agenouillement qui n’est - en soi - ni écrasement ni pénitence.

il priait, disant : la prière de Jésus est certes secrète mais l’évangéliste peut, au travers de deux phrases, nous révéler le cœur même de l’attitude de Jésus auprès de son Père.

« Père, si tu veux écarter de moi cette coupe... Toute prière de Jésus s’adresse à son Père, dans la plus grande des simplicités et des confiances. Il se présente avec tout son fardeau, toute son angoisse. Mais il ne parle pas de lui, il parle du Père et de son vouloir. Trois points de suspension qui disent son ouverture, leur unité au-delà des mots.

Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! » Demande que nous redisons chaque jour au coeur du « Notre Père ». Non pas dans une attitude de résignation mais pour que le dessein d’amour du Père « se réalise » à travers nous. La belle traduction de la TOB (Mt 6,10) qui donne le Père comme sujet nous le fait bien percevoir : « Fais se réaliser ta volonté ».


Seigneur Jésus, je te contemple au milieu de cette nuit, dans le jardin des Oliviers. Avec toi je me présente devant le Père et j’essaie de lui dire avec le même abandon que toi : fais se réaliser ta volonté.

mardi 25 juin 2013

Ne pas tomber

Lc 22
40 Arrivé sur place, il leur dit : « Priez pour ne pas tomber au pouvoir de la tentation. »

Esprit Saint, sois présent au cœur de notre prière, intercède toi-même en notre faveur.

Arrivé sur place, il leur dit : Priez : au cénacle, c’est ensemble qu’ils ont prié, chanté les psaumes et célébré la Pâque. Maintenant est venu le temps pour chacun de la prière personnelle, du combat personnel.

pour ne pas tomber au pouvoir de la tentation : il a été beaucoup question de Satan en ce dernier soir, et le voici qui rôde encore. Contre son pouvoir – car il en a un – les disciples ont « l’arme » de la prière.
Déjà dans la prière qu’il a apprise à ses disciples, Jésus leur disait de prier pour ne pas tomber dans la tentation, pour être délivrés du Tentateur… (Mt 6,13). Cela démontre quelle importance Jésus accorde à ce combat. Et ce soir, l’ordre de Jésus est précis, le but de la prière est clair : il y a urgence. Un combat se joue et la seule façon de résister à l’adversaire est de vivre en présence de Dieu, en union profonde avec lui. Plus nous nous laissons totalement habiter par notre Dieu, moins nous laissons de latitude à l’œuvre du tentateur.

Seigneur Jésus, tu as conduit tes apôtres au lieu même de ta prière, et là, tu leur enjoins de prier eux aussi, tu les mets en garde contre le pouvoir de la tentation. Je reçois ton avertissement, ton appel à la vigilance. A nous aussi tu nous redis, aux moments les plus difficiles, « veillez et priez ». 

lundi 24 juin 2013

Comme d'habitude

Lc 22
39 Il sortit et se rendit comme d'habitude au mont des Oliviers, et les disciples le suivirent.

Esprit Saint, qu’avec toi nous puissions suivre Jésus, l’accompagner jusque dans sa prière.


Il sortit : depuis qu’il est sorti du Père, Jésus n’a pas arrêté de sortir pour aller parler aux hommes et aux femmes sur les routes de Palestine.

et se rendit comme d'habitude : mais cette tâche accomplie, il sortait aussi dans la nuit pour aller à la rencontre de son Père. Si sa vie était sans cesse bousculée par tous ceux qui venaient à lui, Jésus avait une habitude ! Celle de l’heure réservée à la prière, réservée pour son Père.

au mont des Oliviers : dans le Temple ou les synagogues, nous avons vu Jésus enseigner, observer la foule, nettoyer le parvis… mais nous ne l’avons pas vu prier. Ce n’est pas entre des murs, fussent-ils sacrés, mais dans un jardin, comme dit l’évangéliste Jean, que Jésus se rend. Un jardin où les oliviers doivent exhaler leur parfum en cette tiède nuit de printemps.

et les disciples le suivirent : parfois Jésus s’échappait seul dans la montagne de Galilée pour prier (Mc 1,35) mais ce soir, les disciples l’accompagnent. Pour le moment, le petit groupe reste solidaire, et ce n’est pas Jésus qui les quittera. Tout son souci lors du dernier repas a été de les soutenir, de les rassurer sur l’avenir, de leur promettre sa présence.

Seigneur Jésus, ce moment privilégié avec ton Père était ancré dans ta vie, au point d’être devenu une habitude aux yeux de tes disciples. Que la louange rythme aussi nos journées, que ces temps où nos cœurs se tournent vers toi, deviennent pour nous une respiration indispensable : que nous puissions grâce à eux te faire pleinement place dans nos vies.

dimanche 23 juin 2013

Cela va être accompli

Lc 22
37 Car, je vous le déclare, il faut que s'accomplisse en moi ce texte de l'Ecriture : On l'a compté parmi les criminels. Et, de fait, ce qui me concerne va être accompli. » 38 « Seigneur, dirent-ils, voici deux épées. » Il leur répondit : « C'est assez. »

Esprit Saint, éclaire pour nous le sens de l’Ecriture, toute l’Ecriture qui mène à Jésus, dont il est l’accomplissement.

Car, je vous le déclare, il faut que s'accomplisse en moi ce texte de l'Ecriture : Jésus veut enlever le moindre doute dans l’esprit quelque peu troublé de ses disciples : oui, il est bien le Messie attendu depuis si longtemps, oui, c’est bien lui qui vient réaliser la promesse.

On l'a compté parmi les criminels : Luc semble s’inspirer du prophète Isaïe qui parle du « Serviteur qui s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort et s’est laissé recenser avec les pécheurs » (54,12) Il force sans doute un peu la prophétie en parlant de criminel. Mais il est le seul à attribuer à Jésus ce titre de Serviteur, surtout dans les actes. Voilà qui nous aide tellement à percevoir qui est Jésus, lui qui a répété et vécu : « Je suis venu pour servir »

Et, de fait, ce qui me concerne va être accompli : l’accomplissement est à la fois l’aboutissement de la longue histoire d’Alliance de Dieu avec son peuple et de la mission de Jésus. Avant de sortir, il prononce ces mots : « Cela va être accompli » et sur la croix il redira avant de mourir : « Tout est accompli ».

Seigneur, dirent-ils, voici deux épées : encore une transition abrupte entre la « déclaration » qui précède, moment solennel où Jésus confirme sa mission en s’appuyant sur les Ecritures – en quelque sorte son tout dernier enseignement – et le souci pratique des apôtres. Ont-ils fouillé à la recherche des épées pendant que Jésus parlait ?? Ils ont en tous cas pris au pied de la lettre l’évocation de l’épée par Jésus ! Pensent-ils encore et toujours lutter contre la violence avec des épées ?

Il leur répondit : « C'est assez. » : c’est assez pour quoi ? Nous savons que Jésus n’a pas l’intention de se défendre, qu’il n’attend pas que ses apôtres utilisent l’épée… Alors ? Une parole de plus qui reste mystérieuse. On imagine bien Jésus, sur le pas de la porte, prêt à sortir vers cette terrible nuit qui l’attend et qui n’a plus l’envie de parler, de continuer à convaincre ses apôtres : il l’a déjà tant fait. C’est l’heure maintenant. « Cela suffit », dit Jésus, en route !


Seigneur Jésus, c’est avec une pleine conscience de ta mission que tu veux l’accomplir pour que nous soyons tous sauvés. Entraîne-nous à ta suite et donne-nous d’avoir part à la vraie vie.

samedi 22 juin 2013

Acheter une épée

Lc 22
35 « Et il leur dit : « Lorsque je vous ai envoyé sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous manque de quelque chose ? Ils répondirent : « De rien » 36 ll leur dit : « Maintenant, par contre, celui qui a une bourse, q’il la prenne ; de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. »

Esprit Saint, fais vivre en nous ces conseils de Jésus, qu’ils nous tiennent vigilants lorsque survient le temps de l’épreuve.

« Et il leur dit : « Lorsque je vous ai envoyé sans bourse, ni sac, ni sandales : ces recommandations-là, Jésus les avait faites mot pour mot lorsqu’il venait de désigner septante-deux autres disciples et qu’il les envoya deux par deux « comme des agneaux au milieu des loups », disait-il déjà (10,3-4). Comme il avait aussi, au début de son ministère, envoyé les Douze en mission sans bâton, ni sac, ni pain, ni argent. (9,4).

avez-vous manqué de quelque chose ? Ce n’est pas en serrant son bien dans son sac que l’on risque le moins de manquer de l’essentiel. Le Père lui-même prend soin de ses enfants.

Ils répondirent : « De rien » Les apôtres reconnaissent que tout le nécessaire leur a été donné, et même jusqu’au pouvoir de guérir. D’ailleurs, en ce temps-là, les disciples sont revenus « dans la joie », et ils avaient reçu pouvoir de fouler au pied la puissance de Satan !

Il leur dit : « Maintenant, par contre : quelque chose a donc changé, l’accueil enthousiaste des foules a fait place à la volonté de condamner Jésus. Pour lui, comme pour eux, l’épreuve est imminente. Satan les a réclamés, comme vient de dire Jésus (v. 31)

celui qui a une bourse, qu’il la prenne ; de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une : déjà les conseils de prévoyance nous étonnent : prendre son sac et même sa bourse… mais cette priorité donnée à la possession d’une épée est plus surprenante encore. Pourtant, quand se présente le temps de l’opposition, de la lutte, il serait inconscient de s’y exposer naïvement. Face à l’adversité, il faut être clairvoyant, vigilant, lucide, prêt à rendre compte : il faut s’avancer, symboliquement, avec les armes qui rendront forts dans l’épreuve.


Seigneur Jésus, tu as toujours fait face, en toute liberté, devant ceux qui te veulent du mal, ceux qui cherchent à te faire périr. Accorde-nous ta force, qu’elle soit notre seule arme dans toutes les difficultés et les oppositions.

vendredi 21 juin 2013

quand tu seras revenu

Le Seigneur dit : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous secouer au crible comme le froment. Mais moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, une fois revenu affermis tes frères. » Celui-ci lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort. » Celui-ci dit : « Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui que toi, trois fois, tu n’aies nié me connaître ».
Luc 22, 31-34

Viens Esprit de simplicité et de pauvreté,
Viens me donner de marcher humblement avec Jésus

Le Seigneur dit : « Simon, Simon,
Le Seigneur est avec ses apôtres, il vient de prendre avec eux le repas pascal. Il leur a annoncé la trahison de Judas. Voici qu’il s’adresse maintenant à l’un d’entre plus particulièrement. La répétition du prénom dit l’insistance de l’appel. Elle dit l’appel à tout l’être. Jésus utilise ici le prénom Simon, et non Pierre qu’il lui a donné au jour de son appel (6,14).

Satan vous a réclamés pour vous secouer au crible comme le froment.
Le Satan, c’est l’adversaire, le diviseur. Celui qui accuse les hommes devant Dieu jour et nuit dira l’Apocalypse. Le conte inaugural du livre de Job le présente comme celui qui réclame de Dieu le pouvoir de tenter Job, de le soumettre à l’épreuve. La comparaison du crible annonce une lourde épreuve. Sur quoi portera-t-elle ? le verset suivant nous informe.

Mais moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas.
Le Seigneur a prié pour Simon, pour son apôtre, car il va être mis à l’épreuve en sa foi. La passion se profile à l’horizon, qui va voir la condamnation et la mort de Jésus en croix, scandale s’il en est. Tandis que les disciples ont mis en Jésus tout leur espoir, il va falloir qu’ils traversent cette tempête, qu’ils découvrent que le Royaume est bien là en Jésus, qu’il est bien le Messie. Il va leur falloir découvrir que le sauveur ne vient pas en écrasante victoire militaire qui boute l’ennemi romain dehors, mais en un humble serviteur qui donne sa vie pour ceux qu’il aime. On comprend que la foi de Pierre et des apôtres va être soumise à rude épreuve. Mais comme pour le rassurer, Jésus lui dit qu’il a prié pour lui, que l’épreuve sera terrible mais qu’il pourra la surmonter.

 Et toi, une fois revenu affermis tes frères. »
Non seulement Pierre reçoit ainsi l’annonce de son ébranlement dans la foi, mais aussi il reçoit mission. Quand il sera revenu, on aurait pu traduire quand il sera converti, il aura mission d’aider les autres, de les affermir dans la foi, dans la vie. Ayant connu l’ébranlement de sa foi, il sera capable d’aider ses frères.

Celui-ci lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort. »
Simon Pierre réagit avec la spontanéité que nous lui connaissons. Il est attaché sincèrement à Jésus, il l’aime, et veut le suivre. Il se croit capable d’aller avec Jésus jusqu’à la prison et à la mort. Cet élan du cœur est vrai, mais il témoigne combien Pierre ne se connait pas vraiment. Surtout, il ne prend pas encore la mesure de cette nécessité pour Jésus d’ouvrir le passage par la mort vers la vie, qui lui permettra à lui Pierre, ainsi qu’à toute l’humanité de suivre ensuite le chemin. Oui, Pierre un jour ira à la mort avec Jésus, mais ce jour n’est pas venu.  

Celui-ci dit : « Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui que toi, trois fois, tu n’aies nié me connaître ».
Jésus alors rappelle Pierre à la réalité humaine, à sa fragilité. L’épreuve sera telle, qu’il va céder et nier qu’il connait Jésus, et cela dans très peu de temps. C’est le soir, le prochain chant du coq est pour dans quelques heures ! Mais ici Jésus reprend le prénom de Pierre, prénom qu’il lui a conféré, comme pour le rassurer. Oui, tu vas tomber, mais tu demeures Pierre, ce disciple que j’ai choisi pour une mission bien précise. Jésus annonce le reniement, comme il avait annoncé la trahison de Judas un peu plus haut. On devine le séisme qui attend le groupe des apôtres devant la passion. Ils ont parcouru avec lui les routes de Galilée, ils ont bien vu que leur rabbi ne se comportait pas comme tous les rabbis, mais ils n’étaient pas prêts d’imaginer que la croix se profilait à l’horizon. Pierre niera trois fois, c’est dire que cette négation n’est pas survenue par simple surprise… mais que Pierre sera à ce point ébranlé qu’il n’aura plus qu’un souci, sauver sa peau. Mais le Seigneur par cette annonce le console comme par avance. Quand cela arrivera, Pierre entendra dans le chant du coq la parole de Jésus, qui par avance lui a pardonné, et lui a confié une mission pour après cette ébranlement, quand il sera revenu, quand il reprendra le chemin de la foi, de la conversion toujours et encore à vivre.

Seigneur, nous voulons te suivre, nous voulons marcher avec toi, toujours. Mais tu sais notre faiblesse, notre fragilité, la pauvreté de notre foi. Tu sais combien nous tombons en chemin, combien notre foi est fragile, et combien nous sommes capables de nier que nous te connaissons. Mais toi, tu pries pour nous, que l’épreuve nous affermisse, qu’elle soit comme creuset, passage au feu, qui purifie, affermit et nous rend alors capable à notre tour d’affermir nos frères et sœurs. Seigneur, jusque dans l’épreuve tu places des signes, tel un simple chant du coq, pour nous redire ta prévenance, ton attention. Seigneur ramène nous à toi, toujours.

jeudi 20 juin 2013

A ma table

Lc 22
28 « Vous êtes, vous, ceux qui avez tenu bon avec moi dans mes épreuves. 29 Et moi, je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi : 30 ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. »

Esprit saint, toi seul peux nous faire percevoir ce que Jésus veut nous partager quand il parle de son Royaume : accorde-nous ta lumière !

Vous êtes, vous : on a l’impression ici d’un changement de registre. Après l’annonce de la trahison, la dispute des apôtres, l’appel à l’humilité et au service, voici la reconnaissance de la fidélité des apôtres et une grande promesse d’adieu.

vous qui avez tenu bon avec moi dans mes épreuves : voilà qui nous étonne un peu. Les apôtres n’ont guère été présentés jusqu’à présent comme luttant avec Jésus, comme ayant une part active aux épreuves qu’a subies Jésus lors des attaques des hommes et encore moins de Satan. Mais ils n’ont pas été de ceux qui l’ont quitté, scandalisés, ils l’ont suivi et sont restés « avec lui ».

Et moi, je dispose pour vous du Royaume : Jésus a conclu avec eux une Alliance (v. 20), il dispose du Royaume comme de son héritage : il peut y donner part à ses disciples. Ce Royaume, le Règne de Dieu, il a essayé d’en donner la compréhension à ses disciples tout au long de sa prédication. Le trésor, la perle… quantité de comparaisons pour nous faire approcher cette réalité qu’il leur promet maintenant.

comme mon Père en a disposé pour moi : mais Jésus revient toujours à son Père, tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, c’est dans cette union à son Père qui lui a aussi tout donné.

ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon royaume : la table qui les rassemble en ce soir de la Pâque devient l’image même du festin messianique, du banquet dans son Royaume. Comme ils ont mangé le pain, comme ils ont bu le vin, corps et sang partagés, ainsi pourront-ils manger et boire à la table même du Seigneur.

et vous siégerez sur des trônes : après avoir blâmé ceux qui dominent les nations, voilà que Jésus promet des trônes… mais ceux-ci sont une participation à sa royauté même.

pour juger les douze tribus d'Israël : lui qui a mis en garde contre tout jugement ne promet ni plus ni moins que de juger, et de juger tout Israël. Mais nous sommes passés ici bien loin des jugements des hommes qui condamnent et séparent. Jésus nous parle de son Royaume ! Là où tous ceux (douze, le nombre de la totalité) qui tiennent bon « avec lui » sont appelés à juger, c'est-à-dire à gouverner (les douze tribus) avec lui : tous ceux qui sont disciples sont appelés à avoir part à la Royauté de Jésus.


Seigneur Jésus, je reçois de ta bouche cette promesse de participer à ton festin messianique : fais que chacune de nos eucharisties nous fassent davantage pénétrer dans le mystère de ton Royaume.

mercredi 19 juin 2013

Celui qui sert

Lc 22
27 Lequel est en effet le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or, moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert.

Esprit saint, tourne nos regards, tourne toute notre attention vers Jésus qui choisit la place de celui qui sert et conduits-nous à sa suite sur le chemin du vrai service.

Lequel est en effet le plus grand ?  : Jésus interroge, comme chaque fois qu’il veut faire comprendre quelque chose d’important. Les disciples se demandaient il y a un instant « qui leur semblait le plus grand ». Et bien, avant de leur répondre, Jésus leur renvoie la question !

celui qui est à table ou celui qui sert ? Et il précise même une alternative… voilà qui restreint le choix et facilite la réponse ! Ainsi la question nous rejoint dans la simplicité de la vie de chacun : plus question maintenant de rois ou de puissants qui dominent les nations… car il nous est facile alors de nous sentir bien loin de ce risque-là de puissance. Jésus nous parle bien de notre vie à nous, au jour le jour. Et rappelons-nous qu’en l’occurrence, les disciples sont précisément à table !

N'est-ce pas celui qui est à table ? Jésus traduit la pensée des disciples… qui n’osent sûrement pas exprimer ce qui est une évidence aux yeux des hommes, encore plus dans une société où esclaves et serviteurs sont bien présents.

Or, moi, je suis au milieu de vous : et voilà que soudain tout bascule au moment où Jésus se montre lui-même en exemple, où il tourne le regard de ses apôtres, non plus les uns vers les autres dans un esprit de compétition, mais qu’il attire tous les regards vers lui. Pourtant, il ajoute une précision d’importance : ce n’est pas un « modèle » lointain que nous devons imiter, mais ce Jésus qui est « au milieu » de ses frères : au milieu de ses apôtres, au milieu de nous. Avant de nous inviter à l’imiter, il est d’abord venu nous rejoindre dans notre terreau humain.

à la place de celui qui sert : et voilà donc LA réponse : se mettre à la place de celui qui sert, en l’occurrence de celui qui n’est pas à table. Ce n’est plus le moment pour Jésus d’enseigner des choses nouvelles ; il l’avais déjà bien expliqué à ses disciples, que le Maître « prendra la tenue de service, les fera mettre à table et passera pour les servir » (12,37). Ce n’est plus le moment de la théorie mais de l’exemple. C’est pourquoi cette phrase ne peut s’éclairer que si nous relisons tout le récit du lavement par Jésus des pieds de ses disciples (Jn 13, 1-17). Jean nous montre Jésus qui quitte précisément la table pour prendre la place de celui qui sert, aux pieds de ses disciples, et il nous fait comprendre tout le poids de ce geste dont toute la vie des disciples a dû garder la trace.


Seigneur Jésus, je te rends grâce de nous avoir tracé la voie en te donnant jusqu’au bout, de nous avoir aimés à l’extrême. Désigne-nous la place de celui qui sert, accompagne-nous y, donne-nous en le goût, augmente en nous l’amour.

mardi 18 juin 2013

Pour vous, rien de tel

Lc 22
25 Il leur dit : « Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. 26 Pour vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert.

Esprit saint, ancre ces paroles de Jésus en nos cœurs.
Ne permets pas qu’elles s’effacent sous les poussées de notre envie d’occuper les premières places.

Il leur dit : Jésus reprend la parole et on s’imagine les disciples faire silence, quelque peu penauds sans doute. Mais ils ne reçoivent aucun reproche : Jésus ne va pas tomber dans le même piège !!

« Les rois des nations agissent avec elles en seigneurs, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs : Jésus part de la réalité, de l’actualité dirions-nous. Il connaît les hommes et, si ce qu’il prêche va souvent aux antipodes des pratiques de la société, ce n’est ni pas naïveté ni par angélisme.

Pour vous, rien de tel : voilà qui n’a quand même pas dû étonner les apôtres ! Ils s’étaient d’ailleurs déjà posé exactement la même question (9,46) quand Jésus leur a dit « celui qui est le plus petit, voilà le plus grand ». N’avaient-ils pas entendu « Malheureux êtes-vous lorsque les hommes disent du bien de vous » (6,26) ? N’avaient-ils pas non plus écouté la parabole de la dernière place (14,7) quand tous choisissaient les premières places ? N’avaient-ils tout simplement pas vu vivre Jésus ?

Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune : Jésus ne propose pas de prendre la place du plus sage, ni même, cette fois, du dernier ou du plus petit, mais du plus jeune. La nouveauté d’un tel ordre ne nous atteint sans doute pas assez, car notre société valorise plus la jeunesse que la vieillesse et tombe même quelque peu dans le piège de « l’enfant-roi ». Jésus avait déjà pris un petit enfant tout près de lui pour le leur expliquer, et il continue jusqu’au bout à vouloir transformer leur cœur.

et celui qui commande la place de celui qui sert : cette deuxième voie est encore plus forte : devenir serviteur, se mettre soi-même au service de ses frères, quel que soit leur âge, quel que soit leur rang… Pourtant, Jésus ne demande pas d’abandonner le commandement. Car « commander » n’est pas une situation à bannir : il faut des hommes et des femmes « aux commandes ». La vraie autorité est un des services les plus nécessaires et difficiles qui soient. Jésus lui-même a guidé ses disciples tout au long de sa vie. Et il l’a fait on étant « celui qui sert ».


Seigneur Jésus, tu t’es fais toi-même serviteur, tu as voulu te faire notre serviteur. Apprends-nous, au jour le jour, à garder au cœur cette position de serviteur, inspire nos paroles et nos actes afin que nous vivions à ton exemple, tournés vers nos frères et sœurs.

lundi 17 juin 2013

Se quereller

Lc 22
24 Ils en arrivèrent à se quereller sur celui d'entre eux qui leur semblait le plus grand.

Esprit saint, qu’avec ta lumière, ce récit nous mette en garde et nous préserve du souci d’occuper une quelconque place.

Ils en arrivèrent à se quereller : donc ils sont en train de discuter pour savoir lequel d’entre eux allait livrer Jésus… et, par on ne sait quel enchaînement, la discussion est devenue dispute. Nous avons envie de dire : « c’est vraiment le moment ! » Jésus ne venait-il pas de laisser monter ce qui l’habite en disant « j’ai tellement désirer manger ce repas avec vous » (v.14)

sur celui d'entre eux qui leur semblait le plus grand : c’est que le sujet a changé : ils ne se demandent plus qui est le pire mais qui est le meilleur. La question n’est pas plus opportune. Classer les personnes n’a jamais de sens et est aux antipodes du regard que Jésus pose sur elles, lui qui ne nous compare jamais. Et si la dispute résonne jusqu’au cœur de ce repas de la Pâque, c’est que le souci est de se situer en tête du classement ! Qui est le plus grand ? Le problème, c’est qu’ils sont en manque de critères : qui leur « semblait » le plus grand… si donc subjectivité et « arrivisme » sont au commande, pas étonnant que l’on se querelle….


Seigneur Jésus, fais, qu’à ton exemple, nous n’ayons aucun souci de nous positionner par rapport à nos frères et sœurs et encore moins en tête… mais que nous gardions le regard fixé sur toi qui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui t'égalait à Dieu (Ph 2, 6).

dimanche 16 juin 2013

Lequel d'entre eux

Lc 22
23 Et ils se mirent à se demander les uns aux autres lequel d'entre eux allait faire cela.

Esprit saint,
viens au secours de notre faiblesse,
viens nous libérer des mauvaises questions,
viens nous montrer le chemin vers l’unique Sauveur.

Et ils se mirent à se demander les uns aux autres lequel d'entre eux allait faire cela : réaction étrange ! Jésus a parlé gravement, il a montré qui était le traître… mais qu’ont-ils entendu ? Luc ne nous dépeint aucun sentiment des apôtres. Chez Matthieu et Marc, ils sont tristes et interrogent Jésus. Ici, les voilà qui se mettent à discuter entre eux, laissant Jésus de côté. On peut s’imaginer la cacophonie des apôtres et le silence de Jésus… Et leur interrogation porte sur l’identification du traître qui est parmi eux… un vrai huis clos ! Pourquoi ne s’interrogent-ils pas sur les conséquences pour Jésus ? Pourquoi n’interrogent-ils pas Jésus ? Certains cherchent-ils à prendre distance d’avec le traître…, d’autres ont-ils peur de leur faiblesse, de leur chute possible… Car, en fait, sans doute se servaient-ils tous en même temps à la table avec Jésus, et ce que Jésus a dit souligne d’abord que le traître est l’un des siens. Mais eux, pensent-ils à Jésus ?


Seigneur Jésus, il nous est si facile d’être à côté de l’essentiel, de nous poser la mauvaise question, de nous laisser envahir par le souci de nous-mêmes, de nos fautes, avant de nous tourner vers toi et de t’écouter. Garde nos yeux fixés sur toi !

samedi 15 juin 2013

Avec moi

Lc 22
21 « Mais voici : la main de celui qui me livre se sert à cette table avec moi. 22 Car le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme par qui il est livré ! »

Esprit saint, heureux celui qui accueille la Parole, qui conserve dans le cœur les paroles et les gestes du Seigneur. Veille avec nous sur ces paroles précieuses.

Mais voici : quel enchaînement abrupt ! Jésus vient de partager le pain et le vin, corps et sang de la nouvelle alliance, et, sans la moindre transition, sans même annoncer la trahison, il parle du traître.

la main de celui qui me livre se sert à cette table avec moi : chez Luc, Jésus ne répond à aucune question. Pas de « Qui est-ce ? » ni de « Est-ce moi ? » La phrase tombe comme un couperet… on imagine le choc des apôtres, même s’ils n’ont, de nouveau, rien compris ! Car Jésus ne nomme personne, ce n’est pas par Luc que nous connaissons le nom du traître.
L’image de ce geste est forte : Jésus et celui qui va le livrer se servent en même temps, au même plat, l’un avec l’autre. Ce geste est, apparemment, celui de quelqu’un qui vit de la communion signifiée par le plat partagé. Et Jésus accepte, ou provoque, ce geste de communion entre eux.

Car le Fils de l'homme s'en va selon ce qui a été fixé : Luc emploie cette expression « ce qui a été fixé » pour exprimer à ses lecteurs grecs l’idée juive des Ecritures à accomplir et souligner ainsi que Jésus est bien le Messie attendu. Oui, c’est bien « le Fils de l’homme » qui va « s’en aller ».

Mais malheureux cet homme par qui il est livré ! : bien sûr, il n’y a là ni malédiction ni condamnation, mais une tragique constatation. Cet homme « livre » Jésus, mais Jésus, lui, « s’en va », en toute liberté et fidélité à sa mission. Combien est-il en effet malheureux, celui-là qui va trahir celui qui vient de tout lui donner, de se donner tout entier. Car Luc a cette audace (contrairement à Marc et Matthieu) de situer l’institution de l’Eucharistie en présence de Judas : l’Alliance nouvelle lui a donc été offerte à lui aussi. Jésus, sachant ce qui allait arriver, l’a compté au nombre des siens pour ce dernier repas.


Seigneur Jésus, nul n’est rejeté de ton banquet, c’est à chacun, quoiqu’il ait fait, quoiqu’il s’apprête à faire, que tu te donnes, que tu offres ton amour. Donne-nous d’accueillir tes dons, ton amour, avec une humilité consciente que, grâce à ta miséricorde, toi-même nous en rends dignes.

vendredi 14 juin 2013

En mémoire de moi

Lc 22
19 Puis il prit du pain et, après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna en disant : « Ceci est mon corps donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » 
20 Et pour la coupe, il fit de même après le repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous.

Esprit saint, ces gestes et ces paroles de Jésus nous les avons précieusement recueillis et nous les rendons présents à chaque eucharistie que nous célébrons : fais qu’ils restent toujours neufs et vivants pour nous.

Puis il prit du pain : du simple pain qui était là sur la table, cette nourriture de base dont chacun a besoin, ce pain qu’il a déjà fait distribuer à la foule jusqu’à la rassasier

et, après avoir rendu grâce : sur la montagne, Luc rapporte que Jésus « bénit » les pains ; ici, il rend grâce, il reconnaît l’origine de tout don.

il le rompit et le leur donna : sur la montagne aussi il rompit le pain, et les morceaux furent rompus à leur tour aussi longtemps qu’il en manquait ; il rompt et il donne à ceux qui l’entourent en ce moment. Ce geste enracine la parole qui va suivre.

en disant : Ceci est mon corps donné pour vous : son corps va être rompu, brisé, donné. Marc et Matthieu parlent de la multitude, Luc s’en tient aux disciples présents, témoins, qui reçoivent mission de recevoir et de transmettre.

Faites cela en mémoire de moi : Luc est le seul évangéliste à rapporter cet ordre. Il est lui-même disciple de Paul qui la reprend aussi, par deux fois, dans l’épître aux Corinthiens (11, 24 et 25). Ainsi l’Eucharistie deviendra le mémorial du sacrifice de Jésus. Mais nous sommes aussi appelés à faire « cela », c’est-à-dire nous donner tout entiers sur les pas de Jésus.

Et pour la coupe, il fit de même après le repas : voilà donc une seconde coupe dans ce repas et cette répétition a gêné certains « copistes » qui ont tout simplement supprimé ce verset. Pourtant le texte complet est bien avéré : maintenant, il s’agit de la coupe de l’Alliance, c’est le don anticipé du sang du Christ.

en disant : Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang versé pour vous : seuls Paul et Luc précisent aussi Alliance « nouvelle », cette Alliance entre Dieu et son peuple qui sera gravée au fond des cœurs (Jr 31, 31-33). Cette fois la promesse de Dieu s’accomplit et c’est Jésus qui scelle cette alliance de son propre sang donné.


Seigneur Jésus, bénis sois-tu pour le don immense de l’Eucharistie. Sur le seuil de ta passion, c’est à nous que tu penses en posant ces gestes, en disant ces paroles. Depuis ce moment, c’est en les renouvelant sans cesse que ton peuple rappelle ton don total, ton sacrifice qui a inauguré pour nous le temps du salut.

jeudi 13 juin 2013

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Lc 22
17 Il reçut alors une coupe et, après avoir rendu grâce, il dit : « Prenez-la et partagez entre vous. 18 Car, je vous le déclare : Je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le Règne de Dieu. »

Esprit de partage, donne-nous de recevoir ses paroles avec la coupe que nous offre Jésus.  

Il reçut alors une coupe : c’est Jésus qui préside ce repas pascal et, selon le rite, c’est à lui que l’on présente la coupe, « fruit de la vigne et du travail des hommes » dirions-nous aujourd’hui.

 et, après avoir rendu grâce : Jésus a souvent rendu grâce à son Père ; ici, comme lors de la « multiplication » des cinq pains et deux poissons (9,16) c’est pour la nourriture qu’il remercie, et il le fera encore dans un instant sur le pain. Ce verbe « rendre grâce », en grec, évoque directement notre mot « eucharistie ».

 il dit : « Prenez-la et partagez entre vous : il a partagé les pains et les poissons entre ses disciples pour qu’ils les distribuent. Maintenant, c’est à eux d’accomplir ce geste de partage. Il s’agit bien ici d’une invitation au partage, non pas de paroles « eucharistiques » : Jésus n’évoque aucun lien entre la coupe de vin partagée et le don de son sang.

Car, je vous le déclare : Je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le Règne de Dieu : pourtant ici il annonce une fois de plus sa mort prochaine ; mais la phrase s’achève sur une parole d’espérance : le Règne, le Royaume est lui aussi à venir, il est promis.


Seigneur Jésus, avec toi nous reconnaissons que tout nous est donné par le Père et nous lui rendons grâce. Que tout ce qui nous est offert le soit en vue du partage.

mercredi 12 juin 2013

Avec lui - avec vous

Lc 22
14 Et quand ce fut l'heure, il se mit à table, et les apôtres avec lui. 15 Et il leur dit : « J'ai tellement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. 16 Car, je vous le déclare, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu. »

Esprit saint, fais-nous entendre le désir de Jésus pour notre temps, pour chacun et chacune.

Et quand ce fut l'heure : non pas bien sûr l’heure du repas, mais celle de Jésus lui-même, comme le dit plus explicitement Matthieu (26,18 : mon heure est venue). Jésus avait dit à Cana que « son heure n’était pas encore venue », puis il n’en a plus parlé jusqu’à ce moment, mais il le redira à Gethsémani dans la nuit qui suit. Nous sentons donc combien ce moment est solennel.

 il se mit à table : littéralement, « il s’étendit ». Ainsi le fait l’invité sur le lit qui lui est réservé lors des repas solennel.

et les apôtres avec lui : non seulement Luc répète cette information, mais il l’accentue encore par cette formule « avec lui ». Tout ce qui va suivre n’aura de sens que par la participation des disciples de Jésus.

Et il leur dit : « J'ai tellement désiré manger cette Pâque avec vous : et tout de suite, dans sa première parole, dans ce cri jailli de son cœur, revient la même insistance : « avec vous ». Eux « avec lui », lui « avec eux ».
« J'ai tellement désiré » dit Jésus, comme une confidence, que nous recevons à notre tour. Luc est le seul évangéliste à souligner ce désir de Jésus et nous lui en sommes gré. Nous entendons, nous accueillons ce désir de Jésus qui résonne jusqu’à aujourd’hui.

avant de souffrir : mais la circonstance où il l’a prononcé est grave et unique : quand Jésus emploie ce mot « souffrir » c’est toujours pour désigner sa passion, et, chez Luc, sa mort. Ainsi, en ce moment-là, tout son désir se tourne encore vers les siens.

Car, je vous le déclare, jamais plus je ne la mangerai jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le Royaume de Dieu : déclaration solennelle : ce repas avec ses amis, ce repas rituel de la Pâque juive, Jésus le situe dès l’abord comme la préfiguration du « repas messianique » du peuple de Dieu réuni dans le Royaume.


Seigneur Jésus, je te contemple au milieu des tiens, je reçois ces paroles précieuses que tu veux leur adresser – nous adresser – à quelques heures de ta mort. 

lundi 10 juin 2013

Les préparatifs

Lc 22
12 Et cet homme vous montrera la pièce du haut, vaste et jonchée de tapis ; c'est là que vous ferez les préparatifs. » 13 Ils partirent, trouvèrent tout comme il leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.

Esprit saint, donne-nous d’accueillir au jour le jour la parole de Jésus, cette parole vraie et efficace.

Et cet homme vous montrera la pièce du haut, vaste et jonchée de tapis : le propriétaire a fait ce qui convenait : la pièce attend les disciples, on l’imagine grande, propre, agréable, décorée de tapis confortables. Cet homme a accomplit sa tâche, d’autres vont pouvoir prendre le relais.

c'est là que vous ferez les préparatifs : car ensuite c’est au tour des apôtres de se mettre au travail. Ils sont un peu comme le précurseur qui préparait les chemins du Seigneur. Eux, ils préparent la salle pour que Jésus puisse y venir et y manger avec les siens.

Ils partirent, trouvèrent tout comme il leur avait dit : sans plus de question, ils se mettent en route. Au « Allez ! » de Jésus répond ce « ils partirent ». Condition pour que la suite se déroule comme il l’avait dit.
Luc précise ce qui nous semble sans doute bien prévisible : tout se passe selon ce que Jésus a dit. Mais ce qui semble une évidence dans le récit évangélique, l’est-il tout autant dans nos vies ? Croyons-nous que la parole du Seigneur s’y accomplit ?

et ils préparèrent la Pâque : voilà une belle petite touche évangélique qui nous montre les apôtres qui se retroussent les manches, préparent la table, veillent à tout. Des tâches ménagères, des gestes du quotidien qui pourtant vont permettre la plus grande des rencontres.

Seigneur Jésus, les gestes du quotidien – comme ceux que tu as demandés à tes apôtres – sont comme de petites pierres sur lesquelles tu construits de grandes choses. Nos journées en sont pleines : fais-les fructifier !