vendredi 28 avril 2023

Liturgie de la Parole, 3e vendredi du Temps pascal

 (Isabelle Halleux)

 Introduction

Nous restons dans la joie de la résurrection, nous souvenant que la foi en Jésus-Christ se propageait dans les petites communautés locales et que « une église qui se construisait, marchait dans la crainte du Seigneur, réconfortée par l’Esprit Saint, et elle se multipliait » (Ac 9, 31).

Deux textes pour nous en parler ce midi :

-          Du chapitre 9 des Actes des apôtres (Ac 9, 1-20) : la conversion de Saul. Nous connaissons bien ce récit. Nous sommes bien d’accord : Saul deviendra Paul, l’homme de l’ouverture universelle du christianisme - et il n'est jamais tombé de cheval !

-          Dans la deuxième lecture, de l'évangile de Jean, au chapitre 6, Jésus annonce : « celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ».

 

Deux appels, donc : un est appel à la conversion et la propagation de la foi en Jésus-Christ, l'autre, une invitation à l'eucharistie, à la Vie en Jésus-Christ. Pas nouveau, me direz-vous... Non, mais utile à dire et à redire, encore et encore !

Entrons en prière avec le chant des psaumes.

 

Méditation

Quel magnifique récit que celui de la conversion de Saul ! On dirait une pièce de théâtre !

 

Acte 9, Scène 1 (Ac 9, 1-9) : Saul, un pharisien que l’on qualifierait aujourd'hui d’« extrémiste », traque « ceux qui sont de la Voie », autrement dit les juifs disciples de Jésus, pour les arrêter et les emmener à Jérusalem. Il se dirige vers Damas et là, sur le chemin, il est interpellé par le Seigneur : « Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». Cela le foudroie. Il n'y voit plus rien.  Il en tombe par terre. « Le persécuteur est terrassé[1] », dit Daniel Marguerat dans son commentaire des Actes.  Ses compagnons le conduisent par la main à Damas.

 

Acte 9, Scène 2 (Ac 9, 10-20): Le Seigneur demande en songe à Ananias, un disciple de Damas, d'aller imposer les mains à Saul pour lui rendre la vue. Ananias avertit son Seigneur – au cas où il ne le saurait pas : « Je le connais, Seigneur (…) cet homme est venu ici pour arrêter tous ceux qui invoquent ton nom. »

Le Seigneur lui dit : «Va, car cet homme est l'instrument que j'ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations, des rois et des fils d’Israël. »  Ananias, confiant en Dieu, s'exécute. Saul retrouve la vue. Et en deux coups de cuiller à pot, ou plutôt en un verset, il se lève, il se fait baptiser, mange, reprend du poil de la bête et se met à sa nouvelle mission ! C’est avec Ananias que la « rencontre guérissante[2] », la conversion de Saul se produit ! C’est au sein de la communauté de Damas que Saul entre dans une nouvelle relation avec Jésus. L’Eucharistie qu’ils célèbrent sans doute scelle cela.

 

Acte 9, Scène 3 (Ac 9, 20-25): les lendemains de la conversion à Damas. Nous ne l’avons pas entendue aujourd’hui, mais disons-en deux mots : Scène du complet retournement du persécuteur qui proclame Jésus dans les synagogues, démontre qu’il est le Christ et se trouve lui-même en grand danger de mort. Il fuit la ville.

 

Acte 9, Scène 4 (Ac 9, 26-30): Répétition du scénario que le précédent, mais à Jérusalem : surprise, prédication, danger, sauvetage.

 

Acte 9, épilogue (Ac 9, 31): « Une église se construisait, marchait dans la crainte du Seigneur, réconfortée par l’Esprit Saint, et elle se multipliait ».

 

Je vous le disais : c'est un magnifique évangile ! J’apprécie sa construction – on y voit toute la force narrative de Luc – mais surtout, j’aime bien la scène de la rencontre guérissante d’Ananias et Saul. Savez-vous que le prénom Ananias signifie « grâce de Dieu » ? C’est avec et par la « grâce de Dieu » que Saul « retrouve la vue et est rempli d’Esprit Saint ». C’est magnifique ! Oserai-je dire : « c’est divin » !

 

Je suis aussi interpellée par le rôle joué par cette petite communauté de Damas dans la conversion de Saul ! Le Père Charles Delhez nous parlait justement début février du rôle des petites communautés comme espérance pour notre église, pour notre temps… « Pas question de « casser la baraque ». L’Eglise de demain doit pouvoir s’appuyer sur celle d’aujourd’hui et d’hier pour renaître à la fois en rupture et en continuité. (…) Je vois déjà des bourgeons éclore dans ces nombreux groupes de disciples de l’évangile, sans étiquette parfois, mais qui continuent à croire en l’avenir de l’humanité et à y travailler. L’Eglise (…) est tributaire de son temps, mais elle a reçu un souffle, celui de l’évangile, qui lui permet de traverser dans la foi, l’espérance et l’amour, les siècles qui, avec elle, mais aussi, pour une part, grâce à elle, s’avancent vers toujours plus d’humanité. (…) L’évangile m’a convaincu et la personne de Jésus, séduit.[3] »

Nous en sommes là : à être convaincu.es, séduit.es, à renaître de et par l’évangile, en église! Comme Saul.

Reconnaissons ce qui se passe dans nos communautés, grâce à ceux et celles qui ont confiance en Dieu – comme Ananias. Rappelons-nous que « nous sommes confiés les uns aux autres et que c’est ensemble que nous construisons nos convictions[4] » - comme Saul. Retenons enfin qu'il existe toujours, et ce texte le montre, « un chemin qui peut être chemin de rencontre, de conversion réciproque, de retournement4 ».

 

Prière finale

Seigneur… se retourner n’est pas une mince affaire, même si tu nous fais la grâce de nous y aider. Fortifie la communauté dont nous faisons partie, qui nous entoure, nous soutient et parfois nous bouscule, pour que nous puissions accueillir sans a priori ceux qui y viennent, ceux qui en partent, ceux qui l’affermissent. Nous te le demandons, par Jésus, ton Fils, qui règne avec toi en unité avec le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.



[1] Titre donné à ce passage par Daniel Marguerat. Les actes des Apôtres (1-12). - Ed. Labor et Fides (2015), p. 325

[2] Titre donné à ce passage par Daniel Marguerat, op. cit. p. 331

[3] Charles Delhez (2022) Eglise catholique. Renaître ou disparaître. Editions Jésuites, 78p.

[4] Daniel Marguerat, cité par Anne-Sylvie Sprenger, Allez Savoir ! Nb 64, UniL, 29/9/2016.

lundi 24 avril 2023

Liturgie de la Parole, 3e lundi du Temps pascal

(Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Église.

Nous poursuivons notre lecture continue des Actes des Apôtres et du 4e évangile.

Dans la joie de Pâques, le chapitre 6 des Actes nous confronte pourtant à la souffrance, celle d’Étienne, premier martyr à la suite de Jésus.

Quant au chapitre 6 de l’évangile de Jean, il nous propose le début du discours dit du « pain de vie », qui se situe après le partage du pain pour les 5.000 hommes.

Un petit mot unit les deux extraits : celui de « signe ». Nous tâcherons de l’approfondir en guise de méditation.

Dès à présent, par le chant des psaumes, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps, expérimentant à la fois la joie pascale et la souffrance, dans le sillage d’Étienne…

 Méditation

Je vous annonçais le mot-crochet qui est celui de « signe ».

Selon le narrateur du livre des Actes des Apôtres, « Étienne, rempli de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissait parmi le peuple des prodiges et des signes éclatants ».

Le narrateur ne précise pas le contenu de ces « signes et prodiges », mais est cependant explicite quant à son impact sur les témoins : des discussions, du soudoiement, des faux témoignages, des dénonciations et une condamnation au Conseil suprême.

En somme, un refus et un rejet.

Dans l’évangile, Jésus a accompli le « signe » du partage du pain pour une foule nombreuse.

Tandis qu’il s’est éloigné, la réaction de ses contemporains ne tarde pas : ils « se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus ».

Peut-on ainsi considérer que les deux lectures proposées à notre méditation sont en contraste ?

Dans les Actes, le refus ; dans l’évangile, l’accueil des signes ?

Ce n’est pas si évident…

Écoutons dans quel sens Jésus perçoit leur motivation :

« Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ».

Jésus déprécie la recherche de ses contemporains.

Il l’estime en tout cas partielle : quête de pains, d’un rassasiement physique, pour assouvir une faim superficielle.

Et non accueil du « signe ».

Mais quel est le contenu de ce signe ?

A quoi Jésus veut-il inviter ses contemporains ?

Écoutons la suite du propos de Jésus : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme… ».

Jésus oriente leur regard vers une nourriture qui demeure, à laquelle, dans la suite de ce chapitre, il s’identifiera lui-même, lorsqu’il affirmera « Je suis le pain de vie » (6, 35).

Tel est bien le thème du « signe », si cher au 4e évangile.

Lorsque Jésus parle de « signe » dans l’évangile de Jean, il invite à dépasser la matérialité du geste et à considérer Celui qui l’accomplit.

Les interlocuteurs de Jésus sont ainsi invités à « travailler aux œuvres de Dieu », càd à « croire en celui qu’il a envoyé ».

Il s’ensuit que les deux lectures de ce jour ne sont pas en contraste, mais elles convergent pour mettre en lumière la difficulté d’interpréter les signes.

Des signes, offerts par Dieu, où chacun(e) peut discerner Sa présence… ou la refuser.

Des signes offerts à notre liberté…

 En ce Temps pascal, il en va de même pour nous !

Nous sommes invités à relire les signes de nos vies et à y discerner la présence de Dieu, à nous tourner résolument vers Celui qui aspire à assouvir notre faim, à exaucer notre désir le plus profond, à être compagnon de nos routes humaines...

L’accueillerons-nous ? Lui offrirons-nous le cadeau de notre foi ?

Temps de silence

 Notre Père

Entrons dans la prière de Jésus, le Vivant du matin de Pâques…

 Prière

Dieu notre Père, tu offres à nos vies humaines des « signes », pour répondre à notre recherche, exaucer notre quête, assouvir notre désir. Nous t’en rendons grâces.

Accorde-nous de dépasser la matérialité de ces « signes », afin que nous puissions croire en Celui qui les accomplit, Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur Ressuscité nous bénisse et nous garde…

 

lundi 17 avril 2023

Liturgie de la Parole 2e lundi du Temps Pascal

 (Isabelle Halleux)

 Accueil

La page se tourne sur l’octave pascale, avec les lectures et les médiations qui nous ont fait (re)découvrir la présence du Ressuscité parmi nous, qui nous ont fait méditer sur la vie nouvelle à laquelle la résurrection nous conduit, et qui nous invitent à vivre en ressuscités, comme des « nouveaux nés » d’entre les morts. Notre chemin continue joyeusement vers l’Ascension et la Pentecôte ! Nous disons la gloire du Seigneur et nous l’acclamons, encore et encore. Alleluia !

L’évangile du jour (Jn 3, 1-8) nous parle de Nicodème, un « notable parmi les juifs » qui, bien avant la passion, rencontre Jésus, de nuit, et lui demande comment voir, entrevoir, entrer dans cette vie, dans « sa » vie, dans « le royaume de Dieu». La réponse est simple : il faut « renaître », « naître de l’eau et de l’Esprit », « naître d’en haut ! ».  Ce que Nicodème fit, plus tard.

La première lecture, des Actes des apôtres (Ac 4, 23-31), nous dit les effets produits par l’Esprit Saint sur les disciples : il les aide à prier, à élever leurs voix, à « dire la parole de Dieu avec assurance », en témoins du Christ ressuscité.

 Prions. Elevons nos voix vers notre Dieu. Chantons les psaumes !

 

 Méditation sur l’évangile de Jean (Jn 3, 1-8)

 A moins de naître d’en haut,

On ne peut voir le royaume de Dieu. (Jn 3, 3)

 

Le vent souffle où il veut :

Tu entends sa voix,

Mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va.
Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. (Jn 3, 8)

 Je ne peux m’empêcher de penser aux nombreux et longs moments de silence qui ont émaillé notre chemin vers Pâques. Dans le silence, on peut entendre le vent, percevoir la brise, écouter le moindre souffle. On entend pénétrer l’air qu’on inspire, on le sent frais, et on le découvre réchauffé quand on expire. On évacue toute préoccupation de soi, d’autrui. On prend conscience du vide qui conduit à un désir, au désir de « sa » présence. On entre en contact, on rend le moment fécond, on rend le moment vraie rencontre… « Il » attendait.

 Naître de l’Esprit, naître d’en-haut, c’est cela. C’est découvrir, c’est reconnaître que Dieu m’habite au plus profond de moi-même. C’est me mettre en sa présence. C’est accepter d’être possédée tout entière par lui. « Le » laisser venir. Me laisser aller. « Entrer dans la fête que le Christ Ressuscité vient animer au plus intime de mon cœur[1] ». Vivre de cette fête. Vivre en chrétien.

 Continuons à accueillir ce qui nous a été donné : ce désert, cette Pâque, cette essentielle nouveauté, cette (re)naissance qui nous vient d’en haut, ce souffle que nous percevons si bien dans le silence, chacun, chacune, sur ce chemin qui nous est personnel et secret.

 <Long temps de silence>

 Prière finale

 Seigneur, donne-nous de saisir ton Esprit partout, dans le silence comme dans le bruit de la vie. Ouvre nos cœurs pour « consentir » à ce vent qui souffle où il veut, pour « accueillir le miracle d’être emmené sur la terre des vivants par le Souffle de tout instant[2] ». Donne-nous de nous laisser surprendre, encore et toujours, en confiance, pour renaître chaque jour à la vie de ressuscités.  Allume en nous le feu de ton amour. Nous te le demandons, par Jésus, ton Fils, notre Seigneur, qui règne avec toi, en unité avec le Saint Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] expression de Frère Roger de Taizé (1970) reprise comme thème de la retraite de Pâques 2023 proposée par la Communauté de Grandchamp (www.grandchamp.org)

[2] expression de Francine Carillo, « Vers l’inépuisable », 2002, Ed. Labor et Fides, 139p.

 

mardi 4 avril 2023

Liturgie de la Parole, mardi saint

 (Isabelle Halleux)

Introduction

« Ecoutez-moi, îles lointaines ! » (Is 49, 1-6) – Quelle magnifique interpellation pour qui aime voyager!

« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » - Et quelle magnifique perspective pour qui aime les horizons lointains !

Ces deux versets rendent un peu plus digérable le texte de l’évangile qui nous est proposé ce jour (Jn 13, 21-23, 36-38) : « L’un de vous me livrera… Le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois ». « Comme l’agneau vers l’abattoir, tu te laisses conduire à la croix ». Il y aura plus que la croix. C’est bien ainsi. C’est notre foi.

« Seigneur, sois le rocher qui m’accueille ; tu as résolu de me sauver : ma forteresse, mon roc, c’est toi ! Tu es mon espérance ! » nous dit le psaume (Ps 70).

Prions. Chantons les psaumes à notre Dieu.

Méditation

« Comme l’agneau vers l’abattoir, tu te laisses conduire à la croix » dit l’acclamation. C’est un peu ça : nous savons que le récit de l’évangile de ce jour donne la dimension de ce qui va se passer, et que nous allons vivre, revivre cette semaine. Ce n’est pas rigolo. Heureusement la résurrection est au bout du chemin.

Je me demande quel était l’état d’esprit des douze ce soir-là ? Comme de petites souris, tendons l’oreille…

Cela fait du bien de se retrouver au calme, entre nous, pour souffler autour d’un bon repas ! Franchement, les amis : cette journée a été dure et longue. Encore une fois ! La tension croît et cela devient insupportable. Déjà qu’ils voulaient s’en prendre à Jésus, et voilà maintenant qu’ils ont décidé de tuer Lazare[1] !!! C’est incroyable…

Mais qu’as-tu, Jésus, toi d’habitude si joyeux, si battant ?  

« Amen, amen, je vous le  dis : l’un de vous me livrera ».

Je plonge le nez dans mon assiette. M’enfin ! Tu n’as vraiment pas le moral ! De là à penser que… On est tous avec toi, derrière toi, solidaires ! Je regarde à la dérobée Jacques et Nathanaël : ils ont l’air aussi embarrassés que moi.  J’aurais préféré un repas en silence !

« Jean, demande-lui un peu qui c’est, le traître ! »

« Dis donc, Pierre, tu ne crois pas que tu pourrais le demander toi-même ? »

Ambiance ! Jésus, toi qui d’habitude renvoies chacun à ses questions, tu désignes celui qui te livrera par une bouchée de ce délicieux repas préparé par Untel[2] ? Tu lui dis même de se dépêcher d’agir ?! Judas, tu ne dis rien ? Tu sors, bouleversé. Il fait noir dehors. Personne ne va te rechercher. Ce n’est pas juste.

Silence. Lourd silence ! Plus personne n’ose bouger pour se resservir et manger… Moi, de toute façon, cela m’a coupé l’appétit. Thomas n’a pas l’air d’y croire : c’est vrai que c’est un type bien, Judas !

Tu nous fais quoi, Jésus, avec cette grande envolée lyrique : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. » ?  On a beau dire que la gloire c’est la présence ou le poids de Dieu, on dirait que tu parles schtroumpf ! Je ne m’y ferai jamais ! Il faut avoir fait la théologie pour comprendre une phrase pareille !

Tu vas partir là où on ne peut pas aller ? Alors qu’on te suit dans toutes tes pérégrinations depuis si longtemps, encaissant avec toi tous les problèmes qu’on rencontre, disons-le : que tu sèmes ? Ce ne serait pas toi qui nous lâche ?

Et maintenant, voilà que tu remballes Pierre qui te dit qu’il donnerait sa vie pour toi, comme nous tous. Il essaie de comprendre ce que tu dis… Avoue que ce n’est pas facile.  Et il se reçoit un : « Toi aussi tu me renieras ». Pas Pierre, Jésus ! S’il y en a bien un pour te défendre, c’est lui !!!!!

Tu nous fais quoi, là, Jésus ? Respire !

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Il nous reste quelques jours à l’entrée de cette semaine sainte pour nous positionner et nous convertir : Resterons-nous silencieux devant le sacrifice de la croix ? Expliquerons-nous à nos proches pourquoi nous célébrons la mort du Christ et pourquoi nous croyons qu’elle est fondamentale pour nous, pour notre salut, notre liberté ? Accompagnerons-nous Jésus dans sa souffrance jusqu’au bout ? Ou ferons-nous « comme si »… Réfléchissons-y ! On en reparlera demain[3]

Notre Père

Avec Jésus, redisons la prière à son Père, à notre Père

Prière finale

Seigneur, notre Dieu, tu connais nos faiblesses et notre difficulté, parfois, d’affirmer notre foi et de prendre le risque de nous positionner à ta suite. Notre démarche pendant cette semaine sainte nous rappelle le salut que tu nous donnes par Jésus. Rends-nous présent.e.s à sa passion, dans l’espérance de la résurrection. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, notre Seigneur qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.



[1] Jn 12, 1-11, évangile d’hier, lundi de la semaine sainte.

[2] Mt 26, 18

[3] L’évangile de demain, mercredi saint (Mt 26, 14-25) nous propose la même scène.

samedi 1 avril 2023

Liturgie de la Parole, 5ème samedi de carême

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

Caïphe était grand prêtre cette année-là. Cela a donné à ses paroles une autorité et un impact qu’elles n’auraient pas eu autrement. Il dit : « vous n’y comprenez rien, vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure et que l’ensemble de la nation ne périsse pas ». C’est un calcul très froid, qui enlève tout scrupule. « Un pour tous », « un à la place de tous » : la loi du moindre mal. Et en plus, ce qu’il n’avoue pas ouvertement, c’est que ce moindre mal est un fait un double gain : on épargne toute la nation, et on se débarrasse d’un gêneur ! Ce que l’évangéliste va montrer, c’est qu’il y a derrière ces paroles une ironie tragique. Il ne croit pas si bien dire, Caïphe ! Le « un pour tous » (à la place de tous) va devenir « à la faveur de tous » … Car Dieu fait tout concourir au bien. Ouvrons nos cœurs à l’Esprit par le chant des Psaumes.

Résonances

« Un pour tous ». Il y a dans l’AT une situation similaire : celle de Jonas. Il faut relire le premier chapitre du prophète Jonas. Au cœur de la tempête, chacun des marins se met à prier son dieu. En se disant : « si chacun invoque le sien, on multiplie les chances de s’en sortir ». Mais Jonas dort dans le fond du bateau, d’un sommeil mystérieux. Les marins tirent au sort pour savoir qui est responsable de cette situation, et le sort tombe sur Jonas. Alors, Jonas a le courage de reconnaître sa faute et de leur dire : « jetez-moi par-dessus bord et la mer se calmera ». Les marins ont plus de scrupules que Caïphe : avant de passer à l’acte, ils commencent par ramer de toutes leurs forces pour regagner la terre. Finalement, ils jettent Jonas par-dessus bord, non sans avoir invoqué le Seigneur : « Ah, Seigneur, ne nous fais pas mourir à cause de cet homme et ne nous rends par responsables de la mort d’un innocent ! » Puis, quand la tempête se calme, ils sont saisis de crainte devant le Seigneur de Jonas, ils se convertissent… « Un pour tous » : quand Jésus parle du signe de Jonas, c’est peut-être aussi à cela qu’il fait allusion.

Mais l’évangéliste montre que la prophétie de Caïphe a encore d’autres conséquences : « un pour tous » devient « tous pour un » (et « tous par un »). « Il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation, et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés ». C’est là qu’on rejoint la prophétie d’Ezéchiel, citée en première lecture. Dans l’océan de paroles de ce prophète, on repère quelques fils rouges, et notamment celui de la dispersion (l’exil, à cause du péché) et du rassemblement du peuple. Ce rassemblement se fera autour d’une figure de berger, représenté par celui que Dieu nomme « mon serviteur David ». Ce rassemblement se fera aussi autour d’un sanctuaire, mais ce ne sera plus un sanctuaire statique, ce sera un sanctuaire « mobile », qui accompagnera le peuple, qui sera « au milieu d’eux pour toujours ». Les derniers mots du livre d’Ezéchiel résument tout : ils disent : « le Seigneur est là ». N’est-ce pas la définition du Christ ?

Laissons-nous rassembler par notre berger, notre roi, Jésus Christ qui, par le don de lui-même restaure au milieu de nous les liens de la fraternité, les liens de l’alliance, l’énergie du salut. Et suivons-le en cette Semaine sainte qui va s’ouvrir, en débordant d’action de grâce.

Prière

Seigneur Jésus, tu n’as pas refusé d’offrir ta vie et par ton offrande tu rassembles dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Béni sois-tu ! Au terme de ce Carême, nous te rendons grâce pour ce temps de purification qui nous a rapprochés de toi. Tu nous as donné ta Parole, nourriture pour la route, tu nous as rendus forts et tu nous invites maintenant à contempler le chemin qui va de la montée des Rameaux au jardin de la Résurrection, en passant par le Golgotha. Béni sois-tu pour l’espérance que tu nous ouvres dans la lumière anticipée de Pâques !