mardi 13 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 24e mardi TO

 (Sr Marie-Jean Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Reconnaissez que le Seigneur est Dieu : il nous a faits, et nous sommes à lui », chante le psalmiste.

Un des fils rouges de la liturgie de ce 24e mardi est celui de la guérison.

L’Evangile nous rapporte la guérison du fils de la veuve de Naïm.

Et dans l’extrait de la 1e lettre aux Corinthiens, Paul évoque les dons faits aux hommes :

« Il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison… ».

Tous membres du même corps, le Corps du Christ.

Mais je souhaite tisser ce fil rouge à un autre, celui du Saint fêté aujourd’hui.

En ce 13 septembre, nous célébrons la mémoire de St Jean Chrysostome.

Il vécut au 4e siècle, archevêque de Constantinople, Père de l’Eglise et auteur très prolifique, dont un commentaire de la 1e lettre aux Corinthiens.

Je vous en citerai un petit extrait : elle peut éveiller notre action de grâces.

À présent, par le chant des psaumes, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps…

 

Méditation

La comparaison du corps que Paul déploie dans sa lettre aux Corinthiens peut nous concerner aujourd’hui.

Tous et toutes, nous vivons dans une Communauté humaine, qu’elle soit familiale, monastique ou professionnelle.

Laissons-nous interpeller par les paroles de Jean Chrysostome.

Qui sait s’il ne parlerait pas au nom du Seigneur…

Je cite :

« … Rien ne console autant celui dont l’âme est faible et qui se sent inférieur à d’autres, rien ne le convainc autant de ne pas s’affliger que le fait d’apprendre qu’en réalité il n’est pas en état d’infériorité…

Si donc beaucoup sont un et un seul plusieurs, où est la différence ? où est ce qui est supérieur et où ce qui est inférieur ?

Tous sont un, dit Paul, mais un, non pas de façon approximative, mais un dans un sens précis : pour autant qu’ils constituent un seul corps, tous se trouvent former un seul ensemble. Lorsqu’on procède à l’examen des parties du tout, il y a des différences et la différence se manifeste dans toutes ces parties. Aucune de ces parties ne saurait former par elle-même un corps et chacune est pareillement incapable de former un corps à elle seule : il faut la conjonction de toutes. Lorsque plusieurs membres concourent à former un tout, alors il existe un corps. C’est cela précisément que Paul indique : Tous les membres, bien qu’ils soient nombreux, ne forment qu’un seul corps. Et il n’est pas question de supériorité ou d’infériorité des différents membres les uns par rapport aux autres, mais il est question de leur nombre qui les concerne tous »[1].

Dans nos communautés humaines, le Seigneur nous invite à nous réjouir des dons de chacun, chacune.

Prenons un temps de silence pour rendre grâces pour les dons reçus, les siens propres et ceux de ma Communauté.

Avec les contemporains de Jésus, nous pourrons alors rendre gloire à Dieu en disant :

« Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple ».

 

Temps de silence

Notre Père

Avec Jésus-Christ, dont nous sommes les membres, redisons les mots qu’Il adresse à son Père…

Prière

Dieu notre Père, nous nous tournons vers Toi, pour te rendre grâces de tes multiples bienfaits. Ton Fils nous montre le chemin, en mettant au service de ses contemporains son charisme de guérison. Que ton Esprit inspire à chacun de nous de découvrir quels sont nos charismes et ceux d’autrui, de nous en réjouir et de proclamer avec le psalmiste : « Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour ! ». Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…



[1] Jean Chrysostome commente Saint Paul, Homélie 30, n° 1, traduite par Raymond Winling, Collection « Les Pères dans la foi », Paris, DDB, 1988, p. 288-289.

vendredi 9 septembre 2022

Liturgie de a Parole, 23e vendredi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction

Bonjour et bienvenue à cette célébration qui nous rassemble pour nous nourrir de la Parole.

« Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! (…) Je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée.» s’écrie saint Paul dans la première lecture. C’est toute sa vie, ce devrait être toute la nôtre. La dimension missionnaire fait partie de l’héritage reçu au Baptême. La manière de la vivre dépend de chacun, selon notre place dans l’Église et la société. Le plus souvent c’est par contagion, rayonnement. Que le Seigneur soit le Soleil de nos cœurs, nous éclaire et éclaire ceux et celles qui nous entourent. Qu’il soit aussi notre bouclier dans le combat spirituel dont Jésus nous parle dans l’Évangile.

Mais tout d’abord, en communion avec nos frères et sœurs dans le monde entier, rendons grâce au Seigneur et avec le Psaume 17 chantons Celui qui dégage chacun, le met au large, le libère car Il l’aime [1] personnellement.

 

Méditation

Le pape François a commenté l’évangile de ce jour lors de l’Angélus du 27 février dernier (8ème dimanche ordinaire de l’année C) où ce texte était lu. En voici un extrait.

« Dans l’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui, Jésus nous invite à réfléchir sur notre regard et sur nos paroles. (…)

Avant tout sur notre regard. Le risque que nous courrons, dit le Seigneur, est de nous concentrer pour regarder la paille dans l’œil du voisin, sans nous apercevoir de la poutre qu’il y a dans le nôtre (cf. Lc 6, 41). En d’autres termes, être très attentifs aux défauts des autres, même les petits comme une paille, et ignorer tranquillement les nôtres, en leur donnant peu d’importance. Ce que dit Jésus est vrai : nous trouvons toujours des motifs de culpabiliser les autres et de nous justifier nous-mêmes. Et souvent, nous nous plaignons des choses qui ne vont pas dans la société, dans l’Église, dans le monde, sans nous remettre d’abord en question et sans nous engager à nous changer d’abord nous-mêmes. Tout changement fécond, positif, doit commencer par nous-mêmes. Dans le cas contraire, il n’y aura pas de changement. Mais — explique Jésus — ce faisant, notre regard est aveugle. Et si nous sommes aveugles, nous ne pouvons pas prétendre être des guides et des maîtres pour les autres : en effet, un aveugle ne peut pas guider un autre aveugle (cf. v. 39).

Chers frères et sœurs, le Seigneur nous invite à purifier notre regard. Il nous demande tout d’abord de regarder en nous pour reconnaître nos pauvretés. Parce que si nous ne sommes pas capables de voir nos défauts, nous serons toujours portés à agrandir ceux des autres. Si nous reconnaissons en revanche nos erreurs et nos pauvretés, la porte de la miséricorde s’ouvre pour nous. Et après nous être regardés à l’intérieur, Jésus nous invite à regarder les autres comme il le fait Lui — voilà le secret : regarder les autres comme il le fait Lui —, qui ne voit pas avant tout le mal, mais le bien. Dieu nous regarde ainsi : il ne voit pas en nous des erreurs irrémédiables, mais il voit des fils qui se trompent. L’optique change : elle ne se concentre pas sur les erreurs, mais sur les fils qui se trompent. Dieu distingue toujours la personne de ses erreurs. Il sauve toujours la personne. Il croit toujours dans la personne et est toujours prêt à pardonner les erreurs. Nous savons que Dieu pardonne toujours. Et il nous invite à faire de même : à ne pas rechercher chez les autres le mal, mais le bien. »[2]

 

Invitation au Notre Père

« Ta parole, Seigneur, est vérité ; dans cette vérité, sanctifie-nous. » (cf. Jn 17, 17) et que nous chantions de tout cœur :

 

Prière d’envoi

Avec la prière très ancienne de la Pentecôte, prions l’Esprit Saint qui agit dans les cœurs :

« Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, Père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens lumière de nos cœurs. (…)

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles. (…)

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. »[3]

Toi par qui le Fils vit en nous, nous transforme et nous conduit au Père dès aujourd’hui et pour toujours.

mercredi 7 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 23e mercredi TO

 (Isabelle Halleux)

Introduction 

Deux textes sur le bonheur sont offerts à notre méditation aujourd’hui : un extrait de la 1ère lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1 Co 7, 25-31) et les béatitudes selon Saint Luc (Lc 6, 20-26).

 Saint Paul donne son avis sur le célibat et ses joies (1 Co 7, 25-31). Il s’estime suffisamment digne de confiance pour en parler : « Tu n’as pas de femme, ne cherche pas à te marier », « Si tu te maries, ce n’est pas un péché », « Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’avaient pas de femme », « car il passe, ce monde tel que nous le voyons ». Ah ! Saint Paul et les femmes !!!

 Il faut de la patience et du temps pour entrer en profondeur dans l’enseignement de Paul et pour comprendre la portée révolutionnaire, « émancipatrice de la condition féminine », de sa pensée et de sa prédication[1]. Le sujet du célibat et de la place des femmes reste difficile dans l’Eglise – et pas que dans l’Eglise. Mais on évolue lentement et sûrement dans ce domaine…

 Alors, chantons, avec nos belles voix de femmes. Chantons les psaumes au Seigneur !

 Méditation : Les Béatitudes selon saint Luc

 Tous, certainement, nous voulons vivre heureux. Les béatitudes répondent à ce désir de tout homme et de toute femme ; elles nous disent aussi le désir de Dieu de nous rendre  heureux. Saint Luc nous transmet la « recette » proposée par Jésus. Il utilise les mots « heureux » et « malheureux ». En hébreu, le mot « heureux » se dit « achereï », qui vient d’un verbe signifiant « debout et en marche ». Le mot « malheureux », lui, est une traduction du mot grec « ouaï », de l’hébreu « hoï » dans l’AT qui est comme un cri… Pour être heureux et prendre part au Royaume, les béatitudes selon saint Luc se résument donc en quatre « Hop ! Debout ! » et quatre « Ouille ! »

 Hop ! Debout, en avant, vous les pauvres !

Debout, tenez bon, vous qui avez faim !

Hop ! En avant, relevez-vous, vous qui pleurez !

Et vous qu’on n’aime pas, qu’on repousse, qu’on insulte !

 Le bonheur n’est pas une réalité statique ; c’est une réalité dynamique, un mouvement. C’est vivre. Et la vie, c’est le projet de Dieu pour nous, le don qu’il nous fait : une communion de vie et de joie avec lui, sur le chemin du Christ. Pour être heureux, il faut se mettre en marche, avancer, s’adapter, se relever, recommencer, aller plus loin sur le chemin du Christ.

 Hop ! Tenez bon les pauvres. Croyez, espérez, allez-y, suivez Jésus ! Vous pouvez être heureux dans le Royaume, même dans les épreuves, la souffrance, la détresse. Vous êtes ce Royaume. Dieu est et sera toujours à votre côté, de votre côté !

 Ouille-ouille-ouille-ouille ! Attention, vous qui êtes riches, qui êtes repus, qui riez ! Attention, vous, les gens bien en vue, les « vedettes » ! Le risque, pour vous, est de mettre votre confiance dans les choses matérielles, de croire qu’elles donnent sens à vos vies, et de vous arrêter à cela. Ne vous trompez pas d’objectif, de préoccupation ! Marchez, avancez, mais surtout pensez au vrai Dieu !

 « Comment est-ce que je te cherche, Seigneur ? Puisqu’en te cherchant, mon Dieu, je cherche la vie heureuse pour que vive mon âme, car mon corps vit de mon âme et mon âme vit de toi », disait St Augustin (conf. 10, 29).

 Saint Benoît, dès son prologue, nous éclaire : « Levons-nous ! L’écriture ne cesse de nous éveiller, disant : "L’heure est venue de sortir du sommeil"[2]. Ouvrons les yeux à la lumière divine. Ecoutons d’une oreille attentive la voix de Dieu… »[3]. Marchons donc, suivons les sentiers que nous trace l’évangile et mettons-le en pratique.  

 4 « hop », « 4 ouille » et 2 mots : « Ausculta » et « Parvenies ». « Ecoute et tu parviendras[4]. »

 Mettons notre confiance en notre Dieu. Ecoutons sa parole. Comptons sur lui pour donner sens et éternité à nos vies : il est Amour, Joie, Paix, Force de vie, Bonheur. 

 Notre Père 

Avec les mots que Jésus nous a appris, redisons à Dieu : Notre Père…

 Prière finale 

Homme ou femme, pauvre ou riche, tu nous aimes, Seigneur, sans limite. Tu souhaites notre bonheur. C’est « ta » béatitude.

Donne-nous de ne pas nous laisser aller, de ne pas désespérer, de ne pas t’oublier quels que soient nos origines, nos conditions de vie ou nos statuts. Donne-nous de te chercher, d’écouter ta parole et de trouver notre bonheur en toi, de vivre en toi, en empruntant le chemin du Christ.

Nous te le demandons par Jésus, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

 

[1] Lire à ce sujet « Les femmes de Saint Paul », Chantal Reynier, Cerf, 2020, 272 p. ou une présentation résumée sur https://www.cath.ch/newsf/saint-paul-et-les-femmes-en-finir-avec-les-cliches/

[2] Rm 13, 11

[3] Prologue de la Règle de Saint Benoît (RSB), verset 8 ss.

[4] « Ausculta » (ou « Obsculta ») et « Parvenies » sont les premier et dernier mots de la RSB, résumant à eux seuls le parcours bénédictin.

lundi 5 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 23e lundi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 23e lundi, la liturgie nous propose un texte paulinien difficile à lire.

Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul expose la situation :

« On entend dire partout qu’il y a chez vous un cas d’inconduite, une inconduite telle qu’on n’en voit même pas chez les païens : il s’agit d’un homme qui vit avec la femme de son père ».

L’aspect le plus ardu n’est pas tant la situation elle-même que la réponse de Paul :

« Il faut livrer cet individu au pouvoir de Satan, pour la perdition de son être de chair ».

Pas facile à entendre lorsqu’on veut favoriser l’accueil de chacun dans la pastorale…

Quant à l’évangile, Jésus se trouve face à « un homme dont la main droite était desséchée ».

Cet homme sera-t-il stigmatisé pour cet handicap ?

Nous le découvrirons dans un instant…

À présent, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps par le chant des psaumes.

 Méditation

Dans l’évangile, Jésus pose une question qui nous renvoie au cœur du débat : « Est-il permis… de faire le bien ou de faire le mal ? de sauver une vie ou de la perdre ? ».

Le critère ultime de la réflexion et du discernement de Jésus est celui de la vie.

Tel est le but de sa Venue en notre monde : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, la vie en abondance » (Jn 10, 10).

Dès lors, la célébration du sabbat passe au second plan et Jésus « sauve » cet « homme dont la main droite était desséchée ».

 Et qu’en est-il du critère de la vie dans la situation d’inconduite à laquelle Paul est confronté dans la communauté de Corinthe ?

Cet « homme qui vit avec la femme de son père » ne cherche-t-il pas la vie ?

Pour stimuler notre réflexion, je citerai de nouveau Sr Véronique Margron, une théologienne moraliste que j’apprécie beaucoup[1].

Elle parle d’« hospitalité christique », en ce sens que, dans l’évangile, « les rencontres (de Jésus) manifestent son accueil sans condition, spécialement aux gens peu recommandables de son époque. Ce qui ne veut jamais dire qu’il ‘bénirait’ leur mode de vie ».

Et, en corollaire de cette hospitalité christique, Véronique Margron dégage une « hospitalité éthique », qui ne signifie pas une « bénédiction de ces modes de vie ou pratiques », mais qui permet d’« entendre la souffrance et le désir que portent ces évolutions, ces demandes, ces mœurs ».

Face aux situations diverses de notre monde, aux choix de nos contemporains, aux expériences qu’ils vivent, bon gré mal gré, laissons-nous interpeller par cette déclaration de la même théologienne :

« Nous appartenons à la même humanité, celle où aucun d’entre nous n’est blanc comme la colombe ».

 Prenons un temps de silence pour écouter ce que la Parole du Seigneur veut nous dire au creux du cœur…

 Temps de silence

 Notre Père

Avec Jésus, qui porte notre monde en sa prière, redisons les mots qu’Il adresse à son Père…

Prière

Dieu notre Père, tu aimes tellement notre monde que Tu lui as envoyé ton Fils unique. Il est venu sur notre terre, porteur de la Vie reçue de Toi. Il nous la partage, afin qu’elle se répande à l’entour et témoigne de Toi. Accorde-nous de nous laisser interpeller par ce que vivent les hommes et femmes de notre temps, que nous puissions témoigner de Ta présence vivifiante, en leur quotidien, quel qu’il soit. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur nous bénisse et nous garde…

 

[1] V. Margron, avec Cl. Plettner, Fragiles existences, Orienter sa vie, Montrouge, Bayard, 2010.

vendredi 2 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 22e vendredi TO

(Rosy)

Ouverture

Le récit évangélique de ce jour pourrait s’inscrire dans l’éternelle querelle entre les Pharisiens et Jésus. Mais pour les autres synoptiques, la question est posée par les disciples de Jean : « Pourquoi les disciples de Jésus ne jeûnent-ils pas ? » Cela me paraît être une vraie question, un vrai désir de comprendre. D’ailleurs Jésus ne les renvoie pas avec une phrase-choc, comme ce sera souvent le cas, mais il leur répond longuement par 3 comparaisons que nous allons lire ensemble. Sans doute les auditeurs de Jésus étaient-ils à l’aise avec ce type de langage, ce qui n’est pas vraiment mon cas… J’ai donc simplement essayé de repérer sur quoi portait l’insistance de Jésus. Dans les 4 derniers versets de la péricope, un mot est répété 7 fois : « nouveau ». Si vous le voulez bien, ce sera donc mon fil rouge.

Chantons les psaumes pour nous préparer à entendre la Parole de ce jour.

 Commentaire

« Nouveau », « Neuf », voilà des mots qui parcourent toute la Bible.

Le prophète Ezéchiel parle d’un cœur nouveau, d’un esprit nouveau, le psalmiste évoque un chant nouveau, l’évangile les souligne à son tour, ainsi que Paul, et on les retrouve jusque dans l’Apocalypse.

Pour une fois, on pourrait penser que cela est bien en phase avec notre époque où tout doit être neuf pour être valable : les objets, les idées, les comportements… tout !

Est-on alors dans la ligne de l’Evangile. Non bien sûr ! Car l’évangile parle de « nouveau » là où notre époque parle de « nouveautés » : un mot fait pour donner envie, pour créer des désirs et, par là même, des frustrations. Bref, un concept qui ne mène pas au bonheur.

Ce qui est vieux est rejeté, et, pour que cela soit plus décisif, on a même inventé l’obsolescence ! Un livre paru dans les années soixante avait pour titre ‘L’obsolescence de l’homme’ ! C’était une étude à l’échelle de l’humanité, mais elle mériterait d’être faite à l’échelle individuelle, car, que deviennent les Anciens ?

Reconnait-on tout ce qu’ils ont apporté et apportent chaque jour au cœur des familles, des communautés, quelle qu’elles soient ?

Car, en fait, que nous dit Jésus ? Si je lis bien, il demande de prendre soin de ce qui est vieux ! De veiller à ne pas déchirer le vêtement usagé, à ne pas faire éclater les vieilles outres… ! Ce qui est ancien mérite autant notre respect que ce qui est nouveau : « je ne suis pas venu abolir la Loi » disait aussi Jésus.

Ne pas rejeter par principe le passé mais savoir aussi pratiquer le détachement quand le moment est venu. Se laisser conduire avec confiance sur de nouveaux chemins.

Une question se pose alors : être neuf, nouveau, cela s’applique-t-il aussi à Dieu ? " Ce qui fait ma souffrance, c'est que la droite du Très-Haut a changé" dit le psaume. Dieu change-t-il ? Lui qui est immuable ? Il est certes immuable dans sa grandeur, sa bonté, son amour,… Mais pour l’homme qui est à son écoute, il est aussi le Dieu des surprises, des grâces inattendues, des chemins à découvrir…

Oui, à nos yeux, notre Dieu est toujours neuf, parce qu’il est vivant !

Et, en lui, nous sommes appelés à nous renouveler chaque jour.

Déjà Esaïe promettait : « je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre ». Oui, les cieux eux-mêmes doivent être renouvelés !

 « Si quelqu’un est en Christ, se réjouissait Paul, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles »

Ainsi nous pourrons habiter dans la joie un ciel nouveau et une terre nouvelle !

 Notre Père

Tournons-nous vers notre Père et prions-le pour qu’advienne son Règne sur notre terre.

 Oraison

Prions avec le psaume graduel :

Faisons confiance au Seigneur, agissons bien, habitons la terre et restons fidèle ;
mettons notre joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de notre cœur.

Nous te le demandons, Seigneur Jésus, toi qui es vivant avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours. 

jeudi 1 septembre 2022

Liturgie de la Parole, 22e jeudi TO

 (sœur Marie-Christine)

 Introduction

Bonjour et bienvenue à cette célébration qui nous rassemble autour de la Parole. Que nous soyons seuls chez nous ou en assemblée, que chaque jour nous nous pressions « autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu » comme le dit l’Évangile de ce jour.

Dans la première lettre aux Corinthiens, Paul nous rappelle, comme il l’a fait la semaine dernière, « la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. ». Et surtout il nous invite à la confiance quoiqu’il arrive :

« Il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu. »

Sur quoi est fondé cette confiance ou plutôt sur QUI ? Paul le dit dans le passage non repris par la liturgie : «  11 La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ… 16 Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? 17 … le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. »[1]

La confiance qui nous conduit à la paix quoiqu’il arrive, c’est que notre vie, par le baptême, est fondée sur le Christ : Nous sommes un sanctuaire de Dieu, l’Esprit Saint habite en nous, nous sommes au Christ et le Christ est à Dieu. Que l’Esprit Saint nous aide à vivre dans cette confiance et à la faire grandir en choisissant chaque jour de marcher sur ce chemin.

Exprimons notre confiance, notre prière, par le chant des Psaumes, en communion avec nos frères et sœurs priant dans le monde entier.

  Méditation 

Jésus est au bord du lac, il a rejoint les pêcheurs sur leur lieu de travail. Il nous rejoint dans notre quotidien.

Tandis que la barque quitte la terre ferme et s’éloigne un peu du rivage, Jésus reste debout dedans… Il est stable et en équilibre sur un bateau mouvant. Qu’il soit et demeure la source de notre stabilité et notre équilibre de vie.

Il s’assied pour enseigner LES foules (et non la foule) : il s’adresse aux foules dans leur multiplicité, il s’adresse à la multiplicité qui habite le cœur de chacun. Il nous rejoint là où nous en sommes aujourd’hui.

En même temps Jésus est pédagogue et concret : il sait que l’eau porte le son et donc pour que chacun puisse l’entendre, il s’éloigne un peu sur le lac. En faisant cela il prend aussi de la distance, et empêche la foule qui se pressait autour de lui et de l’écraser et de faire obstacle pour que les autres, ceux qui sont plus en arrière, ne puissent le voir et l’entendre.

Nous ne savons rien de l’enseignement donné à ce moment-là. L’accent est mis sur la suite qui se passe entre Jésus et les pêcheurs.

Jésus a l’initiative et demande littéralement à Simon : « Remonte vers la profondeur, et faites-descendre vos filets pour une capture »[2].

Comme si Jésus s’adressait à chacun en particulier, que ce soit dans cette traduction « Remonte vers la profondeur » ou dans la traduction liturgique « avance au large », c’est au singulier. « Remonte vers la profondeur », c’est paradoxal ! Dans le lac cela peut se comprendre au sens où il faut s’éloigner de la rive pour aller là où il y a de la profondeur. En plus ce n’est pas « monte » mais « remonte » : tu en venais, et bien remontes y une deuxième fois. « Et faites-descendre vos filets pour une capture » : si tu remontes vers la profondeur, tu t’aperçois que tu n’es pas seul, alors tu peux entendre la parole de Jésus « faites-descendre », quoi ? Ce qui fait votre quotidien qui doit aller, lui aussi, vers la profondeur.

Simon avoue l’échec qui a précédé la rencontre avec Jésus qu’il reconnaît comme maître. Est-ce déjà son maître ? Lui le pêcheur a été honoré que le Rabbi enseigne depuis sa barque et maintenant il est confronté à ses limites, son échec. C’est apparemment la 2ème fois qu’il rencontre Jésus, la 1ère nous est racontée juste avant (Luc 4,31,44) : Jésus avait enseigné avec autorité dans la synagogue de  Capharnaüm, puis fait des guérisons. Jésus avait refusé de se laisser accaparer par les foules :« Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. »[3]

Simon a suffisamment confiance en Jésus pour obéir, lui le professionnel, à ce Rabbi dont la pêche n’est pas du tout le métier.

Remonte-t-il vers la profondeur ? Le texte ne le dis pas. Matériellement sans doute, pour pouvoir pêcher, mais spirituellement peut-être pas encore. Il en fera un pas en tombant aux pieds de Jésus :« Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi. Et le 2ème pas sera de se laisser apaiser par Jésus et de se mettre en route : « Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. ». Pas seul « Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. »

Rendons grâce pour le cheminement de chacun vers la profondeur, ce cheminement qui rejaillit sur nos proches et sur les lointains. Mettons-nous en route aujourd’hui et chaque jour pour marcher avec Jésus comme compagnon de route et de vie.

 Introduction au Notre Père

Par Jésus, avec lui et en lui qui nous invite à remonter vers la profondeur, chantons du fond de notre cœur la prière qu’il nous a offerte :

 Prière d’envoi

Dieu notre Père, en Jésus tu rejoints chacun là où il est, dans sa multiplicité et ses échecs. Que nous nous ouvrions à ta Présence, remontions jour après jour vers la profondeur et y faisions descendre ce qui fait notre quotidien.

Par Jésus notre Maître, lui le Seigneur qui nous conduit à la vie avec Toi dans l’Esprit, dès maintenant et pour toujours.

 



[1]     1 Corinthiens 11 et 16-17

[2]     Traduction de Philippe Bossuyt et Jean Radermakers dans Jésus Parole de la Grâce selon Luc Institut d’Études Théologiques Éditions vol I Texte p 23

[3]     Luc 4, 43