samedi 31 octobre 2015

Ses regards

Si 17
15 Leurs voies sont devant lui en tout temps,
elles n’échapperont pas à ses yeux.
17 A chaque peuple il a préposé un chef,
mais Israël est la part du Seigneur.
19 Toutes leurs actions sont devant lui comme le soleil,
ses regards observent continuellement leurs voies.
20 Leurs injustices ne lui échappent pas,
tous leurs péchés sont devant le Seigneur.

Viens Esprit Saint, viens nous apprendre à vivre en confiance sous le regard de notre Dieu.

Leurs voies sont devant lui en tout temps, elles n’échapperont pas à ses yeux : bien sûr que le regard du Seigneur est sur nous, bien sûr que nous ne pouvons nous en cacher : mais que lisons-nous dans ses yeux ? Toute notre « théologie » est dans la réponse à cette question…
A ce propos, nous constatons dans ce chapitre l’absence de plusieurs versets. Ils existent sur certains manuscrits grecs, donc postérieurs à l’original hébreu, mais très probablement aussi postérieurs à la traduction grecque du petit-fils de Ben Sirac. Ce sont précisément des versets en lien avec notre question. Ainsi le verset 16 dit « leurs voies s’en vont vers le mal ».

A chaque peuple il a préposé un chef, mais Israël est la part du Seigneur : cette incise semble un peu étrangère au contexte, c’est pourquoi sans doute un verset 18 ajoute « auquel il dispense la lumière de l’amour sans l’abandonner ».  Tel est le regard de Dieu sur ceux qu’il s’est choisis.

Toutes leurs actions sont devant lui comme le soleil, ses regards observent continuellement leurs voies : Ben Sira a déjà bien insisté (5, 4-5 par exemple) : il ne sert à rien au « méchant » de se cacher, de croire qu’il peut en faire à sa guise sans conséquence.

Leurs injustices ne lui échappent pas, tous leurs péchés sont devant le Seigneur : le verset 21 nuance de nouveau : « Mais le Seigneur est bon et connaît sa créature, il ne les délaisse ni ne les abandonne mais les épargne ». Ainsi au travers de toutes les évolutions de ce texte du Siracide, nous suivons la réflexion du croyant qui interroge sa foi… une première « lectio » en somme !


Seigneur Jésus, nous mettons toute notre journée devant toi, tout notre désir de répondre à tes appels au fil des instants. Ce jour, nous le recevons de toi, et nous te le remettrons tel que nous l’aurons vécu. Reste auprès de nous !

vendredi 30 octobre 2015

Au sujet de son prochain

Si 17
11 Il leur a accordé en plus le savoir,
il les a gratifiés de la loi de vie.
12 Il a conclu avec eux une alliance éternelle,
il leur a montré ses jugements.
13 Leurs yeux ont vu la magnificence de sa gloire,
leurs oreilles ont entendu la gloire de sa voix.
14 Il leur a dit : « Gardez-vous de toute injustice »,
il leur a donné des commandements à chacun au sujet de son prochain.

Viens Esprit saint, Esprit de Vie, ouvre nos yeux et nos oreilles à la Parole qui nous révèle la magnificence de notre Dieu.

Il leur a accordé en plus le savoir : magnifique résumé en 4 versets de l’Alliance et de la Loi du Seigneur ! « En plus », dit l’auteur, en plus de tous les dons déjà décrits depuis le début du chapitre, Dieu a accordé à l’homme les biens les plus précieux. D’abord le savoir, celui qui lui permet de « connaître » son Créateur.

il les a gratifiés de la loi de vie :
puis la vie elle-même, l’existence sur cette terre et la participation à la vie même de Dieu.

Il a conclu avec eux une alliance éternelle :
il arrive ainsi au cœur de la promesse ; l’homme devenu partenaire, capable de répondre à l’offre de l’Alliance, une alliance éternelle parce que notre Dieu est fidèle, qu’il ne se reprend pas.

il leur a montré ses jugements :
l’homme est tellement partenaire qu’il reçoit de connaître les jugements même de Dieu, afin de pouvoir suivre ses voies.

Leurs yeux ont vu la magnificence de sa gloire, leurs oreilles ont entendu la gloire de sa voix :
ces yeux et ces oreilles qui permettent déjà de percevoir la magnificence de la création (v.6), voici qu’ils peuvent s’ouvrir sur la gloire même de Dieu, sur celle de sa voix. Cette voix de Dieu qui se fait entendre précisément tout au long de la Bible, tout au long de l’histoire de l’Alliance, que ce soit mêlée au tonnerre, que ce soit dans le silence, jusqu’à la voix du Verbe.

Il leur a dit : « Gardez-vous de toute injustice » :
après l’Alliance, avec l’Alliance, la Loi, résumée ici au maximum : se gardez de l’injustice !  Voilà qui suppose une attention active à tous ceux qui nous entourent, de près ou de loin.

il leur a donné des commandements à chacun au sujet de son prochain :
« aimez-vous les uns les autres »… avec ici une insistance remarquable sur l’aspect personnel du commandement.  C’est chacun personnellement qui reçoit le commandement qui concerne son prochain à lui, à cet instant. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour ta Vie que tu nous partages, pour ton Alliance que tu nous offres, pour ta Parole qui nous dirige sur la voie de l’amour. Ouvre nos yeux aujourd’hui, accorde-nous de voir avec ton regard tous ceux qui nous seront « proches », permets-nous d’agir en vue de la justice.

jeudi 29 octobre 2015

Afin de raconter

Si 17
6 Il leur a donné le jugement, la langue et les yeux,
les oreilles et le cœur pour réfléchir.
7 Il les a remplis de savoir et d’intelligence,
il leur a montré le bien et le mal.
8 Il a établi sa crainte dans leurs cœurs
pour leur montrer la magnificence de ses œuvres,
10 et ils loueront son saint nom,
afin de raconter la magnificence de ses œuvres
.

Viens Esprit Saint, Esprit d’intelligence, viens faire vibrer cette parole au fond de nos cœurs, qu’elle nous soit présente tout au long de ce jour.

Il leur a donné le jugement, la langue et les yeux, les oreilles et le cœur pour réfléchir : nous abordons ici 4 versets plus « originaux » en ce sens que, pour une fois, Ben Sirac ne semble pas s’inspirer ou reprendre des éléments déjà présents dans d’autres livres du premier testament. Rappelons aussi qu’ils font directement suite au verset 4 où l’homme est désigné comme « maître » des autres êtres vivants. Pour éclairer cette responsabilité et tout son comportement, l'homme a reçu de Dieu bien des dons énumérés ici. D’abord, et essentiellement, le jugement. Toute action va donc être passée au filtre du jugement, de la réflexion. Pour alimenter celle-ci, il reçoit la langue, tellement ambivalente pourtant ! Est-ce un encouragement à parler, à confronter nos avis, à trouver ensemble les solutions ? Les yeux, les oreilles aussi, comme pour recueillir tous les éléments nécessaires à la réflexion, pour être au plus près de la réalité. Et puis le cœur, qui, pour les Hébreux, est le siège de l’intelligence.

Il les a remplis de savoir et d’intelligence :
savoir et intelligence sont des dons reçus en abondance, autant qu’il est besoin. Pas d’excuse donc !!

il leur a montré le bien et le mal :
mieux, Dieu lui-même désigne le bien et le mal, ce n’est pas à l’homme de les définir, il lui « suffit » d’être attentif au murmure de l’Esprit en lui.

Il a établi sa crainte dans leurs cœurs pour leur montrer la magnificence de ses œuvres :
« crainte », littéralement « œil » qui désigne à nouveau l’intelligence. Et tous ces dons, afin de nous montrer, de nous faire voir, de nous inviter à prendre conscience de la magnificence de la création : elle est magnifique, mot un peu galvaudé, qui désigne ce qui est bon, beau, qui suscite la joie et l’admiration.

et ils loueront son saint nom, afin de raconter la magnificence de ses œuvres 
: Ben Sirac nous en indique finement les étapes : recevoir tous ces dons, grâce à eux, être conscients des œuvres du Seigneur, être portés alors vers la louange, et ensuite raconter la magnificence de ses œuvres, et la boucle est bouclée. A notre tour, nous pourrons en éveiller d’autres à regarder, à louer, à raconter.

Seigneur Dieu, nous sommes comblés de ton Esprit, rends-nous attentifs à sa voix. Que monte vers toi notre louange pour tant de bienfaits et que notre vie raconte ta magnificence.

mercredi 28 octobre 2015

A son image

Si 17
1 Le Seigneur a créé l’homme de la terre et l’y fait à nouveau retourner.
2 Il a assigné aux hommes un nombre précis de jours et un temps déterminé,
il leur a donné pouvoir sur les choses de la terre.
3 Comme lui-même il les a revêtus de force,
il les a faits à son image.
4 Il les a fait redouter de tout être vivant,
pour qu’ils soient les maîtres des bêtes sauvages et des oiseaux.

Esprit Saint, Esprit de force, viens éclairer en nous la Parole qui nous guidera en ce jour.

Nouveau chapitre, mais poursuite du récit de l’œuvre créatrice de Dieu.

Le Seigneur a créé l’homme de la terre et l’y fait à nouveau retourner : le corps de l’homme, comme celui de tout être vivant, est fait d’humus, et retournera à la terre ; est donc repris succinctement ici ce que disaient le récit de la genèse, les psaumes ou encore les livres de sagesse. Ainsi Qohéleth qui va pourtant plus loin : « la poussière retourne à la terre selon ce qu’elle était et le souffle retourne à Dieu qui l’avait donné » (12,7).

Il a assigné aux hommes un nombre précis de jours et un temps déterminé :
oui, nous avons un temps déterminé, limité, pour remplir notre mission personnelle sur terre, pour y tracer notre chemin. Chaque jour est donné, chaque jour il y a urgence d’aimer.

il leur a donné pouvoir sur les choses de la terre :
oui, nous avons reçu pouvoir et responsabilité.

Comme lui-même il les a revêtus de force :
une force, un pouvoir, non pas à la mesure de Dieu, mais à la façon de Dieu : d’un Dieu juste et bon, discret, absent quand il le faut, d’un Dieu qui met sa force, et qui se met tout entier, au service de notre Joie.

il les a faits à son image :
phrase trop connue, trop répétée… à la compréhension toujours inatteignable. Elle suscite l’étonnement, l’émerveillement, la reconnaissance, … le désir de vivre en enfant du Père.

Il les a fait redouter de tout être vivant, pour qu’ils soient les maîtres des bêtes sauvages et des oiseaux : et nous verrons demain quels maîtres nous sommes appelés à être !


Seigneur Jésus, permets-nous de vivre chaque instant de ce jour comme le « moment favorable » qui nous est donné pour recevoir ta vie et partager ton amour.

mardi 27 octobre 2015

Le Seigneur a regardé

Si 16
29 Puis le Seigneur a regardé vers la terre,
et il l’a comblée de ses bienfaits.
30 De toute espèce d’animaux il en a couvert la surface,
et c’est à elle qu’ils doivent retourner.

Esprit Saint, Esprit créateur, donne-nous d’accueillir cette parole, qu’elle éclaire notre regard en ce jour, qu’elle nous permette de voir les merveilles de notre terre.

Puis le Seigneur a regardé vers la terre : Ben Sirac continue de nous remémorer l’œuvre de la Création, et en même temps, il l’éclaire d’une lumière nouvelle. Il en fait en quelque sorte une relecture. Le « puis » indique que Dieu a d’abord « regardé » vers le haut, vers le ciel, vers ces astres qu’il a posés en un mouvement ordonné. La Genèse répète que « Dieu vit que cela était bon » en conclusion. Ici, Dieu regarde… avant d’agir, il pose son regard avant l’acte créateur, avant d’y déployer sa bonté.

et il l’a comblée de ses bienfaits : car ce regard débouche dans une œuvre créatrice qui comble… la terre : non pas ceux qui y vivent puisqu’ils n’y sont pas encore, mais la terre elle-même. Quel plus bel appel à respecter notre terre ! Et par quoi est-elle comblée, cette terre ? Par la vie !

De toute espèce d’animaux il en a couvert la surface 
: l’auteur ne reprend pas les 6 jours de création de la Genèse (c’est inutile, ses lecteurs ont bien ce récit à l’esprit), mais il en choisit des étapes significatives ; ainsi la création de la vie animale avec son abondance : toute espèce – qui couvre littéralement la surface de la terre.

et c’est à elle qu’ils doivent retourner : notre « sage » réapparaît ici en soulignant l’aspect éphémère de toute vie, ainsi que le font déjà beaucoup de textes du premier testament. Le psaume 104 (v 29) dit : « tu leur reprends le souffle, ils expirent et retournent à leur poussière ». La formule de Ben Sirac de « retour à la terre » est pourtant plus belle et évocatrice.


Seigneur notre Dieu, toujours ton regard est sur nous et sur notre terre, toujours tu veux nous combler de tes bienfaits.  Bénis sois-tu ! 

lundi 26 octobre 2015

Le Seigneur créa

Si 16

24 Ecoute-moi, mon fils, et acquiers le savoir,
applique ton cœur à mes discours.
25 Avec mesure je dévoilerai l’instruction,
avec exactitude je proclamerai la connaissance.
26 Lorsque au commencement le Seigneur créa ses œuvres,
en les faisant il en sépara les parties.
27 Il ordonna ses œuvres pour l’éternité,
depuis leur origine jusqu’à leur avenir lointain.
Elles n’ont pas faim et ne se fatiguent pas,
elles n’abandonnent pas leur tâche.
28 Aucune ne heurte sa voisine,
elles ne désobéissent jamais à sa parole.

Viens Esprit Saint, viens nous instruire afin que nos yeux s’ouvrent sur les merveilles de la création, que nous y lisions la fidélité de notre Dieu.

Ecoute-moi, mon fils : notre lectio se propose de passer une série de chapitres afin d’éviter la lassitude par trop de redondances ou d’anachronismes. Nous voici donc à ce que la TOB désigne comme « section B », avec un appel renouvelé  à l’attention, donc à l’écoute : écoute, mon fils !

et acquiers le savoir, applique ton cœur à mes discours : par l’écoute, la parole va pénétrer jusqu’au cœur, c’est le cœur lui-même qui est appelé à « incliner l’oreille » pour recevoir l'instruction, la connaissance, celle qui fait découvrir Dieu lui-même, ses œuvres et son projet.

Avec mesure je dévoilerai l’instruction, avec exactitude je proclamerai la connaissance :
cette connaissance n’est pas une somme de savoirs, c’est une approche du mystère qui peut seulement nous être « dévoilé », seul un coin du voile est soulevé, avec mesure, à la mesure de ce que nous sommes capables d’accueillir.

Lorsque au commencement le Seigneur créa ses œuvres, en les faisant il en sépara les parties :
voilà donc sur quoi va porter ce dévoilement aujourd’hui : sur l’oeuvre de création de Dieu. Et, comme nous le savons bien par les récits de création (Gn 1,3 ; 1,6 etc), Dieu procéda en séparant, pour sortir du tohu-bohu initial, pour "ordonner", mettre de l'ordre.

Il ordonna ses œuvres pour l’éternité, depuis leur origine jusqu’à leur avenir lointain :
la Bible, et particulièrement les psaumes, voit dans l’œuvre de création la manifestation de la grandeur de Dieu : ce qu’il veut, il le fait. Et il le fait « pour l’éternité » « pour un avenir lointain ». Le psaume 136 le répète : « sa fidélité est pour toujours ». Ainsi le verset 7 : « il est l’auteur des grands luminaires, car sa fidélité est pour toujours ».

Elles n’ont pas faim et ne se fatiguent pas, elles n’abandonnent pas leur tâche. Aucune ne heurte sa voisine, elles ne désobéissent jamais à sa parole :
nous l’avons compris, les « œuvres » ici désignent les astres. Ils sont comme personnifiés et dès lors expriment mieux que tout une parfaite constance et obéissance !

Seigneur Jésus, toi qui étais auprès du Père dès avant la « création » du monde, donne-nous de voir dans son œuvre la manifestation de ta Sagesse, donne-nous d’y collaborer selon les dons que nous recevons en partage.

samedi 24 octobre 2015

Sa bienveillance

Si 11
10 Mon fils, que tes occupations ne soient pas trop nombreuses,
si tu les multiplies, tu ne resteras pas indemne ;
même si tu cours, tu n’arriveras pas,
et tu ne t’échapperas pas par la fuite.
11 Tel peine, se fatigue et se hâte,
et n’en est que plus dépourvu.
12 Tel est faible et dépourvu de soutien,
manquant de force et riche de dénuement ;
mais les yeux du Seigneur l’ont regardé avec bienveillance,
il l’a redressé de son humiliation.
13 Il lui a relevé la tête
et beaucoup s’en sont étonnés.
14 Les biens et les maux, la vie et la mort,
la pauvreté et la richesse viennent du Seigneur.
17 Les dons du Seigneur sont assurés aux hommes pieux,
sa bienveillance les guidera à jamais.

Viens Esprit Saint, viens nous combler de tes dons, donne-nous un coeur pauvre capable de les accueillir.

Mon fils, que tes occupations ne soient pas trop nombreuses, si tu les multiplies, tu ne resteras pas indemne : Ben Sira ouvre maintenant, avec son chaleureux « mon fils », un nouveau domaine : celui du travail, des activités. Un secteur qui mérite tout autant d’être considéré avec « sagesse » car sa mauvaise gestion risque de nous atteindre. « tu ne t’en sortiras pas » disent d’autres traductions, ce qui est une vue plus « utilitaire ». La version TOB concerne l’être profond : « tu ne resteras pas indemne », quelque chose en toi va s’abîmer, te blesser, t’amoindrir.

même si tu cours, tu n’arriveras pas, et tu ne t’échapperas pas par la fuite :
tant de nos contemporains se plaignent de courir sans cesse, tant essayent d’échapper, de fuir certaines obligations…

Tel peine, se fatigue et se hâte, et n’en est que plus dépourvu : le Siracide, surtout dans sa traduction grecque, est peu confiant dans le résultat du travail de l’homme ; pourtant, celui-ci peut être beau et productif s’il reste à sa juste place dans les préoccupations.

Tel est faible et dépourvu de soutien, manquant de force et riche de dénuement :
mais Ben Sira veut surtout s’attacher au pauvre, celui qui manque de force (ou de moyens), celui qui, démuni, ne peut que compter sur Dieu.

mais les yeux du Seigneur l’ont regardé avec bienveillance, il l’a redressé de son humiliation 
: et celui-là est regardé par le Seigneur avant même qu’il ne crie vers lui. La bienveillance du Seigneur est sur lui et le « redresse ».

Il lui a relevé la tête : « et l’a redressé »
répétait l’original hébreu tant ce verbe est important : le « pauvre » est remis debout ! Il est rendu à la vie !

 et beaucoup s’en sont étonnés : qu’il est difficile aux homme de ne pas tabler sur leurs propres forces, leur propre pouvoir…

Les biens et les maux, la vie et la mort, la pauvreté et la richesse viennent du Seigneur :
des manuscrits grecs nuancent déjà cette affirmation qui, prise telle quelle, semble difficile à concevoir ; le verset 16 ajoute « la folie et l’obscurité ont été créées pour les pécheurs ». Ainsi, nous pouvons y lire un appel à ne pas mépriser les conséquences du péché.

Les dons du Seigneur sont assurés aux hommes pieux, sa bienveillance les guidera à jamais :
il y a donc une « assurance », une promesse aux hommes pieux : non pas ceux qui prient beaucoup… mais plutôt les «justes » ceux qui cherchent la connaissance du Seigneur et de sa loi et tentent de s’y conformer. Ils seront guidés pour demeurer dans cette voie, ils seront guidés par un Dieu bienveillant.


Seigneur Jésus, tu es venu nous révéler la bienveillance de ton Père, donne-nous de mettre toute notre confiance en lui, de nous laisser guider avec la pleine assurance de son amour pour nous.

vendredi 23 octobre 2015

Pleinement béni

Si 7
32 Tends la main au mendiant,
pour que tu sois pleinement béni.
33 Que la faveur de tes dons aille à tous les vivants,
au mort même ne refuse pas ta grâce.
34 Ne te détourne pas de ceux qui pleurent,
avec les affligés, afflige-toi.
35 N’hésite pas à visiter les malades ;
c’est pour de telles actions que tu seras aimé.
36 Quoi que tu fasses, souviens-toi de ta fin
et jamais tu ne pécheras.

Viens Esprit Saint, viens Esprit d’amour, qu’au travers de cette parole nous soyons appelés à regarder autrement nos frères, à les aimer en vérité.

Tends la main au mendiant : tendre la main pour donner à celui qui quémande ; mais tendre la main a bien d’autres sens : aider, entraîner, soutenir… Pourtant les diverses traductions restent bien dans le registre de l’aumône, avec une nuance d’abondance : « donne largement » ou « sois généreux », et souvent non pas au mendiant mais au pauvre : non pas nécessairement à celui qui demande, mais à celui qui est dans le besoin, ce qui invite d’abord à ouvrir les yeux…

pour que tu sois pleinement béni : « que le Seigneur te bénisse » précisent les autres versions, ce qui va sans doute de soi si on comprend la voix passive comme le résultat de l’action de Dieu… mais qui va encore mieux en le disant, surtout par contraste avec le verset 35. Etre béni de Dieu ! Toute l’histoire biblique est remplie de la bénédiction de Dieu, depuis la création, en passant par tous les grands patriarches… jusqu’à l’Evangile. Etre béni de Dieu, c’est recevoir sa vie et pouvoir la transmettre… c’est, à travers ma vie, transmettre son alliance.

Que la faveur de tes dons aille à tous les vivants, au mort même ne refuse pas ta grâce : la faveur suppose une bienveillance, une attention particulière, un don qui ne va pas de soi. Ben Sirac dépasse ici le simple devoir d’aumône, il recommande une générosité attentive pour les vivants et un grand respect pour les morts.

Ne te détourne pas de ceux qui pleurent, avec les affligés, afflige-toi : partager la peine… de ceux qui sont en deuil ou qui connaissent toute sorte de souffrances ; ne pas s’en détourner mais voir, regarder, s’arrêter, compatir… tel que le fera Jésus.

N’hésite pas à visiter les malades : Ben Sira continue de reprendre les instructions des prophètes et du Deutéronome, et annonce celles énoncées dans l’Evangile.

c’est pour de telles actions que tu seras aimé : « les gens t’aimeront » propose une autre traduction ; en effet l’amour de Dieu pour ses créatures est inconditionnel, il ne dépend pas de nos « bonnes actions », au contraire sans doute de celles des hommes qui nous entourent…

 Quoi que tu fasses, souviens-toi de ta fin et jamais tu ne pécheras : et l’habituel et ultime avertissement de l’auteur à la fin du chapitre.


Seigneur Jésus, toi qui reçus de ton Père la tâche de bénir les humains pour qu’ils aient en partage ta vie divine, accorde-nous aujourd’hui ta bénédiction afin que nous puissions être habités de ta présence et, à notre tour, être instrument de ta révélation aux hommes, en ce jour.

jeudi 22 octobre 2015

Aime celui qui t'a créé

Si 7
29 De toute ton âme révère le Seigneur
et vénère ses prêtres.
30 De toute ta force aime celui qui t’a créé,
ne délaisse pas ses ministres.
31 Crains le Seigneur et honore le prêtre,
donne-lui sa part comme il t’a été prescrit,
prémices, sacrifices de réparation, offrande des épaules,
sacrifice de consécration et prémices des choses saintes.

Viens Esprit Saint, habite nos cœurs aux moments de la liturgie, qu’elle nous unisse dans la louange de notre Dieu.

De toute ton âme révère le Seigneur et vénère ses prêtres : révérer… vénérer… la nuance est faible dans la langue et forte au niveau du sens : révérer, c’est traiter avec un profond respect ; vénérer, c’est rendre un culte mais aussi, dans ce cas-ci, éprouver un attachement profond. Mais nous voyons bien que les deux sont liés et l’attitude vis-à-vis du prêtre découle de celle à l’égard de Dieu. D’ailleurs Ben Sira, pour être bien clair, poursuivra ce parallélisme dans les versets suivants.

 De toute ta force aime celui qui t’a créé, ne délaisse pas ses ministres : à Dieu, notre créateur, nous devons tout ; il nous aime et nous permet de l’aimer à notre tour : lui-même met ce désir en nous. « Sois béni de m’avoir créée » disait Claire d’Assise à l’approche de sa mort.  Mais il a voulu des « ministres », des personnes qu’il s’est choisies pour le servir, pour « présider le culte » (selon les traductions). Ces ministres ont ainsi droit à notre reconnaissance, à notre aide.

Crains le Seigneur et honore le prêtre : celui qui craint le Seigneur sera béni ! (1,13) et cette reconnaissance revient à Dieu seul. Le prêtre qu’il s’est choisi mérite, lui, d’être honoré.

donne-lui sa part comme il t’a été prescrit, prémices, sacrifices de réparation, offrande des épaules, sacrifice de consécration et prémices des choses saintes : Ben Sira est très attaché au sacerdoce (voir les chapitres 45, 50…) ainsi qu’au culte (chap. 47, 49). Il en profite au passage pour faire un petit cours sur les différents sacrifices tels qu’ils sont notamment décrits dans le Lévitique, un livre lui aussi post-exilique, quand le pouvoir sacerdotal (avec son grand-prêtre) est de plus en plus important. Si les sacrifices décrits ont perdu leur raison d’être avec la venue du Christ, ce passage nous rappelle la place de la liturgie avec ses gestes et paroles qui expriment notre communion avec Dieu. Offrir les prémices de nos « récoltes », exprimer notre désir de réparation, poser un geste de consécration… exprimer notre foi, nous tourner vers le Seigneur… en Eglise, grâce aux serviteurs de la liturgie.

Seigneur Jésus, toi le seul prêtre, tu es celui qui nous fait connaître le Père, qui nous conduit à lui. Je te rends grâce pour tous ceux que tu appelles à être les serviteurs de la communion entre nous et avec toi.

mercredi 21 octobre 2015

Dans ta prière

Si 7
10 Ne sois pas pusillanime dans ta prière,
ne néglige pas de faire l’aumône.
11 Ne ris jamais de l’homme qui est dans l’amertume,
car il est Quelqu’un qui humilie et qui élève.
12 Ne forge pas de mensonge contre ton frère,
ne fais rien de semblable contre ton ami.
13 Garde-toi du mensonge en toute circonstance :
y persister ne conduit à rien de bon.
14 Ne bavarde pas dans l’assemblée des anciens,
ne répète pas tes paroles dans ta prière.
15 Ne déteste pas le travail pénible,
ni le travail des champs créé par le Très-Haut.

Viens Esprit Saint, donne-nous d’accueillir humblement la parole de ce jour, qu’elle soit présente dans notre prière et dans nos rencontres.

Ne sois pas pusillanime dans ta prière, ne néglige pas de faire l’aumône : dans la diversité de ses conseils, Ben Sirac en revient ici aux « fondamentaux » : l’aumône et la prière. De l’aumône, il a déjà parlé (3,30 ss) mais de la prière quasi pas. Il va aujourd’hui nous en donner deux « qualités ». D’abord la générosité : celui qui veut prier ne doit pas y aller avec un cœur calculateur, qui réduit la démarche à sa portion minimum, qui calcule ses efforts. La prière est une réponse, à donner de tout son être. L’aumône comme la prière appelle à notre générosité.

Ne ris jamais de l’homme qui est dans l’amertume, car il est Quelqu’un qui humilie et qui élève : le rire moqueur, le rire qui écrase l’autre est une des formes les plus pernicieuses du manque d’amour. Celui qui se moque en entraîne d’autres dans cette attitude qui cherche à écraser davantage celui qui souffre.

Ne forge pas de mensonge contre ton frère, ne fais rien de semblable contre ton ami : éloge de la vérité, qui ne peut nuire, au contraire du mensonge, d’autant plus cruel qu’il touche un proche,…

Garde-toi du mensonge en toute circonstance : y persister ne conduit à rien de bon : … mais (évidemment) aussi n’importe quel homme. Ainsi Ben Sira revient aussi sur les dangers d’une langue imprudente et bavarde.

Ne bavarde pas dans l’assemblée des anciens, ne répète pas tes paroles dans ta prière : il enchaîne donc en recommandant la retenue dans ses paroles afin de bénéficier de l’enseignement des anciens, de qui peut venir la sagesse. Modération aussi des paroles dans la prière. Ainsi nous comprenons que la générosité que Ben Sirac vient de nous recommander dans la prière ne touche certes pas l’abondance des paroles, ni même sans doute la durée, mais la qualité de notre présence, la disponibilité de notre esprit et de notre cœur.

Ne déteste pas le travail pénible, ni le travail des champs créé par le Très-Haut : après la prière, le travail (Ben Sira est-il un peu bénédictin ??! ) : prendre sa part du travail, quel qu’il soit, même le travail plus pénible ou celui, parfois peu estimé sans doute, qu'est le travail manuel et spécialement le travail de la terre. Beau rappel que l’on y collabore plutôt à la création !


Seigneur Jésus, permets-nous de te rejoindre au cœur de notre prière, d’être à ton écoute, d’entendre tes invitations, d’y répondre avec générosité et vérité.

mardi 20 octobre 2015

Devenir juge

Si 7
1 Ne fais pas le mal et aucun mal ne t’arrivera.
2 Eloigne-toi de l’injustice, elle s’écartera de toi.
3 Ne sème pas dans les sillons de l’injustice,
de peur d’en récolter sept fois plus.
4 Ne demande pas au Seigneur le pouvoir,
ni au roi un siège glorieux.
5 Ne pose pas au juste devant le Seigneur,
ni au sage devant le roi.
6 Ne cherche pas à devenir juge,
si tu n’es pas capable d’extirper l’injustice,
car tu pourrais être influencé par la personne d’un prince
et compromettre ainsi ta propre intégrité.

Viens Esprit saint, Esprit de Justice, vient inspirer nos actes pour que nous nous mettions humblement au service de la justice.

Ne fais pas le mal et aucun mal ne t’arrivera : ce serait trop beau ! Et de toute façon hors de notre condition humaine… non pris au pied de la lettre, ce conseil attire notre attention sur nos responsabilités, envers nous-mêmes… et envers les autres. Celui qui emploie des méthodes inadmissibles et produit des désordres, ne doit pas s'étonner d'en souffrir lui-même.
S’il amorce ce chapitre par une phrase on ne peut plus générale, Ben Sira vise en fait dans ces versets l’idée importante de justice.

Eloigne-toi de l’injustice, elle s’écartera de toi : l’idée du lien entre nos actes et leurs conséquences s’appliquent prioritairement à la justice. Voilà une notion bien présente dans la Bible et surtout dans le Premier Testament, mais une notion complexe. Dans la Bible, la justice est un attribut de Dieu; mais elle est aussi une prérogative du roi et un devoir pour le citoyen. C’est ce que développe Ben Sirac.

Ne sème pas dans les sillons de l’injustice, de peur d’en récolter sept fois plus : voilà qui fait penser à un proverbe bien contemporain… qui nous vient d’Osée (8,7) : « Qui sème le vent, récolte la tempête ». Combien de fois ne sommes-nous pas incapables (ou inattentifs) aux conséquences de nos actes.

Ne demande pas au Seigneur le pouvoir, ni au roi un siège glorieux : dans la société biblique, la justice est une qualité propre au gouvernement du roi. On dit que la justice est le soutien du trône du roi, tout comme du trône de Dieu. Le roi est choisi par Dieu parce qu'il aime la justice. Il doit faire régner la justice en récompensant ou en punissant mais, surtout, il doit veiller à ce que les normes de la vie en société, reconnues dans le Décalogue, soient appliquées, en respectant les droits des pauvres et des faibles.

Ne pose pas au juste devant le Seigneur, ni au sage devant le roi : le simple citoyen est invité lui aussi à pratiquer la justice. Celle-ci se traduit par des gestes de partage et de miséricorde. Ainsi en est-il de Job qui affirme « avoir revêtu la justice » parce qu'il faisait du bien aux indigents. L'idée de justice sera reprise par Jésus et les premiers chrétiens. Elle est synonyme de charité et de miséricorde.

Ne cherche pas à devenir juge, si tu n’es pas capable d’extirper l’injustice, car tu pourrais être influencé par la personne d’un prince et compromettre ainsi ta propre intégrité : ceux qui portent les responsabilités de juger, de conduire leurs frères, ne s’attribuent jamais cette tâche ; ils en reçoivent la mission en fonction de leurs « qualités » à mettre au service de la communauté.

Seigneur Jésus, toi le seul juge, toi le seul juste, donne-nous de tendre de tout notre être à la réalisation du Royaume par la pratique de la justice : rends-nous conscients des appels qui nous entourent, donne-nous d’y répondre par nos actes, à ton image.

dimanche 18 octobre 2015

Il affermira ton coeur

Si 6
35 Tout discours divin, écoute-le volontiers,
veille à ne laisser échapper aucun sage proverbe.
36 Si tu vois un homme intelligent, cours à lui dès le matin,
que ton pied use les marches de sa porte.
37 Réfléchis aux ordres du Seigneur,
applique-toi sans cesse à ses commandements ;
lui-même affermira ton cœur
et la sagesse que tu désires te sera donnée.

Viens Esprit Saint, viens nous rendre attentifs à la parole de ce jour, donne-nous d’entendre tes appels, de vivre selon tes commandements.

Tout discours divin, écoute-le volontiers, veille à ne laisser échapper aucun sage proverbe : après avoir souligné la sagesse des vieillards, le traducteur nous ramène à la parole divine, et spécialement aux Proverbes dont Ben Sira s’inspire largement, en les délayant d’ailleurs pas mal…
Mais le traducteur parle de « discours divin » là où son grand-père écrivait « Aie plaisir à entendre parler de tout »… il veut sans doute être plus clair, plus exigeant, plus « spirituel »…

Si tu vois un homme intelligent, cours à lui dès le matin, que ton pied use les marches de sa porte :
de tous temps, et sans doute dans toute spiritualité, il y eu des anciens pour guider les plus jeunes. Tout le Siracide est d’ailleurs basé sur cette transmission : « Mon fils… ». Et chacun de nous repense alors à ceux que le Seigneur a mis sur sa route pour l’accompagner un peu plus loin.

Réfléchis aux ordres du Seigneur, applique-toi sans cesse à ses commandements :
la sagesse s’acquiert par l’écoute, l’étude, la transmission d’un savoir ; parmi ce savoir, il y a les commandements du Seigneur. Ils sont à vivre ! A appliquer dans le quotidien de notre vie.

lui-même affermira ton cœur et la sagesse que tu désires te sera donnée :
et en faisant ainsi notre part, en tendant de tout notre être vers cette sagesse, nous serons affermis par le Seigneur lui-même. Telle est sa promesse. Si notre désir est chaque jour devant lui, il nous fera don de la sagesse.


Seigneur Jésus, je te bénis pour ta promesse, pour ton agir en chacun. Sois au cœur de notre désir tendu vers toi. Montre-moi dès le matin ton amour car je compte sur toi. 

samedi 17 octobre 2015

Si tu aimes écouter

Si 6
32 Si tu le veux, mon fils, tu seras instruit,
et si tu appliques ton âme, tu deviendras habile.
33 Si tu aimes écouter, tu apprendras,
si tu prêtes l’oreille, tu deviendras sage.
34 Tiens-toi dans l’assemblée des vieillards,
attache-toi à leur sagesse.

Viens Esprit Saint, viens éveiller en nous le désir de ta sagesse, le désir d’être à l’écoute de la Parole.

Si tu le veux, mon fils, tu seras instruit et si tu appliques ton âme, tu deviendras habile : comme pour toute œuvre, le premier pas, c’est le vouloir, le désir, la décision de poser les actes nécessaires à ce que nous voulons réaliser. Alors, si nous nous appliquons, affirme l’auteur, nous pourrons recevoir la connaissance nécessaire.

Si tu aimes écouter, tu apprendras :
il faut « aimer » écouter, dépasser ce stade où « il faut » écouter et où l’on s’y applique par devoir, par nécessité, parce que l’on a compris que c’est  indispensable dans un chemin spirituel – et ce n’est déjà pas si mal ! Mais « aimer » écouter, c’est s’y appliquer spontanément et en recevoir énormément.

si tu prêtes l’oreille, tu deviendras sage :
tel est donc bien le chemin évident sur la voie de la sagesse.

Tiens-toi dans l’assemblée des vieillards, attache-toi à leur sagesse 
: et sans doute y a-t-il des anciens qui ont ouvert la route, qui ont une sagesse à transmettre : heureux sommes-nous si nous en trouvons sur notre chemin. A noter que ce verset est une ajoute du traducteur…

Seigneur Jésus, rends-nous avides de te connaître, de répondre à tes appels. Donne-nous une oreille attentive à ta voix.

jeudi 15 octobre 2015

Un petit nombre

Si 6
20 Que la sagesse est donc rude aux ignorants,
il ne persévérera pas, l’homme sans intelligence.
21 Comme une pierre, elle est un poids qui teste sa force,
il ne tardera pas à la rejeter.
22 Car la sagesse mérite bien son nom,
elle n’est visible qu’au petit nombre.

Viens Esprit Saint, esprit de Sagesse, viens nous enseigner, accorde-nous l’intelligence de la Parole.

Que la sagesse est donc rude aux ignorants, il ne persévérera pas, l’homme sans intelligence : Ben Sirac vient de recommander d’accueillir l’instruction pour trouver la sagesse ; il insiste fréquemment sur la nécessaire connaissance. Au début de son prologue, il parlait des « amis du savoir ». Face aux païens, ou à la philosophie grecque, il conseille d’être solides dans sa connaissance. Celle-ci est un chemin vers la sagesse, et les ignorants, les hommes sans cette intelligence (de la Loi, des proverbes…) se heurteront à elle.

Comme une pierre, elle est un poids qui teste sa force, il ne tardera pas à la rejeter :
par son poids, selon cette image, elle leur résistera, et ils renonceront à l’acquérir, ils s’en sentiront incapables.

Car la sagesse mérite bien son nom, elle n’est visible qu’au petit nombre :
nous avons vu qu’acquérir la sagesse supposait persévérance, courage pour affronter les voies tortueuses, traverser la crainte et l’effroi (4,17). Voilà sans doute ce dont seul le petit nombre est capable !


Seigneur Jésus, face à cette sagesse si difficile à acquérir, donne-nous de simplement nous faire accueillants afin que tu nous combles de tout ce qui est nécessaire pour te chercher et aller à la rencontre de nos frères et sœurs.

mercredi 14 octobre 2015

Ses fruits excellents

Si 6
18 Mon fils, dès ta jeunesse accueille l’instruction,
jusqu’à tes cheveux blancs tu trouveras la sagesse.
19 Comme le laboureur et le semeur, approche-toi d’elle
et attends ses fruits excellents.
Car, à la cultiver, tu peineras quelque peu,
mais tu mangeras bientôt de ses produits.

Viens Esprit Saint, viens nous instruire par la Parole.

Mon fils, dès ta jeunesse accueille l’instruction, jusqu’à tes cheveux blancs tu trouveras la sagesse : au milieu de ses conseils divers, Ben Sira va indiquer comment acquérir la sagesse. Dès les premiers mots de son livre, il nous a dit que Dieu seul est sage et que de lui seul vient la sagesse. Le premier pas est donc de l’accueillir. Et cela avec promptitude, sans délai, et donc dès cet instant, dès la jeunesse. Comme, à l’image de Dieu, la sagesse est infinie, elle se donnera à connaître toute notre vie. Ben Sira ne dit pas que nous la posséderons un jour, fût-ce au dernier, il affirme que jusqu’au bout, il nous sera donné d’encore la trouver.

Comme le laboureur et le semeur, approche-toi d’elle et attends ses fruits excellents :
il présente la sagesse comme un fruit savoureux ! Elle est nette l’image du laboureur, du semeur, dont le travail va faire germer la semence et lui permettre de porter fruit. Il y a le travail… et la patience… car une fois la semence en terre, il reste à attendre…

Car, à la cultiver, tu peineras quelque peu, mais tu mangeras bientôt de ses produits :
acquérir la sagesse demande du travail, du courage, de la persévérance, de l’humilité,… du désir… rien de ce qui est grand et beau ne s’obtient en un instant. Mais il y a la promesse : la sagesse nous nourrira, fera croître la vie en nous.

Seigneur Jésus, toi de qui vient toute sagesse, donne-nous de toujours mieux te connaître, donne-nous de demeurer en toi et de vivre chaque jour selon ta loi d’amour.

mardi 13 octobre 2015

Ami fidèle

Si 6
14 Un ami fidèle est un abri sûr,
qui l’a trouvé a trouvé un trésor.
15 Un ami fidèle n’a pas de prix,
c’est un bien inestimable.
16 Un ami fidèle est un élixir de vie,
ceux qui craignent le Seigneur le trouveront.
17 Qui craint le Seigneur dirige bien son amitié,
car tel il est, tel sera son compagnon.

Viens, Esprit Saint, sois présent au cœur de nos amitiés, qu’elles aspirent à être à l’image de la Trinité sainte, qu’elles soient don réciproque.

Un ami fidèle est un abri sûr, qui l’a trouvé a trouvé un trésor : puisque le terme est (de plus en plus) galvaudé, l’auteur se doit de répéter à chaque fois : ami « fidèle ». Et pour décrire cet ami-là, il choisit les mêmes images que pour parler de Dieu et du Royaume : c’est Dieu lui-même qui est le premier abri, le premier refuge. Et c’est le Royaume que Jésus a décrit comme le trésor par excellence.

Un ami fidèle n’a pas de prix, c’est un bien inestimable :
comme pour le Royaume, toutes les richesses, matérielles ou de réputation... etc… ne sont rien à côté de ce trésor ; l’amitié ne doit jamais se mesurer à l’aune des biens matériels ou sociaux : c’est la pervertir inévitablement car elle, elle est « inestimable ».

Un ami fidèle est un élixir de vie, ceux qui craignent le Seigneur le trouveront :
l’amitié est comme un élixir ! Elle nous donne « longue vie » comme l’exprime la Bible quand elle désigne quelqu’un comblé par Dieu. Plus concrètement, il est tellement vrai que l’amitié donne saveur à la vie, qu’elle en fait un chemin de joie et de partage. Et Ben Sirac ajoute ici un élément neuf : l’amitié est un don de Dieu ! Une amitié ne se recherche pas ! Elle se « trouve », elle se reçoit, on l’accueille des mains de Dieu et de celles de l’ami.

Qui craint le Seigneur dirige bien son amitié, car tel il est, tel sera son compagnon : avec la lumière du Seigneur, en mettant en lui notre foi, nous connaîtrons ce bonheur de rencontrer de vrais amis comme compagnons de table et de route.

Seigneur Jésus, tu proposes ton amitié à tous, tu nous appelles tes amis ; permets à chacun de trouver de vrais amis sur sa route, permets à chacun d’offrir une amitié fidèle.

Je te rends grâce pour toutes les amitiés, c’est au travers de nos amis que nous percevons une facette de ton visage.

lundi 12 octobre 2015

Ami à son heure

Si 6
8 Il y a l’homme qui est un ami à son heure à lui
et qui ne le restera pas au jour de la détresse.
9 Il y a l’ami qui se change en ennemi,
qui va dévoiler votre querelle pour ta confusion.
10 Il y a l’ami compagnon de table,
qui ne restera pas au jour de ta détresse.
11 Dans ta prospérité il sera comme toi-même,
il commandera avec assurance à tes serviteurs.
12 Mais si tu es humilié, il sera contre toi, il se cachera de toi.
13 Eloigne-toi de tes ennemis, garde-toi de tes amis.

Viens, Esprit d’amour, donne-nous d’aimer nos amis, de les reconnaître sur notre route, de leur être fidèles.

Il y a l’homme qui est un ami à son heure à lui et qui ne le restera pas au jour de la détresse : voilà quelques versets qui font preuve d’une lucidité acerbe de la part de Ben Sirac ; il pose une série de mise en garde, avant de nous souligner plus loin les beautés de l’amitié. Avant de vanter la vraie amitié, il veut clairement en dénoncer tous les avatars. Et, sans doute, Ben Sirac ne nous apprend-il rien en dépeignant « l’ami » qui s’éloigne lorsque nous sommes dans la difficulté.

Il y a l’ami qui se change en ennemi, qui va dévoiler votre querelle pour ta confusion : l’auteur avance d’un cran : ce n’est plus simplement un ami qui s’éloigne, c’est quelqu’un qui se change en ennemi en transgressant ce qui est propre à l’amitié : la confiance.

Il y a l’ami compagnon de table, qui ne restera pas au jour de ta détresse :
il s’agit ici d’un ami très proche, le compagnon de table, celui avec qui ont fait communauté, celui avec lequel on partage le pain, le quotidien.

Dans ta prospérité il sera comme toi-même, il commandera avec assurance à tes serviteurs. Mais si tu es humilié, il sera contre toi, il se cachera de toi :
dans la prospérité, la fausse amitié se teintera d’intérêt – et tant « d’amitiés » ne sont en fait que des « relations » qui gonflent un bon carnet d’adresses… L’amitié vraie doit aller jusqu’à, en quelque sorte, partager la détresse.

Eloigne-toi de tes ennemis, garde-toi de tes amis : Ben Sirac semble bien amer en conseillant ainsi la méfiance vis-à-vis des amis…
Peut-être nous propose-t-il aussi de revisiter notre façon d’être nous-mêmes ami ? D’être digne de la confiance de l’autre, d’être fidèle en amitié quelles que soient les circonstances.  


Seigneur Jésus, si souvent tu as appelé « mon ami » ceux que tu croisais et qui étaient dans la déchéance. Sois présent au cœur de nos amitiés, donne-nous d’y puiser de quoi marcher tous ensemble vers ton Royaume.

dimanche 11 octobre 2015

Des paroles aimables

Si 6
5 Des paroles aimables multiplient les amis,
une langue affable multiplie les paroles courtoises.
6 Ceux qui te saluent, qu’ils soient nombreux,
mais tes conseillers, un entre mille !
7 Si tu acquiers un ami, acquiers-le en l’éprouvant,
ne te fie pas trop vite à lui.

Viens Esprit saint, rends-nous disponibles à ta parole, mets ta lumière sur notre route.

Des paroles aimables multiplient les amis, une langue affable multiplie les paroles courtoises : voici quelques versets de transition entre le thème des paroles – provisoirement abandonné – et celui de l’amitié, sur lequel l’auteur reviendra d’ailleurs à plusieurs reprises. Il souligne le lien entre paroles courtoises, voire aimables, et la multiplication des amis. Voilà donc qui pourrait paraître une recette simple et efficace… en attendant que Ben Sirac y mette quelques bémols !

Ceux qui te saluent, qu’ils soient nombreux, mais tes conseillers, un entre mille :
et déjà il marque l’écart entre ceux qui saluent (qui souhaitent la paix), qui devraient être toute personne, et celui dont on suivra les conseils. Plus loin, au chapitre 37, nous aurons les clés pour discerner le bon et le mauvais conseiller : patience !!

Si tu acquiers un ami, acquiers-le en l’éprouvant, ne te fie pas trop vite à lui :
avertissement qui peut paraître malvenu en amitié, et pourtant Ben Sirac constate en son temps, comme aujourd’hui, que celui que l’on croyait ami peut décevoir, et que c’est au travers de l’épreuve traversée ensemble que les vrais amis peuvent se reconnaître.


Seigneur Jésus, donne-nous d’être attentifs à chacun, d’accueillir, de répondre par des « paroles aimables », qu’à ton exemple tout homme trouve une place dans notre cœur.

samedi 10 octobre 2015

Tu dévoreras tes feuilles

Si 6
1 et d’ami ne deviens pas ennemi, car un mauvais renom entraîne honte et infamie ;
tel est le sort du pécheur à la langue double.
2 Ne t’exalte pas toi-même dans le dessein de ton âme,
de peur que ta force ne soit mise en pièces comme un taureau.
3 Tu dévoreras tes feuilles, tu détruiras tes fruits,
tu ne laisseras de toi qu’un bois sec.
4 Une passion mauvaise ruine celui qui la possède,
elle fait de lui la risée de ses ennemis.

Viens Esprit Saint, viens nous faire entendre cette parole, qu’elle nous rende prudents, qu’elle nous garde vigilants.

et d’ami ne deviens pas ennemi, car un mauvais renom entraîne honte et infamie ; tel est le sort du pécheur à la langue double : Ben Sira introduit ici le thème de l’amitié qu’il va bientôt développer. Il revient sur la nécessité d’être droit – notamment en amitié bien sûr – il encourage la droiture, la parole vraie, au contraire de la langue divisée, du cœur double.

 Ne t’exalte pas toi-même dans le dessein de ton âme, de peur que ta force ne soit mise en pièces comme un taureau : et revoici aussi le risque de l’orgueil, la tentation de se glorifier soi-même ; et la comparaison avec le taureau que l’on dépèce est éloquente !

Tu dévoreras tes feuilles, tu détruiras tes fruits, tu ne laisseras de toi qu’un bois sec : voilà qui est clairement dit : celui qui s’exalte lui-même est bien la cause de sa propre perte ! Il dévorera ses propres feuilles (et non pas ses fruits) ; il détruira ses propres fruits et ainsi ni lui ni personne ne pourra s’en nourrir. ; il deviendra bois sec, bois mort. Contraste total avec la béatitude du premier psaume : « il donne du fruit en sa saison et son feuillage ne se flétrit pas »

Une passion mauvaise ruine celui qui la possède, elle fait de lui la risée de ses ennemis : nous retrouvons d’ailleurs à nouveau un lien avec ce psaume qui parle lui aussi des méchants, des pécheurs, qui ricanent et se moquent. L’homme suffisant n’a d’autre arme que la moquerie devant l’homme intègre.

Seigneur Jésus, viens mettre la paix en nos cœurs, donne-nous d’habiter la confiance sans vouloir autre chose qu’accueillir les dons immenses que tu nous fais à chaque instant.

jeudi 8 octobre 2015

Les petites fautes

Si 5
12  Si tu as une opinion, réponds à ton prochain :
sinon, mets la main sur ta bouche.
13 Gloire et déshonneur sont dans la conversation
et la langue de l’homme peut devenir sa ruine.
14 Ne te fais pas une réputation de médisant
et avec ta langue ne tends pas de pièges,
car si la honte est sur le voleur,
une sévère condamnation frappe la duplicité.
15 Evite les petites fautes aussi bien que les grandes.

Esprit Saint, donne-nous d’accueillir cette parole, enseigne-nous la prudence, mets une garde à nos lèvres.

Si tu as une opinion, réponds à ton prochain : sinon, mets la main sur ta bouche : « si tu le peux », disait l’hébreu. Parler si l’on a quelque chose de constructif à dire, sinon garder le silence, un précieux silence si souvent souligné dans la Bible : la même expression « mettre la main sur la bouche » se retrouve par exemple à plusieurs reprises dans le livre de Job (21,5 etc).

Gloire et déshonneur sont dans la conversation et la langue de l’homme peut devenir sa ruine :
la version primitive est de nouveau plus catégorique : « gloire et déshonneur sont au pouvoir du bavard », de celui qui s'écoute parler ! Tout dépend de la disposition de ceux qui conversent : le premier testament attire souvent l’attention sur cette ambiguïté mais il fait aussi l’éloge de la langue des justes et des sages, surtout dans les proverbes (10,20 etc)

Ne te fais pas une réputation de médisant et avec ta langue ne tends pas de pièges car si la honte est sur le voleur, une sévère condamnation frappe la duplicité :
c’est par la calomnie, précise l’hébreu, que l’on tend des pièges ! Ben Sira reviendra encore longuement sur le pouvoir malfaisant de la parole.

Evite les petites fautes aussi bien que les grandes :
et il y a ceux qui sont doués pour se trouver des excuses – rappelons-nous ceux qui tablent sur le pardon de Dieu pour fauter. Une autre excuse facile est de minimiser sa faute : ce n’est pas si grave, n’est-ce pas. Dans ses conseils de sagesse, Ben Sirac prévoit cette réaction tellement courante et recommande de ne considérer aucune faute comme petite. Y a-t-il une échelle des fautes pour celui qui aime ?


Seigneur Jésus, toi dont la parole a accordé la guérison, le pardon, toi dont la parole nous a révélé le Père, mets sur nos lèvres les mots justes qui répandent la paix et l’amitié.

mercredi 7 octobre 2015

Prompt à écouter

Si 5
9 Ne vanne pas à tout vent
et ne t’engage pas dans n’importe quel sentier
ainsi que fait le pécheur à la langue double.
10 Reste ferme dans ton sentiment
et n’aie qu’une parole.
11 Sois prompt à écouter,
mais lent à donner ta réponse.

Viens en nous, Esprit Saint, fais que cette parole nous façonne un cœur ferme, unifié.

Ne vanne pas à tout vent et ne t’engage pas dans n’importe quel sentier : appel au discernement, à la logique du comportement. Avant d’aborder ce que devrait être la conversation du « sage », l’auteur pose quelques préalables. Avec l’image du vannage (modèle rural que le traducteur grec a cette fois conservé… mais que la TOB explique en note !), on imagine la balle dispersée dans toutes les directions… ce qui en soi n’est pas très grave… mais illustre bien la dispersion de l’esprit, la tentation de suivre tous les vents (opinions) contraires, de s’engager sur le premier chemin attrayant qui se propose. Bref, en d’autres termes, ne soyons pas des girouettes… qui tournent à tout vent !

ainsi que fait le pécheur à la langue double 
: le cœur double, la langue double, formules déjà rencontrées pour manifester cette duplicité de celui qui n’a pas de fondement solide.

Reste ferme dans ton sentiment et n’aie qu’une parole :
rester, demeurer bien établi dans son ressenti… plus littéralement, dans sa conviction, fondée sur une connaissance sûre. A la place d’être divisée, la parole alors sera « une ». La ligne de conduite sera ferme, indépendante de l’opportunité du moment.

Sois prompt à écouter, mais lent à donner ta réponse : voilà une maxime essentielle. Nous l’avons déjà rencontrée telle quelle dans la première épitre de Jacques (1,19). Un « proverbe » (18,13) est encore plus frappant : « Qui répond avant d’écouter : pure folie ! »… tiens, voilà qui ne manque pas d’actualité… 
Et les deux thèmes fondamentaux de la promptitude et de l’écoute sont ainsi liés.


Seigneur Jésus, toi qui n’avais pas d’autre volonté que celle de ton Père, donne-nous aussi de demeurer en lui afin de poursuivre sur le chemin qu’il ouvre devant nous. Rends-nous prompts à écouter, fais-nous un coeur accueillant.

mardi 6 octobre 2015

Sans délai

Si 5
6 Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande,
il me pardonnera la multitude de mes péchés »,
car la pitié comme la colère lui appartiennent
et sur les pécheurs s’abattra son courroux.
7 Reviens au Seigneur sans délai
et ne remets pas de jour en jour,
car elle surviendra soudain, la colère du Seigneur
et tu seras anéanti au jour du châtiment.
8 Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises,
elles ne te serviront à rien au jour de la détresse.

Viens, Esprit Saint, donne-nous d’entendre, en travers de cette parole, la voix du Seigneur afin de pouvoir lui répondre sans délai.

Ne dis pas : « Sa miséricorde est grande, il me pardonnera la multitude de mes péchés » : une mise en garde qui semble importante car elle répète le verset précédent et le traducteur a même supprimé un verset hébreux qui le répétait encore mot pour mot. Oui, spéculer sur la miséricorde de Dieu pour pécher à son aise, voilà sans doute qui lui fait vraiment offense.

car la pitié comme la colère lui appartiennent et sur les pécheurs s’abattra son courroux :
un des plus beaux versets concernant notre Dieu dit « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à  la colère et plein d’amour » (Ps 145 entre autres). Cette colère de Dieu tiendra compte du refus de ceux qui se tiennent volontairement loin de lui.

Reviens au Seigneur sans délai et ne remets pas de jour en jour :
voilà une recommandation qui nous interpelle : que de choses, de décisions, ne remettons-nous pas de jour en jour… ! Pourtant nous sommes continuellement invités par l’Ecriture à être des veilleurs, à saisir le moment favorable, à être présents à l’Autre et aux autres… Nous retrouvons cette même expression « sans délai » au coeur de la Règle de St Benoît. Quand le Seigneur nous appelle à revenir à lui, à marcher avec lui, mettons-nous en route sans délai !

car elle surviendra soudain, la colère du Seigneur et tu seras anéanti au jour du châtiment :
 et, pour y aider celui qui s’aveugle, un dernier appel à la lucidité.

Ne t’appuie pas sur des richesses injustement acquises, elles ne te serviront à rien au jour de la détresse :
un retour en arrière, au verset 5, pour souligner encore l’inutilité des richesses. L’hébreu dit « richesses de mensonge », ce qui ne désigne donc pas nécessairement leur acquisition frauduleuse mais plutôt la fausse confiance qu’elles peuvent inspirer, et qui, sous une forme ou une autre, peut nous concerner.


Seigneur Jésus, donne-nous de te suivre sans délai, d’être prompts aujourd’hui à nous mettre en route avec toi, à revenir à toi chaque fois qu’au long de ce jour nos pas te quitteraient.


lundi 5 octobre 2015

Ne dis pas

Si 5
1 Ne t’appuie pas sur tes richesses et ne dis pas : « Elles me suffisent ! »
2 Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les passions de ton cœur.
3 Ne dis pas : « Qui aura pouvoir sur moi ? » car le Seigneur à coup sûr te punira.
4 Ne dis pas : « J’ai péché et rien ne m’est arrivé ! » en effet longue est la patience du Seigneur.
5 Ne sois pas si assuré de ton pardon que tu entasses fautes sur fautes.


Viens Esprit Saint, viens purifier nos pensées, nos intentions, viens nous éclairer au travers de cette parole.

Ne t’appuie pas sur tes richesses et ne dis pas : « Elles me suffisent ! » : l’avertissement de Ben Sirac est clair et en même temps tout en nuance : il ne dit pas de nécessairement renoncer aux richesses, il prévient des pièges dans lesquelles elles peuvent nous faire tomber. Et d’abord celui de croire qu’elles nous apportent la sécurité, qu’elles « suffisent », au sens de « suffisance ». Les considérer comme telles, c’est en faire des idoles.  Notre seul appui, c’est Dieu !

Ne te laisse pas entraîner par ton instinct et ta force à suivre les passions de ton cœur :
dans notre cœur aussi il y a le pire et le meilleur. Curieusement, c’est la force que nous croyons en nous qui peut entraîner sur la mauvaise voie. C’est notre instinct qui risque de laisser libre jeu à nos passions incontrôlées.

Ne dis pas : « Qui aura pouvoir sur moi ? » car le Seigneur à coup sûr te punira :
ne dis pas, ne pense pas… si nous ne le disons pas avec autant d’arrogance, il nous arrive bien souvent d’avoir recourt aux excuses, à l’un ou l’autre chemin de fuite… « Partout Dieu voit ce que l’homme fait » dit St Benoît à ses moines : c’est le regard d’un père bon et exigeant dans son amour pour nous.

Ne dis pas : « J’ai péché et rien ne m’est arrivé ! » en effet longue est la patience du Seigneur :
patience qui nous attend : à nous de ne pas la décevoir…

Ne sois pas si assuré de ton pardon que tu entasses fautes sur fautes : voilà qui serait considérer le pardon de Dieu comme un dû, comme un automatisme…, une vue qui pervertit le pardon !

Seigneur Jésus, apprends-nous à ne mettre notre assurance qu’en toi, toi qui es notre appui, notre soutien, notre lumière dans la nuit.



samedi 3 octobre 2015

La main ouverte

Si 4
29 Ne sois pas hardi dans tes propos
mais paresseux et indolent dans tes actes.
30 Ne sois pas un lion dans ta maison
et un poltron parmi tes serviteurs.
31 Que ta main ne soit pas ouverte pour prendre,
et fermée quand il s’agit de rendre.

Viens Esprit Saint, donne-nous d’accueillir cette parole pour qu’elle inspire nos actes de ce jour.

Ne sois pas hardi dans tes propos mais paresseux et indolent dans tes actes : après avoir invité à parler, à oser parler quand il le faut, l’auteur balance son propos en soulignant la nécessité de conformer l’agir à la parole.

Ne sois pas un lion dans ta maison et un poltron parmi tes serviteurs :
voilà une maxime imagée… dont le premier membre semble assez clair, tandis que la traduction du second est obscure, même en grec.

Que ta main ne soit pas ouverte pour prendre, et fermée quand il s’agit de rendre 
: encore une image, cette fois assez parlante, que l’on pourrait proclamer haut et fort aujourd’hui. Et Ben Sirac ne parle même pas de don mais d’un rendu. Et n’est-il pas vrai que tout ce que nous avons, nous l’avons un jour reçu ?


Seigneur Jésus, donne-nous aujourd’hui de vivre les mains ouvertes pour recevoir et pour rendre, donne-nous de conformer toute notre attitude à l’appel de ta parole.

vendredi 2 octobre 2015

Parler quand il le faut

Si 4
23 Ne t’interdis pas de parler quand il le faut.
24 Au discours on reconnaîtra la sagesse,
l’instruction aux paroles de la langue.
25 N’argue pas contre la vérité,
sois confus de ton ignorance.
26 N’aie pas honte d’avouer tes péchés,
ne prétends pas t’opposer au cours d’un fleuve.
27 Ne t’aplatis pas devant un insensé,
ne te laisse pas influencer par le puissant.
28 Jusqu’à la mort lutte pour la vérité
et le Seigneur Dieu combattra pour toi.

Viens Esprit Saint, toi qui nous combles de tes dons, permets qu’ils n’alimentent jamais notre orgueil mais soient au service de la parole.

Ne t’interdis pas de parler quand il le faut : Ben Sirac le sage a bien observé la nature humaine, il sait combien de faux motifs peuvent servir de prétexte au choix de ne pas agir. Se taire par modestie en est sans doute un bon exemple. Certains manuscrits, en donnant une autre version de ce verset, l’explicitent parfaitement : « ne cache pas ta sagesse par vaine gloire »

Au discours on reconnaîtra la sagesse, l’instruction aux paroles de la langue : il y a donc bien souvent un devoir de parler, de bien parler, pour partager sa sagesse, ses connaissances.

N’argue pas contre la vérité, sois confus de ton ignorance 
: mais que cette parole soit toujours en faveur de la vérité et humble dans ses limites. L’auteur nous conduit sur la crête de ce frêle équilibre à tenir entre vaine gloire et humilité.

N’aie pas honte d’avouer tes péchés, ne prétends pas t’opposer au cours d’un fleuve :
appel à ne pas nier notre condition de pécheur et notre impossibilité à nous en distancer : avouer son péché est une autre façon d’être dans la vérité.

Ne t’aplatis pas devant un insensé, ne te laisse pas influencer par le puissant :
conseil touchant les relations humaines directement en lien avec la recherche de sa juste place, sans se laisser influencer par un beau-parleur ou un puissant.

Jusqu’à la mort lutte pour la vérité et le Seigneur Dieu combattra pour toi :
que toute la vie soit recherche de la vérité, avec l’aide du Seigneur.


Seigneur Jésus, toi qui as toujours parlé, au risque de ta vie, pour rendre témoignage à ton Père, donne-nous une parole libre de toute peur, de tout orgueil, une parole vraie et juste.

jeudi 1 octobre 2015

Une honte qui est grâce

Si 4
20 Observe les circonstances et garde-toi du mal,
n’aie pas honte de toi-même.
21 Car il y a une honte qui conduit au péché,
une autre qui est gloire et grâce.
22 Ne te fais pas mauvais visage à toi-même,
n’aie pas honte au point de tomber.

Viens Esprit Saint, éclaire les consciences, afin que nous puissions nous voir en vérité et humilité.

Observe les circonstances et garde-toi du mal : Ben Sirac recommande de tenir compte des circonstances. Cela peut paraître évident et pourtant nous le faisons si peu. Les circonstances sont toutes les particularités qui accompagnent un évènement, si ténu soit-il, et qui en détermineront, si nous savons les voir, la façon dont nous allons nous comporter, dont, dit-il, nous allons nous garder du mal.

n’aie pas honte de toi-même 
: il enchaîne avec une réflexion sur la honte, suggérant d’abord de ne pas se sous-estimer au point de ne plus s’aimer soi-même.

Car il y a une honte qui conduit au péché, une autre qui est gloire et grâce :
une dichotomie qui peut étonner : voilà deux sortes de honte ? Celle qui est mépris de soi conduit au désespoir, conduit au péché. Celle qui est conscience de sa pauvreté, de sa faiblesse, conscience de sa faute, conduit à la grâce du pardon, à la beauté des enfants de Dieu.

Ne te fais pas mauvais visage à toi-même, n’aie pas honte au point de tomber : « ne sois pas sévère avec toi-même »
propose une autre traduction moins suggestive. Si l’on se fixe sur soi-même en se mésestimant, lorsqu’on se noie dans sa honte, on ne voit plus le chemin, on est sûr de tomber. Essayer de se voir dans le regard de Dieu sur nous : avec patience, avec confiance, avec douceur… et lui tendre la main sur le chemin.


Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! Tous mes chemins te sont familiers. Je reconnais devant toi le prodige, l'être étonnant que je suis : étonnantes sont tes oeuvres toute mon âme le sait. (Ps 138)