jeudi 30 mars 2017

Leur justice vient de moi

Es 54
13 Tous tes fils seront disciples du SEIGNEUR,
et grande sera la paix de tes fils.
14 Dans la justice tu seras stabilisée,
loin de toi l’extorsion : tu n’auras plus rien à craindre ;
loin de toi la terreur : elle ne t’approchera plus.
15 On complote, on monte un complot ? Cela ne vient pas de moi !
Qui complote contre toi, devant toi s’écroulera.
16 C’est moi, vois-tu, qui ai créé l’artisan,
celui qui souffle sur un feu de braises
et en tire une arme
destinée à ce qu’elle doit faire ;
c’est aussi moi qui ai créé le destructeur
destiné à défaire.
17 Toute arme fabriquée contre toi ne saurait aboutir,
toute langue levée contre toi en jugement,
tu la convaincras de culpabilité.
Tel sera le lot des serviteurs du SEIGNEUR.
Telle sera leur justice, qui vient de moi
– oracle du SEIGNEUR.

Viens Esprit Saint, viens nous dévoiler la justice de Dieu, viens nous en faire bénéficier.

Tous tes fils seront disciples du SEIGNEUR, et grande sera la paix de tes fils : nouvelle et dernière adresse de Dieu à la femme : il va la bénir en sa descendance. Ses fils, tous ses fils, seront disciples de Dieu. Ces mots sont repris par Jean dans son évangile (6,46) dans une formulation très éclairante : « Tous seront instruits par Dieu ». Et se laisser instruire par le Seigneur, c’est marcher sur un chemin de paix.

Dans la justice tu seras stabilisée : cette fois, c’est à « l’opprimée » que Dieu parle pour lui ouvrir un avenir stable, rassurant, une perspective de justice et de paix qui ne soit pas démentie.

loin de toi l’extorsion : tu n’auras plus rien à craindre ; loin de toi la terreur : elle ne t’approchera plus : on devrait traduire littéralement par « tiens-toi loin de.. », ainsi la femme, le peuple, doit être l’artisan de sa propre justice, être un instrument de paix, alors il ne sera plus le jouet de ceux qui lui veulent du mal.

On complote, on monte un complot ? Cela ne vient pas de moi ! : et surtout, dit le Seigneur, ne m’attribuez pas les complots, les oppositions dont vous êtes l’objet !

Qui complote contre toi, devant toi s’écroulera : au bout de l’adversité, il y aura la victoire de la justice pour qui saura rester fidèle.

C’est moi, vois-tu, qui ai créé l’artisan, celui qui souffle sur un feu de braises et en tire une arme destinée à ce qu’elle doit faire : faire et défaire… l’artisan est œuvre de Dieu, mais ce qu’il fait de son don, c’est sa décision, et il peut l’utiliser pour faire mourir.

c’est aussi moi qui ai créé le destructeur destiné à défaire : défaire, anéantir cette œuvre de mort.

Toute arme fabriquée contre toi ne saurait aboutir, toute langue levée contre toi en jugement, tu la convaincras de culpabilité : insistance sur la réalisation de la promesse, même face aux armes, même face aux faux témoignages.

Tel sera le lot des serviteurs du SEIGNEUR, telle sera leur justice, qui vient de moi : depuis le début de notre lecture d’Esaïe, c’est la seule fois où nous voyons le peuple d’Israël appelé « serviteurs du Seigneur » (au pluriel). Ainsi chacun est invité personnellement à se sentir l’objet de la sollicitude de Dieu.

oracle du SEIGNEUR : finale analogue à celles des autres interpellations (« dit le Seigneur ») qui rappelle à chaque fois qu’il s’agit de la parole de Dieu.


Seigneur Dieu, tout vient de toi, tu es la source de toute justice et de toute paix. Donne-nous de les accueillir et d’y œuvrer à notre tour, sans crainte, car c’est en toi que nous mettons notre confiance.

mercredi 29 mars 2017

Des pierres étincelantes

Es 54
11 Humiliée, ballottée, privée de réconfort,
voici que moi je mettrai un cerne de fard
autour de tes pierres,
je te fonderai sur des saphirs,
12 je ferai tes créneaux en rubis,
tes portes en pierres étincelantes
et tout ton pourtour en pierres ornementales.

Viens Esprit Saint, viens nous révéler combien nous sommes l’objet des faveurs de notre Dieu.

Humiliée, ballottée, privée de réconfort : à plusieurs reprises déjà, le peuple a été décrit comme méprisé et errant, dispersé. Mais nous avons aussi entendu la promesse de réconfort : « Le Seigneur réconforte Sion, il réconforte toutes ses dévastations » (51,3)

voici que moi je mettrai un cerne de fard
autour de tes pierres : nous jonglons ici entre l’image de la femme et celle de la ville démolie, démantelée. Et le ciment sombre qui solidarise les pierres devient dès lors le trait d’onguent noir qui embellit le regard de la femme…

je te fonderai sur des saphirs, je ferai tes créneaux en rubis, tes portes en pierres étincelantes et tout ton pourtour en pierres ornementales :
nous voilà en pleine joaillerie… Mais comment mieux souligner toute la magnificence de celle qui est l’objet de l’attention et des dons de Celui dont la générosité n’a pas de limites ?   Dans la bouche de Tobie, les tours mêmes de Jérusalem seront d’or pur… Aucune image ne peut traduire les dons extraordinaires que le Seigneur nous fait à chaque instant, nous qui, sous son regard, devenons rayonnants.


Seigneur Dieu, tes œuvres sont prodigieuses car tu fais de moi une vraie merveille (Ps 139). De toi vient toute bonté, toute beauté. Nous te le demandons, permets que notre vie soit un reflet de ta lumière.

mardi 28 mars 2017

Celui qui te manifeste sa tendresse

Es 54
9 C’est pour moi comme les eaux de Noé :
à leur sujet, j’ai juré qu’elles ne déferleraient plus
ces eaux de Noé, jusque sur la terre ;
de même, j’ai juré de ne plus m’irriter
contre toi et de ne plus te menacer.
10 Quand les montagnes feraient un écart
et que les collines seraient branlantes,
mon amitié loin de toi jamais ne s’écartera
et mon alliance de paix jamais ne sera branlante,
dit celui qui te manifeste sa tendresse, le SEIGNEUR.

Viens Esprit Saint, permets-nous d’accueillir d’un cœur confiant la promesse que nous rappelle la parole de ce jour.

C’est pour moi comme les eaux de Noé : Dieu continue de s’adresser à «l’abandonnée ».

à leur sujet, j’ai juré qu’elles ne déferleraient plus ces eaux de Noé, jusque sur la terre :
à l’appui de sa promesse, il rappelle ce qu’il s’était dit après le déluge : « plus jamais je ne frapperai tous les vivants » (Gn 8,21).

de même, j’ai juré de ne plus m’irriter contre toi et de ne plus te menacer 
: une page est tournée, définitivement, l’Epouse ne sera plus jamais abandonnée, c’est le Seigneur lui-même qui l’a juré. Ainsi, non seulement elle voit la manifestation de sa tendresse, mais elle peut aussi en être assurée à jamais.

Quand les montagnes feraient un écart et que les collines seraient branlantes, mon amitié loin de toi jamais ne s’écartera : une amitié plus solide que tout, plus forte que tous nos écarts.

et mon alliance de paix jamais ne sera branlante :
une alliance qui demeurera, quelles que soient les circonstances, les apparences, une alliance sur laquelle nous pouvons fonder notre foi et l’assurance de notre bonheur.

dit celui qui te manifeste sa tendresse, le SEIGNEUR :
chaque paragraphe se termine ainsi en rappelant qui parle et en lui donnant une caractéristique : cette fois, Dieu est défini par sa tendresse.

Seigneur Jésus, Dieu de tendresse, tu nous manifestes ton amitié en un merveilleux échange que nous offre ton amour sans mesure. Emerveillés d’être ainsi l’objet de ton alliance, nous avons le désir d’y répondre, de vivre nous aussi dans la fidélité.

lundi 27 mars 2017

Une amitié sans fin

Es 54
7 Un bref instant, je t’avais abandonnée,
mais sans relâche, avec tendresse, je vais te rassembler.
8 Dans un débordement d’irritation, j’avais caché
mon visage, un instant, loin de toi,
mais avec une amitié sans fin je te manifeste ma tendresse,
dit celui qui te rachète, le SEIGNEUR.

Viens Esprit saint, viens en nos cœurs afin qu’ils attendent et perçoivent dans la confiance la manifestation de la tendresse de notre Dieu.

Un bref instant, je t’avais abandonnée : Dieu peut-il abandonner ? Lui-même, au verset précédent, vient de poser la question et il semblait bien que la réponse fut négative. Peut-être accepte-t-il seulement de respecter la distance que nous cherchons parfois à mettre entre lui et nous ?

mais sans relâche, avec tendresse, je vais te rassembler :
ce qui est frappant dans ces deux versets, c’est le jeu entre le provisoire de l’éloignement (« un bref instant ») et la permanence de la tendresse qui, elle, est présente « sans relâche ». Tendresse qui est à l’œuvre pour « rassembler » : soit l’homme lui-même dont elle « unifie le cœur », soit le peuple élu.

Dans un débordement d’irritation, j’avais caché mon visage, un instant, loin de toi :
Dieu n’est pas insensible, l’attitude de ses créatures l’affecte profondément jusqu’à l’irriter, jusqu’à lui faire détourner le visage. Mais là aussi ce n’est que pour « un instant ».

mais avec une amitié sans fin je te manifeste ma tendresse : et, 
là aussi, la tendresse, elle, sera manifestée « sans fin ».

dit celui qui te rachète, le SEIGNEUR :
telle est la parole, telle est la promesse de celui qui sauve.

Seigneur Dieu, toi qui nous as rachetés et qui nous offres ton amitié sans fin, nous te rendons grâce pour un tel don. Que ton amitié soit source de notre joie, et nous unirons nos voix pour chanter « Notre Dieu est tendresse ! ».

dimanche 26 mars 2017

Ton Dieu

Es 54
4 Ne crains pas, car tu n’éprouveras plus de honte,
ne te sens plus outragée, car tu n’auras plus à rougir,
tu oublieras la honte de ton adolescence,
la risée sur ton veuvage, tu ne t’en souviendras plus.
5 Car celui qui t’a faite, c’est ton époux :
« le SEIGNEUR de l’univers », c’est son nom ;
le Saint d’Israël, c’est celui qui te rachète,
il s’appelle le Dieu de toute la terre.
6 Car, telle une femme abandonnée
et dont l’esprit est accablé,
le SEIGNEUR t’a rappelée :
« La femme des jeunes années,
vraiment serait-elle rejetée ? »
a dit ton Dieu.

Viens Esprit Saint, donne-nous d’écouter la voix de notre Dieu qui nous rappelle sans cesse à lui.

Ne crains pas, car tu n’éprouveras plus de honte, ne te sens plus outragée, car tu n’auras plus à rougir : Dieu s’est d’abord adressé à la femme dans sa stérilité et lui a promis de nombreux fils. Ensuite, il s’adresse à la veuve, à celle qui n’a plus de mari et il lui promet la fin de sa honte.

tu oublieras la honte de ton adolescence :
les lecteurs d’Esaïe devaient s’y retrouver mieux que nous dans toutes ces allusions et voir dans cette honte de l’adolescence le temps de l’exil en Egypte où la nation n’avait pas encore d’époux.

la risée sur ton veuvage, tu ne t’en souviendras plus :
et dans la même ligne, la risée de la veuve concernerait l’exil à Babylone où elle ne l’avait plus.

Car celui qui t’a faite, c’est ton époux :
mais l’époux est là, elle lui doit la vie et le salut (le rachat). En ce thème des épousailles, on ne peut s’empêcher de penser au prophète Osée qui l’a si bien vécu et chanté : « il adviendra que tu m’appelleras « mon mari » (2,18)

« le SEIGNEUR de l’univers », c’est son nom : le Saint d’Israël, c’est celui qui te rachète, il s’appelle le Dieu de toute la terre :
c’est son époux, et c’est en même temps le Dieu de l’univers, le Dieu de toute la terre.

Car, telle une femme abandonnée et dont l’esprit est accablé, le SEIGNEUR t’a rappelée : " je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai à moi par la justice et le droit, l’amour et la tendresse" (Os 2,21)

La femme des jeunes années, vraiment serait-elle rejetée ? :
nous avons chacun une longue histoire d’amour avec notre Dieu, lui qui nous a tissés « dès le sein maternel ». Le Dieu fidèle ne peut se renier, il ne rejettera jamais celle à qui il a proposé son amour. A elle à son tour de lui être fidèle selon la parole d’Osée :  « elle répondra comme au temps de sa jeunesse (2,17)

a dit ton Dieu :
le Seigneur est à la fois « le Dieu de toute la terre » et il est mon Dieu. Celui aux yeux duquel je suis unique, celui avec lequel j’entretiens une relation à nulle autre pareille.

Seigneur, « tu es mon Dieu », donne-moi de demeurer en ton amour tout au long de ce jour, de vivre en ton intimité, de goûter ta tendresse.

samedi 25 mars 2017

Allonge tes cordages

Es 54
2 Elargis l’espace de ta tente,
les toiles de tes demeures, qu’on les distende !
Ne ménage rien ! Allonge tes cordages
et tes piquets, fais-les tenir,
3 car à droite et à gauche tu vas déborder :
ta descendance héritera des nations
qui peupleront les villes désolées.

Viens Esprit Saint, viens faire vivre cette parole en nous, qu’elle devienne réalité en nos cœurs.

Elargis l’espace de ta tente, les toiles de tes demeures, qu’on les distende : qu’il est suggestif ce verset ! Quelle belle invitation à l’ouverture, à l’accueil, l’hospitalité, et, plus précisément, dans le cas présent,  promesse de descendance.

Ne ménage rien :
la première promesse (33,20) était que les piquets ne seraient pas enlevés ni les cordes arrachées : les tentes tiendraient bon, en opposition avec les « tentes dévastées » et les « cordes arrachées » de Jérémie (10,20). Cette fois, on va bien au-delà, c’est toute son énergie qu’il faut mettre pour élargir la tente (la maison, la cité, le peuple, l’Eglise…).

Allonge tes cordages et tes piquets, fais-les tenir : combien cette image peut nous accompagner et inspirer tout qui a un jour planté une tente ancrée dans le sol par ses seuls piquets et ses cordages bien ajustés.

car à droite et à gauche tu vas déborder : promesse de descendance et de fécondité qui parcourt tout le Premier Testament depuis qu’elle fut adressée à Abraham. Il va y avoir « débordement », surabondance. Déjà les fils s’étaient plaint (49,20) : « l’espace est trop étroit, place pour moi ! Tiens-toi serrée que je puisse habiter ». Cette fois il ne s’agit plus de se serrer, mais de déborder, d’agrandir, d’élargir.

ta descendance héritera des nations qui peupleront les villes désolées : et à la descendance se joindront toutes les nations pour faire un seul peuple.


Seigneur Jésus, toi qui es venu pour tous les hommes, donne-nous un cœur aux dimensions du monde, creuses-y la place pour que nous puissions – sur tes pas – y accueillir tous nos frères.

vendredi 24 mars 2017

Des acclamations

Es 54
1 Pousse des acclamations,
toi, stérile, qui n’enfantais plus,
explose en acclamations et vibre,
toi qui ne mettais plus au monde ;
car les voici en foule, les fils de la désolée,
plus nombreux que les fils de l’épousée, dit le SEIGNEUR.

Viens Esprit Saint, viens nous faire entendre les promesses de salut qui nous sont adressées.

Pousse des acclamations : nous ouvrons un nouveau chapitre qui va être tout entier constitué d’un discours adressé par Dieu à Sion. La promesse de réhabilitation de la Cité sainte, déjà présente çà et là dans les chapitres précédents, va maintenant être largement développée.

toi, stérile, qui n’enfantais plus : cependant la ville ne sera jamais nommée, mais bien désignée par les différentes formes de déchéance dont elle fut l’objet : stérile, veuve, abandonnée… etc…

explose en acclamations et vibre, toi qui ne mettais plus au monde :
Jérusalem, vue comme l’épouse du Seigneur, peut faire éclater sa joie car elle retrouve cette place.

car les voici en foule, les fils de la désolée, plus nombreux que les fils de l’épousée, dit le SEIGNEUR :
voilà qui rappelle les paroles que Dieu vient d’adresser à son Serviteur (53,11) et il en sera ainsi tout au long de ce discours. L’Israël fidèle, dans la bouche du prophète, est à la fois figuré par le Serviteur et par Jérusalem.

Seigneur Jésus, mets sur nos lèvres les chants de louange, nous qui sommes témoins de tes bontés. Donne-nous de porter du fruit nous aussi et d’y trouver notre joie.

mercredi 22 mars 2017

Comblé

Es 53
11 Ayant payé de sa personne,
il verra une descendance, il sera comblé de jours ;
sitôt connu, juste, il dispensera la justice,
lui, mon Serviteur, au profit des foules,
du fait que lui-même supporte leurs perversités.
12 Dès lors je lui taillerai sa part dans les foules,
et c’est avec des myriades qu’il constituera sa part de butin,
puisqu’il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort
et qu’avec les pécheurs il s’est laissé recenser,
puisqu’il a porté, lui, les fautes des foules
et que, pour les pécheurs, il vient s’interposer.

Viens Esprit Saint, viens nous éclairer afin que cette parole nous fasse grandir dans la connaissance et l’intimité de notre Dieu

Ayant payé de sa personne, il verra une descendance : après le prophète, voilà que Dieu reprend la parole pour conclure ce passage qui se termine avec le chapitre. Comme en 52,13-15, quand Dieu parle, le ton et le sens sont complètement différents, à l’opposé d’un dieu qui veut la souffrance (v. 10) !! Au contraire, il s’agit maintenant de la réalisation du dessein de Dieu qui se concrétise dans la descendance promise.

il sera comblé de jours : « de jours » a été rajouté, le texte dit simplement « il sera comblé », ce qui encore plus beau : « il comble son bien-aimé » chantons-nous dans le psaume.

sitôt connu, juste, il dispensera la justice : dès qu’il sera « connu », dès que l’on aura connaissance de ce qu’il est – avec le sens profond du mot connaître dans la Bible. Alors, lui qui est le Juste, pourra offrir et répandre sa justice.

lui, mon Serviteur, au profit des foules, du fait que lui-même supporte leurs perversités : comme nous l’avons déjà lu (v.4) le serviteur porte, emporte, se charge lui-même de nos douleurs.

Dès lors je lui taillerai sa part dans les foules, et c’est avec des myriades qu’il constituera sa part de butin, puisqu’il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort et qu’avec les pécheurs il s’est laissé recenser, puisqu’il a porté, lui, les fautes des foules et que, pour les pécheurs, il vient s’interposer : conclusion qui reprend la mission de salut réalisée par le Serviteur et termine ce long poème (52,13 à 53,12) qui, pour la tradition juive, met en scène l’Israël fidèle, et, à partir de Jean-Baptiste, a été appliqué à Jésus.


Seigneur Jésus, avec toi nous voulons contempler l’Histoire du Salut destiné à tous les hommes. Si tu es ce serviteur qui a « payé de sa personne » tu attends aussi que chacun de nous y apporte sa pierre au jour le jour en essayant d’y accomplir ta justice. Apporte-nous ta lumière et ta force.

mardi 21 mars 2017

Comme un agneau

Es 53
7 Brutalisé, il s’humilie ;
il n’ouvre pas la bouche,
comme un agneau traîné à l’abattoir,
comme une brebis devant ceux qui la tondent :
elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche.
8 Sous la contrainte, sous le jugement, il a été enlevé,
les gens de sa génération, qui se préoccupe d’eux ?
Oui, il a été retranché de la terre des vivants,
à cause de la révolte de son peuple, le coup est sur lui.
9 On a mis chez les méchants son sépulcre,
chez les riches son tombeau,
bien qu’il n’ait pas commis de violence
et qu’il n’y eut pas de fraude dans sa bouche.
10 Le SEIGNEUR a voulu le broyer par la souffrance.
Si tu fais de sa vie un sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours,
et la volonté du SEIGNEUR aboutira.

Viens Esprit Saint, éclaire pour nous cette parole, donne-nous l’intelligence de ces textes, qu’ils puissent nous révéler les desseins de notre Dieu.

Brutalisé, il s’humilie : dans ce « morceau », c’est d’abord Dieu qui a parlé (52,13-15) pour annoncer l’exaltation de son serviteur ; puis les foules (53, 1-6) qui remettent honnêtement en question leur regard sur le Serviteur : jusque là, on suit bien ! Dans le passage d’aujourd’hui, le prophète reprend la parole, et il enchaîne sur la réflexion des foules et l’humiliation du serviteur.

il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche : l’agneau du sacrifice, présent dans le premier Testament depuis l’Exode, et bien sûr repris dans le nouveau Testament, à propos de Jésus lui-même. Toute l’iconographie nous rend présent cet Agneau, image du don parfait de lui-même qu’a accompli le Christ.

Sous la contrainte, sous le jugement, il a été enlevé, les gens de sa génération, qui se préoccupe d’eux ? : « il a été enlevé », encore une expression qui reviendra dans les Evangiles à propos de Jésus, ainsi en Matthieu (9,15) : « l’époux leur sera enlevé ». Quant à la « génération », le mot ne convient pas au sens où nous l’entendons, il serait plus explicite de lire « les gens de cette sorte », ou « les gens (méprisés) comme lui ».

Oui, il a été retranché de la terre des vivants, à cause de la révolte de son peuple, le coup est sur lui : nouvelle insistance.

On a mis chez les méchants son sépulcre, chez les riches son tombeau bien qu’il n’ait pas commis de violence et qu’il n’y eut pas de fraude dans sa bouche : difficile de voir le lien ici entre méchants et riches, mais une autre traduction donne « chez ses morts » à la place de « chez les riches ». Là n’est sans doute pas le plus important.

Le SEIGNEUR a voulu le broyer par la souffrance : par contre nous nous heurtons ici à une affirmation qui nous pose probablement problème dans la bouche du prophète. Et si nous cherchons une traduction plus littérale, on trouve « Le Seigneur s’est plu à le faire souffrir » !!! Heureusement nous sommes – et nous restons – ici en plein dans une conception de l’Ancien Testament, et cette formulation, cette façon de voir, ne sera, elle, pas reprise, ni ailleurs dans l’Ancien Testament, ni a fortiori dans le Nouveau.

Si tu fais de sa vie un sacrifice de réparation : nous savons qu’en Israël les sacrifices humains étaient absolument proscrits et ce texte est le seul dans toute la Bible qui présente une victime humaine offerte en expiation. Quant au terme « victime d’expiation » issu du vocabulaire sacrificiel de l’Ancien Testament, il sera repris par Paul (Rm 3,25) ou Jean (1 Jn, 2,2) pour évoquer le sacrifice volontaire du Christ.

il verra une descendance, il prolongera ses jours, et la volonté du SEIGNEUR aboutira : le passage se termine sur cette promesse de fécondité pour le serviteur qui aura accompli sa mission jusqu’au bout.


Seigneur Jésus, toi qui as accepté d’être livré aux mains des hommes pour leur assurer le salut, nous te rendons grâce pour tant d’amour et nous te demandons de pouvoir vivre chaque jour dans cette joie de nous savoir sauvés, vivant de ta vie.

lundi 20 mars 2017

Gage de paix

Es 53
4 En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées,
ce sont nos douleurs qu’il a supportées,
et nous, nous l’estimions touché,
frappé par Dieu et humilié.
5 Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes,
broyé à cause de nos perversités :
la sanction, gage de paix pour nous, était sur lui,
et dans ses plaies se trouvait notre guérison.
6 Nous tous, comme du petit bétail, nous étions errants,
nous nous tournions chacun vers son chemin,
et le SEIGNEUR a fait retomber sur lui
la perversité de nous tous.

Viens Esprit Saint, viens enraciner en nous cette parole pour qu’elle nous tourne vers notre Dieu.

En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées : l’auteur, pourtant encore en Exil, tend déjà ici à relire le rôle du Serviteur; ce verset sera repris par Matthieu de façon très éclairante (Mt 8, 17) : au lieu de souffrances (en fait « péchés ») portées, Matthieu parle « d’emporter nos infirmités » et à la place de douleurs supportées, il parle « de se charger de nos maladies », citation qui suit et explique les exorcismes et guérisons réalisés par Jésus à Capharnaüm : Jésus n’est pas d’abord un serviteur souffrant mais celui qui, en guérissant les malades, se révèle comme Sauveur.

et nous, nous l’estimions touché, frappé par Dieu et humilié : toujours cette tentation de se prendre pour juge et d’attribuer à Dieu  jusqu’au mal qui frappe l’homme….

Mais lui, il était déshonoré à cause de nos révoltes, broyé à cause de nos perversités : déshonoré, ou « transpercé »… Les écrits pauliniens vont largement reprendre et approfondir ces versets.

la sanction, gage de paix pour nous, était sur lui, et dans ses plaies se trouvait notre guérison : étonnant raccourci qui nous rappelle à propos la finalité : nous apporter la guérison, le salut, la paix de Dieu.

Nous tous, comme du petit bétail, nous étions errants, nous nous tournions chacun vers son chemin, et le SEIGNEUR a fait retomber sur lui la perversité de nous tous : les brebis s’étaient dispersées, égarées, elles ont besoin d’un serviteur/berger : « Vous étiez égarés comme des brebis, mais maintenant vous vous êtes tournés vers le berger » écrira Pierre (1P 2, 25) en référence à ce verset.


Seigneur Jésus, rassemble-nous dans ta paix, toi qui nous apportes sans cesse guérison et salut.

dimanche 19 mars 2017

Méprisé

Es 53
1 Qui donc a cru à ce que nous avons entendu dire ?
Le bras du SEIGNEUR, en faveur de qui a-t-il été dévoilé ?
2 Devant Lui, celui-là végétait comme un rejeton,
comme une racine sortant d’une terre aride ;
il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions,
ni apparence telle que nous le recherchions.
3 Il était méprisé, laissé de côté par les hommes,
homme de douleurs, familier de la souffrance,
tel celui devant qui l’on cache son visage ;
oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement.

Viens  Esprit Saint, viens changer nos cœurs, viens changer notre regard sur tous les méprisés.

Qui donc a cru à ce que nous avons entendu dire ? Le bras du SEIGNEUR, en faveur de qui a-t-il été dévoilé ? : avant de reprendre longuement le thème du Serviteur, l’auteur pose deux questions, comme pour réveiller l’attention de ses auditeurs/lecteurs, les mettre eux-mêmes au centre de ce que Dieu leur a manifesté.

Devant Lui, celui-là végétait comme un rejeton, comme une racine sortant d’une terre aride : en trois versets, la fin du chapitre 52 nous avait tout dit du Serviteur, opprimé par les hommes et exalté par Dieu aux yeux du monde. Mais une telle concision n’est le propre, ni du langage prophétique, ni de la transmission orale. Nous allons dès lors pouvoir « approfondir » cela durant tout le chapitre 53. Le Serviteur est donc d’abord présenté comme une pauvre plantule qui végète. Mais il y a une petite note d’importance pour ceux qui le verrait abandonné : il demeure « devant le Seigneur » !

il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions : avec insistance dans la répétition, l’auteur montre comment tout se joue autour de « l’aspect », « l’apparence », tout ce qui peut être tellement trompeur, amener à des déductions tellement erronées et à des attitudes inadmissibles. Esaïe parle d’ailleurs en « nous », il s’assimile au peuple, il reconnaît que tous se sont laissés prendre par cette apparence.

Il était méprisé, laissé de côté par les hommes : car, en s’attachant à l’apparence, on aboutit souvent dans le mépris, la mise à l’écart, nous dirions aujourd’hui, à l’exclusion. Mais cela, c’est le fait des hommes, le prophète tient à le repréciser.

homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement : devant un être souffrant, on tend à détourner le regard : c’est le cas souvent dans la Bible, c’est le cas dans la vie. Le mépris aboutit au besoin de rendre l’autre inexistant. Jésus, lui, posait son regard sur les malheureux qu’il croisait, il voyait ceux auxquels personne ne faisait attention.


Seigneur Jésus, toi qui as connu les humiliations des hommes, qui a affronté en silence leur mépris, donne-nous de te contempler dans cet amour incommensurable que tu portes à tous les hommes, à travers toutes nos défaillances. Béni sois-tu pour ton amour qui nous sauve.

samedi 18 mars 2017

Emerveillées

ES 52
13 Voici que mon Serviteur réussira,
il sera haut placé, élevé, exalté à l’extrême.
14 De même que les foules ont été horrifiées à son sujet
– à ce point détruite,
son apparence n’était plus celle d’un homme,
et son aspect n’était plus celui des fils d’Adam –,
15 de même à son sujet des foules de nations vont être émerveillées,
des rois vont rester bouche close,
car ils voient ce qui ne leur avait pas été raconté,
et ils observent ce qu’ils n’avaient pas entendu dire.

Viens Esprit Saint, viens nous révéler le Christ au travers de cette prophétie.

Voici que mon Serviteur réussira : nous entrons ici dans une vingtaine de versets considérés comme le sommet de l’œuvre du « Deutéro-Esaïe » autrement dit attribuée au « Second Esaïe » ; les premières générations chrétiennes y ont directement vu le Christ-Serviteur.

il sera haut placé, élevé, exalté à l’extrême : la parole est d’abord donnée à Dieu – dans les 3 versets de ce jour. C’est lui-même qui annonce la victoire et l’exaltation de son Serviteur. Le terme « élevé » prend toute son importance. Jean, notamment (12, 32) approfondira les notions de victoire et « d’élévation » de Jésus.

 De même que les foules ont été horrifiées à son sujet – à ce point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme, et son aspect n’était plus celui des fils d’Adam : comme déjà en 49,7, l’auteur insiste sur l’aspect extérieur du serviteur, sur le mépris dont il est d’abord l’objet de la part du monde ou des foules.

de même à son sujet des foules de nations vont être émerveillées : et ce sont aussi des « foules de nation » qui passent d’un sentiment extrême à l’autre : elles étaient « horrifiées », les voilà « émerveillées » !

des rois vont rester bouche close, car ils voient ce qui ne leur avait pas été raconté, et ils observent ce qu’ils n’avaient pas entendu dire : en 49,7, les rois se lèvent, se prosternent. Cette fois, ils sont encore plus « saisis » par la grandeur de ce dont ils sont témoins : ils ne peuvent que rester « bouche close » (bouche bée dirions-nous) et cela se traduit sous la plume du prophète par une formule surprenante : leurs yeux voient ce que leurs oreilles n’ont pas entendu…


Seigneur Jésus, nous qui avons « vu et entendu » au travers de la voix de tes Témoins, donne-nous de nous émerveiller devant ta grandeur, ta bonté et le salut, la vie que tu es venu nous apporter. Béni sois-tu !

mercredi 15 mars 2017

celui qui vous console



C'est moi, je suis celui qui vous console ; qui es-tu pour craindre l'homme mortel, le fils d'homme voué au sort de l'herbe ? Tu oublies le Seigneur, ton créateur, qui a tendu les cieux et fondé la terre, et tu ne cesses de trembler tout le jour devant la fureur de l'oppresseur, lorsqu'il se met à détruire. Où donc est la fureur de l'oppresseur ? Le désespéré va bientôt être libéré, il ne mourra pas dans la basse-fosse, il ne manquera plus de pain. Je suis le Seigneur ton Dieu, qui brasse la mer pour faire mugir ses flots, dont le nom est le Seigneur Sabaot. J'ai mis mes paroles en ta bouche, à l'ombre de ma main je t'ai caché, pour tendre les cieux et pour fonder la terre, pour dire à Sion : " Tu es mon peuple. "
Isaïe 51, 12-16

Viens Esprit de feu, Esprit de vie et d’amour
Viens Esprit de lumière, éclaire nous tandis que nous lisons la Parole

C'est moi, je suis celui qui vous console ;
Quelle magnifique présentation le Seigneur fait de lui, auprès du peuple affligé, en déportation. Il est celui qui console, par la libération qu’il apporte. Celui qui console en vérité. Qui attend cette consolation ?

qui es-tu pour craindre l'homme mortel,
le fils d'homme voué au sort de l'herbe ?
face au Seigneur qui est là, auprès des siens, pourquoi craindre ? que craindre ? si les regards se tournent vers le Seigneur, les cœurs trouveront la paix, la confiance.

 Tu oublies le Seigneur, ton créateur,
qui a tendu les cieux et fondé la terre,
Le Seigneur ne nous oublie pas, mais nous ???

 et tu ne cesses de trembler tout le jour devant la fureur de l'oppresseur,
 lorsqu'il se met à détruire.
Où donc est la fureur de l'oppresseur ?
Le Seigneur appelle à la confiance, malgré les épreuves, dans les épreuves, il est là, présent, victorieux de tout mal.

 Le désespéré va bientôt être libéré,
il ne mourra pas dans la basse-fosse,
 il ne manquera plus de pain.
Lorsqu’il ne semble plus y avoir aucune issue, le Seigneur annonce un salut. Celui qui n’avait plus aucune espérance, voici qu’il reçoit l’annonce de sa proche libération.

Je suis le Seigneur ton Dieu,
qui brasse la mer pour faire mugir ses flots,
dont le nom est le Seigneur Sabaot.
Le Seigneur se présente comme le créateur, celui qui a pouvoir sur la mer, que le peuple d’Israël craint tant. Le peuple d’Israël n’est pas vraiment marin. Savoir que son Dieu maîtrise les flots de la mer, laisse grande impression de puissance.

J'ai mis mes paroles en ta bouche,
à l'ombre de ma main je t'ai caché,
pour tendre les cieux et pour fonder la terre,
pour dire à Sion : " Tu es mon peuple. "
et voici que ce Dieu fort, Seigneur du ciel et de la terre, Dieu qui domine la mer, voici que ce Dieu a souci du peuple, voici qu’il se penche vers ce peuple minuscule, en exil, pour le redire son alliance : tu es mon peuple.

Seigneur, donne-nous, au plus profond de notre cœur, d’entendre ta voix, de recevoir ta force et ta consolation. Qu’au creux du quotidien, nous vivions sous ton regard, en ta présence.