mardi 31 janvier 2012

Dans le désert

Lc 3

1L'an quinze du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias tétrarque d'Abilène, 2 sous le sacerdoce de Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée à Jean fils de Zacharie dans le désert.

Esprit saint, rend-nous ouverts et accueillants à la Parole comme le fut Jean au désert.


Terminés, les récits d’enfance, celle de Jean comme celle de Jésus. Et le projecteur se tourne à nouveau vers Jean car sa mission commence.

Etrangement, Luc nous inonde d’une série de références historiques. Voilà qui n’est pas habituel dans les évangiles. Nous avons même ici la seule datation, qui a son importance puisque c’est sur cette information que sera situé l’an zéro de notre calendrier. Mais que cette date soit fiable est une autre histoire…

En regardant défiler ces divers personnages, bien connus par ailleurs, nous constatons que nous allons en quelque sorte de Rome – avec César – à Jérusalem et plus précisément au temple – avec les grands prêtres. Exactement le parcours inverse de celui que suit l’œuvre de Luc : celui-ci commence son évangile dans le Temple de Jérusalem et termine les Actes avec l’arrivée de Paul à Rome.

D’autre part, ces personnages représentent tout l’univers politique et religieux du moment : le pouvoir romain avec l’empereur à Rome, et le gouverneur dans la Judée occupée, le pouvoir local avec Hérode Antipas en Galilée, juive, et son frère Hérode Philippe, dans les larges régions païennes au nord du Lac de Tibériade, le peu connu Lysanias dirigeant aussi un territoire païen ; y sont opposés les grands prêtres : Hanne, l’ancien et Caïphe, l’actuel : hommes de pouvoir comme César, mais aussi chefs religieux opposés aux chefs païens.

Au milieu de cet univers, inséré donc dans son époque, paraît Jean, que tout oppose pourtant aux personnages énumérés.

la parole de Dieu fut adressée à Jean : littéralement, « la parole fut sur Jean », belle expression que nous avons déjà rencontrée plusieurs fois pour marquer une mission prophétique.

dans le désert : le désert, loin des cours des grands, qu’ils soient Romains ou Juifs, païens ou religieux… En une phrase, Luc nous fait passer de la magnificence de tous les palais à l’aridité du désert. C’est là, dans le désert, que la parole peut se faire entendre ! Dans la solitude du désert, Jean reçoit, accueille sur lui la parole. C’est tout, pas un détail, pas une formulation, mais c’est l’essentiel : là va commencer la mission de Jean et donc aussi celle de Jésus.


Seigneur, je veux rejoindre Jean au désert pour y entendre ta parole.

lundi 30 janvier 2012

Jésus progressait

Lc 2

52. Jésus progressait en sagesse et en taille, et en faveur auprès de Dieu et auprès des hommes.

Esprit saint, que la parole de ce jour me fasse grandir et progresser !


Jésus progressait : voilà bien le propre de chacun de nous en son humanité : être appelé à mieux, à se développer dans tous les domaines de son être, à progresser tout au long de sa vie. Combien nous est précieuse cette petite note de l’évangéliste, combien elle nous invite à nous mettre à la suite de Jésus sur la voie de notre progrès en tant qu’enfant du Père.

Au verset 40, Luc nous a dit quasiment les mêmes mots. C’était à propos du petit enfant, et maintenant il s’agit de l’adolescent. Nous avons déjà constaté combien l’évangéliste joue des répétitions et ce n’est pas par hasard. En plus, cette fois, les deux phrases quasi identiques encadrent l’évènement de Jésus qui « resta au Temple » et donnent un éclairage particulier sur cet épisode que l’on peut dès lors lire comme une manifestation de la sagesse de Jésus.

L’élément neuf est que Jésus « progresse en faveur auprès des hommes ». Car, précisément, Jésus a maintenant pris la parole dans le temple, et nous avons lu que « tous s’extasiaient de son intelligence ».

Nous ne saurons rien d’autre de la jeunesse de Jésus, nous ne le verrons pas vivre à Nazareth, pas exercer son métier, nous ne pourrons pas puiser dans la contemplation de sa « vie cachée » comment vivre nous-mêmes notre vie "ordinaire" et quotidienne. Pourtant la vie cachée a inspiré des spiritualités fortes, notamment celle de Charles de Foucauld et de tous ceux qui aujourd’hui suivent cette voie d’imiter le Christ dans l’ordinaire des jours, chemin qui porte précisément le nom de « Nazareth ».


Seigneur, la contemplation de Jésus qui progresse, m’encourage à poursuivre mon chemin, avec ton aide, et certaine que tu mets ta confiance en moi, que tu te réjouis de mes progrès !

dimanche 29 janvier 2012

Avec eux

Lc 2

51. Puis il descendit avec eux pour aller à Nazareth ; il leur était soumis ; et sa mère retenait tous ces événements dans son cœur.

Esprit saint, que la Parole, même en ce qu’elle a pour nous d’incompréhensible, nous nourrisse et nous fortifie.


Puis il descendit avec eux : après les paroles de Jésus qui restèrent énigmatiques pour ses parents, voilà, en quelque sorte, que tout rentre dans l’ordre… il accompagne cette fois ses parents qui reprennent à nouveau le chemin de la maison. Le service du Père ne détourne pas des hommes, au contraire, à 12 ans, la place de Jésus est « avec eux », avec ses parents, avec tous ceux au milieu desquels il vit.

pour aller à Nazareth : comme au jour de la Présentation, Luc souligne ce chemin parcouru de Jérusalem à Nazareth. Car c’est bien au temple, à Jérusalem, que nous avons entendu la première parole de Jésus, cette unique phrase qui a dit l’essentiel : à l’âge de sa maturité religieuse, Jésus a conscience d’être le Fils.

il leur était soumis : qu’un ado obéisse à ses parents, rien de plus naturel… mais nous aurions pu mal interpréter les paroles de Jésus… Le risque était grand sans doute et Luc tient à être clair : il ne peut y avoir d’incompatibilité entre l’obéissance à Dieu et celle aux hommes, comme il n’y a pas de concurrence entre l’amour de Dieu et celui des hommes. Et l’humanité de Jésus le conduit aussi sur la voie de l’obéissance à ses parents.

et sa mère retenait tous ces événements dans son cœur : dès la naissance de Jésus, Luc avait signalé cette attitude de sa maman, mais il tient à nous le rappeler en ces circonstances particulièrement hermétiques ; et, de nouveau, on pourrait traduire littéralement par « paroles » mais aussi, comme le fait la TOB, par « évènements » car ces évènements sont porteurs de sens. Marie, donc, retenait tout cela dans son cœur, qui, dans la Bible, est le lieu de la mémoire, de la réflexion comme des sentiments. C’est de tout son être qu’elle accueille ces faits, comme tant d’autres sans doute. Ces répétitions de l’évangéliste évoquent une continuité, une constance. Qu’il est beau cet accueil de ce qu’elle ne comprend pas (V. 50) !


Seigneur, que ta Parole, accueillie au plus profond de nos cœurs, nous envoie vers nos frères et sœurs pour vivre avec eux dans ta lumière.


vendredi 27 janvier 2012

La faveur de Dieu

Lc 2

39. Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.

40. Quant à l'enfant, il grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la faveur de Dieu était sur lui.

Esprit saint, comme tu étais sur Jésus enfant, sois aujourd’hui au cœur de notre lectio pour qu’elle devienne parole de vie pour ce jour.

Lorsqu'ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur : une dernière insistance sur l’observance de la loi…

ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth : voilà qui va un peu de soi, rentrer chez soi, les rites prescrits accomplis… mais plus que le retour, Luc veut sans doute souligner que Jésus sera bien « le Galiléen », issu de cette région éloignée du « centre » qu’est Jérusalem, la Galilée, là-bas, tout au nord de la Palestine, au-delà de la Samarie… Cette Galilée surnommée « carrefour des Nations » (rappelons-nous Luc 1,26) ; il sera aussi le « Nazaréen », ce qui n’a rien de prestigieux, comme le dira Nathanaël.

Quant à l'enfant, il grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse : nous retrouvons ici le parallélisme avec les récits concernant Jean. A propos de celui-ci, Luc avait aussi écrit : "Or, le petit enfant grandissait, et se fortifiait en esprit." (1,80) Mais la Sagesse, elle, celle dont parle l’Ecriture, est le propre de Jésus. Plus loin (11,31), Luc mettra ces mots dans la bouche de Jésus : « Ici, il y a plus que Salomon », Salomon, le Sage par excellence.

la faveur de Dieu était sur lui : Sur Jean, était la main du Seigneur (1,66), sur Jésus, sa faveur. Ce mot est magnifique ! Le mot grec peut avoir beaucoup de significations : grâce, charme, beauté, amour, bienveillance, reconnaissance, respect… et faveur. Il faudrait les reprendre tous pour exprimer la richesse de ce concept.

Gabriel avait dit à Marie (1,28) : « Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu » où on pouvait d’ailleurs traduire plus littéralement et simplement « favorisée ».


Je contemple Jésus enfant, partageant déjà toute cette humanité appelée à grandir et à se développer.

Je te rends grâce, Seigneur, pour cette faveur qui est sur lui. Comme l’ange y invitait Marie, je me sens invitée à la joie d’avoir part à mon tour à cette faveur de Dieu.

mercredi 25 janvier 2012

Au même moment

Lc 2

38. Survenant au même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem.

Esprit Saint, favorise chacune de nos rencontres, qu’elles nous tournent vers Dieu et vers les hommes. Que cette lectio nous y conduise.

Survenant au même moment : le mot grec peut se traduire par « l’heure », le bon moment, le moment favorable… C’est le moment de la rencontre et Anne veut y être présente. Pour se rencontrer, il est fondamental d’être là au même moment ! La fête de la « présentation de Jésus au temple » est appelée en Orient « fête de la rencontre » et ce terme est repris ailleurs dans le monde, par exemple au Brésil où un monastère de bénédictines porte ce beau nom de monastère de la Rencontre en l’honneur de cet évènement évangélique.

elle se mit à célébrer Dieu : Syméon s’est adressé aux parents, Anne le fait à Dieu puis à tous ; leurs missions se complètent. Anne qui participait au culte jour et nuit reste dans le registre cultuel et sa première réaction est de célébrer Dieu, de le louer, de le bénir. Dieu présent dans toute rencontre !

et à parler de l'enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem : y a-t-il un attroupement autour d’eux auquel s’adresse maintenant Anne ? Plutôt sans doute une façon pour Luc de nous répéter que l’enfant vient pour tous et, dès le départ, pour ceux qui attendent le « rachat » de Jérusalem, ou d’Israël. Car le mot traduit pas libération veut littéralement dire « rachat », et c’est le même mot désignant le « rachat » d’un premier-né, rite que Marie et Joseph viennent d’accomplir…


Seigneur, donne-nous d’être là au bon moment, où moment où tu viens à notre rencontre, et qu’ensemble avec nos frères et sœurs, nous puissions « célébrer Dieu » et « parler » à tous ceux qui l’attendent.

mardi 24 janvier 2012

Nuit et jour

Lc 2

36. Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge ; après avoir vécu sept ans avec son mari, 37. elle était restée veuve et avait atteint l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s'écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières.

Esprit Saint, qui reposait aussi sur la prophétesse Anne, soit présent en nos cœurs et accompagne-nous dans cette lectio.

Il y avait aussi une prophétesse : il y a Syméon, l’homme, « sur qui est l’Esprit », et il y a Anne, la femme, « une prophétesse ». Tous deux âgés, tout deux en attente, tous deux emplis d’espérance.

« Anne » signifie « la grâce », elle est fille de Phanuel qui signifie : « le visage de Dieu ». Voilà qui évoque la très belle bénédiction en Nb 6, 26 « que le Seigneur tourne vers toi son visage et t’accorde la paix » que nous chantons ou recevons si souvent au moment où s’avance la nuit.

Enfin, Anne est aussi de la tribu d'Aser dont le nom signifie « le bonheur ». Aser ? C’est un des douze fils de Jacob qui ont donné leur nom aux tribus d’Israël, mais ce n’est pas le plus connu ! Il s’agit du second fils de Zilpa, la servante de Léa. Jacob, bénissant chacun de ses fils, a parlé de « gâteaux de rois » au sujet d’Asher (Gn 49,20) ! Et Moïse, bénissant toutes les tribus, dit « Asher soit le béni entre tous… » (Dt 33,24). Bénédictions qui, lui annonçant le bonheur, correspondent bien à son nom.

Anne, descendante d’une telle lignée, a pu y puiser son espérance !

Elle ne s'écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières : c'est la présence du Seigneur qu'elle cherche, comme David autrefois : « J’ai demandé une chose au Seigneur et j’y tiens : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » (Ps. 27, 4) Tout n’est pas réaliste dans ce récit puisque les femmes n’étaient pas admises la nuit dans l’enceinte du temple. Ce que Luc veut sans doute souligner, c’est la constance dans la prière ; voir ainsi par exemple Lc 18,5 « Dieu ne ferait pas justice à ses fidèles qui crient vers lui jour et nuit ? »


Seigneur, à l’exemple de Anne, je veux veiller en ta présence : ni le jour ni la nuit ne peuvent me séparer de toi. « Sauve-nous, Seigneur, quand nous veillons, garde-nous quand nous dormons : nous veillerons avec le Christ et nous reposerons dans la paix »

lundi 23 janvier 2012

Un signe

Lc 2

33. Le père et la mère de l'enfant étaient étonnés de ce qu'on disait de lui. 34. Syméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté 35. et toi-même, un glaive te transpercera l'âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. »

Esprit Saint, sois présent en nos cœurs afin qu’ils puissent accueillir Jésus, signe et révélation du Père.

Le père et la mère de l'enfant étaient étonnés : depuis le tout début de sa vie, Jésus a suscité au moins l’étonnement, si ce n’est l’incompréhension. Et pour ses parents, le chemin n’était pas plus facile.

Syméon les bénit : il répond à leur étonnement par une bénédiction ; ses paroles les ont interloqués, et il marque un temps d’arrêt avant de poursuivre, un geste d’apaisement en quelque sorte, un geste qui exprime qu’il y a plus grand que leur étonnement.

il dit à Marie sa mère : Marie, qui a répondu un oui sans condition, va maintenant recevoir une parole qui ne dissimule rien des difficultés à venir.

Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël : après l’annonce du Messie venu pour tous les peuples, le propos revient vers Israël : face à Jésus et son message, chacun se situera : tous ne reconnaîtront pas l’avènement du Sauveur d’Israël ; si l’enfant apporte la Consolation à Israël, il sera aussi occasion de chute pour un grand nombre.

et pour être un signe contesté : au-delà des nombreux signes que Jésus fera, donnera, c’est lui-même qui est le signe par excellence, mais, nous dit déjà Syméon, un signe contesté : s’il s’imposait, il ne serait plus signe mais tyrannie !

toi-même, un glaive te transpercera l'âme : que Syméon ait lancé cette phrase à la jeune mère paraît un peu étrange, mais que l’auteur, au courant de la tradition de Marie debout au pied de la croix (Jn 19,25,) ait déjà voulu l’annoncer à ses lecteurs est plus plausible. Ces deux premiers chapitres de Luc sont vraiment comme une grande ouverture de son Evangile où les témoins, l’auteur et donc les lecteurs sont déjà conscients de qui est Jésus.

ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs : nous retrouverons souvent Jésus manifestant sa connaissance du cœur de ses interlocuteurs ! « Dieu connaît vos cœur »s (16, 15). Ce thème cher à Luc sera aussi repris dans les Actes. « Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous » (Ac 1,24). C’est bien la présence même de Jésus qui provoquera le dévoilement : il est signe devant lequel chacun est appelé à se positionner.


Seigneur, toi qui connais le secret des cœurs, tu sais mon désir de t’accueillir comme signe et réalisation du Salut promis, de te reconnaître comme tel tout au long du jour.

dimanche 22 janvier 2012

Tous les peuples

Lc 2

30. Car mes yeux ont vu ton salut 31. que tu as préparé face à tous les peuples : 32. lumière pour la révélation aux païens et gloire d'Israël ton peuple.

Esprit Saint, par la bouche de Syméon, tu rappelles que tout homme est appelé à recevoir le Salut : donne-nous de l’accueillir au travers de ta Parole.

Car mes yeux ont vu ton salut : mes yeux ont vu : quelle insistance sur la réalisation de la promesse de ne pas mourir avant d'avoir vu le Christ (v.26) ; ici Syméon dit qu’il voit « le salut », il reconnaît ainsi que le Christ est le Sauveur promis.

que tu as préparé face à tous les peuples : voici que d’un coup le champ s’élargit : on quitte le simple point de vue d’Israël pour prendre celui de « tous les peuples » qui sont donc témoins du salut !

lumière pour la révélation aux païens : et même, au-delà d’être témoins, voici que les "païens" sont concernés : cette lumière, celle du salut, est pour eux aussi ! "Lumière pour éclairer les nations" dit la liturgie.

et gloire d'Israël ton peuple : Syméon met autant l’accent sur la lumière pour les Nations que sur la gloire pour Israël.

Dans le texte de Luc, qui souligne tellement la fidélité de Dieu envers Israël, l’apparition du thème des "Gentils" constitue vraiment un apport neuf. Pourtant, si on regarde les éléments d’Isaïe dont s’inspire Syméon, nous découvrons que le salut des Gentils appartient lui-même à l’héritage d’Israël : "Je t’ai destiné à être la lumière des nations" (Is 42,6 et 49,6) "Tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu" (Is 52,10) ;

On a aussi l’impression que ce passage annonce déjà le Livre des Actes où Luc nous décrira comment le Salut se répand jusqu’aux "extrémités de la terre".


Maintenant, Seigneur, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole, car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples.

samedi 21 janvier 2012

Comme tu l'as dit

Lc 2

29 Maintenant, Maître, c'est en paix, comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur.

Esprit saint, toi qui inspires les paroles de Syméon, permets-nous de les recevoir aujourd’hui.

Maintenant, Maître : voilà que s’ouvre la 3e hymne de l’évangile de Luc : après le Magnificat et le Cantique de Zacharie, voici donc le Cantique de Syméon.

Ces hymnes ont beaucoup de points communs : elles sont directement inspirées par les textes du Premier Testament, elles sont adaptées à la situation de celui qui les proclame tout en contenant une interprétation prophétique qu’elles rattachent aux motifs familiers du passé d’Israël. Surtout, elles sont paroles de confiance, de louange, d’action de grâce. On ne les rencontre que chez Luc, et, placées ainsi dans ses premiers chapitres, elles donnent déjà le cadre de tout son Evangile.

c'est en paix : cette paix promise, cette paix explicitement donnée par Jésus avant sa mort comme après sa Résurrection, Luc la rend déjà présente.

comme tu l'as dit : c’est un acte de foi et donc de confiance basé sur une Parole. Pour Syméon, c’est la promesse qu’il verrait le Sauveur de son vivant, pour nous c’est toute la promesse du Salut qui s’est réalisée et se réalise chaque jour.

que tu renvoies : « tu peux laisser aller » dit si bien la traduction liturgique : c’est vraiment un moment de lâcher prise, d’abandon au Seigneur.

ton serviteur : dans les trois hymnes se retrouve l’idée du service (1,48 : son humble servante, pour Marie et 1,75 : que nous le servions, chez Zacharie). Il s’agit à la fois de servir, mais aussi d’adorer, dans le sens de rendre un culte.

Ces hymnes nous parlent, parce qu’elles nous sont proposées chaque jour dans la Liturgie des heures, dans les offices monastiques. Tous les soirs, la liturgie met sur nos lèvres les paroles de Syméon qui résonnent si bien avec l’entrée dans la nuit marquée par les Complies.


Donne-nous, Seigneur, la foi de Syméon en ta Parole, rends-nous capable de son abandon dans ta paix.

vendredi 20 janvier 2012

Il bénit

Lc 2

27. Il vint alors au temple poussé par l'Esprit ; et quand les parents de l'enfant Jésus l'amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet, 28. il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes

Puissions-nous aujourd’hui nous laisser pousser par l’Esprit à l’exemple de Syméon.

Il vint alors au temple : Syméon se met aussi en route, il va vers le Temple, ce lieu saint par excellence pour la première alliance.

poussé par l'Esprit : troisième mention de l’Esprit en ce troisième verset : Luc ne pouvait exprimer plus clairement la plénitude de la présence de l’Esprit en cet homme. Si d’abord l’Esprit était « sur lui », ensuite il l’a inspiré et maintenant il le fait agir.

et quand les parents de l'enfant Jésus l'amenèrent : Syméon était donc là avant Marie et Joseph, il était là pour accueillir le Messie au Temple : Jésus n’entre pas en terrain conquis, il se fait humblement accueillir par un « juste ».

pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet : avec quel soin Luc nous montre que furent accomplis tous les détails de la Loi : il a déjà déclaré aux versets 22, 23, 24, 27 que la Loi fut bien observée (et il le fera encore… voir verset 39).

il le prit dans ses bras : nous comprenons pourquoi cette scène a été si souvent représentée : quelle tendresse le vieillard manifeste-t-il ainsi, le nouveau-né dans ses bras. Et en même temps, il en dépossède déjà Marie. Mais Jésus est pour tous et Syméon peut ainsi exprimer de tout son être ce que ces paroles vont énoncer.

et il bénit Dieu : Syméon s’adresse en tout premier lieu à Dieu. Il bénit Dieu. Bénir Dieu ! Lui « rendre » grâce pour ses merveilles, lui dire sa reconnaissance parce qu’il vient nous sauver, entrer dans le projet de Dieu en l’accueillant, donc en lui permettant de réaliser ses promesses, son désir d’alliance. Comme Marie, Syméon exprime son consentement et son émerveillement devant l’œuvre de Dieu.


Seigneur, je veux te bénir, entrer dans ton projet d’amour, reconnaître ton désir d’alliance et y répondre.

jeudi 19 janvier 2012

Christ du Seigneur

Lc 2

26. Il lui avait été révélé par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur.

Esprit Saint, rends-moi aussi attentif à ta voix que ne le fut Siméon.


Il lui avait été révélé par l'Esprit Saint : deuxième verset sur Syméon et deuxième mention de l’Esprit Saint. Luc nous prépare vraiment à donner foi aux paroles qu’il prononcera ! Car, non seulement l’Esprit est « sur lui », mais il en reçoit révélation de la réalisation prochaine de la promesse.

qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu : autrement dit, toute sa vie, toute sa raison de vivre est tournée vers l’avènement du Christ. Et Syméon, par sa justice et sa piété, a connaissance de l’imminence de sa venue. Il vit une profonde espérance dans l’aboutissement de son attente qui est celle de tout son peuple.

le Christ du Seigneur : cette expression est propre à Luc et n’est employée qu’une seule autre fois : « Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur »(2,11) C’est par ce titre que Luc indique ainsi, au début de son évangile, que Jésus est le Messie, l’Oint de Dieu.


Seigneur Christ, avive en nous notre espérance de te voir aussi à notre tour.

mercredi 18 janvier 2012

La consolation

Lc 2

25. Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint était sur lui.

Esprit saint, qu’à l’exemple de Syméon, nous recevions ta lumière pour entrer dans les évènements de notre vie.


Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon : voici que le récit quitte un instant le temple pour nous mener chez un habitant de la ville : Syméon. La première chose que nous apprenons de lui, c’est sa piété. Voilà donc réalisée en lui la condition pour entendre la voix du Seigneur ; « Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent » dit le Psaume (25,14).

il attendait : comme tout Israël, il attend l’avènement d’un messie. Jésus est celui qu’on attend, qu’on désire, comme chaque année encore nous attendons la venue du Sauveur lors de la célébration de sa nativité. Mais beaucoup en Israël attendent un roi capable de libérer le peuple du joug romain.

la consolation d’Israël : un beau terme apparu avec le Deutéro-Esaïe : "Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu" (40,1). Ce verset ouvre de si beaux chapitres qui annoncent la libération d’Israël et surtout montrent la bonté de Dieu qui se penche vers son peuple pour le réconforter. Dès lors ce terme de consolation désignera le salut d’Israël.

et l'Esprit Saint était sur lui : cette expression peut signifier, selon le langage du premier Testament, que Syméon est prophète. Voir par exemple Is 42,1 « J’ai mis mon Esprit sur lui ». Ainsi, Syméon est souvent considéré comme le dernier prophète du Premier Testament. Et nous pouvons déjà pressentir qu’il a une parole à faire connaître…


Seigneur, toi qui as vu la misère de ton peuple, toi qui lui as promis consolation et réconfort, tu lui envoies un Sauveur, et Syméon est prêt à l’accueillir. Qu’à son exemple, nous puissions être tout accueil à sa venue en nos cœurs.

mardi 17 janvier 2012

La loi du Seigneur

Lc 2

23. ainsi qu'il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur 24. et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux petits pigeons.

Esprit Saint, aide-moi à percevoir le sens de ces démarches légales posées par les parents de Jésus.


Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur : si l’enfant ne devait pas être présenté au Seigneur, il devait par contre être « racheté », et le Livre des Nombres – qui porte bien son nom – donne le tarif : 5 cicles...

offrir en sacrifice : le couple de tourterelles ou de pigeons, lui, était sacrifié pour la purification de la mère ; et nous savons que c’est là le sacrifice de « quelqu’un qui n’a pas les moyens » (Lv 5,7).

suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur : pour chaque acte, Luc fait référence, non plus à la Loi de Moïse, mais dit « c’est écrit dans la Loi du Seigneur ». Le « Seigneur » est cité trois fois en ces deux lignes : il est présent, avec insistance, dès cette première démarche à Jérusalem : non, ce n’est pas en vertu d’un légalisme que Marie et Joseph sont montés à Jérusalem mais en vue d’une rencontre avec le Seigneur, une rencontre fondatrice pour leur enfant, et, pour nous tous, une rencontre qui est déjà un signe.


Seigneur, permets-moi, au travers des démarches formelles, d’atteindre l’essentiel, la vraie rencontre avec ta personne. Que les rites soient un chemin vers toi.

lundi 16 janvier 2012

A Jérusalem

Lc 2

22 Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l'amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur.

Esprit saint, que la parole de ce jour me fasse grandir dans la connaissance de ce Jésus que ses parents présentent au Seigneur.

quand vint le jour : le jour, l’heure… dès la circoncision, la présentation au temple, dès le tout début de sa vie, Jésus se soumet au rythme des hommes, il accepte d’en être dépendant comme de toutes les contingences de cette vie d’homme qu’il assume pleinement. Et si nous essayons aussi d’en accepter tous les rythmes et déroulements… !

Le jour dont il s’agit ici est le 33e après la circoncision… parce que c’est un garçon… pour une fille, il faut tout doubler : 2 semaines puis 66 jours : on peut sourire…

suivant la loi de Moïse : « Je ne suis pas venu abolir la loi » dira-t-il bien plus tard.

ils devaient être purifiés : Qui est ce « Ils » ? Bien sûr, nous y lisons les parents de Jésus mais ce n’est pas dit et nous n’aurons confirmation que 5 versets plus loin. Mais ce pluriel même est inattendu. C’est la mère qui doit être purifiée et doit se présenter au temple, pas le père ! (voir le Lévitique 12, 1-8). Comme au moment de nommer Jésus, voici donc ses parents à nouveau unis dans leur démarche en dépit de la tradition : comment attribuer à Joseph ce rôle secondaire qu’on lui colle si souvent… ?

D’ailleurs l’impureté en question n’était pas une notion morale mais un rite face au mystère inquiétant de la perte involontaire de sang lors de l’accouchement.

ils l'amenèrent à Jérusalem : voici Jésus venu à Jérusalem pour la toute première fois, dans cette ville où vont se dérouler tant d’évènements jusqu’à sa crucifixion et sa Résurrection !

pour le présenter au Seigneur : le parallélisme avec Jean s’arrête ici : l’évangéliste ne raconte pas de « présentation » de Jean, et pour cause : cette présentation de l’enfant au temple n’est pas du tout requise par la loi. Mais cette volonté de Marie et Joseph de monter ensemble à Jérusalem et de présenter Jésus à Dieu est un geste que l’on peut voir comme prophétique. Déjà, ils s’effacent, laissant d’avance leur fils à sa mission telle que l’ange la leur a annoncée.


Je contemple ce tout petit, déjà disponible, au travers du geste posé par ses parents, à devenir ce pourquoi il est né parmi les hommes. Je contemple Marie et Joseph, qui déjà se dépossèdent et, au travers de cette démarche de présentation, reconnaissent en quelque sorte que Dieu est Père de cet enfant.

dimanche 15 janvier 2012

On l'appela du nom

Lc 2

21 Huit jours plus tard, quand vint le moment de circoncire l'enfant, on l'appela du nom de Jésus, comme l'ange l'avait appelé avant sa conception.

Esprit saint, toi qui nous connais par notre nom, rends-nous attentif à la parole qui nous est personnellement adressée aujourd’hui.


quand vint le moment de circoncire l'enfant : Luc s’attache à la circoncision que ce soit celle de Jean ou celle de Jésus : moment où se manifeste l’appartenance au peuple d’Israël. Il nous indique ainsi le souci des parents de respecter les démarches prescrites par la Loi.

on l'appela : chaque fois aussi, Luc parle de ce moment on est donné le nom, ce que fait traditionnellement le père. Rappelons que pour Jean, c’est sa mère qui a énoncé le nom et son père qui l’a confirmé (1,63), lui qui l’avait reçu de l’ange. Pour Jésus, le verbe est impersonnel ! On devrait même traduire au passif : « il fut appelé » ; et, comme pour Jean, comme l'ange l'avait appelé avant sa conception. Mais qui a reçu ce nom de l’ange ? En Matthieu (1,21), c’est Joseph ! En Luc, c’est Marie (1,31) ! Merveille que de voir Marie et Joseph ainsi associés dans le don du nom, chacun avec sa mission propre.

du nom de Jésus : un nom tout simple, ordinaire, courant… mais unique aux yeux de Dieu et à nos yeux ! Comme mon nom, comme chacun de nos noms ! « Tu m’as appelé par mon nom » La Bible nous rapporte ainsi tant d’appels par le nom, répété avec une douce insistance, comme s’il y avait urgence : « Moïse Moïse », « Samuel Samuel », « Marthe Marthe »… S’entendre appeler par son nom… « un nom nouveau que personne ne connaît sinon celui qui le reçoit » (Ap 2,17)

comme l'ange l'avait appelé avant sa conception : un nom c’est aussi une mission, Jésus est Sauveur. Qu’à son exemple, nous prenions au sérieux la mission propre qui nous est confiée, lui demandant de toujours nous éclairer et nous soutenir sur ce chemin.


Jésus, je te contemple, petit enfant d’une semaine, qui reçois ton nom parmi les hommes pour que ceux-ci apprennent à te reconnaître comme leur sauveur. Ouvre mes yeux sur cette merveille.

vendredi 13 janvier 2012

Chantant les louanges de Dieu

Lc 2
20Puis les bergers s'en retournèrent, chantant la gloire et les louanges de Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, en accord avec ce qui leur avait été annoncé.

Esprit de louange, mets en nos cœurs le chant qui rende gloire à notre Dieu pour toutes ses merveilles.

Puis… ensuite, après tout cela : après une grande lumière qui les enveloppe, après des voix d’anges annonçant le Sauveur - mieux encore, le Christ Seigneur – et donnant un signe qu’ils trouvent en effet, après leur témoignage qui provoque l’émerveillement…

les bergers s'en retournèrent : leur mission accomplie, ils rentrent chez eux. Simplicité de ces premiers témoins : ils vont disparaître de l’histoire, vont-ils même retrouver ce Sauveur sur leurs chemins ? Mais nous, nous nous souvenons d’eux et nous nous réjouissons que notre Dieu ait choisi de se manifester en priorité aux bergers : des marginaux, des illettrés, mais des hommes dont le métier est celui que Jésus s’attribuera ; « Je suis le Bon Berger ». Et surtout des veilleurs, eux qui montent la garde durant la nuit (2,8). Et qu’ils aient été 3 ou 50, ils représentent cette foule d’anonymes qui se pressera si souvent à la rencontre de Jésus, foule qu’il accueillera comme il a accueilli les bergers à la crèche.

chantant la gloire et les louanges de Dieu : n’est-ce pas souvent sur la route du retour, après la grâce d’une rencontre avec le Seigneur, que dans les cœurs tout brûlants et gonflés de joie, éclate le chant de louange ? L’évangéliste nous a donné les mots par lesquels l’armée céleste a chanté la gloire de Dieu. Et nos bergers, avaient-ils les mots pour chanter la gloire de Dieu ? Le texte nous dit leur réflexion (2,15) mais pas leur chant… Eux qui vivaient en marge des "pratiquants", avaient-ils sur les lèvres les versets des psaumes ? Sûr que leur louange était aussi simple qu’eux-mêmes, mais elle était belle et même la première qui montait du cœur des hommes pour la naissance du Sauveur.

pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu : parce qu’ils ont su écouter, parce qu’ils se sont mutuellement encouragés à aller voir, ils ont entendu et vu.

en accord avec ce qui leur avait été annoncé : une fois de plus, en ce début d’évangile, Luc nous fait comprendre que la Parole de Dieu est efficace, que tout se passe selon la promesse. Il importe seulement de veiller encore et toujours pour être attentif au moment de "l’annonciation"


Donne-moi, Seigneur, d’accomplir les missions que tu me confies. Au fil des moments, tu demandes d’écouter, de me mettre en route, de témoigner, de rendre gloire… Permets-moi d’y répondre avec la vigilance et la simplicité des bergers.

jeudi 12 janvier 2012

Rassemblant dans son coeur

Et Marie conservait toutes ces paroles (événements) en les rassemblant dans son cœur.
    Luc 2, 19

Viens Esprit de Dieu, viens déposer ta Parole en nos cœurs
Viens Esprit de Dieu, fais-nous comprendre les Ecritures

Et Marie conservait toutes ces paroles (événements)
Parmi tous ceux et celles qui entendent les bergers, Luc pointe son regard vers une personne plus particulièrement : Marie, la mère de Jésus. Elle ne dit rien. Elle ne semble rien laisser transparaître de ses sentiments face à ce qui se passe, face à la parole des bergers concernant son enfant ! Mais elle conserve toutes ces paroles, tous ces événements qui entourent la naissance de Jésus. Elle ne trie pas, elle garde tout ! Ce qu’elle comprend, ce qu’elle ne comprend pas, ce qui la touche plus particulièrement, ce qui est moins parlant pour elle… Elle garde tout. Je lis en cette présentation, un cœur, ouvert, accueillant, un cœur prêt à se laisser instruire, à se laisser interpeller. Elle peut chanter en vérité avec le psalmiste : mon cœur est prêt, mon Dieu, mon cœur est prêt. Nous sommes si souvent tentés de faire un tri en ce qui nous advient, en la Parole qui nous est donnée chaque jour, Marie, nous montre le chemin de l’accueil inconditionnel, de l’ouverture totale à la Parole de Dieu.

 en les rassemblant dans son cœur.
Elle garde en rassemblant en son cœur. Le cœur en culture sémitique est le siège de la volonté, de la décision, plus que celui d’un sentiment passager. Il est le centre personnel. Marie rassemble en son cœur toutes les paroles entendues, tous les événements vécus. Par deux fois dans ce verset le préfixe sun est utilisé, marquant comme une insistance sur le « ensemble ». Marie garde ensemble toutes ces paroles, et les met ensemble en son cœur. Elle médite en faisant jouer les paroles et les événements ensemble. En laissant l’un éclairer l’autre. En cela elle nous montre un beau chemin de lectio. Elle recueille, médite, rumine. Ainsi nous pouvons à notre tour accueillir la Parole en notre cœur, laisser un verset de la Bible en éclairer un autre.

Seigneur, permets à Marie de guider notre lecture priante de ta Parole. Fais chanter en nos cœurs les versets de l’Ecriture, qu’ils prennent corps et vie en nos vies !

mercredi 11 janvier 2012

Ils firent connaître

Ayant vu, ils firent connaître au sujet de la parole qui leur avait été dite à propos de ce petit enfant. Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés au sujet de ce qui leur avaient été dit par les bergers.

    Luc 2, 17-18

Viens Esprit de lumière, éclaire nos cœurs,
Viens nous apprendre la foi qui donne d’écouter et de voir,
Viens Esprit de Dieu, fais de nous les témoins de ton amour.

Ayant vu, ils firent connaître au sujet de la parole-événement qui leur avait été dite à propos de ce petit enfant.
La tradition nous donne l’image de bergers qui voyant l’enfant, l’adorent et lui apportent leurs présents. L’Evangile nous rapporte un tout autre aspect. Les bergers ont reçu le message de l’ange, ils sont allés en hâte à la rencontre de l’enfant, ils ont vu Marie, et Joseph et l’enfant nouveau-né. Ils ont vu en cet enfant le signe annoncé par l’ange. Ayant vu, ils témoignent de ce qui leur a été dit au sujet de l’enfant. Ils font connaître le message de révélation qui leur a été accordé. A nouveau ici, Luc emploie le terme « parole » qui dit à la foi la parole et l’événement qui se réalise.

Les bergers, ainsi, deviennent témoins oculaires et serviteurs de la Parole, pour reprendre les mots même de Luc au début de son Evangile (Lc 1,2). Entrés dans une démarche de foi, ils convient ceux qui les écoutent à une même démarche. A ceux qui sont là, et qui voient l’enfant, couché dans une mangeoire, ils donnent la parole divine qui présente cet enfant.

 Et tous ceux qui les entendirent furent étonnés au sujet de ce qui leur avait été dit par les bergers.
On aurait attendu la parole de révélation de la part de scribes docteurs de la loi, et voici qu’elle vient par des bergers, pas spécialement théologiens reconnus. Généralement les bergers sont tenus à l’écart de la société, et leur témoignage n’est pas plus reçu que celui des femmes, lors de procès.

Ceux qui entendent sont étonnés, on pourrait aussi traduire émerveillés. Luc notera souvent au long de son évangile ces réactions d’étonnement devant la parole-événement qui advient, devant la parole et les gestes de Jésus. Il nous invite ainsi discrètement à devenir nous aussi auditeurs de cette parole, à l’accueillir dans la foi, pour ensuite devenir témoins. Les deux versets d’aujourd’hui, nous présentent ainsi un « modèle » de transmission. Et cette chaîne qui commence ne s’est jamais interrompue qui nous donne aujourd’hui, si nous le voulons de nous ouvrir à cette parole, de l’accueillir, en vivre, et à la transmettre à notre tour.

Seigneur, devant ta naissance, donne-moi de te reconnaître, de t’accueillir, de t’annoncer humblement.

mardi 10 janvier 2012

Ils trouvèrent

Et ils vinrent en se hâtant, et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né, couché dans la mangeoire.
    Luc 2, 16

Viens Esprit de lumière, donne-nous de voir avec tes yeux
Viens Esprit de Dieu, donne-nous de reconnaître l’admirable naissance de Jésus
Augmente en nous la foi.

Et ils vinrent en se hâtant,
Comme Marie lorsque l’ange l’a quittée, les bergers une fois les messagers divins partis, se mettent en route. Comme Marie ils vont en hâte. Elle allait en hâte vers Elisabeth, signe donné à sa foi. Ils vont en hâte vers Bethléem, vers cette naissance annoncée, signe donné à leur foi.

et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né, couché dans la mangeoire.
Marie allait à la rencontre d’Elisabeth sa cousine, les bergers allaient à la rencontre de l’inconnu. Vers le signe donné : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire, à Bethléem, cité de David.  
Ils trouvent. Luc ne précise pas comment ils ont trouvé, sont-ils arrivés de suite à la bonne place ? ont-ils demandé çà et là ? Luc ne vise pas à alimenter notre curiosité, il ne cherche pas à faire la une des journaux, il veut nourrir notre foi, en toute simplicité.

La succession de « et » dans ce verset donne comme l’ordre de découverte des bergers.
Ils trouvèrent Marie d’abord. La mère, celle qui offre l’enfant au monde, par sa seule foi.
Et Joseph. Lui dont Luc ne dit pas grand-chose, l’homme du silence et de la confiance. L’homme par qui l’enfant sera rattaché à la lignée de David. Connaissent-ils Joseph ? rien dans le texte ne nous le dit. 
Et le nouveau-né couché dans une mangeoire.  Voilà bien ce qui leur avait été annoncé : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. N’est pas repris la mention « emmailloté ». Peut-être parce que c’est là le lot de tous les nourrissons. Tandis que le couché dans une mangeoire (dans une crèche) est le signe distinctif, le fait qui n’est pas monnaie courante et attire l’attention. Impressionnant ce qui attire l’attention sur l’enfant Dieu, ce n’est pas un signe de puissance, mais un signe de pauvreté et dénuement.

J’accompagne les bergers dans leur marche de foi et de désir vers le nouveau-né. Avec eux je viens à Marie. Avec elle, je découvre Joseph, et avec eux l’enfant nouveau-né. La présence de ce couple donne l’impression qu’ils sont là comme pour enfanter à la foi qui voudrait s’approcher de l’enfant.

Merci Seigneur de rejoindre ainsi nos vies, dans l’humble quotidien !

lundi 9 janvier 2012

Allons

Et il arriva, lorsque les anges se furent éloignés d’eux vers le ciel, les bergers se dirent entre eux : Allons donc jusqu’à Bethléem et voyons cette parole qui est arrivée, que le Seigneur nous a fait connaître.
    Luc 2, 15

Viens Esprit de Dieu, donne-nous de marcher à la rencontre de Jésus,
Viens Esprit de feu, donne-nous de la rechercher avec ardeur et désir

Et il arriva, lorsque les anges se furent éloignés d’eux vers le ciel,
Voici que prend fin le chant des anges, la lumière qui les accompagne,… les anges s’éloignent,… Que reste-t-il alors de cet instant ? seulement les bergers !

les bergers se dirent entre eux :
Ils sont là, avec ce qui leur a été dit, ce qu’ils ont vu, entendu, ce qu’ils ont compris,  et leur liberté d’accueillir le message, ou de se dire qu’ils sont un peu dérangés, qu’ils ont dû rêver… Donner foi ou non au message reçu… Ils sont plusieurs, ils échangent, partagent.

Allons donc jusqu’à Bethléem
Ils décident de se mettre en route, de se laisser bousculer par le message qu’ils ont reçu. Ils donnent foi au message, et se rendent à Bethléem.

et voyons cette parole qui est arrivée,
Le terme grec qui est traduit par « parole » est le même que celui que nous avions rencontré lors du récit de l’annonciation. Luc 1,37-38 : L’ange avait dit à Marie : car ne sera impossible aucune parole venant de la part de Dieu. A quoi Marie a répondu : qu’il me soit fait selon ta parole. Ce terme dit autant une parole qu’un fait, car en Dieu il n’y a nulle distance entre parler et agir, il dit ce qu’il fait, il fait ce qu’il dit. Une parole est un événement. D’où certaines traductions qui en lui et place de parole écrivent fait, et d’autres parole-événement. Ainsi les bergers se disent, allons voir cette parole… allons voir cette parole-événement, ce fait, qui est arrivé.

Leur foi les met en route.

que le Seigneur nous a fait connaître.
Ils reçoivent ce message de l’ange, comme message de Dieu. Ils accueillent la révélation. Et la reconnaissent comme destinée à eux par le Seigneur lui-même.

Seigneur, donne-nous d’accueillir ta Parole avec cette même foi, ce même élan, qui met en route. Donne-nous de reconnaître ton œuvre en notre monde. Donne-nous, comme les bergers, d’échanger sur cette Parole que tu nous confies, et de grandir en la foi par cet échange. Béni sois-tu pour ceux et celles que tu places sur nos routes, témoins messagers de ton amour, témoins messagers de ta Parole-événement en notre vie, en notre monde.

dimanche 8 janvier 2012

Gloire et paix

Et soudain arrive avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant :
Gloire à Dieu dans les hauteurs
Et sur la terre paix aux hommes de sa bienveillance.
    Luc 2, 13-14

Viens Esprit de Dieu, sois louange en nos cœurs
Elève nos voix vers le Dieu et Père de Jésus,
Et donne-nous d’accueillir sa paix.

Et soudain arrive avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant :
L’univers s’ouvre, s’élargit,  la terre n’est pas enclose en elle-même, elle s’ouvre sur une réalité qui la dépasse. Le monde des anges nous est moins familier, faut-il pour autant nier leur existence ? L’armée céleste représente ces êtres non terrestres, ces êtres participants du monde divin qui ne nous est pas perceptible directement,… L’ange est le messager de Dieu, comme la racine grecque de son nom nous le désigne. Quelle est son apparence ? Nous n’en savons rien. Il est envoyé par Dieu, il est porteur d’un message. Là est l’essentiel. Le texte aujourd’hui nous montre la communion rétablie entre ciel et terre par la venue de Jésus. Le ciel étant vu comme le lieu de Dieu (non point le lieu physique, il va sans dire), et la terre le lieu de l’humanité. Avec Jésus, ciel et terre sont unis, reliés,… le monde divin est ouvert à l’homme ! La multitude d’anges qui soudain survient, entraîne la terre dans une hymne de louange. Saint Ignace enseignera que l’homme est créé pour louer, aimer et servir Dieu. Les anges sont déjà entrés en cette mission, et y invitent.

Gloire à Dieu dans les hauteurs
La base de notre chant liturgique : le Gloria, est ici donnée. La liturgie nous invite au cours de l’eucharistie à ce chant : Gloire à Dieu. Chant typique du temps de Noël, qui s’est poursuivi ensuite durant le reste de l’année liturgique. Nous sommes invités à la fête, à chanter les merveilles réalisées par l’amour de Dieu.

Et sur la terre paix aux hommes de sa bienveillance.
La paix est un don de Dieu, mais encore faut-il que ce don soit accueilli ! Aux hommes qu’il aime Dieu donne sa paix. Non point à quelques-uns seulement mais à tous, il donne sa paix car il les aime tous. L’universalité du don de Dieu est ici évoquée discrètement.

Aujourd’hui Seigneur, avec la multitude des êtres qui t’environnent je veux te louer, te bénir, te dire toute ma reconnaissance pour ta venue en notre humanité. Aujourd’hui je veux tout simplement m’ouvrir à cette paix que tu nous offres.

samedi 7 janvier 2012

Un signe pour vous

Et ceci le signe pour vous : vous trouverez un bébé emmailloté et couché dans une mangeoire.
      Luc 2,12

Viens Esprit de Dieu, ouvre les yeux de nos cœurs,
Que nous reconnaissions Jésus en son humilité
Que nous découvrions aujourd’hui encore son visage

Et ceci le signe pour vous :
Lors de l’apparition de l’ange, Zacharie a pris la parole et interrogé (1,18), de même Marie (1,34). Ici les bergers restent muets. A Zacharie dont la question témoigne d’une non-foi est donné pour signe : son mutisme. A Marie, est annoncée la maternité prochaine de sa cousine Elisabeth, qu’on appelait stérile. Ici, l’ange donne explicitement un signe aussi. Il dit clairement qu’il s’agit d’un signe.

vous trouverez
Il ne fait pas de doute un seul instant, que les bergers vont voir le signe : vous trouverez leur dit l’ange !

un bébé emmailloté et couché dans une mangeoire.
Mais la description du signe est pour le moi surprenante : l’ange décrit exactement la naissance telle que racontée au v 7. Rien, absolument rien de merveilleux comme signe. La simple description de la réalité : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ! Le signe de l’entrée de Dieu dans le cours de l’histoire humaine, est le réalisme de l’incarnation. Le contraste est marqué : l’ange vient d’annoncer la naissance du Sauveur, qui est Christ (c'est-à-dire Messie) et Seigneur. Le signe, un tout petit, enfanté dans les conditions de pauvreté et d’humilité qui devaient être celles même des bergers qui reçoivent l’annonce.

Regardez cet enfant, et croyez ! Les juifs demandent des signes, les grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens… mais pour ceux qui sont appelés, juifs et grecs, c’est le Christ puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes (1 Co 1, 23 sv). Ce message de saint Paul contemplant la croix de Jésus, pourrait aisément être transposé en contemplant la naissance de Jésus. Ce pourrait clairement être le message des bergers !

Aujourd’hui, je regarde cette folie de Dieu, plus sage que nos rêves sur Dieu, cette faiblesse de Dieu plus forte que nos désirs d’un Dieu tout-puissant…

Le signe de la naissance du Sauveur, Christ et Seigneur : lui-même ! L’enfant couché dans la mangeoire.

Silence devant ce signe, devant ce petit…

vendredi 6 janvier 2012

Aujourd'hui, une grande joie

Et l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie qui sera pour tout le peuple : aujourd’hui dans la cité de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur ».
   Luc 2, 10-11

Viens Esprit de Dieu ouvre nous à cette joie
Viens Esprit de Dieu fais nous entrer en cet aujourd’hui du salut

Et l’ange leur dit : « Ne craignez pas,
Comme à Zacharie, et à Marie, les premiers mots du messager de Dieu sont des mots qui apaisent, qui rassurent : ne craignez pas ! Le Dieu qui vient est un Dieu sauveur, un Dieu ami de l’homme.

car voici je vous annonce une bonne nouvelle,
Voici : ce petit mot n’est pas un passe-partout sans profonde signification, il attire l’attention sur le moment présent, sur ce qui est donné à vivre en ce lieu, en ce temps, sur la présence divine qui change définitivement le cours de l’histoire, sur la révélation qui est faite en ce présent.
On pourrait traduire voici je vous évangélise : c’est un seul verbe grec qui est en effet rendu par « annonce une bonne nouvelle ». Ce terme qui a donné le titre même des 4 évangiles, paraît déjà dans Isaïe 61,1 : L’Esprit du Seigneur est sur moi,… il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… Gabriel avait décrit sa mission à Zacharie en ce même terme (Luc 1,19).  Jésus dans son discours inaugural à la synagogue de Nazareth utilisera ce verset d’Isaïe pour décrire sa mission. Ainsi, la venue du Royaume de Dieu est d’abord et avant tout annonce d’une bonne nouvelle.

une grande joie qui sera pour tout le peuple
Jean-Baptiste avait été annoncé comme source de joie (Luc 1,14). A ces bergers qui veillent dans la nuit, l’ange porte la joie ! et pas une petite joie éphémère, mais une grande joie ! qui est pour eux, mais aussi pour tout le peuple ! Une joie appelée à se répandre !

 aujourd’hui
Saint Luc insiste sur l’aujourd’hui du salut de Dieu. Ce mot « aujourd’hui », revient particulièrement en son œuvre. C’est le point de rencontre entre l’histoire des hommes et l’éternité de Dieu. C’est ce même aujourd’hui que nous chantons dans la liturgie, et qui nous fait contemporain de l’événement célébré.

dans la cité de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur ».
Sauveur, c’est tout particulièrement un nom de Dieu. Pas d’autre Sauveur que moi avait dit Dieu par la parole d’Isaïe (voir par exemple Isaïe 45)
Parfois au long de l’histoire du peuple de Dieu, certains juges ont été appelés Sauveur, mais c’était comme par délégation. Le seul et unique Sauveur, c’est Dieu lui-même. Et voici que l’ange annonce que Dieu, sauveur, vient de naître ! L’annonce est quelque peu déroutante ! On aurait attendu qu’il descende du ciel adulte au moins ! et non, voici que sa naissance est annoncée à des bergers dans la nuit, aux alentours de Bethléem, cité de David.

Seigneur donne-moi un cœur de veilleur, qui accueille ta bonne nouvelle. Seigneur enchante-moi de ta joie, que je puisse la répandre ! Fais-nous vivre en cet aujourd’hui où tu nous offre le salut.

jeudi 5 janvier 2012

Des bergers

Et dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient aux champs et veillaient durant les veilles de la nuit sur leur troupeau. Et un ange du Seigneur survint devant eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils craignirent d’une grande crainte.
      Luc 2, 8-9

Viens Esprit de Dieu, enseigne nous la venue de Jésus
Viens Esprit de Dieu illumine la nuit de notre terre

Et dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient aux champs
Nous sommes du coté de Bethléem, ville de David. David était berger avant d’être choisi par Dieu comme roi pour son peuple. On attendait un messie qui serait le berger du peuple, et Dieu lui-même s’est présenté comme le berger de son peuple (voir par exemple Ezéchiel 34). L’autre aspect de cette image des bergers : ils sont mal vus dans la société, leur métier empêche qu’ils suivent scrupuleusement les préceptes de la loi. Ils ne sont pas reconnus témoins valables en cas de procédure judiciaire, pas plus que les femmes. Et ce sont eux qui vont être choisis pour témoins de l’incarnation, et les femmes pour témoins de la résurrection… Les témoins accrédités par Dieu ne sont pas ceux choisis par les hommes !

et veillaient durant les veilles de la nuit sur leur troupeau.
La veille, la vigilance est un des traits majeurs de la mission du berger dans la nuit : monter la garde pour éviter une attaque, qu’elle vienne d’un voleur ou d’une bête féroce.

Jésus ne cessera de nous inviter à la vigilance pour attendre sa venue ! Veillez, vous ne savez ni le jour ni l’heure… Le berger, éveillé dans la nuit est attentif au moindre signe.

Et un ange du Seigneur survint devant eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils craignirent d’une grande crainte.
On avait vu Gabriel venir au Temple pour rencontrer Zacharie, on l’avait vu se glisser dans une humble maison de Nazareth pour porter l’annonce à Marie puis se retirer. Voici un ange à nouveau, Luc ne nous le présente pas plus. Le voici, en un lieu inattendu, à une heure tardive : aux milieux des champs, la nuit. Il survint… et la gloire les enveloppa de lumière. On aurait attendu la gloire au Temple, pour accompagner la venue de l’ange, on aurait attendu la gloire autour de l’ange… voilà la manifestation de la gloire, c'est-à-dire de Dieu, qui enveloppe de lumière non point l’ange, mais les bergers… l’art d’annoncer que notre Dieu est bien celui qui comme le dit la chanson met tout à l’envers.

Et ils craignirent d’une grande crainte
On peut comprendre… Zacharie et Marie avant eux avait été saisis de crainte devant l’apparition de l’ange. Une crainte qui est réaction humaine à la manifestation divine, pas tant peur qu’infini respect, stupéfaction, émoi…

Je regarde ce tableau peint par Luc, ces bergers veillant paisiblement sur le troupeau au plus profond de la nuit, puis l’irruption de l’ange, et la lumière qui les enveloppe…

Seigneur, tu viens ainsi dans la nuit de notre monde, et les veilleurs reçoivent ton ange. Tandis que tu nais à Bethleem dans le calme d’une étable, et que tu es couché dans une mangeoire, entouré des soins de ta mère, dans la nuit, dans la simple humanité de ce foyer d’humbles ;  des bergers reçoivent la visite de l’ange. Et la lumière brille pour eux, les enveloppe. Que ta venue aujourd’hui encore illumine ceux qui veillent dans la nuit !  

mercredi 4 janvier 2012

Elle enfanta son fils

Et il arriva, pendant qu’ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle enfanta son fils premier né, elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car ils n’avaient pas lieu dans la salle commune.
   Luc 2,6-7

Viens Esprit, toi qui fais toutes choses nouvelles,
Viens Esprit, toi éternelle enfance et innocence de Dieu
Viens Esprit, féconde notre terre

Et il arriva,
Cette expression revient comme un refrain, après avoir ouvert le chapitre 2. Elle dit toute la solennité de l’événement… étrange contraste avec le concret des faits : une mère qui enfante, dans la pauvreté…

pendant qu’ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter.
Là, c'est-à-dire à Bethléem, c'est-à-dire dans leur patrie d’origine, mais non dans leur habituel de résidence… ils ne sont pas vraiment chez eux, et dépendent de l’accueil qui leur est fait…
Les versets nous ont situés l’instant dans la grande histoire, reliant les jours au règne de César Auguste… Et voici que dans ces jours, s’accomplissent les jours où une jeune femme doit enfanter. Le verbe accomplir revient un peu comme un refrain dans ces récits. Indiquant discrètement, que les événements arrivent à leur heure, c’est l’heure pour Marie d’enfanter, c’est l’heure pour Dieu de s’incarner, de venir exaucer l’attente messianique. C’est l’heure pour Dieu de venir partager notre humanité ! Nous l’aurions attendu dans un palais ? Nous l’aurions attendu dispensé de l’enfance et de la croissance, nous l’aurions attendu tout-autre. Le voici, semblable à nous, enfanté tout simplement, dans la pauvreté !

 Et elle enfanta son fils premier né,
Les mots sont simples, le récit est sobre, et ils nous disent pourtant l’inouï. L’annonce de Gabriel à Marie se réalise. Voici celui qui sera grand, qui sera appelé Fils du Très-Haut… l’être saint qui va naître sera appelé Fils de Dieu. Nous sommes à Bethléem, avec un couple en exode, pour aller se faire recenser, se conformant à l’édit de l’empereur… les jours d’enfanter qui sont là, tandis qu’ils font route…
Le fils est dit premier né… cette allusion prépare peut-être le récit de la présentation au Temple où il sera rappelé. Tout premier né de sexe masculin sera consacré au Seigneur (2,23).

elle l’emmaillota,
Marie semble seule pour accueillir l’enfant, et poser les premiers gestes de soin. Elle l’emmaillote comme on le fait à son époque, dans sa culture. Réalisme de l’Incarnation…

et le coucha dans une mangeoire,.
Nous sommes à Bethléem, « maison du pain », et l’enfant est couché dans une mangeoire… lui qui se dira pain de vie !
Au bout de l’évangile, d’autres rendront ces gestes au corps de Jésus, ils l’envelopperont dans un linceul et le coucheront dans un tombeau. De la naissance à la mort, Jésus partage notre humanité.

car ils n’avaient pas de lieu dans la salle commune
On a régulièrement médité sur ce pas de lieu, en moralisant, sur notre manière de ne pas accueillir… il faut peut-être lire d’abord simplement, qu’en un lieu déjà occupé, il est difficile de trouver place pour enfanter, et pour coucher un petit nouveau-né. On imagine mal mettre au monde dans une salle peuplée… Dès lors Joseph et Marie ont pu chercher un lieu plus approprié. Comme ils font partie du petit peuple, ils ne peuvent espérer trouver chez les grands de ce monde, ils partagent la condition des petits, des pauvres…

Seigneur, tu as choisi de t’incarner, de rejoindre notre humanité. Tu as choisi de venir pauvre parmi les pauvres, de tout partager de notre condition humaine depuis la naissance jusqu’à la mort. Si nous avions imaginé ton histoire, sans doute aurions-nous dessiné une belle maison, une assistance aidante autour de Marie, un berceau qui attend… Tu viens, tu entres dans notre histoire, tout pauvrement, tout humblement, sans bruit. Toi, le Messie attendu par tout un peuple durant de longs siècles, tu entres en silence dans notre histoire.

Donne-moi de t’accueillir. Ah si mon cœur pouvait devenir crèche, Dieu pour moi se ferait petit enfant, soupirait Angelus Sidélius.

Seigneur, en voyant l’humilité de ta venue parmi nous, ton choix de pauvreté, ton choix de partager notre condition, tu m’invites à t’ouvrir ma vie, sans réserve, aussi pauvre soit-elle.

Je te rends grâce.