mercredi 29 février 2012

L'Esprit du Seigneur est sur moi

Et lui fut remis le livre du Prophète Isaïe, et ayant déroulé le livre, il trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur.
    Luc 4, 17-19

Viens Esprit du Seigneur, repose sur nous, qui aujourd’hui recevons cette parole
Viens Esprit de Jésus, donne-nous d’accueillir sa venue en nos vies
Viens Esprit de Jésus, révèle nous notre mission

Et lui fut remis le livre du Prophète Isaïe, et ayant déroulé le livre, il trouva le passage où il est écrit :
Luc fait comme un arrêt sur image en ce verset… il marque la solennité de l’instant, en nous faisant voir les gestes l’un après l’autre. La remise du livre, le déroulement de celui-ci, l’arrêt sur un passage. Je regarde cet accueil et cette ouverture du livre. De même nous, aujourd’hui, quand nous ouvrons le Livre, nous pouvons l’accueillir par tout notre être, faire acte de foi, de respect, avant même de nous attacher à la lettre qui va nous être donnée, pour qu’en jaillisse l’Esprit.

Lui fut remis le livre : par qui ? le servant préposé à cela dans le culte. Oui. Mais dans ce passif, je peux lire aussi, comme la main du Père. Qui lui donnant le livre, lui donne aussi le passage et dans le passage sa mission.

Du prophète Isaïe : le passage qui va être lu vient principalement de Is 61,1 et suivants, mais accueille quelques versets venant d’ailleurs (Is 35, 5 ; 42, 7 ; 58,6)

Il trouva le passage : Cela donne l’impression que Jésus choisit ce passage, et non qu’il tombe par hasard dessus,  mais c’est une impression. Rien ne confirme ou n’infirme…
Puis Luc nous donne le texte qui est lu. Mais étonnement, après avoir mis tant de solennité et de précision dans la remise et l’ouverture du livre, il ne dit pas : Jésus se mit à lire, ou à proclamer… il cite le texte directement. Comme si les paroles n’étaient plus une lecture, mais une parole directement dans la bouche de Jésus, une parole sienne, et quelle parole :

 L’Esprit du Seigneur est sur moi, (Is 61,1)
A nouveau la présence de l’Esprit, il a accompagné la maternité de Marie, il  était sur Jésus lors du baptême par Jean, Jésus était rempli de lui tandis qu’il est allé au désert, et c’est dans la puissance de l’Esprit qu’il a entamé son ministère en Galilée… Importance de cette présence de l’Esprit qui accompagne chacun de ses instants. Il peut de même accompagner chacun des nôtres, si nous nous y ouvrons.

parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres.
Conscience d’une consécration, d’une mise à part pour Dieu, pour une mission. L’onction était conférée au roi, au prêtre, au prophète. Et cette mission est l’annonce de la bonne nouvelle, de l’évangile, aux pauvres. Les premiers destinataires de l’évangile de Jésus, ce sont les pauvres. Pauvres matériels, pauvres spirituels, ceux qui ont les mains et le cœur ouverts. Dieu a souci d’eux. Tu écoutes Seigneur le désir des pauvres, tu rassures leur cœur, tu les écoutes… chantons-nous dans les psaumes.

 Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés,
À tous ceux qui souffrent d’enfermement une délivrance, une libération est annoncée, et opérée.

proclamer une année de grâce du Seigneur.
L’année du Jubilé tel qu’il est présenté dans NT, est une année où la liberté est rendue aux esclaves, où chacun retrouve sa terre… (cf Lévitique 25, 10…)
Le texte d’Isaïe poursuit en annonçant un jour de vengeance, mais Luc ne reprend pas cette partie de l’annonce.

J’accueille ces paroles comme venant de la bouche même de Jésus.
J’accueille ce désir de Dieu de rencontrer les pauvres, les petits, pour les libérer, pour leur rendre la lumière.
Il me faut ouvrir mon cœur, mes zones d’ombres, pour accueillir cette parole
Viens Seigneur m’évangéliser !

mardi 28 février 2012

A Nazara

Et il vint à Nazara, où il avait été élevé, et entra selon sa coutume, dans la synagogue, au jour du sabbat, et se leva pour lire.
                   Luc 4,16

Viens Esprit de Dieu, donne-moi d’accueillir la Parole. Donne-moi d’entendre Jésus faire la lecture ! que je sois enseignable !

Et il vint à Nazara
En Luc 1, nous avions vu l’ange envoyé par Dieu à Nazareth, près de Marie, lors de l’Annonciation. Pourquoi ce changement de nom ? je ne sais. La Bible de Jérusalem indique tout simplement que c’est une forme rare de ce nom. Cette ville de Galilée n’avait aucune aura à cette époque. De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? s’était exclamé Nathanaël (Jn 1,46)

Où il avait été élevé
C’est dans cette bourgade que Jésus a passé son enfance, qu’il a été élevé… réalisme de l’incarnation. Jésus a un village d’enfance, et une enfance comme tous les petits nazaréens de son temps. Il est connu là, comme un des leurs. Il y a appris à marcher, à parler, il aura partagé le travail de Joseph… Marie sa mère lui aura appris à prier !

Et entra selon sa coutume dans la synagogue, le jour du sabbat
Là aussi il a appris la foi de ses pères, il a appris l’écoute attentive de la Parole. Je le vois ici, observant de la loi, participant à la vie religieuse de son peuple. Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir, dira-t-il un jour.

Et se leva pour lire
Tout homme juif pouvait ainsi prendre part au culte synagogal et faire la lecture de l’Ecriture. Je regarde Jésus se lever au milieu de ses frères de race, de ses pairs dans la foi. Ce n’est sans doute pas la première fois qu’il se lève ainsi ! Dans le livre des Actes, nous trouverons de même les disciples de Jésus se rendant à la synagogue. (Ac 9,20 ; 13,5…) En Ac 13,15-16 Paul est invité à prendre la parole, ici Jésus a l’initiative semblerait-il ce qui rend le geste plus impressionnant !

Seigneur, aujourd’hui encore dans nos liturgies tu viens à notre rencontre, explique-nous le message de grâce dont tu es porteur, ouvre mon cœur à ta parole de lumière.

lundi 27 février 2012

Avec le dynamisme de l'Esprit

Reprise Luc 4,1-15

Viens Esprit de Jésus, viens lire en moi la Parole
Viens Esprit de confiance au Père,
viens chanter en nous la filiation reçue lors de nos baptêmes.
Viens Esprit de Jésus, sois en nous rempart contre la tentation.

Seigneur, en priant cette parole, je te reçois, compagnon de nos routes incertaines.

Tu as été baptisé par Jean, d’un baptême de conversion, te joignant au peuple en attente d’un salut, tu as partagé notre condition humaine. Et le Père, en ce baptême, t’a dit tout son amour, t’a comblé de son Esprit, t’engendrant pour la mission qu’il t’a confiée.

Tu es allé au désert, rempli de l’Esprit. Tu as ainsi partagé le désert de nos vies, affronté la tentation, et tu as été victorieux. Je te vois, fort de la présence de l’Esprit, abandonné en la main du Père, tu lui fais confiance pour traverser la faim, tu refuses de le tenter. Tu crois en son amour, tu crois en sa Parole, et tu n’exiges nulle preuve. Trace en nous le chemin de la foi, de l’espérance.

Quittant le désert, tu as accueilli ta mission, tu as parcouru nos routes humaines, annonçant le Royaume, là où l’Esprit t’a entraîné. Donne-nous de porter ton salut, là où tu nous envoies.

Seigneur que ce temps de carême, nous soit temps de conversion, de retour à toi, d’accueil de ton Esprit, pour vivre dans la confiance sous le regard du Père. Fortifie en nous la grâce de notre baptême.

dimanche 26 février 2012

Renommée

Et Jésus revint en Galilée dans le dynamisme de l’Esprit, et sa renommée se répandit dans toute la contrée. Et il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous.
           Luc 4, 14-15

Viens Esprit de Jésus, viens faire de moi un cœur qui écoute la Parole
Un cœur qui se laisse toucher par elle, pour en vivre !

Et Jésus revint en Galilée dans le dynamisme de l’Esprit,
Jésus a passé 40 jours au désert, il y a affronté le diable, le tentateur. Et le diable vaincu s’est retiré. Jésus revient en terre habitée, en Galilée. La Galilée c’est la patrie initiale de Jésus, la région de Nazareth, du lac de Galilée… Et Luc note qu’il revient, dans la force de l’Esprit, dans son dynamisme, sa puissance. Luc insiste ainsi sur la présence de l’Esprit tout particulièrement lors de commencements. L’Esprit était là à l’annonciation, pour prendre Marie sous son ombre. Il était là au Jourdain, lors du baptême de Jésus. C’est lui qui a mené Jésus au désert, le voici présent tandis que Jésus inaugure sa mission, sa prédication. Jésus ne fait jamais rien sans cette communion au Père, sans cet amour qui le relie au Père, qu’est l’Esprit.

et sa renommée se répandit dans toute la contrée.
A peine sorti de sa lutte au désert, à peine inaugurée sa prédication, une rumeur se répand à son sujet. La présence de l’Esprit donne à sa Parole une force nouvelle. Il ne parle pas comme tous les autres rabbis de son temps, constateront les personnes qui l’écoutent.

 Et il enseignait dans leurs synagogues,
Pour Luc la première mission de Jésus, est la prédication. Luc ne nous dit pas quelle est sa prédication, il nous en donnera un modèle dans le récit suivant. Ici, il se contente de noter que Jésus enseigne, et qu’il le fait dans le lieu officiel d’enseignement de son temps : la synagogue. Là se déroulait la liturgie du peuple juif, la lecture de la Parole, ensuite commentée, et puis la prière.

glorifié par tous.
 La renommée de Jésus s’étend. Il est loué par tous !!! Le diable voulait donner à Jésus toute gloire et tout pouvoir sur les royaumes de la terre, à condition que Jésus accepte de lui être asservi. Jésus a refusé… et voici qu’il est glorifié par tous !
En se mettant au service de la Parole, en accueillant pleinement l’Esprit qui lui est donné, il acquiert une parole d’autorité, qui le fait reconnaître par tous.

Seigneur Jésus, donne-moi de t’écouter en esprit et vérité.
Permets que toute ma vie soit placée sous la mouvance de ton Esprit.

samedi 25 février 2012

le diable s'éloigna...


Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit: « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore: Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. 
      Luc 4, 5-13

Viens Esprit de Jésus, viens vivre en moi ce mystère de Jésus au désert
Viens Esprit de Jésus, viens nourrir en moi la foi en la victoire de Jésus et l'espérance de notre victoire en lui

Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Plus haut.... en un instant... c'est vraiment notre univers, toujours plus, et en un clin d'oeil tout à portée du regard. Tous les royaumes... 

Il lui dit: « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » 
Promesse de tout posséder... à condition de se laisser posséder ! Promesse de gloire et pouvoir, à condition de démissionner de soi, de livrer sa liberté en servitude, d'un tyran. 
Tout lui a été remis, livré... par qui? A l'aube de la création, Dieu avait tout donné à l'homme, tout confié... Comment cela fait-il que c'est remis, livré, aux mains du malin... comment a-t-il sifflé en nos oreilles, pour obtenir que tout lui soit remis ! Il a rendu esclave du pouvoir, de la gloire. Il a enchaîné nos libertés dans des convoitises asservissantes... 

Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Jésus a écouté sans interrompre, sans mettre un halte-là... mais sans se laisser atteindre non plus. Il répond, et le fait d'une manière détachée... il ne parle pas de la question de pouvoir et de gloire,... il répond sur la condition posée: se prosterner devant le diable. Là  Jésus ne peut se taire, il ne peut rappeler, qu'il est un seul Seigneur, devant qui l'homme peut se prosterner, un seul Seigneur à qui il peut rendre un culte: le Dieu de l'alliance! Le Seigneur ton Dieu comme l'Ecriture le nomme. Un Dieu qui au lieu d'écraser, dominer, tout accaparer pour lui, a noué alliance. Un Dieu qui a voulu l'homme partenaire. Se prosterner devant lui sera geste d'amour, comme Jésus aux pieds de ses apôtres et non geste d'asservissement, d'avilissement. Jésus répond en obéissance et écoute de la Parole de Dieu. Il ne répond pas de son propre fond, mais bien de sa lecture de la Parole.    

Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder et encore: Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Toujours plus haut, toujours plus provocant... le diable veut vraiment mener Jésus à sa perte. Jésus lui a répondu par deux fois en revenant à la Parole de Dieu. Le diable le rejoint sur le terrain de la Parole, et cite le psaume 90 ! Jésus a répondu en rappelant la relation à Dieu. Le diable enchaîne et revient à la parole entendue lors du baptême: fils de Dieu ! Si tu es fils de Dieu, manifeste cette relation privilégiée que tu as avec lui, manifeste combien le Père prend soin de toi, te protège... N'ayant pas réussi à assujettir Jésus, à le placer sous sa coupe, il essaie de pervertir sa relation au Père....  

Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » 
Jésus une fois de plus répond en s'appuyant sur l'Ecriture. Une fois de plus, il répond en ce qui concerne le rapport à Dieu, sans répondre à l'attaque directement tournée vers lui. Il n'entre pas dans la revendication de son titre "Fils de Dieu", il ne discute pas cette question, il lutte pour le respect de la relation au Père. Ne pas l'éprouver ! 

Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Impressionnante la sérénité après le combat. Le diable s'éloigne sans demander son reste... vaincu. 
Impressionnante l'affirmation de Luc: ayant épuisé toutes les formes de tentation ! 

Seigneur, je rends grâce pour ta lutte contre le diable, pour ta manière de partager notre condition humaine, et d'y être pour nous chemin, vérité, vie. 
Apprends-moi à lire, écouter, méditer ta Parole pour en vivre, que toujours ton Esprit vienne la lire en moi, que je ne la pervertisse pas, ne l'utilise pas... mais au contraire, que je me laisse enseigner par elle. 


vendredi 24 février 2012

Pas seulement de pain

 Et Jésus lui répondit : Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que vivra l’homme.          
    Luc 4,4

Viens Esprit de Jésus, creuse en moi la faim de toi
Viens Esprit de Jésus, ouvre mon cœur à ta parole

Et Jésus lui répondit : Il est écrit                                                   
Pour répondre à la suggestion du diable qui le tente, Jésus s’appuie sur la Parole de Dieu. Il s’appuie sur l’Ecriture. Il confronte la suggestion du diable à la Parole de Dieu. Voici pour moi dans le désert de ce jour, un bel outil de discernement. Tout en comptant aussi qu’il faut connaître l’Ecriture, et savoir la lire. La tentation du fondamentalisme peut nous faire lire de travers. D’où l’importance de lire en Eglise.
Ici, Jésus pétri de la Parole, peut s’appuyer sur elle pour répondre à la suggestion.

Ce n’est pas seulement de pain que vivra l’homme
Jésus a faim. Le diable le tente, en lui proposant de satisfaire cette faim. Jésus répond : il y a une faim plus grande encore, il y a une nourriture plus nécessaire encore que le pain, pourtant pain quotidien, nourriture de base.
Quelle est-elle ? Jésus ne le dit, mais le tentateur doit comprendre. Et le lecteur nourri de la Parole aussi. Jésus cite un passage du livre du Deutéronome (le livre qui accompagne la marche au désert) au chapitre 8,2-3. Souviens-toi de tout le chemin que t’a fait faire le Seigneur ton Dieu, pendant 40 ans au désert, afin de t’humilier, de t’éprouver, et de savoir ce qu’il y a dans ton cœur : si tu gardes ses commandements ou non. Il t’a humilié, il t’a affamé, et il t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas, que tes pères n’avaient pas connue, pour te faire savoir que l’homme ne vit pas seulement de pain : ce qui sort de la bouche du Seigneur, voilà de quoi l’homme vit.

Voilà de quoi vit Jésus au désert : de la parole de son Père. Voilà ce qui lui est plus important que le pain dont pourtant comme tous les humains, il a besoin.
Jésus vit de la Parole du Père. En méditant les Ecritures qu’il a apprises depuis son enfance. En méditant aussi cette parole reçue du Père, juste avant son départ au désert : Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré (Luc 3,22). Voilà la Parole qui rassasie son cœur tandis qu’il traverse la solitude du désert, l’épreuve de la tentation. Plus encore que d’une parole écrite, il vit de ce qu’exprime cette parole : un amour ! Son passage au désert, lui donne de vivre l’expérience que le peuple d’Israël a connue au désert avec Moïse : apprendre ce que cela signifie être peuple de Dieu, et pour Jésus, être enfant du Père.

Apprendre à se recevoir des mains d’un Père aimant.
Et si c’était là, l’invitation de ce carême !

Seigneur, apprends-moi à vivre avec Jésus, sous ton regard. Que ton Esprit m’apprenne à dire Père, et à me recevoir de ta main !

jeudi 23 février 2012

Si tu es Fils de Dieu

Or le diable lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne un pain. »
    Luc 4,3

Viens Esprit de Jésus, viens discerner en moi les pensées, que j’écoute ta parole
Viens Esprit de Jésus, libère-moi de mes chaînes !

Or le diable lui dit :
Le diable, le diviseur, le tentateur. Luc le nomme, mais ne le décrit pas. Il nous dit son action : il suggère à l’intime, tente de convaincre d’une autre voie, que celle de Dieu. Le diable dit, il parle, il n’a pas d’autre pouvoir, il est en son pouvoir de tenter, de suggérer, mais la liberté de l’homme est telle, qu’il ne peut contraindre !

 « Si tu es Fils de Dieu,
Comment tente-t-il ? il part d’une  réalité, d’une donnée claire (Luc 3,21-22) : voyons, tu as reçu le baptême de Jean. Tu as entendu la voix du Père, il t’a dit : Tu es mon fils. Alors tu es Fils de Dieu. Pas vrai ? Ainsi le tentateur part du vrai, par sa suggestion, il invite à répondre : oui, je suis fils de Dieu, en cela tu dis vrai !

dis à cette pierre qu’elle devienne un pain. »
Ensuite il constate une autre réalité : Jésus a faim (4,2). Voici quarante jours qu’il vit au désert, il a faim, quoi de plus normal ! Alors il continue sa suggestion : Et bien, si tu as faim, il faut manger, et donc te procurer du pain. Or tu vois bien ici, tu es en plein désert, il n’y a que des cailloux !

Et le diable d’associer ses deux constats : tu es Fils de Dieu, et tu as faim. Alors donne-toi à manger ! Dis à cette pierre qu’elle devienne un pain. Use de ton pouvoir. Tu es Fils de Dieu, alors tu peux par une simple parole résoudre la situation ! Cela fait 40 jours que tu jeûnes, tu vois bien qu’il n’y a rien d’autre à faire, que d’agir ! Tu vois bien que le miracle de la manne au désert, il faut que tu le mettes en branle toi-même !

Je regarde cette suggestion du diable : un refus de consentir au manque, une invitation à se servir soi-même (après tout on n’est jamais mieux servi que par soi-même pourrait dire le malin ! ), une invitation à privilégier sa condition de fils de Dieu plutôt qu’à partager notre condition humaine, une invitation à se passer du Père.

Seigneur, apprends-moi à discerner en moi, les suggestions du malin, à les démêler, pour te laisser prononcer une parole dessus, une parole qui soit vie. Aide-moi à « déplier » mon cœur, mes pensées sous ton regard, à discerner les pensées qui viennent de toi, de celles qui viennent du diable, ce diviseur qui veut m’écarter de toi, m’écarter de moi, m’écarter de mes frères et sœurs !  

mercredi 22 février 2012

Il eut faim

Il ne mangea rien durant ces jours-là et, quand ils furent achevés, il eut faim.
    Luc 4, 2b

Viens Esprit de Jésus, fais-nous entrer en ce jeûne,
Viens Esprit de Jésus, comble-nous de ta présence

Il ne mangea rien durant ces jours-là
Voici que nous entrons en carême, et c’est ce verset que nous recevons à méditer. Invitation à partager le jeûne de Jésus.
En Exode 34,28 : il nous est rapporté que Moïse demeura sur la montagne, avec le Seigneur, 40 jours et 40 nuits, sans manger ni boire, tandis qu’il écrivait les paroles de l’alliance.
En 1 Rois 19, 8 : Elie, après avoir reçu d’un ange du Seigneur, une nourriture réconfortante, marcha 40 jours et 40 nuits jusqu’à la montagne de Dieu, l’Horeb.
En Deutéronome 8,2-4 je vois tout le peuple de Dieu, en marche durant 40 ans dans le désert, connaissant la faim.
Quel sens a le jeûne ? Ne nous fait-il pas revenir à une juste considération de nos existences ? La nourriture, qui donne de vivre, n’est-elle pas fondamentalement don de Dieu, à recevoir dans la confiance, à partager dans l’amour. En jeûnant, ne sommes-nous pas conviés à nous remettre de manière consciente en la mouvance de l’Esprit, en la reconnaissance que notre vie est dans la main de Dieu, que de lui nous avons tout reçu. Jésus qui est profondément uni au Père, se confie ainsi à lui, à l’aube de sa mission. Le jeûne est alors acte de foi, disposition de soi en présence de Dieu, dans l’abandon à sa main.

Jésus empli de l’Esprit peut en ces jours-là vivre une intimité profonde avec son Père. Recevoir de lui sa mission…

Quand ils furent achevés il eut faim
Jeûner, refuser de mettre la main sur les aliments, de les accaparer, laisser un temps la faim creuser son chemin en nous…
Jésus a connu la faim. Il a partagé notre humanité, son corps était de chair et de sang, marqué par les besoins naturels que connaît tout homme.
Il eut faim.

Je te regarde Jésus en ce creusement de ton être, dans le silence du désert, en présence du Père, en la conduite de l’Esprit.

Fais-moi la grâce Seigneur, de vivre ce temps de carême, ce temps de désert, de jeûne, avec toi.

mardi 21 février 2012

Au désert

Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain et fut conduit, dans l’Esprit, au désert, où il fut tenté par le diable pendant 40 jours.
   Luc 4, 1-2a

Viens Esprit de Jésus, viens emplir nos cœurs
Viens Esprit de vie, conduis-nous sur la route du désert, affermis nos pas.

Jésus, rempli d’Esprit Saint, revint du Jourdain
Jésus a été baptisé au Jourdain, des mains de Jean. Sur lui l’Esprit est venu, et le Père l’a proclamé son Fils bien-aimé. Jésus s’éloigne des rives du Jourdain, il ne devient pas disciple du Baptiste. Il est empli de l’Esprit Saint et se laisse conduire par l’Esprit. L’Esprit menait ainsi les prophètes, dans le Premier Testament, la Sagesse a conduit les saints déclare le livre de la Sagesse quand elle relit l’histoire du peuple de Dieu. Mais ici, Jésus non seulement reçoit l’Esprit, il est rempli d’Esprit Saint, il y a communion totale, plénière.

Luc avait écrit quelques versets plus haut, lors du baptême de Jésus, tandis qu’il priait, que l’Esprit descendit sur lui. Il insiste maintenant, Jésus est rempli d’Esprit Saint, il est habité par lui, pleinement, totalement.

et fut conduit, dans l’Esprit, au désert,
Jésus se laisse conduire par l’Esprit, il est en pleine communion avec le Père. Tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu, écrit saint Paul aux Romains (8, 14). Nous pouvons participer à ce mystère de la vie de Jésus au désert. N’est-ce pas l’invitation que nous recevons au carême plus particulièrement ? n’est-ce pas l’invitation de la vie monastique ? l’invitation de toute démarche de retraite ? l’invitation de toute entrée en prière ? Etre conduit par l’Esprit, au désert.
Dans la Bible, le désert est ambivalent. Il est le lieu du dépouillement, extrême. Il est par ce dépouillement, lieu d’épreuve et de tentations, où nous sommes invités à compter sur Dieu seul, à nous fier à lui, en nous défaisant de nos idoles. Le désert est aussi le lieu des fiançailles avec Dieu, le lieu de la rencontre personnelle, intime, avec lui. Le lieu où il vient nous parler cœur à cœur. (cf Os 2,16 par exemple). Le désert est lieu de naissance du peuple de Dieu (cf l’Exode, le Deutéronome…).

 où il fut tenté par le diable
Tenté, mis à l’épreuve… oui, le désert nous confronte à un dépouillement, il met à nu nos intentions, nos désirs, il nous révèle à nous-mêmes, et nous donne de poser clairement nos options de vie. Le désert, est le lieu de l’épreuve, un lieu que les anciens ont vu habité par le diable. Qui est ce personnage ? pas vraiment un être cornu à la queue fourchue, tel qu’on le trouve représenté sur les chapiteaux romans. Nous ne savons pas grand-chose, et il faut sans doute plutôt fixer nos regards sur Dieu, plutôt que sur lui. Son nom est révélateur. Il est dit, diable, ce qui vient de la racine grecque signifiant le diviseur ! Au contraire du symbole qui rassemble, le « diabole » sépare, divise… je peux reconnaître sa trace dans toute tentation de division ! Les textes hébreux le nomment parfois Satan, c'est-à-dire l’adversaire, celui qui accuse sans cesse les croyants, dira l’Apocalypse. Celui qui au lieu de sauver, veut sans cesse juger, accuser. L’opposé de Jésus, qui ne juge pas (Jn 8), mais sauve.  

pendant 40 jours.
40 est un chiffre symbolique qui fait parler les textes : 40 ans du peuple au désert, 40 jours de Moïse sur la montagne, pour recevoir les tables de l’alliance, 40 jours de la marche d’Elie vers le mont Horeb,… Jésus fut tenté 40 jours, c’est manière de dire une durée, une totalité, c’est l’image de sa vie humaine entière, 40 ans c’est une génération. L’adversaire n’a eu de cesse de faire tomber Jésus en son pouvoir, mais il a échoué…

Seigneur, tu nous conduis au désert, que ton Esprit nous emplisse et nous donne de mener le bon combat. Seigneur, avec toi nous pouvons vivre le désert comme chemin de grâce, chemin de vie, Seigneur tiens-nous en ta main. Que nous évitions les pièges du Diviseur, de l’Adversaire ! Fais nous entrer en ta communion .

lundi 20 février 2012

Jésus

Reprise Luc 3,21-38
Viens Esprit de Dieu, viens reposer sur nous comme tu as reposé sur Jésus
Viens guider notre prière, la féconder, lui faire porter du fruit

Jésus tu es vraiment celui qui lie terre et ciel à jamais.

Je te vois mêlé à la foule qui vient recevoir le baptême de conversion de la main de Jean. Tu es un des leurs. Mais tu pries et ta prière est emplie de l’Esprit, et le Père pour toi ouvre les cieux, et te proclame « fils bien-aimé, en qui est toute sa bienveillance ».

Je te reçois, fruit d’une longue lignée humaine, fils d’Adam, l’un de nous. Et je te découvre fils de Dieu, venant nous partager ta filiation divine.

Ta présence en notre humanité la pénètre de ton Esprit.

Tu  es vraiment celui qui lie terre et ciel !

dimanche 19 février 2012

Fils d'Adam, fils de Dieu

Fils de Sérouk, fils de Ragau, fils de Phalek, fils de Héber, fils de Sala, fils de Kaïnam, fils de Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamek, fils de Mathusalem, fils d’Hénoch, fils de Yareth, fils de Maléléel, fils de Kaïnam, fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, fils de Dieu.
   Luc 3, 35-38

 Viens Esprit de Dieu, viens chanter en nos cœurs, la merveille de la vie déployée au long des siècles, la merveille de l’amour du Père et du Fils, qui sur cette terre se sont penchés.
Viens Esprit de Jésus, renouvelle en nous le souffle et la vie qui nous rend en toi, fils de Dieu !

Et Luc continue pour nous cette longue remontée des générations… Mathieu avait débuté la généalogie avec Abraham. Luc remonte plus haut…

Sortant des récits de l’histoire des patriarches, il revisite les récits mythiques des premiers chapitres de la Genèse… Certains noms n’évoquent rien en nos têtes, d’autres sont chargés de sens.

Noé, l’homme du déluge… avec Luc remonter au déluge devient réalité ! Noé l’homme juste qui est à la base d’une nouvelle humanité, Noé, celui qui reçoit de Dieu l’alliance nouée avec toute la terre.

Mathusalem… connu par l’expression populaire de remonter à Mathusalem !

Hénoch a un statut particulier, il est dit en Genèse 5,24 qu’il marcha avec Dieu, et puis disparu car Dieu le prit.

Seth, le troisième fils quelque peu oublié de Adam et Eve. Caïn et Abel sont tellement dans nos têtes. Seth est celui qui a été donné à Eve après la mort de Abel.

Adam, le premier homme ! de lui peut se réclamer l’humanité entière. Nous le savons, les récits des premiers livres de la Genèse sont mythiques. Mais la figure d’Adam nous dit l’humanité sortie des mains de Dieu à l’aurore du monde. Par Adam Jésus est frère de l’humanité entière. Tous sont fils d’Adam.

Fils d’Adam, fils de Dieu !
Raccourci éblouissant de la double nature de Jésus : Dieu fait homme. Mais aussi raccourci éblouissant de notre condition humaine, en Adam, tous nous sommes enfants de Dieu, en Jésus tous nous sommes recréés fils de Dieu.

En remontant ainsi la filiation de Jésus jusqu’à Adam, puis en lui jusqu’à Dieu, Luc nous fait pressentir que le salut apporté par Jésus concerne l’humanité entière. C’est bien une humanité nouvelle qui est inaugurée avec l’avènement de Jésus.

Père je te rends grâce. Tu inscris mon nom en cette humanité. Et par toi, je reçois de Jésus le salut et la vie. Tu nous connais, tu nous aimes et nous choisis.

samedi 18 février 2012

fils d'Abraham

Fils de Jessé, fils de Yobed, fils de Booz, fils de Sala, fils de Naassôn, fils d’Aminadab, fils d’Admin, fils d’Arni, fils d’Hesrom, fils de Pharès, fils de Juda, fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Thara, fils de Nachor
    Luc 3, 32-34

Viens Esprit de Dieu, viens illuminer mon cœur
Viens Souffle de vie, transmis de génération en génération, viens ensemencer nos cœurs
Viens chanter en nous l’incarnation du Fils

Saint Luc continue à faire défiler sous nos yeux les générations qui ont précédé Jésus. Hier nous avions arrêté notre lecture avec la figure de David, le roi bien-aimé, annonce de Jésus seul vrai roi. Aujourd’hui nous remontons encore le fil du temps.

Voici Jessé, Yobed, Booz… c’est l’histoire de Ruth la moabite qui se cache derrière ces simples noms. Ruth l’étrangère qui entre de plain pied dans le peuple de Dieu, et qui donne vie à Yobed, grand père de David.   

Voici Pharès, un des deux fils que Tamar a conçu de Juda (Gn 38).

Voici Juda, l’un des douze fils de Jacob. Jacob celui qui acheta le droit d’aînesse de son frère Esaü, celui qui déroba la bénédiction de son frère,… Jacob, lui qui lutta contre Dieu toute une nuit, avant de retrouver son frère.

Voici Isaac, l’enfant de la promesse, le bien-aimé d’Abraham, figure du bien-aimé du Père des cieux. L’enfant qu’Abraham était prêt à sacrifier au Seigneur !

Voici Abraham, le père des croyants ! celui qui rassemble en une seule descendance spirituelle, juifs, chrétiens et musulmans. Abraham, celui qui a écouté l’appel du Seigneur à se mettre en route vers la terre promise. Abraham, l’ami de Dieu qui le reçut sous sa tente, qui marchanda le salut de Sodome et Gomorrhe.

Voici Tharah, et Nahor… qui quittèrent Our des Chaldéens pour gagner Haran…

Ainsi Luc fait défiler en nos mémoires, toutes ces générations qui se sont succédé, porteuses des promesses divines. C’est l’humanité entière qu’il convie ainsi.

Jésus fils d’homme, notre frère en humanité, né d’un peuple en un temps précis. Jésus inscrit fils d’Abraham, parmi tous les fils d’Abraham, nos frères juifs, chrétiens et musulmans. Jésus fils d’Abraham, souviens toi de nous !

J’accueille ce mystère en laissant tous ces noms s’égrener à la suite…

Jésus fils de… fils de… fils de …

Père je te rends grâce !

vendredi 17 février 2012

fils

fils de Mattathias, fils d’Amos, fils de Nahoum, fils d’Hesli, fils de Naggaï, fils de Maath, fils de Maath, fils de Mattathias, fils de Sémein, fils de Yosech, fils de Yoda, fils de Yoanân, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri, fils de Melki, fils d’Addi, fils de Kosam, fils d’Elmadam, fils d’Er, fils de Jésus, fils d’Eliezer, fils de Yorim, fils de Matthath, fils de Lévi, fils de Syméon, fils de Juda,  fils de Joseph, fils de Yonam, fils d’Eliakim, fils de Méléa, fils de Menna, fils de Mattatq, fils de Natham, fils de David
    Luc 3, 25-31

Viens Esprit de Jésus, toi qui a accompagné sa vie sur terre, viens habiter nos cœurs
Viens Esprit de Jésus, fais résonner en moi tous ces noms, comme autant d’humains, qui ont peuplé notre terre, et préparé sans le savoir ton chemin d’incarnation.

Nous voici aux prises avec une longue liste de noms, dont beaucoup de nous disent rien…

Je note Zorobabel, que l’on retrouve dans l’Ancien Testament (Aggée 1,1 ; Esdras 3,2…)  et avec Salathiel nous trouvons ainsi un passage commun avec la généalogie de Matthieu, qui est fort différente.

Puis je vois qu’aujourd’hui nous nous arrêtons sur David… Jésus fils de… David. Cette expression revient dans certains passages de l’Evangile, notamment lors de l’entrée à Jérusalem avant la passion chez Matthieu. C’est aussi le cri de l’aveugle à l’entrée de Jéricho (Lc 18, 38-39) : Jésus, fils de David !

Matthieu écrivait en sa généalogie: David engendra Salomon… ici c’est par Natham que Jésus est relié à David.. ainsi un seul roi figure dans la liste des ancêtres de Jésus : David. Cela marque comme en clin d’œil discret que la royauté de Davide passe à Jésus, le messie nouveau roi ! roi promis, tant attendu tout au long des générations.

Seigneur, en égrenant ainsi tous ces noms, je mesure combien tu t’inscris en nos lignées humaines, tout simplement, comme chacun de nous. Je te rends toi qui as choisi de visiter notre terre, en te faisant l’un de nous, pleinement.
Donne-moi d’accueillir ce mystère de l’incarnation avec un cœur renouvelé.

jeudi 16 février 2012

Trente ans

Jésus, à ses débuts, avait environ trente ans, et il était, à ce qu’on pensait, fils de Joseph, fils d’Héli, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph.
             Luc 3, 23-24

Viens Esprit de Dieu, viens lire en mon cœur cette parole,
Viens Esprit de vie, toi qui nous insère en ce grand courant d’humanité où ton souffle travaille.

Jésus, à ses débuts,
Quels débuts ? Nous venons de lire dans les premiers chapitres de l’évangile de Luc, les récits de son enfance, quelques traces d’années secrètes. Nous venons de le voir sortir de cette vie secrète, se glisser dans la foule, pour être baptisé par Jean. Nous venons de recevoir l’annonce de sa vie dans l’Esprit, de sa vie sous le regard du Père, investi d’une mission auprès des hommes. Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré. Ces paroles nous ont dit Jésus, nous l’ont présenté dans la Trinité sainte, Fils, habité par l’Esprit. Messie de Dieu, envoyé. Voilà ces débuts !

avait environ trente ans,
trente ans… je regarde dans la Bible :

Genèse 41,46 : Joseph, fils de Jacob, avait trente ans lorsqu’il devint ministre de Pharaon en Egypte.

Nombres 4,3.23.30.35.39.43.47 : C’est à partir de 30 ans, qu’un homme de la tribu de Lévi est compté comme apte au service sacerdotal.

2 Samuel 5,4 : David avait trente ans lorsqu’il devint roi !

Ezéchiel 1,1 : il semblerait (selon une interprétation possible de ce verset) que c’est en sa trentième année qu’Ezéchiel commença à prophétiser.

Jésus a cet âge de trente ans souligne Luc, au moment où le Père prononce sur lui cette parole « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Ce verset qui cite le psaume 2, toute la tradition juive l’a reçu comme parole d’investiture du messie attendu. Un Messie qui aurait mission comme prêtre, prophète et roi. Mais d’un sacerdoce nouveau, porteur de la Parole divine, plus encore Parole divine en tout son être, d’une royauté qui n’est pas de ce monde.

 et il était, à ce qu’on pensait, fils de Joseph, fils d’Héli, fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Jannaï, fils de Joseph.
Et voilà que celui qui a été ainsi reconnu, est présenté maintenant par son inscription dans une lignée tout humaine… fils de Joseph, fils d’Héli… Le Messie est un homme de la race des hommes,…

À ce qu’on pensait souligne Luc, manière de redire, qu’à l’origine, à la naissance de Jésus, il y a Marie, une jeune femme qui a consenti à donner chair au Verbe de Dieu, sous l’action de l’Esprit. Et Joseph est père par adoption, père nourricier, protecteur, mais non géniteur.

Jésus, donne-moi la foi, pour accueillir ce mystère de ton incarnation, pour reconnaître en toi, l’envoyé du Père, l’élu, Messie, vraiment homme, vraiment Dieu.

mercredi 15 février 2012

Aujourd'hui

Lc 3

22 l'Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe, et une voix vint du ciel : « Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. »

Esprit Saint, qui descendis sur Jésus au bord du Jourdain, ouvre nos cœurs à la Parole du Père.


l'Esprit Saint descendit sur Jésus : « Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » avait affirmé Isaïe (11,2) : ainsi Jésus est bien désigné comme le Messie promis.

sous une apparence corporelle, comme une colombe : les mots sont impuissants à décrire et l'évangéliste prend toutes les précautions oratoires pour que l’Esprit ne soit pas identifié à une colombe ! D’où vient-elle cette image de la colombe ? Luc fait-il référence à "l’Esprit de Dieu qui planait sur les eaux" (Gn 1,2) ? Le Premier Testament ne nous aide pas beaucoup : ce ne doit être ni celle de Noé, ni celle cachée au creux du rocher dans le Cantique des cantiques. Pourtant, nous l’aimons bien ce symbole et nous y faisons encore largement référence.

et une voix vint du ciel : parole prononcée par le Père qui en fait la révélation par excellence.

« Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. » : reprise textuelle du psaume (2,7) ; parole adressée directement à Jésus ; parole à recevoir dans notre "aujourd’hui", comme le répète la liturgie ; parole efficace qui fait aussi de nous des fils et des filles du Père.

Mystère de la Trinité présente et donnée à nos pauvres sens : "une apparence", "une voix". Luc tente de nous traduire ce qui ne peut l’être, il nous met en présence du plus grand des mystères : le Père engendrant le Fils, dans l’instant, dans le surgissement de l’Amour.


Seigneur, au cœur de ta prière, tu as reçu la parole du Père : « Tu es mon Fils ». Il te redit ainsi son amour au début de ta mission. Grâce soit rendue pour notre Dieu Trinité qui n’est qu’échange et don d’amour. Puissions-nous répondre à cet amour et en vivre dans notre aujourd’hui.

mardi 14 février 2012

Jésus priait

Lc 3

21 Or comme tout le peuple était baptisé, Jésus, baptisé lui aussi, priait ; alors le ciel s'ouvrit ;

Esprit Saint, inspire notre prière, qu’avec ta force, son cri déchire les cieux.


Or comme tout le peuple était baptisé : une fois encore, Luc insiste sur la totalité, il veut signifier que l’appel au baptême s’adressait à tous plutôt que décrire une réalité précise. Ainsi donc, en quelque sorte, une page est tournée : le peuple est baptisé, il a manifesté son désir de conversion : il est prêt à accueillir le Messie… un temps nouveau peut commencer.

Jésus, baptisé lui aussi : on suppose bien que c’est Jean qui baptisa Jésus, mais Luc ne le dit pas, tant il veut concentrer l’attention sur Jésus seul. Jésus a reçu un baptême de conversion ! Voilà qui doit nous étonner… Il a tellement le désir d’entrer dans le mouvement de conversion de son peuple qu’il se soumet à ses rites. Luc cite juste le fait, en un seul mot. Manifestement, la pointe du récit n’est pas là. Ce qui est important, c’est que Jésus paraît ici, en ce moment clé du passage de flambeau entre Jean et Jésus : il est bien Celui que Jean annonçait et cela va lui être manifesté.

Jésus priait : première mention de la prière de Jésus et uniquement chez Luc, qui soulignera souvent que Jésus prie. On est passé soudain de l’agitation d’une foule, de « tout le peuple » à la figure de Jésus en prière.

alors le ciel s'ouvrit : voilà qu’il s’y trace un chemin, voici que ciel et terre sont réunis. « Ah, si tu déchirais les cieux ! » s’écriait Isaïe (63,19). Par l’incarnation du Fils, voici qu’est exaucé le cri du prophète.

Mais le déchirement des cieux ne se présente pas comme une manifestation éclatante et publique, plutôt comme une révélation intime ; pour Luc, c’est au cœur de la prière de Jésus, tandis que les autres synoptiques écrivent « il vit les cieux ouverts » ou, selon la traduction : « les cieux s’ouvrirent pour lui ». C’est la prière qui nous fait regarder vers le ciel, c’est par celle-ci que peuvent s’ouvrir les cieux.


Seigneur, tu as choisi comme premier geste de te fondre dans une foule pour recevoir comme elle un baptême de conversion ; puis tu as levé les yeux vers ton Père. Apprends-moi à être, à ton exemple, à la fois au milieu de mes frères et en profonde relation avec le Père.

dimanche 12 février 2012

Il enferma Jean

19 Mais Hérode le tétrarque, qu'il blâmait au sujet d'Hérodiade, la femme de son frère, et de tous les forfaits qu'il avait commis, 20 ajouta encore ceci à tout le reste : il enferma Jean en prison.

Esprit Saint, que la Parole soit une lampe sur notre route pour nous y faire marcher selon notre appel.


Tout oppose Hérode et Jean.

Hérode Antipas ! Quel personnage complexe... Luc nous le définit à partir de ses forfaits. Pourtant Marc raconte qu’Hérode protégeait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et qu’il l’écoutait volontiers (Mc 6, 20). Voilà un homme divisé qui agit en contradiction avec sa conviction… « Il enferma Jean », à l’origine, voulait-il l’empêcher de parler ou au contraire le protéger et se réserver les paroles du prophète ?

Jean ne lançait pas seulement des invectives aux foules, baptisant ceux qui venaient à lui ; son désir de préparer le chemin pour le Messie le pousse à interpeller le tétrarque en personne pour lui faire des reproches risqués ! Jean a eu, pour lui-même comme pour les autres, un comportement sans compromis et, à l’opposé d’Hérode, en parfaite logique avec sa mission.

C’est sur cet épisode que Luc referme les récits sur Jean. Il a le souci de distinguer le temps de Jean de celui de Jésus en concluant chaque fois un épisode de l’histoire de Jean avant de revenir chronologiquement en arrière pour reprendre celle de Jésus. Il l’a fait pour la naissance (1,56), pour la jeunesse (1,80), et maintenant il rapporte l’emprisonnement définitif de Jean avant le baptême de Jésus. Luc ne rapporte pas explicitement de rencontres entre Jean et Jésus ; il souligne ainsi la spécificité de chacune de leur mission.

Cet éclairage est complété par l’apport de Matthieu qui nous dit (4,12) : « Ayant appris que Jean avait été livré, Jésus se retira en Galilée ». « Livré » comme Jésus le sera. Et Jésus « se retire » comme on le fait face à une menace, celle qu’il partage avec Jean. Leur destinée à chacun est à la fois unique et marquée d’aspects qui les unissent… comme chacune des nôtres finalement…


Seigneur, tu as frémi en apprenant l’emprisonnement de Jean et, comme ton précurseur, tu as continué ta route sans faiblir. Donne-nous cette audace de suivre ton exemple au travers de tous les obstacles que nous rencontrons ou que nous craignons de rencontrer.

samedi 11 février 2012

La bonne nouvelle

17 il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et pour recueillir le blé dans son grenier ; mais la bale, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas. » 18 Ainsi, avec bien d'autres exhortations encore, il annonçait au peuple la bonne nouvelle.

Esprit Saint, donne-nous d’accueillir la bonne nouvelle pour ce jour.


il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire : voilà une image qui nous parle sans doute moins, mais, dans toute la Bible, la moisson est l’image du jugement et le vannage est précisément le moment où le grain est séparé de la bale, celle-ci étant emportée par le vent lorsque la pelle soulève le blé. Chez l’évangéliste Jean, Jésus parle souvent de jugement : il dira « C'est pour un jugement que je suis venu dans le monde » (Jn 9,39) et ailleurs « mon jugement est juste » (Jn 5,30). Là aussi, Jean, prophète, annonce un des aspects de la mission confiée à Jésus par son Père.

et pour recueillir le blé dans son grenier : le grain, la partie qui pourra nourrir ou reporter du fruit, celle-là sera précieusement mise à l’abri dans le grenier.

mais la bale, il la brûlera au feu qui ne s'éteint pas : la bale, qui n’est plus qu’une enveloppe creuse et vide, celle-là va être brûlée

Ainsi, avec bien d'autres exhortations encore, il annonçait au peuple la bonne nouvelle : drôle de bonne nouvelle… le jugement, la menace du feu… Appel à la vigilance pour ne pas se retrouver vide comme la bale, appel à la conversion, à "porter du bon fruit" (v.9) comme peut le faire le bon grain, planté en terre… Bonne nouvelle parce qu’il vient, celui qui nous sauve et, grâce à lui, « ceux qui auront fait le bien sortiront des tombeaux pour la résurrection qui mène à la vie » (Jn 5,29)


Seigneur, toi qui es un juge « juste et bon », tu connais ceux qui portent du fruit et ceux qui se perdent en une existence creuse et vide comme la bale. Accorde-nous ta grâce, car sans toi nous ne pouvons rien faire.

vendredi 10 février 2012

Il vient

Lc 3

16Jean répondit à tous : « Moi, c'est d'eau que je vous baptise ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu ;

Esprit de feu annoncé par Jean, fais-nous brûler d’amour dans l’accueil de celui qui vient.


Jean répondit à tous : en fait, ils n’ont rien demandé, ils n’ont pas osé, ils se posaient seulement des questions en eux-mêmes ; mais, à l’instar de nouveau de ce que fera Jésus, voilà Jean qui répond à leur interrogation, et il répond une fois encore « à tous ».

Moi, c'est d'eau que je vous baptise : Moi… Lui… Jean se compare au Messie pour se faire comprendre de ses auditeurs. Jean, qui est en train de baptiser dans l’eau du Jourdain, définit son baptême à partir de l’eau ; on pourrait traduire aussi « dans l’eau » ou « par l’eau » : une eau qui purifie et est donc expressive de la conversion à laquelle il appelle les foules. Matthieu dit clairement « je vous baptise dans l’eau en vue de la conversion »

mais il vient : perdu au milieu des discussions et des arguments, les deux petits mots : « il vient ! » : voilà la grande nouvelle, celle que tous attendaient depuis des siècles : « celui qui doit venir » est là ! Reste à le reconnaître…

celui qui est plus fort que moi : Matthieu est encore plus clair : « celui qui vient après moi est plus fort que moi ». Que le Messie soit plus fort que son messager, ce serait assez normal… mais que le plus fort vienne derrière l’autre, voilà qui est étonnant, parce que contraire à tous les usages. Dans les cortèges officiels, le personnage le plus important s’avance évidemment le premier ! C’est dès cette annonce que les traits de Jésus sont déclarés… à qui pouvait entendre ! Même quand il se mettre à genoux devant ses disciples, ils ne comprendront pas encore…

Le Fort, un titre qui caractérisait Dieu dans le Premier Testament (le « Dieu fort » de Daniel 9,4) avant d’y être appliqué au Messie attendu.

je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales : incroyable ça… voilà qui a dû étonner tout le monde : Jean se rabaisse au niveau d’un esclave, d’un non-juif… et même de cela, il ne s’en trouve pas digne… mais quel est donc ce personnage devant lequel il s'efface ainsi ?

Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu : voilà qui fait un peu décalé et n’a pas dû être entendu si Jean a vraiment parlé ainsi. Bien sûr, on peut y voir le feu purificateur ; mais Esprit Saint et feu semblent ici tellement associés que nous sommes plutôt invités à voir dans ce baptême-là l’irruption de l’Esprit sous forme de langues de feu à la Pentecôte, raconté d’ailleurs par Luc lui-même dans ses Actes (2,3-4).


Seigneur, Jean annonce ta venue et déjà il s’efface. Il te laisse toute la place. Je te rends grâce pour ta venue parmi les hommes, je te rends grâce pour ta venue chaque jour. Puissé-je aussi te laisser toute la place dans ma vie, en reconnaissant qui tu es.

jeudi 9 février 2012

Le Messie ?

Lc 3

15Le peuple était dans l'attente et tous se posaient en eux-mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait-il pas le Messie ?

Esprit saint, ouvre nos yeux et nos cœurs : que la Parole d’aujourd’hui nous conduise à l’unique Messie.


Le peuple était dans l'attente : le peuple est nourri de la longue attente d’Israël, imprégné de tous les textes prophétiques qui annoncent la venue d’un Messie ; il est prêt à reconnaître le Messie en n’importe quel (faux) prophète prêchant sur la place… Certains, comme Syméon et Anne, ont le cœur ouvert et attentif, mais la plupart, en ce temps d’occupation romaine, prennent leurs désirs pour la réalité et attendent un messie à visée nationale et politique qui se lèvera face au pouvoir romain…

et tous se posaient en eux-mêmes des questions : « les foules », « tous », de nouveau, Luc prend le peuple dans sa totalité là où l’évangéliste Jean cible plus les autorités religieuses. En Jean (1,19) ce sont des prêtres et des lévites qui sont envoyés de Jérusalem pour interroger explicitement : « Qui es-tu ? » diront-ils au Baptiste. Mais la question est la même pour tous.

au sujet de Jean : « Que sera donc cet enfant » (1,66) disaient déjà les voisins le jour de sa circoncision… et tous avaient gravé les évènements dans leur cœur… S’en souviennent-ils, maintenant qu’il ne s’agit plus de s’émerveiller devant un enfant mais de se laisser interpeller par de virulents appels à la conversion ?

ne serait-il pas le Messie ? « Tous se posaient des questions », mais ce n’est en fait qu’une seule question, la question essentielle : reconnaître le Messie, le Christ (ce qui est synonyme) quand il paraît. Cette question va courir tout au long des évangiles : « Toi, qui es-tu ? » demanderont les Juifs à Jésus (Jn 8,25) et lui-même va s’enquérir de la réponse apportée : "Qui suis-je au dire des hommes ?" (Mc 8,27). Cette question nous rejoint aujourd’hui.


Seigneur, je te rends grâce pour ton prophète Jean qui a ouvert ton chemin parmi les hommes. En s’interrogeant, les cœurs de ses auditeurs se préparaient à ta venue. Suscite d’autres Jean parmi nous pour que nous restions vigilants.