(sœur Jean-Baptiste)
En ce jour où nous fêtons la visite de Marie à sa cousine
Elisabeth, je laisserai la place à Sr Anne Lécu qui a écrit une lettre à Marie
relatant la rencontre de ces deux femmes dans son petit livre : « A
Marie – Lettres. »
La tonalité de cette fête est la joie, laissons-nous habiter par cette joie et
chantons les psaumes
Tout d'abord je vais résumer le début de
la lettre : Pour Sr Anne Lécu la
visite de Marie à sa cousine évoque le transfert de l'arche par David à
Jérusalem. Si vous vous souvenez de l'histoire que vous pouvez lire au 2è
livre de Samuel au chap. 6 : l'arche de l'alliance est posée sur un chariot
conduit par les fils d'Abinadab. David et tout le peuple dansent autour de
l'arche. Voilà qu'un incident se produit, Ouzza étend la main vers l'arche de
Dieu qui manque de verser et il la retient – littéralement «la saisit ».
Dieu le frappe pour ce geste et Ouzza meurt là, près de l'arche. Nous avons
difficile à comprendre la réaction de Dieu. David lui a compris la gravité de
ce qui s'est passé, il n'est pas possible de mettre la main sur la Parole de
Dieu, de la saisir. Aussi prend-il une décision : il renonce à son projet
de transférer l'arche et il l'a conduit chez son cousin Obed-Edom où elle
restera 3 mois. Cette distance que David met entre lui et l'arche va lui
permettre de devenir libre et « par
cet écart il apprend à ne pas mettre la main sur la Parole de Dieu. »
« Peut-être Marie, que Gabriel
choisit de te faire faire un détour, qui passe par la maison de ta cousine qui
a besoin de toi. Peut-être que le chemin le plus direct vers Dieu passe par
tous ces détours que nous ne comprenons pas toujours. Or, que se passe-t-il
dans le sein d'Elisabeth quand tu entres dans sa maison ? A quelle heure
arrives-tu ? Est-ce-le matin ou le soir ? Zacharie n'est pas
là ? On a l'impression que le décor s'efface et qu'il ne reste que vous
deux, et ces deux hôtes qui habitent chacun de vos ventres. L'enfant
qu'Elisabeth porte se met à danser devant toi, comme autrefois David devant
l'arche d'alliance. Et toi ? Que perçois-tu dans ton sein ? Comment
entends-tu les mots de ta cousine ?
Avec quelles entrailles les reçois-tu ? Ce qui se passe est
inouï : Marie, tu es devenue l'arche d'alliance, rien de moins ! Peut-être
faut-il ce long séjour de trois mois à l'écart pour que tu entendes à nouveaux
frais les mots de l'ange, relayés cette fois par ta cousine ? Peut-être
nous faut-il écouter ce que nous disent les autres pour y entendre, comme en
dessous, les mots d'un Autre pour nous ? Mais ce n'est pas tout ! Par
toi, nous pouvons croire que toutes et tous sommes appelés à devenir aussi
arche d'alliance, et à porter mystérieusement, chacun à notre façon, le Christ
au monde. Cela se fait bien sûr, autrement que toi, mais tu nous souffles à
l'oreille que l'intériorité de chacun peut se creuser, et accueillir la parole
du Père, afin qu'elle s'incarne dans chacune de nos existences. Porter le
Christ, devenir « christophore », c'est une autre manière de devenir
celle ou celui que l'on est vraiment, tu ne crois pas ?
En relisant le chant d'Elisabeth repris dans la prière la plus populaire, après le Notre Père, le « Je vous salue Marie », je me rends compte que ta cousine nous a donnés, par ces mots, la grâce de te recevoir comme celle qui vient nous visiter. Je comprends mieux du coup, combien d'hommes et de femmes semblent avoir plus de facilité à te parler à toi qu'à parler à ton Dieu. C'est que tu es l'une de nous, Marie, indéfectiblement. L'une de nous qui s'approche. En visitant ta vieille cousine, c'est chacun de nous que tu visites. « Comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » Mystérieuse complicité qui traverse le temps, grâce à la Bible, et permet que nous nous sentions proche de cette vieille femme qui attend un enfant qui danse, et comme elle émerveillés de ta visite. »
Notre Père :
Marie nous a laissé son chant d'action
de grâce à Dieu, avec les mots que Jésus nous a laissés prions à notre tour le
Père :
Dieu notre Père, par cette mystérieuse
rencontre de deux femmes portant chacune un enfant dans son sein, tu nous
révèles l'intimité profonde que tu veux avec nous, devenir à notre tour des
« christophore » pour porter au monde la bonne nouvelle de ton
amour, que cet amour nous fasse « danser de joie » en ta présence et
avec ton Fils Jésus Christ qui règne avec toi et l'Esprit source de toute joie
maintenant et toujours.