lundi 13 décembre 2010

Voix de celui qui crie dans le désert...

Ils lui dirent alors :
« Qui es-tu ? que nous donnions réponse à ceux qui nous ont envoyés !
Que dis-tu de toi-même ? »
Il déclara : « Moi, la voix de celui qui crie dans le désert :
Rendez droit le chemin du Seigneur,
Ainsi que l’a dit Isaïe, le prophète. »
                                                                         Jean 1,22-23

Viens Esprit-Saint, ouvre en mon cœur un chemin pour ta Parole.

Qui es-tu, que nous donnions réponse…
L’interrogatoire se poursuit : « Qui es-tu ? ». Se révèle la motivation de la question : que nous donnions réponse, j’y lis un certain désintérêt des envoyés. Ils ne semblent pas s’impliquer dans la question, ils ne semblent pas ouverts à une quelconque révélation… Ils veulent simplement pouvoir dire : mission accomplie.
Si l’interrogatoire se poursuit, la résistance de Jean se poursuit tout autant. Il va enfin donner une réponse positive, mais le contenu est déroutant. Il ne dit pas « Je suis… » Les traductions françaises mettent bien un « je suis la voix… » pour bâtir une phrase littérairement correcte… mais il n’y a nulle trace de cela dans le texte grec. Jean dit simplement et clairement : « Moi, la voix… » Comme si Jean prenait soin, après avoir bien dit « Je ne suis pas… » (v 20 & v 21) d’éviter de s’attribuer cette formule « Je suis… » qui résonne ailleurs dans l’évangile comme affirmation de la divinité (lorsque Jésus se dit, il affirme un clair : je suis).
Autre étonnement : Jean ne dit pas « moi,  celui qui crie dans le désert… » mais « moi, la voix de celui qui crie dans le désert… ». Cela donne l’impression qu’il veut vraiment s’effacer totalement devant le message qu’il porte, pour qu’on ne confonde pas. Ce n’est pas lui le Christ, ce n’est pas lui le prophète, il prête seulement sa voix, à celui qui crie dans le désert ! Ce n’est même pas lui qui crie dans le désert, semble-t-il dire…
Cela rappelle une homélie où st Augustin met en parallèle Jean le Précurseur et Jésus : l’un est la voix, l’autre le Verbe-Parole !
Humilité de Jean qui cherche à s’effacer totalement devant Celui qu’il annonce, Celui pour qui il ouvre la bouche. Et qui est-il ?

Celui qui crie dans le désert…  
Quand je relis le passage d’Isaïe qui est ainsi cité, je vois le Seigneur qui appelle et demande qu’on crie son message… C’est Dieu lui-même qui veut parler, et il n’a d’autres voix que celles que des hommes veulent bien lui prêter !
Dans le désert…
S’il veut être entendu ne devrait-il pas plutôt choisir les places publiques, et au jour de marché de préférence ? J J J
Si ce désert évoquait le lieu du dépouillement du coeur qui seul peut accueillir le message ? (cf Os 2,16)

Rendez droit (redressez) le chemin du Seigneur…
Assez fou qu’il ne le fasse pas lui-même… n’est-il pas le tout-puissant ?
Non, il est le tout-aimant, Il ne veut rien forcer.
Le chemin du Seigneur…
Le chemin que tu veux emprunter pour venir jusqu’à nous ?
Le chemin de mon cœur ?

Je médite ces versets en mon cœur. Suis-je pareille à ces envoyés, qui remplissent simplement leur bulletin d’enquête ? Suis-je ouverte à un message qui vient me rejoindre ? Suis-je plus préoccupé de mettre des étiquettes précises sur les envoyés de Dieu, pour pouvoir les ranger dans le tiroir de mes connaissances ?
Et lorsque l’autre parle, porte la Parole, comment je l’accueille ? comme un appel du Seigneur qui voudrait venir me visiter ?

Seigneur viens à mon aide, viens tracer en moi ton chemin. Viens m’aider à redresser en moi ce qui est tordu.

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