Il [André] le [Pierre] conduisit à Jésus. Fixant son regard sur lui, Jésus dit : « Toi, tu es Simon, le fils de Jean ; tu seras appelé Céphas » - ce qui signifie Pierre.
Jean 1,42
Viens Esprit-Saint, sois notre guide
Pour écouter la Parole et en vivre.
Comme tu l’as donné à Marie, aux apôtres,
donne-nous d’accueillir Jésus en toute notre vie.
Il le conduisit à Jésus
Voilà qui change de l’idée que l’on se fait de Pierre : on l’imagine si souvent comme un fonceur. Le voici, conduit par son frère à Jésus. Voilà qui nous montre le chemin que Dieu emprunte pour venir à notre rencontre : il passe par des témoins humains. Jean a révélé à André et à un autre disciple que Jésus était l’agneau de Dieu. André révèle à Pierre qu’il a trouvé le Messie et il conduit Pierre à Jésus. Voilà qui nous dit que pour aller à Dieu, il nous faut être attentif aux invitations et aux paroles de nos frères et sœurs. Il faut accepter d’être conduit !
Fixant son regard sur lui
Quel devait être ce regard ? Un regard profond, posé longuement. Le verbe traduit plus qu’un simple « voir » ! Se laisser regarder par Jésus.
Toi, tu es Simon, le fils de Jean…
Et Simon ne semble nullement étonné d’être reconnu. André a-t-il parlé de lui, tandis qu’il demeurait avec Jésus (v39) ? Jésus l’appelle par son nom, et le situe dans sa lignée familiale. Jésus le nommera de même lors de la confession de Césarée (Mt 16,17) « heureux es-tu Simon, fils de Jean… » justement lorsque Simon vient de lui dire « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant », reprenant ainsi ce que lui avait dit André (nous avons trouvé le Christ) !
Tu seras appelé Céphas – ce qui se traduit Pierre (Roc)
Jean est très sobre dans le récit… on a peine à imaginer ce qui s’est passé. Jean veut nous dire plus un message sans doute, que nous relater un feuilleton. Donner un nom nouveau, c’est donner une mission. Pierre, roc… Que signifie le don d’un tel nom à Simon ? Il devra affermir ses frères dans la foi (cf Luc 22,32). Il sera le rocher sur lequel Jésus bâtira son Eglise (Mt 16,18). Et cela par-delà ses faiblesses et trahisons !
Mais plus profondément, Pierre, Rocher, Roc, n’est-ce pas d’abord et avant tout un nom de Dieu lui-même ? Je me remémore quelques passages bibliques à ce propos :
- Je t’aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! chante le psalmiste (Ps 17 (hébreu 18) v 2&3)
- Dans un superbe cantique, Isaïe chante à son tour : Prenez appui sur le Seigneur, à jamais, sur lui, le Seigneur, le Roc éternel. (Is 26,4).
- Ailleurs encore Dieu déclare : Quant à vous, vous êtes mes témoins : y a-t-il un Dieu en dehors de moi ? Point de Rocher ! Je n’en connais pas. (Is 44,8)
- St Paul lorsqu’il relit l’expérience de l’exode écrit : tous burent le même breuvage spirituel ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher c’était le Christ. (1 Co 10,4)
Alors le nom que Simon reçoit, est comme mission de partager la vie même de Dieu, de partager sa relation aux hommes : être appui pour ses frères, au nom même de Dieu. Ainsi, d’emblée Jésus partage aux siens sa mission personnelle.
Qui donc est Dieu pour agir ainsi ? pour vouloir tout partager avec l’humain : sa vie, sa mission…
Je suis dans l’émerveillement et l’action de grâce, aussi dans une vive interpellation : quelle responsabilité nous incombe tandis que nous sommes disciples d’un tel Dieu ! Vais-je me laisser conduire à Jésus par mes frères et sœurs ? Vais-je me laisser regarder à ce point par Jésus, qu’il en vienne à me donner part à sa mission ? Voilà la question, la prière qui va m’habiter aujourd’hui !
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