mercredi 21 septembre 2016

Comme un sceau

Ct 8
(Chœur) 5 Qui donc est celle-ci qui monte du désert appuyée sur son bien-aimé ?
(Lui)  Sous le pommier, je t’éveille, là où ta mère t’a enfantée ; là, elle t’a enfantée et mise au monde.
(Elle) 6 Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras.
Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine.
7 Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter. Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris.

Viens Esprit Saint, viens Esprit d’Amour, viens nous révéler ta force et ta fidélité.

(Chœur) Qui donc est celle-ci qui monte du désert appuyée sur son bien-aimé ? « qui est-ce qui monte du désert ? » le chœur pose cette question pour la troisième fois : cela concernait d’abord le bien-aimé, puis son amie, et maintenant les voilà réunis dans la question. Les jeunes filles, témoins, marquent ainsi la progression de leur union, son approfondissement.

 (Lui)  Sous le pommier, je t’éveille, là où ta mère t’a enfantée ; là, elle t’a enfantée et mise au monde : « je t’éveille » : le mot même de la résurrection !

(Elle) Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras : elle veut être elle-même le sceau, le sceau posé sur son cœur (c’est la première fois qu’elle parle du cœur de son bien-aimé), lieu de la tendresse, un sceau posé sur son bras, lieu de la force, un sceau qui exprime toute la permanence, la promesse de l’Alliance déjà réalisée.

Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme :
ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine : tant de lecteurs du Cantique – nous peut-être – ont vu dans le Bien-aimé l’image de Dieu. Et pourtant, voici dans ce vers l’unique référence au nom de Dieu, une toute petite syllabe : Yah. Et les traductions peinent à rendre présente cette allusion (divin, sacré...). Pourtant ce petit mot, forme abrégée de Yahvé, que nous redisons d’ailleurs en chantant l’Alleluia (louez Yah), n’est-il pas la clé du Cantique qui peut éclairer en retour tout le poème ?

Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter : l’eau de nouveau, mais non plus comme source d’eau vive ou fontaine de jardin, mais sous forme menaçante : « les grandes eaux », celles qui recouvrent tout, celles qui détruisent. Non, affirme-t-elle, même cela, rien donc, ne peut éteindre la flamme de l’amour. Ainsi s’achève le Cantique des cantiques

Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris : petite sentence proverbiale qui vient ici se glisser de manière un peu inattendue ; on semble avoir changé de registre, avoir quitté l’évocation poétique. Les bien-aimés du Cantique ne font pas ce genre de réflexion, jamais ils n’analysent ou moralisent. Nous sommes certainement en présence d’un ajout.


Seigneur Dieu, ton amour est un feu que nulle puissance au monde ne peut éteindre. Qu’il brûle sans fin en nos cœurs !

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