Ct 8
(Chœur) 5 Qui donc est celle-ci qui
monte du désert appuyée sur son bien-aimé ?
(Lui) Sous le
pommier, je t’éveille, là où ta mère t’a enfantée ; là, elle t’a enfantée et
mise au monde.
(Elle) 6 Pose-moi comme un sceau sur
ton cœur, comme un sceau sur ton bras.
Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme
: ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine.
7 Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les
fleuves l’emporter. Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison
pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris.
Viens Esprit Saint, viens
Esprit d’Amour, viens nous révéler ta force et ta fidélité.
(Chœur) Qui donc est
celle-ci qui monte du désert appuyée sur son bien-aimé ? « qui
est-ce qui monte du désert ? » le chœur pose cette question pour
la troisième fois : cela concernait d’abord le bien-aimé, puis son amie,
et maintenant les voilà réunis dans la question. Les jeunes filles, témoins,
marquent ainsi la progression de leur union, son approfondissement.
(Lui)
Sous le pommier, je t’éveille, là où ta mère t’a enfantée ; là, elle t’a
enfantée et mise au monde : « je t’éveille » : le mot
même de la résurrection !
(Elle) Pose-moi comme
un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras : elle veut être
elle-même le sceau, le sceau posé sur son cœur (c’est la première fois qu’elle
parle du cœur de son bien-aimé), lieu de la tendresse, un sceau posé sur son
bras, lieu de la force, un sceau qui exprime toute la permanence, la promesse
de l’Alliance déjà réalisée.
Car l’amour est fort
comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme :
ses flammes sont des flammes
de feu, fournaise divine : tant de lecteurs du Cantique – nous
peut-être – ont vu dans le Bien-aimé l’image de Dieu. Et pourtant, voici dans
ce vers l’unique référence au nom de Dieu, une toute petite syllabe : Yah. Et les
traductions peinent à rendre présente cette allusion (divin, sacré...). Pourtant ce petit mot,
forme abrégée de Yahvé, que nous redisons d’ailleurs en chantant l’Alleluia (louez Yah), n’est-il pas la clé du
Cantique qui peut éclairer en retour tout le poème ?
Les grandes eaux ne
pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter : l’eau de
nouveau, mais non plus comme source d’eau vive ou fontaine de jardin, mais sous
forme menaçante : « les grandes eaux », celles qui recouvrent
tout, celles qui détruisent. Non, affirme-t-elle, même cela, rien donc, ne peut
éteindre la flamme de l’amour. Ainsi s’achève le Cantique des cantiques
Un homme donnerait-il
toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que
mépris : petite sentence proverbiale qui vient ici se glisser de
manière un peu inattendue ; on semble avoir changé de registre, avoir
quitté l’évocation poétique. Les bien-aimés du Cantique ne font pas ce genre de
réflexion, jamais ils n’analysent ou moralisent. Nous sommes certainement en présence
d’un ajout.
Seigneur Dieu, ton amour est un feu que nulle puissance au
monde ne peut éteindre. Qu’il brûle sans fin en nos cœurs !
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