samedi 30 janvier 2021

Liturgie de la Parole 3e samedi TO

 (Rosy)

 Ouverture :  

« La tempête apaisée » voilà un épisode évangélique tellement connu, commenté, représenté…

Le défi du jour est donc de le laisser nous surprendre, nous apporter du nouveau, à chacun selon son besoin ou son désir.

Je retiendrai a priori deux mots, qui sont dans les questions de Jésus : peur et foi, peur et confiance.

Permettez-moi une anecdote : nous préparions un voyage en Bolivie avec quelques jeunes de notre groupe paroissial pour rejoindre un couple d’animateurs partis comme coopérants. Mais tout allait mal en Bolivie… et j’avais de plus en plus peur d’y aller, de me lancer dans ce genre de circonstances pleines d’insécurité. J’avais « une grande peur »

J’en ai parlé avec un ami.. bénédictin… et il m’a posé une simple question, un peu comme Jésus dans la barque, 5 mots qui ont emporté toutes mes peurs et décidé de mon accord : il m’a dit « Et si tu leur faisais confiance ? »… faire confiance à tous ceux qui allaient nous accueillir. Une question qui me guide toujours.

Donc, « Passons sur l’autre rive » faisons ce voyage, cette traversée entre deux rives complètement contrastées :  au départ, une grande foule qui écoute Jésus, tellement nombreuse qu’il doit se réfugier dans une barque « sur la mer » précisait le texte, foule qui était « face à la mer ». De l’autre, un seul homme, possédé, puis une foule qui chasse Jésus… et celui-ci reprend la mer… Mais cela, c’est une autre histoire.

Entre les deux donc, la traversée sur cette fameuse mer et ses enseignements.

Et dans les psaumes de cet office j’entends déjà l’appel au secours des disciples :

Ps19 Que le Seigneur te réponde au jour de détresse,

J’entends aussi que la gloire de Dieu se déploie dans le cosmos et la maîtrise des éléments naturels  Ps18 Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.

 Après l’évangile :

La mer ! Elle est partout présente dans la Bible, et avec toute son ambivalence.

Depuis la création, le déluge, la Mer Rouge… Jonas aussi qui mériterait une étude parallèle avec la tempête apaisée… mais je n’ai que 5 minutes !!

Les Psaumes dépeignent Dieu comme apaisant le vacarme des mers (Ps 64, 8) – maîtrisant l'orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c'est lui qui les apaise» (Ps 88, 10) - et aussi réduisant la tempête au silence et faisant taire les vagues» (Ps 106: 29).

Que de scènes d’évangile aussi qui se déroulent au bord de la mer, ou sur la mer… 

Dans le récit de ce jour, tout est grand :

-       La grande foule sur le rivage, celle qui écoute Jésus - la multitude selon une autre traduction,

-       La tempête.  Un grand tourbillon de vent dit la TOB ; car le mot grec comprend un préfixe que nous connaissons bien « méga », même passé dans le langage très contemporain !!

-       Le grand calme de la mer après la tempête

-       La grande peur des apôtres, ou plutôt les grandes peurs

Tout est tellement grand qu’ils se sentent profondément menacés.

Prenons la scène à ce moment où l’eau envahit la barque qui se remplit.

C’est le moment du désespoir, le moment où l’on s’est battu autant qu’on le pouvait et où l’on constate que c’est en vain.

C’est le moment où ils se décident (enfin) à appeler au secours. Comme une ultime tentative.

En fait, chez Marc, ils n’appellent pas à l’aide. En ce moment dramatique, ils passent leur temp à faire des reproches à Jésus !! Ils l’appelle « maître », et non pas Seigneur comme chez Mt – autrement dit c’est le prof, l’enseignant, et non pas l’envoyé de Dieu.

C’est vrai qu’il est très « humain », endormi là, à la poupe, sur ce coussin trempé par les vagues.

« Cela ne te fait rien que nous périssions ? » c’est une accusation d’abandon ! Faut-il se réjouir de la parole libre des apôtres vis-à-vis de Jésus ? On dit souvent que tout peut se dire dans la prière.

Ou faut-il s’étonner de cette grande méconnaissance du cœur de Jésus qui s’exprime ainsi ?

Jésus a-t-il entendu cette interpellation ? A-t-il fallu le secouer ?

Toujours est-il qu’il réagit au quart de tour : il s’adresse aux éléments « et le vent tomba » comme les possédés « tombent » aux pieds de Jésus. Et c’est vrai qu’il y a bien des points communs entre les exorcismes et cette tempête apaisée, notamment l’ordre de se taire.

Si le calme est revenu sur la mer, ce n’est pas le cas dans le cœur des apôtres : la puissance de Jésus face aux éléments, qui est en quelque sorte un attribut de Dieu lui-même, provoque en eux une nouvelle peur : s’il était trop humain dans son sommeil, le voilà trop divin dans son autorité. « Qui donc est-il ? » De nouveau, la question est bien là. Pour eux, il est devenu objet de peur !

La réprimande de Jésus est brève et claire, formulée en deux questions : « Pourquoi avez-vous si peur ? » « Vous n’avez pas encore de foi ? »

Alors, qui est-il ? Sinon un Dieu plein de tendresse et de sollicitude, et ces questions, n’expriment-elles pas finalement toute l’étendue de son amour déçu ?

Car nous voilà revenus à ces deux mots-clés : Peur et confiance. Ou peur et foi, la foi est bien la sœur jumelle de la confiance, n’est-pas ? La peur, c’est le contraire, c’est l’opposé de la confiance, et inversement. Bien sûr, la peur a sa raison d’être et nous ne pouvons nous reprocher d’éprouver ce sentiment qui, d’ailleurs, peut être cause de sauvegarde. Mais la peur ne peut nous submerger, comme l’eau menaçait de submerger la barque.

Seule la confiance nous permet de maîtriser la peur.

Confiance en soi, confiance en l’autre, confiance – ou foi – en Dieu.

Qui donc est-il ? Et s’il était celui qui mérite notre totale confiance ? Mais qui, d’abord, nous en fait le don. Quand je regarde Jésus reposant sur son oreiller, je ne peux m’empêcher de penser : lui, la peur ne l’atteint pas, lui, il fait confiance à ses marins d’apôtres… et à son Père…

Eux, à qui Jésus fait une telle confiance, ils seront de plus en plus capables de se fier aussi à Lui et à tous leurs frères. Plus la foi grandira, plus la peur s’éloignera…

Nous pouvons poursuivre notre traversée, nous sommes en bonne compagnie dans la barque.

Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour !

Invitation au Notre Père :

Avec Jésus, qui a toute la confiance du Père, nous osons dire…

Prière finale :

Nous te prions, Seigneur notre Dieu,

Avec Zacharie, nous nous rappelons le serment juré à Abraham de nous rendre sans peur,

pour que, libérés de la main de l’ennemi,

nous te servions dans la justice, en ta présence, tout au long de nos jours.

Tu es le Dieu fidèle, réalise pour nous cette promesse

car tu es avec nous pour les siècles des siècles…


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