(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture.
Si la barque pouvait parler, elle
en aurait des choses à nous raconter ! Dans l’évangile de Marc, elle
apparaît au moins 15 fois. Elle est le lieu des disciples, tantôt avec Jésus,
tantôt sans lui, comme dans l’évangile d’aujourd’hui. Le lieu de leurs combats
et le lieu de quelques révélations décisives … elle est le témoin de leur
chemin, surtout quand il passe par la mer, là où on n’a pas pied sur terre…
Alors, embarquons, nous aussi, dans la barque des psaumes, sur la houle de la
mer agitée de notre temps.
Résonnances.
« Ils étaient au comble de la
stupeur, car ils n’avaient rien compris au sujet des pains : leur cœur
était endurci ».
L’évangile de ce jour se termine
très mal… Il est la suite de l’évangile d’hier, car ce n’est pas terminé !
Même si les foules ont été rassasiées, les disciples, eux, sont restés sur leur
faim : ils n’ont pas compris ce que Jésus voulait leur dire à travers ce
geste. Ils ont déjà vécu leur première mission, ils ont guéri des malades et
expulsé des démons, et Jésus leur avait suggéré de venir à l’écart pour se
reposer un peu. Mais raté, les foules les avaient précédés et pour ce qui était
du repos bien mérité, il attendrait. Le coup de la multiplication des pains, ça
les a « scotchés » … Ils n’ont pas compris, et d’ailleurs Jésus les
renvoie avant même de congédier les foules. Jésus les renvoie sur la mer, dans
la barque...
Nous sommes invités à lire cet
évangile dans la lumière de l’épiphanie, la manifestation de Dieu. Jésus a
passé un long temps de la nuit en prière et, fort de cette proximité avec le
Père, il va vers ses disciples en marchant sur la mer comme sur la terre ferme.
Il est le maître de la création. Quand il leur dit : « c’est
moi », il dit en fait : « je suis », révélant par là son identité
profonde ! Il ajoute « n’ayez pas peur », verbe qui accompagne
souvent les théophanies.
Mais ce que je lis aussi, c’est
combien tout cela est difficile à comprendre pour les disciples. Ils sont
bousculés par ce que Jésus leur montre, et la houle de la mer symbolise la
tempête intérieure qui les habite. D’une certaine façon, cela me rassure. La
révélation de Dieu en Jésus Christ n’est pas évidente ! (José Reding
disait : « ce qui est évident, c’est que ce n’est pas évident »,
et il construisait toute sa réflexion théologique sur cette constatation). Plus
nous sommes proches de Jésus (comme les disciples, dans la barque), plus notre
foi est malmenée par des vents contraires, et ce qui reste, en fin de compte,
c’est la parole de celui qui nous dit : « confiance, n’ayez pas
peur ! ».
Ce qui reste aussi, c’est ce dont
parle la lettre de Jean : l’amour ! L’amour vient à nous comme une
évidence, un don qui nous précède. Et l’amour « atteint sa
perfection », c’est-à-dire « atteint son but » quand il devient
amour les uns des autres. Comme les disciples ballottés dans la barque,
accrochons notre ancre dans cette terre solide : l’amour ne trompe pas,
l’amour vient de Dieu, l’amour est le nom de Dieu !
Prière.
Dieu notre Père, tu nous as
rassemblés dans ton amour. Par ta Parole, tu as nourri notre foi et consolidé
notre amour. Tu nous demandes de poursuivre notre chemin dans l’espérance.
Accompagne-nous sur ce chemin et bénis nos rencontres humaines, afin que nous y
reconnaissions toujours mieux la présence et la proximité de ton Fils
bien-aimé.
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