(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture.
En ce milieu du jour, nous sommes invités à nous
plonger dans la parole de Dieu. La lettre aux Hébreux nous amène dans la
contemplation du Christ grand prêtre et de son sacrifice unique par lequel il a
mené à la perfection tous ceux qui sont sanctifiés par lui. L’évangile, quant à
lui, nous montrera plutôt le Christ enseignant. Et nous verrons qu’il a l’art
d’un enseignement inépuisable.
« Écoutez ! ». C’est ainsi que commence
le discours en paraboles. « Que celui qui a des oreilles pour entendre
écoute ! » Car il ne suffit pas d’entendre, il faut écouter. En grec,
c’est le même verbe qui dit les deux. Quelle est donc la différence ?
Comment passer de l’entendre à l’écouter ? Entendre, c’est
passif. Écouter, c’est une attitude active. Mais comment cela se passe-t-il au
fond du cœur de l’homme ? écoutons !
Résonnances.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai
beaucoup de peine à écouter jusqu’au bout, par exemple une homélie !
Alors, je me culpabilise, je me dis que je ne suis pas une « bonne
terre », pas réceptive, distraite, encombrée de pierres ou de ronces. Ou
bien j’accuse la fatigue. Ou bien j’accuse le ton de la voix de celui qui
parle, ou le fait que c’est ennuyeux, ou que j’ai déjà entendu cela cent fois…
Jésus, lui, avait le don de captiver son auditoire. Il parlait de façon simple
et vivante, il inventait des paraboles qui suscitaient le questionnement de ses
disciples, qui les titillaient. L’évangile d’aujourd’hui nous interroge sur
notre rapport à la parole de Dieu. Comment passons-nous d’une entente passive à
une écoute active ? Comment entrons-nous dans le langage de Dieu, comment
entrons-nous en conversation avec lui ? Et comment comprendre la
prodigalité du semeur qui ne se lasse pas de semer la parole, quelle que soit
la qualité médiocre du terrain ?
Voici une belle réflexion du père Timothy
Radcliffe :
« Dès la naissance, les parents commencent
immédiatement à parler à l’enfant. Bien avant qu’il ne soit capable de comprendre,
un enfant est nourri de mots, baigné et bercé de mots. Le père et la mère ne
parlent pas à leur enfant pour lui transmettre de l’information. Ils l’animent
de leur parole. Il devient humain dans cet océan de langage. Petit à petit, il
saura trouver une place dans l’amour que partagent ses parents. Sa vie croît en
humanité.
De même, nous sommes transformés par l’immersion dans
la parole de Dieu qui nous est adressée. Nous ne lisons pas la parole pour y
chercher de l’information. Nous y réfléchissons, la méditons, vivons avec elle,
la buvons et la mangeons. […] Cette parole de Dieu travaille en nous, nous rend
humains, nous anime, nous forme à cette amitié qui est la vie véritable de
Dieu »[1].
Même si vous ne m’avez pas écouté jusqu’au bout, au
moins vous l’avez entendu !
Prière.
Seigneur, plonge-nous dans l’océan de ta parole pour
que nous apprenions ton langage. Tu ne te décourages pas de nos pierres et de
nos ronces : en continuant à semer largement, tu finiras par rendre notre
terre féconde. Béni sois-tu pour ta confiance en nous ! émerveille-nous devant les fruits que
nous pouvons porter et, pour ta plus grande gloire, donne-nous de te les
offrir.
[1] Timothy Radcliffe, Je vous appelle amis,
p. 235
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