(sœur Marie-Raphaël)
Ouverture.
Vivante, énergique, tranchante, pénétrante, exerçant
son jugement sur toute créature, sur les pensées et les intentions du cœur…
Telle est la parole de Dieu, selon le passage de la lettre aux Hébreux que nous
allons entendre aujourd’hui, et qui est peut-être le verset le plus connu de
cette lettre. Cette description de la parole de Dieu n’est pas pour nous faire
peur : elle est plutôt pour nous inviter à la confiance, à oser nous
exposer à ce qu’elle veut réaliser dans nos vies, à travers nous.
Entrons donc sans crainte dans la prière des psaumes
et dans l’écoute de la Parole, en communion avec la Vierge Marie et avec toute
l’église.
Résonnances.
Vivante, énergique, tranchante… telle est la Parole de
Dieu, quoi qu’on fasse ! Si nous lisons l’évangile d’aujourd’hui à cette
lumière, nous la voyons à l’œuvre tant pour Lévi que pour les pharisiens.
Pour Lévi, c’est fulgurant. Jésus lui dit deux
mots : « suis-moi » (accompagne-moi). C’est tout. Lévi n’hésite
pas une seconde : il se lève (littéralement : il ressuscite) et il
accompagne Jésus. La Parole a sur lui un effet immédiat et radical. Elle a
littéralement « tranché » sa vie en deux. Il y a l’avant et il y a
l’après. Et tout de suite, chez Lévi, cette parole devient missionnaire :
car il veut faire connaître Jésus à tous ses amis, ses connaissances :
pécheurs et publicains comme lui pour la plupart. Il organise un repas qui va
permettre à Jésus de prolonger cette parole et de toucher au cœur tous ces gens
qui, sans le savoir peut-être, avaient besoin du médecin de leurs âmes. Lévi
est pour Jésus la porte d’entrée dans cet univers qui a soif de salut. À
travers Lévi, la parole de Dieu poursuit sa course, sans entraves.
Il n’en va pas de même pour les pharisiens. Les
pharisiens sont des habitués de la Parole : ils ne cessent de la scruter,
ils la connaissent par cœur, elle ne peut plus les surprendre. Ils s’en érigent
en juges. Mais en observant les faits et gestes de Jésus, ils vont d’étonnement
en perplexité, de perplexité en agacement, d’agacement en hostilité. Pour
arriver très vite à la décision de faire périr Jésus. Or, même si les
pharisiens restent comme des observateurs extérieurs à ce qui se passe, même
s’ils ne veulent pas se laisser toucher par la Parole de Jésus, la Parole les
touche, comme dit la lettre aux Hébreux : tout est nu devant elle, nul ne
peut s’y dérober. Et c’est ce que nous voyons avec Jésus : il met à nu les
pensées et les intentions secrètes des pharisiens. Il me semble même qu’il leur
tend une perche quand il dit : « ce ne sont pas les bien-portants,
mais les malades, qui ont besoin du médecin ». Jésus ne veut pas les
exclure en disant cela. Il veut plutôt les inviter à se laisser toucher aussi, à
reconnaître à quel point ils ont, eux aussi, besoin du médecin. La lettre aux Hébreux
nous l’a dit : Jésus est un grand prêtre unique, pleinement accrédité
auprès de Dieu, et en même temps il n’est pas incapable de compatir à notre
faiblesse. Étrange médecin qui prendrait sur lui nos maladies… Aurons-nous
l’audace de sortir de nos certitudes pour accueillir la nouveauté ?
Prière.
Ta Parole, Seigneur, a le pouvoir de transformer le
monde et le cœur de tout homme : donne-nous d’y rester attentifs, garde-nous
de nous habituer. Que ta Parole vienne encore nous surprendre et nous rende missionnaires.
Alors, nous goûterons la joie profonde de ceux qui se laissent rencontrer par
ton regard de compassion.
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