vendredi 22 août 2025

Liturgie de la Parole 20e vendredi TO-I

Ouverture

L’amour a beaucoup de noms. Tendresse et affection, bonté, douceur, patience, pardon, fidélité, loyauté, service, persévérance, disponibilité… Les deux textes de ce jour nous parleront d’amour. Aimer, c’est choisir. Aimer, c’est croiser le divin et l’humain. Entrons dans l’intelligence des Écritures en chantant les psaumes.

Résonances

Aimer, c’est choisir. Telle est une des leçons du livre de Ruth. Après les histoires sombres et meurtrières du livre des Juges, le livre de Ruth vient comme un soulagement, une respiration, une bulle d’air pour sortir de l’impasse et reprendre le fil de l’histoire du salut. Reprendre le chemin d’Abraham…
A la manière d’Abraham, Ruth quitte son pays, sa parenté, ses dieux, pour aller vers un pays inconnu. Mais à la différence d’Abraham, Ruth n’est pas seule. Elle accompagne Noémi, elle s’attache à elle et, par le fait même, à son peuple, à son Dieu. « Où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu ». Par son audace, par la finesse de son intuition, par la justesse de son attitude, Ruth va permettre à Noémi et à sa famille de sortir de l’impasse mortifère de la stérilité. Pour elle, aimer, c’est choisir, et choisir, c’est s’engager dans la fidélité. Les sentiments, l’affection, soutiennent l’amour, mais la durée dans l’alliance est le résultat d’un choix libre et d’une volonté. La réponse de Dieu sera merveilleuse : fécondité d’une lignée qui donnera naissance au Messie.
Dans le même registre de l’amour, pour répondre à la question du scribe sur le grand commandement, Jésus nous donne une leçon d’exégèse. Observons comment Jésus lit l’Écriture. À la manière des rabbins, il rapproche des versets bibliques qui se ressemblent ou se raccrochent par un mot-clé : « tu aimerais ». Dt 6,5 et Lv 19,18.
Jésus ne fait pas que rapprocher ces deux versets, il les superpose, afin qu’ils s’éclairent l’un par l’autre, et qu’ensemble ils n’en fassent plus qu’un. En préparant cette célébration, je me suis inspirée d’une homélie de François Cassingéna-Trévedy. Il écrit : « Prenant en main, prenant par cœur la Torah, Jésus met deux versets bout à bout, comme un artisan, et voilà que un plus un font un et qu’une seule Torah est laissée à notre contemplation comme à notre mise en œuvre… » (1).
Jésus conclut : « de ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ». Plus littéralement : « est suspendue toute la Loi… ». François Cassingéna-Trévedy fait ici, à son tour, un rapprochement inattendu : un rapprochement avec le corps du Christ suspendu à la croix : « Le corps de la Torah est suspendu à l’articulation à la croisée de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, comme le corps de Jésus est suspendu à la croix. Charpentier de la Torah, Jésus croise l’amour de Dieu et l’amour du prochain, Jésus croise les deux montants de l’amour et, finalement, se met lui-même à cette croisée » (2).
En Jésus, aimer, c’est croiser l’humain et le divin. Son amour humain pour nous est divin. Son amour divin pour nous est humain. Comme lui, nous pouvons aimer Dieu en aimant le prochain, et donner ainsi au prochain l’amour de Dieu lui-même. Et nous pouvons, en aimant le Christ, aimer à la fois Dieu et le prochain. Ainsi, l’amour devient la voie royale de notre ressemblance avec Dieu.
Prière
Seigneur, tu nous appelles à avancer sur la voie royale de l’amour, à choisir la fidélité à ton alliance, à croiser concrètement l’humain et le divin. Béni sois-tu de nous y devancer. Accueille notre désir de te suivre et consolide nos bonnes intentions. Que ton Esprit tisse sur notre monde la toile souple et solide de ton amour d’alliance toujours renouvelé, toujours vivant.

Sœur Marie-Raphaël écrit le 25 août 2023

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(1) François Cassingéna-Trévedy, Sermons aux oiseaux, Ad solem, 2009, p. 230.
(2) Id. p. 231

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