samedi 16 août 2025

Liturgie de la Parole 19e samedi TO-I

Accueil : Josué 24, 14-29

Ce que nous entendrons dans le récit du Livre de Josué n’est pas décalé par rapport à ce qui est rapporté dans l’Évangile.
Josué, le premier Juge, autorisé et désigné par Dieu pour entrer en terre promise est bien à l’image de ces enfants dont nous parle Jésus. Il est fragile, vulnérable pour affronter l’ennemi qui fait obstacle à la conquête de Canaan. Cependant il s’appuie sur la confiance et la puissance de l’Esprit qui est en lui pour accomplir le projet de Dieu. 

Commentaire : Matthieu 19, 13-15

 En entendant une fois de plus la première lecture j'ai été frappé par l'expression "servir le Seigneur ": elle revient au moins 15 fois dans ce passage!

Nous ne vivons pas dans un monde de « Bisounours ».  L’Évangile ne nous rapporte pas une image attendrissante pour mettre du baume sur nos cœurs endurcis. Il y a toutes nos duretés de cœur qui font que nous devenons imperméables et aveugles à voir ce qui nous est révélé. Voir la révélation !
Nous sommes pourtant convaincus de comprendre, de savoir et même d’avoir déjà vu et entendu… pourtant, nous ne voyons pas vraiment, nous ne comprenons pas.  C’est beau ce regard admiratif et complaisant vis-à-vis des enfants mais il ne s’agit vraiment pas de cela.
Alors, qu’est-ce qui fait que je vois ou ne vois pas ?
Pour qu’une lumière me touche, il faut que je sois atteint.  S’il y a en moi un élan qui fait que je me précipite c’est que j’ai vu ou entendu quelque chose.
Tous les jours, vous entendez parler et voyez par écrans interposés toutes ces bombes larguées par des drones, des missiles qui viennent s’écraser, exploser et incendier des immeubles, des maisons, des écoles, des hôpitaux en Ukraine ou à Gaza.  
Je vous raconte un de ces événements qui m’a permis de mieux saisir l’attirance, la beauté, la bonté, la confiance qui existent quand on entend la voix de quelqu’un d’autre qui parle en nous.
Dans un de ces immeubles en feu, il y avait une petite fille en pleur au 3ème étage.  Elle se tenait debout dans l’ouverture d’une fenêtre explosée.  Elle pleurait mais qui pourrait dire ce que disent les larmes de cet enfant en détresse ?  Au fond d’elle-même elle entend pourtant clairement la voix de son papa qui l’appelle.  Il est là, une douzaine de mètres plus bas au pied de l’immeuble.  Il crie, il hurle, il appelle : « Saute ma fille, saute.  Je suis là. »  La fumée et la chaleur qui se dégage de cet immeuble en feu l’empêche de voir mais elle entend la voix. Une voix qui résonne en elle, qui l’appelle.  Il y a un mouvement de vie.  Il faut laisser place à la spontanéité. Sans l’ombre d’une hésitation elle saute.  Bien sûr il y a la peur de mourir, que ce soit par les flammes ou la chute… mais il y a cette voix qui appelle et donne du courage, de l’audace. Elle saute.  Le franchissement je ne peux le faire que si je suis rempli de confiance, de ce chérissement paternel qui est une levée de voile, une ouverture dans cette fumée qui pourtant nous aveugle.
« Vous scrutez les Écritures, toutes les Écritures parlent de moi et vous ne me voyez pas », dit Jésus aux Scribes et aux Pharisiens ! Jésus parle en parabole et ce qu’il dit à ses disciples qui repoussent les enfants pour des raisons cultuelles et culturelles compréhensibles, est du même ordre.   Ce qu’il dit ou explique c’est comment ça vient Dieu en nous.  Certains ne comprennent pas et d’autres se laissent pénétrer par la parole.  Il faut laisser la Parole faire son œuvre et un jour, la lumière se fait.   Il ne s’agit pas d’une compréhension mais d’une révélation qui m’arrive en plein cœur.  Dieu c’est celui qui apparaît sur le visage, dans la voix de Celui qui me touche.  Il n’y a aucune détresse qui ne soit la détresse de Dieu. Il est le gardien de mon existence.  C’est le Dieu de l’intimité, du cœur à cœur. La difficulté de la révélation c’est qu’elle se manifeste dans l’anonymat, dans la force de l’embryon, la faiblesse et la vulnérabilité d’un enfant.  
Comme cette petite fille il faut que je m’abandonne à sa parole et que je lui donne le droit d’exister : « C’est toi ? C’est toi qui vibres en moi ? C’est renversant.  Les petits, les pauvres qui ont tout perdu, les enfants, s'ils arrivent plus vite dans le Royaume de l'Amour c'est parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent rien faire d'eux-mêmes si ce n'est s'appuyer sur un appel et une confiance en la Vie qui s'offre à eux.

Raymond le 16 août 25



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