(sœur Marie-Jean)
Introduction
Nous
voici rassemblés en communauté, en Eglise.
Le
Temps pascal à peine achevé, la reprise du Temps Ordinaire nous confronte déjà
à la perspective du Vendredi Saint.
Dans
l’Evangile que nous entendrons, Jésus annonce, pour la 3e fois, les
souffrances qui l’attendent, sa mort… et sa Résurrection.
Telle
est la réalité de tant de nos contemporains qui, comme les disciples de Jésus, sont
« en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils
étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte »
La
liturgie ne peut passer sous silence la vie concrète des hommes, femmes et
enfants.
Mais
elle peut aussi, au cœur de cette réalité, laisser poindre une joie.
La joie
promise par Jésus dans ses discours d’adieux, joie qui intègre la souffrance,
celle que nous avons pu réécouter dans les évangiles de la 7e
semaine du Temps pascal.
Aujourd’hui,
26 mai, nous célébrons la mémoire de l’apôtre de la Joie, un Saint que j’affectionne,
Saint Philippe Néri.
Sa
fête se situe opportunément après la Pentecôte.
Je
laisse un Oratorien, le Père Jacques Bombardier, nous présenter l’événement
décisif :
« C’est
(à Rome), dans ce lieu fréquenté assidûment chaque nuit que se situe
l’événement marquant de la vie intérieure de St Philippe : la Pentecôte de
1544. ‘Philippe avait aussi pour habitude quotidienne de prier spécialement le
St Esprit et de lui demander en toute humilité ses grâces et ses dons… Tandis
qu’il priait ainsi un jour de l’an 1544 avec grande ardeur, il sentit soudain
dans son cœur une telle explosion du grand amour du St Esprit qui le
submergeait, que le cœur se mit à battre si fort dans sa poitrine qu’on pouvait
l’entendre du dehors’. Cette expérience de l’amour emplit Philippe d’une joie
folle, ‘une joie qui lui vient tout entière de l’amour de Dieu’ ».
A
notre tour, invoquons l’Esprit-Saint pour nous-mêmes et notre monde, afin que
la Joie et l’Amour de Dieu nous entraînent, à la suite du psalmiste, à « sans
fin lui rendre grâce et d’âge en âge proclamer sa louange »[1].
La
suite de l’évangile illustre bien la mémoire de notre Philippe Néri…
En
effet, les fils de Zébédée briguent l’honneur de « siéger, l’un à la
droite et l’autre à la gauche (de Jésus), dans sa gloire »
Jésus
leur enseigne la juste « ambition » :
« Celui
qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être
parmi vous le premier sera l’esclave de tous »
Sens
du service, simplicité, proximité.
L’Apôtre
Philippe se fait disciple de Jésus :
« Le
voici donc, comme Socrate…, semblant n’avoir jamais rien à faire que d’errer à
travers le dédale des rues romaines. St Philippe n’enseigne aucune doctrine
particulière, n’impose aucune pratique spéciale… c’est tout au plus s’il
suggère. Mais on ne peut vivre quelque temps avec lui sans devenir autre qu’on
était. De soi-même, on s’imposera les changements qu’il ne proposait même pas.
Cet apostolat peu banal qui commence comme une simple amitié et qui finit de
même, mais dans l’entre-deux toute la vie d’une âme s’est communiquée à une
autre, c’est déjà le caractère qui restera le plus constant des méthodes
oratoriennes pour autant qu’il n’y en aura jamais »[2].
Quant
à la fondation de la Congrégation de l’Oratoire, elle s’enracine dans « un
amour ardent de Jésus » :
« Sa
contemplation solitaire et amoureuse de Dieu a fait naître en lui cette
compassion qui le porte à tout faire pour sauver le prochain… L’Oratorio occupe
toutes les énergies de St Philippe : chaque jour, les rencontres de prière, les
confessions, les directions spirituelles, les visites à domicile pour les
malades, les pauvres qu’il secourt… »[3]
Là
aussi, beaucoup de liberté et de service :
« L’intensité
de sa vie spirituelle l’invite à penser que l’amour de Jésus est le plus
exigeant des appels. C’est quand on manque de foi, qu’on a besoin de lois.
Anarchiste de tempérament, il trouve sa loi dans l’amour, et sa liberté dans
une servitude amoureuse »[4]
Enfin,
un dernier trait de la vie de St Philippe, devenu prêtre, est sa communion au
mystère de l’Eucharistie :
« Les
dernières années de sa vie, il mène une vie assez retirée. Il est tellement
ravi en extase quand il célèbre la messe qu’il ne peut plus célébrer en public
; il célèbre la messe dans une petite chapelle et prend la matinée pour célébrer
les saints mystères. Il ne peut plus prêcher sans être ravi en extase : toute
sa vie, Philippe dut se distraire (!) pour échapper aux extases et ainsi
arriver à prêcher ou à célébrer la messe !... Et puis St Philippe fait tout
pour qu’on ne le prenne pas pour un saint, convaincu qu’il est d’être un grand
pécheur »[5]
Rendons
grâces pour un tel Saint et, dans son sillage, mettons nos pas dans ceux de
Jésus, lui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et
donner sa vie en rançon pour la multitude »
Temps de silence
Notre Père
Avec St Philippe, entrons dans
la prière de Jésus…
Oraison
En
ce 26 mai, nous nous sommes souvenus de la vie et de l’enseignement de Saint
Philippe Néri. Accorde à ton Eglise d’aujourd’hui les Saints qui pourront
parler de Toi, dans la simplicité, la vérité et la liberté. Insuffle en nos
cœurs cet Amour ardent pour Jésus qui nous conduira, tout empreints de ta Joie,
vers nos frères et sœurs. Offre-nous la Grâce d’être tes témoins. Nous te le
demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, désormais près de Toi, Lui qui
règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des
siècles.
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