mercredi 26 mai 2021

Liturgie de la Parole, mémoire de St Philippe Néri


(sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Le Temps pascal à peine achevé, la reprise du Temps Ordinaire nous confronte déjà à la perspective du Vendredi Saint.

Dans l’Evangile que nous entendrons, Jésus annonce, pour la 3e fois, les souffrances qui l’attendent, sa mort… et sa Résurrection.

Telle est la réalité de tant de nos contemporains qui, comme les disciples de Jésus, sont « en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte »

La liturgie ne peut passer sous silence la vie concrète des hommes, femmes et enfants.

Mais elle peut aussi, au cœur de cette réalité, laisser poindre une joie.

La joie promise par Jésus dans ses discours d’adieux, joie qui intègre la souffrance, celle que nous avons pu réécouter dans les évangiles de la 7e semaine du Temps pascal.

Aujourd’hui, 26 mai, nous célébrons la mémoire de l’apôtre de la Joie, un Saint que j’affectionne, Saint Philippe Néri.

Sa fête se situe opportunément après la Pentecôte.

Je laisse un Oratorien, le Père Jacques Bombardier, nous présenter l’événement décisif :

« C’est (à Rome), dans ce lieu fréquenté assidûment chaque nuit que se situe l’événement marquant de la vie intérieure de St Philippe : la Pentecôte de 1544. ‘Philippe avait aussi pour habitude quotidienne de prier spécialement le St Esprit et de lui demander en toute humilité ses grâces et ses dons… Tandis qu’il priait ainsi un jour de l’an 1544 avec grande ardeur, il sentit soudain dans son cœur une telle explosion du grand amour du St Esprit qui le submergeait, que le cœur se mit à battre si fort dans sa poitrine qu’on pouvait l’entendre du dehors’. Cette expérience de l’amour emplit Philippe d’une joie folle, ‘une joie qui lui vient tout entière de l’amour de Dieu’ ».

A notre tour, invoquons l’Esprit-Saint pour nous-mêmes et notre monde, afin que la Joie et l’Amour de Dieu nous entraînent, à la suite du psalmiste, à « sans fin lui rendre grâce et d’âge en âge proclamer sa louange »[1].

 

 Méditation

La suite de l’évangile illustre bien la mémoire de notre Philippe Néri…

En effet, les fils de Zébédée briguent l’honneur de « siéger, l’un à la droite et l’autre à la gauche (de Jésus), dans sa gloire »

Jésus leur enseigne la juste « ambition » :

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous »

Sens du service, simplicité, proximité.

L’Apôtre Philippe se fait disciple de Jésus :

« Le voici donc, comme Socrate…, semblant n’avoir jamais rien à faire que d’errer à travers le dédale des rues romaines. St Philippe n’enseigne aucune doctrine particulière, n’impose aucune pratique spéciale… c’est tout au plus s’il suggère. Mais on ne peut vivre quelque temps avec lui sans devenir autre qu’on était. De soi-même, on s’imposera les changements qu’il ne proposait même pas. Cet apostolat peu banal qui commence comme une simple amitié et qui finit de même, mais dans l’entre-deux toute la vie d’une âme s’est communiquée à une autre, c’est déjà le caractère qui restera le plus constant des méthodes oratoriennes pour autant qu’il n’y en aura jamais »[2].

Quant à la fondation de la Congrégation de l’Oratoire, elle s’enracine dans « un amour ardent de Jésus » :

« Sa contemplation solitaire et amoureuse de Dieu a fait naître en lui cette compassion qui le porte à tout faire pour sauver le prochain… L’Oratorio occupe toutes les énergies de St Philippe : chaque jour, les rencontres de prière, les confessions, les directions spirituelles, les visites à domicile pour les malades, les pauvres qu’il secourt… »[3]

Là aussi, beaucoup de liberté et de service :

« L’intensité de sa vie spirituelle l’invite à penser que l’amour de Jésus est le plus exigeant des appels. C’est quand on manque de foi, qu’on a besoin de lois. Anarchiste de tempérament, il trouve sa loi dans l’amour, et sa liberté dans une servitude amoureuse »[4]

Enfin, un dernier trait de la vie de St Philippe, devenu prêtre, est sa communion au mystère de l’Eucharistie :

« Les dernières années de sa vie, il mène une vie assez retirée. Il est tellement ravi en extase quand il célèbre la messe qu’il ne peut plus célébrer en public ; il célèbre la messe dans une petite chapelle et prend la matinée pour célébrer les saints mystères. Il ne peut plus prêcher sans être ravi en extase : toute sa vie, Philippe dut se distraire (!) pour échapper aux extases et ainsi arriver à prêcher ou à célébrer la messe !... Et puis St Philippe fait tout pour qu’on ne le prenne pas pour un saint, convaincu qu’il est d’être un grand pécheur »[5]

Rendons grâces pour un tel Saint et, dans son sillage, mettons nos pas dans ceux de Jésus, lui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude »

 

Temps de silence


Notre Père 

Avec St Philippe, entrons dans la prière de Jésus…


Oraison

En ce 26 mai, nous nous sommes souvenus de la vie et de l’enseignement de Saint Philippe Néri. Accorde à ton Eglise d’aujourd’hui les Saints qui pourront parler de Toi, dans la simplicité, la vérité et la liberté. Insuffle en nos cœurs cet Amour ardent pour Jésus qui nous conduira, tout empreints de ta Joie, vers nos frères et sœurs. Offre-nous la Grâce d’être tes témoins. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, désormais près de Toi, Lui qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.             



[2] L. Bouyer, Un socrate romain, p. 24-25.

[4] homélie du Père Boureau (+) prononcée en l’église Saint-Eustache le 24 mai 1992 : https://www.oratoire.org/saint-philippe-neri/

[5] http://www.oratoire-nancy.org/saint-philippe-neri-notre-fondateur/

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