(sœur Myrèse)
Ouverture :
Aujourd’hui, avec Ben Sira nous sommes invités à louer,
rechercher, aimer la Sagesse. Bien sûr pas la sagesse trop humaine, qui coupe
les ailes à l’Esprit de Dieu et l’empêche de souffler où il veut. Vous le savez,
les Pères ont reconnu en Jésus la Sagesse personnifiée. Oui, Jésus est la
Sagesse de Dieu, sagesse qui est folie aux yeux des hommes, mais qui se révèle
vie, joie, salut pour qui l’accueille. Je vous propose d’écouter ainsi ce texte
de Ben Sira, comme parlant de Jésus, Sagesse personnifiée ! Nous verrons
alors dans l’Evangile comment cette sagesse est parfois surprenante !
La Parole méditée :
Alors dites-moi, comment entendez-vous cette page
d’évangile ? Vous vous réjouissez en disant : et toc ! bien
fait, bien répondu, Jésus ! Tu les as eus ! Dites-moi vous croyez
vraiment que Jésus, Sagesse de Dieu, s’amuse à mettre ses adversaires en
boîte ? Bien sûr je ne vais pas vous dire le contraire, la réponse de
Jésus est un chef d’œuvre de logique. Un joli dilemme bien bâti. Qui vous place
devant un choix apparent entre deux options, mais ces deux options vous
coincent ! Quel que soit votre choix en ce dilemme, vous êtes mal pris !
Est-ce que vraiment Jésus prend plaisir à clouer le bec à ses adversaires, à
les humilier devant ses disciples ? J’ai franchement peine à le croire.
Jésus est venu en sauveur, et que je sache, il offre son salut à tous, donc
aussi aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens qui viennent le
trouver. Est-ce offrir le salut que présenter un tel dilemme ? Oui, je le
crois ! Laissez-moi tenter de vous le montrer.
Jésus est interrogé sur son autorité. D’où la
tient-il ? Qu’est-ce qui lui permet de se comporter ainsi ? qui l’a
mandaté ? comment peut-il se comporter ainsi ? souvenez-vous, Jésus
vient de faire un joli ménage dans le temple, il en a chassé les vendeurs comme
les acheteurs, il a renversé les tables des changeurs, et les sièges des
vendeurs de colombes… On ne s’étonne guère de la question qui maintenant lui
est posée : d’où vient cette autorité ? pour qui te prends-tu ?
il y a un commandant gardien du bon ordre au temple… qui t’a donné autorité
pour t’agiter ainsi, pour t’ériger en maître contre le commerce du
temple ?
A cette question, Jésus répond par une autre question. Au
lieu de dire : je tiens l’autorité de… il interroge sur le baptême de Jean
le précurseur. Jean celui qui a reçu mission de rendre témoignage à Jésus. Jésus
pose la question de manière abrupte, avec un dilemme : son baptême vient-il
de Dieu ou des hommes ? Jean était prêtre, vous vous en souvenez, papa
Zacharie officiait au temple tandis que l’ange lui a annoncé la naissance de
Jean. Et en Israël, le sacerdoce est héréditaire. Si Zacharie est prêtre, Jean
l’est aussi. Mais voilà, Jean a exercé son sacerdoce d’une manière un brin
étrange. Il n’a pas servi au temple comme Zacharie ! mais il n’a pas pour
autant déserté la mission. Il a exercé non dans la liturgie somptueuse,
sacrificielle du temple, ce temple que Jésus vient de balayer fougueusement,
pour le rendre à sa mission de maison de prière. Jean s’est retiré au désert,
sur les bords du Jourdain, et là, il a invité les gens qui venaient à lui, à un
sacrifice nouveau : celui d’un cœur brisé. Et la foule venait à lui en
confessant son péché. Jean a exercé son sacerdoce au temple du cœur de
l’homme : Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas
d’holocauste. Le sacrifice qui plait à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne
repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. (Ps 50, 18-19)
Alors le baptême de Jean, il vient de Dieu ou des
hommes ? si les auditeurs de Jésus reconnaissent en Jean un homme de Dieu,
un prêtre qui a exercé au temple choisi par Dieu, qu’est le cœur de l’homme,
alors comment ne pas reconnaître le témoignage de Jean. Comment ne pas reconnaître que Jésus est le
messie annoncé ? si les auditeurs de Jésus ne reconnaissent pas en Jean
l’envoyé de Dieu, et en son baptême, une préparation à accueillir le Messie,
alors ils ne reconnaîtront pas plus Jésus. En fait en posant ce dilemme, Jésus
donne une clé de lecture de l’événement du temple. Une clé de lecture de son
geste prophétique quelque peu bousculant, de restitution du temple à sa
mission : lieu de prière pour tous les peuples.
Une fois de plus, Jésus tente de ramener ses adversaires à
leur conscience ! il voit leur désir de servir Dieu, il voit tout autant
leur dérapage ! leur manière d’avoir cadenassé, tué la foi en la bloquant
dans un système religieux qui ne laisse plus de place à la vie. Il ne les
confronte pas directement à lui-même, ce qui les humilierait, mais il leur
demande simplement de se souvenir de Jean ! regardez son
action ! et si vous reconnaissez
son bienfondé, vous reconnaitrez aussi son message ! et lui Jean a rendu
témoignage à Jésus. Voilà la perche que Jésus leur tend ! la foi ne
s’impose pas, elle se propose. Et toi… comment reçois-tu l’action de Jésus en
ta vie ? Jésus sait très bien qu’un dilemme se solutionne non dans
l’opposition des deux termes, mais dans l’avènement d’un troisième terme :
le baptême de Jean ? il vient de Dieu et des hommes ! il vient de
l’union de deux désirs : le désir de Dieu et le désir de l’homme. Ainsi
Jésus trouve son autorité, dans son humanité divine !
Invitation au
Notre Père :
Comme Jésus nous y invite, tournons-nous vers le Père
avec confiance
Prière d’envoi :
Jésus, encore et toujours, tu nous envoies tes messagers.
Encore et toujours tu nous invites à la foi, à l’engagement total de nos vies sur
les chemins de l’Evangile. Jésus sauveur, fais-nous adhérer de tout cœur à toi,
aussi déroutant puisse être ton appel.
Bénédiction :
Que le Dieu dont la sagesse se révèle folie à nos yeux,
nous bénisse…
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