samedi 29 mai 2021

Liturgie de la Parole, 8e samedi TO

(sœur Myrèse)

Ouverture :

Aujourd’hui, avec Ben Sira nous sommes invités à louer, rechercher, aimer la Sagesse. Bien sûr pas la sagesse trop humaine, qui coupe les ailes à l’Esprit de Dieu et l’empêche de souffler où il veut. Vous le savez, les Pères ont reconnu en Jésus la Sagesse personnifiée. Oui, Jésus est la Sagesse de Dieu, sagesse qui est folie aux yeux des hommes, mais qui se révèle vie, joie, salut pour qui l’accueille. Je vous propose d’écouter ainsi ce texte de Ben Sira, comme parlant de Jésus, Sagesse personnifiée ! Nous verrons alors dans l’Evangile comment cette sagesse est parfois surprenante !

La Parole méditée :

Alors dites-moi, comment entendez-vous cette page d’évangile ? Vous vous réjouissez en disant : et toc ! bien fait, bien répondu, Jésus ! Tu les as eus ! Dites-moi vous croyez vraiment que Jésus, Sagesse de Dieu, s’amuse à mettre ses adversaires en boîte ? Bien sûr je ne vais pas vous dire le contraire, la réponse de Jésus est un chef d’œuvre de logique. Un joli dilemme bien bâti. Qui vous place devant un choix apparent entre deux options, mais ces deux options vous coincent ! Quel que soit votre choix en ce dilemme, vous êtes mal pris ! Est-ce que vraiment Jésus prend plaisir à clouer le bec à ses adversaires, à les humilier devant ses disciples ? J’ai franchement peine à le croire. Jésus est venu en sauveur, et que je sache, il offre son salut à tous, donc aussi aux chefs des prêtres, aux scribes et aux anciens qui viennent le trouver. Est-ce offrir le salut que présenter un tel dilemme ? Oui, je le crois ! Laissez-moi tenter de vous le montrer.

Jésus est interrogé sur son autorité. D’où la tient-il ? Qu’est-ce qui lui permet de se comporter ainsi ? qui l’a mandaté ? comment peut-il se comporter ainsi ? souvenez-vous, Jésus vient de faire un joli ménage dans le temple, il en a chassé les vendeurs comme les acheteurs, il a renversé les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de colombes… On ne s’étonne guère de la question qui maintenant lui est posée : d’où vient cette autorité ? pour qui te prends-tu ? il y a un commandant gardien du bon ordre au temple… qui t’a donné autorité pour t’agiter ainsi, pour t’ériger en maître contre le commerce du temple ?   

A cette question, Jésus répond par une autre question. Au lieu de dire : je tiens l’autorité de… il interroge sur le baptême de Jean le précurseur. Jean celui qui a reçu mission de rendre témoignage à Jésus. Jésus pose la question de manière abrupte, avec un dilemme : son baptême vient-il de Dieu ou des hommes ? Jean était prêtre, vous vous en souvenez, papa Zacharie officiait au temple tandis que l’ange lui a annoncé la naissance de Jean. Et en Israël, le sacerdoce est héréditaire. Si Zacharie est prêtre, Jean l’est aussi. Mais voilà, Jean a exercé son sacerdoce d’une manière un brin étrange. Il n’a pas servi au temple comme Zacharie ! mais il n’a pas pour autant déserté la mission. Il a exercé non dans la liturgie somptueuse, sacrificielle du temple, ce temple que Jésus vient de balayer fougueusement, pour le rendre à sa mission de maison de prière. Jean s’est retiré au désert, sur les bords du Jourdain, et là, il a invité les gens qui venaient à lui, à un sacrifice nouveau : celui d’un cœur brisé. Et la foule venait à lui en confessant son péché. Jean a exercé son sacerdoce au temple du cœur de l’homme : Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plait à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. (Ps 50, 18-19)  

Alors le baptême de Jean, il vient de Dieu ou des hommes ? si les auditeurs de Jésus reconnaissent en Jean un homme de Dieu, un prêtre qui a exercé au temple choisi par Dieu, qu’est le cœur de l’homme, alors comment ne pas reconnaître le témoignage de Jean.  Comment ne pas reconnaître que Jésus est le messie annoncé ? si les auditeurs de Jésus ne reconnaissent pas en Jean l’envoyé de Dieu, et en son baptême, une préparation à accueillir le Messie, alors ils ne reconnaîtront pas plus Jésus. En fait en posant ce dilemme, Jésus donne une clé de lecture de l’événement du temple. Une clé de lecture de son geste prophétique quelque peu bousculant, de restitution du temple à sa mission : lieu de prière pour tous les peuples.

Une fois de plus, Jésus tente de ramener ses adversaires à leur conscience ! il voit leur désir de servir Dieu, il voit tout autant leur dérapage ! leur manière d’avoir cadenassé, tué la foi en la bloquant dans un système religieux qui ne laisse plus de place à la vie. Il ne les confronte pas directement à lui-même, ce qui les humilierait, mais il leur demande simplement de se souvenir de Jean ! regardez son action !  et si vous reconnaissez son bienfondé, vous reconnaitrez aussi son message ! et lui Jean a rendu témoignage à Jésus. Voilà la perche que Jésus leur tend ! la foi ne s’impose pas, elle se propose. Et toi… comment reçois-tu l’action de Jésus en ta vie ? Jésus sait très bien qu’un dilemme se solutionne non dans l’opposition des deux termes, mais dans l’avènement d’un troisième terme : le baptême de Jean ? il vient de Dieu et des hommes ! il vient de l’union de deux désirs : le désir de Dieu et le désir de l’homme. Ainsi Jésus trouve son autorité, dans son humanité divine !

 Invitation au Notre Père :

Comme Jésus nous y invite, tournons-nous vers le Père avec confiance

Prière d’envoi :

Jésus, encore et toujours, tu nous envoies tes messagers. Encore et toujours tu nous invites à la foi, à l’engagement total de nos vies sur les chemins de l’Evangile. Jésus sauveur, fais-nous adhérer de tout cœur à toi, aussi déroutant puisse être ton appel.

Bénédiction :

Que le Dieu dont la sagesse se révèle folie à nos yeux, nous bénisse…

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