mardi 25 mai 2021

Liturgie de la Parole, 8e mardi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture.

« Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité ». Tel pourrait être le titre de cette célébration. En effet, dans la première lecture, nous entendrons que Dieu donne le septuple, et dans l’évangile il sera question du centuple. Mais est-ce bien pour avoir le centuple que nous avons tout quitté pour suivre Jésus ? Est-ce pour avoir le septuple que nous offrons à Dieu de belles offrandes ? L’homme riche de l’évangile d’hier voulait savoir ce qu’il devait faire pour avoir la vie éternelle…

Le chant d’entrée nous a rappelé que nous faisons aujourd’hui mémoire d’un moine bénédictin du 8ème siècle, saint Bède le Vénérable. Lui, il est « tombé dans la marmite bénédictine » quand il était petit. Il est devenu érudit, il est le premier historiographe de l’Angleterre, mais on dit aussi de lui qu’il avait une « âme de cristal ». Sa vie s’est élevée devant Dieu comme un parfum d’agréable odeur… Après avoir entendu la retraite de sœur Anne Lécu sur les parfums, nous comprenons mieux ce que cela veut dire !

Résonances

« C’est présenter de multiples offrandes que d’observer la Loi ; c’est offrir un sacrifice de paix que de s’attacher aux commandements ». L’homme riche de l’évangile d’hier peut bien s’appliquer ces paroles. Il a parfaitement observé la Loi, il s’est attaché aux commandements. Pourtant, il sentait confusément que quelque chose d’important manquait encore…

En écho à la parole de Jésus sur la richesse et le détachement, Pierre prend la parole aujourd’hui : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre ». Rappelons-nous : qu’est-ce que Pierre a quitté ? Il a quitté ses filets et sa barque (c’est bien le même mot qui est utilisé). Ce n’est pas autant que ce que le jeune homme riche aurait dû lâcher, mais pour Pierre et André, c’était « tout », parce que c’était leur moyen de subsistance. À ce moment-là, a-t-il réfléchi à une récompense ? Non, mais peut-être qu’en cours de route, et surtout maintenant qu’il a été témoin de cette rencontre avec l’homme riche, il se rend compte de l’énormité de son geste, de son impulsivité du début, et il prend peur, il cherche une compensation.

La leçon du texte est plus subtile. L’homme riche recherche un intérêt. S’il observe les commandements, s’il demande à Jésus ce qu’il pourrait faire de plus, c’est en vue d’obtenir quelque chose (la vie éternelle, autrement dit une plénitude de vie qui commence dès maintenant, une paix intérieure qu’il n’a pas encore découverte). Pour lui, la vie éternelle est quelque chose qui se mérite… au bout d’un long parcours d’observances. Sous l’influence de cette remarque de l’homme riche, Pierre se demande ce qu’il va bien pouvoir mériter…

Regardons bien la réponse que Jésus adresse à Pierre et laissons-nous surprendre. Il dit d’abord : « nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’évangile, une maison, des frères etc… » Il dit « à cause de moi » et pas « pour obtenir quelque chose ». On ne suit pas Jésus pour quelque chose, on le suit parce qu’il est là. Sa venue est une cause qui attend une réponse. C’est parce que Jésus est là qu’on répond à son appel, et pas pour obtenir qu’il vienne. La suite de la phrase va plus loin. C’est une construction grammaticale un peu compliquée. Jésus ne dit pas : « tous ceux qui auront quitté maison, frères, sœurs etc. …  à cause de moi… recevront le centuple », mais il dit : « personne n’aura quitté à cause de moi maison frères sœurs etc… sans recevoir le centuple ». Il y a ici une conditionnelle négative que l’on peut traduire simplement par « si ne pas… » ce qui donne en fait : « personne n’a quitté maison, frères sœurs etc., à cause de moi, s’il n’a pas reçu pas le centuple maintenant, en ce moment, maison, frères sœurs etc… » (ou : « à moins d’avoir reçu… »).

On peut comprendre : c’est parce que le centuple est donné qu’on lâche tout pour suivre Jésus. Le centuple n’est pas une récompense, c’est un préalable ! Dieu est toujours premier dans le don. Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité : en fait toute la générosité vient de lui et notre don n’est jamais qu’une réponse, une action de grâce, un désir fort de lui offrir en retour quelque chose de ce centuple reçu.

À chacun de nous de s’interroger : quel est ce centuple pour moi aujourd’hui ? Le centuple du début de ma marche avec Jésus n’est sans doute pas le même que le centuple d’aujourd’hui. Il y a toujours motif à rendre grâce, à essayer d’être à la hauteur de la générosité de Dieu !

Prière

Que nos prières devant toi, Seigneur, s’élèvent comme un encens. Que nos offrandes se glissent dans le don de ton Fils, et reçoivent de son parfum leur bonne odeur. Que notre action de grâce devienne contagieuse et qu’elle permette à ta grâce de se répandre dans le monde, avec délicatesse. Nous t’en prions par Jésus…

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