mardi 11 mai 2021

Liturgie de la Parole, 6e mardi du Temps pascal

(sœur Marie-Raphaël)

Introduction

Le chant d’entrée nous le redit : « aujourd’hui, le Seigneur t’appelle ! » C’est vrai de chaque aujourd’hui. Nous fêtons la mémoire des saints abbés de Cluny : qu’ils nous inspirent dans notre écoute de l’écriture et dans notre prière !

En compagnie de Paul et de Silas, nous allons prolonger notre séjour à Philippes, et mettre en résonance avec le texte des Actes, la très belle lettre aux Philippiens.

Résonances

Paul est encore à Philippes. D’habitude, quand Paul arrive dans un nouveau lieu, il se rend d’abord à la synagogue. Mais il n’y a pas de synagogue à Philippes, qui est une colonie de vétérans romains, un centre commercial important sur un carrefour routier. Du coup, le jour du sabbat, comme nous l’avons entendu hier, il se rend à l’extérieur de la ville dans l’espoir d’y trouver un groupe en prière, et il rencontre le groupe de Lydie. Mais aujourd’hui, Paul est en prison. Que s’est-il passé ? Cela vaut la peine de lire le récit des Actes au-delà des péricopes que la liturgie nous propose, afin d’avoir une vue d’ensemble du bref passage de Paul à Philippes.

Après la rencontre avec Lydie, un jour où Paul et ses compagnons vont au lieu de la prière, une jeune servante, possédée par un esprit de divination et qui rapportait de gros bénéfices à ses maîtres par ses oracles, se met à les suivre en criant : « Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut ; ils vous annoncent le chemin du salut. » Au bout de quelques jours de ce harcèlement, Paul, excédé, l’exorcise en disant à l’esprit : « Au nom de Jésus Christ, je te l’ordonne : Sors ! ». Les maîtres, voyant s’en aller l’espoir de leurs bénéfices, se saisissent de Paul et de Silas et les traînent sur la place publique. Ils les font comparaître devant les magistrats. La foule se déchaîne contre Paul et Silas, on leur arrache leurs vêtements et on leur donne la bastonnade. Après les avoir roués de coups, on les jette en prison, en donnant au geôlier la consigne de les surveiller de près.

Nous avons entendu la suite : la prière des deux hommes prisonniers dans la nuit, le tremblement de terre, la panique du geôlier qui veut se donner la mort, puis finalement sa conversion. La suite est aussi remarquable : au point jour, les magistrats font dire au geôlier : « Relâche ces gens ! ». Mais quand le géôlier rapporte ces paroles à Paul, celui-ci se met en colère : « Ils nous ont fait flageller en public sans jugement, alors que nous sommes citoyens romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant, c’est à la dérobée qu’ils nous expulsent ! Il n’en est pas question : qu’ils viennent eux-mêmes nous faire sortir ! » Et les magistrats sont pris de peur en apprenant que Paul est citoyen romain… ils viennent s’excuser… et lui demandent de quitter la ville. Une fois sortis de la prison, Paul et Silas vont chez Lydie, réconfortent les frères et puis s’en vont.

Le passage de Paul à Philippes a donc été bref et particulièrement mouvementé. En partant, il laisse derrière lui deux foyers à partir desquels la foi chrétienne va rayonner. Celui de Lydie et celui du geôlier anonyme. Plus tard, à partir d’une autre prison (Ephèse, Césarée ou Rome ?), Paul leur écrira une très belle lettre. Imaginons cette lettre, apportée par Epaphrodite dans la maison de Lydie. Imaginons Lydie qui fait venir chez elle le géôlier, sa famille, et tous les chrétiens de Philippes, pour faire ensemble la lecture de cette lettre, imaginons l’ambiance de joie et de réconfort qui règne alors dans cette maison : une lettre débordante de tendresse : écoutez plutôt :

« PAUL ET TIMOTHEE, serviteurs du Christ Jésus, à tous ceux qui sont sanctifiés dans le Christ Jésus et habitent à Philippes, ainsi qu’aux responsables et aux ministres de l’Église. À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous. À tout moment, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est avec joie que je le fais, à cause de votre communion avec moi, dès le premier jour jusqu’à maintenant, pour l’annonce de l’Évangile. J’en suis persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. […]. Oui, Dieu est témoin de ma vive affection pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. Ainsi, serez-vous purs et irréprochables pour le jour du Christ, comblés du fruit de la justice qui s’obtient par Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. » (Phil 1, 1-11)

Entrons, nous aussi, maintenant, en imagination, dans la maison de Lydie. Et recevons ces paroles qui nous sont adressées personnellement : « mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Phil 4, 1.4-7)

Alors que dans l’évangile, il est question de la tristesse des apôtres qui entendent Jésus leur annoncer son départ, nous savons que la joie de l’Esprit les a rejoints et nous sommes tous appelés à nous ouvrir à cette joie !

 

Prière

Dieu notre Père, ton message de salut est pour tous les temps et pour tous les lieux. En ressuscitant ton Fils, tu as confirmé la vérité de son témoignage, et l’Esprit prolonge dans l’Eglise la vie du Ressuscité. Béni sois-tu ! Fais de nous un foyer rayonnant de la joie de croire en toi, fermement fondé sur la paix que tu donnes en partage. Par Jésus…

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