(sœur Marie-Raphaël)
Introduction
Le chant d’entrée nous le redit :
« aujourd’hui, le Seigneur t’appelle ! » C’est vrai de chaque
aujourd’hui. Nous fêtons la mémoire des saints abbés de Cluny : qu’ils
nous inspirent dans notre écoute de l’écriture
et dans notre prière !
En compagnie de Paul et de Silas, nous allons
prolonger notre séjour à Philippes, et mettre en résonance avec le texte des
Actes, la très belle lettre aux Philippiens.
Résonances
Paul est encore à Philippes. D’habitude, quand Paul
arrive dans un nouveau lieu, il se rend d’abord à la synagogue. Mais il n’y a
pas de synagogue à Philippes, qui est une colonie de vétérans romains, un
centre commercial important sur un carrefour routier. Du coup, le jour du
sabbat, comme nous l’avons entendu hier, il se rend à l’extérieur de la ville
dans l’espoir d’y trouver un groupe en prière, et il rencontre le groupe de
Lydie. Mais aujourd’hui, Paul est en prison. Que s’est-il passé ? Cela
vaut la peine de lire le récit des Actes au-delà des péricopes que la liturgie
nous propose, afin d’avoir une vue d’ensemble du bref passage de Paul à
Philippes.
Après la rencontre avec Lydie, un jour
où Paul et ses compagnons vont au lieu de la prière, une jeune servante, possédée par
un esprit de divination et qui rapportait de gros bénéfices à ses maîtres par
ses oracles, se met à les suivre en criant : « Ces hommes sont des
serviteurs du Dieu Très-Haut ; ils vous annoncent le chemin du
salut. » Au bout de quelques jours de ce harcèlement, Paul, excédé, l’exorcise
en disant à l’esprit : « Au nom de Jésus Christ, je te
l’ordonne : Sors ! ». Les maîtres, voyant s’en aller l’espoir de
leurs bénéfices, se saisissent de Paul et de Silas et les traînent sur la place
publique. Ils les font comparaître devant les magistrats. La foule se déchaîne
contre Paul et Silas, on leur arrache leurs vêtements et on leur donne la
bastonnade. Après les avoir roués de coups, on les jette en prison, en donnant
au geôlier la consigne de les surveiller de près.
Nous
avons entendu la suite : la prière des deux hommes prisonniers dans la
nuit, le tremblement de terre, la panique du geôlier qui veut se donner la
mort, puis finalement sa conversion. La suite est aussi remarquable : au point jour, les magistrats font dire au
geôlier : « Relâche ces gens ! ». Mais quand le géôlier
rapporte ces paroles à Paul, celui-ci se met en colère : « Ils nous
ont fait flageller en public sans jugement, alors que nous sommes citoyens
romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant, c’est à la dérobée
qu’ils nous expulsent ! Il n’en est pas question : qu’ils viennent
eux-mêmes nous faire sortir ! » Et les magistrats sont pris de peur
en apprenant que Paul est citoyen romain… ils viennent s’excuser… et lui
demandent de quitter la ville. Une fois sortis de la prison, Paul et Silas vont
chez Lydie, réconfortent les frères et puis s’en vont.
Le
passage de Paul à Philippes a donc été bref et particulièrement mouvementé. En
partant, il laisse derrière lui deux foyers à partir desquels la foi chrétienne
va rayonner. Celui de Lydie et celui du geôlier anonyme. Plus tard, à partir
d’une autre prison (Ephèse, Césarée ou Rome ?), Paul leur écrira une très
belle lettre. Imaginons cette lettre, apportée par Epaphrodite dans la maison
de Lydie. Imaginons Lydie qui fait venir chez elle le géôlier, sa famille, et
tous les chrétiens de Philippes, pour faire ensemble la lecture de cette
lettre, imaginons l’ambiance de joie et de réconfort qui règne alors dans cette
maison : une lettre débordante de tendresse : écoutez plutôt :
« PAUL
ET TIMOTHEE, serviteurs du Christ Jésus, à tous ceux qui sont sanctifiés dans
le Christ Jésus et habitent à Philippes, ainsi qu’aux responsables et aux
ministres de l’Église. À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre
Père et du Seigneur Jésus Christ. Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je
fais mémoire de vous. À tout moment, chaque fois que je prie pour vous tous,
c’est avec joie que je le fais, à cause de votre communion avec moi, dès le
premier jour jusqu’à maintenant, pour l’annonce de l’Évangile. J’en suis
persuadé, celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à
son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. […]. Oui, Dieu est témoin de
ma vive affection pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma
prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans
la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est
important. Ainsi, serez-vous purs et irréprochables pour le jour du Christ,
comblés du fruit de la justice qui s’obtient par Jésus Christ, pour la gloire
et la louange de Dieu. » (Phil 1, 1-11)
Entrons,
nous aussi, maintenant, en imagination, dans la maison de Lydie. Et recevons
ces paroles qui nous sont adressées personnellement : « mes frères
bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez
bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. Soyez toujours dans la joie du
Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance
soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien,
mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour
faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce
qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ
Jésus. » (Phil 4, 1.4-7)
Alors
que dans l’évangile, il est question de la tristesse des apôtres qui entendent Jésus
leur annoncer son départ, nous savons que la joie de l’Esprit les a rejoints et
nous sommes tous appelés à nous ouvrir à cette joie !
Prière
Dieu
notre Père, ton message de salut est pour tous les temps et pour tous les
lieux. En ressuscitant ton Fils, tu as confirmé la vérité de son témoignage, et
l’Esprit prolonge dans l’Eglise la vie du Ressuscité. Béni sois-tu ! Fais
de nous un foyer rayonnant de la joie de croire en toi, fermement fondé sur la
paix que tu donnes en partage. Par Jésus…
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