jeudi 20 mai 2021

Liturgie de la Parole, 7e jeudi du Temps Pascal

(sœur Bernadette)


Introduction :

Aujourd’hui les deux lectures nous parlent de l’unité. Avant sa mort, Jésus implore son Père : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. […] Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un » (Jn 17,21) Pourquoi cela semble-t-il si important pour Jésus ? Pensait-il seulement à l'unité entre ses disciples ou faisait-il déjà référence à l'unité de la famille humaine, comme il est écrit dans le livre de Tobie : « De nombreuses nations viendront de loin vers le nom du Seigneur Dieu ».[1]


Lectures : Ac 22,30 ; 23,6-11 // Ps 15(16) // Jean 17,20-26


Méditation : 

Avant d'essayer de répondre aux questions posées (unité entre ses disciples ou unité de la famille humaine), je voudrais reproduire avec mes propres mots un court extrait de la pièce "Nathan le sage", la "parabole de l'anneau", de Gotthold Ephraïm Lessing, datant du 18e siècle.

« Un père avait trois fils. Dans sa famille, il y avait une bague de la plus haute valeur qui était donnée au fils le plus cher, quel que soit son âge. Cet anneau possédait le pouvoir secret de rendre agréable aux yeux de Dieu et des hommes celui qui le portait. Mais le père éprouvant un même amour pour chacun de ses fils, ne voulait faire de peine à aucun. Il a donc fait confectionner deux autres bagues identiques. Avant sa mort, il a donné à chacun sa bénédiction et une seule des bagues. Il mourut et à peine inhumé une querelle éclata entre les fils pour savoir qui avait la vraie bague. Ils en référèrent à un juge qui leur dit : "J'entends dire que le véritable anneau possède le pouvoir miraculeux de rendre son propriétaire agréable à Dieu et aux hommes ? Les faux anneaux ne pourront certainement pas le faire ! Mon conseil est le suivant : puisque chacun de vous a reçu la bague de son père qu’il considère qu’elle est la vraie !  Qu’il vive avec amour, sans nourrir de préjugés, avec bienveillance et cordialité et dans la plus profonde dévotion à Dieu. »[2]

"Que souhaite une mère ou un père mourant, pour ses enfants ? Qu'ils ne fassent qu'un ! Qu'ils s'entendent, se soutiennent, s'entraident ! Unité et paix".[3] C'est l'intention cachée du père dans la parabole. Il aime les trois fils de manière égale, il désire la concorde et la paix entre eux. Lessing a basé la pièce sur la structure interreligieuse des juifs, des musulmans et des chrétiens. L'œuvre, avec des personnages issus de différentes cultures, religions et civilisations, prend une tournure qui montre à quel point l'humanité est étroitement imbriquée.

Bien que différents, nous sommes tous "enfants et créatures" d'un seul et même Père. "Une seule humanité sur un seul bateau à bascule appelé Terre".[4] " Sans l'autre, il nous manque une partie de nous-mêmes."[5] Chacun est une petite pièce du puzzle dans le grand schéma de la création.

Il est regrettable de voir que les gens ne s'éloignent pas seulement de Dieu, mais aussi les uns des autres. Nous sommes appelés et créés pour être en union avec tous nos frères et sœurs. L’unité est possible dans la diversité.

"L'unité des religions peut même être vécue comme une interpénétration mutuelle qui apporte le salut. Dieu voulait manifestement que des personnes différentes, de langues différentes, de religions différentes, apprennent à s'entendre les unes avec les autres. C'est en apprenant à aimer leur altérité qu'ils peuvent devenir capables de dépasser leur égocentrisme."[6] Surtout aujourd'hui dans « la situation mondiale de crise fondamentale face à la sécularisation »[7], ce serait un signe lumineux qui donnerait l'espoir d'une coexistence pacifique dans ce monde unique.

Si nous nous rapprochons les uns des autres, si nous travaillons ensemble, si nous nous écoutons les uns les autres et si nous nous traitons avec amour, alors le monde se rendra compte que celui qui se tient derrière nous et qui nous donne de la force, c'est Dieu. Partout où cette "culture de la rencontre" est pratiquée nous dit le pape François, la lumière jaillit car il n’est pas d’argument plus puissant qu’une parole d’amour.

"Le Seigneur veut l'unité globale de tous en ce temps qui est le nôtre, afin qu'en elle tous trouvent le salut. De même que l'amour ne dit jamais : assez, c'est assez, de même nous ne devons jamais dire : maintenant nous avons réalisé assez d'unité, restons-en là"[8].

Le désir de Jésus est l'unité parfaite." Que l'amour dont vous m'avez aimé soit en eux " (Jn 17, 26) Mais la nature nous apprend que tout commence petitement.

 

Notre Père : 

Confiants en toi, nous prions comme tu nous l'as enseigné.

 

Prière de conclusion : 

« Seigneur, créateur de l'unique famille humaine, ton nom est vie, paix, shalom et salaam. Que ce nom soit nommé et loué par tous. Rassemble tous les peuples à l'ombre de Ta magnanimité et accorde-leur de s'unir dans un même élan, de devenir comme les rayons d'un soleil, les vagues d'une mer et les fruits d'un arbre. Aide-les à trouver en Toi la force de surmonter les peurs et la méfiance, de grandir dans l'amitié et de vivre en harmonie les uns avec les autres. »[9]



[1] Tobie 13,13

[2] Gotthold Ephraim Lessing; Nathan der Weise, Ringparabel, leichte Abwandlung

[3] Kardinal Christoph Schönborn

[4] Michael von Brück; Einheit der Religionen als Herausforderung für das Christentum; aus „Lebendige Seelsorge“; 1994

[5] Panorama; Soeur Dominicaines du Monastère Notre-Dame de Beaufort; 20.05.2021

[6] Michael von Brück; Einheit der Religionen als Herausforderung für das Christentum; aus „Lebendige Seelsorge“; 1994

[7] Michael von Brück

[8] Bischof em. Paul-Werner Scheele, Würzburg 1. VORTRAG: „ALLE SOLLEN EINS SEIN“ (Joh 17. 21) DAS TESTAMENT DES HERRN

[9] Fusion de trois priéres de : Papst Johannes Paul II, Hermann Schalück, Bahai-Gebet

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