lundi 1 mars 2021

Liturgie de la Parole, 2e lundi de Carême

 (Sœur Myrèse)

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Donnez, on vous donnera ! Voilà une parole qui souvent a été bien mal comprise, et qui mène alors à ces propos navrés, désabusés d’éducateurs et autres : comment peux-tu nous traiter ainsi après tout ce que nous avons fait pour toi !!!  J’ai été soufflée un jour par ces propos entendus : il faut faire des cadeaux aux autres, sinon ils ne t’en feront jamais ! Et tu n’auras jamais cette joie de recevoir !!! Ah bon ? Et ensuite, on lit ainsi l’évangile et on en fait une invitation au mercantilisme. Je te donne parce que j’espère que tu me donnes en retour. Est-ce vraiment cela l’invitation de l’Evangile d’aujourd’hui ? Vivre la générosité comme un commerce ? laissons-nous interpeler une fois encore par la Bonne Nouvelle de ce jour. Et prions le Seigneur d’ouvrir nos cœurs, en chantant le psaume.

La Parole méditée :

Donnez, on vous donnera ! C’est bien ce que nous avons entendu. Littéralement on aurait pu écrire :  Donnez, il vous sera donné. L’Evangile ne dit absolument pas : Donnez, on vous rendra ! En fait si on traduisait de manière explicite ce que l’Evangile sous-entend, il faudrait dire : Donnez, Dieu vous donnera ! Donnez, Dieu pourvoira ! Si vous donnez en espérant que le bénéficiaire de vos largesses vous les rendra sous une forme ou une autre, vous ne donnez pas, vous prêtez, en espérant que cela vous soit rendu avec les intérêts en plus ! L’évangile nous invite à une autre perception, à l’entrée dans une autre vie ! La vie divine.

Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez et vous serez pardonnés. Donnez et il vous sera donné.

Le premier verset relu maintenant nous donne la clé : entrez dans les manières de Dieu. Partagez la vie divine. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, comme Dieu ne juge pas, rappelez-vous : st Jean nous dit que le Père a remis tout jugement au Fils. Et le Fils s’empressera de dire : moi, je ne juge personne. Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés : Dieu n’a pas envoyé son fils dans le monde pour juger, condamner, mais pour que par lui le monde soit sauvé. La seule condamnation qui peut vous peser : celle que vous portez sur vous et sur les autres…

Quelle vie voulons-nous ? Là est bien la question que nous pose l’évangile. Voulons-nous vivre dans la prison de la rancœur, de la haine ? Très bien : jugeons, condamnons, refusons le pardon. La haine, la rancœur, nous garderont prisonniers mieux encore que des barreaux de prison, mieux encore qu’un confinement.

Voulons-nous vivre libres ? Habitons la miséricorde de notre Dieu.

Vous allez dire : oui, mais sans justice où allons-nous ? Les chrétiens peuvent-ils encore être juges en notre société ? Le Talmud, ainsi que le rapporte Antoine Nouis, commente le verset disant que David régna sur tout Israël et qu’il agissait envers son peuple avec équité et justice. Avec justice et charité. Est-ce possible ? Le commentaire répond que si un pauvre avait tort dans une affaire, David rendait justice envers ce pauvre, avec la même sévérité que pour un riche. Mais après l’avoir condamné, il lui faisait parvenir l’argent nécessaire pour s’acquitter de sa peine. Il lui donnait de quoi réparer le mal commis.

N’est-ce pas cela le parfum du pardon qui n’humilie pas, mais donne avec surabondance ? Par-donne ! Si tu veux juger, sois prêt à porter le poids du jugement que tu as posé ! Et par-donne !

Voulons-nous vivre l’Evangile ? Demandons à Dieu de nous partager son cœur miséricordieux. Demandons la grâce d’être à son image et à sa ressemblance, miséricordieux ! Rien que miséricordieux. Et je suis sûre, nous en serons pleinement heureux. Heureux du bonheur de Dieu lui-même.

Oser dire le Notre Père :

Comme Jésus a laissé le Père poser sur lui son regard d’amour, mettons-nous à notre tour sous le regard du Père, pour lui porter notre prière

Prière :

Dieu de tout amour, tu es Dieu de miséricorde, de toi vient tout don parfait. Le don en toi est débordement comme d’une source qui ignore ce qu’elle donne. Modèle-nous à ton image et à ta ressemblance. Toi qui fais toutes choses nouvelles, convertis nos cœurs. Qu’il ne reste en nous que ta joie, celle de Celui qui en ton Fils a tout donné. Nous te le demandons par Jésus, le Christ notre Seigneur.

Bénédiction :

Que le Dieu de miséricorde nous bénisse et nous garde…

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