(Sœur Myrèse)
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Donnez, on vous donnera ! Voilà une parole qui
souvent a été bien mal comprise, et qui mène alors à ces propos navrés,
désabusés d’éducateurs et autres : comment peux-tu nous traiter ainsi
après tout ce que nous avons fait pour toi !!! J’ai été soufflée un jour par ces propos entendus :
il faut faire des cadeaux aux autres, sinon ils ne t’en feront jamais ! Et
tu n’auras jamais cette joie de recevoir !!! Ah bon ? Et ensuite, on lit
ainsi l’évangile et on en fait une invitation au mercantilisme. Je te donne
parce que j’espère que tu me donnes en retour. Est-ce vraiment cela
l’invitation de l’Evangile d’aujourd’hui ? Vivre la générosité comme un
commerce ? laissons-nous interpeler une fois encore par la Bonne Nouvelle
de ce jour. Et prions le Seigneur d’ouvrir nos cœurs, en chantant le psaume.
La Parole méditée :
Donnez, on vous donnera ! C’est bien ce que nous avons entendu. Littéralement on
aurait pu écrire : Donnez, il
vous sera donné. L’Evangile ne dit absolument pas : Donnez, on vous
rendra ! En fait si on traduisait de manière explicite ce que
l’Evangile sous-entend, il faudrait dire : Donnez, Dieu vous
donnera ! Donnez, Dieu pourvoira ! Si vous donnez en
espérant que le bénéficiaire de vos largesses vous les rendra sous une forme ou
une autre, vous ne donnez pas, vous prêtez, en espérant que cela vous soit
rendu avec les intérêts en plus ! L’évangile nous invite à une autre
perception, à l’entrée dans une autre vie ! La vie divine.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Ne condamnez pas et vous ne serez pas
condamnés. Pardonnez et vous serez pardonnés. Donnez et il vous sera donné.
Le premier verset relu maintenant nous donne la
clé : entrez dans les manières de Dieu. Partagez la vie divine. Soyez
miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, comme Dieu ne
juge pas, rappelez-vous : st Jean nous dit que le Père a remis tout
jugement au Fils. Et le Fils s’empressera de dire : moi, je ne juge
personne. Ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés : Dieu n’a pas
envoyé son fils dans le monde pour juger, condamner, mais pour que par lui le
monde soit sauvé. La seule condamnation qui peut vous peser : celle que
vous portez sur vous et sur les autres…
Quelle vie voulons-nous ? Là est bien la question
que nous pose l’évangile. Voulons-nous vivre dans la prison de la rancœur, de
la haine ? Très bien : jugeons, condamnons, refusons le pardon. La
haine, la rancœur, nous garderont prisonniers mieux encore que des barreaux de
prison, mieux encore qu’un confinement.
Voulons-nous vivre libres ? Habitons la miséricorde
de notre Dieu.
Vous allez dire : oui, mais sans justice où
allons-nous ? Les chrétiens peuvent-ils encore être juges en notre
société ? Le Talmud, ainsi que le rapporte Antoine Nouis, commente le
verset disant que David régna sur tout Israël et qu’il agissait envers son
peuple avec équité et justice. Avec justice et charité. Est-ce possible ? Le
commentaire répond que si un pauvre avait tort dans une affaire, David rendait
justice envers ce pauvre, avec la même sévérité que pour un riche. Mais après
l’avoir condamné, il lui faisait parvenir l’argent nécessaire pour s’acquitter
de sa peine. Il lui donnait de quoi réparer le mal commis.
N’est-ce pas cela le parfum du pardon qui n’humilie pas,
mais donne avec surabondance ? Par-donne ! Si tu veux juger, sois
prêt à porter le poids du jugement que tu as posé ! Et par-donne !
Voulons-nous vivre l’Evangile ? Demandons à Dieu de
nous partager son cœur miséricordieux. Demandons la grâce d’être à son image et
à sa ressemblance, miséricordieux ! Rien que miséricordieux. Et je suis
sûre, nous en serons pleinement heureux. Heureux du bonheur de Dieu lui-même.
Oser dire le Notre Père :
Comme Jésus a laissé le Père poser sur lui son regard
d’amour, mettons-nous à notre tour sous le regard du Père, pour lui porter
notre prière
Prière :
Dieu de tout amour, tu es Dieu de miséricorde, de toi
vient tout don parfait. Le don en toi est débordement comme d’une source qui
ignore ce qu’elle donne. Modèle-nous à ton image et à ta ressemblance. Toi qui
fais toutes choses nouvelles, convertis nos cœurs. Qu’il ne reste en nous que
ta joie, celle de Celui qui en ton Fils a tout donné. Nous te le demandons par
Jésus, le Christ notre Seigneur.
Bénédiction :
Que le Dieu de miséricorde nous bénisse et nous garde…
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