(soeur Marie-Raphaël)
Ouverture
Aujourd’hui, le prophète Jérémie nous met en garde
contre une grave maladie : le syndrome de la sclérocardie (en français : dessèchement du cœur).
C’est une maladie qui se présente sous beaucoup de formes. La forme la plus
répandue est sans doute le stress, qui peut s’exprimer comme angoisse, peur, refus
de confiance. Il existe des formes plus aiguës : autosuffisance, dont
l’expression la plus grave est l’orgueil. Un effet secondaire est la nuque
raide. Quand on est atteint par cette maladie, généralement, on tente de se
protéger des assauts extérieurs en s’enfermant dans un palais bien blindé, en
se cuirassant d’une armure de combat qui donne l’illusion d’être fort. On peut
devenir sourd et muet !
Il n’existe pas de vaccin contre cette maladie :
on dirait plutôt qu’elle contient en elle-même le principe de son
amplification, car plus on est endurci, plus on devient dur. Il n’y a qu’une
seule solution : une bonne hygiène de vie, avec un médicament à prendre
sans modération, tous les jours et même plusieurs fois par jour : la
Parole de Dieu ! Cette Parole de Dieu se présente parfois en nourriture
solide, parfois en boisson (eau fraîche, de préférence), parfois comme du miel,
du sel, des épices, parfois en dose homéopathique, comme une pastille à faire
fondre lentement sur la langue … Pour qu’elle soit vraiment efficace, il faut
toujours la mélanger à une bonne dose d’écoute.
Le psaume graduel nous dira : « aujourd’hui,
ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur ».
Commençons !
Résonnances
« Celui qui n’est pas avec moi est contre
moi ; celui qui ne rassemble pas avec moi, disperse ».
La parole de l’évangile d’aujourd’hui nous met devant
une énigme. Satan, le diable, nous le savons, c’est le diviseur. Mais si Satan
(autrement dit Béelzeboul), est divisé contre lui-même, son action ne peut
tenir. S’il veut être efficace, il doit être unifié, mais alors, il n’est plus
le diviseur. Jésus suggère-t-il que Satan, tôt ou tard, s’effondrera, parce
qu’il est en contradiction avec lui-même ? Je ne suis pas spécialiste en
démonologie. Je préfère me tourner du côté de la lumière, du côté du Christ, et
constater à quel point son action à lui est d’unifier, de rassembler. Là se
trouve sa force. Quand il expulse un démon, il expulse ce qui divise pour
permettre à l’homme de retrouver son unité intérieure, son intégrité.
Or, ce que je lis entre les lignes, c’est qu’il y a là
un combat terrible. Car il est beaucoup plus difficile de faire la paix que de
faire la guerre, comme le pape François l’a récemment rappelé durant son voyage
en Irak. Faire la paix, cela demande une force qui surpasse la force de la
guerre. Dans l’évangile, Jésus nous parle d’un homme fort et bien armé qui
garde son palais. Un homme blindé dans sa cuirasse… Pour l’en déloger, il
faudra un homme « plus fort » que lui. Nous sommes bien dans un
contexte de combat, de rapport de forces. Quelle est cette force plus forte que
la force de l’égoïsme ?
Martin
Luther King disait : « La ténèbre ne peut chasser la ténèbre, seule
la lumière le peut. La haine ne peut chasser la haine, seul l’amour le
peut ». Non, Béelzeboul ne peut chasser Béelzéboul ! Et si c’est le
doigt de Dieu qui le fait, alors c’est que le Royaume de Dieu est déjà là, au
milieu de nous. Nous verrons, à Pâques, jusqu’où peut mener cette logique. Les
exorcismes dont nous parlent les évangiles sont comme des préfigurations de cet
immense combat où Jésus va vaincre le prince de la mort par sa propre mort.
Aujourd’hui, il nous a donné une clé pour le comprendre. Aujourd’hui, ne
fermons pas notre cœur, car il veut nous sauver.
Prière
Seigneur
Jésus, tu veux nous guérir, tu veux nous sauver. Par la force de ta douceur,
ouvre la porte de nos cœurs cuirassés, invite-nous à la confiance, et nous
découvrirons le secret du Royaume déjà présent dans l’aujourd’hui, travaillant
avec la puissance de la sève qui fait éclater les bourgeons !
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