lundi 29 mars 2021

Liturgie de la Parole, 6e lundi de carême

 (sœur Elisabeth)

Introduction

Nous voici donc entrés dans la semaine sainte, la grande semaine comme l’appellent nos frères orthodoxes.

Pourquoi grande ? Pourquoi sainte ? il y a sans doute beaucoup de raisons de l’appeler ainsi. J’en évoque une. Il me semble que la semaine que nous allons vivre résume ou plutôt concentre tout le mystère de notre salut depuis l’incarnation, la vie terrestre de Jésus, son parcours à travers la Palestine jusqu’à sa mort et sa résurrection.

Oui, ils sont saints ces jours où nous célébrons avec une intensité particulière, l’amour d’un Dieu qui va jusqu’au bout de sa promesse, l’amour d’un Dieu qui rejoint l’homme non seulement dans son être de chair mais dans la part de péché qui l‘habite, qui prend sur lui ce péché, notre mort, pour nous ouvrir à Sa Vie.

Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous donne, au lendemain de Noël,l de fêter Saint Etienne, premier martyr de la foi au Christ ressuscité et en plein carême de célébrer les fêtes de saint Joseph et de l’Annonciation, nous invitant ainsi à reconnaître Dieu dans le nouveau-né comme dans le condamné à la mort infâme de la Croix.

Pour entrer dans ce mystère, chantons les psaumes, prières profondément incarnées d’un peuple en marche…

 

Méditation

L’Evangile que nous venons d’entendre est bien connu et pourtant il reste inépuisable à notre méditation et notre contemplation.

J’en relève un aspect qui a retenu mon attention. Il y est question de tensions, d’incompréhensions. Tension qui révèle le cœur humain, qui nous révèle à nous-mêmes.

Tension autour du geste de Marie, expression d’un attachement pour les uns, luxe et gaspillage inadmissible pour Judas ; don gratuit d’un côté, offense à la charité de l’autre.

Tension autour de Lazare que Jésus a ressuscité des morts. Lazare suscite l’attrait d’une grande foule et la haine des chefs religieux qui veulent le faire mourir.

Déjà la Liturgie du dimanche des Rameaux nous a montré d’une part une foule qui acclame Jésus comme le Messie annoncé par les prophètes et d’autre part le procès de ce même Jésus qui le conduit à sa condamnation et sa mort.

L’Evangile de la Passion en nous présentant l’apôtre Pierre, sûr de lui, de son amour pour le Christ, prêt à mourir avec Jésus et un peu après Pierre, saisi de peur, le reniant nous fait pressentir que les tensions autour de Jésus ne sont pas seulement des divergences de vue, des manières de penser différentes mais qu’elles habitent le cœur humain, notre cœur.

J’y vois une invitation à descendre en nous-mêmes pour mettre en lumière les sentiments qui nous habitent, les incohérences entre notre désir profond et nos maladresses, nos peurs, nos refus pour les mettre en œuvre au quotidien. N’y a-t-il pas en nous à la fois une Marie et un Judas, un Pierre intrépide et aimant et un Pierre craintif et soucieux de sauver sa peau ?

Marie ne semble pas perturbée par les critiques qui fusent autour d’elle, elle assume son geste avec détermination. C’est là il me semble le fruit d’une grande liberté intérieure qui se fonde sur son attachement au Christ. Et c’est pour nous un exemple précieux dans notre cheminement.

Ne sommes-nous pas souvent en nous-mêmes en proie à des tensions qui nous déchirent et nous divisent ? Notre quotidien ne nous met-il pas régulièrement en situation de choix parfois difficile entre des attitudes opposées ?

Il nous est bon alors de nous connecter à notre désir de suivre le Christ, à notre vocation baptismale que nous allons ré-affirmer la nuit pascale ; de nous reconnecter à ce « oui je crois » qui a bouleversé un jour notre vie. Il nous est bon de laisser le Christ nous libérer de nos attaches mortifères qui peuvent se dissimuler derrière une apparente charité, de le laisser nous libérer, comme dit l’épître aux Hébreux, du péché qui nous entrave si bien.

Comme nous le chantons chaque matin de cette semaine « Les yeux fixés sur le Seigneur, entrons dans le combat de Dieu », combat pour la vie, pour la vérité, pour la liberté.

 

Oraison

Dieu notre Père, en Jésus, tu nous ouvres un chemin de vérité et de liberté. Garde nos cœurs ouverts à ton Esprit pour discerner au creux de notre quotidien les forces qui nous habitent et motivent nos actions. Fais grandir en nous la liberté intérieure et le courage d’aller jusqu’au bout de notre combat contre le mal en nous et dans le monde. Garde nos yeux fixés sur le Christ qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

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