(Rosy)
Nous allons
aujourd’hui à la rencontre d’une femme très connue, bien que les textes ne nous
donnent pas son nom mais la désigne comme la grecque, la syro-phénicienne, la
cananéenne…
Ce qui me frappe
dans ce très beau récit, c’est tout ce qui la sépare de Jésus : je dirais
que tout les oppose. Ce qui donne beaucoup de relief au récit et de sujets de
réflexion. Comme elle, adressons notre prière à notre sauveur.
Après l’évangile :
Le dialogue qui
constitue le cœur du récit est sans doute moins tranchant que ce qu’on en
retient généralement. D’abord, tout y est « petit », l’emploi de
diminutifs en atténue la rugosité tout en en gardant la rigueur. D’abord, il s’agit
d’enfants. Rien n’y obligeait.
Ensuite
de petits chiens. Nous savons que les païens étaient désignés par ce terme… et
cet usage a perduré… l’inquisition et les croisades s’en sont emparé… Mais on
le retrouve aussi sans la Bible Ap 22, 15 Dehors les chiens, les meurtriers,
les idolâtres…
Ce mot, dans la bouche de Jésus, reste surprenant … mais il paraît que « petits » chiens ne désigne pas les chiens sauvages et dangereux mais les chiens domestiques, familiers… C’’est toujours ça…
Il y a aussi bien des nuances dans ces quelques mots : notamment le fait qu’il s’agit – chez Marc - d’un ordre de priorité : Israël puis les nations. Mais peut-être aussi un mode d’action : c’est par les Juifs que l’Evangile passera aux Grecs.
Comme si souvent devant des paroles étonnantes, on aimerait avoir le son, l’intonation, le regard… Presque lors de chaque guérison, Jésus s’arrange pour laisser ce temps d’arrêt qui permet au malade d’ajuster sa relation à lui. Peut-être cela joue-t-il aussi ce rôle.
Tout est ici
dans le « laisser faire », dans le détachement : « laisse d’abord
les enfants se rassasier… » ; les miettes aussi, qu’il faut laisser
tomber de la table sans aller les y servir.
C’est vrai,
répond la femme : finalement, le dialogue est plutôt paisible.
A propos de
miettes, cela me fait songer aux multiplication des pains et leur corbeilles de
miettes, ou de restes si vous préférez. Ce qui est remarquable, c’est que –
chez Mc comme chez Mt – les récits de partage du pain encadrent celui de la
Phénicienne. Avant il y avait 12 corbeilles de restes (donc pour les 12 tribus,
pour tout Israël) et après, il y en aura 7 (le nombre infini, donc pour le
monde entier). Voilà qui serait – symboliquement - en faveur du rôle joué par la
femme dans l’ouverture de Jésus au monde païen. Sans surestimer la portée
historique de l’ordre des chapitres évangéliques, il reste que Jésus s’est pourtant
déjà rendu en terre païenne, à Génésara, au milieu des cochons ! Et qu’il
y a guéri, là aussi, une personne possédée.
D’ailleurs,
comme d’habitude, c’est Jésus qui fait le premier pas : après tout, c’est
lui qui a décidé de se rendre à Tyr ! Si la Phénicienne a pu le rencontrer,
c’est parce qu’il est venu dans sa ville !
Ensuite, d’ailleurs,
il repassera par Sidon puis s’enfoncera dans la Décapole, sans que Marc ne nous
raconte quoi que ce soit à ce propos.
Pour moi, le
plus beau dans cette histoire, c’est que chacun accepte le dialogue, parle,
écoute, et cela malgré tout ce qui les sépare : depuis la distance géographique,
les dizaines de km entre Capharnaüm et Tyr, puis la langue, la religion, la
culture, le fait d’être homme et femme, pire, une femme sans doute considérée
comme impure puisque sa fille avait un esprit impur…
C’est une
histoire d’accueil de l’autre, un histoire d’ouverture et de confiance, une
rencontre capable de redonner vie à la fillette au travers de l’amour de sa
mère qui pouvait vaincre tous les obstacles. Une femme capable de l’humour qui
sauve, elle qui peut s’imaginer sous les traits d’un petit chien qui ramasse
les miettes sous la table… Qui sait, peut-être est-ce la grâce du jour ?
Invitation au Notre Père :
Avec la
confiance de la Phénicienne, prions sans crainte notre Père, comme Jésus nous l’a
demandé.
Nous te rendons
grâce, Seigneur Jésus, de venir sans cesse à notre rencontre, de nous offrir
cette amitié qui ouvre au dialogue.
Permets que nos
prières soient confiantes et audacieuses,
Nous te le
demandons, en union dans le Père et l’Esprit, toi qui es avec nous, aujourd’hui
et toujours.
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