jeudi 11 février 2021

Liturgie de la Parole 5e jeudi TO

 (Rosy)

 Ouverture :  

Nous allons aujourd’hui à la rencontre d’une femme très connue, bien que les textes ne nous donnent pas son nom mais la désigne comme la grecque, la syro-phénicienne, la cananéenne…

Ce qui me frappe dans ce très beau récit, c’est tout ce qui la sépare de Jésus : je dirais que tout les oppose. Ce qui donne beaucoup de relief au récit et de sujets de réflexion. Comme elle, adressons notre prière à notre sauveur.

Après l’évangile :

Le dialogue qui constitue le cœur du récit est sans doute moins tranchant que ce qu’on en retient généralement. D’abord, tout y est « petit », l’emploi de diminutifs en atténue la rugosité tout en en gardant la rigueur. D’abord, il s’agit d’enfants. Rien n’y obligeait.

Ensuite de petits chiens. Nous savons que les païens étaient désignés par ce terme… et cet usage a perduré… l’inquisition et les croisades s’en sont emparé… Mais on le retrouve aussi sans la Bible Ap 22, 15 Dehors les chiens, les meurtriers, les idolâtres…

Ce mot, dans la bouche de Jésus, reste surprenant … mais il paraît que « petits » chiens ne désigne pas les chiens sauvages et dangereux mais les chiens domestiques, familiers… C’’est toujours ça…

 Il y a aussi bien des nuances dans ces quelques mots : notamment le fait qu’il s’agit – chez Marc - d’un ordre de priorité : Israël puis les nations. Mais peut-être aussi un mode d’action : c’est par les Juifs que l’Evangile passera aux Grecs.

 Comme si souvent devant des paroles étonnantes, on aimerait avoir le son, l’intonation, le regard… Presque lors de chaque guérison, Jésus s’arrange pour laisser ce temps d’arrêt qui permet au malade d’ajuster sa relation à lui. Peut-être cela joue-t-il aussi ce rôle.

Tout est ici dans le « laisser faire », dans le détachement : « laisse d’abord les enfants se rassasier… » ; les miettes aussi, qu’il faut laisser tomber de la table sans aller les y servir.

C’est vrai, répond la femme : finalement, le dialogue est plutôt paisible.

A propos de miettes, cela me fait songer aux multiplication des pains et leur corbeilles de miettes, ou de restes si vous préférez. Ce qui est remarquable, c’est que – chez Mc comme chez Mt – les récits de partage du pain encadrent celui de la Phénicienne. Avant il y avait 12 corbeilles de restes (donc pour les 12 tribus, pour tout Israël) et après, il y en aura 7 (le nombre infini, donc pour le monde entier). Voilà qui serait – symboliquement - en faveur du rôle joué par la femme dans l’ouverture de Jésus au monde païen. Sans surestimer la portée historique de l’ordre des chapitres évangéliques, il reste que Jésus s’est pourtant déjà rendu en terre païenne, à Génésara, au milieu des cochons ! Et qu’il y a guéri, là aussi, une personne possédée.

D’ailleurs, comme d’habitude, c’est Jésus qui fait le premier pas : après tout, c’est lui qui a décidé de se rendre à Tyr ! Si la Phénicienne a pu le rencontrer, c’est parce qu’il est venu dans sa ville !

Ensuite, d’ailleurs, il repassera par Sidon puis s’enfoncera dans la Décapole, sans que Marc ne nous raconte quoi que ce soit à ce propos.

Pour moi, le plus beau dans cette histoire, c’est que chacun accepte le dialogue, parle, écoute, et cela malgré tout ce qui les sépare : depuis la distance géographique, les dizaines de km entre Capharnaüm et Tyr, puis la langue, la religion, la culture, le fait d’être homme et femme, pire, une femme sans doute considérée comme impure puisque sa fille avait un esprit impur…

C’est une histoire d’accueil de l’autre, un histoire d’ouverture et de confiance, une rencontre capable de redonner vie à la fillette au travers de l’amour de sa mère qui pouvait vaincre tous les obstacles. Une femme capable de l’humour qui sauve, elle qui peut s’imaginer sous les traits d’un petit chien qui ramasse les miettes sous la table… Qui sait, peut-être est-ce la grâce du jour ?

Invitation au Notre Père :

Avec la confiance de la Phénicienne, prions sans crainte notre Père, comme Jésus nous l’a demandé.

 Prière finale :

Nous te rendons grâce, Seigneur Jésus, de venir sans cesse à notre rencontre, de nous offrir cette amitié qui ouvre au dialogue.

Permets que nos prières soient confiantes et audacieuses,

Nous te le demandons, en union dans le Père et l’Esprit, toi qui es avec nous, aujourd’hui et toujours.

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