jeudi 14 juillet 2011

Heureux

Quand donc Jésus eut lavé leurs pieds, et eut repris son vêtement et se fut mis de nouveau à table, il leur dit : « Connaissez-vous ce que je vous ai fait ? Vous, vous m’appelez le maître et le Seigneur, et vous dites bien : je le suis en effet.  Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns des autres. En effet c’est un exemple que je vous ai donné, pour que comme moi j’ai fait pour vous, ainsi vous fassiez. Amen, amen, je vous le dis, l’esclave n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. Si vous savez cela, heureux êtes-vous si vous le faites ! »                               Jean 13, 12-17

Viens Esprit de service, viens Esprit d’amour. Viens vivre en nous ces gestes qui recréent et fondent les relations nouvelles du Royaume.

Quand donc Jésus eut lavé leurs pieds, et eut repris son vêtement et se fut mis de nouveau à table,…
Jean retrace la fin de la scène avec autant de solennité que celle qu’il avait mise pour nous donner à voir Jésus se levant de table, en début de récit. Chaque geste est habité d’une grâce spéciale. On devine un grand silence, habité, une communion, et sans doute un peu de vertige dans la tête et le cœur des disciples qui viennent ainsi de voir Jésus à leurs pieds pour les laver !

Connaissez-vous ce que je vous ai fait ? Vous, vous m’appelez le maître et le Seigneur, et vous dites bien : je le suis en effet. Si donc, moi, le Seigneur et le maître je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns des autres.
Jésus en appelle à l’intelligence du cœur de ses disciples : connaissez-vous ce que je vous ai fait ? et il va reprendre avec eux le chemin, pour l’intérioriser : vous m’appelez le maître et le Seigneur, et vous dites bien, je le suis en effet. Jésus part de ce que les disciples ont découvert de sa personne. De la compréhension qu’ils en ont acquise, compréhension qui fait qu’ils se sont mis à l’écouter et à le suivre… même si parfois ils se sont trouvés confrontés à l’insaisissable, à l’imprévisible, à l’inattendu… comme ce soir, où Jésus vient de leur laver les pieds, où Pierre a dû lâcher toute sa résistance pour accepter ce geste, l’accueillir. Jésus ne dénie pas le moins du monde ce « titre » de maître et Seigneur. Ce qu’il dénie c’est le contenu que nous pourrions lui donner de manière erronée. Ce qu’il refuse, comme il en a témoigner en répondant à Pierre, c’est que ses disciples lui imposent une manière d’être Seigneur et maître qui l’écarte de sa mission de révélation du Dieu d’amour.

Si donc moi, le Seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns des autres.
Jésus est dans l’argumentation à minori. Si moi le maître, le Seigneur, je fais cela, combien plus tous doivent le faire ! Ce que Jésus ne dit absolument pas c’est : Aujourd’hui je suis le maître et le Seigneur et je le suis en faisant cela, demain vous serez à ma place, comme mes successeurs, vous serez Seigneur et maître, alors vous devrez l’être ainsi ! Non, il leur dit seulement, si moi j’ai posé un tel geste pour vous, vous devez le poser les uns pour les autres, au sein même de la fraternité que vous formez !

C’est un exemple que je vous ai donné, pour que comme moi j’ai fait pour vous, ainsi vous fassiez. Amen, amen, je vous le dit, l’esclave n’est pas plus grand que son maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé.
En Jésus, il n’y a plus de grandeur autre que celle du service. Et nul n’a de par sa mission à se glorifier de quoi que ce soit. Vous les disciples ne vous prenez pas la tête à vous croire au-dessus de tous, au-dessus de celui qui vous envoie. Jésus jamais ne s’est présenté comme plus grand que le Père… faites de même !

Si vous savez cela, heureux êtes-vous si vous le faites.
Jésus revient à la connaissance des disciples. Il insiste ainsi sur la nécessaire intelligence des choses de Dieu. Jésus ne veut pas d’une imitation qui soit sans compréhension profonde. Il s’agit de savoir de l’intérieur la profondeur de l’amour, qui donne de rendre le service le plus humble, à qui en a besoin, et de le savoir en le mettant en pratique. Il ne s’agit pas de laver les pieds les uns des autres, dans un geste mécanique, parce que Jésus nous a dit de le faire. Il s’agit d’aimer au point de se donner, toujours, jusqu’au bout. Et là jaillit la joie ! Celle que nul ne pourra nous ravir. Là jaillit la joie, là même où ceux qui courent après les honneurs auraient vu la pire déchéance.

Seigneur fais-moi entrer en cette joie, toujours !

1 commentaire:

Raymond a dit…

"Connaissez-vous ce que je vous ai fait?"
Non, ils ne connaissent pas, ils ne comprennent pas, ils sont perplexes.
Or c'est bien lui le maître et Seigneur puisqu'il leur apprend, les enseigne et les fait grandir.
Un geste d'amour signifié de cette façon est certainement déconcertant.
Pour nous aujourd'hui davantage encore.
Pourquoi? Parce que je t'aime et que tu n'as pas à rendre, à me rembourser, c'est gratuit l'amour.
Très déconcertant dans le monde comme il se présente maintenant.
Ce geste de Jésus qui dit la gratuité de Dieu, va nous guérir, mais il faut être prêt à l'accepter.
Il y a viscéralement au fond de nous une peur de Dieu qui fait qu'on le rejette. Nous avons peur de nous "faire avoir"

Il y a comme une part de suspicion dans la manière de recevoir, surtout ce qui est gratuit.
D'où l'homme ne peut accepter un Dieu qui sert, qui donne, qui se met à genoux. Dieu doit être dominant et puissant. Si ce n'est pas le cas, alors ce ne peut être Dieu donc qu'on le mette en croix.

Je pense en ce moment à StPaul, à tous ces agissements dans un sens comme dans l'autre. Il dit d'ailleurs combien nous sommes capables de faire le pire du mal qu'on ne veut pas et le bien que l'on voudrait qu'on ne fait pas !

Seigneur, ce jour qui vient a pour moi cette image contrastée. D'une part, je me réjouis d'être en vacances ce soir et d'autre part, je pleure ce jour anniversaire du drame qui se trame et que je revis viscéralement le 15 juillet.
Seigneur, donne-moi le courage et la force de regarder ton visage. Sur ton visage tout est inscrit pour moi.
Raymond