lundi 29 août 2022

Liturgie de la Parole, 22e lundi TO

(Isabelle Halleux)

Introduction

Jean-Baptiste…  Luc nous le présente comme le « « prophète du Très Haut » (Lc 1, 76), Marc comme un précurseur (Mc 1, 7), Matthieu comme un prédicateur de la proximité du Royaume (Mt 3, 2), et Jean comme « le témoin » du Christ (Jn 1, 7).  « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés (…) » (Lc 1, 76—79).  Nous le chantons chaque matin[1].

 Jean-Baptiste s’est toujours défendu d’être Elie ressuscité (Jn 1, 21). Il s’est défendu aussi d’être le Messie annoncé (Jn 3, 28). Beaucoup pourtant le croyaient. Aux dires de Flavius Josèphe, Jean-Baptiste fut « un homme de bien exhortant les juifs à cultiver la vertu, à user de justice les uns avec les autres et de piété envers Dieu ». Un homme influent, craint par les autorités. Quelques années avant Jésus, il meurt d’une mort violente ordonnée par un responsable politique qui nous apparaît frileux et influençable. Nous allons réentendre le texte de son martyre (Mc 6, 17-29). Son parcours, du début à la fin, est finalement très semblable à celui de Jésus[2]... Nous savons ce qui arriva après: la passion et la résurrection du Christ !

Les évangélistes, Paul[3] et les premiers chrétiens, avec les Pères de l’Eglise nous ont aidés - et nous aident encore - à entrer dans ce grand Mystère. A leur suite, prions, ouvrons notre cœur en chantant les psaumes à notre Dieu.

 Méditation

J’ai découvert dans une traduction d’homélies coptes de la Vaticane, un panégyrique de Saint Jean-Baptiste – date et auteur inconnus -, écrit pour une fête de la décollation, donc pour un jour comme aujourd’hui. C’est une petite merveille d’une dizaine de pages que j’ai envie de vous partager. J’ai aimé le style, la langue et surtout l’espérance qui s’en dégage. Je vous rassure, je ne vous en lirai qu’un court extrait, mais je vous en recommande la lecture complète[4] !

 [5]« Dirigeons-nous vers le combat saint de ce fort en Dieu, Saint Jean, le précurseur et le baptiste et le prophète et le martyr dont on célèbre la fête aujourd'hui dans les cieux et sur la terre, et montrons son grand combat admirable, pour la gloire de Dieu.

 [Jean, qui avait dit à Hérode « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère », se lève et répond à Hérode qui le menace :] « Ô Hérode, si tu me tues, cette mort ne sera pas une mort pour moi, mais tu me prépareras une vie éternelle. Ô Hérode, si tu m’enlèves la tête, on me tressera une couronne glorieuse à cause du chœur des martyrs qui vient après moi. Ô criminel, si tu me tues, je me réjouirai, à cause des Saints qui viennent après moi, parce que quand j’aurai donné mon sang pour la vérité de mon Seigneur, mon Seigneur Jésus Christ de son côté accordera son corps et son sang au genre d’Adam ».

 […] Le criminel Hérode fit saisir Saint Jean pour le jeter […] dans l’endroit le plus profond de la prison. Et Jean persévérait dans ses prières jour et nuit, suppliant Dieu d'avoir pitié et miséricorde de son peuple.

 Saint Jean vit le chœur des anges qui l’entouraient, se réjouissant avec lui de ce qu’il portait leur pureté ; [il vit] le chœur des prophètes parce que lui aussi était prophète comme eux ; Abel et le chœur des martyrs parce qu’on lui avait enlevé la tête à lui aussi de même qu’à eux ; Moïse et Aaron parce qu'il était de leur famille ; Elie et Elisée parce qu’il avait été dans le désert, lui aussi, comme eux […] Le précurseur vit tous ceux-là, étant venus le prendre, l’entourant et se réjouissant avec lui.

 Il vit Zacharie son père dont le sang fut répandu sur les degrés du saint autel à cause de lui[6], et il le consola disant : « Aie courage, mon fils ; car un seul nom, celui d’Hérode, nous a tués tous deux[7]. Et bien que nous soyons tués pour la parole de vérité de Dieu, voici que le fils de Dieu que tu as annoncé […] sera tué lui aussi pour le salut du monde à cause de son amour pour les hommes. »

 Elisabeth sa mère le réconforta aussi en disant : « Ô bienheureuses mes entrailles qui t’ont porté dans ma vieillesse […] Je t’ai enfanté 6 mois avant que Marie n’enfantât le Seigneur Jésus-Christ. […] Je t’ai pris, je me suis enfuie au désert avec toi qui étais tout petit […] Et je n’ai pas cessé de marcher avec toi au désert, jusqu’à ce que j’eusse déposé mon corps et que tu ne m’eusses ensevelie. Maintenant viens, repose-toi dans le royaume de Celui que tu as baptisé, Jésus-Christ, et rassasie-toi de ses biens qui demeurent éternellement. »

Quand Jean eut entendu tout cela, son cœur se remplit de joie et son esprit se réjouit. Il prit la longue chevelure de sa tête entre ses mains, lui-même la ramena sur sa figure, se jeta à genoux et adora Notre Seigneur Jésus-Christ. Et le bourreau le frappa du glaive et enleva sa tête sainte. Et le chœur des anges et de tous les Martyrs accueillit son âme bienheureuse.

 […] Au jour où [Dieu] jugera le monde […] une grande gloire environnera Jean, et il se trouvera debout auprès de son ami véritable Notre Seigneur Jésus-Christ, […] tandis que sa face brillera bien plus que le soleil dans sa splendeur. »

 Prière finale

Avec l’auteur inconnu du Panégyrique de Jean-Baptiste, nous prions :

Saint Jean, nous demandons que tu sois ambassadeur pour nous et notre peuple tout entier auprès de celui dont tu as été le prophète, le précurseur et le baptiste, afin qu’il nous accorde la rémission de nos péchés, qu’il accorde la paix à sa sainte église, une charité sincère et mutuelle, et une foi ferme (…). Puissions-nous, par la grâce et la miséricorde, et l’amour des hommes,  devenir dignes de notre Seigneur et notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ, par qui convient toute gloire et tout honneur et toute adoration, au Père avec Lui et au Saint-Esprit, maintenant et en tout temps et jusqu’au siècle de tous les siècles. Amen !



[1] Cantique de Zacharie, NT2 (Lc 1, 68-79)

[2] On peut lire ces parallèles dans le livre « Jean-Baptiste » de Pierre Haudebert, oct. 2021, p.29-37 et p.83-85

[3] Notamment dans la 1e lecture du jour : 1 Co 2, 1-5

[4] De Vis H., Homélies coptes de la Vaticane, Volume I, 1922. https://www.coptica.ch/Devis-Homelies1.pdf

[5] Entre crochets, des omissions ou des ajouts insérés pour faciliter la compréhension du texte à l’audition.

[6] Dans Protévangile de Jacques, apocryphe du II e siècle, Zacharie est assassiné sur ordre d'Hérode le Grand car il refuse de dire où est caché son fils, Jean.

[7] Hérode le Grand pour Zacharie, Hérode Antipas pour Jean

samedi 27 août 2022

Liturgie de la Parole, 21e samedi TO

(Rosy)

Ouverture

Voilà une parabole qui interroge, étonne, scandalise peut-être… comme bien des paraboles.

Voilà une histoire qui se déroule au temps où les banques donnaient des intérêts…

Voilà surtout un récit qui présente une notion de justice qui nous déroute. Heureusement, il y est aussi question de confiance, de bonté, de fidélité et surtout de joie. Mais que cela ne nous détourne pas trop vite des aspect rugueux du texte.

Nous l’écouterons après le chant des psaumes.

 

Commentaire

La parabole que nous avons lue hier, celle des 10 jeunes filles, se terminait par « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure »

Ici aussi, il s’agit d’un maître absent. Mais il a organisé cette absence. Il aurait été si simple de placer lui-même son argent à la banque… Le fait qu’il le remette à ses serviteurs nous manifeste sa relation avec ceux-ci : il les connaît bien (il agit en fonction des capacités de chacun) et il leur fait confiance. (il confie ses biens). Et il part, sans la moindre recommandation, le moindre conseil. Il en fait des responsables !

Suivent 2 notions de temps contrastées : « Aussitôt » et « longtemps après ».

Aussitôt, c’est la manière dont les deux premiers serviteurs se mettent au travail : on ne sait rien de la façon dont ils font valoir les talents. Cela n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est leur zèle à mériter cette confiance, à se mettre en route, et c’est pour cela qu’il le font « aussitôt ».

Pourtant, le maître leur laisse le temps puisqu’il ne revient que « longtemps après ». Chacun peut travailler à son rythme, il y a plusieurs façons de répondre à la confiance. Le temps est donné mais il n’est pas connu.

Dès son retour, il demande des comptes !

Les deux premiers ont « reçu » les talents, ils les ont fait leurs pour un temps. Ils se sont considérés comme des partenaires, des alliés. Ils en ont pris soin et ils ont doublé la mise.

C’est bien ce qu’attendait le maître. Ils ont « TB ». Les éloges déferlent. Ils sont déclarés bons, fidèles et dignes de confiance.

Pour le 3e, ce talent, c’est « l’argent de son maître ».

Il n’a pas fait sien le don. Il a toujours considéré ce talent comme une intouchable propriété du maître. Lorsqu’il le présente à son maître, il le désigne encore ainsi : « Tu as ce qui t’appartient ».

Alors, comme dans la parabole des 10 jeunes filles, il y a ceux qui sortent, qui sont jetés à l’extérieur. Et il y a ceux qui entrent, qui « entrent dans la joie de leur Seigneur ». C’est cela que notre Dieu a hâte de nous partager : sa Joie !

 

Notre Père

Seigneur Jésus, tu nous as révélé qui est notre Dieu et c’est un Père que tu nous as fait connaître. Avec toi, nous voulons le prier.

 

Oraison

« La joie de notre cœur vient de lui,

notre confiance est dans son nom très saint. »

Avec ces mots du psaume, nous te bénissons, toi notre Dieu, et nous te louons pour tous tes bienfaits,

Toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit, aujourd’hui et pour toujours.


vendredi 26 août 2022

Liturgie de la Parole, 21e vendredi TO

 

Mémoire de St Césaire d’Arles (26 août)

(SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 26 août, je ne peux omettre d’honorer nos frères Lériniens, en faisant mention du saint dont l’Eglise fait mémoire aujourd’hui : St Césaire d’Arles.

Il vécut au 6e siècle et fut moine sur l’île de Lérins. Puis, malgré lui, il fut appelé à l’épiscopat.

On retient de lui les sermons simples qu’il composa et les règles monastiques qu’il rédigea pour moines et moniales.

Les deux lectures, sans grand lien entre elles – en tout cas, à mon regard – peuvent néanmoins illustrer la vie de Saint Césaire.

L’extrait de la 1e épître aux Corinthiens nous situe au cœur du kérygme : « Il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile ».

Quant à l’évangile, la parabole des 10 jeunes filles, que nous avons entendue il y a quelques semaines, prescrit : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».

Saint Césaire, moine-évêque : un évangélisateur et un veilleur.

 En ce vendredi, mémorial hebdomadaire de la Passion du Christ, je voudrais approfondir le message de St Paul et m’attarder au mystère de la Croix.

Un court extrait d’une homélie de Césaire d’Arles, suivi d’un temps de silence, nous invitera à contempler la Croix du Seigneur… et le gain qu’elle nous apporte.

À présent, recueillons les intentions des hommes et femmes de notre temps par le chant des psaumes.

 

Méditation

« Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu… », écrit St Paul.

Pour nous aider à approfondir ce mystère de la Croix, voici l’extrait d’un Sermon de St Césaire d’Arles.

Il s’intitule : « Pourquoi le Seigneur Jésus-Christ a libéré le genre humain par une dure passion, non par sa puissance ».

Je cite : « … Par les intrigues du diable, opérant par Judas, par les rois de la terre, par les chefs des Juifs qui ‘se sont ligués ensemble’ devant Pilate ‘contre le Seigneur et contre son Christ’, le Christ est condamné à mort ; innocent, il est condamné comme dit le prophète dans le psaume : ‘Mais le juste, qu’a-t-il fait ?’, et de nouveau : ‘Ils chercheront à prendre au piège l’âme du juste, et ils condamneront le sang innocent’. Il est condamné, lui qui n’est coupable d’aucune faute, même légère… Il a supporté patiemment et les outrages et les soufflets, la couronne d’épines et le vêtement d’écarlate et les autres moqueries rapportées dans l’Evangile. Il a supporté cela, sans aucune faute, afin, rassasié de souffrance, de venir à la Croix ‘comme une brebis au sacrifice’…

Il accomplit le mystère de la Croix pour lequel il était venu dans le monde…

Par la Croix est acquitté le péché du monde, la mort est détruite et le péché défait… »[1].

 Temps de silence

 Notre Père

Avec Jésus, le Fils qui nous rend fils et filles de Dieu, redisons la prière qu’il nous a apprise…

 Prière

Seigneur, avec l’apôtre Paul, nous avons perçu la valeur de la Croix de ton Fils, signe de Sa victoire et de notre salut. Nous t’en rendons grâces. Dans le sillage de St Paul, nous voulons nous associer à « cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile ». Que, dans cette annonce de la Bonne Nouvelle, St Césaire d’Arles intercède en notre faveur. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Bénédiction

Que le Seigneur dont la Croix atteste l’amour nous bénisse et nous garde…



[1] Césaire d’Arles, Sermon 11, n° 4, dans Sermons au peuple, tome I (Sermons 1-20), Sources Chrétiennes n° 175, Paris, Cerf, 1971, p. 391-393.

jeudi 25 août 2022

Liturgie de la Parole, 21e jeudi TO

 (Danièle)

 Introduction

 En cette 21°semaine du temps ordinaire, dernier jeudi du mois d'août donc des vacances scolaires,  saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens apporte la grâce et la paix au nom de Dieu le Père à tous ceux qui invoquent le nom de Jésus-Christ. En lui, nous avons reçu toutes les richesses, dit-il.

Dans le livre « chemins de crête » écrit par Sr Marie-Raphaël, on peut lire ceci : « Sur la trame solide du refrain, les couleurs vives des instants qui passent et ne reviennent pas »... Cette phrase correspond bien à l'évangile de Mathieu où Jésus nous invite  à veiller dans l'attente de la venue du Fils de l'homme car c'est à l'heure où on n'y pensera pas qu'il reviendra. Le temps passe vite, soyons prêt(e)s.

Chantons les psaumes en rendant grâce à Dieu !

Après l’Évangile

 « Il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Ce n'est pas la première fois que Jésus emploie cette phrase. Jeudi dernier déjà, celui qui ne portait pas le vêtement de noce  était jeté dans les ténèbres, de même dans saint Luc dimanche, ceux qui ne sont pas entrés par la porte étroite seront jetés dehors et il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Ça fait peur, c'est terrifiant parce que nous pouvons être parfois comme ce serviteur qui a cessé de veiller. Nous nous plaisons peut-être dans un statu quo, une petite vie tranquille, comme si nous ne voulions pas changer nos habitudes. Or, Jésus parle d'une punition épouvantable. Personne n'a envie d'être écarté et de partager le sort des hypocrites.   

Dimanche dernier, c'était rassurant de lire Saint Paul, dans sa lettre aux Hébreux qui disait ceci « Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu'un, il lui donne de bonnes leçons, il corrige tous ceux qu'il accueille comme ses fils » (12, 5-7)                                       

Et  Marie, dans le magnificat , dit : « Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour ».

Dans le livre du prophète Ézéchiel, quand Dieu compare son peuple à une femme infidèle, il établit avec elle une alliance éternelle. Et la punition, c'est être couvert de honte en découvrant l'immense bonté de Dieu, « ainsi, tu te souviendras. Dans ton déshonneur, tu n'oseras pas ouvrir la bouche quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait ». (Ez 16, 1-15. 60. 63)

On le sait, Dieu dans son infinie miséricorde, nous pardonne, il est fidèle à son alliance, on peut en trouver de nombreux exemples dans la Bible.

Veillez  nous dit-Il. Mais, comment veiller et ne pas s'endormir ? Être tout à coup fatigué(e), se tourner vers des futilités. Veiller sans rien faire, c'est compliqué, c'est pour cela que Jésus parle de travail, « heureux le serviteur que le maître en arrivant, trouvera en train d'agir ainsi ». Le travail nous tient en éveil. Il y a plusieurs sortes de travail, soit une prière régulière, soit le service aux autres, l'approfondissement de la foi par la lectio, etc. Jésus nous encourage à être à notre travail, travail propre à chacun(e) qui nous maintient le cœur ouvert aux autres et à Dieu. Seul, l'homme ne peut rien faire, mais avec Dieu, tout est possible.

L'idée que Jésus peut venir à n'importe quelle heure, ça pourrait être stressant et pourtant, si nous nous laissons guider dans le profond amour de notre Père, nous  réaliserons que nous n'avons rien à craindre. 

Aujourd'hui, saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens  dit ceci « aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ. C'est lui qui vous fera tenir fermement, jusqu'au bout »...

Emmanuelle Billoteau, dans le Prions en Église, pose deux questions :

         Avons-nous conscience des dons reçus dans le Christ Jésus ?

-      Savons-nous puiser notre solidité dans le Christ face aux tempêtes de la vie ?     

Invitation au Notre Père

Comme Jésus nous l'a apprise, chantons la prière à notre Père,

Prière finale

Seigneur, tu viens à l'improviste, tu nous invites à ouvrir l’œil, à être prêt(e)s pour ton retour. Sans toi, nous ne pouvons rien faire. Sois notre guide au milieu des orages ce  monde.

Nous te rendons grâce pour toutes les richesses reçues.

Aide-nous à rester éveillé(e)s aux besoins des autres et à être sans reproche quand tu reviendras. Nous t'attendons, viens !

Nous te le demandons à toi qui vis et règnes maintenant et pour les siècles des siècles.

lundi 22 août 2022

Liturgie de la Parole, 21e lundi TO

 

Sainte Marie Reine

(sœur Marie-Christine)

Introduction

Bonjour et bienvenue à notre célébration de la parole qui nous rassemble en communauté d’Église.

Deux textes très différents nous sont offerts. Le chapitre 23 de saint Matthieu fait partie des passages que personnellement j’ai toujours du mal à entendre ! Sœur Catherine du Carmel de Saint Joseph suggère « Dans le premier discours sur la montagne, Jésus avait proclamé sept béatitudes, maintenant, il proclame sept malédictions. »[1]. Je vous laisse cette piste que je n’ai pas réussi à expliciter.

Mais nous commençons aujourd’hui et pour deux jours seulement la lecture de la 2ème lettre de saint Paul aux Thessaloniciens, le 2ème écrit du Nouveau Testament, rédigé sans doute vers 51-52.

 Méditation

Je me suis intéressée à mettre en parallèle ce que nous disent Paul, l’ancien pharisien zélé, et Jésus.

Notons tout d’abord que Jésus ne dit pas « malheur » mais « malheureux » ce qui est tout différent ! Tandis que Paul commence par « À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. » : si je n’accueille pas la grâce et la paix du Seigneur, je suis malheureuse.

 Au fond que reproche Jésus aux pharisiens ? Peut-être d’être centrés non pas tant sur eux-mêmes que sur leur manière légaliste de voir la religion. Ils ont oublié l’essentiel : la religion est ce qui nous relie à Dieu, c’est un lien de vie et d’amour, envers Dieu et envers les autres.

Pour ne pas fermer les portes du Royaume ni pour soi, ni pour les autres, il nous est bon de nous souvenir que nous recevons tout de notre Dieu : « Que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, et qu’il rende active votre foi. »

Nous agissons ensemble Dieu et moi, sa grâce en mon cœur est première.

 Faire des convertis c’est bien ! La dimension missionnaire fait partie de ma vie chrétienne, pas en me démenant, mais en étant contagieuse comme aime à nous le dire le Pape François. Et Saint Paul dit sa fierté : « C’est pourquoi nous-mêmes sommes fiers de vous au milieu des Églises de Dieu, à cause de votre endurance et de votre foi dans toutes les persécutions et les détresses que vous supportez. »

Garder l’endurance, la persévérance, la foi, c’est-à-dire la confiance en Celui qui nous appelle, malgré les difficultés est un témoignage et un don à demander sans cesse dans la prière. « Dieu viens à mon aide, Seigneur, à notre secours »

 Jésus reproche aussi d’être des « guides aveugles ». sr Catherine du Carmel de saint Joseph commente :

« Malheureux sommes-nous lorsque nous nous croyons sages et intelligents, en règle avec toutes les prescriptions de l’Église, et que nous estimons appartenir au cercle restreint et privilégié des parfaits, des bons chrétiens. Oui, malheureux sommes-nous, car l’Évangile a été révélé aux tout-petits : à ceux qui ont besoin de l’amour des autres et de Jésus pour connaître le Père, à ceux qui savent qu’ils ont tout reçu d’un Autre et que c’est à Lui que tout retourne. »[2]

La confiance et l’amour envers lui et envers les autres est un chemin sur lequel j’espère être en croissance. Que l’action de grâce de Paul soit une invitation et un encouragement sur ce chemin : « Nous devons rendre grâce à Dieu à votre sujet, et c’est bien de le faire,-étant donné les grands progrès de votre foi, et l’amour croissant que tous et chacun, vous avez les uns pour les autres. »

Non que j’y sois parvenue, mais que je poursuive ma course « pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus » comme l’écrit Paul dans la lettre aux Philippiens[3]

Que je sois disponible à l’action de sa grâce en moi et ouverte à cette action dans les autres.

 Introduction au Notre Père

« Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom ! » Chantons de tout cœur, en union avec les croyants du monde entier, la prière reçue du Seigneur.

 Prière d’envoi

En ce jour de sainte Marie Reine je vous propose un extrait de l’acte de consécration du pape François au Cœur Immaculé de Marie le 25 mars dernier :

« Reçois donc, ô Mère, notre supplique.
Toi, étoile de la mer, ne nous laisse pas sombrer dans la tempête de la guerre.
Toi, arche de la nouvelle alliance, inspire des projets et des voies de réconciliation.
Toi, “terre du Ciel”, ramène la concorde de Dieu dans le monde.
Éteins la haine, apaise la vengeance, enseigne-nous le pardon.
Libère-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire.
Reine du Rosaire, réveille en nous le besoin de prier et d’aimer.
Reine de la famille humaine, montre aux peuples la voie de la fraternité.
Reine de la paix, obtiens la paix pour le monde. » [4]

Nous te le demandons par Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous conduit vers le Père dans l’Esprit Saint, dès maintenant et jusque dans les siècles des siècles.

mercredi 17 août 2022

Liturgie de la Parole, 20e mercredi TO

(Isabelle Halleux)

 Introduction

Nous entendrons ce jour, de l'évangile de Mt (Mt 20, 1-16), la parabole des ouvriers de la dernière heure. Vous la connaissez bien ; elle donne du fil à retordre à beaucoup, avec des discussions sans fin sur les « valeurs » ou sur les pratiques de « justice sociale »…

 Je vous avoue que j’ai un peu de mal à faire des liens avec les bergers infidèles de la 1ère lecture (Ez 34, 1-11)… Quel dommage que la liturgie ne nous ait pas proposé  l’Ecclésiaste !

 Là où  Qohèleth, après avoir « examiné toutes les œuvres qui se font sous le soleil », arrive à la conclusion que « tout est vanité ». A l’homme, une vapeur qui ne dure que le temps d’un souffle, « que (lui) reste-t-il de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? ». L’Ecclésiaste termine en faisant remarquer que les valeurs, même dans une perspective humaniste, demeurent finalement vides et sans consistance si elles ne sont pas reçues de Dieu et qu’elles ne demeurent pas liées à lui.

 « Allez à ma vigne, je vous donnerai ce qui est juste », dit le maître du domaine dans Mathieu. Qu’est-ce qui est juste pour l'homme qui se fatigue sous le soleil ? Le droit de travailler ? Le salaire ? L’espoir du lendemain ? Nous allons y réfléchir un peu.

 Entrons d’abord en prière en chantant les psaumes au Seigneur.

  

Méditation

Sur la place, sous le soleil, une série d’hommes attendent d’être choisis par le maître du domaine pour travailler à la vigne… Cet évangile me fait penser à Laurence, du Pôle Emploi de Cergy Pontoise[1] qui accompagne des chômeurs de longue durée. Elle leur propose des interviews fictives avec un employeur. « Une phrase revient dans leur bouche comme une rengaine », dit-elle : « Bonjour, je m’appelle X. et je suis demandeur d’emploi ».  « Ce n’est pas ce que l’employeur veut savoir ! »

 Elle ajoute « Ils sont tellement pris dans leur situation que c’est comme s’ils n’existaient plus que comme chômeurs. J’insiste pour leur dire que ce statut temporaire ne les définit pas, ni leur personne ni leurs compétences. La plupart n’ont pas le réflexe de se valoriser. Mais il y a toujours du positif à mettre en avant. » Laurence a pris l’habitude de parler avec eux de leur histoire, leurs intérêts, leurs loisirs, leurs passions, pour trouver quelque chose de bien « à faire émerger ». « C’est une petite démarche », confie-t-elle, « mais ils repartent dans un nouvel état d’esprit. »

 « Viens ! » Quel est l'état d'esprit de celui qui s'entend appeler dès le petit matin par le maître de la vigne ? Il doit être heureux ! Sans doute va-t-il se donner à fond pour gagner le salaire promis, satisfaire pleinement le patron en espérant être rappelé le lendemain.

 Quel est l'état d'esprit de celui qui n'est pas choisi par le maître du domaine, alors qu'il est courageux, qu’il pense avoir le profil et qu’il espère avoir une chance de nourrir sa famille ? Il se redresse quand le maître vient, il croise les doigts et il stresse sans doute un peu. 9h, 12h, 15h... à chaque fois, le maître vient et il reste sur le carreau. Sans doute son moral est-il bien bas quand la seule perspective du jour est : une nouvelle journée sans travail. Mais il reste là. Tant qu’à faire… Il attend. Il se décompose lentement. Et voilà le maître qui revient encore une fois ! « Viens ! », dit-il.

 Quel est l'état d'esprit de celui qui se trouve là, « qui zone » comme on dit aujourd’hui, et qui espère à chaque fois ne pas être pris, parce que la vigne et le travail, ce n'est vraiment pas son truc ? « Viens ! », dit le maître.

 Pour sa vigne, pour le Royaume, le Seigneur appelle chacun à un moment ou à un autre : celui qu’il prend tout à coup, là, par surprise, celui qui attend patiemment, et même celui qui préfèrerait ne pas être vu. Dieu porte sur chacun un regard positif, sans jugement, un regard qui donne de la dignité : « Viens ! ». Il donne à chacun une place, une « valeur » dans son Royaume. Une valeur qui ne se monnaie pas. Une valeur qui n'attend pas le CV ou le nombre d’années ! Une valeur à accueillir, tout simplement. Pour un nouvel état d’esprit.

 A chacun, Dieu « donne ce qui est juste ». Sa justice n'a ni premiers ni derniers. Elle est la même pour tous : chômeurs de courte ou de longue durée, travailleurs acharnés ou peu empressés, ouvriers de la première ou de la dernière heure. La justice de Dieu choisit la joie pour tous : la joie de servir, la joie de contribuer, la joie de témoigner. Elle permet à tout homme de devenir « ajusté à Dieu », « juste devant Dieu ».

 La parabole nous en a parlé. Nous sommes témoins de cette grâce.

  Notre Père 

Avec Jésus, nous redisons la prière à Notre Père...

 Prière finale 

Seigneur, nous nous réjouissons de ton appel à œuvrer à l’avènement du Royaume et nous te remercions de pouvoir y travailler chaque jour. Fais que beaucoup encore nous rejoignent et que nous soyons individuellement et collectivement « ajustés » à toi.

 Donne-nous de comprendre et d’essaimer ta justice, ta paix, ta joie, ton amour, au bénéfice de tous, en particulier des plus démunis. Nous te le demandons, par Jésus, le Christ, qui vit et règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour toujours.



[1] Interviewée par Alexia Eychenne, L'express, https://blogs.lexpress.fr/courbe-du-chomage/2015/02/11/non-vous-netes-pas-demandeur-demploi/

 

vendredi 12 août 2022

Liturgie de la Parole, 19e vendredi TO

 (SMJn Noville)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce jour, la liturgie poursuit sur son propos d’hier, en nous parlant de pardon.

Et, plus fondamentalement, Dieu nous parle d’amour.

Cette belle et longue prophétie d’Ezéchiel dit la passion de Dieu pour son peuple, malgré le péché et l’infidélité.

La Parole de Dieu est inconditionnelle :

« … Moi, je me ressouviendrai de mon alliance, celle que j’ai conclue avec toi au temps de ta jeunesse, et j’établirai pour toi une alliance éternelle ».

 Dans l’Evangile, les Pharisiens mettent Jésus à l’épreuve par une question de casuistique : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? »

Et, plus loin : « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? »

La parole de Jésus ramène à l’essentiel, au projet initial de Dieu, celui d’une union indéfectible : « … ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

 L’amour, le pardon…

Laissons-nous guider par l’Esprit et ouvrons nos cœurs pour présenter au Seigneur les intentions des hommes et femmes de notre temps, par le chant des psaumes.

 Méditation

Pour guider notre méditation, je voudrais citer un extrait d’un ouvrage du Dominicain Jean-Marie Gueullette, Laisse Dieu être Dieu en toi[1] :

 « L’enjeu, pour toi, est donc bien d’accueillir cette radicale nouveauté que constitue le pardon des péchés, de découvrir que dans le pardon, l’amour est plus fort que la mort. Le pardon par Dieu est une nouvelle création. Il s’agit bien d’une nouvelle création, pas d’une réparation qui garderait toutes sortes de souvenirs douloureux du passé. ‘Nous sommes des créatures nouvelles, l’être ancien a disparu, un être nouveau est apparu’, dit saint Paul (2 Co 5, 17). Il y a dans le pardon quelque chose de radicalement neuf qui apparaît. Nous avons du mal à croire que Dieu nous restaure à ce point, qu’il ne tient vraiment pas compte de nos péchés, bien qu’il les pardonne. N’est-ce pas parce que nous avons du mal à nous pardonner les uns aux autres de cette façon-là ? Si tu te crois identifié à tes fautes de manière définitive devant Dieu, n’est-ce pas parce que tu identifies les autres définitivement à ce qu’ils ont fait de mal ? Si tu as tant de mal à croire que Dieu te regarde au présent, tu manques sans doute de l’espérance qui te permettrait de croire que les autres peuvent revivre après la faute, devenir différents ».

 Laissons-nous interpeller par ce questionnement en notre aujourd’hui…

Déposons le fardeau de nos fautes, de nos péchés, de nos rancœurs, de nos amertumes. Laissons le Seigneur nous libérer… et écoutons-Le nous redire :

« Moi, je me ressouviendrai de mon alliance, celle que j’ai conclue avec toi au temps de ta jeunesse, et j’établirai pour toi une alliance éternelle ».

 Temps de silence

 Notre Père

« Voici le Dieu qui me sauve : j’ai confiance, je n’ai plus de crainte », dit le psalmiste. Dans cette confiance, redisons la prière que Jésus nous a apprise…

Prière

Seigneur, si la faute ou le péché nous entravent, si le mal ou l’offense d’autrui nous rongent, tu nous redis la parole qui libère et nous ouvre un chemin. Tu nous offres ton alliance inconditionnelle. Et cette alliance nous conduit à pardonner à notre tour, à dégager une issue pour que la Vie passe, plus forte que tout mal, que toute mort. Accorde-nous de ne jamais nous laisser habiter par la désespérance. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Bénédiction

Que le Seigneur de Vie nous bénisse et nous garde…



[1] J.-M. Gueullette, Laisse Dieu être Dieu en toi, Paris, Cerf, 2002, p. 48-49.