(Rosy)
Introduction
Nous avons fait quelques pas sur le chemin de l’Avent, et
voici que nous croisons un premier témoin, d’ailleurs bien sympathique. André
n’est pas le plus connu des apôtres, pourtant il apparaît une petite dizaine de
fois dans les évangiles et les Actes. Nous ferons d’ailleurs un petit tour
d’horizon, au-delà de l’évangile de ce jour.
André est discret : il ne fait guère de bêtises comme certains de ses
collègues, il ne pose pas de questions décalées… Il est discret, mais combien
efficace : c’est l’homme des liens, des rencontres : c’est un beau
témoin ! Nous pouvons aujourd’hui nous mettre à son école.
Commentaire
La devise d’André, c’est « Qui cherche trouve »…
enfin, c’est ce que je lui attribuerais bien.
Car, que faisait-il, là, au bord du Jourdain, auprès du
Baptiste, si ce n’est chercher à être éclairé, à donner un sens à sa vie, dirions-nous
aujourd’hui. Et voilà que Jean désigne Jésus, le Dieu passant. Cela suffit à
André pour se mettre en route avec son ami.
En fait, le premier qui s’approche, le premier qui cherche,
c’est Jésus. Il revient sur le lieu où il fut baptisé la veille et il cherche,
« il cherche son ouvrier dans la foule ». Mais il ne dit rien,
il ne fait rien, il passe. Il laisse à Jean – le baptiste – la tâche de faire les
liens, le soin de le désigner à André et à son compagnon.
Ainsi, en cet Avent que nous entamons, Dieu vient à notre
rencontre pendant que nous marchons vers la crèche : il fait la moitié du
chemin et nous laisse faire le reste.
Voilà donc André qui court derrière Jésus… Celui-ci,
attentif, s’arrête. Première étape. Il s’arrête pour permettre aux autres de le
rattraper. Puis la question, et pas n’importe laquelle « Que
cherchez-vous ? ». Leur réponse/question est belle : « Où
demeures-tu ? » Comme s’ils avaient déjà tout compris, comme s’ils en
étaient déjà au 15e chapitre de Jean… Puis l’invitation de Jésus
« Venez et voyez ».
C’est ce « Viens » de Jésus qui fait d’André le
premier appelé, ainsi qu’on le désignera dans l’église d’Orient. Il a donc pour
mission de multiplier cet appel. Demeurant ce jour-là auprès de Jésus, André
découvre sa vocation de témoin. Car l’histoire continue : André
« trouve » son frère Simon, et que lui dit-il ? « Nous
avons trouvé le Messie » (comme dira Philippe à Nathanaël). Comme son
maître Jean-Baptiste, André désigne Jésus à Simon. Puis, il y a eu tous les
autres : vous ne voyez pas qui ? Mais lisons bien : « il
trouve d’abord Simon »… c’est donc qu’il y en a eu quantité
d’autres…
Matthieu – c’est l’évangile de ce jour - raconte que, plus tard, Simon et André
étaient en train de pêcher dans la mer de Galilée lorsque Jésus est passé au
bord de l’eau et leur a dit : Venez à ma suite et je vous ferai
pêcheurs d'hommes. Autre étape, celle du dépouillement, celle où ils laissèrent tout pour le suivre.
Si Pierre est souvent cité dans l’Evangile, André est plus
discret, mais pas invisible. Son caractère plus posé contraste avec celui de
son frère. Les évangélistes aiment - déjà - les hiérarchies et mettent consciencieusement
André en 2e place, juste après son frère, ou en 4e place,
laissant les fils du tonnerre le dépasser… Cela fait un peu sourire. Pourtant,
en lien avec cela, nous voyons combien André est dans l’ordinaire des choses,
presque dans l’organisationnel quand il amène le gamin avec ses miches et ses
petits poissons.
Ce qui est intéressant, c’est de se demander où, quand
André est absent : cela arrive deux fois dans l’évangile, en deux
circonstances particulièrement extraordinaires : à Gethsémani et à la transfiguration
où chaque fois ils sont 3, sans André.
Oui, ce qui rend André sympathique, c’est que, lui, est
dans l’ordinaire, qu’il nous est proche : inséré familialement (nous
connaissons son frère et d’autres habitants de leur maison à Capharnaüm). Inséré
socialement (il a des amis, sans doute Jean ici, mais aussi Philippe, un ami
d’enfance, né comme lui à Betsaïde ; inséré
culturellement dans la tradition grecque comme on le voit plus loin… André et
Philippe ont d’ailleurs tous deux des noms grecs.
Ainsi, bien ancré lui-même, André peut aller au-devant des
autres, faire des liens, établir des relations.
Jean nous rapporte un dernier fait en ce sens dans son
évangile : nous sommes déjà à l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et
il y a de nouveau une grande foule. Et voilà que des croyants (ils viennent
pour adorer) mais de culture grecque, cherchent eux aussi Jésus ; ils
souhaitent le voir et expriment ce désir à Philippe. Celui-ci, un peu moins
déluré qu’André, va d’abord chercher son ami et c’est à deux qu’ils abordent
Jésus à propos des Grecs. Encore un lien établi grâce à André.
Ainsi, André ne ménage pas sa peine, il va de l’un à
l’autre, il est vraiment faiseur de rencontres. Mais il n’a pas oublié le
« demeurer » et un épisode nous le montre attentif aux confidences et
mises en garde de Jésus, quand ils sont
assis tous les quatre, avec Jésus, au mont des Oliviers, en face du Temple…
Nous retrouverons André après l’Ascension, de retour à
Jérusalem avec tous les apôtres.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car la Tradition nous
rapporte qu’après la Pentecôte, André est parti évangéliser plus loin en
Orient. Ainsi, chacun des deux frères est considéré comme fondateur d’une
Église : l’Église de Rome (occidentale) pour Simon-Pierre
(« Premier » des apôtres), l’Église de Byzance (orientale) pour André (« Premier »
appelé).
Ne trouvez-vous pas qu’André aurait fait un bon
bénédictin ? Lui qui cherche Dieu, qui écoute sa Parole, qui laisse tout
là, ne préférant rien à son Dieu, et qui prend humblement la 4e
place, ou celle qu’on lui donne…
Oui, l’apôtre André nous enseigne à suivre Jésus avec
promptitude, en laissant tout, et à cultiver avec lui une amitié profonde. Il nous
invite à aimer toujours davantage l’appel de Jésus que nous avons
entendu, et aussi à parler de lui avec enthousiasme à ceux que nous rencontrons.
C’est alors que nous serons de vrais témoins.
Sur toute la terre se répand leur message
et leurs paroles, jusqu’aux limites du monde.
N-P Que ton règne vienne, que
ta volonté soit faite… Redisons la prière de Jésus en pensant à André et à
tous ces témoins qui ont donné leur vie pour que vienne le Royaume.
Oraison
Nous te rendons grâce, Père, parce que tu ne cesses d’appeler
des hommes et des femmes à prendre part à ton œuvre. Tu as voulu avoir besoin
de chacun : sois auprès de nous pour que nous vivions notre mission dans
la joie et la confiance.
Nous te le demandons par Jésus, ton fils et notre frère, le
Vivant aujourd’hui et pour toujours.