vendredi 31 août 2018

Rassasie-nous de ton amour au matin


 Ps 89
12 Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
13 Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
14 Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.

Viens, Esprit Saint, nous apprendre la vraie mesure de nos jours.

Voilà trois beaux versets qui contrastent tellement avec les précédents et qui peuvent alimenter notre prière, notre supplication adressée au Seigneur. Le psalmiste est avant tout un grand priant !
D’abord demander la sagesse, qu’elle habite nos cœurs quand nous considérons la mesure de « nos jours ». Oui, notre vie est courte par rapport à l’histoire de l’univers, mais chaque instant a son poids selon la dimension que nous lui donnons. Puissions-nous donc n’en rien perdre !

Le psalmiste, avec son peuple, demande ensuite que le Seigneur « revienne », qu’il se ravise, que sa colère s’apaise, et cela parce qu’il est « plein d’égard » pour nous, ses serviteurs. Quelle est belle cette expression, combien elle sous-entend l’attention et le respect !

Ce Dieu est capable de répondre à notre vrai désir, il peut combler notre attente, notre espérance. Si nos jours sont comptés, chacun est comme une nouvelle promesse, chaque matin est l’occasion de nous tourner vers notre Dieu et d’entamer avec lui une journée toute neuve.
Le verset 14 est pour moi un des plus beaux du psautier, un verset que l’on a envie de chanter tous les matins : oui, si nous accueillons le don de Dieu, nous passerons nos « jours » dans la joie !

Seigneur Dieu, rassasie-nous de ton amour au matin, alors notre journée sera vécue dans la joie et dans les chants. Béni sois-tu !

jeudi 30 août 2018

Qui comprendra ?


Ps 89
5 Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ;
dès le matin, c'est une herbe changeante :
6 elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.
7 Nous voici anéantis par ta colère ;
ta fureur nous épouvante :
8 tu étales nos fautes devant toi,
nos secrets à la lumière de ta face.
9 Sous tes fureurs tous nos jours s'enfuient,
nos années s'évanouissent dans un souffle.
10 Le nombre de nos années ?
Soixante-dix, quatre-vingts pour les plus vigoureux !
Leur plus grand nombre n'est que peine et misère ;
elles s'enfuient, nous nous envolons.
11 Qui comprendra la force de ta colère ?
Qui peut t'adorer dans tes fureurs ?

Viens Esprit Saint, viens nous éclairer, toi seul peux nous révéler qui est notre Dieu.

Voilà tout un passage qui est déroutant pour nous qui connaissons un autre Dieu que celui de la fureur et de l’emportement. Pour le psalmiste, c’est Dieu le responsable de la mort de l’homme ; celui-ci, retourné à la poussière (v. 3) est « balayé » par Dieu lui-même : quelle image ! Car la poussière, c’est ce qui est desséché, broyé, écrasé, physiquement ou moralement. Les comparaisons s’accumulent pour décrire l’éphémère : songe, herbe changeante, souffle, fuite, envol…
Les conséquences en sont terribles : l’homme est anéanti (rendu à rien), épouvanté…
On peut voir là une description du peuple d’Israël qui vit dans la détresse.
Alors vient la question : qui ?
Qui peut comprendre une telle colère ? Qui peut reconnaître  un tel Dieu et l’adorer ?
Abouti dans cette impasse, le psalmiste continue malgré tout à s’adresser à son Dieu, à le supplier de l’éclairer, de répondre à sa question : qui ?

Seigneur Dieu, oui, notre vie est brève, mais tu veux que nous y trouvions le bonheur : donne-nous de t’y accorder la place qui te revient, donne-nous la joie de vivre en communion avec toi.


mercredi 29 août 2018

De toujours à toujours


Ps 89
1 Prière. De Moïse, homme de Dieu.
D'âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.
2 Avant que naissent les montagnes,
que tu enfantes la terre et le monde,
de toujours à toujours, toi, tu es Dieu.
3 Tu fais retourner l'homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d'Adam ! »
4 A tes yeux, mille ans sont comme hier,
c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit.

Viens Esprit Saint, fais que le psaume devienne pour nous prière devant la grandeur de notre Dieu.

Nous abordons aujourd’hui un ensemble de 3 psaumes autour de la brièveté de la vie et de la demande de connaître de longs « jours », un mot-clé de nombreux psaumes de cette partie du psautier.
Le psaume 89 est désigné comme « prière », ce qui est rare puisqu’il n’y a que 5 psaumes qui portent ce titre dans tout le psautier. Autre particularité : il est dit « de Moïse », ce grand intercesseur.
Voici donc que débute un très beau psaume ; c’est à la fois une réflexion sur qui est l’homme et une reconnaissance de qui est Dieu. Le psalmiste va ainsi nous guider entre action de grâce et louange avec un juste regard sur la condition humaine.
Au-delà de l’alliance davidique que rappelait le psaume précédent, celui-ci remonte jusqu’à Moïse et même jusqu’à la création. En effet, avant de regarder l’homme et la brièveté de sa vie, le psalmiste s’élève à l’échelle du temps - « d’âge en âge », c’est-à-dire en tous temps – et à celle de l’espace – « la terre et le monde ». Cet univers, c’est Dieu qui l’a « enfanté » : ce langage « maternel » se retrouve dans le deutéronome (Dt 32, 18) à propos de l’enfantement d’Israël par Dieu.
« de toujours à toujours, toi, tu es Dieu » : le priant souligne que le Seigneur reste immuable en toute éternité. Ainsi est clairement marqué le contraste avec la brièveté de la vie humaine telle que Dieu l’a créée, lui qui dit « retournez à la poussière ».
« A tes yeux, mille ans sont comme hier, c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit » : par cette description poétique, le psalmiste pose clairement combien le Seigneur surpasse le temps.

Seigneur, pour nous, le temps est mesuré. Pour toi, il ne l’est pas. Ainsi tu es le Dieu d’infinie patience, le refuge immuable au long des âges. Que notre temps d’homme nous rapproche chaque jour de toi et apprends-nous à vivre chaque instant « dans le temps de Dieu ».

lundi 27 août 2018

« Béni soit le Seigneur pour toujours !..."


Ps 88, 51-53

Les derniers propos du psalmiste questionnaient Dieu avec virulence : « Combien de temps, Seigneur, resteras-tu caché, laisseras-tu flamber le feu de ta colère ? », « Qui donc peut vivre et ne pas voir la mort ? Qui s’arracherait à l’emprise des enfers ? » et, surtout, « Où donc, Seigneur, est ton premier amour, celui que tu jurais à David sur ta foi ? » (v. 47.49.50).

Après le questionnement, le psalmiste appelle Dieu à faire mémoire :

v. 51 : « Rappelle-toi, Seigneur, tes serviteurs outragés, tous ces peuples dont j’ai reçu la charge »
Ces personnes outragées, dit le psalmiste, ce sont « tes serviteurs », ceux dont tu es le Dieu ! Et non seulement le peuple choisi, Israël, mais « tous ces peuples dont j’ai reçu la charge », ceux que Dieu a confié au roi d’Israël, ceux qui sont sous sa protection et donc, sous ta protection, Dieu d’Israël.

Puis le psalmiste renchérit :
v. 52 : « Oui, tes ennemis ont outragé, Seigneur, poursuivi de leurs outrages ton messie »
Le psalmiste insiste, en répétant à trois reprises l’idée d’outrager : « tes serviteurs outragés… tes ennemis ont outragé… poursuivi de leurs outrages »
Non seulement le peuple a été victime des ennemis, mais même le « messie », celui sur lequel Tu as fait l’onction, celui que Tu as élu, choisi, aimé…

Cela ne peut continuer, semble dire le psalmiste ! Dieu, mon Dieu, tu dois intervenir !

Malgré la lourdeur et le poids de l’épreuve, le psalmiste ne peut renoncer à la confiance…
v. 53 : « Béni soit le Seigneur pour toujours ! Amen ! Amen ! »
La situation actuelle, aussi douloureuse soit-elle, ne peut être le dernier mot de Dieu… Lorsque l’homme est confronté à la souffrance, il ne lui reste plus que la confiance, l’Espérance… et la louange.
La répétition de l’Amen met le sceau sur la confession de foi : que le Seigneur soit béni ! Le mot hébreu « Amen » se rattache à la racine de ce qui est solide et fiable. Oui, Dieu est digne de foi et de confiance… Comme dit St Bernard de Clairvaux, « Dieu exauce toujours ». Parfois différemment de ce que l’on a espéré, mais Dieu ne peut jamais omettre de répondre à celui qui l’implore : « … là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Mt 18, 20).

Par ce psaume 88, le psalmiste nous a montré une souffrance subie, celle de tout un peuple et singulièrement, de son roi. Ainsi, dans nos vies, lorsque l’épreuve, qu’elle soit morale, physique ou psychologique, nous submerge, rappelons-nous ce réflexe du psalmiste : osons louer Dieu, dans l’assurance qu’Il nous exaucera.
Seigneur, je dépose devant Toi ma vie, avec ses heurts et ses malheurs. Fais de moi ton psalmiste, qui te chantera, nuit et jour, sous la pluie ou le soleil…
Aujourd’hui, ouvre mon cœur, ouvre nos cœurs à la louange !

dimanche 26 août 2018

"Où donc, Seigneur, est ton premier amour?"


Ps 88, 47-50


Le psalmiste a énoncé les conséquences du rejet de Dieu : victoire des ennemis et anéantissement du roi.
A présent, il questionne son Dieu :

(v. 47) « Combien de temps, Seigneur, resteras-tu caché, laisseras-tu flamber le feu de ta colère ? »
Telle peut être l’interprétation d’une situation contrariante ou douloureuse en nos vies humaines : nous pouvons y lire le silence ou la colère de Dieu.
Mais le psalmiste veut croire qu’il n’en sera pas toujours ainsi : « combien de temps… ? ».

Il aligne ensuite des arguments pour trouver un chemin vers Dieu : 

(v. 48) « Rappelle-toi le peu que dure ma vie, pour quel néant tu as créé chacun des hommes ! »
Le premier argument est la brièveté et la relativité de la vie humaine. Remarquons que la foi du psalmiste demeure, malgré l’épreuve. Il formule implicitement sa foi en Dieu créateur : « … tu as créé chacun des hommes ! ».

(v. 49) « Qui donc peut vivre et ne pas voir la mort ? Qui s’arracherait à l’emprise des enfers ? »
Un deuxième argument est celui de la finitude de la vie terrestre. La question posée est rhétorique, c’est-à-dire que la réponse est inclue dans la question : en effet, nul ne peut « ne pas voir la mort » ou s’échapper à « l’emprise des enfers ».

(v. 50) « Où donc, Seigneur, est ton premier amour, celui que tu jurais à David sur ta foi ? »
En guise de troisième et dernier argument, le psalmiste pose une question redoutable à Dieu. Lorsqu’il avait rapporté ci-dessus la vision dont le roi avait été bénéficiaire, le psalmiste avait énoncé les promesses de Dieu et son engagement à l’égard de son roi : « (v. 25) Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom accroît sa vigueur… (v. 28) Et moi, j’en ferai mon fils aîné, le plus grand des rois de la terre !... (v. 29) Sans fin je lui garderai mon amour, mon alliance avec lui sera fidèle… (v. 35-36) Jamais je ne violerai mon alliance, ne changerai un mot de mes paroles. Je l’ai juré une fois sur ma sainteté ; non, je ne mentirai pas à David ! ».
Fort de ces confidences, le psalmiste interroge : Dieu, où est ton premier amour ?

Le psalmiste s’identifie ici à la personne du roi, au messie élu, pour exprimer en son nom douleur, souffrance et sentiment d’abandon.


A certaines étapes de notre vie, il peut nous arriver d’éprouver de tels sentiments. Des hommes, des femmes et des enfants sur notre terre se sentent pareillement abandonnés ou rejetés…
Osons dire à Dieu nos sentiments les plus secrets, qu’ils expriment révolte, souffrance ou incompréhension…
Le livre de Job est éclairant dans cette libre expression de soi. Nous pourrions relire tout le livre… Citons-en seulement un extrait, en écho à notre psaume :
« Ah ! je voudrais être étranglé : la mort plutôt que mes douleurs ! Je m'en moque, je ne vivrai pas toujours ; aussi, laisse-moi, mes jours ne sont qu'un souffle ! Qu'est-ce donc que l'homme pour en faire si grand cas, pour fixer sur lui ton attention, pour l'inspecter chaque matin, pour le scruter à tout instant ? Cesseras-tu enfin de me regarder, pour me laisser le temps d'avaler ma salive ? Si j'ai péché, que t'ai-je fait, à toi, l'observateur attentif de l'homme ? Pourquoi m'as-tu pris pour cible, pourquoi te suis-je à charge ? Ne peux-tu tolérer mon offense, passer sur ma faute ? Car bientôt je serai couché dans la poussière, tu me chercheras et je ne serai plus… » (Jb 7, 15-21).

Quels que soient mon passé, mon vécu actuel ou mes craintes de l’avenir, accorde-moi, Seigneur, de ne jamais abandonner le dialogue avec Toi…