mardi 30 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 1e mardi de l'Avent

 (Raymond)

Commentaire :

« Jésus marchait au bord de la mer »

Il n’est pas dit d’où il vient ni où il va, mais il marche. Dès le début « il n’a pas d’endroit où poser sa tête » alors il marche…au bord de la mer !

C’est curieux que ce soit à cet endroit, vous ne trouvez pas ?  Où a lieu la rencontre ?  Il marche, il descend au bord de la mer et là il va rencontrer des hommes ordinaires, des pêcheurs de poissons qui sont occupés soit à lancer leurs filets soit à les réparer. Ces pêcheurs ce sont des gens simples, leur savoir consiste à pêcher et c’est sans prétention. 

C’est là, au lieu le plus bas que Jésus descend nous rejoindre. Je frappe à la porte d’une cellule. « Qui est là ? » - « C’est moi » - « C’est l’aumônier ! Entre. » Je prends mon badge, j’ouvre la porte et j’entre. « Je croyais que tu ne viendrais pas, je t’attendais. »

Dans ma vie, dans vos vies, n’est-ce pas ainsi que cela se passe ? Pour certains, sur un lit d’hôpital, pour d’autres au fond d’une cellule de prison, pour d’autres dans la détresse d’une séparation, de la perte d’un être cher, sur la route d’un exil forcé ou errant dans la rue, la honte sous le bras, écrasé par des regards qui jugent et qui tuent. C’est là, au fond du trou, là où nous n’avons d’autre choix que de nous en remettre « à la grâce de Dieu », comme on dit, que Jésus vient nous rejoindre…au bord de la mer, au bord du précipice, au bord de la mort.

« Jésus voit »

C’est lui qui voit et qui appelle.  Parfois nous sommes surpris, étonné de ce qui arrive.  La rencontre elle est pour moi !  C’est Toi ? C’est inattendu, inespéré. Jésus a vu Simon, il a vu André et Jacques et Jean.  Est-ce que je peux dire, un jour, il m’a vu. Et moi, je l’ai vu. C’est dans sa lumière que nous voyons la lumière. Ceux-là, ils se sont vus. Il faut savoir ce que c’est. Qu’est-ce que Dieu voit quand il regarde ? Et qu’est-ce qui se passe quand il voit ?

Ce qui se passe laisse sans voix. La rencontre elle est dans le regard. Un regard qui va droit au cœur.  Les mots sont superflus. Ah, cette présence et cette vie dans le regard de l’autre ! Un éblouissement, un émerveillement, une bonté…un regard comme une assurance vie.  Merci à celui qui fait signe, qui voit dans le secret et qui dit dans la clarté.

« Venez derrière moi et je vous ferez pêcheurs  d’hommes »

Jésus vient, il voit et il appelle.  Il nous fait sortir de notre milieu habituel pour devenir pleinement qui nous sommes, non pas quelqu’un d’autre, non pas meilleur, mais nouveau. Derrière Jésus, nous apprenons à être disciples : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi je vous ai choisi pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16)

Il y a encore une chose que je voudrais dire : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. »  Que fait le pêcheur ? Il sort le poisson de l’eau, le poisson meure et nous le mangeons. Jésus fait la même chose : il pêche. Il nous fait sortir du monde, de ce milieu où nous croyons avoir la vie.  Et il va nous falloir mourir à cette vie. Bien sûr, nous restons dans le monde. La réalité, c’est « Etre dans le monde mais pas du monde »… Et suivre celui qui s’est approché en vue du Royaume de Dieu.

Voilà le mystère de la rencontre.  Et ce mystère n’est pas fait pour être compris mais pour être vécu. Il faut entrer dedans.

lundi 29 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 1e lundi d'Avent

 (Isabelle)

 Introduction

Nous allons nous mettre à l’écoute la Parole de Dieu, transmise par Isaïe et Matthieu, et aujourd’hui par les sœurs qui vont la prononcer.

Nous écouterons le centurion qui, avec ses propres mots, exprime le mystère de la parole de Dieu, créatrice et re-créatrice : « Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri ». (Mt 8, 8)

« Jésus fut dans l’admiration » de la foi de ce romain.

Dieu admirant la foi d’un homme ! Vous vous rendez compte ?!

Voilà la magnifique entrée que nous proposent les Ecritures pour notre chemin d’Avent : une prise de conscience renouvelée que nous sommes accompagnés par la Parole qui a engendré le monde et donne sens à toute vie.

Mais d’abord, chantons les psaumes.

 Lectures : Is 2, 1-5 - Mt 8, 5-11

Méditation de la Parole

Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit,

Mais dis seulement une parole

Et mon serviteur sera guéri.

 Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit …

C’est vrai, Seigneur, que je ne suis pas digne. Oh ! J’essaie de le devenir … Rechercher la sagesse, mettre à nu les profondeurs de mon cœur, gérer mes passions, ce n’est pas un chemin facile. Il faut dire que le calme et la modération, ce n’est pas vraiment mon fort ! Il faudrait que je me pose un peu. Longtemps. Plus souvent. Pour laisser l’Esprit souffler, en silence.

Ah ! Qu’est-ce que j’ai envie de te recevoir, de te rencontrer, de papoter avec toi, ouvertement, librement !

Mais … n’es-tu pas là déjà, sous mon toit ? Ne me considères-tu pas, inconditionnellement, comme digne de toi ?

Alors … c’est toi qui m’attendais ? Chic alors !

 Mais dis seulement une parole …

Par tout ton être, Jésus, tu es Parole de Dieu. Quand tu parles, Dieu parle. Tu transmets une parole divine qui est tendresse, patience et espérance ; tu nous dis une parole efficace, qui agit, qui transforme. Ta parole « est derrière et pousse en avant ». « Dabar », dit-on en hébreu. 

Combien de fois ta parole n’engendre-t-elle pas en moi une révolution intérieure ? C’est une parole de vie qui me met en question, qui me fait accepter mes faiblesses, mes doutes, mes erreurs. Elle m’ouvre le cœur, m’offre à l’infini des possibilités de conversion. Elle me conduit pas à pas à la pleine existence, toujours plus belle, toujours plus riche avec les autres. Ta parole m’invite à affirmer ma foi et à transmettre à mon tour …

Et mon serviteur sera guéri …

J’ai confiance en toi, Seigneur. Je reconnais ton amour pour la création et pour les hommes, en particulier les petits. Quand tu prononceras ta parole, mon serviteur, mon frère en Christ, entendra. Il se lèvera et vivra. Il ira son chemin. Il en sera fait selon sa foi. Il prendra place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin de ton Royaume. Cela me réjouit !

 Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir,

Mais dis seulement une parole

Et je serai guéri.

 Jésus, j’ai besoin de ta parole, de ta présence, de ton eucharistie. Elles me guérissent, fortifient ma charité, et réalisent l’unité en toi dont font partie ma famille, mes amis, notre communauté.

 Bénis la communauté d’Hurtebise qui te reçoit et nous invite avec toi.

Bénis Sr Ana-Maria, sa communauté, son engagement.

Bénis chacun et chacune d’entre nous.

Viens ! Tu es bienvenu sous nos toits !

 Invitation au Notre Père

Jésus, tu entres sous nos toits. Tu agis en nos vies. Tu nous transmets un message d’amour, de paix et d’espérance. Tout ton être est Parole de Dieu. Avec toi, nous nous tournons vers le Père et nous redisons la prière que tu nous as apprise.

 Oraison finale

Dieu Notre Père, nous avons conscience de notre manque de dignité, de la distance qui nous sépare de toi. Dis seulement ta parole de vie et ce que tu dis deviendra réalité en nous. Nous aurons alors une place parmi tes fils et tes filles, avec Abraham, Isaac et Jacob, au festin du Royaume des Cieux !

 Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

vendredi 26 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 34e vendredi TO

(sœur Marie-Raphaël)

Introduction

Que signifie l’expression « Fils de l’homme » que nous rencontrons si souvent en ces jours de la fin de l’année liturgique ? Nous l’avons entendue hier dans l’évangile. Aujourd’hui, la lecture du prophète Daniel nous aidera à mieux comprendre en la situant dans son contexte : une vision qui commence par la description de 4 bêtes féroces et cruelles, plus effrayantes les unes que les autres. Une vision qui oppose la bestialité brutale à l’humanité. Entrons dans la prière des psaumes pour accueillir la Parole.

 

Résonances

Les rêves du prophète Daniel sont dignes des grands films fantastiques de Hollywood. Un crescendo de déploiement de force, un déchaînement de cruauté, de violence, de paroles délirantes. Et soudain, le film d’horreur se transforme en vision grandiose de gloire et de lumière. Les animaux représentent la brutalité de la force aveugle. Face à eux se dresse un Fils d’Homme plein de grâce et de dignité. En créant l’homme à son image, Dieu l’invite à passer de l’animalité à l’humanité. Jésus est celui qui a pleinement accompli son humanité. Celui que Pilate désignera en disant : « voici l’Homme ». Nous l’avons entendu dans l’évangile de dimanche dernier, pour la fête du Christ Roi.

Or, l’humanité se cache (et se révèle) dans la puissance paradoxale de l’humilité. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à regarder les bourgeons du figuier. Les bourgeons, on les aperçoit au moment où toutes les feuilles mortes sont tombées : les bourgeons sont déjà là, au début de l’hiver ! Ils vont traverser le mauvais temps sans broncher, et quand arrivera la douceur du printemps, ils seront prêts à grossir, à s’ouvrir. Le bourgeon, c’est une énergie immense concentrée dans un tout petit noyau. Par cette comparaison, Jésus nous dit quelque chose de la force du Royaume. Ne nous laissons pas impressionner par le fracas des catastrophes. Il y a plus fort que la force brutale : la force de la douceur.

Les lectures nous préparent à entrer peu à peu dans l’Avent : ce temps où nous redécouvrons la puissance cachée dans les petites choses, l’espérance concentrée dans le bourgeon, dans la naissance d’un tout petit, qui a déjà tout en lui pour être appelé « Fils de l’Homme ». Du figuier apprenons la parabole !

 

Prière

« Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » Seigneur, au milieu du monde qui passe, donne-nous de fixer notre regard sur ce qui demeure et qui ne cesse de grandir : ton amour qui réveille en nous une joie imprenable, la force du bourgeon !

jeudi 25 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 34 jeudi TO

 (Danièle)

Introduction

En ce dernier jeudi de l'année B, la lecture nous relate l'histoire de Daniel qui pour avoir désobéi au roi, est jeté dans la fosse aux lions. Il en ressortira sans aucune blessure parce qu'il a eu foi en Dieu. Le roi ordonnera alors de craindre le Dieu de Daniel parce qu'il délivre et sauve et que son royaume n'aura pas de fin.

Dans l’Évangile de Luc, Jésus prévient ses disciples : avant de voir le fils de l'homme revenir dans la gloire, il y aura un grand désarroi dans le pays mais ils doivent se redresser, relever la tête parce que leur rédemption approche.

Par le chant des psaumes, sans fin, nous pouvons rendre gloire à Dieu pour l'amour qu'il nous donne.

De lui, vient le salut.

Après l’Évangile

« Quand ces événements commenceront »...

Est-ce qu'ils n'ont pas déjà eu lieu ces événements ? Ces jours où justice sera faite, Jésus mort sur la croix pour que s'accomplisse l’Écriture ?  Après la pâque de Jésus, il y a eu un grand désarroi dans le pays, les apôtres ont été persécutés, où sont passées les foules qui suivaient Jésus ? Parties dans la montagne ?

Certains vous diront que ces événements arriveront à la fin du monde, quand le Seigneur reviendra « Il y aura des signes dans le soleil, la lune ». Il y a une vingtaine d'années, au moment de l'éclipse totale du soleil, nombreux étaient les gens qui croyaient que c'était le signe de la fin des temps.

Lors de l'écriture de cet Évangile, les Romains avaient déjà détruit Jérusalem, pourtant même après deux mille ans, ces paroles ont encore une signification. Alors parler du passé ou du futur diminue la force de l'appel de Jésus au présent.

Aujourd'hui, Jésus parlerait peut-être de la bombe atomique, du désastre nucléaire, du terrorisme, du réchauffement climatique qui provoque des inondations, des tsunamis, des tremblements de terre, des volcans qui se réveillent etc. Nous pourrions être affolés par le fracas des rivières qui débordent.
En plus cette année, nous traversons la pandémie Covid donc ce texte nous touche particulièrement. Alors oui, on pourrait dire que ces moments sont en train de se dérouler. Ça voudrait dire que le retour de Jésus est proche ?

Jésus parle d'angoisse, de détresse, de nations désemparées... Serait-il un prophète de malheur ? Au contraire ! Il nous annonce son retour dans la gloire mais il nous avertit des difficultés que l'on risque de rencontrer mais au delà des drames, il y a sa présence, sa venue dans nos vies. Il veut nous aider à dépasser ces moments terribles » Il nous assure qu'Il reviendra et ce ne sera pas un moment de crainte mais de grande joie. Il nous invite à l'espérance de son retour, à la fierté. « Redressez-vous et relevez la tête » Relever la tête pour voir, être libre.  Recevoir et non subir les événements. Lâcher notre manière de voir le monde qui nous maintient collées aux difficultés, aux contrariétés, la tête baissée.

Notre rédemption approche, la venue de Jésus sera la phase finale de notre rédemption.

Il est tout proche, il se glisse parfois à travers les fissures de ce qui s'écroule.

Sachons nous dégager de nos préoccupations pour percevoir l'amour de Dieu dans nos vies. Amour éternel ! Ne nous décourageons pas ! Dieu est au cœur de l'histoire humaine, et du mal, il sait tirer le bien : notre rédemption.

Dimanche commence le temps de l'Avent. Le pape François nous rappelait que pendant ces quatre semaines, nous ne vivons pas seulement de l'attente de Noël mais que nous sommes également invitées à réveiller l'attente du retour glorieux du Christ.

Redressons-nous ! Relevons la tête ! Notre rédemption approche.

 Invitation au Notre Père

Nous pourrions tomber dans la crainte, mais nous avons reçu l'Esprit qui nous fait dire depuis la terre des hommes : Abba, Père.

Chantons-le avec les mots que Jésus nous a appris.

 Prière finale

Jérusalem, encerclée par des armées… Seigneur, nous te demandons la paix sur tous ses habitants, qu'ils soient Arabes, Israéliens ou Palestiniens.

Dans notre monde d'aujourd'hui, il y a des guerres, des catastrophes, accompagne  et réconforte les peuples opprimés.

Donne-nous la paix intérieure qui vient de la certitude de ta présence, dans notre monde, dans notre vie.

Quand notre foi chancelle à cause de la souffrance du monde, aide-nous à comprendre que, par ta bonté le bien triomphera.

Nous t'attendons, Seigneur ! Viens !

Nous te le demandons par Jésus-Christ, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles.

mardi 16 novembre 2021

Liturgie de la Parole – sainte Gertrude

 (Rosy)

Ouverture

Aujourd’hui nous fêtons Gertrude de Helfta.

Proche de nous en tant que moniale bénédictine, et plus distante en tant que mystique médiévale.

Elle brûle d’amour pour son Dieu, mais comment traduire cela en mots ?

Elle recourt donc aux images ; elle-même écrit :

« Les choses spirituelles et invisibles ne peuvent être exprimées à l’entendement humain que par des figures empruntées au monde sensible. Voilà pourquoi nul ne doit mépriser ce qui lui est révélé par le symbole de réalités matérielles »

Bien des formulations, des descriptions nous sont devenues étrangères car souvent du domaine du ressenti. C’est encore tout différent, par exemple, de Maître Eckhart, lui-même mystique rhénan, contemporain de Gertrude, mais qui conceptualise beaucoup plus. Ils sont donc très complémentaires dans leur approche christologique.

Nous allons nous laisser porter par la grâce de Gertrude et son amour dans le cœur de Jésus qui résonne si bien avec le « demeurer » de l’évangile.

Chantons les psaumes et accueillons ce que la Parole nous révèle aujourd’hui.

 

Commentaire

La vie mystique est un dialogue secret et silencieux entre un cœur aimant et son Dieu.

Que pouvons-nous en recueillir sinon quelques bribes portées par de pauvres mots…

Gertrude a connu la première de ses révélations à 25 ans : une vision de Jésus qui la bouleverse et la convertit, même si elle vivait déjà au monastère depuis ses 5 ans. Bloquée dans la routine, fut-ce celle des offices, elle connaissait une sorte d’acédie dont cette première vision l’a sortie. C’est une blessure d’amour dont elle ne guérira pas.

L’évangile du jour s’applique exactement à cette expérience de Gertrude : « tout sarment qui porte du fruit, il – le Père -  le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. » Oui, Gertrude fut comme émondée, elle pris distance avec ses études profanes pour se donner réellement tout à Dieu.

Désormais la liturgie, les sacrements sont autant de rencontres ardentes.

Surtout l’Eucharistie : « Tu prépares la table pour moi » dit le psaume du jour.

Les visions se poursuivent, qui lui révèlent l’amour débordant de celui qu’elle appelle « mon très doux ami ».

Jésus lui dit : « Celle qui consentira à m’aimer, je veux l’unir à moi, la chérir, l’aimer éperdument. Je la serrerai dans les bras de ma tendresse, je la presserai sur le cœur de ma divinité. Si tu veux être à moi, ma colombe chérie, il faut que tu m’aimes avec tendresse, avec sagesse, avec force. »


 
La vision centrale qui s’impose à la moniale est celle du cœur. L’iconographie ne se privera pas de représenter le cœur de Gertrude et celui de Jésus. On parlera d’échange des cœurs, ou surtout de leurs deux cœurs qui sont comme collés. C’est d’ailleurs le début de la dévotion au Sacré-Cœur.

Cláudio Pastro, lui, a supprimé la teneur doloriste pour joindre en une danse, les deux cœurs en un seul. Ainsi, celui de Gertrude demeure dans celui de Jésus, et celui de Jésus dans celui de Gertrude.

Demeurer ! Il nous reste sans doute à méditer longuement l’évangile de ce jour sous l’éclairage de la vie de Gertrude : ici aussi, Jésus parle, Jésus nous parle, et – comme avec Gertrue – il révèle toute la profondeur de son amour pour nous, l’ « attachement » de son cœur ; mais aussi comment cette intimité va porter fruit, comme le fut la vie de Gertrude.

 Je termine donc en relisant simplement 4 versets de l’évangile de Jean où le verbe « demeurer » est répété 8 fois !

Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit.

Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche.

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.

 

Introduction  au Notre Père

Demandons donc au Seigneur la grâce de demeurer en son amour, et, avec lui, adressons-nous à notre Père.

 

Prière de conclusion

Que le Christ habite en nos cœurs par la foi ; que nous puissions rester enracinés dans l'amour, établis dans l'amour.

Nous connaîtrons alors ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ et nous serons comblés jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu.

Voilà ce que nous dévoile Gertrude et tous les saints.

Permets-nous, Seigneur, de marcher sur cette route,

Nous te le demandons par le Père et l’Esprit Saint, avec qui tu vis et règnes aujourd’hui et pour les siècles.

lundi 15 novembre 2021

Liturgie de la Parole, saint Albert le Grand

 (sœur Marie-Jean)

 Introduction

Nous voici rassemblés, en communauté, en Eglise.

Un nouveau livre biblique est offert à notre méditation : le livre dit des « Maccabées » ou des « Martyrs d’Israël ».

Dans le sillage de la conquête d’Alexandre le Grand, la civilisation grecque règne sur le Proche-Orient. Au 2e siècle avant notre ère, Antiocos IV Épiphane cherche à étendre, de gré ou de force, la culture grecque à tous ses sujets.

Cette politique d’unification implique la disparition de tous les usages locaux, et en particulier de la Loi juive.

Certains Juifs se laissent séduire, d’autres aiment mieux mourir pour leur foi, d’autres enfin se révoltent.

Chacun doit se prononcer…

Vers qui se tourner : le Dieu de leurs pères ou ceux des nations païennes ?

Dans l’Evangile, l’aveugle mendiant de Jéricho, lui, témoigne d’un choix décidé :

« Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »

Dans notre monde ébranlé par des « mauvaises nouvelles » : crise sociale, politique, sanitaire, économique, ecclésiale… où trouverons-nous un point d’appui ?

Avec Saint Albert le Grand, en prenant dans notre prière la dynastie de notre Patrie, ouvrons nos cœurs à la foi du psalmiste « je n’oublie pas ta loi » et recueillons les intentions de notre monde…

 Méditation

Laissons-nous interpeller par la démarche de l’aveugle mendiant de Jéricho.

Cet homme ne s’enlise pas dans sa difficulté, dans sa précarité.

Entendant la foule, il s’informe, s’écrie, crie de plus belle.

Puis il témoigne de sa confiance : « Seigneur, que je retrouve la vue ! »

Cet aveugle est un homme qui s’engage…

Je vous partage le commentaire de Sr Renée, du Carmel Saint Joseph :

« Assis au bord du chemin, sans horizon ni perspective, l’aveugle privé d’un sens exacerbe les autres. Les oreilles largement ouvertes, il entend ce qu’il ne peut voir, devine que le salut s’approche de lui et le fait advenir. Il ne se résout pas à être compté pour rien, en marge, au bord du chemin. Il s’informe, donne de la voix, crie. Il ne se laisse pas intimider par ceux qui tentent de lui dérober la parole. Ce sans-nom refuse de se laisser dissoudre dans le brouhaha de la foule. Il a deviné, entendu Jésus et n’entendra rien d’autre, il n’entendra pas la foule qui lui demande un peu de discrétion. Et il sera entendu de Jésus, il lui fera marquer, dans sa marche vers Jérusalem, un temps d’arrêt qui ne sera que pour lui.

 Jésus s’arrête mais ne se déplace pas aux côtés de l’aveugle. C’est celui-ci qui se rend proche, aidé paradoxalement par la foule qui voulait d’abord l’écarter de la présence de celui qui est reconnu ‘Fils de David’. Jésus lui rend sa dignité en même temps que la parole que la foule voulait lui dérober. ‘Que veux-tu que je fasse pour toi ?’. Et l’aveugle, avant même de formuler son attente profonde, le reconnaît comme Seigneur. Sa foi l’a fait voir avant même que ses yeux ne soient ouverts. C’est ce que Jésus confirme : ‘Ta foi t’a sauvé !’. Et du même élan qui l’a porté jusqu’au Seigneur, il se met à le suivre »[1]

 Temps de silence

Notre Père :

Avec la foi de l’homme de Jéricho, qui entraîne tous et toutes dans sa louange, adressons notre prière à Notre Père…

Oraison

Dieu notre Père, en ce temps qui est le nôtre, bouleversé par des événements contraires, nous nous tournons vers Toi. Que nos cécités, nos pauvretés, nos fragilités ne soient pas un obstacle à nous lever, à nous mettre en route, à nous engager à ta suite. Accorde-nous cette foi, cette confiance pour te reconnaître sur nos routes, toi qui creuses notre désir de ta présence, pour le satisfaire et nous réjouir par ton compagnonnage. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

 Prière pour la famille royale

En cette mémoire de Saint Albert le Grand, où nous fêtons la Dynastie de notre pays, à l’intention de notre Roi et de la famille royale, nous pouvons chanter le Te Deum (E 316 2).

 Bénédiction

Que le Dieu qui nous appelle à sa suite nous bénisse et nous garde…



[1] https://www.carmelsaintjoseph.com/sermons/luc-18-35-43-2/

samedi 13 novembre 2021

Liturgie de la Parole, 32e samedi TO

 (sœur Jean-Baptiste)

Introduction :

Dans un raccourci très poétique le livre de la Sagesse nous décrit le passage de Mer Rouge, la 1ère Pâque. C'est la Parole toute puissante qui s'élançant du haut du ciel intervint dans cette action rappelant la parole créatrice à l'aube du monde.

St Luc nous rapporte dans la parabole de la veuve et du juge inique le conseil de Jésus sur la nécessité de la prière. Mettons le en pratique dès maintenant par le chant des psaumes.

 

Méditations :

« Prier sans se décourager » voilà ce que Jésus nous dit aujourd'hui, à travers une petite parabole. Nous sommes tout à fait d'accord. 

Mais qui de nous n'a pas fait un jour ou l'autre cette expérience de crier vers le Seigneur, de le supplier parfois avec des larmes, et pas de réponse comme si Dieu semblait ne rien entendre et faire la sourde oreille à nos demandes. Et pourtant Jésus nous a bien dit : « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. » Alors, pourquoi ce silence ?

Pourtant, j'en suis sûre, Dieu répond. Sans doute pas de la manière dont nous le voudrions ni non plus tout de suite.  En nous demandant de persévérer dans la prière, Dieu nous apprend, la patience,  la fidélité, la confiance, il fait grandir notre foi car nous croyons que lui qui est bon va nous exaucer.

A la différence de la parabole, le juge a changé d'attitude vis à vis de la veuve parce qu'elle l'importunait un peu trop, Dieu, lui, ne change pas. Notre prière persévérante ne va pas changer Dieu mais elle sera efficace dans le sens qu' elle va nous changer, transformer petit à petit notre propre cœur et notre prière va s'ajuster au désir de Dieu. Lui sait où est notre bien, il sait ce qui est bon pour nous,  il veut le meilleur pour nous et nous, nous ne le savons pas. Certes, nous continuerons à crier mais avec les mots que l'Esprit mettra dans notre coeur, sur nos lèvres puisque « l'Esprit vient au secours de notre faiblesse car nous ne savons que demander pour prier comme il faut. » L'Esprit le fait selon les vues de Dieu.

Prions donc sans nous lasser et avec les yeux de la foi nous pourrons découvrir que Dieu répond effectivement à nos appels, au-delà de ce que nous attendions. Dieu nous aura fait justice c'est à dire qu'il nous aura ajuster à son projet à lui, plus grand, plus beau et autre que le nôtre et nous serons aussi surpris de ce cadeau qu'il nous fait : par cette prière confiante et persévérante se tisse un lien profond : l'amitié avec jésus.

 

Notre Père :

Avec les mots que Jésus nous a donnés, prions le Père comme il nous l'a demandé.

 

Conclusion :  

Père très bon, nous savons que tu nous écoutes et nous exauces toujours. Fais grandir notre foi pour que nous sachions nous tourner vers toi avec confiance et te prier sans nous décourager. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils et notre frère qui règne auprès de toi avec l'Esprit d'Amour maintenant et pour les siècles des siècles.

vendredi 12 novembre 2021

Liturgie de la parole, 32ème vendredi TO

(sœur Marie-Raphaël)

Ouverture

En communion avec toute l’Eglise, mettons-nous à l’écoute de la Parole qui nous est adressée aujourd’hui et laissons-la résonner avec notre actualité. Le livre de la Sagesse nous parlera de ceux qui sont fascinés par la beauté des choses créées : l’émerveillement peut être le point de départ d’un chemin de foi… mais encore faut-il le vouloir. Dans l’évangile, Jésus nous parlera des jours du Fils de l’homme… et si nous écoutons bien, nous comprendrons que nous y sommes !

 

Résonances

L’évangile d’aujourd’hui est la suite de celui d’hier, que nous n’avons pas entendu à cause de la fête de saint Martin. Jésus répond à la question des pharisiens : « quand viendra le Règne de Dieu ? ». Il répond : « La venue du Règne de Dieu n’est pas observable… en effet, voici que le Règne de Dieu est au milieu de vous ». Nous voulons avoir une vision sur l’avenir et Jésus nous ramène au présent. Comme aux jours de Noé : il n’y a apparemment aucun signe précurseur et soudain le déluge est là. Étonnante actualité de ces textes ! Tant pour la crise globale que vit le monde, pour la crise que traverse l’Eglise, que pour ce moment de la vie de notre communauté. La tension entre un avenir qu’il est nécessaire d’anticiper pour ne pas foncer vers le chaos, et la gestion d’un présent qui réclame notre confiance, notre foi, notre présence d’un jour à la fois dans la foi.

Le très beau texte du livre de la Sagesse nous parle aussi de cela : il invite à dépasser la beauté du visible pour découvrir l’auteur même de la beauté, le créateur de l’harmonie cosmique, et lui donner toute notre foi. Saint Augustin a très bien exprimé cette quête de Dieu qui – paradoxalement – risque de s’arrêter en chemin, de s’arrêter à la beauté du créé sans reconnaître Celui qui est la source même de cette beauté. Et il reconnaît que, pour lui-même, ce qui l’a amené à faire le pas de la foi, c’est le brûlant désir qui l’habitait.

Tard, je t’ai aimée, beauté si ancienne et si nouvelle, tard, je t’ai aimée !

 

Voilà que tu étais dedans, mais moi, je me trouvais dehors et c’est là que je te cherchais,

et je me précipitais, sans beauté, dans les beautés dont tu es l’auteur.

Tu étais avec moi, et moi, je n’étais pas avec toi.

Elles me tenaient captif, loin de toi, ces choses qui n’existeraient pas si elles n’existaient pas en toi.

 

Tu as crié, appelé, et déchiré ma surdité ;

tu as rayonné, resplendi, et balayé ma cécité.

Tu as répandu ton parfum, je l’ai respiré, et maintenant j’aspire à toi.

J’ai goûté : j’ai faim et soif !

Tu m’as touché et je brûle dans ta paix.                                       

                                                                                   Augustin, Confessions X, 27

 Prière

Seigneur, tu nous fais signe à travers la beauté de la création : ouvre nos yeux.

Tu nous fais signe dans les visages de nos frères et sœurs humains : ouvre nos cœurs.

Tu nous dis que le Royaume est au milieu de nous et tu nous le confies : fortifie-nous.

Nous te le demandons par Jésus…

jeudi 11 novembre 2021

Liturgie de la Parole, st Martin

(Danièle)

 Introduction

Saint Martin dont c'est la fête aujourd'hui fut un soldat à la charité légendaire, puis ermite, puis évêque de Tours, il a fondé le monastère bénédictin saint Martin de Ligugé dans la Vienne, en France et il est un acteur principal dans l'évangélisation des Gaules, donc de notre pays.

 L’Évangile de ce jour nous enseigne comment recevoir le royaume en héritage, comment recevoir la vie éternelle. « Tout ce que vous avez fait aux plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait » dit Jésus.

Chantons les psaumes en rendant grâce au Seigneur pour tous les dons reçus.

Après l’Évangile

Les choses qui nous sont demandées paraissent simples :  donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif ; vêtir ceux qui sont nus, rendre visite à ceux qui sont malades ou en prison... Chaque fois que nous prenons soin d'un frère ou d'une sœur dans le besoin, c'est Jésus lui-même que nous servons. On ne rencontre pas tous les jours des personnes dévêtues mais voici cinq petites choses qui me semblent faisables :

-      Entrer en relation avec l'autre, comme cela, sans intérêt, simplement parce qu'il est là, qu'il est vivant comme moi. »

-      Sourire au SDF qui tend la main à l'entrée du magasin,  respecter les éboueurs, tous ces gens qui nous servent par leur métier peu attirant mais tellement utile.

-      « Donner et recevoir la joie de vivre, écouter l'oiseau chanter, respirer le bon air de l'automne ».

-      Ne pas fuir quand les autres ont des difficultés, compatir et être là, simplement, avoir confiance malgré tout.

-      Écouter, prêter l'oreille de son cœur pour toujours donner une chance à l'autre.

La loi de Dieu, c'est la loi de l'amour. L'image utilisée par Mathieu pour décrire le jugement dernier, c'est celle du berger qui sépare les brebis des boucs. Ceux qui ont secouru leur prochain qui avait faim ou soif, qui était étranger, malade... seront mis à droite.

Cette parabole nous dit que nous serons jugés par Dieu sur la manière dont nous aurons aimé nos frères surtout les plus faibles et les plus démunis. Jésus s'identifie à la personne dans le besoin. Chaque fois que nous négligeons un « petit », c'est Jésus que nous négligeons. Ce n'est pas un code de conduite, c'est la solidarité. Cette parabole ne concerne pas l'avenir, il faut maintenant ouvrir les yeux sur les besoins des autres. Les conditions mentionnées dans ce récit sont valables à chaque époque, au 21° siècle aussi. Cette fois, Jésus ne dit pas aimer vous les uns les autres mais il demande des actions spécifiques comme le don, l'accueil, les soins à donner. Ce qui importe ce n'est pas l'amour théorique mais la compassion pour aider la personne dans le besoin.

La foi est un don de Dieu et nous sommes sauvés par sa grâce mais pour porter du fruit la grâce de Dieu nécessite notre réponse libre et concrète.

Soyons attentifs au murmure de notre cœur, c'est le Seigneur qui nous invite pour que nous entrions dans plus grands que nous, plus grands que nos projets, plus grands que nos soucis.

Notre relation à Jésus doit être à l'image de saint Martin qui a partagé son habit avec un homme qui avait froid.

 Agir de manière charitable envers nos frères et sœurs, c'est comme si nous agissions envers Dieu parce que Dieu habite dans le cœur des hommes.

Invitation au Notre Père

Avec les paroles que Jésus nous a apprises, nous pouvons prier Dieu qui est notre Père à tous.

Prière finale

Seigneur, le message de cette parabole est simple, tu nous demandes de prendre soin des petits. Tu es présent dans les pauvres, les malades, les étrangers. Aide-nous à reconnaître ton visage.

Que ton Esprit nous aide à discerner le bien que tu fais en nous.

Fais que nos actions envers les autres soient sincères et viennent du cœur.

Nous te rendons grâce pour tout ce que tu fais pour nous, toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.

mardi 9 novembre 2021

Liturgie de la Parole - Dédicace de la Basilique du Latran

 (sœur Marie-Christine)

(pour l'introduction et la méditation) voir : https://moineruminant.com/2014/11/08/homelie-pour-la-dedicace-de-la-basilique-du-latran/

 

Introduction : (Yves Bériault, o.p.)

« Première église à être publiquement consacrée — le 9 novembre 324 par le pape Sylvestre Ier — elle prit progressivement le nom de basilique Saint-Jean-l’Évangéliste. Cette basilique deviendra la cathédrale et le siège de l’évêché de Rome, dont le titulaire n’est autre que le pape, et elle est la première en ancienneté et en dignité de toutes les églises d’Occident. Sur le fronton de la basilique, on retrouve l’inscription suivante : « Mère et tête de toutes les églises de la ville et du monde ».En soulignant la consécration de cet édifice au culte chrétien, nous ne célébrons pas un édifice de pierre, aussi prestigieux soit-il, mais nous célébrons le Seigneur lui-même et son Église à travers cette basilique qui portait à l’origine le nom de « Saint Sauveur ». Quand le pape Sylvestre dédicace cette basilique, il l’offre avant tout aux chrétiens et aux chrétiennes de Rome, afin que ces derniers puissent y naître à la foi et y grandir, y offrir un culte vivant et ainsi faire Église. »

 Méditation : (Yves Bériault, o.p.)

...Cette fête de la Dédicace nous invite à contempler et à célébrer le mystère de l’Église. Elle nous rappelle que nous formons un temple spirituel dans le Christ et qu’il nous faut, comme le dit une vieille expression du Moyen Âge, placer l’ancre de notre espérance au ciel avec lui. C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur face à l’avenir en dépit du contexte de précarité et de menaces auquel font face nos institutions religieuses et nos églises aujourd’hui.

Cette fête nous invite à regarder au-delà de nos fragilités, au-delà des pierres et de l’aspect matériel de nos églises, et à contempler tout le chemin parcouru depuis la première annonce de l’évangile, depuis la création des premières communautés chrétiennes, et dont nous sommes les héritiers.

...Trop souvent nous parlons de l’Église comme d’un corps étranger, extérieur à nous-mêmes, alors que l’Église c’est nous avant tout, nous tous ensemble avec le Christ.

Quel que soit le lieu où les chrétiens et les chrétiennes se réunissent, de la chapelle la plus pauvre à la cathédrale la plus majestueuse, c’est toujours la vie même du Christ qui est reçue et célébrée par les fidèles, et ce à toutes les époques, même à la nôtre.

...Le Père Alexandre Men affirmait dans une homélie : « Au fil de son histoire, (le christianisme) peut traverser les crises les plus pénibles, se trouver au bord de l’extermination, de la disparition physique ou spirituelle, mais à chaque fois il renaît. Non pas parce qu’il est dirigé par des personnes exceptionnelles – ce sont des pécheurs comme tout le monde -, mais parce que le Christ lui-même a dit : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20).»1

 Introduction au Notre Père : 

« vous êtes une maison que Dieu construit. La pierre de fondation, personne ne peut en poser d’autre que celle qui s’y trouve : Jésus Christ ». Appuyés sur Lui nous pouvons chanter en communion avec toute l'Église sa prière :

Prière d'envoi : 

Seigneur notre Dieu déjà tu habites au milieu de nous et tu nous donnes ton Esprit, Fleuve d'eau vive, qui assainit tout ce qu'il pénètre. Ouvre les coeurs à ton amour qui construit l'Église et unit tous ses membres dans la charité. Que les chrétiens parviennent tous ensemble auprès de toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.

[1]     Alexandre Men. Le christianisme ne fait que commencer. Cerf, coll. « Le sel de la Terre », 1996, p. 253

lundi 8 novembre 2021

Liturgie de la parole, 32ème lundi TO

 (sœur Marie-Christine)

 Introduction :

Bonjour et bienvenue à cette liturgie de la Parole qui nous ressemble en Église au nom du Seigneur. Le Seigneur a planté dans nos cœurs la graine de la foi. Toute petite graine mais qui ne demande qu'à grandir en nous et à porter du fruit. Du bon fruit. Pas de celui qui scandalise et fait tomber les plus petits.

Prions le Seigneur avec les psaumes qui sont un chemin pour nous apprendre à « aimer la justice » elle qui nous ajuste au Seigneur jour après jour. Elle qui nous tend la main et nous réajuste quand nous tombons.

 Méditation :

Jésus est réaliste : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! » Des scandales on ne peut malheureusement pas les éviter de même qu'il a dit juste avant sa Passion «  Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » ! (Jean 12,8)

« Mais malheureux celui par qui cela arrive ». Oui cette personne est malheureuse parce qu'elle fait du tord et aux autres et à elle-même. Les scandales, notre Église et la société n'en ont que trop. Et nous pouvons prier pour ceux qui les causent, pour les victimes et leurs familles.  Nous prendrons un temps de silence pour porter toutes les personnes blessées par les scandales d’abus.

Les scandales sont une plaie. Le mal causé, une blessure grave.

Durant la retraite sur Bach et les Psaumes j'ai entendu que, quand Bach va chercher dans les profondeurs de l'instrument, ce n'est pas toujours agréable, mais c'est constructif, cela ouvre pour un nouveau départ. Une crise, un scandale c'est très désagréable, inconfortable, déstabilisant, choquant.

C'est aussi une invitation à aller à nos fondements, à ce qui donne stabilité à nos vies, au rocher stable qui permet de rebondir, de repartir, de revivre d'une manière nouvelle, créative, constructive. D’avancer, même si c’est en boitant.

Ce fondement, pour moi, c'est le regard d'infinie miséricorde du Seigneur posé sur chacun, quel qu'il soit.

Et ce regard m'invite à mon tour à regarder l'autre avec miséricorde, avec bonté et surtout avec un infini respect et une délicatesse qui ne l'emprisonnent pas, mais suscitent en lui la vie.

Pour moi cela est impossible, mais le Seigneur veut et peut le réaliser en moi, en nous. Son Esprit saint, « éducateur des hommes » et des femmes, ne demande qu'à agir, nous travailler, nous féconder, nous vivifier.

Ne craignons pas de l'appeler encore et toujours et de redire avec les disciples déconcertés : «Seigneur, augmente en nous la foi ». La foi qui transporte le gros arbre qui bloque mon cheminement et le jette dans l'océan de la miséricorde.

 Introduction au Notre Père :

Tournons-nous vers le Seigneur le roc, le fondement de notre foi, de notre vie et prions avec les mots reçus du Seigneur Jésus :

 Prière d'envoi :

Viens Esprit Saint Éducateur des hommes et des femmes.

Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut de ciel un rayon de ta lumière.

Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.

Nous te le demandons par Jésus le Fils Bien-Aimé qui règnes et agis avec Toi et nous conduis au Père dès maintenant et jusque