mercredi 31 mars 2021

Liturgie de la Parole, mercredi saint

 (Raymond)

Introduction :  Tendresse de Dieu

Certains jours plus que d’autres j’entends les cris du psalmiste;  les cris de tant d’hommes et de femmes en pleine détresse morale et physique.

J’en ai vraiment assez de ce monde où sont rejetés les plus déshérités, où l’on piétine les aigris, les ratés, ceux à qui l’on n’a pas su apprendre à aimer. Judas qu’as-tu donc à me dire ce soir ? J’entends tes déceptions, tes désillusions, tes principes bafoués, ton envie de liberté. De quoi as-tu donc rêvé ? 

Idées craquelées, temps de l’angoisse, lieux de la nuit, j’accepte de t’écouter, de te rejoindre dans tes questions mille fois posées. 

Bonté partagée, Tendresse exprimée, Pardon sans cesse donné, Amour aux mille facettes raconté pour embraser le monde, cela n’a pas suffit à te combler !

Aujourd’hui je sens ton cœur palpiter, vaciller dans ce vide insoupçonné. Ton rêve s’est écroulé et tu crois ta vie brisée. Ce soir tu parles, tu me parles et tu pleures.           

Dernier assaut de ma tendresse pour toi, du lieu de ces souffrances qui te taraudent, je dépose ma vie sur une croix.

Une main fébrile t’entraîne de l’autre côté, je te sens peu sécurisé, seul, abandonné. Dans l’obscurité j’éclaire ta nuit, je crois pour toi, je reste avec toi. Je suis venu pour te sauver.

 Commentaire :

Difficile de ne pas entendre résonner en nous cette parole de Jésus alors qu’il était à table avec les Douze : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. »

Je vais sans doute en étonner quelques-uns(e)s : j’aime beaucoup Judas.  C’est un véritable frère, miroir de notre humanité, fragile à l’extrême.  Ce n’est sans doute pas un hasard si je suis  plongé au cœur de cette précarité la plus profonde et cela m’invite à regarder ce qui se passe à l’intérieur de moi plutôt qu’à écouter ce qui se dit à l’extérieur !

La personne humaine est un profond mystère mais il y a quelque chose qui est révélé dans notre identité personnelle et collective. Je dis collective parce qu’à force d’interagir, nous finissons par construire des identités collectives… d’où cette intuition profonde à ne pas me départir de Judas.

Je vous propose quelques pistes de réflexions qui permettent de rester en lien avec Judas et tous ceux et celles que nous jugeons infréquentables et foncièrement mauvais. Pour ce faire j’aimerais aborder très succinctement la question de la liberté, puis de la conscience et de la responsabilité par rapport aux  actes que nous posons. Une prise de conscience des principes de base qui évitent de tomber dans le jugement et les raccourcis faciles :

-          La liberté : Jésus ne fait pas le tri.  «Viens, et suis-moi» est une invitation adressée à tous, sans restriction. Je n’ai pas l’impression que Jésus ait attiré à lui des disciples en fonction de leur capacité. Non. C’est une adhésion personnelle libre et gratuite. Ce que nous appelons ‘’libre-arbitre’’ est une découverte chrétienne défini comme capacité à dire « non » à Dieu et donc d’être à la source radicale de nos actes. La liberté est une présence à soi et c’est pour cette raison qu’elle est une conscience morale acculée à se demander ce qui est bon pour soi et pour les autres. Nous sommes dotés d’une capacité à résister aux influences extérieures.

 La Conscience : Jésus adresse un dernier appel à la conscience de Judas : « l’un d’entre vous me livrera ». Je ne parle ici que de cette voix intérieure qui nous approuve quand nous faisons le bien et nous condamne quand nous faisons le mal. Nous disons « J’ai agi en conscience ».  Cette conscience morale nous appelle à vivre avec droiture. En fonction de ce que je viens de vous dire, vous comprenez qu’il est toujours possible d’agir contre sa conscience puisque nous sommes dotés du libre-arbitre ! Les disciples se sont regardés l’un l’autre, remplis de tristesse : « Serait-ce moi ? »  En visitant leur cœur, ils ont dû penser qu’ils en étaient tous capables. Ainsi est le cœur de l’homme dans ses recoins ténébreux ; ainsi est le nôtre.

 Les actes : Tout cela va s’exprimer dans nos actes, bons ou mauvais.  L’objet de l’acte posé par Judas est de livrer Jésus. C’est ce qu’il va faire mais est-ce la pointe de son intention. Son intention est au-delà du baiser donné à Jésus.  Qui peut dire l’intention profonde de Judas ? Lui seul la connaît.  Bien sûr nous connaissons l’histoire et nous pouvons faire des projections mais est-ce pour autant que cela correspond réellement à l’intention de Judas ?   D’ailleurs, écoutez ce qui est dit plus loin : « Judas qui l’avait livré, voyant qu’il avait été condamné, fut pris de remords et rapporta les trente pièces d’argent aux grands-prêtres et aux anciens : « J’ai péché dit-il en livrant un sang innocent ».

Il faut donc une grande prudence dans les jugements que nous portons les uns sur les autres.  Cela implique une confiance en l’autre.  Je ne connais ses intentions que par ce qu’il veut bien m’en dire, s’il dit quelque chose, et je dois lui faire confiance.

 La responsabilité : Bien sûr, on ne peut pas passer outre de notre propre responsabilité par rapport aux actes que nous posons. Je suis responsable parce que je suis libre.  Notre responsabilité porte à la fois sur soi, sur les autres et sur le monde environnant.

Le monde où vivent les criminels est notre monde.  Nous pouvons tous devenir des criminels.  Nous ne sommes pas tous capables de tout mais nous sommes chacun capable de telle forme particulière de crime.  Nous n’avons pas tous commis de grandes atrocités mais nous avons tous commis de petites lâchetés quotidiennes.  Nos mini lâchetés du quotidien nous font déjà complices. Il est facile de se classer soi-même parmi les ‘’purs’’ assurés de ne jamais devenir comme eux.  Mais si l’autre et moi sommes libres, alors je peux faire ce qu’il fait. Il est très dangereux de se croire immunisé contre le crime. Cette solidarité s’inverse positivement : Je sais que celui qui a posé des actes odieux est encore capable de se convertir, de revenir au bien. 

Cette responsabilité s’enracine dans le procès du Christ.  Jésus est l’innocent parfait. Le procès qui l’a condamné à mort est ignoblement truqué. L’Evangile souligne l’irresponsabilité des assassins : Pilate se lave les mains ; Caïphe déclare : « Il vaut mieux qu’un seul homme meurt pour le peuple et que l’ensemble de la nation ne périsse pas ».  Jésus a accepté de répondre de nos crimes.  Jésus a fait tout cela tout au long de sa vie.  Il n’a cessé de s’entourer de pécheurs, de criminels. Et il s’en est vanté comme d’un élément essentiel de sa mission : « Ce sont les malades qui ont besoin de médecins, je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs »

Il réclame sans cesse que nous choisissions. Il met chacun devant sa liberté en demandant : « Qui dis-tu que je suis ? », « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »    Nous sommes plus que jamais invités à répondre librement, en conscience et de manière responsable à travers les actes que nous posons.

 Notre Père

 Oraison finale :

Nicolas, Eddy, Giovanni, Saïd, Pauline, Mélanie… et toi aussi Judas, vous êtes entrés dans ma vie avec toute la détresse de votre histoire, toute la violence de votre misère.  Suicide, viol,  défonce, folie, trahison, lourd partage de la nuit !

Au fil des rencontres, vous me l’avez appris, le bois mort est fait pour brûler.  C’est l’aubier, ce corps si fragile qui brûle ;  le cœur se consume et se tord de douleur.

Et pourtant

L’espérance a jailli, fugace, telle une flamme qui perce la nuit.                               

Il nous arrive parfois, miracle de la vie, que chante et crépite le don du Vent dans les braises : La Vie est plus forte que la mort ! La Vie est plus forte que la mort ! La Vie est plus forte que la mort….

Bienheureux  serez-vous si vous avez l’audace d’approcher ce brasier… car oui,  ses flammes perceront vos nuits.

lundi 29 mars 2021

Liturgie de la Parole, 6e lundi de carême

 (sœur Elisabeth)

Introduction

Nous voici donc entrés dans la semaine sainte, la grande semaine comme l’appellent nos frères orthodoxes.

Pourquoi grande ? Pourquoi sainte ? il y a sans doute beaucoup de raisons de l’appeler ainsi. J’en évoque une. Il me semble que la semaine que nous allons vivre résume ou plutôt concentre tout le mystère de notre salut depuis l’incarnation, la vie terrestre de Jésus, son parcours à travers la Palestine jusqu’à sa mort et sa résurrection.

Oui, ils sont saints ces jours où nous célébrons avec une intensité particulière, l’amour d’un Dieu qui va jusqu’au bout de sa promesse, l’amour d’un Dieu qui rejoint l’homme non seulement dans son être de chair mais dans la part de péché qui l‘habite, qui prend sur lui ce péché, notre mort, pour nous ouvrir à Sa Vie.

Ce n’est pas pour rien que la liturgie nous donne, au lendemain de Noël,l de fêter Saint Etienne, premier martyr de la foi au Christ ressuscité et en plein carême de célébrer les fêtes de saint Joseph et de l’Annonciation, nous invitant ainsi à reconnaître Dieu dans le nouveau-né comme dans le condamné à la mort infâme de la Croix.

Pour entrer dans ce mystère, chantons les psaumes, prières profondément incarnées d’un peuple en marche…

 

Méditation

L’Evangile que nous venons d’entendre est bien connu et pourtant il reste inépuisable à notre méditation et notre contemplation.

J’en relève un aspect qui a retenu mon attention. Il y est question de tensions, d’incompréhensions. Tension qui révèle le cœur humain, qui nous révèle à nous-mêmes.

Tension autour du geste de Marie, expression d’un attachement pour les uns, luxe et gaspillage inadmissible pour Judas ; don gratuit d’un côté, offense à la charité de l’autre.

Tension autour de Lazare que Jésus a ressuscité des morts. Lazare suscite l’attrait d’une grande foule et la haine des chefs religieux qui veulent le faire mourir.

Déjà la Liturgie du dimanche des Rameaux nous a montré d’une part une foule qui acclame Jésus comme le Messie annoncé par les prophètes et d’autre part le procès de ce même Jésus qui le conduit à sa condamnation et sa mort.

L’Evangile de la Passion en nous présentant l’apôtre Pierre, sûr de lui, de son amour pour le Christ, prêt à mourir avec Jésus et un peu après Pierre, saisi de peur, le reniant nous fait pressentir que les tensions autour de Jésus ne sont pas seulement des divergences de vue, des manières de penser différentes mais qu’elles habitent le cœur humain, notre cœur.

J’y vois une invitation à descendre en nous-mêmes pour mettre en lumière les sentiments qui nous habitent, les incohérences entre notre désir profond et nos maladresses, nos peurs, nos refus pour les mettre en œuvre au quotidien. N’y a-t-il pas en nous à la fois une Marie et un Judas, un Pierre intrépide et aimant et un Pierre craintif et soucieux de sauver sa peau ?

Marie ne semble pas perturbée par les critiques qui fusent autour d’elle, elle assume son geste avec détermination. C’est là il me semble le fruit d’une grande liberté intérieure qui se fonde sur son attachement au Christ. Et c’est pour nous un exemple précieux dans notre cheminement.

Ne sommes-nous pas souvent en nous-mêmes en proie à des tensions qui nous déchirent et nous divisent ? Notre quotidien ne nous met-il pas régulièrement en situation de choix parfois difficile entre des attitudes opposées ?

Il nous est bon alors de nous connecter à notre désir de suivre le Christ, à notre vocation baptismale que nous allons ré-affirmer la nuit pascale ; de nous reconnecter à ce « oui je crois » qui a bouleversé un jour notre vie. Il nous est bon de laisser le Christ nous libérer de nos attaches mortifères qui peuvent se dissimuler derrière une apparente charité, de le laisser nous libérer, comme dit l’épître aux Hébreux, du péché qui nous entrave si bien.

Comme nous le chantons chaque matin de cette semaine « Les yeux fixés sur le Seigneur, entrons dans le combat de Dieu », combat pour la vie, pour la vérité, pour la liberté.

 

Oraison

Dieu notre Père, en Jésus, tu nous ouvres un chemin de vérité et de liberté. Garde nos cœurs ouverts à ton Esprit pour discerner au creux de notre quotidien les forces qui nous habitent et motivent nos actions. Fais grandir en nous la liberté intérieure et le courage d’aller jusqu’au bout de notre combat contre le mal en nous et dans le monde. Garde nos yeux fixés sur le Christ qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

mercredi 24 mars 2021

Liturgie de la Parole, 5e mercredi de Carême

 

(Raymond)

Introduction :

L’Evangile nous invite aujourd’hui à « Ecouter et demeurer dans La Parole, qui donne à connaître la Vérité, une vérité qui fait de nous des hommes libres. »

Que retenir du dialogue qui, au premier abord, apparaît comme un dialogue de sourds entre Jésus et des juifs dont il est pourtant dit qu’ils avaient cru en Jésus ?

Dès le début de la controverse avec les Pharisiens, Saint Jean met l’accent sur les conditions dictées par Jésus, les dispositions intérieures nécessaires  qui conduisent à la Vie : Ecouter sa parole et y demeurer, connaître la vérité, reconnaître Jésus lumière du monde et Fils de Dieu.     

Jésus ne disait d’ailleurs rien d’autre dans ses propos, que ce soit à Nicodème, la Samaritaine ou  les Scribes et les Pharisiens en d’autres occasions.

Que dit-il à Nicodème ?  « Amen, amen, je te le dis… celui qui fait la vérité vient à la lumière afin que soient manifestées que ses œuvres viennent de Dieu. »  (Jn 3, 20-21)

Que dit-il à la Samaritaine ? « Je te le dis, l’heure vient, et elle est déjà là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité. » Et quand la Samaritaine lui dit : « Je sais que le Messie doit venir… Jésus répond : « Je le suis, moi qui te parle »

Aux Scribes et aux Pharisiens : « Je suis la lumière du monde, celui qui vient à moi ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière qui conduit à la vie. »

Aux Juifs qui avaient cru en Lui ?  « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples.  Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »

Comment allons-nous entendre tous ces « Je Suis » résonner en nous aujourd’hui ? Quelle réponse pouvons-nous leurs donner ?

Commençons par prier les psaumes qui nous permettent d’entrer en dialogue avec Dieu.

 LECTURES :   Livre de Daniel 3, 14-20. 91-92. 95   

                        Evangile de saint Jean 8, 31-42      

Commentaires :  

A entendre ce récit, je comprends mieux les invitations à éviter les sujets qui fâchent lors des réunions de famille ! « Politique » et idéologies politiques, puis « Religion » où foi et doute ne font pas toujours bon ménage.  Ce sont là des sujets sensibles. 

En réalité, ce sont des sujets qui touchent à une identité profonde, viscéralement inscrite et ancrée au cœur de chacun, d’où cette incompréhension entre Jésus et ses adversaires et la violence de l’opposition.  Tensions et contradictions ne sont que les conséquences de cette perception identitaire et de son affirmation.

Au cours de cette confrontation verbale, Jésus n’impose rien, Il invite : « Si vous demeurez dans ma parole vous êtes vraiment mes disciples. Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. »

Pour nous, comme pour les premières communautés, johanniques et autres, nous pouvons accueillir à notre tour cette invitation de Jésus, puis nous avons alors à écouter et à entrer dans le discernement.  Les sujets sur lesquels nous avons à faire des choix et à nous positionner ne manquent pas :

Quelle place pour les femmes dans l’Eglise ?  Quid du célibat des prêtres, du Magistère et de la structure de l’Eglise ? Plus encore, au quotidien, quid de cette vérité sur nous-mêmes qui n’est pas facile à décliner et nous pousse à des choix difficiles ;  Quid de la manière de vivre l’Eucharistie, de faire Eglise quand nous sommes ballotés dans les tempêtes qui traversent le monde ?  Quid de notre foi dans les difficultés liées à la maladie, la souffrance et la mort ?   Et puis, qu’en est-il de notre écoute de la Parole comme Bonne Nouvelle pour nous, de la Vérité sur nous-mêmes, de notre propre filiation à Dieu que nous appelons Père et de notre rapport à Jésus Lumière du monde ?

Aujourd’hui encore, des réponses nous sont données de la bouche même de Jésus. Et il n’y a rien d’hypothétique dans les conditions dictées par Jésus. Des conditions inclusives entre deux affirmations péremptoires proclamées, l’une au début du discours : « Je suis la Lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la Lumière qui conduit à la Vie. » et « Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés » ; Et l’autre, à la fin du dialogue qui atteste de sa divinité : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, Je Suis ».             

« Je Suis »

Jésus nous dit : Je suis la lumière du monde mais il dit aussi, Je suis le Bon Berger ; Je suis la Porte ; Je suis le Chemin ; Je suis la Vérité ; Je suis le Cep ; Je suis le Pain de Vie ; Je suis le Fils ; Je suis la résurrection et la Vie…

Il y a tous ces « Je Suis » qui nous interpellent et si Jésus a dit tous ces « Je Suis » « Je suis celui qui est », c’est pour que nous les fassions nôtres. Tous les « Je suis » de Jésus ont quelque chose à voir avec nous-mêmes.  Qui je suis ?   Comment je suis : Je suis fragile.                    

Nous rencontrons la mort sous toutes ses formes : la maladie, la retraite, la séparation, l’emprisonnement et la mort physique…et il y a quelqu’un qui dit « Je Suis la Résurrection et la Vie ». 

C’est là que ça se passe.  Dans le « Je suis » de Jésus, il y a en moi ‘’Le Vivant’’ et il est possible d’être remis dans la vie.  Il y a seulement à être attentif à ne pas mettre notre « être » dans les œuvres mortelles parce que quand elles meurent, je meurs aussi. Or, il y a des tas de gens autour de nous qui attendent que nous soyons porteurs de vie. Il y a quelque part où le Seigneur m’attend parce que nous avons tous développé quelque chose de particulier où le Seigneur nous attend. Par la foi nous pouvons, nous avons cette capacité qui nous est donnée de devenir « Je suis ».                                                                                  

Aujourd’hui l’action dans laquelle je suis engagé à croire cela, c’est quand je suis devant quelqu’un d’emmuré, au propre comme au figuré. J’ai alors cette capacité d’être « porte » ou « lumière ». Oui, ce rayon de soleil peut entrer dans nos vies quand nous sommes lumineux de l’Amour que nous avons en nous.

Alors oui, aujourd’hui plus que jamais, écoutons vibrer en nous tous ces « Je Suis » de Jésus.

Mettons nos pas dans les siens pour marcher avec lui par la foi puisque tous ces « Je suis » de Jésus sont à l’intérieur des croyants que nous sommes. C’est à partir de là, de ce lieu sacré que désormais il les prononce. Et cela nous donne l’autorité de Jésus. Notre baptême nous donne cette autorité ; une autorité qui nous est conférée par la présence de Quelqu’un qui est plus grand que nous.

Comme nous le proclamons à chaque Eucharistie, je vous souhaite d’accueillir et devenir le corps du Christ,  Lumière du monde, Chemin de Vie, Enfant bien-aimé de Dieu.

Notre Père :

Ensemble, prions…

Oraison finale :

Au premier jour de la création, Dieu notre Père, Tu as prononcé cette parole « Que la Lumière soit ! » Et la lumière a surgi dans les ténèbres… En notre aujourd’hui, nous te le demandons, renouvelle ton œuvre, allume un feu sur notre terre ! 

Jésus le Christ, lumière du monde, tu as appelé des disciples pour être avec toi et annoncer le Royaume. Aujourd’hui, continue à attirer à toi de nouveaux apôtres !  

Esprit-Saint, descends sur nous maintenant, pour que dans nos familles, nos communautés, notre Eglise, des témoins se lèvent, passionnés de ta Bonne Nouvelle. Aujourd’hui, souffle sur notre humanité ! Et que des hommes et des femmes consacrent leur vie à ta suite, joyeux relais de ta lumière en notre monde.

mardi 23 mars 2021

Liturgie de la Parole, 5e mardi de Carême

(sœur Bernadette)

Introduction :

Face aux critiques concernant ses représentations de la croix dans plusieurs de ses œuvres, Marc Chagall a un jour réagi comme suit : « Ils n'ont jamais compris qui était vraiment ce Jésus, l'un de nos rabbins les plus aimants, qui a toujours défendu les affligés. Ils ne lui ont donné que des titres de seigneurie. Pour moi, il est l'archétype du martyr juif à travers les âges. » Proposée à nos regards, peinte en 1938, découvrons sa toile "La Crucifixion blanche".

Mais plongeons-nous d'abord dans les Écritures qui devraient nous rapprocher de la question posée à Jésus par ses adversaires : « Toi, qui es-tu ? » (Jn 8, 25)

 

Lectures : Nombres 21, 4-9 // Ps 101(102) // Jean 8, 21-30




Méditation :

Pour en revenir au tableau de Marc Chagall "La Crucifixion blanche", je voudrais expliquer quelques détails. Le Crucifié est représenté ici comme un Juif avec le talit autour des hanches, le châle de prière juif, un tissu à la place de la couronne d'épines posée par moquerie sur sa tête et avec les deux mains tendues en prière dans le "Tau" (dernière lettre en hébreu, signifiant "pour tous"). Autour de lui, le monde s'enfonce dans le chaos et la souffrance. En haut à gauche, on voit l'attaque brutale d'un petit village par des soldats en marche brandissant des drapeaux rouges, représentant le pogrom juif russe, la "tempête soviétique", de 1917. En même temps, cependant, il fait allusion à la "Reichskristallnacht" - la nuit de cristal - le pogrom juif allemand, qui a eu lieu en 1938.

On peut voir partout des personnes effrayées, incarnant la misère de l'expulsion : des réfugiés en bateau sans espoir d'un port pour les sauver, à droite un homme sauvant le rouleau de la Torah, un rabbin en pleurs, un homme dénoncé avec un bouclier devant sa poitrine, et, en bas à gauche, un homme fuyant avec ses affaires. Plus loin : des villages en feu - une synagogue profanée - la plus sainte sur le sol - et en bas à gauche un rouleau de la Torah incendié. Au milieu du paysage de la souffrance, une lumière blanche tombe sur la croix, puis au pied de la croix où l'on voit la lueur des bougies de la ménorah (le chandelier à sept branches).

Lançant à nouveau la question : « Toi, qui es-tu ? », Chagall nous répond à travers son œuvre : "Je suis ton frère en l'homme, celui qui a partagé le destin juif. Jaques Loew, par opposition, donne la réponse suivante : "N'est-il pas le fils du charpentier ? ", et il est « l’Alpha et l’Oméga » (Ap 1,8). Il est le fils de Marie, la femme de Nazareth, et il est « Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être » (Hb 1, 3). Il est le charpentier du village, l'artisan, et celui dont l'Apocalypse nous dit qu'il est « le Souverain de l’univers » (Ap 1, 8). […] Il « est le Rabbi qui a soif et demande à la Samaritaine de lui donner à boire ; il est celui auquel obéissent les vents et la mer. Il est celui qui embrasse les enfants avec toute sa tendresse humaine, et celui qui réveille la jeune fille de la mort et la fait manger. »[1]

« Toi, qui es-tu ? » Chaque génération de chrétiens ne doit-elle pas se poser à nouveau cette question ? « Qui es-tu, Jésus, pour moi, pour nous, pour cette société, pour ce monde ? »[2]

Jésus lui-même dit de lui-même : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14, 9) Cela explique pourquoi « personne ne peut connaître et suivre Jésus à juste titre s'il n'accepte pas le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob comme le seul vrai Dieu - le Créateur du ciel et de la terre. Et inversement, personne ne peut connaître correctement ce seul vrai Dieu qui n'écoute pas Jésus et qui ne l'accepte pas comme le Fils unique du Père venu du ciel."[3]  

Je pense que pour se rapprocher d'une réponse à la question « Toi, qui es-tu ? »  (Jn 8, 25), il est crucial de regarder le Crucifié et de persévérer, de se laisser toucher par lui. Regarder la souffrance dans les yeux, ou plutôt la supporter. Jésus sur la croix est immergé dans l'image à la lumière du mystère de la souffrance humaine. Il prend part à toutes les souffrances et les ténèbres qui existent et ont existé sur notre terre. Mais l'exaltation sur la croix permet déjà de faire briller l'exaltation dans la résurrection. C'est comme si Jésus nous disait : "Regardez, j'ai souffert et j'ai vaincu toutes ces choses. Celui qui peut voir et espérer cela, je le ferai sortir de ses ténèbres vers la lumière, car je le ferai entrer dans la lumière.[4] Celui qui peut voir et espérer cela, je le ferai sortir de ses ténèbres vers la lumière, car "je suis la résurrection et la vie" (Jn 11, 25).

 

Notre Père : 

Confiants en toi, nous prions comme tu nous l'as enseigné.

 

Prière de conclusion : 

Prions avec les mots de Dietrich Bonhoeffer :

« Il y a en moi de l’obscurité, mais auprès de toi, je trouve la lumière ; je suis seul, mais tu ne m’abandonnes pas ; Mon cœur est abattu, mais tu es mon secours ; je suis inquiet, mais tu es ma paix. Il y a en moi de l’amertume, mais tu es patience ; je ne comprends pas tes voies, mais tu connais le chemin. Tu m'as fait beaucoup de bien, mais maintenant laisse-moi prendre les choses lourdes de ta main. Tu ne m'imposeras pas plus que je ne peux supporter. Tu fais tout pour le bien de tes enfants. »[5]



[1] Jaques Loew, Ce Jésus qu'on appelle Christ : retraite au Vatican (1970)

[2] Heinz Janssen, predigten.evangelisch

[3] Matthias Krieser ; www.predigtkasten.de

[4] Johannes Neukirch, predigten.evangelisch

[5] Dietrich Bonhoeffer, Widerstand und Ergebung, DBW Band 8, Seite 204 f 

lundi 22 mars 2021

Liturgie de la Parole, 5e lundi de Carême

 (sr Myrèse)

Accueil :

Aujourd’hui, la liturgie nous offre deux textes de jugement… qui finissent plus ou moins bien. Le premier, l’histoire de Suzanne, finit par la reconnaissance de l’innocence de Suzanne, et la condamnation des deux qui l’accusaient injustement… cela finit donc bien pour Suzanne, cela finit plutôt mal pour les deux qui ont gravement fauté et subissent le châtiment qu’ils voulaient infliger à Suzanne ! L’évangile de la femme adultère finit bien pour cette femme que Jésus remet debout, et pour ceux qui l’accusaient : ils se sont tous retirés de la scène, et probablement retirés au fond de leur conscience. Personne ne sera lapidé au terme de cette page d’évangile. Mais, probablement, Jésus s’est-il attiré quelques ennemis supplémentaires ! Lire ce récit à l’avant-veille de la semaine sainte, doit nous inviter à accueillir cette Parole de Dieu, avec la croix en perspective ! Ouvrons nos cœurs à la Parole de Dieu pour en recevoir la vie. Fixons nos yeux résolument sur Jésus, l’initiateur de notre foi. 


La Parole méditée :

Vous avez sans doute encore en mémoire la lecture que Père Daniel nous a faite de ce passage d’évangile… Aujourd’hui, je vous propose de fixer votre regard sur Jésus, de voir combien cette scène est annonciatrice de la passion, de la croix, de la résurrection. Je vous invite à voir comment tout jugement en Dieu surpasse vraiment notre justice humaine. Regardons comment Dieu nous sauve !

On amène à Jésus une femme prise en flagrant délit d’adultère et on lui demande de prononcer le jugement… suit-il ou non la loi de Moïse ? La loi ordonne de lapider ces femmes-là… l’homme aussi normalement, mais on l’a laissé filer ! La femme n’est qu’un prétexte pour piéger Jésus. Elle est un objet aux yeux des adversaires de Jésus, une occasion de coincer Jésus et de le condamner… à la croix, on a réussi à le condamner. Jésus se trouve entre deux larrons, eux aussi coupables avérés.

Aujourd’hui, Jésus s’abaisse, écrit sur le sol, il est au niveau de la femme, il partage son sort. Vous vous souvenez, Père Daniel disait : après avoir dit « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Jésus s’abaisse à nouveau… il est à côté de la femme. Si les pierres volent, Jésus en prendra autant que la femme, ils mourront tous deux. Voilà qui esquisse ce que signifie :  Jésus prend sur lui notre péché… Chaque fois que vous voudrez juger et condamner quelqu’un, vous jugerez et condamnerez en même temps celui qui se fait solidaire de notre humanité pécheresse. Oui, chaque fois que vous jugerez et condamnerez, vous jugerez et condamnerez en même temps Jésus, qui se tient là, tout proche du coupable. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus ramène chacun à sa conscience, et tous s’en vont ; la femme va pouvoir partir debout, libérée, ressuscitée. Les accusateurs sont partis de même, et on espère qu’ils sont partis en laissant Jésus restaurer leur conscience, et Jésus lui aussi partira debout, vivant du Souffle de Dieu, qu’il vient de partager à cette femme. Sur la croix, Jésus a pris notre place, oui, il meurt pour nous, pour ne pas nous abandonner seuls à notre mal ! Il meurt au milieu de deux larrons, partageant leur sort. Et leur offrant de passer avec Lui, de la mort à la vie. Si on veut comprendre le salut, il faut méditer longuement ce passage pour voir comment Jésus sauve, remet debout ! Et jamais nous ne perdrons l’espérance.

 

Invitation à la prière du Seigneur :

Jésus nous voici, tels que nous sommes, rejoints par toi. Et doucement, sans nous juger, sans nous condamner, tu tournes nos regards vers la vie nouvelle que tu nous offres, tu tournes nos regards vers le Père. Aussi avec toi, nous voulons prier :

 

Prière d’envoi :

Dieu notre Père, tandis que nous nous préparons à fêter le salut, la résurrection, nous voici devant toi. Nous portions le poids de nos fautes, et ton Fils, ton bien-aimé, les a prises sur lui. Père en ressuscitant ton Fils, en le reprenant du plus profond de la mort, c’est toute l’humanité que tu invites à recevoir ton Souffle recréateur. Nous te bénissons, et nous te prions : fais-nous vivre cette Pâque, dans l’espérance, la joie et la confiance. Fais-nous goûter au plus profond la joie d’être sauvés ! nous te le demandons par Jésus, le Christ, notre Sauveur

 

Bénédiction :

Que le Dieu du salut, nous bénisse et nous garde…

jeudi 18 mars 2021

Liturgie de la Parole, 4e jeudi de Carême

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Ce sont de longs et beaux textes qui nous sont proposés aujourd’hui.

Si le Carême est un temps de pénitence, où l’on reconnaît son péché, c’est-à-dire le non-ajustement de notre vie devant Dieu, il est aussi et surtout un temps où l’occasion est donnée de recevoir le pardon et d’être bénéficiaires de la miséricorde de Dieu.

Tel est le propos des deux lectures.

De part et d’autre, un péché et, simultanément, une invitation à s’ajuster et à recevoir le pardon…

Moïse dans le livre de l’Exode, Jésus dans l’évangile de Jean, se font porteurs de vie.

Mais le peuple consentira-t-il à se détourner de son idolâtrie ? Les contemporains de Jésus pourront-ils faire acte de foi ?

Il en va de même pour nous !

Ce Carême est un temps privilégié… Nous laisserons-nous saisir par le kairos, le « moment favorable » ?

Aujourd’hui est le temps de Dieu… Et Il veut le vivre avec nous !

Implorons le secours de Dieu pour nos contemporains, là où ils sont, partageant leurs joies, leurs peines et leurs espérances.

Et prions avec les mots du psalmiste :

« Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ta bienveillance pour ton peuple »

 

Méditation

Revisitons les textes que nous venons d’écouter.

Dans l’Exode, le chapitre qui précède notre extrait rapporte les très nombreuses lois que Dieu donne à son peuple pour l’éduquer, lui apprendre le chemin de l’Alliance.

Et, pendant ce temps où Moïse s’entretient avec Dieu sur la montagne, le peuple s’impatiente… Aaron consent à façonner une idole pour que le peuple puisse « manger, boire… (et) se divertir » (Ex 32, 6).

S’ensuit l’idolâtrie, avec son cortège de prosternations et de sacrifices : « Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte »

Et, face à la colère de Dieu, Moïse se montre intercesseur :

« Reviens de l’ardeur de ta colère, renonce au mal que tu veux faire à ton peuple.     Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël… »

Dans l’Evangile, Jésus est confronté à l’opposition, à l’incroyance de ses détracteurs, après la guérison du paralytique à Bethzatha, le jour du sabbat.

Dans l’extrait de l’Evangile d’hier, Jésus évoquait sa mission :

« Comme le Père, en effet, relève les morts et les fait vivre… qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle… Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même »

Porteur de Vie, Jésus veut l’offrir à ceux qui l’écoutent.

Il le résume en notre Evangile : « Je parle ainsi pour que vous soyez sauvés »

Pour confirmer l’authenticité de sa Parole, il s’appuie sur différents témoignages :

Non le sien.

Mais « les œuvres que le Père m’a donné d’accomplir ; les œuvres mêmes que je fais »

Et non seulement les œuvres, mais « le Père qui m’a envoyé, lui, m’a rendu témoignage »

Et non seulement les œuvres et le Père, mais « les Écritures qui me rendent témoignage » !

Convergence de ces différents témoignages au profit de Jésus, l’Envoyé.

Constat lucide de Jésus : « et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! »

Comme Il a questionné ses contemporains, Jésus nous questionne :

Quelle gloire cherchons-nous ? Celle, superficielle, des hommes ou celle, profonde, de Dieu ?

Quelle vie voulons-nous ? Une vie biologique ou éternelle ?

En qui voulons-nous enraciner notre espérance ? En ce monde ou en Celui qui a la Vie en lui-même ?

Le Carême est le temps du choix et de la décision.

Le choix de Dieu, le choix de la foi, le choix de la Vie !

Ecoutons, lisons, scrutons et méditons les Ecritures qui nous parlent de Lui…

 

Temps de silence - Notre Père

 

Oraison

En ce temps de Carême, nous avons revisité les combats de ton peuple : l’idolâtrie et l’incroyance. Inlassablement, hier comme aujourd’hui, ta Parole est partagée, pour entraîner la foi, montrer le juste chemin, susciter la Vie. Envoie ton Esprit, afin que ta Parole nous bouscule, nous mette en route, nous convertisse… Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

mardi 16 mars 2021

Liturgie de la Parole, 4e mardi de Carême.

 (sœur Marie-Christine)

Introduction :

Bonjour et bienvenue à vous qui êtes là de près ou de loin, qui venez vous abreuver à la Parole. Aujourd’hui, elle nous parle de vie, de guérison.

« Cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent »…et cela commence par les animaux, les poissons et les arbres fruitiers aux fruits sans cesse nouveaux : Il n’est pas question directement des hommes ! Mais par allusion : les fruits (pour les nourrir, fruits reçus en opposition au fruit de la Genèse qui a été pris) et feuilles qui sont un remède. L’homme, lui doit collaborer à son salut et à sa guérison, ce n’est pas automatique. C’est notre dignité de créature libre. Notre Dieu ne s’impose pas même pour nous guérir. Il respecte nos choix, nos décisions.

Veux-tu être guéri ?

Chantons maintenant le Psaume 118 qui voit dans la Torah un chemin de vie et de guérison, une eau vive, une nourriture abondante.

Méditation :

Ézékiel est-il dans le Temple de Jérusalem ? Non, il revient à l’entrée de la « Maison » nous dit la nouvelle traduction. La Maison, tout simplement, celle de Jérusalem, celle de Rome, de Namur, mais aussi l’humble église d’Hurtebise, et celle plus modeste encore du cœur de chacune, de chacun d’entre nous.

Va-t-il entrer ? Non, il sort ! Pourquoi ? Parce que l’eau jaillit sous le seuil ! La porte serait-elle fermée ? Peut-être, mais cela n’empêche pas l’eau de jaillir : la puissance de vie qui vient de l’intérieur est plus forte que les portes fermées des institutions et des cœurs. Ézékiel, messager d’espérance.

Plus il s’éloigne de la Maison plus le niveau d’eau est élevé ! Ce qui veut dire une source extrêmement forte, qui grossit plus vite que les pas de l’homme. Plus Ézékiel va vers le soleil levant, (le Christ ?) plus le flot grossit, jusqu’à devenir infranchissable avec ses propres forces humaines. Il la traverse 3 fois, mais pas la 4ème, il en mourrait…

Cette eau donne-t-elle la mort ? Non au contraire, sa puissance est une puissance de vie : sur ses bords poussent « des arbres en grand nombre » animaux et poissons peuvent « vivre et foisonner… cette eau assainit tout ce qu’elle pénètre ».

Et l’homme ? Il a les fruits comme nourriture et les feuilles comme remède. Dieu met à disposition ce qui peut nourrir et guérir la personne humaine. Qu’est-ce que j’en fais ?

Au milieu d’une foule de malades de toutes sortes, Jésus en distingue un. Qu’a-t-il de différent ? Il est couché, et dans cet état depuis longtemps, sa situation est sans issue, sans espoir.

« Veux-tu être guéri ? » C’est la question que Jésus pose à l’homme et à chacun d’entre nous. Il ne s’impose pas.

« Seigneur, je n’ai personne »…: Oui, seuls, livrés à nous-même, nous ne pouvons être guéris. Nous avons besoin les uns des autres pour être plongé dans la piscine de la miséricorde bouillonnante du Seigneur. Et quand il n’y a personne ?… Jésus, lui, est là.

Si Ézékiel traversait l’eau, notre homme ne sera pas plongé dans la piscine. La parole de Jésus suffit. Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton brancard et marche . Et aussitôt l’homme fut guéri. Il prit son brancard : il marchait !» On sent l’admiration de l’évangéliste.

La puissance de vie de Jésus est si forte. Sa parole a pénétré le cœur de cet homme et l’a assaini tout entier, coeur, esprit et corps.

Il est « remis sur pied...rétabli » voilà ce qu’est la guérison ! au plan physique et aux plans moral, spirituel. Ce n’est pas magique, il y contribue : il a pris son brancard et s’est mis à marcher. Maintenant il avance.

Il va dans le Temple, -avec son brancard!- lieu où il peut rencontrer Dieu et où il n’avait pas accès depuis 38 ans. Il est si pressé d'y aller enfin. Lieu où il rencontre de nouveau Jésus et peut nommer celui qui l’a guéri, et il le nomme avec joie. Joie manifeste par son empressement à annoncer qui est celui qui l’a guéri. Peut-être qu’il a envie, comme plus tard l’aveuglé-né guéri lui aussi, de devenir disciple de Jésus  (cf. Jean 9,27).

Jésus lui a donné l’impulsion initiale, l’homme a reçu le don d’une vie saine à tous les plans, cette vie il la nourrira pour qu’elle ne s’étiole pas, qu’elle grandisse. Il a pour cela les fruits et les feuilles des arbres qui poussent au bord du torrent d’eau vive d’Ézékiel.  Ces fruits qui nourrissent, ces feuilles qui sont un remède, c'est quoi? Tout ce qui, irrigué par l’eau vive du Seigneur est porteur d’une vie qui ne se flétrit pas, d’une vie est toujours renouvelée. Et tant de choses variées peuvent y contribuer (voir Romains 8,28). Tiens, il y aura encore besoin de remèdes ! Tout n'est donc pas fait en une fois ? Ce serait pourtant bien. Non, la remise sur pied, la guérison intérieure, cela prend du temps, c'est un chemin de vie. Et la vie n'est pas statique, elle est vie, marche, torrent...

Jésus est comme ce torrent au bord duquel Ézékiel marchait, qu’il a traversé.Ce torrent qui grossit avec puissance. Une puissance qui n’écrase pas, mais donne la vie. Cette eau vive qui assainit tout ce qu’elle pénètre.

Qu’elle me pénètre et m’imprègne jour après jour.

  Introduction au Notre Père :

À l’invitation du Seigneur levons-nous pour chanter ensemble sa miséricorde et son Nom de Père.

 Oraison d’envoi :

Seigneur, toi le torrent d’eau vive qui assainis tout ce que tu pénètres, viens assainir nos cœurs et le cœur de tous les hommes et femmes d’aujourd’hui.

Vivifie ce qui nous empêche d’avancer, lave ce qui est souillé ; baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.[1]

Que nous nous abreuvions sans cesse au torrent de ta miséricorde.

Toi qui nous donnes la vie avec l’Esprit et nous conduis au Père maintenant et jusque dans les siècles des siècles.



[1]     -Voir la séquence de la Pentecôte