jeudi 31 mars 2016

Ne te tracasse pas

Tb 5
21 Mais il lui dit : « Ne te tracasse pas : tout se passera bien pour notre enfant à son départ comme à son retour vers nous, et tes yeux verront le jour où il reviendra vers toi sain et sauf. 22 Ne te tracasse pas, cesse de craindre pour eux, ma sœur : un bon ange l’accompagnera, son voyage réussira et il reviendra sain et sauf. » 23 Et elle s’arrêta de pleurer. 

Viens Esprit Saint, viens Esprit de patience, que cette parole alimente notre confiance dans les desseins bienveillants de notre Dieu.

Mais il lui dit : Ne te tracasse pas : tout se passera bien pour notre enfant à son départ comme à son retour vers nous : nous trouverons à de nombreuses reprises dans le livre de Tobit cette expression « ne te tracasse pas », autrement dit « fais confiance ». Courage (v.10) et confiance (v.17): voilà de quoi avancer sur le chemin, voilà ce dont nous avons besoin chaque jour, voilà ce qui nous est donné à tout instant… à nous de l’accueillir.

et tes yeux verront le jour où il reviendra vers toi sain et sauf : ainsi parle Tobit aveugle. Convaincu lui-même par la parole de l’ange, le voilà devenu capable de rassurer sa femme : oui, Tobias reviendra en bonne santé.

Ne te tracasse pas, cesse de craindre pour eux, ma sœur : répétition de l’appel à la confiance, façon de souligner son importance capitale.

un bon ange l’accompagnera : Tobit ignore totalement quelle est la personnalité d’Azarias… et ce n’est pas lui qu’il vise par cette affirmation : c’est la présence même de Dieu aux côtés des voyageurs qu’il évoque.

son voyage réussira et il reviendra sain et sauf : répétition aussi de sa confiance dans la bonne issue du voyage. Remarquons au passage qu’il n’est nullement question de la récupération de la somme d’argent à Raguès ; ce motif n’aurait-il été dès le début qu’un prétexte ?


Et elle s’arrêta de pleurer : comme Tobit a été convaincu par Azarias, ainsi Anne est convaincue par son mari : belle est cette chaîne de confiance. Puissions-nous à notre tour nous glisser dans ce genre de transmission, être un maillon qui en encourage d’autres.


Nous le savons, Seigneur Jésus, tes chemins ne sont pas nos chemins, mais nous savons aussi que tu es notre compagnon de route, et qu’avec toi « tout se passera bien ». Béni sois-tu.

mercredi 30 mars 2016

Pourquoi ?

Tb 5
18 Sa mère se mit à pleurer et elle dit à Tobit : « Pourquoi donc as-tu fait partir mon enfant ? N’est-ce pas lui le bâton de notre main, lui qui va et vient devant nous ? 19 Que l’argent ne s’ajoute pas à l’argent, mais qu’il compte pour rien en regard de notre enfant. 20 Le genre de vie que le Seigneur nous a donné nous suffisait bien. » 

Viens Esprit Saint, viens Esprit de consolation, vois nos inquiétudes, vois nos souffrances, viens nous donner ton souffle de vie.

Sa mère se mit à pleurer : aujourd’hui, nous sommes en compagnie d’Anna qui va exprimer tout son ressenti face à la décision de Tobit. Un peu étrangère à ce qui vient de se passer, elle est mise devant un fait accompli, le départ de son fils unique. Son angoisse se traduit dans les larmes.

et elle dit à Tobit : Pourquoi donc as-tu fait partir mon enfant ? : elle ne comprend pas et pose sans doute une vraie question à son mari : pourquoi ?

N’est-ce pas lui le bâton de notre main, lui qui va et vient devant nous ? : première raison, Tobias est leur bâton de vieillesse, sans lui l’avenir serait encore plus sombre.

Que l’argent ne s’ajoute pas à l’argent, mais qu’il compte pour rien en regard de notre enfant : à juste titre, elle ne veut pas risquer la vie de son fils pour récupérer de l’argent, fût-ce une somme astronomique.

Le genre de vie que le Seigneur nous a donné nous suffisait bien : là, elle rejoint exactement l’avis de son mari qui disait à Tobias (4,21) de ne pas craindre de vivre dans la pauvreté.


Seigneur Jésus, sois à nos côtés au moment des questionnements, des choix, des séparations. Souvent, notre vue est si courte. Eclaire-nous, accompagne-nous.

mardi 29 mars 2016

Que son ange fasse route avec vous

Tb 5
17 L’ange dit : « Oui, je vais l’accompagner, ne crains rien. Tout se passera bien pour nous à notre départ comme à notre retour vers toi, car la route est sûre. » Tobit lui dit : « Sois béni, frère ! » Puis il appela son fils et lui dit : « Mon enfant, prépare ce qu’il te faut pour le voyage et pars avec ton frère. Que le Dieu qui est au ciel vous ait là-bas en sa sauvegarde et qu’il vous ramène sains et saufs auprès de moi ! Et que son ange fasse route avec vous pour vous garder, mon enfant ! »
Tobias sortit pour se mettre en route, il embrassa son père et sa mère et Tobit lui dit : « Bon voyage ! » 

Viens Esprit Saint, permets que la parole de ce jour fortifie notre confiance en notre Dieu.

L’ange dit : Oui, je vais l’accompagner : après toutes ces mises au point, voici l’engagement d’Azarias formulé clairement : il sera le compagnon souhaité.

ne crains rien : de nouveau il rassure Tobit : toutes les paroles de l’ange ont cette tonalité qui veut redonner confiance et courage, qui veut éloigner la peur.

Tout se passera bien pour nous à notre départ comme à notre retour vers toi, car la route est sûre : voilà qui résonne comme le psaume 120 : « le Seigneur te gardera au départ et au retour », et qui est une bien jolie expression. Quant à la sécurité sur la route… cela ressemble à l’opinion d’un ange…

Tobit lui dit : Sois béni, frère ! : voilà enfin notre Tobit rassuré et cela se traduit par une bénédiction.

Puis il appela son fils et lui dit : « Mon enfant, prépare ce qu’il te faut pour le voyage et pars avec ton frère : Tobias n’était donc pas présent à l’échange scellant l’accord, et son père le met au courant, lui demandant de se préparer pour un départ immédiat.

Que le Dieu qui est au ciel vous ait là-bas en sa sauvegarde et qu’il vous ramène sains et saufs auprès de moi : Tobit se tourne maintenant vers Dieu pour lui confier les deux voyageurs : il englobe Azarias dans son souhait.

Et que son ange fasse route avec vous pour vous garder, mon enfant ! Il ne pourrait mieux dire… Tobit appelle ainsi la présence de Dieu lui-même auprès de son enfant si chéri.

Tobias sortit pour se mettre en route, il embrassa son père et sa mère et Tobit lui dit : Bon voyage ! : Tobias sort (une fois de plus), embrasse ses parents et Tobit, sans plus lui faire de discours, lui souhaite tout simplement un bon voyage.


Bénis sois-tu, Seigneur Dieu, toi qui donnes mission à tes anges de nous garder sur tous nos chemins (Ps 90)

lundi 28 mars 2016

Accompagne mon fils

Tb 5
15 Et il poursuivit : « Je te donne un salaire d’une drachme par jour et, en ce qui concerne ton entretien, la même chose qu’à mon fils. 16 Accompagne donc mon fils, et j’ajouterai encore quelque chose à ton salaire. »

Viens Esprit Saint, viens habiter notre prière, fais-en un temps d’intimité, d’écoute, d’accueil.


Et il poursuivit : Je te donne un salaire d’une drachme par jour et, en ce qui concerne ton entretien, la même chose qu’à mon fils : voilà deux versets où l’on ne parle que d’argent… Tobit se veut clair et juste, convaincant aussi sans doute. Le salaire d’une drachme est habituel, et les autres conventions aussi. Tobit veut agir avec justice et nous savons que cela se concrétise aussi pour lui dans le juste salaire.

Accompagne donc mon fils, et j’ajouterai encore quelque chose à ton salaire : mais le souhait émis à nouveau est au cœur de la phrase : être le compagnon de son fils. Remarquons que Tobit désigne toujours Tobias en disant « mon enfant » ou « mon fils ». Il prend tendrement soin de lui avant de le laisser s’en aller.


Seigneur Jésus, compagnon de chaque jour, tu es présent en nos cœurs, tu es présent au cœur de tous ceux qui nous sont chers et que nous te confions.

dimanche 27 mars 2016

Frère

Tb 5
14 Tobit lui dit : « Sois le bienvenu, frère. Ne m’en veuille pas, frère, de ce que j’ai voulu savoir la vérité sur ta famille. Il se trouve que tu es un frère et que tu es d’excellente origine. Je connaissais bien Ananias et Nathan, les deux fils de Sémélias le Grand. Ils venaient avec moi à Jérusalem et y adoraient avec moi. Ils ne se sont pas fourvoyés. Tes frères sont des gens de bien, tu es de bonne souche. Je te souhaite le bonjour. »

Viens Esprit Saint, viens habiter nos relations fraternelles, qu’elles s’alimentent à la source de ta parole.

Tobit lui dit : Sois le bienvenu, frère : Tobit accueille la déclaration de l’ange, alias Azarias, avec une expression un peu passe-partout qui reviendra une vingtaine de fois dans le livre.

Ne m’en veuille pas, frère, de ce que j’ai voulu savoir la vérité sur ta famille : nous avons déjà remarqué que le mot « frère » revient dans chaque phrase que Tobit adresse à l’ange, et ici, il se surpasse en le glissant quatre fois dans ce seul verset. Peut-être atténue-t-il ainsi son exigence (je veux savoir…) au moment de présenter ses excuses pour cette insistance.

Il se trouve que tu es un frère et que tu es d’excellente origine. Je connaissais bien Ananias et Nathan, les deux fils de Sémélias le Grand : il se rassure – et se rattrape – en vantant l’excellente origine de son visiteur. D’ailleurs, il connaît justement son père…

Ils venaient avec moi à Jérusalem et y adoraient avec moi. Ils ne se sont pas fourvoyés. Tes frères sont des gens de bien, tu es de bonne souche : voilà un souvenir qui atténue la solitude de Tobit en cette terre d’exil, d’autant plus que nous savons qu’il était bien souvent seul pour aller à Jérusalem (1,6)

Je te souhaite le bonjour : Tobit conclut ainsi les présentations et salutations. Il est satisfait, l’affaire va pouvoir se conclure.


Seigneur Dieu, tu nous appelles à la fraternité, à voir en chacun notre frère, fils d’un même Père. Donne-nous de vivre une fraternité profonde, et que nos liens proches nous donnent force et courage pour nous ouvrir au plus lointain.

samedi 26 mars 2016

Je veux savoir

Tb 5
 11 Tobit lui dit : « Frère, de quelle famille es-tu et de quelle tribu ? Apprends-le-moi, frère. » 12 L’autre dit : « Que t’importe ma tribu ? » Tobit lui dit : « Je veux savoir vraiment, frère, de qui tu es le fils et quel est ton nom. ». 13 Il lui répondit : « Je suis Azarias, fils d’Ananias le Grand, l’un de tes frères. » 

Viens Esprit Saint, viens ouvrir nos cœurs à la parole.

Tobit lui dit : Frère, de quelle famille es-tu et de quelle tribu ? Apprends-le-moi, frère : Tobit continue l’interrogatoire car la simple dénomination « fils d’Israël » ne lui suffit pas. Il veut donc connaître bien davantage sur cet homme apparu sur son seuil : sa tribu et sa famille.

L’autre dit : Que t’importe ma tribu ? : pas commode de discuter avec un ange ! Le voilà qui refuse de décliner son identité….

Tobit lui dit : « Je veux savoir vraiment, frère, de qui tu es le fils et quel est ton nom : demande assez logique, mais quelle insistance doit déployer Tobit pour arriver à ses fins…

Il lui répondit : Je suis Azarias, fils d’Ananias le Grand, l’un de tes frères : et voilà l’ange qui se trouve un nom et un père ! Il répond en fait strictement à la dernière question de Tobit.

Seigneur Jésus, nous te le demandons, qu’aujourd’hui nous devenions capables d’accueillir tout homme, sans référence aux familles ni aux tribus… Fais-nous regarder chacun avec un regard confiant, un regard de bienveillance.



jeudi 24 mars 2016

Du bonheur en abondance

Tb 5
10 Tobias sortit l’appeler et lui dit : « Ami, mon père t’appelle. »
L’ange entra dans la maison et Tobit le salua le premier. L’autre répondit : « Je te souhaite du bonheur en abondance. » Tobit reprit : « Quel bonheur puis-je encore avoir ? Je suis un homme privé de la vue, je ne vois plus la lumière du ciel, mais je gis dans les ténèbres comme les morts qui ne contemplent plus la lumière. Vivant, j’habite parmi les morts ; j’entends la voix des gens, mais je ne les vois pas. » L’ange lui dit : « Courage, Dieu ne tardera pas à te guérir, courage. » Tobit lui dit : « Mon fils Tobias à l’ intention d’aller en Médie. Pourrais-tu l’accompagner et lui servir de guide ? Je te paierai ton salaire, frère. » Il lui dit : « Je suis en mesure de l’accompagner, je connais tous les chemins, je suis souvent allé en Médie, j’en ai parcouru toutes les plaines et les montagnes et j’en sais tous les chemins. »

Viens Esprit Saint, Esprit généreux, viens nous combler.

Tobias sortit l’appeler et lui dit : Ami, mon père t’appelle : Tobias s’en va donc « appeler » l’ange (que d’allées et venues !) et, comme chaque fois qu’il lui adresse la parole, il le désigne du beau mot d’ami.

L’ange entra dans la maison et Tobit le salua le premier : l’ange entre à son tour dans cette maison, et Tobit, en signe d’hospitalité et de respect, s’empresse de le saluer le premier.

L’autre répondit : Je te souhaite du bonheur en abondance : le salut de l’ange est un souhait de bonheur, un salut qui a déjà goût de promesse et de profusion.

Tobit reprit : « Quel bonheur puis-je encore avoir ? Je suis un homme privé de la vue, je ne vois plus la lumière du ciel, mais je gis dans les ténèbres comme les morts qui ne contemplent plus la lumière. Vivant, j’habite parmi les morts ; j’entends la voix des gens, mais je ne les vois pas : et voilà qui déclenche une longue lamentation de Tobit où il assimile sa cécité à la mort, où sa plainte est de ne plus voir, ni le ciel, ni les personnes qui l’entourent.

L’ange lui dit : Courage, Dieu ne tardera pas à te guérir, courage : promesse encadrée de ce souhait de prendre courage. Promesse étonnante à laquelle, bizarrement, Tobit ne semble pas s’attarder, qu’il ne relève pas… A-t-il « bien » entendu ?

Tobit lui dit : « Mon fils Tobias à l’intention d’aller en Médie. Pourrais-tu l’accompagner et lui servir de guide ? Je te paierai ton salaire, frère : Tobit interroge à son tour, en commençant cette fois par sa connaissance de la Médie et sa disponibilité. Et revient aussi l’assurance du salaire.

Il lui dit : Je suis en mesure de l’accompagner, je connais tous les chemins, je suis souvent allé en Médie, j’en ai parcouru toutes les plaines et les montagnes et j’en sais tous les chemins : et la réponse de l’ange reste tout aussi assurée puisque c’est par deux fois qu’il réaffirme connaître tous les chemins… car il faut vraiment qu’il rassure Tobit !!


Seigneur Jésus, tu nous as promis un bonheur qui ne peut que nous combler. Donne-nous de mettre toute notre foi en toi, donne-nous de traverser avec courage les temps d’aveuglement, certains que tu ne nous abandonnes jamais.

mercredi 23 mars 2016

Ne t'attarde pas

Tb 5
8 L’autre dit : « Bon, je reste là, seulement ne t’attarde pas. »
9 Tobias rentra prévenir son père Tobit et lui dit : « Voilà, j’ai trouvé quelqu’un ; il est de nos frères, les fils d’Israël. » Tobit lui dit : « Appelle-le-moi, que je sache de quel clan et de quelle tribu il est et si on peut compter sur lui pour t’accompagner, mon enfant. » 

Viens Esprit Saint, que nous répondions avec promptitude aux invitations de cette parole.

L’autre dit : Bon, je reste là, seulement ne t’attarde pas : parole à première vue assez étonnante dans la bouche d’un futur salarié vis-à-vis de son patron… mais parole d’ange… aujourd’hui nous pourrions dire : il y a urgence pour le Royaume ; il y a une hâte qui est dynamisme, enthousiasme.

Tobias rentra prévenir son père Tobit et lui dit : Voilà, j’ai trouvé quelqu’un ; il est de nos frères, les fils d’Israël : et voilà notre Tobias qui rentre déjà auprès de son père et lui rend filialement compte de sa recherche : il a trouvé quelqu’un (disons plutôt qu’il lui est « tombé du ciel » car il n’a guère cherché !). Il ne parle pas de ses capacités mais seulement de ses références : c’est un « frère », un fils d’Israël.

Tobit lui dit : Appelle-le-moi, que je sache de quel clan et de quelle tribu il est et si on peut compter sur lui pour t’accompagner, mon enfant : mais cette appartenance ne semble pas suffire au père, il veut rencontrer le futur guide et cela pour vérifier plus précisément et son clan et sa tribu. Car il va confier Tobias à cet inconnu, il va l’engager pour « accompagner son enfant ». En cette occasion, revient cette expression de tendresse entre le père et le fils.


Seigneur Dieu, donne-nous aujourd’hui de reconnaître et d’accueillir ta présence à nos côtés, et, avec toi, de répondre à tes appels sans nous attarder aux ornières.

mardi 22 mars 2016

J'ai besoin

Tb 5
6 L’ange lui dit : « Oui, j’ai été très souvent là-bas, je connais tous les chemins par cœur. Je suis allé bien des fois en Médie et je logeais chez Gabaël, notre frère, qui habite à Raguès de Médie. Il y a deux jours de marche normale d’Ecbatane à Raguès, car ce sont deux villes situées dans la montagne. » 7 Tobias lui dit : « Attends-moi, ami, le temps que j’aille prévenir mon père, car j’ai besoin que tu viennes avec moi, je te paierai ton salaire. » 

Viens Esprit Saint, viens habiter notre prière, qu’avec toi nous osions solliciter l’aide dont nous avons besoin, sûrs d’être entendus.

L’ange lui dit : « Oui, j’ai été très souvent là-bas, je connais tous les chemins par cœur : un rien vantard, notre ange ? Cette réponse est aussi amusante qu’inattendue : on s’attendrait à plus de retenue de la part d’un ange !! Cela nous le rend à la fois proche, nous le voyons avec les yeux de Tobias qui ne voit qu’un possible compagnon de route et qui est donc bien heureux de savoir qu’il « connaît les chemins » ; et cela nous dépeint aussi ce qu’est le messager que Dieu met sur notre route : quelqu’un qui a tout pour nous aider.

Je suis allé bien des fois en Médie et je logeais chez Gabaël, notre frère, qui habite à Raguès de Médie : il en remet d’ailleurs une couche : non seulement il connaît parfaitement la région, mais il a même demeuré à de nombreuses reprises précisément dans la famille où Tobias doit se rendre ! C’est donc le compagnon idéal… ce dont, nous, nous ne pouvons douter…

Il y a deux jours de marche normale d’Ecbatane à Raguès, car ce sont deux villes situées dans la montagne : et encore quelques détails pour rassurer Tobias : la route ne sera pas longue (en réalité elle l’est un peu plus !) ; que ces deux villes soient dans la montagne est exact mais cela ne suppose rien sur le temps mis à s’y rendre… Et pourquoi l’ange en arrive-t-il à parler maintenant d’Ecbatane ??

Tobias lui dit : Attends-moi, ami, le temps que j’aille prévenir mon père, car j’ai besoin que tu viennes avec moi, je te paierai ton salaire : Tobias, complètement convaincu, l’engage pour la route : il lui demande d’attendre pendant qu’il court prévenir son père : les évènements gardent leur rythme !


Seigneur Jésus, toi qui « donnes ordre à tes anges de nous garder sur tous nos chemins », nous te rendons grâce pour cette présence ; qu’elle nous permettre de poursuivre notre chemin dans la confiance et la sérénité.

lundi 21 mars 2016

Tobias sortit

Tb 5
4 Tobias sortit à la recherche de quelqu’un qui pourrait l’accompagner en Médie et qui connaîtrait bien le chemin. Dehors, il trouva l’ange Raphaël debout devant lui, mais il ne se douta pas que c’était un ange de Dieu. 5 Il lui dit : « D’où es-tu, ami ? » L’ange lui dit : « Je suis un fils d’Israël, l’un de tes frères, et je suis venu par ici pour travailler. » Tobias lui dit : « Connais-tu le chemin pour aller en Médie ? » 

Viens Esprit Saint, vient nous rendre disponibles à ta parole, prêts à sortir pour répondre aux invitations de ce jour.

Tobias sortit à la recherche de quelqu’un qui pourrait l’accompagner en Médie et qui connaîtrait bien le chemin : sitôt dit, sitôt fait ! Tobias a entendu le souhait de son père et l’exécute aussitôt : Saint Benoît parlerait de « l’obéissance sans délai »… Il part donc à la recherche d’un « compagnon » dont la compétence doit être la connaissance du chemin… à ce stade, c’est le grand souci de Tobias, mais c’est aussi un thème récurrent du récit, un thème qui nous rejoint.

Dehors, il trouva l’ange Raphaël debout devant lui, mais il ne se douta pas que c’était un ange de Dieu : à peine sorti, voilà la rencontre : un homme est là, « debout », devant lui, comme s’il l’attendait, prêt à agir. A l’empressement de Tobias, répond celui de Dieu.

Il lui dit : D’où es-tu, ami ? Tobias interroge : ce qui l’intéresse, ce n’est pas le nom, mais l’origine, la référence. Tobit avait conseillé « quelqu’un de sûr ». A noter que dès l’abord, avant même d’entendre sa voix, Tobias l’appelle « ami », comme l’expression d’un a priori de confiance. Tout le livre est marqué par ces appellations d’ami et de frère ou sœur : c’est vraiment le livre des relations qui se nouent peu à peu.

L’ange lui dit : Je suis un fils d’Israël, l’un de tes frères, et je suis venu par ici pour travailler : voilà exactement les paroles que Tobias attendait, les paroles à même de le rassurer et cela suffit à Tobias qui le croit sur parole.

Tobias lui dit : Connais-tu le chemin pour aller en Médie ? : vient lors la seconde question : l’homme est disponible mais est-il compétent ? Là aussi, il est prêt à lui faire confiance.


Seigneur Jésus, donne-nous de répondre avec promptitude et enthousiasme aux sollicitations qui se présenteront sur notre chemin aujourd’hui. Accompagne-nous sur cette route.

dimanche 20 mars 2016

Va !

Tb 5
3 Tobit répondit alors à son fils Tobias : « Il m’a signé un acte, je l’ai contresigné, je l’ai partagé en deux pour que nous en ayons chacun une moitié et j’ai mis la sienne avec l’argent. Et voilà maintenant vingt ans que j’ai mis cet argent en dépôt ! A présent, mon enfant, cherche-toi quelqu’un de sûr pour t’accompagner ; nous lui paierons un salaire jusqu’à ton retour. Va donc reprendre cet argent chez Gabaël. »

Viens Esprit Saint, viens rendre vivante en nous la parole de ce jour.

Tobit répondit alors à son fils Tobias : « Il m’a signé un acte, je l’ai contresigné, je l’ai partagé en deux pour que nous en ayons chacun une moitié et j’ai mis la sienne avec l’argent. Et voilà maintenant vingt ans que j’ai mis cet argent en dépôt : nous retrouvons notre Tobit méthodique et pragmatique. Il entend les questions de son fils, et voici sa réponse à la première : tout a été fait dans les règles de l’art, les papiers ont été signés, Tobit a gardé le sien au long de ces 20 ans, il suffira donc d’apporter cette preuve.

A présent, mon enfant, cherche-toi quelqu’un de sûr pour t’accompagner : puis la réponse à la seconde question : se trouver un guide. « Quelqu’un de sûr », et nous verrons plus loin ce que Tobit entend par là. Pour ce qu’on ne peut aisément faire seul, il faut savoir demander de l’aide.

nous lui paierons un salaire jusqu’à ton retour : étonnante la place de l’argent dans ce récit : elle est à chaque page, mais ne pèse jamais ; au contraire, il s’agit souvent d’aumône, de juste salaire (4,14)

Va donc reprendre cet argent chez Gabaël : enfin et seulement maintenant, voilà l’ordre donné d’aller rechercher cette somme d’argent. Celle-ci est énorme (l’équivalent d’environ 300 kg d’argent), et pourtant elle n’éblouit pas Tobit, elle ne l’empêche même pas de se considérer comme « pauvre » (4,21) car sa vraie richesse est ailleurs. Maintenant Tobias peut s’apprêter à partir, il a reçu le plus important, « l’héritage » spirituel de son père. Il le met déjà en pratique, et sera aussi en mesure de s’en souvenir au cours de son voyage.


Seigneur Jésus, lorsque tu nous mènes sur des chemins inconnus, inattendus, tu écoutes aussi nos questionnements. Nous ne craignons pas de te les présenter, mais nous voulons avant tout te faire confiance, car nous savons que nous marchons avec « quelqu’un de sûr ». Quand nous entendons aussi ton « va ! », mets-nous toi-même en route.

samedi 19 mars 2016

Je ne connais pas les chemins

Tb 5
1 Alors Tobias répondit à son père Tobit : « Je ferai, père, tout ce que tu m’as ordonné. 2 Mais comment pourrai-je lui reprendre cet argent, alors que ni lui ni moi ne nous connaissons ? Quel signe lui donner pour qu’il me reconnaisse, qu’il me fasse confiance et me donne l’argent ? Et puis je ne connais pas les chemins à prendre pour aller en Médie ! »

Viens Esprit Saint, fais que cette parole nous incite à l’écoute, à l’accueil de ce qui nous sollicite. Eclaire nos questionnements, nos discernements.

Alors Tobias répondit à son père Tobit : « Je ferai, père, tout ce que tu m’as ordonné : Tobias a écouté les recommandations de son père et la petite phrase, dite vers la fin et comme en passant, à propos du dépôt d’argent. L'engagement qu'il énonce ici concerne-t-il l’ensemble des recommandations ou bien le dépôt d’argent ? Mais son père ne lui a rien demandé à propos de l’argent !! Si Tobias ne semble pas réagir aux nombreux préceptes énoncés par son père, on a l’impression qu’en fait il les observe déjà. Car voici d’abord le respect vis-à-vis de ses parents, qui le fait répondre avec cette docilité.

Mais comment pourrai-je lui reprendre cet argent, alors que ni lui ni moi ne nous connaissons ? Le voici qui interroge immédiatement sur les modalités pratiques en vue de recouvrer cette somme. Et c’est ainsi que nous avons sans doute « entendu » qu’il s’engageait à aller chez Gabaël…

Quel signe lui donner pour qu’il me reconnaisse, qu’il me fasse confiance et me donne l’argent ? Première question, premier problème que Tobias veut résoudre avant de partir.

Et puis je ne connais pas les chemins à prendre pour aller en Médie ! Et seconde difficulté : il ne connaît pas la route. Il nous semble bien ici agir avec la maturité que souhaitait son père. (4,14)


Seigneur Jésus, si souvent nous ne connaissons pas les chemins… surtout pas « tes chemins qui ne sont pas nos chemins ». Sois la lampe sur notre route, la lumière pour nos pas, qui nous permette de courir « à la trace de Dieu ».

vendredi 18 mars 2016

En toute occasion bénis le Seigneur



Tobit 4, 18-21


Le texte (traduction œcuménique de la Bible) :
« 18 Prends conseil de toute personne avisée et ne méprise pas un bon conseil.
 19 En toute occasion, bénis le Seigneur ton Dieu et demande-lui de rendre droits tes chemins et de faire aboutir toutes tes démarches et tous tes projets, car aucun peuple ne détient la perspicacité, mais c'est le Seigneur lui-même qui donne tout bien, il abaisse qui il veut jusqu'au fond du séjour des morts. ‘Et maintenant, mon enfant, garde en mémoire ces instructions et qu'elles ne s'effacent pas de ton cœur.
 20 À présent, mon enfant, je dois t'apprendre que j'ai déposé dix talents d'argent chez Gabaël, le fils de Gabri, à Raguès de Médie.
 21 N'aie pas de crainte, mon enfant, si nous sommes devenus pauvres; tu possèdes une grande richesse, si tu crains Dieu, si tu fuis toute espèce de péché et si tu fais ce qui est bien aux yeux du Seigneur ton Dieu’ »

Prière (suggérée par Enzo Bianchi) :
« Notre Dieu, Père de la Lumière, tu as envoyé dans le monde ton Fils, Parole faite chair, pour te manifester à nous, les hommes.
Envoie maintenant sur moi ton Esprit Saint, afin que je puisse rencontrer Jésus-Christ dans cette Parole qui vient de toi ; afin que je la connaisse plus profondément et que, en la connaissant, je l’aime plus intensément pour parvenir ainsi à la béatitude du Royaume. Amen »

Lecture verset par verset :
Rappelons brièvement les derniers versets du livre de Tobit.
Dans le chapitre 3, nous avons découvert deux prières. Celle de Tobit, le père de Tobias, et celle de Sara, fille unique de Ragouël. Tous deux souffrent, suite aux insultes et aux moqueries reçues. Tous deux demandent à Dieu que leur soit accordée la mort…
Mais la fin du chapitre nous annonce que telle ne sera pas l’issue de leurs épreuves, car leurs prières ont été exaucées. On y apprend que « Raphaël fut envoyé pour les guérir tous deux » (Tb 3, 16-17).
Le début du chapitre 4 rapporte que Tobit s’est souvenu de l’argent qu’il avait mis en dépôt chez Gabaël, à Raguès de Médie… Commence alors un catalogue des conseils que Tobit adresse à son fils Tobias. On y retrouve les bonnes œuvres que réalisait Tobit et qui lui furent cause de discrédit.
Notre extrait s’insère dans ce contexte.

Dans ce partage, je voudrais glaner les conseils que Tobit adresse à son fils… et qui pourraient s’avérer utiles pour nous…
(v. 19) « En toute occasion, bénis le Seigneur ton Dieu »
Tobit invite à bénir Dieu en toute occasion. Ce conseil nous rappelle la sagesse de Job, qui fut accablé de malheur mais continue à professer sa foi : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté: Que le nom du Seigneur soit béni ! » (Jb 1, 21).
Bénir Dieu, reconnaître qu’Il est à l’origine de nos vies et de tout ce que nous sommes. Lui remettre nos joies et nos peines, pour qu’Il les reçoive et y dépose Sa bénédiction…

« … demande-lui de rendre droits tes chemins et de faire aboutir toutes tes démarches et tous tes projets »
Ce verset pourrait avoir été une source de notre Règle bénédictine, lorsque Benoît conseille dans son Prologue : « Quand tu commences quelque bonne action, demande-Lui, par une très instante prière, qu’Il la parachève ».
La foi et la confiance sous-tendent ce verset. C’est Dieu qui offre le succès, qui accorde un bon aboutissement aux projets humains… pourvu que nous les Lui demandions…

(v. 20-21) « … j'ai déposé dix talents d'argent chez Gabaël, le fils de Gabri, à Raguès de Médie. N'aie pas de crainte, mon enfant, si nous sommes devenus pauvres; tu possèdes une grande richesse, si tu crains Dieu, si tu fuis toute espèce de péché et si tu fais ce qui est bien aux yeux du Seigneur ton Dieu »
Tobit livre à son fils le secret du bonheur. Les chapitres précédents ont raconté que Tobit fut d’abord riche puis dépouillé, à cause des bonnes œuvres qu’il a accomplies.
Ces versets montrent la voie de la vraie richesse. Elle n’est pas d’abord matérielle (dix talents étaient déjà une belle somme d’argent !), mais dans la crainte de Dieu, l’abstention du péché, l’accomplissement du bien.
Rappelons que la crainte de Dieu n’est pas une peur de Dieu, mais ce sentiment d’effroi qui prend l’homme lorsqu’il est face à la sainteté de Dieu. Une telle distance entre eux ne peut laisser l’être humain indemne…
Quant à l’accomplissement du bien et au refus du péché, ils sont habituels des traités de sagesse[1].
Cette confidence de Tobit à propos l’argent placé chez Gabaël est le pivot qui engage l’aventure, lorsque le fils Tobias se mettra en route vers la Médie. La suite du livre nous racontera cette passionnante aventure…


Prière :
Par la voix de Tobias, Seigneur, tu nous livres le secret du bonheur. Tu nous laisses deviner ton désir d’être présent en nos vies, d’y avoir ta place… Ton seul rêve est de nous couvrir de bénédictions.
Pour ce compagnonnage qui ne nous abandonnera jamais, Seigneur, sois béni !


Sr Marie-Jean

[1] En guise d’exemple : « Le mal poursuit les pécheurs et le bien récompense les justes » (Pr 13, 21).

mercredi 16 mars 2016

Ce que tu n'aimes pas

Tb 4
14 Ne garde pas jusqu’au lendemain le salaire d’un travailleur, mais paie-le tout de suite, et si tu sers Dieu, tu seras payé de retour. Prends garde à toi, mon enfant, dans toutes tes actions et fais preuve de maturité dans toute ta conduite. 15 Ce que tu n’aimes pas, ne le fais à personne. Ne bois pas de vin jusqu’à t’enivrer et que l’ivresse ne t’accompagne pas sur ton chemin. 16 Donne de ton pain à celui qui a faim et de tes vêtements à ceux qui sont nus. Avec tout ton superflu, fais l’aumône. Que ton regard soit sans regrets quand tu fais l’aumône. 17 Prodigue ton pain sur le tombeau des justes, mais ne donne pas pour les pécheurs.

Viens Esprit Saint, viens guider notre conduite selon la « loi » renouvelée de l’évangile.

Ne garde pas jusqu’au lendemain le salaire d’un travailleur, mais paie-le tout de suite, et si tu sers Dieu, tu seras payé de retour : nous voilà maintenant avec quelques recommandations plus disparates, dont celle-ci est quelque peu inattendue ici : donner son salaire au travailleur le jour même. Le faire attendre, c’est déjà le léser. Entre certaines prescriptions étranges ou dépassées, voici une petite perle de précision et de délicatesse.

Prends garde à toi, mon enfant, dans toutes tes actions et fais preuve de maturité dans toute ta conduite : Tobit revient sur le fait de « se garder » et cela avec maturité, nous pourrions dire, responsabilité en face d’une circonstance précise où il faut discerner et agir en conséquence.

Ce que tu n’aimes pas, ne le fais à personne : voici la fameuse règle d’or dont ce texte semble être le premier témoin, et qui est présente dans les éthiques chinoise (Confucius), juive, chrétienne, bouddhique,  hindoue, islamique car on y a reconnu un consensus universel. Jésus en a repris la substance (Mt 7,12 et Lc 6,31) en la renouvelant sur deux points : il ne s’agit pas de faire du bien pour en recevoir en retour, mais de prendre l’initiative de ce bien, sans compter qu’il sera rendu. D’autre part l’autre dont il est question n’est plus nécessairement quelqu’un de son clan, mais tout homme sans exception.

Ne bois pas de vin jusqu’à t’enivrer et que l’ivresse ne t’accompagne pas sur ton chemin : une façon de « se garder » !

Donne de ton pain à celui qui a faim et de tes vêtements à ceux qui sont nus. Avec tout ton superflu, fais l’aumône. Que ton regard soit sans regrets quand tu fais l’aumône : reprise du thème du partage

Prodigue ton pain sur le tombeau des justes, mais ne donne pas pour les pécheurs : phrase un peu énigmatique car il ne semble pas qu’il ait existé de rites funéraires de ce type.


Seigneur Jésus, toi qui as accueilli tout homme, tu nous demandes de ne faire acception de personne, de porter ton regard d’amour sur tous ceux que tu mets sur notre chemin, sans attendre d’autre retour que la joie de faire ta volonté. Donne-nous de vivre de ton amour.

mardi 15 mars 2016

Garde-toi

Tb 4
12 « Garde-toi, mon enfant, de toute union illégale, et en premier lieu prends une femme de la race de tes pères. Ne prends pas une femme étrangère, qui ne serait pas de la tribu de ton père, parce que nous sommes fils des prophètes. Souviens-toi, mon enfant, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, nos pères : dès les temps anciens ils ont tous pris femme chez leurs frères, aussi ont-ils été bénis dans leurs enfants et leur race aura la terre en patrimoine. 13 Ainsi donc, mon enfant, préfère tes frères ; ne fais pas l’orgueilleux face à tes frères, aux fils et aux filles de ton peuple, ne dédaigne pas de prendre une femme parmi eux, parce que, dans l’orgueil, il y a bien des ruines et des bouleversements et, dans l’incurie, décadence et misère extrêmes, car l’incurie est mère de la famine.

Viens Esprit Saint, que la présence de ta lumière en nos cœurs nous permette de rester vigilants tout au long de ce jour.

« Garde-toi, mon enfant, de toute union illégale : après le respect vis-à-vis des parents et le devoir de l’aumône, aspects de la loi de Moïse qui nous rejoignent encore aujourd’hui, surtout de la façon dont Tobit a dépeint l’aumône, voici des prescriptions qui nous semblent plus étrangères. Pourtant cette première règle est bien de tous temps : elle veut essentiellement préserver de l’inceste et autres unions intrafamiliales jusqu’au neveu, oncle, belle-sœur etc…

et en premier lieu prends une femme de la race de tes pères. Ne prends pas une femme étrangère, qui ne serait pas de la tribu de ton père, parce que nous sommes fils des prophètes : voilà une règle qui ne nous concerne plus, au contraire, mais qui était extrêmement péremptoire : le petit peuple d’Israël qui vivait au milieu des peuples païens, avait un grand souci de préserver sa foi, ses pratiques, sa relation avec son Dieu. Les pratiques environnantes, de ce point de vue, étaient une véritable menace qui justifiait cette interdiction formelle.

Souviens-toi, mon enfant, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, nos pères : dès les temps anciens ils ont tous pris femme chez leurs frères, aussi ont-ils été bénis dans leurs enfants et leur race aura la terre en patrimoine : l’argument majeur reste l’exemple des pères : remonter à Noé est sans doute un peu poussé : qui était Noé !? et qui était sa femme !? Tobit rappelle la multitude de leur descendance comme « récompense ».

Ainsi donc, mon enfant, préfère tes frères ; ne fais pas l’orgueilleux face à tes frères, aux fils et aux filles de ton peuple, ne dédaigne pas de prendre une femme parmi eux, parce que, dans l’orgueil, il y a bien des ruines et des bouleversements et, dans l’incurie, décadence et misère extrêmes, car l’incurie est mère de la famine : apparaît ici une tentation : mépriser les femmes de sa tribu pour aller chercher une belle étrangère, et en faire ainsi une source d’orgueil. Et Tobit de nous peindre toutes les conséquences de cet orgueil : ruines, décadence, misère, famine… cette dernière étant au sommet du crescendo. Après la persuasion, la menace… pauvre Tobias ! Rappelons encore une fois que ce livre est écrit après l’exil et surtout pour les juifs qui ont fait le choix de rester en terre étrangère…


Seigneur Dieu, aujourd’hui aussi nous sommes entourés de mille sollicitations à nous détourner du chemin que tu nous proposes, à nous laisser entraîner par l’orgueil vers d’autres choix. Garde-nous, accompagne-nous, rends-nous vigilants et attentifs ta voix.

lundi 14 mars 2016

Un trésor

Tb 4
8 Fais l’aumône suivant ce que tu as, selon l’importance de tes biens. Si tu as peu, ne crains pas de faire l’aumône selon le peu que tu as : 9 c’est un beau trésor que tu te constitues pour le jour de la détresse, 10 parce que l’aumône délivre de la mort et empêche d’aller dans les ténèbres ; 11 en effet, pour tous ceux qui la font, l’aumône est une belle offrande aux yeux du Très-Haut.

Viens Esprit Saint, ouvre nos cœurs à cette invitation au partage qui plaît tant à notre Père.

Fais l’aumône suivant ce que tu as, selon l’importance de tes biens : Tobit ne se contente pas d’ordonner à son fils de respecter la prescription de l’aumône car c’est une chose qui lui tient vraiment à cœur. Il continue donc à lui détailler le « comment » ou plutôt le « combien ». La loi donnait la réponse avec la notion de dîme. Tobit le dit ici avec d’autres mots : donner en fonction de ce qu’on possède soi-même…

Si tu as peu, ne crains pas de faire l’aumône selon le peu que tu as : ne pas chercher d’excuses ! Fut-ce dans la pauvreté dans laquelle on vivrait. Une façon aussi de dire que le geste lui-même est aussi important que l’épaisseur du don : si l’aumône est nécessaire et parfois indispensable à la survie, le geste lui-même est créateur de lien, de solidarité, de fraternité.

c’est un beau trésor que tu te constitues pour le jour de la détresse : maintenant il passe au « pourquoi », et il est loin d’une simple observance : en contrepartie du don, si minime devrait-il être, voilà qu’est offert un trésor ! Qu’est-ce jour de détresse ?

parce que l’aumône délivre de la mort et empêche d’aller dans les ténèbres : il ne semble pas que ce soit un jour de famine ou de dénuement car on passe soudain à un autre registre : il s’agit maintenant de mort et de ténèbres… il s’agit donc de bien plus profond, de notre chemin vers la lumière, vers la vie.

en effet, pour tous ceux qui la font, l’aumône est une belle offrande aux yeux du Très-Haut : car nous revoici sous le regard de Dieu, qui voit ses enfants partager les biens de la création, qui les reçoit comme s’il en était le premier destinataire : qui vous accueille, m’accueille… L’aumône à notre frère devient offrande à notre Dieu.


Seigneur Dieu, fais que notre fraternité se crée, s’affermisse au long des jours, par le partage de tous nos biens, de tous ces dons que toi-même nous a remis ; puissions-nous ainsi réjouir ton cœur de Père.

dimanche 13 mars 2016

Ton regard

Tb 4
5 « Tout au long de tes jours, mon enfant, fais mémoire du Seigneur, ne consens pas à pécher ni à transgresser ses commandements. Accomplis des œuvres de justice tous les jours de ta vie et ne suis pas les chemins de l’injustice, 6 car ceux qui font la vérité réussiront dans leurs entreprises. 7 Tous ceux qui pratiquent la justice, fais-leur l’aumône sur tes biens. Que ton regard soit sans regrets quand tu fais l’aumône. Ne détourne jamais ta face d’un pauvre, et la face de Dieu ne se détournera pas de toi.

Viens Esprit Saint, viens en nos cœurs pour y garder vive la mémoire de notre Dieu, pour que cette parole nous rejoigne et nous tourne vers nos frères et sœurs.

Tout au long de tes jours, mon enfant : avec beaucoup d’affection, Tobit entame le deuxième sujet de son testament spirituel, la deuxième recommandation qu’il adresse à son fils.

 fais mémoire du Seigneur, ne consens pas à pécher ni à transgresser ses commandements : il s’agit de « faire mémoire », de garder vivant le souvenir du Seigneur, la conscience du lien qui existe entre Dieu et chacun. La conséquence du souvenir de cette Alliance, c’est de vivre selon les commandements. Tobit va préciser ce qu’il entend par là.

Accomplis des œuvres de justice tous les jours de ta vie et ne suis pas les chemins de l’injustice, car ceux qui font la vérité réussiront dans leurs entreprises : il avait dit « ne pas transgresser », mais il précise en positif en parlant des « œuvres de justice » puis de « faire la vérité », formulations sémitiques qui désignent l’accomplissement de la Loi.

Tous ceux qui pratiquent la justice, fais-leur l’aumône sur tes biens : il en arrive ainsi à la pratique qu’il va longuement recommander à Tobias : l’aumône. Tobit nous a déjà dit (1,16) combien lui-même la pratiquait largement. Avant ces recommandations, il en a donc montré l’exemple à son fils. Remarquons qu’au lieu de lui parler de la somme d’argent à récupérer en Médie (4,2), il lui parle de donner de ses biens.

Que ton regard soit sans regrets quand tu fais l’aumône : Tobit précise encore sa pensée, et nous interpelle ainsi de plus en plus. De nouveau, nous constatons qu’il n’est pas accroché au principe de la loi mais qu’il la met en pratique avec beaucoup de nuances. On peut s’arrêter sur ce beau conseil : que ton regard soit sans regret… une belle façon d’encourager à donner sans regret, le cœur léger.


Ne détourne jamais ta face d’un pauvre, et la face de Dieu ne se détournera pas de toi : Tobit vient de conseiller de ne pas regarder avec regret le vide de son porte-monnaie ; cette fois, c’est vers le pauvre qu’il encourage de regarder, franchement, tant pour être capable de voir son besoin que pour nouer un lien avec lui ; n’est-ce pas ce que nous espérons de Dieu lui-même : qu’il nous regarde avec bonté ? C’est bien ce qui nous est alors promis.

Seigneur Jésus, tu nous appelles à partager, spécialement en ce temps de carême. Inspire notre geste, fais-en un signe de communion avec ceux que tu mets sur notre route. Puissions-nous les voir au travers de ton regard.