lundi 31 décembre 2018

Le chemin périlleux


Ps 138
23 Scrute-moi, Dieu, et connais mon cœur
éprouve-moi, tu connaîtras mes soucis.
24 Vois si je prends le chemin périlleux,
et conduis-moi sur le chemin de toujours.

Viens Esprit Saint, viens éclairer notre route pour que nous puissions y éviter les embûches.

Ainsi se termine ce psaume remarquable, avec deux versets qui expriment à la fois la fragilité du priant et son immense confiance.

Les traductions littérales étant relativement semblables, je quitte quelque peu la traduction liturgique, selon moi moins expressive.

Le psalmiste affirme son souhait d’être connu de son Dieu, et, dans sa confiance, il ne craint pas d’appeler sur lui son regard. Il aspire à être connu (le verbe est répété littéralement). Il espère que Dieu connaisse son cœur (lieu de ses « pensées », de ses décisions) mais aussi ses soucis (ou inquiétudes).

Et tout se clôture avec la reprise du thème du chemin et le souci d’éviter le « chemin périlleux », terme qui exprime tellement bien la conscience de la fragilité. La seule solution alors, c’est d’implorer Dieu de nous conduire (nous mener, nous guider) sur ses propres chemins.

Seigneur mon Dieu, tu es mon tisserand, ma lampe, mon guide. Tu es le familier de mes sentiers, si étroits soient-ils : ta main se pose sur mon épaule et tu me mènes vers la vraie vie. Béni sois-tu.


dimanche 30 décembre 2018

Je les tiens pour mes propres ennemis


Ps 138
19 Dieu, si tu exterminais l'impie !
Hommes de sang, éloignez-vous de moi !
20 Tes adversaires profanent ton nom :
ils le prononcent pour détruire.
21 Comment ne pas haïr tes ennemis,
Seigneur, ne pas avoir en dégoût tes assaillants ?
22 Je les hais d'une haine parfaite,
je les tiens pour mes propres ennemis.

Viens Esprit Saint, que la parole nous soutienne quand nous risquons de nous égarer sur des chemins qui ne sont pas les tiens.

Ces quatre versets, d’une toute autre tournure, appelle le courroux de Dieu sur les impies et cela de façon tout-à-fait inattendue. Le contraste est brutal avec ce qui précède.

Ces versets sont « censurés » dans certaines liturgies. Pourtant, ils ne sont pas étrangers au psaume car il est habituel que les ennemis de Dieu soient mentionnés dans les psaumes où le priant proclame son innocence. La haine est ici l’expression d’une prise de distance, d’une absence absolue de complicité. C’est d’ailleurs explicite dans les versets 21 et 22. Le psalmiste est engagé dans une lutte et choisit son camp : il se range résolument du côté de Dieu, contre les impies.

De ceux-ci, il retient leur volonté de nuire, de détruire. Leur blasphème contre le nom de Dieu.
Bien d’autres psaumes reprennent cette thématique, comme si le priant se savait vulnérable, qu’il craignait d'être contaminé par l’attitude des « hommes de sang ». A titre d’exemple, rappelons-nous le psaume 100, 3-4 : « Je haïrai l'action du traître qui n'aura sur moi nulle prise ; loin de moi, le cœur tortueux ! Le méchant, je ne veux pas le connaître. »

Seigneur, éloigne de nous tout ce qui peut nous détourner de toi. Notre désir est de te suivre dans une fidélité qui réponde à la tienne.
Donne-nous de considérer tes « ennemis » avec ton regard de Père désireux de rassembler tous tes enfants.

samedi 29 décembre 2018

Je suis encore avec toi


Ps 138
17 Que tes pensées sont pour moi difficiles,
Dieu, que leur somme est imposante !
18 Je les compte : plus nombreuses que le sable !
Je m'éveille : je suis encore avec toi.

Viens Esprit Saint, viens nous apprendre à ne pas vouloir égaler Dieu, à ne pas vouloir comprendre ses desseins. Viens nous révéler que l’essentiel est d’être avec lui.

Le priant, après tant d’émerveillement, semble reprendre son souffle… et le ton change.
« tu pénètres mes pensées », affirmait le 2e verset, en opposition avec le sentiment actuel du psalmiste devant l’immensité des pensées de Dieu qu’il ne pourra, lui, jamais pénétrer, car elles sont à la fois difficiles et trop nombreuses, même s’il tente de les compter… ce qui l’endort !!

C’est comme une mort, et la dernière ligne est traditionnellement comprise comme une annonce de la résurrection…

En tous cas, c’est une affirmation qui nous renvoie au verset 8 : « tu es là », « te voici » : ainsi la boucle est bouclée : cette fois, c’est le priant qui est « avec son Dieu » : loin de vouloir le fuir et se sentir éventuellement poursuivi, c’est lui qui veut se rapprocher de son Dieu, s’assurer de sa présence, « être avec lui ».

Seigneur, tu nous offres l’immense cadeau de ta présence, tu nous invites à être avec toi, comme un ami auprès de son ami. Béni sois-tu.

vendredi 28 décembre 2018

C'est toi qui m'as tissé


Ps 138
13 C'est toi qui as créé mes reins,
qui m'as tissé dans le sein de ma mère.
14 Je reconnais devant toi le prodige,
l'être étonnant que je suis :
étonnantes sont tes œuvres
toute mon âme le sait.
15 Mes os n'étaient pas cachés pour toi
quand j'étais façonné dans le secret,
modelé aux entrailles de la terre.
16 J'étais encore inachevé, tu me voyais ;
sur ton livre, tous mes jours étaient inscrits,
recensés avant qu'un seul ne soit !

Viens Esprit Saint, que cette parole nous convainque de ton amour attentif, qu’elle renouvelle notre joie.

Nous abordons maintenant la seconde moitié du psaume avec le thème de la création en général et de celle de l’être humain en particulier, de la création de chacun d’entre nous. Si Dieu est omniscient et omniprésent, c’est parce qu’il est créateur.

Le psalmiste continue de s’adresser personnellement à son Dieu, il reconnaît toute la valeur qu’il a à ses yeux. Voilà une vision très belle et sans doute assez inattendue du temps où « le peuple », la collectivité jouait un rôle prépondérant. Pas non plus de déclaration issue de la bouche d’un pécheur : rien qu’un émerveillement.

Ce psaume pose beaucoup de défis aux traducteurs car le vocabulaire en est rare et les tournures parfois étonnantes. Mais cela en fait aussi toute la richesse et l’intérêt. Ainsi ce verbe très suggestif : « Tu m’as tissé ». Nous imaginons toute l’attention, la précision, l’amour qui furent mis dans ce « tissage » ; comme un bon artisan, Dieu a mis toute sa « créativité » au service de son œuvre. Il a ainsi « façonné », « modelé » un « prodige », un « être étonnant » ! Nous le savons, nous pouvons le reconnaître, devant lui.

« tu me voyais » : ces versets expriment magnifiquement combien le regard de Dieu est créateur, est sauveur. Si sa parole est performative, son regard est également "efficace". Un verset d’évangile le montre aussi (Lc 1, 25) : Elisabeth s’écrie : « le Seigneur a posé sur moi son regard pour me délivrer de l’opprobre des hommes »

L’insistance est forte sur l’efficacité de ce regard dès le premier instant de notre existence : « dans le sein de ma mère » - « dans le secret » - « aux entrailles de la terre » – « tu me voyais » - « J'étais encore inachevé » - « avant qu'un seul ne soit »…

Oui, Seigneur, étonnantes sont toutes tes œuvres, et nous en sommes chacun et chacune. Depuis toujours tu nous as voulus, tu nous contemplais de ton regard créateur alors que nous n’existions encore que pour toi seul. C’est au cœur de ta tendresse que nous avons reçu la vie, ta vie. Béni sois-tu.

jeudi 27 décembre 2018

La nuit devient lumière


Ps 138
11 J'avais dit : « Les ténèbres m'écrasent ! »
mais la nuit devient lumière autour de moi.
12 Même la ténèbre pour toi n'est pas ténèbre,
et la nuit comme le jour est lumière !

Viens Esprit Saint, viens nous éclairer, soit la lampe sur nos pas, la lumière sur notre route.

Deux versets très connus – notamment grâce aux chants de Taizé – qui viennent si souvent nous consoler lorsque, comme le poète, nous avons envie de crier « (que) les ténèbres m’écrasent (me couvrent) ». Que ce soit une constatation ou un souhait. Mais nous sommes tout de suite invités à sortir de cette vue : « Mais la nuit devient lumière ». A noter que ce verset 11b est écrit en araméen… ce qui prouve sans doute qu’il s’agit d’une rajoute pour répondre au désespoir du verset 11a. Ce qui est intéressant, c’est que la nuit « devient » lumière, comme si elle se transformait suite au cri (la prière) du priant. Crier son angoisse est aussi une prière de demande…

Suit une belle profession de foi et d’espérance en Dieu qui est lumière, qui ne peut qu’être lumière. Il brille au cœur même de notre ténèbre. Même de nuit, c’est sa parole qui est « lumière sur notre route ».

Oui, Seigneur, la ténèbre n'est point ténèbre devant toi: la nuit comme le jour est lumière. Eclaire-nous sans fin de ta lumière ! Béni sois-tu.

mercredi 26 décembre 2018

Ta main me conduit


 Ps 138
7 Où donc aller, loin de ton souffle ?
Où m'enfuir, loin de ta face ?
8 Je gravis les cieux : tu es là ;
je descends chez les morts : te voici.
9 Je prends les ailes de l'aurore
et me pose au-delà des mers :
10 même là, ta main me conduit,
ta main droite me saisit.

Viens Esprit Saint, que ton souffle soit tout proche de nous, en nous, qu’il nous guide en tous lieux.

Ces quatre versets constituent manifestement un tout, célébrant cette fois l’omniprésence de Dieu. Comme dans la première partie, nous trouvons ici des sentiments complexes : face à l’omniscience de Dieu, le psalmiste balance entre accablement et émerveillement. Ce priant, qui prend l’attitude du juste, craindrait-il vraiment le regard de Dieu au point de vouloir le fuir ? Ou bien imagine-t-il la situation inverse : « si j’étais coupable et que je pensais échapper à ta colère… »

Le fait est qu’il (nous) interroge : « où aller ? », « où s’enfuir ? ».
Il s’ensuit une vaste description couvrant tout l’univers, des cieux aux enfers, de la terre à la mer, identification solaire aussi qui suit la course de l’astre.  

Partout, Dieu est là. Et ce qui exprime sa présence est magnifique : « ta main me conduit, ta main droite me saisit ». Oui, il s’agit bien d’un Dieu proche et protecteur ! Voilà qui explicite clairement le verset 5 !
Où que nous allions, quels que soient nos chemins, nos égarements même, sa main nous rattrape, nous sauve de l’ornière. Sa main nous conduit ! Quelle source de confiance et de sérénité !

Seigneur, je te rends grâce d’être ce Dieu qui ne s’impose jamais mais qui propose sans fin son amour, ce Dieu fidèle au-delà de toutes nos errances. Tu es la source de toute joie !

mardi 25 décembre 2018

La paume de ta main


Ps 138
4 Avant qu'un mot ne parvienne à mes lèvres,
déjà, Seigneur, tu le sais.
5 Tu me devances et me poursuis,
tu m'enserres, tu as mis la main sur moi.
6 Savoir prodigieux qui me dépasse,
hauteur que je ne puis atteindre !

Viens Esprit Saint, viens nous révéler la grandeur et la présence bienveillante de notre Dieu sur tous nos chemins.

Les versets de ce jour concluent le premier quart du psaume (versets 1 à 6 sur les 24) dont le thème est clairement l’omniscience divine.

Le verset 4 poursuit la liste de ce que Dieu connaît, ou plutôt il reprend l’idée des pensées, qui précèdent en effet la formulation des mots. L’auteur continue à (simplement) constater le savoir de Dieu.

Les versets 5 et 6 sont plus complexes et plus intéressants car ils laissent percevoir des sentiments, d’ailleurs contradictoires.
« Tu me devances et me poursuis, tu m'enserres, tu as mis la main sur moi. » 
Selon les traductions et… notre lecture, ce verset peut être interprété bien différemment.
Le regard de Dieu peut être perçu comme pesant. Le verbe « enserrer » est le même qui désigne le siège d’une ville ; « mettre la main sur » peut aller dans le même sens et être vu comme une véritable « mainmise ». Le psalmiste ressent-il l’action de Dieu comme dure, pesante, éprouvante ?
Pourquoi pas ? Le cœur de l’homme est mélangé et peuvent y coexister des sentiments contradictoires. Nous nous y reconnaissons bien !

Pourtant une autre lecture est possible.
« Tu me devances et me poursuit », loin d’avoir une connotation d’hostilité, essaye de traduire l’idée de la présence de Dieu en tous lieux. D’autres traductions essaient « en arrière et en avant », ou encore « à l’ouest et à l’est »… !
Le verbe « enserrer » peut aussi bien exprimer la protection que l’oppression.

Quant à la belle expression « Tu mets sur moi la paume de ta main », elle est sans doute bien plus opportune que celle de la mainmise. Quelques arguments quand même pour montrer que ceci n’est pas purement subjectif… : Dieu peut poser la paume sur le psalmiste en signe de bénédiction (Gn 48,14 ou 17), de protection (Ps 90,12). L’expression rappelle surtout l’épisode où Dieu couvre Moïse de la paume de sa main pour le protéger jusqu’à ce qu’il soit passé (Ex 33,22).

Oui, Seigneur, ta connaissance nous dépasse infiniment. Mais, en Jésus, tu es venu nous révéler tout ce que nous devons savoir pour accueillir ta vie et vivre de ton amour. Béni sois-tu.


lundi 24 décembre 2018

Tous mes chemins te sont familiers


Ps 138
1 Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
2 Tu sais quand je m'assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
3 Que je marche ou me repose, tu le vois,
tous mes chemins te sont familiers.

Viens Esprit Saint, viens nous réjouir à l’écoute de cette parole qui nous révèle la proximité de notre Dieu.

Voilà un psaume magnifique qui teste en quelque sorte notre relation à notre Dieu.
Avec quel sentiment disons-nous ce premier verset ?

Qu’est-ce que « scruter » ? C’est observer attentivement, chercher à bien connaitre, à bien comprendre… et si on va voir les synonymes, cela va de contempler à épier… à chacun de choisir !! … selon ce qu’il sait (croit) qu’est le Seigneur…

Quant au sentiment du psalmiste, la clé se trouve… à la fin du psaume ! Car le mot « scruter » est celui qui encadre tout ce psaume 138, ce qui montre son importance.
Si au verset 1 il est simplement énoncé comme un fait, au verset 23 il nous apprend plus car il devient une prière, une supplication, un désir : « scrute-moi » ! Mais nous avons tout le psaume pour en arriver là…

« Tu sais » répètent déjà ces deux premiers versets : Dieu nous connaît : n’est-ce pas une chose incroyable ? « Qu’est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, (…) que tu en prennes souci ?» dit un autre psaume (8,5 ou encore 143,3). Si Dieu nous scrute, c’est pour « savoir », et il veut savoir pour prendre soin de nous ! Nous voilà donc rassurés… Tel un père attentif aux pas de son petit, notre Dieu veut nous voir dans toutes nos actions : le psalmiste énumère : s’asseoir ou se lever, marcher ou se reposer, … et même penser : rien ne lui est étranger. Ainsi rien de ce qui fait notre ordinaire n’est négligeable et à nos yeux aussi chaque geste de notre quotidien  peut avoir son poids dans notre existence.

Avec le verset 3 apparaît à nouveau le symbole du chemin qui va se développer lui aussi jusqu’au dernier verset où il sera répété. Il s’agit bien ici de « mes » chemins : le psaume précédent chantait « les chemins du Seigneur » et voici que ces chemins-là sont devenus les miens ! Mieux encore, mes chemins sont « familiers » au Seigneur : le terme est beau, exprimant une connivence, une proximité, une « familiarité ». Quelle merveille !

Seigneur, je te rends grâce d’être ce Dieu qui se fait proche, qui partage ses chemins avec l’homme, qui en a souci. Béni sois-tu !

dimanche 23 décembre 2018

N’arrête pas l'œuvre de tes mains


Ps 137
6 Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de loin, il reconnaît l'orgueilleux.
7 Si je marche au milieu des angoisses,
tu me fais vivre,
ta main s'abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
8 Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n'arrête pas l'œuvre de tes mains.

Viens Esprit Saint, viens nous faire connaître ce que fait pour nous le Seigneur.

Regardons, contemplons ce qu’il est dit ici du Seigneur :

Il est « haut », il est aux cieux, au-delà de ce que nous pouvons atteindre, imaginer…

Mais il voit chacun, il le « reconnaît », aussi bien l’humble que l’orgueilleux : ainsi ces deux attitudes opposées sont sans secret pour lui.

Opposition aussi dans son action, exprimée par celle de ses mains : « sa main s’abat » sur les uns, « sa droite » donne la victoire sur ceux-là même qui sont en colère.

Il me fait vivre, non pas seulement face au danger, mais aussi face à l’angoisse qui étreint si souvent les êtres humains. Il me fait vivre parce qu’il fait tout pour moi ! « Tout », petite syllabe dont il nous est impossible de mesurer la portée mais qui doit fonder toute notre espérance.

Et puisque son amour est de toujours, nous pouvons lui demander d’être encore à l’œuvre, de poursuivre cette œuvre dont nous sommes témoins. Le psaume se termine sur cette magnifique demande.

Seigneur, n’arrête pas l’œuvre de tes mains !


samedi 22 décembre 2018

Ils chantent les chemins du Seigneur


Ps 137
1 De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
2 vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
3 Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
4 Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
5 Ils chantent les chemins du Seigneur :
« Qu'elle est grande, la gloire du Seigneur ! »

Viens Esprit Saint, viens nous faire entendre la Parole et en rendre grâce.

Souvent les psaumes s’enchaînent plus ou moins, mais cette fois le contraste est fortement marqué avec le psaume précédent : le psaume 136 était dramatique, tout entier fait de lamentations en terre étrangère, même d’appel à une cruelle vengeance.

C’est que nous commençons aujourd’hui un dernier recueil davidique qui ira jusqu’au psaume 145 et qui commence par deux très beaux psaumes de louange.

Il y a pourtant un thème qui est repris : celui du chant. Au psaume précédent, le chant était une demande ironique des Babyloniens pour se moquer des exilés, une demande qu’ils savent impossible à réaliser.

Qui chantent dans le psaume 137 ? D’abord le psalmiste lui-même, représentant tout le peuple dont le Seigneur a entendu la prière. Mais aussi « tous les rois de la terre », comme si le prophète voyait déjà la parole (certains manuscrits mette au singulier) se répandre sur toute la terre et les rois eux-mêmes (donc leurs sujets) la reconnaître et chanter pour en rendre grâce.

L’expression « rendre grâce » est reprise trois fois dans les versets de ce jour. Pour quoi rend-on grâce ? Pour l’amour du Seigneur, pour sa vérité, son nom, sa parole, surtout peut-être pour sa réponse à l’appel du croyant.

Le mot « parole » est repris trois fois lui aussi, mais il s’agit parfois de celle de Dieu, parfois de celle du priant : bref nous sommes en présence d’un dialogue !

L’insistance est claire sur la force de ce chant : « de tout mon cœur », « en présence des anges »… et cela parce que se réalisent des merveilles dans la vie du priant : la force que Dieu a mise en son âme grandit encore (et toujours).  C’est pourquoi il peut « chanter les chemins du Seigneur » et non pas simplement « chanter sur les chemins », selon certaines traductions qui édulcorent ainsi la profession de foi.

Rappelons-nous le psaume 118 (v.14) « Je trouve dans la voie (le chemin) de tes exigences plus de joie que dans toutes les richesses. »

Seigneur, tu es le chemin, tu nous proposes ton chemin comme route de vie. Voilà qui fait toute ma joie ! Permets-moi de te chanter, de faire monter vers toi l’action de grâce. Béni sois-tu.

mercredi 19 décembre 2018

Béni soit le Seigneur

Psaume 134,19-21

19 Maison d’Israël, bénis le Seigneur,
maison d’Aaron, bénis le Seigneur,
20 maison de Lévi, bénis le Seigneur,
et vous qui le craignez, bénissez le Seigneur !
21 Béni soit le Seigneur depuis Sion,
lui qui habite Jérusalem !

Viens Esprit d'amour et de bénédiction ! Viens en nous bénir le Père et le Fils !


 « Maison » c'est-à-dire famille, tous ceux qui sont unis autour du chef de famille, y compris les serviteurs. Le terme est donc plus fort que simplement « peuple ». la Maison c'est une unité de vie et, normalement, d'intérêts.
Tout Israël est invité à bénir le Seigneur, à en dire du bien, à reconnaître ses bienfaits et sa présence, à se tourner vers lui dans l'action de grâce.
Puis la maison d'Aaron(= les prêtres), et celle de Lévi (= les serviteurs ou fonctionnaires du Temple) : ceux dont le Seigneur est l'héritage (Nombres 18,20 et 24 Ézékiel 44,29-30), et donc qui n'ont pas reçu de terre en héritage et qui vivent de ce que reçoit le Temple (sacrifices et dîmes). Ils célèbrent le culte pour et au nom du peuple: s'ils bénissent Dieu, c'est et en leur nom et au nom du peuple.
"Vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte" (Exode 19,6) et saint Pierre commente:"vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple , pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Autrefois vous n’étiez pas un peuple, mais maintenant vous êtes le peuple de Dieu ; vous n’aviez pas obtenu miséricorde, mais maintenant vous avez obtenu miséricorde." (1 Pierre 2,9-10). Ce qui est dit des fils d'Aaron et de Lévi, de ceux qui craignent Dieu (c'est-à-dire qui le cherchent avec un coeur aimant) est vrai pour chacun de nous.
"Béni soit le Seigneur depuis Sion, lui qui habite Jérusalem"...Habite-t-il seulement à Jérusalem? Déjà Ézékiel voyait la gloire du Seigneur rejoindre le peuple exilé à Babylone (Ézékiel 1,26-28). Et saint Jean, dans l'Apocalypse voit la Jérusalem qui descend du ciel: " Dans la ville, je n'ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c'est le Seigneur Dieu, Souverain de l'univers, et l'Agneau. La ville n'a pas besoin du soleil ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine: son luminaire c'est l'Agneau." (Apocalypse 21,22-23). Saint Paul nous rappelle: "Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous? La sanctuaire de Dieu et saint, et ce sanctuaire, c'est vous" (1 Corinthiens 3,16).

Bénissons le Seigneur qui a posé sur regard d'amour sur nous, qui fait sa demeure en nous, qui habite en nos coeurs. Que cette bénédiction nous dilate le coeur et rayonne autour de nous et dans le monde.

mardi 18 décembre 2018

Il s'émeut pour ses serviteurs

 Psaume 134, 13-18

13 Pour toujours, Seigneur, ton nom !
D’âge en âge, Seigneur, ton mémorial !
14 Car le Seigneur rend justice à son peuple :
par égard pour ses serviteurs, il se reprend.
15 Les idoles des nations : or et argent,
ouvrages de mains humaines.
16 Elles ont une bouche et ne parlent pas,
des yeux et ne voient pas.
17 Leurs oreilles n’entendent pas,
et dans leur bouche, pas le moindre souffle.
18 Qu’ils deviennent comme elles, tous ceux qui les font,
ceux qui mettent leur foi en elles.


Viens Esprit Saint ! Souffle de vie!
Sans toi nous ne savons prier pas comme il faut, viens prier en nous.


Le nom du Seigneur, c'est-à-dire lui-même, demeure pour toujours. Et en même temps se transmet de génération en génération ; à nous d'en être les relais, de donner envie à ceux qui nous croisent de LE connaître. Le mémorial est plus qu'un souvenir du passé, il en est son actualisation pour aujourd'hui. Dans la liturgie. Dans notre vie. Il le rend présent et agissant.
Dieu agit, il rend justice : il manifeste que son peuple lui est ajusté...ou plutôt sur le chemin de cet ajustement ! Car c'est un horizon vers lequel nous tendons. Essayer encore et toujours, telle est notre tâche...le reste Lui appartient.

J'aime la traduction du la Bible de Jérusalem pour la fin du verset 14: "Il s'émeut pour ses serviteurs". Dieu pris aux entrailles pour nous!

Le contraste avec les idoles est d'autant plus marqué: elles sont vraiment sans vie; complètement inertes; rien; vide et néant. Oeuvres des hommes, les vénérer, mettre sa foi, sa confiance, en elles, nous rends à notre tour semblables à elles: sans vie véritable.
Si nous constatons que notre vie est vide, sans consistance, sans but, ne nous décourageons pas. Avec confiance tournons-nous vers Celui qui donne sens, qui transfigure tout par son amour vivifiant. C'est en permanence qu'"il s'émeut pour ses serviteurs" et veut nous partager sa vie, nous unir à lui dans une alliance d'amour.

Seigneur que ton Souffle de vie me ranime. Qu'il ranime aussi tous ceux qui errent sans but, tous ceux qui sont esclaves des idoles modernes et ceux qui asservissent leurs frères.

lundi 17 décembre 2018

Dieu en héritage.

Psaume 134,5-12
 

5 Je le sais, le Seigneur est grand :
notre Maître est plus grand que tous les dieux.
6 Tout ce que veut le Seigneur, il le fait *
au ciel et sur la terre, dans les mers et jusqu’au fond des abîmes.
7 De l’horizon, il fait monter les nuages ; +
il lance des éclairs, et la pluie ruisselle ; *
il libère le vent qu’il tenait en réserve.
8 Il a frappé les aînés de l’Égypte,
les premiers-nés de l’homme et du bétail.
9 Il envoya des signes et des prodiges, chez toi, terre d’Égypte, *
sur Pharaon et tous ses serviteurs.
10 Il a frappé des nations en grand nombre
et fait périr des rois valeureux :
11 (Séhone, le roi des Amorites, Og, le roi de Bashane,
et tous les royaumes de Canaan ;)
12 il a donné leur pays en héritage,
en héritage à Israël, son peuple.


Viens Esprit de lumière: ravive en mon coeur le souvenir des bienfaits reçus de Dieu.
Ouvre mon coeur à l'action de grâce.


La question est: Qui est Dieu? Et le psaume résume l'action de Dieu, contre l'Égypte, Pharaon et son peuple, contre les rois les les peuples de Canaan. Pour aboutir au don de la terre en héritage à Israël son peuple.
Si Israël reçoit la terre en héritage, cela signifie que Dieu s'est lié à lui de façon très forte, il l'a choisi, il en a fait son fils; lien inaliénable !
Et pour moi aujourd'hui? Qui est Dieu? pourquoi le Dieu de Jésus Christ et pas un autre? Pourquoi être chrétien?
Plutôt pour QUI?

"Je le sais, le Seigneur est grand ...il a donné leur pays en héritage, en héritage à Israël, son peuple." Dieu a choisi Israël, il a choisi chacun de nous personnellement. Chaque être humain est unique pour lui et a du prix à ses yeux. Cela est propre au Dieu des chrétiens: un Dieu qui se fait proche de nous. Qui nous aime. Gratuitement. Qui n'attend pas que nous soyons impeccable pour nous aimer! Il risquerait d'attendre longtemps et de n'avoir personne à aimer!!!
Il nous aime tels que nous sommes aujourd'hui et veut faire alliance avec chacun et se donner lui-même en héritage. Chacun est invité à une relation personnelle de confiance et d'amour avec lui.

Ce psaume est d'abord une invitation au personnel du Temple à louer le Seigneur pour ses prodiges, ceux d'autrefois, ceux d'aujourd'hui, moins visibles peut-être. Et surtout sa fidélité indéfectible présente et agissante à travers ces signes.

Quels sont les signes que Dieu m'a déjà donnés de sa présence agissante dans ma vie? Une protection dans un accident? Le courage de rebondir et de remonter la pente? Des personnes rencontrées "par hasard" qui m'ont aidées...

Seigneur ouvre les yeux de mon coeur pour que je m'émerveille de ta présence agissante dans ma vie et dans celle de mes proches. Seigneur donne-moi de t'accueillir toi qui te donne à moi en héritage. Donne-moi de te laisser t'approcher de moi et de m'approcher de toi.

dimanche 16 décembre 2018

Célébrez la douceur du nom du Seigneur

Psaume 134,1-4

1 Alléluia !
Louez le nom du Seigneur,
louez-le, serviteurs du Seigneur
2 qui veillez dans la maison du Seigneur,
dans les parvis de la maison de notre Dieu.
3 Louez la bonté du Seigneur,
célébrez la douceur de son nom.
4 C’est Jacob que le Seigneur a choisi,
Israël dont il a fait son bien.

Viens Esprit de vie, de confiance et d'amour; viens prier en nous!


Écoutons saint Bernard : « le nom de Jésus n'est pas seulement une lumière, c'est encore une nourriture. Ne vous sentez-vous pas fortifiés, toutes les fois que vous vous le rappelez? ... Jésus est du miel à la bouche, une mélodie aux oreilles, un chant d'allégresse au coeur. Mais il est encore un remède. » (sermon XV sur le Cantique des cantiques)
Et saint Pierre: « En nul autre que Jésus, il n'y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n'est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Actes 4,12).
Une belle et excellente manière de veiller dans la maison du Seigneur est de murmurer en note coeur ce nom de JÉSUS, surtout dans l'épreuve et/ ou la tentation, dans la tristesse , le découragement etc...
Note coeur ,se construit et se renouvelle par le bonté et la douceur que ce Nom contient et procure.
Il nous rappelle aussi que Jésus a posé son regard sur chacun de nous et nous a choisi et aimés comme le jeune homme de l'Évangile : « Jésus posa son regard sur lui, et il l'aima » (Marc 10,21).

Ce Nom peut aussi être celui de PÈRE. Jésus lui-même nous a invités à prier Dieu ainsi en toute confiance filiale.
le tradition monastique connaît la prière du coeur: "Seigneur Jésus, Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheurs" priée lentement sur le rythme de la respiration. Et aussi "Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours" qui de la même manière peut être prié sur le rythme de la respiration.
et d'autre courtes prières qui parlent aujourd'hui à notre coeur.

La douceur dont parle le psaume, n'est pas un mot fréquent dans la Bible. Ce n'est pas une douceur mièvre. C'est la douceur de l'amour qui ne force pas l'autre, mais se propose. la douceur de ce regard que pose le Bon Pasteur sur chacune de ses brebis quand il les appelle par leur nom avant de les conduire sur les chemins de la Vie ( Jean 10,3-4). Cette douceur est une force non violente. Elle nous relève car elle ne nous enfreme pas dans notre négatif, au contraire elle fait surgir le positif.

Seigneur donne-moi de célébrer la douceur de ton nom en accueillant ton regard d'amour posé sur moi aujourd'hui et demain et chaque jour. Que mon coeur soit imprégné de ton Nom et de ta présence.

vendredi 14 décembre 2018

Egale et silencieuse


Seigneur, je n'ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère.
Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
Ps 130


Viens Esprit de Jésus, dispose mon cœur à la prière
Viens Esprit de Jésus, Espérance de l’univers

Un psaume tout en douceur, un psaume tout en humilité.

Pas le cœur fier
Ni le regard ambitieux
Ni grands desseins
Ni merveilles qui dépassent

                Égale
                Silencieuse
                Comme un enfant
                Contre sa mère

Le psalmiste nous découvre une vie apaisée, une vie longue sans doute, où la soif de réussite, de pouvoir, d’éclat, a peu à peu fait place à la réconciliation avec l’humble quotidien, la joie qui affleure d’une présence aimante qui se donne, se révèle à qui accueille au jour le jour ce qui se donne à vivre.
La joie dépouillée d’un amour humble et sincère, qui se décline en confiance, tel l’enfant dans les bras de sa mère.
La joie dépouillée d’un abandon en la main de Dieu.

Seigneur c’est toi que nous attendons,
C’est ton visage sur lequel nos yeux s’ouvriront,
Quand ma prière se fait silence,
Je t’attends, je t’espère
Présence intime
En qui se renouvelle ma confiance