jeudi 24 juin 2021

Saint Jean-Baptiste

 (sœur Jean-Baptiste)

Méditation :

Une naissance nous place devant le mystère infini de la vie, face à l'enfant nous sommes projetés vers l'avenir et nous pouvons redire avec tous ceux qui sont venus entourer Elisabeth et Zacharie lors de la circoncision de Jean Baptiste : « Que sera donc cet enfant ? »

Cet enfant que nous fêtons en ce jour, nous savons ce qu'il est devenu et en feuilletant les évangiles nous le redécouvrirons à nouveau.

Dès le Prologue  de son évangile St jean nous dit :

« 06 Il y eut un homme envoyé par Dieu ;son nom était Jean.

07 Il est venu comme témoin,

pour rendre témoignage à la Lumière,

afin que tous croient par lui.

08 Cet homme n’était pas la Lumière,

mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.

Deux traits caractérisent Jean le Baptiste : il est envoyé et il est témoin.

Sa mission, il l'a reçu de Dieu pour « rendre témoignage. »

Son témoignage nous est rapporté quelques versets plus loin, tout en négatif : Je ne suis pas le Christ, je ne suis pas Elie ni le prophète et une note positive : je suis la voix.
La voix qui annonce Celui qui vient derrière lui mais qui avant lui était. Il ne le connaissait pas mais envoyé pour baptiser dans l'eau, il le reconnu grâce à l'Esprit  qui reposa sur lui tel une colombe.

Après avoir reconnut celui qu'il annonçait, Jean le désigne comme :  « l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. ».

Poursuivant sa mission de baptiser Jean se présente lui-même à ceux qui l'interroge de nouveau comme « l'ami de l'époux :

« Vous-mêmes pouvez témoigner que j’ai dit : Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. 29 Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite. 30 Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. »

Jean a accompli sa mission, il a préparé le chemin, il a ouvert la voie au Christ  et il lui a rendu témoignage ; maintenant il s'efface pour laisser toute la place a celui qui venait après lui.

Si Jean Baptiste a rendu témoignage au Christ, celui-ci lui a également rendu témoignage. Toujours dans St jean au ch. 5 Jésus dit du Baptiste : « Jean était la lampe qui brûle et qui brille. » Jean a donc bien répondu a sa mission : il a rendu témoignage à la lumière mais il n'était pas la lumière. Jésus ne l'a pas appelé à faire partie de son entourage, ni à être un de ses disciples ni à vivre dans son intimité comme les apôtres mais cela n'est pas le signe  d'un moindre amour de la part de Jésus car il a fait, à la foule, un magnifique éloge de Jean alors que celui-ci était dans sa prison et se demandait si Jésus était bien celui qu'il avait annoncé :

«Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? 8 Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. 9 Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. 10 C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. 11 Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; Mt 11,7-11

Jean a cru a sa mission même si ce qu'il entendait dire de Jésus ne correspondait pas à l'idée qu 'il avait du Messie. Il a gardé confiance et jusque dans sa mort il a été le précurseur de Celui qu'il avait annoncé rendant témoignage à la vérité jusqu'au bout. Jean a vécu dans son être spirituel ce qu'il pressentait de sa mission et l'exprimait en disant : «  il faut que lui grandisse et que moi je diminue » vivant par avance l'idéal formulé par St Paul : «  Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Gal, 2,20 et ainsi Jean a achevé sa course se consumant comme la petite lampe qu'il fut et qui a su réjouir par sa lumière le cœur de ceux qui sont venus le trouver au bord du Jourdain.

mercredi 23 juin 2021

Liturgie de la Parole, 12e mercredi TO

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations »

Telle est la foi du psalmiste, qui chante la fidélité de Dieu.

La liturgie nous rapporte aujourd’hui l’interpellation que Dieu lance à Abram selon le livre de la Genèse :

« Ne crains pas, Abram !... Ta récompense sera très grande »

Interpellation de Dieu, qui mène à un dialogue :

« Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? Je m’en vais sans enfant… »

Puis ce dialogue conduit à une promesse, à l’Alliance :

« À ta descendance je donne le pays que voici… »

Et, malgré les apparences, cette Alliance apparaît aussi en filigrane dans l’Evangile.

En effet, il y est question des « faux prophètes… déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces »

Les prophètes bibliques sont effectivement des porteurs de la Parole de Dieu, des relais de son Alliance…

En ce mercredi, rejoignons notre monde dans ses peines et ses joies, avec les mots du psalmiste qui nous convient à la louange :

« Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles ! »

 

Méditation

Le dialogue entre Dieu et Abram peut nous instruire, nous inviter, nous aussi, à entrer en dialogue avec notre Dieu.

« Tu ne m’as pas donné de descendance, dit Abram à Dieu, et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier »

Confidence, aveu teinté d’un léger reproche envers ce Dieu de la Vie qui prive Abram de la richesse biblique par excellence, la descendance biologique.

L’invitation qu’il lui lance « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… », est une invitation à dépasser les vues humaines, à élever son regard, à se tourner vers Dieu pour recevoir de Lui l’inattendu, l’inespéré…

C’est bien ce que Dieu lui suggère :

« Telle sera ta descendance ! »

Abram n’exprime ni doute, ni scepticisme… ni conviction d’ailleurs.

Mais le narrateur se fait le porte-parole de son sentiment intérieur :

« Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste »

Après la descendance, il est question de la deuxième richesse de ces peuples du Moyen-Orient, la terre :

« Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que je l’ai en héritage ? »

De nouveau, Abram exprime une difficulté à vues humaines.

Dieu n’argumente pas. Il s’engage :

« … un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d’animaux »

Si ce genre de rite était répandu à l’époque dans les traités de vassalité, il est par contre significatif que seul le Seigneur conclut l’alliance, et non les deux partenaires.

En effet, tandis que la torche enflammée, image de Dieu, passait, Abram dormait d’un sommeil mystérieux… c’est-à-dire divin.

En somme, c’est une alliance inconditionnelle que Dieu conclut avec Abram.

 

Et qu’en est-il de l’Evangile ?

« Méfiez-vous des faux prophètes, nous enjoint Jésus, (eux) qui viennent à vous déguisés en brebis, alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces »

Qu’est-ce qui qualifie ces prophètes ?

« brebis » à l’extérieur ; « loups voraces », à l’intérieur.

Il y a une duplicité, une scission entre l’apparence et l’être profond.

Cela rappelle les dénonciations de Jésus et son appel à une attitude unifiée :

« Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’ » (Mt 5, 37)

Cela fait écho à la Règle de Benoît qui prescrit :

« Dire la vérité de cœur comme de bouche » (RB 4, 28)

Ces prophètes sont faux, car la vérité n’est pas en eux.

D’Abram, le narrateur écrit :

« Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste »

Un homme juste, un homme ajusté, unifié, en accord avec la volonté de Dieu.

 

Par cette association de l’alliance conclue avec Abram et de l’invective contre les faux prophètes, la liturgie nous invite, et Dieu à travers elle, à revisiter nos vies, à examiner où nous nous trouvons sur ce chemin de la justice, de la justesse, de l’unicité.

Mais ayons confiance !

Dieu est fidèle et désire renouveler l’Alliance avec chacun(e) de nous, là où nous sommes sur le chemin, aujourd’hui.

Le psalmiste s’en porte garant :

« Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations »

 

Temps de silence

Notre Père :

Avec Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…

Oraison

Seigneur notre Dieu, tu nous as rappelé l’Alliance conclue avec Abram, père des croyants. Aujourd’hui, tu nous questionnes, nous interpelles, nous invites, à accorder notre vie à cette Alliance. Inspire-nous de choisir la justice, la justesse, l’unicité, afin que nous portions les bons fruits que tu espères. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.                                                                                           

mardi 22 juin 2021

Liturgie de la Parole, 12e mardi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction :

Bonjour. Les deux lectures d’aujourd’hui sont différentes et pourtant elles s’éclairent l’une l’autre. Abram doit se séparer de son neveu Loth et Jésus nous parle de porte étroite ou grande, de chemin large ou resserré.

Mais tout d’abord qu’il dilate nos cœurs par le chant du Psaume 118.

 

Méditation :

Abram et son neveu Loth sont trop riches pour habiter ensembles : la terre ne peut nourrir leurs trop abondants troupeaux, d’où les disputes entre leurs bergers. Abram ne veut pas de querelles entre eux car ils sont frères, d’autant plus que le territoire ne leur appartient pas et qu’ils doivent vivre en frères au milieu des autres peuples.

Abram propose la séparation et laisse le choix à son neveu qu’il considère comme un fils. Celui-ci choisit le chemin large qui semble beau et prometteur mais qui le conduira à la perdition. Il choisit la région irriguée, riche et fructueuse, « elle était comme un jardin du Seigneur, comme la terre d’Égypte ». L’Égypte, ils en reviennent et cela ne s’est pas trop bien passé ! (cf. Genèse 12,10-20) L’Égypte pour les auditeurs de la Bible, c’est un grenier à blé, mais aussi la terre d’oppression et d’esclavage !

Apparemment Loth a fait le choix le plus avantageux, sans reconnaissance pour son oncle à qui il laisse une terre aride.

En Genèse 12 Abram, en réponse à l’appel du Seigneur avait quitté la plus grande partie de sa parenté. Maintenant il a dû mettre à distance le seul parent qu’il avait gardé auprès de lui. C’est une épreuve, d’autant que Loth ne lui est guère reconnaissant ! Mais c’est le moment que Dieu choisit pour lui redire sa promesse : ‘’Loth a choisi un beau coin, je te promets les 4 coins de l’horizon. Ton neveu, presque ton fils,  s’éloigne sans reconnaissance, je te promets une descendance aussi nombreuse que la poussière de la terre. Lève-toi, ne te décourage pas ! Parcours ce pays, il ne t’appartient pas encore, car tu restes étranger et pèlerin, tu peux cependant le goûter des yeux.’’

Il ne semble pas qu’Abram parcoure le pays de long en large, comme l’a invité le Seigneur, mais il quitte l’endroit et va s’installer plus au sud, près d’Hébron et là il bâtit un autel au Seigneur : il perçoit que le Seigneur l’accompagne ; là où il est, il peut être en relation avec son Dieu: il est à sa place, au lieu promis par Dieu.

Abram n’a pas choisi la porte étroite et le chemin resserré qui conduisent à la vie, il les a trouvés et acceptés sans s’en rendre compte. Il a aimé en vérité son neveu et respecté son chemin. Avant l’heure, il a vécu la parole de Jésus « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi ».

Pour nous aujourd’hui ? Cette parole de Jésus qu’on ne retrouve pas de cette manière positive dans les autres religions devrait nous habiter sans cesse. Ne s’appelle-t-elle pas « la règle d’or ». Serait-elle la porte étroite, le chemin resserré qui conduit à la vie? L’exemple d’Abram est encourageant, car il l’a pratiquée sans le savoir. Il a juste aspiré à ne pas perdre la fraternité avec Loth.

Ce chemin qui conduit à la vie c’est peut-être la fraternité. Demandons-en la grâce au Seigneur.

 

Introduction au Notre Père :

Tous nous sommes  frères et sœurs et nous n’avons qu’un seul Père. En Jésus et par lui nous osons chanter la prière des enfants du Père…

 

Prière d’envoi :

Comme prière d’envoi je vous propose de dire ensemble la prière finale de l’encyclique du Pape François « Fratelli tutti » (n° 287) :

Prière chrétienne œcuménique

Notre Dieu, Trinité d’amour,
par la force communautaire de ton intimité divine
fais couler en nous le fleuve de l’amour fraternel.
Donne-nous cet amour qui se reflétait dans les gestes de Jésus
dans sa famille de Nazareth et dans la première communauté chrétienne.

Accorde aux chrétiens que nous sommes de vivre l’Évangile
et de pouvoir découvrir le Christ en tout être humain,
pour le voir crucifié
dans les angoisses des abandonnés et des oubliés de ce monde
et ressuscité en tout frère qui se relève.

Viens, Esprit Saint, montre-nous ta beauté
reflétée en tous les peuples de la terre,
pour découvrir qu’ils sont tous importants, que tous sont nécessaires, qu’ils sont des visages différents de la même humanité que tu aimes. Amen !

samedi 19 juin 2021

Liturgie de la Parole 11e samedi TO

 (sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

En ce 19 juin, un saint dans la lignée de Benoît est à l’honneur.

Saint Romuald de Ravenne, mort en 1027, fondateur de l’ordre camaldule, branche érémitique de la voie bénédictine.

En son 11e siècle, période troublée, entre les compromissions de l’Eglise avec le pouvoir politique et une vie monastique relâchée, Romuald souhaite revenir à la liberté spirituelle du monachisme primitif.

Dans ses réformes et fondations, il allie solitude personnelle et célébrations liturgiques communes.

Le terme « Camaldule » tient à sa fondation à Camaldoli, dans la Toscane italienne.

On reconnaît les Camaldules à l’habit blanc et à leur barbe pleine…

L’intuition de Romuald s’enracine indubitablement dans l’appel de l’Evangile !

« Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? », demande le psalmiste.

Ce sera aussi l’invitation fondamentale de Benoît dans le Prologue de sa Règle

Ecoutons ce que le Seigneur veut nous dire aujourd’hui, quel chemin de vie et de bonheur Il nous trace et nous inspire.

Et appelons l’Esprit-Saint sur nous-mêmes et sur notre monde, qui en a tant besoin…

 

Méditation

Trois belles lectures nous sont proposées en ce jour pour répondre à la question « Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? ».

Le chapitre 12 de la deuxième lettre aux Corinthiens rapporte l’expérience spirituelle de Paul.

Il ne dit pas explicitement son nom, puisqu’il évoque « un fidèle du Christ… (qui) a été emporté au paradis et a entendu des paroles ineffables ».

Certes, on en déduit qu’il s’agit de lui-même lorsqu’il déclare plus loin :

« D’un tel homme, je peux me vanter… ce ne serait pas folie, car je ne dirais que la vérité »

Le « paradis » dont il fait mention fait écho aux conceptions juives : « qu’il y ait 3, 5 ou 7 cieux, le ciel le plus élevé (ou le « paradis ») est la demeure de Dieu »[1].

Face aux Corinthiens, Paul affirme son contact actuel avec la plénitude de Dieu.

Mais ces privilèges ne sont pas le chemin de vie proposé à Saint Paul et à nous-mêmes.

En effet, avec ces révélations jugées « tellement extraordinaires », Dieu lui a fait don d’une « écharde, dans sa chair, un envoyé de Satan qui est là pour le gifler, pour empêcher qu’il ne se surestime »

Paul se distancie ainsi de ces expériences extraordinaires qui l’arracheraient à la condition humaine.

En effet, après le « paradis », Paul évoque « le Seigneur », puis « le Christ ».

Il nous livre alors la clef reçue du Seigneur, celle de l’abandon au Christ :

« Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse »

Le chemin de vie que Paul propose est celui du décentrement :

« C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure… Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort »

Laissons-nous rejoindre dans notre vie telle qu’elle est, dans nos expériences de fragilité ou de « situations angoissantes ».

Aujourd’hui, « sa grâce nous suffit » et se « reçoit toujours à nouveau »[2].

Accueillons la Bonne Nouvelle d’un Dieu présent, qui déploie sa puissance dans notre faiblesse...

Quant à l’Evangile, l’extrait du Sermon sur la montagne nous offre une autre clef de vie et de bonheur, tout aussi suggestive.

Il ne s’agit pas ici d’expériences spirituelles hors du commun, mais la parole de Jésus rejoint nos préoccupations tout humaines :

« Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez »

Jésus ne dénigre pas la nécessité de la nourriture et des vêtements, mais il les relativise.

Ce qui constitue l’essentiel tient en ces mots :

« Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice »

Et alors, qu’adviendra-t-il de la nourriture et des vêtements ?

« tout cela vous sera donné par surcroît »

Contemplation de l’acte créateur de Dieu manifesté dans les oiseaux et les lis des champs… qui nous conduit à la confiance.

Et, là aussi, invitation à un décentrement.

Comme l’écrit un commentateur :

« Le sens de cette confiance est de reconnaître la générosité démesurée de Dieu dans la beauté de la création et que cette reconnaissance libère chacun du souci de soi-même pour la recherche du Royaume et de la justice de Dieu »[3]

Aujourd’hui, nous sommes invités à un décentrement, par rapport à nous-mêmes et notre faiblesse, à nos soucis et préoccupations humaines.

Reconnaissons dans le Seigneur le Créateur de toutes choses qui, en cet instant, crée et continue à créer… Et offrons-Lui le cadeau de notre confiance :

Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge !

 Temps de silence

 Notre Père :

Avec Jésus, redisons la prière qu’Il nous a enseignée…

Oraison

Nous avons reçu ta Parole pour avancer aujourd’hui sur le chemin. Tu nous invites à un double décentrement : par rapport aux faiblesses « afin que la puissance du Christ fasse en nous sa demeure » et aux soucis tout humains qui nous préoccupent. Accorde-nous d’ouvrir notre cœur à la confiance, car « demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine ». A l’intercession de Saint Romuald, nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils Ressuscité, qui règne avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.                                                                                           



[1] P. de Surgy – M. Carrez, Les Epîtres de Paul, I, Corinthiens, Paris, Bayard Editions, 1996, p. 208.

[2] P. de Surgy – M. Carrez, p. 210.

[3] M. Stiewe – Fr. Vouga, Le Sermon sur la Montagne, Genève, Labor et Fides, 2002, p. 170.

vendredi 18 juin 2021

Liturgie de la Parole, 11e vendredi TO

 (Rosy)

Introduction :

Un trésor et une lampe

Le cœur et le corps

Les mites, vers et autres ténèbres…

Deux petites comparaisons dans ce long passage de Mt où Jésus parle un peu de tout, pourrait-on dire. Autant de la prière que du comportement.

Y a-t-il un lien entre les deux explications ? Après tout, peut-être pas ! Car si elles se suivent chez Mt, chez Lc, elles sont dans des chapitres différents !

Resterait donc à simplement se demander où est notre trésor, où est notre lampe…

Mais chantons d’abord les psaumes et écoutons la Parole.

 

Méditation :

« faites-vous des trésors dans le ciel »

Donc, il nous faut penser à notre trésor, il s’agit de le constituer, il faut s’en préoccuper ! « Heureux, vous, les riches qui vous préparez un beau trésor dans le ciel… »

Jésus nous dit de le mettre à l’abri là où rien ne pourra l’attaquer.

Surtout il nous dit que notre cœur est là où est notre trésor, au ciel, autrement dit dans le Royaume, dès aujourd’hui.

Mais il ne nous dit pas ce qu’est ce trésor ni comment le rassembler…

A moins que…

Peut-être Mt est-il finalement très pédagogue, et, en joignant les deux comparaisons à première vue disparates, nous donne-t-il la clé.

La lampe du corps, c’est l’œil.
Donc, si ton œil est limpide,
ton corps tout entier sera dans la lumière.

La lumière ! N’est-ce pas précisément celle du ciel ?

L’œil doit être limpide, c’est-à-dire, clair, pur, transparent. Il laisse donc passer la lumière pour éclairer tout le corps, tout l’être. Pourtant la comparaison est plus complexe : l’œil ne laisse pas seulement passer la lumière, il l’a produit. Il est la lampe du corps.

La lampe éclaire, d’accord, mais elle puise son énergie quelque part.

Sûrement, il s’agit dès lors de ce que nous regardons : vers quoi tournons-nous notre regard ?

Vers le ciel ? Vers notre trésor ? N’oublions pas la parole de l’ange aux femmes : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? »…

Vers Dieu ? Là c’est la parole à Moïse qui nous revient (Ex 33) : «  Tu ne pourras pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre ».

Alors, qu’est-ce qui fait briller notre lampe, notre regard ?

Eh bien, la liturgie aujourd’hui pose les questions et donne clairement les réponses, en l’occurrence dans le psaume graduel :

Ps 33 : 

Qui regarde vers lui resplendira,

sans ombre ni trouble au visage.

Il y a une simple condition pour « voir Dieu » mais peut-être pas en regardant vers le ciel : 

 « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu »

Ne regardez pas vers le ciel,

La lumière n’y est pas restée

La lumière est descendue dans le monde,

La lumière s’est cachée parmi les hommes

Elle s’y est perdue

Dans la foule des inconnus
Des passants, des étrangers

Dans les milliards

d’hommes et femmes de tous les temps

La lumière s’est  cachée

Dans votre cœur, dans votre joie

Sur vos chemins quotidiens

Dans vos amours et vos doutes.

Dieu avec nous.

Le ciel a inondé vos yeux.

Et si un jour,

La peine de ton frère t’envahit,

Si la tristesse te submerge,

Laisse donc couler

Les larmes qui font briller les yeux.

Car dans l’amour qui nous unit,

Là est notre trésor.

Introduction au Notre Père

Tournons notre regard vers le Père, qu’il exauce notre désir de travailler, en ce jour, à la réalisation du Royaume.

Prière

Tu nous appelles, Seigneur, à accueillir ta Lumière et à la répandre en notre monde.

Donne-nous un cœur vaillant et un regard limpide, dans la reconnaissance de tous les dons dont tu nous combles.

Toi qui es vivant, avec le Père et l’Esprit saint, maintenant et pour toujours.

mercredi 16 juin 2021

Liturgie de la Parole, 11e mercredi TO

 (sœur Jean-Baptiste)

Introduction : 

Aujourd'hui St Paul nous invite avec les Corinthiens à ne pas avoir peur de donner gratuitement  car Dieu « aime celui qui donne avec joie » et notre bonheur grandira à la mesure de notre don. Et dans l'évangile Matthieu nous livrera lui aussi le secret du bonheur pour notre vie chrétienne.

 Méditation :

Je m'arrête pour cette méditation à l'expression « dans le secret » que l'on retrouve dans chacun des paragraphes de l'évangile que nous venons d'entendre. Pour cela je me suis inspirée du livre du P. François Cassingena «  Pour toi, quand tu pries... »

A propos de  l'aumône nous avons : « Que ton aumône reste dans le secret. »

Pour la prière : «  Prie ton Père qui est présent dans le secret. »

Pour le jeûne : «  Ton jeûne sera connu…. seulement de ton Père qui est présent au plus secret. »

et une même formule conclue chacun de ces paragraphes : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra »  sauf le dernier où il y a un ajout : « Ton Père qui voit au plus secret te le rendra »

Quel est ce secret dans lequel Dieu veut nous voir agir ? Est ce un lieu ? Une manière de vivre ? Dieu en tout cas tient à l'incognito quand à nos bonnes œuvres. Alors pourquoi faire les choses en cachette puisque Dieu voit dans le secret. Est-ce la peur qui nous ferait agir ainsi ,  peur du regard de Dieu auquel nous ne pouvons pas échapper comme le dit si bien le psaume 138 :  « Où irai-je loin de ton esprit,  Où fuirai-je loin de ta face. » Cela c'est le mauvais « secret » car Dieu est lumière et son regard ne peut nous condamner.

Si nous ne pouvons nous cacher de Dieu peut être que nous pouvons nous cacher en Dieu c-à-d Dieu va lui-même nous cacher en lui ainsi que le dit le psalmiste au psaume 26 : « Il me cache au secret de sa tente » et dans le psaume 30 : «   Tu combles à la face du monde ceux qui ont en toi leur refuge. Tu les caches au plus secret de ta face. »

Quelle est cette tente ?  N'est-ce pas celle que Jésus est venu planter parmi nous  comme le dit St Jean dans son Prologue ? Cette tente c'est Son humanité.  Nos actions vont se passer dans la Tente, c-à-d en Christ. » C'est là que Dieu nous cachent. Nos actions se passent aussi « au plus secret de sa face. » Qu'est ce donc que « la face de Dieu ? » Comment se cacher dans la face de Dieu puisque c'est une face c'est une surface plane.  Ce terme « face » ne signifierait-il pas la personne ?  Ce serait donc dans chacune des personnes de la Trinité  que nous sommes cachés, et plus particulièrement dans le Christ, le Fils incarné.

St Paul a écrit « Le Dieu qui a dit : ' que des ténèbres resplendisse la lumière ' est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ. »2Co,4,6.  Le Christ est la Face du Père.

Tous les soirs nous chantons à complies : » Fais briller sur nous la lumière de ta face. » Ps 4 et dans un autre psaume :  « Fais luire ta face et nous serons sauvés » ps 79 et encore « Regarde la face de ton messie » ps 83. Jésus a ouvert les yeux de ses disciples et les nôtres dans sa réponse à Philippe qui lui demandait «  Montre-nous le Père , Jésus a répondu : «  qui m'a vu a vu le Père » Jn 13,9.

Toute notre vie chrétienne va se dérouler dans ce lieu que nous précise encore St Paul dans la lettre aux Col 3 :  «  Vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu. »

Voilà ce secret,  c'est Dieu lui-même. Jésus est venu nous révélé le secret trinitaire, il nous l'ouvre puisqu'il nous dit : « Je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi. » Jn 17, 24.

Ce secret dans lequel vit Jésus, le Fils bien aimé du Père veut le partager avec tous ses frères et sœurs en humanité : «  Comme toi Père tu es moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous. » Jn 17,21. Le secret de Jésus est devenu notre secret, oserons nous y entrer et agir tels des enfants qui se savent aimés et attendus dans la maison de leur Père.

Notre Père :  

Comme des enfants à qui Jésus a révélé le secret du Père, faisons monter notre prière vers le Père,   avec les mots que Jésus nous a laissés ..

 Conclusion :

Ton secret Jésus est devenu notre secret, nous sommes chez nous là où tu es, au sein de la Trinité. Fais nous la grâce de croire à ce merveilleux secret dans lequel tu nous entraînes dès aujourd'hui. Nous te le demandons à toi qui vit avec le Père et avec l'Esprit maintenant et pour les siècles des siècles.

lundi 14 juin 2021

Liturgie de la Parole, 11e lundi TO

 (sœur Myrèse)

Ouverture :

Savez-vous que c’est aujourd’hui le jour du salut ? que c’est aujourd’hui que le Seigneur exauce ? c’est ce que nous annonce st Paul dans sa lettre aux Corinthiens. Et cet aujourd’hui nous est donné non seulement pour notre salut, mais aussi pour faire de nous des coopérateurs de Dieu, des ministres de Dieu, c’est-à-dire des serviteurs, par qui Dieu peut combler de grâce notre humanité. Et pour accomplir cette tâche confiée à tous les baptisés, Paul nous recommande de ne choquer personne, en rien ! vaste programme, car oui, le premier témoignage que rend le baptisé n’est point son discours, mais sa vie ! si nous voulons être de vrais coopérateurs de Dieu, demandons la grâce d’une vie évangélique ! entrons en ce temps de prière avec un cœur qui écoute.

 

La Parole méditée :

Vous avez entendu la parole ! combien elle se fait exigence aujourd’hui. Mais n’oublions pas que cette exigence est doublée d’une assurance : à qui lui demande, Dieu donne sa grâce, son Esprit, son salut.

Alors nous venons d’entendre un évangile très connu, et qui a souvent posé de sérieuses questions !

On vous a dit œil pour œil et dent pour dent. C’était déjà un sérieux progrès, ce n’est plus tout le dentier pour une seule dent. Non, si ton ennemi t’a cassé une dent, tu ne peux en retour lui en casser qu’une ! Jésus va plus loin, il s’agit de ne pas riposter au méchant. Le verbe grec qui est ainsi traduit, pourrait littéralement être traduit : ne te pose pas en adversaire ! ne t’oppose pas. Ah alors il va falloir se positionner autrement… comment ? Jésus explique : par exemple : Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Lui tendre l’autre…. C’est un brin provoquant… est-ce cela que Jésus nous demande de faire ? ne risquons nous pas de nous placer en une attitude de victime ?

Cela peut être intéressant de voir diverses traductions : le français courant écrit : si quelqu’un te gifle sur la joue droite, laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche. C’est laisse-le, et non plus : tends-lui l’autre. Laisse-le est déjà moins provoquant ! il n’empêche c’est rude ! d’autant que la traduction ajoute : laisse-le te gifler aussi sur la joue gauche. Cela le texte grec ne le dit pas !


On peut aussi réfléchir un brin… vous avez déjà pris une gifle ? bien sentie ? si quelqu’un, droitier, vous gifle, la gifle va toucher votre joue gauche ! et non la droite… Pour gifler la droite, il faut y aller d’un revers de la main. En faisant cela, on vous envoie promener… littéralement ! alors on lui tend l’autre ? littéralement, le texte dit : si quelqu’un te gifle sur la joue droite, retourne (ou tourne) vers lui aussi l’autre. On a l’impression qu’il invite à revenir, pas nécessairement pour recevoir une deuxième gifle. Mais bien à revenir. C’est-à-dire : ne te pose pas en adversaire, reviens à la rencontre face à face.

Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tourne vers lui aussi l’autre. Je remarque que la seule fois où on mentionne que Jésus est giflé durant la passion, il ne tend pas l’autre joue physiquement mais il interroge celui qui vient de le gifler : si j’ai mal parlé, montre-moi en quoi j’ai mal parlé ; si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? (Jn 18, 22-23) Ainsi Jésus ne renonce pas à la relation avec celui qui l’a giflé.

L’invitation de Jésus n’est-elle pas invitation à entrer en un monde autre, où on ne désespère jamais d’entrer en relation avec autrui. Il t’a giflé ? tourne vers lui encore l’autre, invente une manière de le considérer autrement qu’en adversaire, ne te pose pas en adversaire, trouve un moyen pour ne pas accentuer la rupture, mais pour continuer à être frère !

Et Jésus développe l’idée ensuite avec un autre exemple : on veut prendre ta tunique ! et bien pour que ton frère ne soit pas un voleur, donne-lui ta tunique, et ajoutes-y encore ton manteau ! Il veut te contraindre à faire mille pas, offre-lui d’en faire 2000. C’est bien à bâtir un monde autre, une fraternité nouvelle que Jésus aujourd’hui nous convie. Qu’il nous vienne en aide !

 

Invitation au Notre Père :

Seigneur Jésus, tu nous invites à nous tourner sans relâche vers le Père, pour recevoir de lui, la fraternité nouvelle du Royaume, aussi avec toi, nous voulons dire la prière des enfants de Dieu

 

Prière d’envoi :

Tu nous invites Seigneur Jésus, à vivre une fraternité profonde, ouvre nos yeux, ouvre nos cœurs, que nous découvrions en ceux et celles que tu places sur nos chemins, un frère, une sœur, à aimer, à respecter, à honorer. Jésus donne-nous ton cœur, donne-nous ton Esprit, et nous pourrons vivre de ton seul amour, et le répandre à notre tour. Toi qui vis et règne avec le Père…


Bénédiction : 

Que le Dieu d’amour nous bénisse et nous garde…