samedi 30 janvier 2021

Liturgie de la Parole 3e samedi TO

 (Rosy)

 Ouverture :  

« La tempête apaisée » voilà un épisode évangélique tellement connu, commenté, représenté…

Le défi du jour est donc de le laisser nous surprendre, nous apporter du nouveau, à chacun selon son besoin ou son désir.

Je retiendrai a priori deux mots, qui sont dans les questions de Jésus : peur et foi, peur et confiance.

Permettez-moi une anecdote : nous préparions un voyage en Bolivie avec quelques jeunes de notre groupe paroissial pour rejoindre un couple d’animateurs partis comme coopérants. Mais tout allait mal en Bolivie… et j’avais de plus en plus peur d’y aller, de me lancer dans ce genre de circonstances pleines d’insécurité. J’avais « une grande peur »

J’en ai parlé avec un ami.. bénédictin… et il m’a posé une simple question, un peu comme Jésus dans la barque, 5 mots qui ont emporté toutes mes peurs et décidé de mon accord : il m’a dit « Et si tu leur faisais confiance ? »… faire confiance à tous ceux qui allaient nous accueillir. Une question qui me guide toujours.

Donc, « Passons sur l’autre rive » faisons ce voyage, cette traversée entre deux rives complètement contrastées :  au départ, une grande foule qui écoute Jésus, tellement nombreuse qu’il doit se réfugier dans une barque « sur la mer » précisait le texte, foule qui était « face à la mer ». De l’autre, un seul homme, possédé, puis une foule qui chasse Jésus… et celui-ci reprend la mer… Mais cela, c’est une autre histoire.

Entre les deux donc, la traversée sur cette fameuse mer et ses enseignements.

Et dans les psaumes de cet office j’entends déjà l’appel au secours des disciples :

Ps19 Que le Seigneur te réponde au jour de détresse,

J’entends aussi que la gloire de Dieu se déploie dans le cosmos et la maîtrise des éléments naturels  Ps18 Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.

 Après l’évangile :

La mer ! Elle est partout présente dans la Bible, et avec toute son ambivalence.

Depuis la création, le déluge, la Mer Rouge… Jonas aussi qui mériterait une étude parallèle avec la tempête apaisée… mais je n’ai que 5 minutes !!

Les Psaumes dépeignent Dieu comme apaisant le vacarme des mers (Ps 64, 8) – maîtrisant l'orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c'est lui qui les apaise» (Ps 88, 10) - et aussi réduisant la tempête au silence et faisant taire les vagues» (Ps 106: 29).

Que de scènes d’évangile aussi qui se déroulent au bord de la mer, ou sur la mer… 

Dans le récit de ce jour, tout est grand :

-       La grande foule sur le rivage, celle qui écoute Jésus - la multitude selon une autre traduction,

-       La tempête.  Un grand tourbillon de vent dit la TOB ; car le mot grec comprend un préfixe que nous connaissons bien « méga », même passé dans le langage très contemporain !!

-       Le grand calme de la mer après la tempête

-       La grande peur des apôtres, ou plutôt les grandes peurs

Tout est tellement grand qu’ils se sentent profondément menacés.

Prenons la scène à ce moment où l’eau envahit la barque qui se remplit.

C’est le moment du désespoir, le moment où l’on s’est battu autant qu’on le pouvait et où l’on constate que c’est en vain.

C’est le moment où ils se décident (enfin) à appeler au secours. Comme une ultime tentative.

En fait, chez Marc, ils n’appellent pas à l’aide. En ce moment dramatique, ils passent leur temp à faire des reproches à Jésus !! Ils l’appelle « maître », et non pas Seigneur comme chez Mt – autrement dit c’est le prof, l’enseignant, et non pas l’envoyé de Dieu.

C’est vrai qu’il est très « humain », endormi là, à la poupe, sur ce coussin trempé par les vagues.

« Cela ne te fait rien que nous périssions ? » c’est une accusation d’abandon ! Faut-il se réjouir de la parole libre des apôtres vis-à-vis de Jésus ? On dit souvent que tout peut se dire dans la prière.

Ou faut-il s’étonner de cette grande méconnaissance du cœur de Jésus qui s’exprime ainsi ?

Jésus a-t-il entendu cette interpellation ? A-t-il fallu le secouer ?

Toujours est-il qu’il réagit au quart de tour : il s’adresse aux éléments « et le vent tomba » comme les possédés « tombent » aux pieds de Jésus. Et c’est vrai qu’il y a bien des points communs entre les exorcismes et cette tempête apaisée, notamment l’ordre de se taire.

Si le calme est revenu sur la mer, ce n’est pas le cas dans le cœur des apôtres : la puissance de Jésus face aux éléments, qui est en quelque sorte un attribut de Dieu lui-même, provoque en eux une nouvelle peur : s’il était trop humain dans son sommeil, le voilà trop divin dans son autorité. « Qui donc est-il ? » De nouveau, la question est bien là. Pour eux, il est devenu objet de peur !

La réprimande de Jésus est brève et claire, formulée en deux questions : « Pourquoi avez-vous si peur ? » « Vous n’avez pas encore de foi ? »

Alors, qui est-il ? Sinon un Dieu plein de tendresse et de sollicitude, et ces questions, n’expriment-elles pas finalement toute l’étendue de son amour déçu ?

Car nous voilà revenus à ces deux mots-clés : Peur et confiance. Ou peur et foi, la foi est bien la sœur jumelle de la confiance, n’est-pas ? La peur, c’est le contraire, c’est l’opposé de la confiance, et inversement. Bien sûr, la peur a sa raison d’être et nous ne pouvons nous reprocher d’éprouver ce sentiment qui, d’ailleurs, peut être cause de sauvegarde. Mais la peur ne peut nous submerger, comme l’eau menaçait de submerger la barque.

Seule la confiance nous permet de maîtriser la peur.

Confiance en soi, confiance en l’autre, confiance – ou foi – en Dieu.

Qui donc est-il ? Et s’il était celui qui mérite notre totale confiance ? Mais qui, d’abord, nous en fait le don. Quand je regarde Jésus reposant sur son oreiller, je ne peux m’empêcher de penser : lui, la peur ne l’atteint pas, lui, il fait confiance à ses marins d’apôtres… et à son Père…

Eux, à qui Jésus fait une telle confiance, ils seront de plus en plus capables de se fier aussi à Lui et à tous leurs frères. Plus la foi grandira, plus la peur s’éloignera…

Nous pouvons poursuivre notre traversée, nous sommes en bonne compagnie dans la barque.

Les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour !

Invitation au Notre Père :

Avec Jésus, qui a toute la confiance du Père, nous osons dire…

Prière finale :

Nous te prions, Seigneur notre Dieu,

Avec Zacharie, nous nous rappelons le serment juré à Abraham de nous rendre sans peur,

pour que, libérés de la main de l’ennemi,

nous te servions dans la justice, en ta présence, tout au long de nos jours.

Tu es le Dieu fidèle, réalise pour nous cette promesse

car tu es avec nous pour les siècles des siècles…


vendredi 29 janvier 2021

Liturgie de la Parole 3e vendredi TO

 (sœur Jean-Baptiste)

 Introduction : Les 2 textes qui sont proposés pour la liturgie de ce jour nous invitent à la confiance, à vivre de la foi. Cette foi reçue au baptême comme une petite graine nous avons à l'entretenir pour qu'elle puisse grandir, s'affermir et soit le moteur qui nous fasse persévérer envers et contre tout aux jours d'épreuves comme aux jours de joie.  C'est grâce à elle que nous obtiendrons le salut, la vie avec Dieu.  

 

Méditation : Qui n'a pas désiré voir ce qui se passait en terre lorsqu'une petite graine y a été enfouie ? Mystère de la vie ? Nous ne voyons pas la vie, nous  ne pouvons pas la prendre dans nos mains, nous en emparer, nous constatons qu'elle est là par ses effets, qu'elle est puissante malgré la petitesse de la graine. La vie est don de Dieu.  Le Seigneur nous demande de faire confiance. Semons, semons à profusion mais surtout préparons le terrain, une bonne terre pour que la vie puisse s'épanouir. Qu'allons nous semer ? La Parole.  Semons la à temps et à contre temps dans nos milieux de vie, là où nous sommes envoyés, là où nous passons,  sans chercher à connaître ce qui va advenir. Le résultat ne nous appartient pas c'est l'affaire de Dieu, c'est lui le maître de la croissance et de la moisson. Nous avons à semer et à laisser le temps faire son oeuvre. La récolte viendra en temps voulu. Nous pouvons préparer le terrain, creuser les sillons et là où il n'y pas d'amour, semons l'amour, là où il y a la discorde semons la paix, là où il y a la tristesse semons la joie. Petits gestes qui semblent bien dérisoires mais leur répétition aère le terrain et assouplit la terre de nos cœurs.

Jésus nous parle du « Règne de Dieu ». Qu'est-ce que le « Règne de Dieu ». Sur quoi Dieu règne t-il ?  Bien sûr, sur tout l'univers, mais surtout  il règne sur nos cœurs en nous aimant d'un amour unique et inconditionnel, de là vient la possibilité d'avoir une relation personnelle avec Dieu, un dialogue d 'amitié avec lui. Mais pour autant nous ne sentons rien, nous ne voyons rien, tout ce passe dans le silence, c'est Dieu qui donne la croissance à cette vie avec lui. Fécondité ? Il y aura, gardons confiance, l'Esprit saint travaille pour nous et avec nous. Restons cette terre bien meuble, accueillante ainsi  la semence, la Parole de Dieu trouvera dans la terre de notre coeur tout ce qu'il lui faut pour grandir et devenir ce grand arbre.  Car ce qui est merveilleux, c'est bien chacun de nous qui allons devenir un grand arbre, et en plus, plus grand que tous les autres. Allons nous faire un concours ?…. Non, car  dans le Royaume il n'y a pas de plus grand et de plus petit, pas de concurrence, chacun a été créé avec sa propre capacité et nous sommes uniques aux yeux de Dieu.  Que le verre soit petit ou grand, s'il est plein, il est plein on ne peut rien y ajouter, ce qui déborderait c'est pour les autres. La petite violette n'a rien a envier  au lys ni la pâquerette à la rose. Il leur suffit d'être ce qu'elles sont, ce pour quoi elles ont été créées. C'est ce que Dieu nous demande : répondre pleinement à son attente, à son rêve d'amour sur nous, tout au long de notre vie de croyant pour qu'à l'heure qu'il a choisi il puisse venir cueillir les fruits. 

 

Notre Père :  Avec les mots de Jésus demandons à Dieu d'étendre son règne sur nos cœurs pour que sa vie puisse grandir en nous :

 

Conclusion : Dieu notre Père tu nous demandes de semer la Parole sans attendre de voir ce que sera la moisson. Augmente notre foi et notre confiance, cet abandon entre tes mains avec la persévérance et la patience du cultivateur et merci d'arroser la terre de notre cœur de l'eau vive de l'Esprit pour que la semence déposée en nous se déploie et donne le fruit que tu attends.

mercredi 27 janvier 2021

Liturgie de la Parole 3e mercredi TO

 (sœur Marie-Raphaël)

Ouverture.

En ce milieu du jour, nous sommes invités à nous plonger dans la parole de Dieu. La lettre aux Hébreux nous amène dans la contemplation du Christ grand prêtre et de son sacrifice unique par lequel il a mené à la perfection tous ceux qui sont sanctifiés par lui. L’évangile, quant à lui, nous montrera plutôt le Christ enseignant. Et nous verrons qu’il a l’art d’un enseignement inépuisable.

« Écoutez ! ». C’est ainsi que commence le discours en paraboles. « Que celui qui a des oreilles pour entendre écoute ! » Car il ne suffit pas d’entendre, il faut écouter. En grec, c’est le même verbe qui dit les deux. Quelle est donc la différence ? Comment passer de l’entendre à l’écouter ? Entendre, c’est passif. Écouter, c’est une attitude active. Mais comment cela se passe-t-il au fond du cœur de l’homme ? écoutons !

Résonnances.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j’ai beaucoup de peine à écouter jusqu’au bout, par exemple une homélie ! Alors, je me culpabilise, je me dis que je ne suis pas une « bonne terre », pas réceptive, distraite, encombrée de pierres ou de ronces. Ou bien j’accuse la fatigue. Ou bien j’accuse le ton de la voix de celui qui parle, ou le fait que c’est ennuyeux, ou que j’ai déjà entendu cela cent fois… Jésus, lui, avait le don de captiver son auditoire. Il parlait de façon simple et vivante, il inventait des paraboles qui suscitaient le questionnement de ses disciples, qui les titillaient. L’évangile d’aujourd’hui nous interroge sur notre rapport à la parole de Dieu. Comment passons-nous d’une entente passive à une écoute active ? Comment entrons-nous dans le langage de Dieu, comment entrons-nous en conversation avec lui ? Et comment comprendre la prodigalité du semeur qui ne se lasse pas de semer la parole, quelle que soit la qualité médiocre du terrain ?

Voici une belle réflexion du père Timothy Radcliffe :

« Dès la naissance, les parents commencent immédiatement à parler à l’enfant. Bien avant qu’il ne soit capable de comprendre, un enfant est nourri de mots, baigné et bercé de mots. Le père et la mère ne parlent pas à leur enfant pour lui transmettre de l’information. Ils l’animent de leur parole. Il devient humain dans cet océan de langage. Petit à petit, il saura trouver une place dans l’amour que partagent ses parents. Sa vie croît en humanité.

De même, nous sommes transformés par l’immersion dans la parole de Dieu qui nous est adressée. Nous ne lisons pas la parole pour y chercher de l’information. Nous y réfléchissons, la méditons, vivons avec elle, la buvons et la mangeons. […] Cette parole de Dieu travaille en nous, nous rend humains, nous anime, nous forme à cette amitié qui est la vie véritable de Dieu »[1].

Même si vous ne m’avez pas écouté jusqu’au bout, au moins vous l’avez entendu !

Prière.

Seigneur, plonge-nous dans l’océan de ta parole pour que nous apprenions ton langage. Tu ne te décourages pas de nos pierres et de nos ronces : en continuant à semer largement, tu finiras par rendre notre terre féconde. Béni sois-tu pour ta confiance en nous ! émerveille-nous devant les fruits que nous pouvons porter et, pour ta plus grande gloire, donne-nous de te les offrir.

[1] Timothy Radcliffe, Je vous appelle amis, p. 235

lundi 25 janvier 2021

Liturgie de la Parole - Conversion de St Paul

 (sr Myrèse)

Ouverture :  

Aujourd’hui nous célébrons la conversion de st Paul. Ce peut être une belle occasion pour nous interroger : Comment vivons-nous notre foi ? comme une certitude ? comme un questionnement ? Sommes-nous de tendance fanatique ? ou plutôt indifférents ? ou plutôt hésitants, tâtonnants ? notre foi est-elle un chemin tout tracé ? ou un chemin qui se cherche et s’interroge ?

Certains sont plutôt fanatiques, et comme l’écrit Éric-Emmanuel Schmidt, Les fanatiques écrasent leurs doutes en sur-affirmant leur foi. N’est-ce pas un brin ce que Paul donne à voir dans la première phase de sa vie ? tandis qu’il se fait remettre des mandats d’arrêts contre tous ceux et celles qui ne partagent pas sa manière de comprendre les Ecritures !

Que faire des fanatiques ? si vous faites un petit tour sur les forums internet où cette question est posée, les réponses sont généralement plus que tranchées, claires et sans appel : il faut rétablir la peine de mort ! point !  A fanatique, fanatique et demi !

Et Dieu dans tout cela ? que pense-t-il ? car c’est quand même pour défendre la foi en lui, pour défendre la religion que certains sont devenus de vrais fanatiques. Alors Dieu, comment réagit-il ? que pense-t-il ? que nous enseigne-t-il ? la fête de ce jour peut nous apporter un bel éclairage.

Paul est un homme zélé, un pharisien haut de gamme, un homme pétri des Ecritures, et bien décidé à les défendre. Et voilà qu’arrive le chemin de Damas…

Disposons-nous à recevoir la Parole de ce jour, en ouvrant nos cœurs, à la nouveauté de l’Evangile. Entrons dans la prière, par le chant des psaumes !

Après l’évangile : 

Comme il y a quatre évangiles, il y a quatre récits de la conversion de Saul, c’est dire l’importance de cette rencontre, le bouleversement que ce fut pour lui ce jour où il s’est laissé toucher par Jésus. Ce n’est pas la première fois que Saul entend parler de Jésus, mais la première fois qu’il laisse Jésus lui parler ! Qu’il s’ouvre à son message.

Loin de ces récits mystico-gélatineux tels qu’il en circule allégrement, le récit de la conversion de Paul est tranchant, il est une mise en route non point d’un païen, mais d’un savant théologien protecteur de sa religion qui va devenir témoin croyant ! Paul est un apôtre super zélé pour la cause du Dieu révélé à Israël. Il se dépense pour l’orthodoxie et l’intégrité de la foi juive. C’est dans son ardeur jalouse pour Dieu, qu’il est sur les chemins, et c’est là que Dieu l’attend.

L’image d’un converti nous est offerte : image d’un homme qui se laisse interpeler, se laisse mettre en question !  C’est très intéressant pour nous qui sommes chrétiens, de nous mettre à l’écoute de ce récit. De nous laisser rejoindre, il est si facile de jouer les dogmaticiens, et juger les autres, en campant sur nos vues, et nos idées sur Dieu. La fête d’aujourd’hui qui très heureusement achève la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous interroge. Toi qui te dis, toi qui te penses artisan zélé pour l’œuvre de Dieu, laisses-tu Dieu lui-même se dire, se révéler à toi, l’accueilles-tu en ta vie ? Il est si facile de vouloir mettre Dieu en boîte, de vouloir le réduire à l’idée que nous avons de lui, d’en faire le prisonnier de nos concepts et de partir en guerre contre qui ne pense pas pareil. Et cela nous a menés à déchirer la "communauté des croyants".

Regardons Paul : il avait été formé à l’école de Gamaliel, une des meilleures écoles de son temps pour apprendre la Torah et le Talmud, pour creuser la foi juive. Et Paul était bien décidé à devenir un homme de Dieu, à défendre sa cause, il était bien décidé à protéger son Dieu de toute attaque païenne. C’est ainsi que lorsque les chrétiens, au sein du judaïsme, se mirent à enseigner de manière nouvelle la Torah, à proposer la foi en Jésus, Paul s’est enflammé. Il s’est fait donner des lettres de mission, pour aller remettre en place ces hérétiques. Le voilà en chemin,... Mais Paul était vrai, sincère, il devait au long de la route, ruminer les Écritures, et prier son Dieu d’être sa lumière et son salut (Ps 26). Et Dieu a vu son désir, il l’a pris au mot, il lui a donné sa lumière. Et Paul s’en trouve soudain renversé, bouleversé... Il passe de l’aveuglement de son assurance de théologien patenté, de l’endurcissement de son cœur dans ses certitudes, à l’éblouissement de la voie de l’amour. Il découvre que le Dieu qu’il veut servir, c’est celui là même qu’il persécute. Et Paul ébloui, aveuglé, lâche prise, se convertit. De celui qui savait, il devient celui qui apprend, qui se laisse remettre en question, qui se laisse conduire par la main jusqu’à Damas, qui apprend à recevoir de ses frères, qui apprend à voir et à entendre pour être non plus détenteur d’un savoir, mais humble témoin !  Ne sommes-nous pas autour de cette table de la Parole, tous et toutes invités à une conversion nouvelle pour laisser Dieu se former en nous ! Prions St Paul de nous mener sur ce chemin !

Invitation au Notre Père :

Que Jésus nous entraîne en sa prière

Prière finale :

Dieu notre Père, tu as vu le zèle ardent de Paul, et tu ne l’as pas compté pour vain. A son heure, Jésus est venu à sa rencontre sur le chemin de Damas. Lui montrant le chemin de l’Evangile. Que ta lumière aujourd’hui encore éclaire nos routes, et conduise nos pas. Père envoie ton Esprit, pour que toute notre activité prenne source en toi, et reçoive de toi son achèvement. Par Jésus…

Bénédiction :

Que le Dieu de vie, creuse en nous la foi, et qu’il nous bénisse…

samedi 23 janvier 2021

Liturgie de la Parole 2e samedi TO

 (sœur Marie-Christine)

Introduction : 

Bonjour et bienvenue à vous ici présent et à vous qui nous rejoignez par zoom ou par le cœur.

La lettre aux Hébreux fait allusion au jour du Grand Pardon, le Yom Kippour, liturgie que nous, chrétiens, connaissons mal. Je ne vais pas la développer, mais seulement reprendre le symbole de la tente, la demeure, la maison où Jésus revient dans l’évangile.

Lui dont les siens disent « il a perdu la tête ». Cette dernière phrase me rappelle ce verset du Cantique des Cantiques où le Bien-Aimé dit à sa bien-aimé « Tu me fais perdre le sens, ma sœur, ô fiancée, tu me fais perdre le sens par un seul de tes regards…Que ton amour a de charmes, ma sœur, ô fiancée, que ton amour est délicieux, plus que le vin !» (Cantique 4,9-10 BJ)

Marie, que nous célébrons en ce samedi, a été une tente toute choisie par le Seigneur qui est venu en elle y faire sa demeure. Comme disent les Pères elle l’a accueilli dans son cœur avant de l’accueillir en son corps. Qu’elle nous accompagne en ce jour.

Prions maintenant Celui qui perd la tête pour chacun de nous. Lui qui demeure en nous, rejoignons-le par le chant des psaumes.

 Commentaire :

La tente, lieu de la présence de Dieu, lieu de la rencontre. Rencontre avec Dieu, avec le Bien-Aimé du Cantique : Dieu vient y rejoindre Moïse, il lui parle « face à face comme un homme parle à son ami » nous dit l’Exode 33,8-11(BJ). Lieu de rencontre avec l’arrivant, Abraham et les voyageurs de Mambré (Genèse 18). Lieu convivial au désert, elle protège des rayons ardents du soleil, de la pluie et des vents, elle préserve l’intimité. Lieu d’accueil, elle est lieu de discussions et de partage de la nourriture. Lieu précaire et fragile, lieu de vie du nomade, image de notre situation et de notre vie de pèlerins sur terre.

Pour parler de la venue en notre chair du Verbe, saint Jean, dans son Prologue, écrit littéralement « il a planté sa tente parmi nous » traduit le plus souvent par « il a habité parmi nous ». Idée que reprend ici la lettre aux Hébreux (9,11 ; 10,20 Jean 2,21)

 La tente, lieu où nous sommes appelés à demeurer dans l’intimité : Écoutons des extraits de la présentation du thème de cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens préparée par les Sœurs de Grandchamp en Suisse.

Le thème choisi, « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » basé sur le texte de Jean 15,1-17, exprime leur vocation de prière, de réconciliation et d’unité dans l’Église et la famille humaine. (...)

Dans l’Europe tourmentée de 1938, Geneviève Micheli, qui deviendra plus tard Mère Geneviève, la première mère de la communauté, écrit ces lignes qui sont d’une actualité surprenante : «Nous vivons à une époque à la fois troublante et magnifique, une époque dangereuse où rien ne préserve l'âme, où les réalisations rapides et toutes humaines semblent emporter les êtres (…) Et je pense que notre civilisation va mourir dans cette folie collective du bruit, de la vitesse, où aucun être ne peut penser… Nous, chrétiens, nous qui savons toute la valeur d'une vie spirituelle, nous avons une responsabilité immense et nous devons la réaliser, nous unir et nous aider à créer des forces calmes, des asiles de paix, des centres vitaux où le silence des hommes appelle la parole créatrice de Dieu. C'est une question de vie ou de mort. »

 « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » Et moi ? Est-ce que je demeure, ou essaie de demeurer dans son amour ? La tente de mon cœur est-elle ce lieu où j’ai bon à demeurer dans un cœur à cœur avec Celui qui est plus présent à moi-même que moi-même, Celui qui me donne de porter fruit ? Est-ce le lieu où j’accueille mes sœurs et mes frères dans le respect des différences ?

« Seigneur, tu fais tout pour moi, n’arrête pas ‘œuvre de tes mains ! » (Psaume 137)

 Introduction au Notre Père : 

« Dieu en moi et moi en lui, c’est ma vie » écrivait Sainte Élisabeth de la Trinité. Prions avec confiance Celui qui est plus intime à nous que nous-même.

 Oraison de conclusion : 

Seigneur Dieu de la Rencontre, tu perds le sens par un seul de nos regards, donne-nous de demeurer dans ton amour, viens porter du fruit en nous. Dans les joies et les épreuves, que nous descendions dans la tente de notre cœur pour écouter ta Parole et laisser ton Esprit unifier notre cœur.

Que les chrétiens soient des forces calmes, des asiles de paix, des centres vitaux où le silence des cœurs appelle ta Parole créatrice et unifiante.

Puisses-tu nous conduire tous ensemble, chrétiens enfin unis dans la diversité, à la vie avec toi dès aujourd’hui et au long des jours.

Par Jésus, ton Verbe qui a planté sa tente parmi nous, et nous aime avec toi et l’Esprit pour les siècles des siècles.

jeudi 21 janvier 2021

Liturgie de la Parole 2e jeudi TO

 Mémoire de Ste Agnès 

(sœur Marie-Jean)

Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« Toi, tu es le Fils de Dieu ! »

Telle est la confession de foi prononcée par les esprits impurs dans le récit de Marc, lorsque Jésus guérit ceux qui en sont prisonniers.

Ils ne sont pas les seuls à prononcer ces paroles.

En ce 21 janvier, nous célébrons la mémoire de Sainte Agnès.

La vie de cette jeune fille qui vécut au 4e siècle peut nous inspirer. Elle peut contribuer à renforcer notre foi, enflammer notre charité, approfondir notre Espérance. Et nous garder fidèles.

Dans le martyre qu’elle a connu, Agnès incarne la certitude exprimée dans l’épître aux Hébreux :

« Jésus est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur »

Dans les épreuves et les souffrances, celles de nous-mêmes et de nos contemporains, soyons-en sûr(e)s, Jésus est présent.

Il offre son secours, il intervient pour alléger le fardeau qui pèse, il se fait proche, il libère, il sauve.

Ouvrons nos oreilles et nos cœurs pour accueillir Sa présence en nos vies et écouter la Parole qu’Il nous adresse aujourd’hui.

Et en ce 21 janvier, rendons grâces pour la vie de Sainte Agnès qui a offert à notre Communauté la joie d’une consœur sous son patronage…

Méditation

Le psaume 39 que nous venons d’entendre semble écrit pour Ste Agnès !

En tout cas, il illustre parfaitement sa vie.

« Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles… »

Agnès, issue de l’une des plus nobles familles de Rome, se consacre au Seigneur à l’âge de 10 ans.

A 13 ans, un jeune homme païen, fils du préfet de Rome, la demande en mariage.

« … tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : ‘Voici, je viens. Dans le livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse…’ »

Agnès résiste et répond à son prétendant :

« Depuis longtemps je suis fiancée à un Epoux céleste et invisible ; mon cœur est tout à Lui, je Lui serai fidèle jusqu’à la mort. En L’aimant, je suis chaste ; en L’approchant, je suis pure ; en Le possédant, je suis vierge. Celui à qui je suis fiancée, c’est le Christ que servent les anges, le Christ dont la beauté fait pâlir l’éclat des astres. C’est à Lui, Lui seul, que je garde ma foi »

« J’annonce la justice dans la grande assemblée ; vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais »

Agnès est traduite comme chrétienne devant le préfet de Rome, dont elle a rebuté le fils.

Elle persévère dans son refus :

« Je n’aurai jamais d’autre époux que Jésus-Christ »

On veut la contraindre à offrir de l’encens aux idoles, mais sa main ne se lève que pour faire le signe de la Croix.

Vient alors l’heure du martyre : Agnès est jetée sur un bûcher ardent, mais les flammes la respectent et forment comme une tente autour d’elle et au-dessus de sa tête.

Pour en finir, le juge la condamne à avoir la tête tranchée. Le bourreau tremble ; Agnès l’encourage : « Frappez, dit-elle, frappez sans crainte, pour me rendre plus tôt à Celui que j’aime ; détruisez ce corps qui, malgré moi, a plu à des yeux mortels »

Telle est l’Espérance d’Agnès, celle qui animait aussi le psalmiste :

« Tu seras l’allégresse et la joie de tous ceux qui te cherchent ; toujours ils rediront : ‘Le Seigneur est grand !’ ceux qui aiment ton salut »

Prenons un temps de silence pour que l’Esprit de force, de fermeté et d’Espérance qui a accordé à Sainte Agnès de rester fidèle nous anime nous aussi… Et rendons-nous disponibles à son action.

Temps de silence

Notre Père

Oraison

En ce jour où nous faisons mémoire de Sainte Agnès, nous te rendons grâces pour ces Saints et Saintes qui ont voulu te rester fidèles. Ils ont consenti à perdre leur vie mortelle, pour la gagner, éternelle, auprès de Toi. Accorde-nous d’enraciner notre vie dans ta Parole, afin que la confidence du psalmiste soit aussi la nôtre : « Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles ». Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

 


mercredi 20 janvier 2021

Liturgie de la Parole 2e mercredi TO

 (sœur Bernadette)

Introduction :

Janusz Korczak, un médecin juif, a écrit à l'époque du national-socialisme : "Quelle chance que les médecins et la police ne puissent pas me dicter la fréquence de mes respirations par minute et la fréquence à laquelle mon cœur a le droit de battre".[1] Par cette réflexion, le médecin dénonce qu’un pouvoir totalitaire développe beaucoup de manœuvres pour altérer notre liberté, mais il ne peut pas tout nous enlever.  Dans l'Évangile d'aujourd'hui, cette situation est illustrée par la réaction des Hérodiens et des Pharisiens à l’égard de Jésus qui guérit l’homme à la main desséchée par compassion, par amour de son prochain. Ces ennemis de Jésus se retranchent derrière une conception rigide de la loi : « la loi, c’est la loi ». Jésus respecte la loi puisqu’au sabbat, il se rend à la synagogue comme ses contradicteurs, mais il veut leur faire comprendre que la loi ne peut exclure l’amour, la compassion, la miséricorde ! 

Dans la prière, demandée par Jésus personnellement, tendons la main emplie de toutes les choses desséchées que nous portons en nous pour qu’il nous aide à nous relever. "Dieu est surtout et à tout moment intéressé par le bien de l'homme !"[2]


Lecture : Héb 7,1-3.15-17 // Ps 109 (110) // Marc 3,1-6


Méditation :

Laissons-nous parler l’homme avec la main desséchée ?

« Seigneur, mon Dieu, je crie vers toi sans relâche ».[3] « Accomplis un signe en ma faveur ».[4] « Ouvre l’oreille à ma plainte, car mon âme est rassasiée de malheur. »[5] « Nombreux sont-ils à déclarer à mon sujet : ‘Pour lui, pas de secours auprès de Dieu !’ »[6] « Combien de temps, Seigneur, vas-tu m’oublier, combien de temps, me cacher ton visage ? Combien de temps aurai-je à supporter cette misère jour après jour ? »[7]

Combien de fois n’ai-je pas appelé Dieu de cette façon avec l’impression qu’il semblait ne pas m’entendre. Ma main est desséchée et a cessé de fonctionner il y a longtemps. Comme c’était beau quand elle était en pleine utilisation, mais cela semble bien loin. Maintenant, je ne peux ni "donner" ni "prendre" quoi que ce soit avec elle. J'ai besoin de l'aide de l'autre, et celle-ci m'est donnée à contrecœur aujourd'hui, le jour du sabbat.[8] Le monde entier me regarde avec pitié et, de manière condescendante, me tolère.

Mais aujourd'hui, c'était différent. Car le Seigneur de la Danse est entré dans la synagogue et aussitôt il y a eu une vibration dans l'air. Tout le monde est obsédé par une question : ce fauteur de troubles va-t-il violer notre saint Sabbat ? Je me croyais protégé dans le coin et je voulais être seulement un observateur dans le spectacle tout entier.

Mais Il m'a regardé comme aucun homme ne l'avait jamais fait auparavant - vraiment, Dieu seul peut regarder dans ton cœur comme cela. "Un rayon divin semblait pénétrer dans mon cœur, le faire briller. Il a adouci le tissu de mon cœur, qui s'était durci au fil des ans, incrusté et déformé.[9] Il a chanté : « Lève-toi et viens au milieu. »[10] Mon cœur s'est arrêté soudainement et s'est mis à danser lentement sur un nouveau rythme. MOI, moi l'homme à la main desséchée ? Un bon à rien ? « Je suis chassé de la vue de Dieu ! »[11] Que pourrais-je apporter de plus dans ce monde ?

Tout tournait autour de moi et je me suis laissé emporter par le rythme de la mélodie. J'ai tendu ma main desséchée et sans vie à cet homme. Cette main que j'ai toujours essayé de cacher à tout le monde, car c'est la honte de ma vie. Pourtant, personne autour de moi n'a bougé au son de cette mélodie, et pourtant il les a courtisés en dansant avec ses regards provocants, mais tendres. Pourtant, leur cœur, qui après tout était construit de la même manière que le mien, est resté sans vie et comme pétrifié. Pas un seul cœur n'est entré en vibration.[12],[13] Comment cela est-il possible ?

Alors même que je réfléchissais à cela, je sentais la partie morte de mon avant-bras ramenée à la vie "par une main d'artiste tendre et divine".[14] Ma main est devenue chaude et vivante. Je pouvais à nouveau bouger les doigts et sentir la grandissante force. Ceux qui m'entouraient ont vu ce qui se passait, mais aucun des spectateurs n'a compris. Ne s'agit-il pas de tous les chefs de synagogue qui soit connaisseurs ? Ils savent généralement ce qui est bien et ce qui est mal. Une nouvelle vie m'a été donnée et, eux, ils prévoient la mort du bienfaiteur. Qui fait le mal : ceux qui complotent un meurtre ou celui qui m'a sauvé la vie ? Comme il est écrit, "les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées"[15]. Cela s'avère vrai. J'ai été guéri et j'aurais pu crier de joie et ils se sont tous enfermés dans la méchanceté et l'obstination. Je comprends maintenant au sens le plus profond du terme : le sabbat est le jour où l'on loue Dieu et où l'on rend grâce pour la vie qu'il nous a donnée. Désormais, je me réjouirai et « je te rends grâce de tout mon cœur et de tous mon corps, car ton amour pour moi est grand. Tu m'as arraché des ténèbres et tu as ouvert le chemin de la vie. »[16] Danse mon âme devant la face de Dieu pour toujours et à jamais.


Notre Père : Prions.


Prière de conclusion (sœur Marie-Pierre):

Dieu très bon, Béni sois-tu pour le regard de tendresse que tu portes sur le corps de Jésus cloué sur la croix, et que tu as ressuscité. Pour le regard de tendresse que tu portes sur chacun de tes enfants.

Aux Apôtres désemparés, tu as montré les plaies de tes mains afin qu’ils croient en ton Fils Jésus. Regarde les souffrances physiques et morales que portent les hommes et guéris-les. Nous te le demandons par Jésus ton Fils bien-aimé et ton Esprit Saint, dès maintenant et pour les siècles des siècles.



[1]  Janusz Korczak. Leben und Werk. Ein Leben für Kinder. Lebensworte. Kiefel/Gütersloher Verlaghaus, 2000

[2] , 8  cfr. Predigt von Antje Rinecker zum Evangelium Markus 3,1-6; Andreaskirche, 2013

[4] Psaume 85,17

[5] Psaume 87,3-4

[6] Psaume 3,3

[7] Psaume 12,2-3

 

[9] Cfr.Edith Stein; Verborgenes Leben und Epiphanie; Edith Steins Werke, Band XI

[10] Marc 3,3

[11] Jonas 2,5; Psaume 30,23

[12] Cfr. Sydney Carter, „Lord of the dance“, 1963 ;

[13] cfr. Psaume 32,15

[14] Cfr.Edith Stein; Verborgenes Leben und Epiphanie; Edith Steins Werke, Band XI

[15] Is 55,8

[16] Psaume 85,12-13