(Rosy)
« La
tempête apaisée » voilà un épisode évangélique tellement connu, commenté,
représenté…
Le défi du jour
est donc de le laisser nous surprendre, nous apporter du nouveau, à chacun
selon son besoin ou son désir.
Je retiendrai a priori deux mots, qui sont dans les
questions de Jésus : peur et foi, peur et confiance.
Permettez-moi
une anecdote : nous préparions un voyage en Bolivie
avec quelques jeunes de notre groupe paroissial pour rejoindre un couple d’animateurs
partis comme coopérants. Mais tout allait mal en Bolivie… et j’avais de plus en
plus peur d’y aller, de me lancer dans ce genre de circonstances pleines d’insécurité.
J’avais « une grande peur »
J’en ai parlé
avec un ami.. bénédictin… et il m’a posé une simple question, un peu comme
Jésus dans la barque, 5 mots qui ont emporté toutes mes peurs et décidé de mon
accord : il m’a dit « Et si tu leur faisais confiance ? »…
faire confiance à tous ceux qui allaient nous accueillir. Une question qui me
guide toujours.
Donc, « Passons
sur l’autre rive » faisons ce voyage, cette traversée entre deux rives
complètement contrastées : au
départ, une grande foule qui écoute Jésus, tellement nombreuse qu’il doit se
réfugier dans une barque « sur la mer » précisait le texte, foule qui
était « face à la mer ». De l’autre, un seul homme, possédé, puis une
foule qui chasse Jésus… et celui-ci reprend la mer… Mais cela, c’est une autre
histoire.
Entre les deux
donc, la traversée sur cette fameuse mer et ses enseignements.
Et
dans les psaumes de cet office j’entends déjà l’appel au secours des disciples
:
Ps19 Que
le Seigneur te réponde au jour de détresse,
J’entends
aussi que la gloire de Dieu se déploie dans le cosmos et la maîtrise des
éléments naturels Ps18 Les cieux
proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
La mer ! Elle
est partout présente dans la Bible, et avec toute son ambivalence.
Depuis la
création, le déluge, la Mer Rouge… Jonas aussi qui mériterait une étude
parallèle avec la tempête apaisée… mais je n’ai que 5 minutes !!
Les
Psaumes dépeignent Dieu comme apaisant le vacarme des mers (Ps 64, 8) – maîtrisant
l'orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c'est lui qui les apaise»
(Ps 88, 10) - et aussi réduisant la tempête au silence et faisant taire les
vagues» (Ps 106: 29).
Que de scènes d’évangile
aussi qui se déroulent au bord de la mer, ou sur la mer…
Dans le récit de
ce jour, tout est grand :
-
La grande foule sur le rivage, celle qui écoute Jésus -
la multitude selon une autre traduction,
-
La tempête. Un grand
tourbillon de vent dit la TOB ; car le mot grec comprend un préfixe que
nous connaissons bien « méga », même passé dans le langage très
contemporain !!
-
Le grand calme de la mer après la tempête
-
La grande peur des apôtres, ou plutôt les grandes
peurs
Tout est
tellement grand qu’ils se sentent profondément menacés.
Prenons la scène
à ce moment où l’eau envahit la barque qui se remplit.
C’est le moment
du désespoir, le moment où l’on s’est battu autant qu’on le pouvait et où l’on
constate que c’est en vain.
C’est le moment
où ils se décident (enfin) à appeler au secours. Comme une ultime tentative.
En fait, chez
Marc, ils n’appellent pas à l’aide. En ce moment dramatique, ils passent leur
temp à faire des reproches à Jésus !! Ils l’appelle « maître », et
non pas Seigneur comme chez Mt – autrement dit c’est le prof, l’enseignant, et
non pas l’envoyé de Dieu.
C’est vrai qu’il
est très « humain », endormi là, à la poupe, sur ce coussin trempé
par les vagues.
« Cela ne
te fait rien que nous périssions ? » c’est une accusation d’abandon !
Faut-il se réjouir de la parole libre des apôtres vis-à-vis de Jésus ? On dit
souvent que tout peut se dire dans la prière.
Ou faut-il s’étonner
de cette grande méconnaissance du cœur de Jésus qui s’exprime ainsi ?
Jésus a-t-il
entendu cette interpellation ? A-t-il fallu le secouer ?
Toujours est-il
qu’il réagit au quart de tour : il s’adresse aux éléments « et le
vent tomba » comme les possédés « tombent » aux pieds de Jésus.
Et c’est vrai qu’il y a bien des points communs entre les exorcismes et cette tempête
apaisée, notamment l’ordre de se taire.
Si le calme est
revenu sur la mer, ce n’est pas le cas dans le cœur des apôtres : la
puissance de Jésus face aux éléments, qui est en quelque sorte un attribut de Dieu
lui-même, provoque en eux une nouvelle peur : s’il était trop humain dans
son sommeil, le voilà trop divin dans son autorité. « Qui donc est-il ? »
De nouveau, la question est bien là. Pour eux, il est devenu objet de peur !
La réprimande de
Jésus est brève et claire, formulée en deux questions : « Pourquoi
avez-vous si peur ? » « Vous n’avez pas encore de foi ? »
Alors, qui
est-il ? Sinon un Dieu plein de tendresse et de sollicitude, et ces questions,
n’expriment-elles pas finalement toute l’étendue de son amour déçu ?
Car nous voilà
revenus à ces deux mots-clés : Peur et confiance. Ou peur et foi, la foi
est bien la sœur jumelle de la confiance, n’est-pas ? La peur, c’est le
contraire, c’est l’opposé de la confiance, et inversement. Bien sûr, la peur a
sa raison d’être et nous ne pouvons nous reprocher d’éprouver ce sentiment qui,
d’ailleurs, peut être cause de sauvegarde. Mais la peur ne peut nous submerger,
comme l’eau menaçait de submerger la barque.
Seule la confiance
nous permet de maîtriser la peur.
Confiance en
soi, confiance en l’autre, confiance – ou foi – en Dieu.
Qui donc est-il ?
Et s’il était celui qui mérite notre totale confiance ? Mais qui, d’abord,
nous en fait le don. Quand je regarde Jésus reposant sur son oreiller, je ne
peux m’empêcher de penser : lui, la peur ne l’atteint pas, lui, il fait
confiance à ses marins d’apôtres… et à son Père…
Eux, à qui Jésus
fait une telle confiance, ils seront de plus en plus capables de se fier aussi
à Lui et à tous leurs frères. Plus la foi grandira, plus la peur s’éloignera…
Nous pouvons
poursuivre notre traversée, nous sommes en bonne compagnie dans la barque.
Les grandes eaux
ne peuvent éteindre l’amour !
Invitation au Notre
Père :
Avec Jésus, qui
a toute la confiance du Père, nous osons dire…
Prière finale :
Nous te prions, Seigneur
notre Dieu,
Avec
Zacharie, nous nous rappelons le serment juré à Abraham de nous rendre sans
peur,
pour
que, libérés de la main de l’ennemi,
nous
te servions dans la justice, en ta présence, tout au long de nos jours.
Tu es
le Dieu fidèle, réalise pour nous cette promesse
car tu
es avec nous pour les siècles des siècles…