samedi 31 octobre 2020

Célébration du 30e samedi du Temps ordinaire

(sœur Myrèse)

Introduction : En cette période de pandémie, nous voilà avec une parole incroyable de st Paul : pour moi vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage.  Voilà qui n’est pas invitation au suicide, ni aux imprudences sanitaires, mais à reconnaître que l’essentiel, est d’être en Christ, de l’être toujours davantage. Et cela, rien ne peut y porter atteinte, pas même la mort ! que du contraire ! Et oui, Paul sait que rien ne pourra le séparer de l’amour du Christ ! En cette période, il est bon de nous rappeler ces paroles fortes, de nous recentrer ainsi sur cet essentiel ! et alors on peut au fil des jours, discerner le chemin à prendre, pour demeurer fidèles à cet essentiel.  Pour demeurer fidèles au Christ, au Père et à l’Esprit. Ce qui nous rendra aussi fidèles à la fraternité universelle à laquelle le Christ nous invite. Entrons dans cette célébration, avec Marie, dont la liturgie fait mémoire ce samedi. Elle qui a mis le Christ au centre de sa vie. Elle qui a accepté de le mettre au monde. Elle qui ne cesse de le mettre au monde en nous, si seulement nous l’accueillons.

Après l’Evangile :  Et voici, encore une page d’évangile que nous risquons de prendre pour un code de savoir-vivre. On a envie de dire à Jésus, tu n’as vraiment rien d’autre à nous raconter, que nous apprendre les bonnes manières. C’est clair qu’il ne faut pas s’installer aux premières places, mais prendre celle que l’on nous donne, et si on ne nous en donne pas, prendre la dernière !

Ce n’est vraiment pas très excitant cet évangile. Mais d’emblée st Luc, nous dit qu’il s’agit d’une parabole. D’un texte qui au départ d’un fait du quotidien, veut pointer vers un ailleurs donc. Et quel est cet ailleurs ? c’est à chacun.e, de le chercher. Quelques éléments pour tenter un chemin ?

Tous et toutes nous cherchons notre « place » en ce monde, en cette société. Jésus nous dit, que cette place est don de Dieu. On ne se l’attribue pas à soi-même, on la reçoit. Et c’est grâce ! car le don de Dieu est définitif. Il est pur don, sans exigence d’un retour. Si tu t’attribues une place, tu dois ensuite sans cesse te battre, pour montrer que tu la mérites, que c’est bien ta place, et tu risques de t’identifier à tes mérites. Dieu lui t’offre une place parce qu’il t’aime ! sans que tu l’aies mérité. En accueillant le don de Dieu, comme un don et non comme un mérite, tu passeras ta vie, non point à chercher à mériter, mais bien à répondre ! ta place est dans le cœur de Dieu, que veux-tu de mieux ? elle t’est offerte de toute éternité !         

Dans quel univers cherchons-nous une place ? dans la société humaine, en cherchant prestige et honneur ? dans la fraternité humaine, en cherchant l’unique nécessaire : l’Amour ? si nous acceptons que notre place est située dans l’amour de Dieu, en son Royaume, alors notre vie va s’ordonner en fonction de cette espérance, et nous allons sans cesse nous ajuster à ce royaume. Alors certaines valeurs qui nous paraissaient capitales, deviennent dérisoires. L’élèvement convoité, au départ, devient vain, face au bien suprême qu’est l’amour du Christ.

Nous venons d’entamer la lecture de la lettre aux Philippiens, si le jour des défunts et la saint Hubert ne venaient pas interrompre le cycle des lectures du temps ordinaire, nous lirions ces versets lundi : s’il est vrai que dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, on s’encourage dans l’amour, on est en communion dans l’Esprit, on a de la tendresse et de la pitié, alors… ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants et vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais plutôt des autres. Et la suite le mardi : Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : et suit la poignante hymne décrivant comment Jésus est descendu au plus bas, pour nous, et combien le Père l’a élevé. Ne pensez-vous pas que cette hymne est expression parfaite en la vie de Jésus, de la parabole de l’évangile d’aujourd’hui. Méditons cela ensemble. Ensuite je vous propose que nous reprenions cette hymne des Philippiens. Marie nous accompagne en cette prière, souvenez-vous de son magnificat !

Invitation au Notre Père : Dieu qui a réservé pour chacun, chacune, une place en ton cœur de Père, nous te bénissons. A notre tour, accorde-nous de te faire toute la place en notre cœur, en faisant place à nos frères et sœurs ! alors ensemble, en cette fraternité de ton Royaume, nous dirons avec toujours plus de sincérité la prière que Jésus nous a apprise :

Prière conclusion : Père, nous te rendons grâce. Par amour pour nous tu as envoyé ton Fils Jésus partager notre condition humaine. Il nous a aimés au point de livrer sa vie pour nous, jusqu’à la mort, et la mort de la croix. Et tu l’as élevé dans la gloire auprès de toi, pour toujours. Nous t’en prions, donne-nous d’accompagner Jésus en ce chemin de don de soi, en cette kénose de l’amour. Lui qui …


vendredi 30 octobre 2020

Célébration du 30e vendredi du Temps ordinaire

 Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

Paul est en prison et écrit aux habitants de Philippes.

Il y exprime une grande reconnaissance et beaucoup d’affection.

J’y glane quelques mots pour guider notre méditation de ce jour :

« Je vous porte dans mon cœur, vous qui communiez tous à la grâce qui m’est faite dans mes chaînes »

Dans l’Evangile, la question de Jésus est digne d’attention :

« Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? »

Et nous, en ce jour, tel(le)s que nous sommes, nous recevons ces deux lectures pour nous conduire plus avant sur notre chemin de compagnonnage avec Jésus.

Commençons par présenter au Seigneur les intentions des hommes et femmes de notre temps car, comme le chante le psalmiste, « le Seigneur est tendresse et pitié »…

Méditation

De sa prison, Paul s’adresse aux Philippiens. Aux responsables et ministres de l’Eglise et, plus largement, à chacun(e) d’entre nous :

« À vous, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ »

La « grâce », c’est littéralement « se pencher favorablement vers quelqu’un ».

Lorsqu’il s’agit de la Grâce de Dieu, c’est sa présence en nous, son Esprit qui nous inspire, nous appelle, nous accompagne.

Cette Voix intérieure qui nous parle au-dedans, au nom de Dieu.

Puis Paul renchérit : « Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je fais mémoire de vous »

Oui, paradoxalement, dans sa prison, Paul est dans la joie :

« Vous communiez tous à la grâce qui m’est faite dans mes chaînes… »

Une double raison justifie sa joie : la Grâce de la présence de Dieu dans les chaînes et la communion des Philippiens.

Voilà une Bonne Nouvelle pour aujourd’hui !

Même dans les chaînes, Dieu nous est présent…

Quelles sont les chaînes qui peuvent nous retenir, nous enfermer ?

Certes, les détenus ne sont pas les seuls emprisonnés sur notre terre !

Tant de nos contemporains sont prisonniers de ce qui les accable, de la souffrance, de la rancœur, de la haine… mais aussi de notre société de consommation, de la domination de la publicité, des addictions et des plaisirs futiles.

Eh bien, dans ces chaînes, nous pouvons avoir la conviction, la certitude, l’expérience de la présence de la Grâce.

Cette Grâce, c’est l’Esprit de Dieu, qui peut nous travailler le cœur, si nous le laissons agir… Il nous libère et nous ouvre à l’Espérance.

Et cette Grâce rejaillit en joie !

La deuxième cause de la joie de Paul, c’est la communion des autres à sa vie :

« Vous qui communiez tous à la grâce qui m’est faite dans mes chaînes comme dans la défense de l’Évangile et son annonce ferme »

Cette communion, c’est le lieu de notre liberté et de notre responsabilité.

Oui, les hommes et femmes de notre temps comptent sur notre témoignage de la présence de Dieu… Pourrons-nous en témoigner, là où nous sommes ?

Et dans l’Evangile, Jésus pose la question :

« Est-il permis, oui ou non, de faire une guérison le jour du sabbat ? »

Le silence des docteurs de la Loi et des pharisiens est révélateur.

Pourtant, en bons connaisseurs de la Loi, ils auraient pu répondre « non, ce n’est pas permis ».

En Gn 2, le jour du Sabbat, Dieu s’est reposé… Donc, l’être humain ne peut pas travailler !

Mais pour Jésus, la réponse est « oui », puisqu’il guérit le malade.

En effet, la guérison dans l’Evangile et le témoignage de la présence de Dieu dans la lettre de Paul ne sont pas des travaux profanes, mais des tâches spirituelles.

Il n’y a pas de « vacance » quand il s’agit de faire triompher la Vie !

Il en va de même pour nous :

Ecoutons au creux du cœur ce que l’Esprit veut nous dire… et soyons-en des témoins, là où nous sommes. Aujourd’hui, à chacun de nous, Dieu est présent !

Temps de silence

Notre Père

Oraison

Seigneur, ton Apôtre s’est réjoui de la présence de Ta Grâce dans sa prison. Il nous transmet le témoignage d’un Dieu qui le libère dans ses chaînes et nous invite à annoncer la liberté que Tu offres à tout être humain. Dans l’Evangile, ton Fils guérit le jour du Sabbat. Aucun lieu ni aucun temps n’est un obstacle pour faire triompher Ta Vie ! Accorde-nous d’en être les témoins aujourd’hui et chaque jour. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

jeudi 29 octobre 2020

Célébration du 30e jeudi du Temps ordinaire

 Introduction :

« La poule et le renard ». Est-ce une nouvelle fable de la Fontaine ? Ou tout simplement le titre de l’évangile d’aujourd’hui ?

« La poule et le renard », les forces sont inégales. Ça ne peut que mal tourner, cette histoire-là… Car il s’agit bien d’un combat.

C’est ce que nous entendrons dans la première lecture, la fin de la lettre aux Ephésiens que nous lisons depuis deux semaines. Paul nous encourage à être forts. Et il nous donne le secret de la force ! Nous verrons cela, mais commençons par chanter les psaumes, qui sont, eux aussi, révélateurs d’un combat !

Commentaire :

Jésus est en route vers Jérusalem. Des Pharisiens viennent vers lui et lui disent : « pars, va-t’en d’ici, Hérode veut te tuer ». Jésus n’est pas dupe. Ce sont les pharisiens qui veulent le voir partir et qui espèrent arriver à leurs fins en lui faisant peur. Jésus ne craint pas Hérode ni les pharisiens : il leur donne rendez-vous à Jérusalem. Jésus est l’homme qui marche, aujourd’hui, demain et le jour suivant, jusqu’à ce qu’il arrive au but, sans se laisser distraire par les renards du chemin… Il est chaussé, comme dirait Paul, de « l’ardeur à annoncer l’évangile de la paix ».

L’évocation de Jérusalem amène alors la parole suivante, qui est comme une lamentation sur la ville sainte. « Jérusalem, Jérusalem, … combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! ». L’image d’un oiseau qui plane et protège ses petits sous ses ailes déployées est une image de Dieu dans l’AT. C’est ainsi qu’il se présente à Israël, par la voix de Moïse, dans le livre de l’exode et du Deutéronome : « Tel un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits, il déploie son envergure, il le prend, il le porte sur ses ailes » (DT 32, 11). L’aigle est un oiseau impressionnant et inaccessible. La mère poule… est tellement plus proche de nous, plus familière ! Et tellement plus fragile aussi, tellement plus vulnérable. Que peut la poule contre l’aigle ou contre le renard ? Cependant, quand elle rassemble ses petits sous ses ailes, elle y croit ! Elle étend sur ses petits le bouclier de la foi ! La force de la poule, c’est sa tendresse, et aussi sa vigilance !

Oui, pour revenir à Paul dans sa lettre aux Ephésiens, la vie chrétienne à la suite du Christ est un combat, et un combat inégal. Et cela, c’est tout à fait d’actualité ! Après nous avoir invités à être forts, à nous armer de puissance, Paul décrit l’adversaire. Il utilise des concepts qui nous semblent obscurs (dominateurs de ce monde de ténèbres, principautés, souverainetés, esprits du mal qui sont dans les régions célestes…).

Démasquer l’adversaire, apprendre à le connaître, débusquer ses ruses : c’est le début de toute stratégie. Comment traduire cela dans des mots d’aujourd’hui ? Qui sont nos adversaires ? La pandémie ? La crise économique et écologique ? Les catastrophes naturelles ? Plus profondément, ce qui se cache dans le cœur, ce qui nous ronge : le découragement, l’indifférence, le repli sur soi, le déni de la gravité de la situation, la peur de l’autre, le mensonge, la manipulation des consciences… ce ne sont pas des ennemis de chair et de sang, mais ils sont puissants !

Paul nous dit : il ne s’agit pas de les attaquer frontalement, ces ennemis, mais de tenir, de tenir bon, de résister. Comment ? Il nous donne des armes : ceinturon de la vérité, cuirasse de la justice, ardeur à annoncer l’évangile, bouclier de la foi… Jésus, dans l’évangile, nous en montre d’autres : ruse du renard, détermination à aller jusqu’au bout de sa mission, confiance en soi, amour tendre de la poule, vigilance… Comme dans tout combat, les armes seront d’autant plus efficaces que l’on se sera bien entraîné. Mais il y a une condition supplémentaire qui apparaît dans le texte : c’est de savoir que nous ne pouvons rien sans l’Esprit… et que si nous avons l’Esprit, nous pouvons tout ! C’est l’Esprit qui nous donnera de prier et de rester éveillés dans la supplication. Nous voilà au cœur de notre vocation. Que ces paroles de l’apôtre nous encouragent à persévérer !

Prière de conclusion.

Seigneur Jésus, tu marches devant nous, tu marches vers Jérusalem sans te laisser arrêter par les embûches du chemin. Tu nous invites à t’accompagner, mais c’est toi qui nous accompagnes. Tu es avec nous dans toutes nos épreuves, tu nous abrites sous tes ailes, tu nous délivres de la peur. Parfois, tu pleures devant nos refus de confiance… pardonne-nous ! Apprends-nous la vigilance, accueille notre humble prière et protège l’humanité d’aujourd’hui en lui révélant ton salut. Toi qui nous aimes, dans l’amour du Père et de l’Esprit, pour les siècles des siècles.

 

mardi 27 octobre 2020

Célébration du 30e mardi du Temps ordinaire

Introduction : Bonjour et bienvenue à cette célébration où nous nous retrouvons en communauté élargie et en Église. Dans la première lecture saint Paul nous présente le mystère du mariage en lien avec le mystère du Christ aimant l’Église, donnant sa vie pour elle. Mystère d’amour où chacun regarde et aime l’autre en vérité et respect. Je n’en dirais pas plus, ce mystère est trop grand !
Dans l’évangile Jésus nous parle de la puissance de vie du règne de Dieu ; nous la méditerons à l’aide d’un texte court.
Poursuivons notre célébration par le chant des psaumes, en notre nom et au nom de l’Église et de l’humanité tout entière.

Commentaire : Voici un poème-prière trouvé sur le site jésuite www.jardinierdedieu
Puis nous prendrons un temps de silence en musique.
Pour grandir, une graine doit être semée.
Pour grandir, la Graine de Dieu qui vit en nous doit être donnée.
Alors...
 
Sème ton sourire,
Il illuminera des visages.
 
Sème ta douceur,
Elle apaisera ceux que tu rencontres.
 
Sème le grain de l'amitié,
Il réchauffera des cœurs.
 
Sème ta tendresse,
Elle guérira les blessures.
 
Sème des signes d'amour,
Ils seront bonheur pour ceux qui les accueilleront.
 
Sème des paroles de paix,
Elles éloigneront les nuages de la vie.
 
Sème ta prière,
Sème-la,
Sème-la encore,
Elle portera le monde...
 
Une graine, c'est tout petit...
Mais cela peut devenir maison pour tout un monde !
 
Que ta vie soit comme le levain dans la pâte !
 

Introduction au Notre Père : Unis à tant d'hommes et de femmes dans le monde, prions le Père qui sème sans cesse son amour dans les cœurs et chantons-lui la prière reçue du Seigneur.
 
Oraison de conclusion : Seigneur, Dieu de vie, de douceur, d'amitié, de tendresse, d'amour, de paix, de prière, continue ton action dans les coeurs. Donne-nous et à tous les chrétiens d'en être les artisans et les témoins heureux et rayonnants, malgré nos faiblesses, nos limites, nos manques d'amour.
Que la semence de ton règne vienne et lève dans le monde et que tous les hommes te rencontrent d'une manière ou d'une autre. Toi notre vie, avec le Fils et l'Esprit dès aujourd'hui et pour toujours.

lundi 26 octobre 2020

Célébration du 30e lundi du Temps ordinaire

(sr Myrèse) 

Introduction : Soyez bons, ayez des tripes ! ainsi pourrait-on traduire les premiers mots de l’épître d’aujourd’hui. Oui, st Paul, va nous exhorter à la vie en Christ, tissée dans l’amour, le respect, le pardon. Oui, nous sommes appelés à la lumière. Accueillons cette lumière qu’est Jésus, et devenons avec lui lumière. Prenons un petit temps de silence pour entrer dans cette liturgie, pour déposer devant Jésus, tout ce qui en nous appartient au monde des ténèbres, tout ce qui pèse sur nous, nous fait ployer, nous courbe. Ensuite, avec toute l’Eglise nous chanterons les psaumes, prière du Christ, prière de l’humanité.

 

Après l’évangile : Voici un texte d’Evangile connu ! faut-il encore le commenter ? et bien oui, il est connu ! c’est clair ! mais l’Evangile n’est pas là pour satisfaire une quête maladive de nouveauté, mais pour que nous le vivions. Alors la question n’est plus : vous connaissez cette page ? mais la vivez-vous ?

Qui est cette femme ? ce pourrait être chacun, chacune de nous. Ce peut-être notre humanité tout entière. Que sommes-nous venus chercher en ce moment de liturgie ? qu’est-ce qui nous courbe, nous replie ? depuis longtemps ? 18 ans !!! dans le livre des juges, par deux fois, Dieu suscite un juge après 18 ans d’oppression du peuple par un peuple voisin. Et alors Dieu intervient, il envoie un libérateur. Ici, il envoie son fils ! son bien-aimé.

Ici, une femme vit courbée depuis 18 ans. Elle doit y être habituée, elle doit ne plus trop s’en rendre compte, elle doit avoir trouvé le moyen de tourner la tête sur le côté pour voir ce qui se passe, elle doit avoir l’habitude de contempler ses pieds, elle doit connaître les obstacles du chemin par cœur. Peut-être s’émerveille-t-elle quand même des petites fleurs du chemin. Mais elle va courbée, comme ployant sous un fardeau, tellement inscrit en son existence. Elle n’imagine plus pouvoir en être délivrée. Elle ne se présente pas à Jésus pour demander une guérison, elle ne cherche pas à le toucher à la dérobée, comme l’on fait d’autres. Non, elle est là, à la synagogue, car c’est sabbat.

Et Jésus la voit. Laissons-nous regarder ainsi de l’intérieur. Vous sentez le regard de Jésus se poser sur vous. Elle ne croise probablement pas le regard de Jésus, elle est courbée. Alors il lui parle. Il lui annonce sa libération. Et puis, il lui impose les mains. Un regard, une parole, un toucher. Et voici la femme libérée, redressée. Elle doit en perdre un brin l’équilibre, car elle était tellement habituée à porter son poids ainsi, dans la courbature, et la voici toute droite. Et la voici qui rend gloire à Dieu.

Vous sentez en vous le chemin du regard, de la parole, des mains de Jésus. Percevez-vous son initiative pour vous aujourd’hui : que veut-il dénouer en vous aujourd’hui ? que veut-il déplier ? qu’est-ce qui en vous était ainsi écrasant au point de vous courber.

Alors bien sûr, autour cela murmure ! le sabbat on chôme, et vous le savez, Jésus dit « non » ! le sabbat, c’est le jour par excellence pour célébrer la libération. C’est le jour par excellence pour venir se placer sous le regard, la parole, la main de Dieu. Ne privons pas Dieu de sa joie de libérer, de sauver.

Plaçons-nous sous son regard, sous sa parole, sous sa main. « Femme, te voilà délivrée de ton mal ».  A chacun, chacune, de remplacer ce « femme », par son prénom. « te voilà délivrée de ton mal ».

 

Invitation au Notre Père : Jésus, avec toi, nous voulons suivre la voie de l’amour, c’est pourquoi, avec toi, nous redisons la prière que tu nous as enseignée :

 

Prière de conclusion : Seigneur, tu es venu en notre monde blessé, tu es venu à la rencontre de notre humanité, courbée, repliée, écrasée. Seigneur, tu es venu rendre à chacun la joie du salut. Nous t’en prions que ton salut aujourd’hui encore touche les cœurs, libère chacun des liens qui le retiennent captifs ! Seigneur accueille notre action de grâce pour la merveille de ton salut ! Nous t’en prions, par Jésus le Christ, notre sauveur !

 

Bénédiction : que le Dieu libérateur…


vendredi 23 octobre 2020

Célébration du 29e vendredi du Temps ordinaire

 Introduction [1] :

 Bonjour. Bienvenue à la table de la Parole.

Avez-vous prévu short, lunettes & chapeau de soleil ou grosses chaussettes, parka & bonnet ou simplement un léger pull ?  Qu’annonce la météo ?

Nous sommes de plus en plus objectifs et fins dans la perception de la météo de la nature qui nous entoure … parfois aussi dans la perception de la météo d’une communauté, d’un membre de la famille, d’un collègue, d’une sœur. Mais qu’en est-il de notre climat intérieur personnel ? Suis-je aussi fine dans son analyse, dans son jugement ? Quel temps fait-il dans mon intérieur ? Quels signes me donnent mon intérieur ? Aujourd’hui ? Maintenant ? Quels aspects me permettent de déceler ta présence dans ma vie ?

 Viens, Esprit Saint, souffler le brouillard de notre regard.

Viens, Esprit Saint, laver & dilater notre cœur.

Viens, Esprit Saint, modeler nos entrailles à l’image & à la ressemblance de celles de notre Père.

 Oui, toi qui révèles à ceux qui sont à hauteur d’humus le mystère de ton Royaume, envoie ta lumière ; qu’elle nous guide dans le discernement de ta volonté de réconciliation et de paix sur notre chemin afin que nous en devenions acteur.

 Après l’évangile [2] :

 Choisir de se mettre en route, choisir/accepter de marcher avec quelqu’un d’A/autre … vers un A/autre.  Au fond de nous, n’aurions-nous pas soif de réconciliation, réconciliation avec nos différences, avec notre météo intérieure, réconciliation au-delà de nos différences ?

 L’aspect de la terre et du ciel vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? (Lc 12,56)    Commentaire de Saint Augustin

 Quelqu’un, mis en éveil et touché peut-être par mes paroles, se demande : « Quel bien dois-je chercher ?  Où le trouver ? »  A toi qui cherches, voici ma réponse : « Le vrai bien est celui que tu ne peux pas perdre malgré toi ! Ton or, tu peux le perdre sans le vouloir ; ta maison, ta situation et ta santé elle-même, tu peux les perdre aussi, sans que tu le veuilles ; mais le Bien qui te rend vraiment bon intérieurement, comme tu ne Le reçois pas malgré toi, tu ne peux Le perdre non plus malgré toi.  Quel est donc ce Bien ? Toi qui cherches, écoute le Psalmiste qui parle d’un grand Bien, c’est peut-être Celui que nous cherchons : « Fils des hommes (dit-il), aurez-vous donc toujours le cœur appesanti ? »

 (…) Et le Psalmiste nous montre quel Bien il nous faut chercher.  Désormais, le Christ est venu ; Il a été glorifié, Il est ressuscité et Il est monté au ciel. Désormais, le Christ est prêché jusqu’aux extrémités de la terre.  Aurez-vous donc toujours le cœur appesanti ?  Jusques à quand ?  (…) Pourquoi toujours aimer la vanité et courir après le mensonge ? Vous recherchez encore ce qui brille, les plaisirs frivoles et éphémères ! Quoi ! Le Christ a été exalté si merveilleusement dans la gloire, et vous, vous recherchez encore tout cela ?

 Introduction au Notre Père 1 :

Donne-nous sans cesse, Seigneur,  ce sentiment d’urgence et d’imminence de ta venue afin que, détachés de nos passions terrestres, nous préparions tes chemins au sein de l’Humanité.  Pour cela, nous avons reçu de toi un « aide-mémo », un almanach, afin de nous souvenir de l’essentiel, de le percevoir :   Notre Père qui est aux cieux ...

 Oraison finale 1 :

Nourrissons notre espérance en décelant et méditant, grâce à ton Esprit, les signes des temps, offerts par toi : ces moments d’enrichissement, de déstabilisation, d’appauvrissement, de structuration ; car de tout temps Père tu nous signifies ton amour, ton désir de partager votre communion trinitaire.

Ainsi soit il, ton Royaume déjà présent et à ad-venir.                Amen



[1]Inspiration des prières du missel Ephata, tome 3, pp 1363-1367, et du commentaire du carme Jean Lévêque sur le verset Luc 12,56.

[2] Parole de Dieu, langage des hommes, tome 2, p 418.

mardi 20 octobre 2020

Célébration du 29e mardi du Temps ordinaire

Introduction : Bonjour et paix à vous. « Le Christ est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. »

Parfois nous croyons que nous sommes loin, et sans le savoir nous sommes proches, et d’autres fois nous nous croyons proches et nous sommes loin !

Mais, en fait nous sommes et serons loin de Lui, ce n’est pas nous qui comblons la distance, c’est lui. L’important est que, Lui, notre Dieu, en Jésus, s’est fait proche de chacun, de chacune, et nous a intégrés dans la même « construction pour devenir par l’Esprit Saint la demeure de Dieu. »

Lui, notre Dieu qui « prend la tenue de service, nous faits passer à table et nous sert chacun à note tour » : incroyable Dieu !

Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu,

Ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme,

ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. (1Corinthiens 2,9 cf. Isaïe 64,3 et 65,17 ; Ben Sira 1,10)

Dieu en moi et moi en lui, c’est ma vie, écrivait sainte Élisabeth de la Trinité, la carmélite de Dijon. C’est la réalité depuis notre baptême. Réalité vivante et dynamique.

Laissons-nous émerveiller et chantons notre action de grâce et notre prière par les psaumes.

Commentaire : « Frères, souvenez-vous qu'en ce temps-là vous n'aviez pas de Messie à attendre, vous n'aviez pas droit de cité dans le peuple de Dieu, vous étiez étrangers aux alliances et à la promesse, vous n'aviez pas d'espérance, et, dans le monde, vous étiez sans Dieu. » 

C’est ainsi que Paul parle aux Éphésiens… et qu’il pourrait parler aujourd’hui encore ! Portons dans notre cœur et notre prière tant de nos contemporains qui n’ont aucune perspective d’avenir et avancent sans espérance.

 Quels cadeaux avons-nous reçu ?

J'écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu'il dit, c'est la paix pour son peuple !
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Ces cadeaux qui sont une source de paix et de régénération en profondeur, Paul les a énumérés dans le passage que nous venons d’entendre et Jésus, dans l’évangile, nous dit à quel point notre Dieu renverse les perspectives.

Non pas servir Dieu, mais être servis par Lui ! Non du haut de sa grandeur, mais Lui, notre Dieu en tenue de service. Jamais l’homme n’aurait osé inventer un message pareil. Cette petite parabole propre à Luc nous dit vraiment une facette merveilleuse du cœur de notre Dieu. Laissons-nous émerveillés ! Les quatre évangélistes nous l’affirment. Pensons au lavement des pieds en saint Jean (Jn 13,1-15) et à la parole de Jésus rapportée par Matthieu et Marc : Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. (Mt 20,28 et Mc 10,45)

Hier en entendant le commentaire de Mère Myrèse et son histoire du Talmud sur les deux frères, cela a résonné en moi (j'avais déjà préparé cette célébration) et je me suis dit que notre Dieu est si heureux de nous servir par amour, et que c'est si beau et bon quand nous aussi nous sommes heureux, heureuses, de le servir et de servir nos frères et sœurs par amour. Une vraie béatitude, une source et une semence de vie qui ne tarit pas au contraire comme dit le Pape François, l'amour est la seule chose qui grandit quand on la partage.

 C’est pourquoi j'ai demandé à sœur Marie Gédéon de mettre sur le lutrin le lavement des pieds peint par l’artiste allemand Sieger Köde. Je vous laisse vous le contempler en silence.


 
Introduction au Notre Père : Par le Christ les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit. Dans cet Esprit chantons, en communion avec toute l’Église, la prière reçue du Seigneur.

Oraison de conclusion : Seigneur Dieu de paix, viens pacifier les cœurs. Toi qui as pris la tenue de service pour servir chaque personne unique à tes yeux. Donne à tous les hommes de se laisser bouleverser par ton amour. Viens les régénérer par ton Esprit. Qu’il nous garde vigilants ; que notre lampe reste allumée et notre cœur ardent, pour t’accueillir et entrer à notre tour dans la joie du service. Toi qui vis et aimes avec le Père et l’Esprit dès aujourd’hui et jusque dans les siècles.

lundi 19 octobre 2020

Célébration du 29e lundi du Temps ordinaire (sr Myrèse)

 Introduction : Nous voici en Eglise, nous voici en communauté, pour recevoir le pain de la Parole de ce jour. Aujourd’hui la Parole nous invite à revenir au cœur même de notre foi, au cœur même de ce qu’est l’être chrétien. St Paul nous dit : être chrétien, c’est vivre en sauvé. Car le salut nous est déjà donné. Et c’est par grâce que nous sommes sauvés, cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu ! voilà de quoi vivre en confiance, vivre en Christ ! l’évangile à première vue nous ramène aux choses bien matérielles, avec une question d’héritage, et une question de stockage des richesses… mais finalement n’est-ce pas la même question qui se joue ? veux-tu vivre en chrétien ? es-tu riche pour toi, ou en vue de Dieu ? Préparons-nous à accueillir cette Parole de Dieu en chantant les psaumes. Que notre cœur soit ouvert à la lumière divine.

Après l’Evangile : Plutôt que d’être captifs de nos raisonnements, des tendances égoïstes de notre chair, st Paul nous invite à accueillir le salut qui vient de Dieu, le salut qui nous place dans le Royaume de Dieu, en son amour, et cela dès maintenant. Alors comment allons-nous vivre ce Royaume ? Comment allons-nous vivre en Christ ?

Un homme vient trouver Jésus pour que Jésus règle des problèmes d’héritage. IL parait que cette demande arrivait régulièrement chez les rabbins. Jésus décline. Et puis s’adressant non pas à cet homme, mais à la foule en laquelle cet homme se trouve, Jésus raconte une parabole. On peut se dire : rien à voir avec la demande d’intervention en vue de partage d’héritage. Mais justement la fin de la parabole arrive avec cette question : ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? autrement dit : quel est la finalité de tes accumulations ? de tes thésaurisations ?

L’homme de la parabole est un homme isolé, il a accumulé des biens, probablement à force de travail. Cet homme est seul, en témoigne la quantité de pronoms personnels : moi, mon, mes… et la question finale, introduit soudain un autre : qui l’aura ? tellement seul cet homme, que la question « qui l’aura ? » tombe dans le vide. Le vide d’un être qui n’a d’autre horizon que lui-même. Et Jésus conclut : voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même au lieu d’être riche en vue de Dieu. On vient donc à la question : qu’est-ce qu’être riche en vue de Dieu ? qu’est-ce qu’être chrétien ? ou qu’est-ce qu’être fidèle au Dieu de Jésus ? qu’est-ce que vivre en sauvés ?

Dans la parabole de l’Evangile, les possessifs mon ma mes abondent. Dans l’épître, parlant du salut, abondent les nous. Être sauvé, c’est entrer dans le peuple de Dieu. Devenir membre de ce peuple par la grâce, reçue dans la foi. Et donc vivre en membre d’un peuple, vivre une fraternité nouvelle en Christ. Et alors nous pouvons regarder la question de l’héritage de manière nouvelle.

Fr François racontait à ce propos une parabole du Talmud : Un homme avait deux fils. À sa mort, il leur laissa un champ. (Héritage donc) Les deux frères le cultivaient ensemble et divisaient la récolte en parts égales. Mais une nuit, le jeune frère ne trouva pas le sommeil. Il se disait : "Mon frère est marié et il a de nombreux enfants. Moi, je suis tout seul. Je n'ai pas les mêmes besoins que lui." Il se releva, prit des gerbes de son tas de blé et alla les porter sur le tas de son frère. Cependant, le frère aîné ne dormait pas non plus. Il se disait : "Mon frère n'a pas d'enfants. Quand il sera vieux, qui s'occupera de lui ? Moi, j'ai une famille, mes enfants prendront soin de moi. Mais lui, il ne doit pas tarder à faire des réserves." Lui aussi se releva, prit des gerbes de son tas de blé et alla les porter sur le tas de son frère. Le lendemain, les deux tas étaient toujours pareils. Chacun des deux frères recommença l'opération la nuit suivante. Et au matin, chacun retrouva son tas de blé dans le même état que la veille. La troisième nuit, leurs insomnies coïncidèrent et ils se levèrent à la même heure. En allant porter des gerbes sur le tas de leur frère, ils se trouvèrent nez à nez et tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Selon le Talmud, Dieu dit alors : "C'est sur ce lieu de fraternité que je construirai mon Temple, symbole de paix et de concorde. C'est sur ce lieu que je ferai résider ma présence."

Voilà la gestion des héritages en vue de Dieu. Être riches en vue de Dieu !!!

Invitation au Notre Père : Jésus, en toi nous sommes sauvés, en toi nous sommes tous frères et sœurs, aussi avec toi, nous avons bonheur à redire la prière que tu nous as apprise :

Prière de conclusion :  Seigneur, Père de tous les humains, en ton Fils tu nous as tout donné, la grâce, le salut, la vie. Nous t’en rendons grâce. Fais de nous les ardents collaborateurs de ton Royaume, dans la grâce de la vie partagée, échangée. Nous te le demandons par Jésus…

samedi 17 octobre 2020

Célébration du 28e samedi du Temps ordinaire

 Introduction [1]

Bonjour.  Nous voici rassemblés autour de la table de la Parole.

Le Christ, notre Seigneur, attend de ses disciples qu’ils n’hésitent pas à le confesser à la face du monde, comme lui a témoigné de son Père. - C’est le motif de l’action de grâce de Paul dans le passage de la lettre aux Ephésiens.

Il n’attend pas du chrétien qu’il soit à même de réciter une leçon, mais qu’il soit un témoin, avec d’autres mots : c’est une question de relation.  L’Evangile nous parle de cette relation, inter-relation entre 4 personnes – présentes aussi dans la lettre de Paul avec des accents différents :

    - Jésus et le Fils de l’homme, donc la personne du Fils en sa part humaine et en sa part divine ;  « Il lui a tout soumis et le plaçant plus haut que tout », et le  Fils s’est fait le serviteur de tous ;

             - « devant les anges de Dieu », personnellement j’y entends                         la personne du Père ;

             - l’Esprit Saint ; dans Ephésiens on parle d’esprit de sagesse ;

   - l’être humain via l’expression « celui qui », donc chacun(e)e de nous , ainsi que via l’expression « devant les hommes » ; Paul parlera aussi plus spécifiquement de la personne Eglise.

L’Evangile nous parle d’inter-relations entre ces 4 personnes ; D’où l’enjeu, l’importance de connaître vraiment notre Dieu Communion Trinitaire ; d’où le chemin lié à la connaissance ajustée du Dieu de Jésus-Christ, de l’espérance proposée grâce à la Résurrection du Fils.

Dieu attend donc du chrétien qu’il soit un témoin. Et pour cela, le baptisé, comme Jésus, reçoit l’Esprit Saint.  C’est cet Esprit du Père et du Fils, qui est Esprit de force et de sagesse, qui peut seul permettre au chrétien de ne pas renier le Fils de l’homme.

Etre témoin, devenir témoin … (d’)un Dieu qui nous laisse libre ….

 Méditation

Afin d’illustrer l’aspect témoignage - mise en pratique - relation/inter-relation, je vous propose un texte de Madeleine Delbrêl.

 Les vertus devenues folles  par Madeleine Delbrêl [2]

 On nous a bien expliqué que tout ce que nous avons à faire sur cette terre est d’aimer Dieu.

Et, pour que nous ne soyons pas indécis, en peine de savoir nous y prendre, Jésus nous a dit que la seule façon, la seule recette, le seul chemin, c’était de nous aimer les uns les autres.

Cette charité qui, elle aussi, est théologale, parce qu’elle nous soude inséparablement à lui, elle est la porte unique, le seuil unique, l’entrée unique à l’amour même de Dieu.  A cette porte, tous ces chemins que sont les vertus aboutissent.

Toutes ne sont faites au fond que pour nous y conduire, plus vite, plus allègrement, plus sûrement.  Une vertu qui n’aboutit pas là, c’est une vertu devenue folle.

Autour de la montagne de Dieu, de pic de l’amour de Dieu, elle tournera vainement, sans pouvoir escalader les murailles lisses et hautes.   Le seul point vulnérable, la seule brèche, la seule trouée, c’est l’amour des ces pauvres êtres pareils à nous, si peu aimables, parce que trop semblables à notre propre médiocrité.

Et cela pourra peut-être nous amuser

d’arriver à une humilité sensationnelle,

ou à une pauvreté imbattable,

ou à une obéissance imperturbable,

ou à une indéréglable pureté ;

cela pourra peut-être nous amuser,

mais si cette humilité,

cette pauvreté, cette pureté, cette obéissance

ne nous ont pas fait rencontrer la bonté,

si ceux de notre maison, de notre rue, de notre ville,

ont toujours aussi faim et aussi froid,

s’ils sont toujours aussi tristes et enténébrés,

s’ils sont toujours aussi seuls,

nous serons peut-être des héros,

mais nous ne serons pas de ceux qui aiment Dieu.

 Car il en est des vertus comme des vierges sages, qui, leur lampe à la main, restent blotties à cette unique porte, la porte de la dilection(= amour tendre et pur), de la sollicitude fraternelle, la seule porte qui s’ouvre sur les noces de Dieu avec ses amis.

 Introduction au Notre Père

Pour qu’en enfant du Père nous puissions chanter ses merveilles, témoigner de lui, le Fils, notre frère, nous a appris une prière que nous pouvons adresser directement à son Père, notre Père :  Notre Père qui est aux cieux...

 Oraison finale

Dieu Trine, Communion Trinitaire, nous te rendons grâce d’être Fidélité & Miséricorde.  Que ta lumière ouvre nos cœurs que nous comprenions/vivions au plus profond de nous-même qui tu es, quand tu te révèles à nous et les dons que tu nous fais, que notre confiance et notre espérance en soient toujours davantage éveillées.  Dès maintenant et toujours. Amen



[1]Basée sur l’homélie proposée pour les lecture de ce jour dans le missel Ephata – tome 3, page 1321.

[2]Alcide, Guide simple pour simples chrétiens, Madeleine Delbrêl, Editions du Seuil, 1968 mars 1995, pp 71-72.

vendredi 16 octobre 2020

Célébration du 28e vendredi du Temps ordinaire

 Introduction

Nous voici rassemblés en communauté, en Eglise.

« En Lui… ne craignez pas ! »

La liturgie nous propose d’écouter la suite de l’exorde de la lettre aux Ephésiens, que nous aurions dû entendre hier… Mais Sainte Thérèse d’Avila l’a supplanté : c’est sans regret, vu la belle journée de fête que nous avons vécue !

Dans l’extrait de l’épître, une expression apparaît 3 fois « En Lui » : « Lui » désigne le Christ bien sûr ! Nous y reviendrons.

Dans l’Evangile de Luc, après avoir invectivé les scribes et Pharisiens, Jésus s’adresse à la foule.

Dans son discours, un terme apparaît 4 fois : « craindre ».

Craindre qui ? De quelle crainte s’agit-il ? Nous découvrirons une Bonne Nouvelle pour aujourd’hui…

Tandis que nous nous rassemblons en cette église (ou nous joignons à ce temps de prière par Zoom), des hommes et des femmes innombrables vivent joies et peines. Recueillons leurs intentions de prière et présentons-les au Seigneur, par le chant des psaumes.

 

Méditation

Je ne suis pas une spécialiste de Paul, mais je vais essayer d’esquisser quelques interprétations qui, je l’espère, ne trahiront pas sa pensée…

Elles ont en tout cas le mérite d’être une bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui. Et là, je pense que Paul ne me contredirait pas.

Aux chrétiens d’Ephèse, Paul écrit :

« Nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu »

Derrière cette expression, il faut nous rappeler l’épisode du partage des terres, dans l’Exode.

L’Israël de Dieu, objet de son élection et de son amour, c’est chacun de nous.

Être ce « domaine particulier de Dieu », c’est être « en Lui », c’est-à-dire dans le Christ.

Tel est le dessein bienveillant de Dieu à notre égard : que le monde entier soit réuni en Jésus.

Car le projet de Dieu à notre égard, c’est « que nous vivions à la louange de sa gloire »

Il n’y a qu’une seule prédestination qui existe, nous dit Paul : une vie offerte à ceux qui ont « d’avance espéré dans le Christ ».

En notre monde troublé, le rêve de Dieu, c’est de nous combler d’Espérance !

Et son cadeau pour réaliser ce projet, c’est l’Esprit Saint :

« Première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons »

Même si la traduction ne l’exprime pas aussi visiblement, le texte grec insiste par la répétition « en Lui ».

Sur 4 versets, 3 fois « en Lui » ; une fois « dans le Christ ».

Telle est la Bonne Nouvelle que Paul nous transmet aujourd’hui.

Ce qui fait la différence, ce qui nous permet une vraie vie, c’est d’être dans le Christ, uni à Lui.

Et pour être dans le Christ, il nous suffit de nous ouvrir à cet Esprit qui nous est donné…

Réalisons-nous les merveilles que peut réaliser l’Esprit Saint si nous l’accueillons ?

 

Quant à l’Evangile, je disais dans l’introduction que le mot « craindre » est employé 4 fois.

Là aussi, la page d’Evangile peut nous rejoindre, en notre monde tant tiraillé par la peur :

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et après cela ne peuvent rien faire de plus »

Cette crainte-là, il faut la bannir, car elle sème le trouble et l’inquiétude.

Par contre, il existe une autre crainte. Luc écrit :

« Je vais vous montrer qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne. Oui, je vous le dis : c’est celui-là que vous devez craindre »

Cette crainte-là n’est pas la peur. C’est plutôt un désir d’amour de ne pas attrister, de ne pas déplaire à notre Dieu, le désir de vivre en conformité avec l’Evangile, d’être ajusté à Lui.

En effet, le contraire de la peur n’est pas le courage, mais la confiance !

Confiance en ce Dieu qui se soucie de nous, nous aime et nous offre la Vie en plénitude :

« Pas un seul (moineau) n’est oublié au regard de Dieu. À plus forte raison les cheveux de votre tête sont tous comptés »

« En Lui ?... Soyons sans crainte » !

Laissons descendre cette Bonne Nouvelle en notre cœur… et « rendons grâces » !

 Temps de silence

 Notre Père

 Oraison

Seigneur, par ton Apôtre, Tu as redit que nous sommes le domaine particulier de Dieu, objet de son élection et de son amour. Aujourd’hui, dans le Christ, Tu nous offres un chemin de Vie. Accorde-nous d’accueillir l’Esprit-Saint, afin que nos vies soient bâties sur la foi et la confiance. Nous te le demandons par Jésus-Christ, ton Fils, aujourd’hui ressuscité, qui règnes avec Toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.